- Normand
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Cet article concerne la langue normande. Pour les Normands du Moyen Âge, voir Normands.
Normand
NourmaundParlée en France et dans les Îles Anglo-Normandes Région Normandie Classification par famille - - langues indo-européennes
- - langues romanes
- - langues gallo-romanes
- - langues d'oïl
- - normand
- - langues d'oïl
- - langues gallo-romanes
- - langues romanes
Statut officiel Langue officielle de Jersey (Jèrriais) Échantillon Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (voir le texte en français)
Touos lé houmes nâquissent deylaches y al unis dauns luus heunes y in dreit. Is ount byin eud l'obiche y eud l'ingamo y deivent équerdae do lé aôtes à pis-pus ch'tait por us.modifier Le normand est une langue romane parlée en Normandie continentale et insulaire. C’est un des plus importants parlers de la langue d'oïl. Elle est classée dans les langues sérieusement en danger par l'Unesco.
Sommaire
Histoire
Les colons « anglo-scandinaves », en s'installant sur une grande partie du territoire connu de nos jours sous le nom de Normandie, avaient adopté le dialecte d'oïl des habitants de l'ancienne Neustrie, tout en donnant à la langue une certaine couleur et l'enrichissant de termes issus du norrois ou du vieil anglais dans plusieurs domaines (cf. tableau I)[1],[2].
Cette disparition de la langue norroise peut s'expliquer de différentes façons : selon Henriette Walter, « La colonisation scandinave avait été strictement masculine, et la langue de la famille, née des couples mixtes, a très vite été la langue de la mère, c'est-à-dire la langue romane langue d'oïl de la région, surtout après la conversion des Normands[3] au Christianisme »[4]. Cependant, la raison essentielle se trouve dans la création même du duché de Normandie qui intègre de larges portions de territoires, dans lesquelles les populations sont de langue romane et peut-être aussi dans la diversité des apports ethniques (britannique, anglo-saxon, norvégien, danois et irlandais), qui parlaient des langues sensiblement différentes, d'où l'emploi d'une langue unique et vernaculaire, ainsi que dans la nécessité des relations économiques avec les voisins continentaux. Cependant, l'usage du norrois se serait maintenu sur les côtes normandes jusqu'au XIIe siècle. Le trouvère normand Benoît de Sainte-Maure, à la fin du XIIe siècle, affirme, dans sa Chronique des ducs de Normandie, que l'on parlait encore "danois" sur les côtes[5].
Pour les uns[6], il semble que le h « expiré » en fait un phonème proche de hr que l'on entend encore dans le Cotentin et surtout dans la Hague (prononcer: [χɑ:g]) et que l'on entendait jadis ailleurs, encore jusque la seconde guerre mondiale le long des côtes du Calvados (Bessin), nord du Bocage, au sud de l'estuaire de la Seine (Pays d'Auge, Roumois) et au nord de celle-ci entre Vatteville-la-Rue et Berville-sur-Seine, est dû comme en français à l’influence germanique, cependant qu'il s'est amuï en français (le h dit « aspiré ») pour n'avoir plus que seule fonction d'empêcher la liaison (hiatus, ex: un être / un hêtre), l'installation des colons scandinaves en Normandie septentrionale aurait empêché cette même évolution. Pour les autres[citation nécessaire], l’expiration du h s'expliquerait par l’influence de l’anglais à l’époque du domaine anglo-normand (ce qui n’est pas, en tout cas, exclu en Normandie insulaire).
La langue normande s’est implantée en Angleterre à la suite de la conquête de ce pays par Guillaume le Conquérant. Ensuite, une concurrence avec le dialecte franco-angevin qui s'est imposé partout comme langue officielle, s’y est poursuivie jusqu’au XIVe siècle, époque à laquelle le français a perdu peu à peu du terrain pour finir par disparaître. On donne le nom d' anglo-normand au dialecte parlé en Angleterre qui, sous l’influence de l’anglo-saxon et du français littéraire, était devenu assez distinct du franco-normand continental. Le Franco-normand et l’anglo-normand possèdent tous deux une littérature d'origine ancienne et abondante.
Exemples de mots normands venus du norrois (tableau I) Normand Français Vieux norrois bel cour ? bète appât beita blèque blet/te bleikr[réf. nécessaire] brumant nouveau marié brumaðr dalle évier dalr/doli falle gorge falr gradile, grade, etc. groseille gaddr graie préparer greiða (é)griller glisser skriðla hague cenelle heggr hardelle fille hóra hèrnais charrette * hernest hougue mont (petit) haugr mauve mouette mávar[réf. nécessaire] mielle dune mellr mucre humide mygla nez cap nes tierre chaine tjaðr La langue française a acquis la plupart de son ancien lexique nautique du vieux norrois par l’intermédiaire de la langue normande (tableau II). De plus, quelques termes d'origine norroise sans rapport avec le domaine nautique ou maritime ont été empruntés par le français. Exemples : mare, passé en français (mare) vers le XVIe siècle, du norrois marr[réf. nécessaire]; flan(n)er, passé en français (flaner) au XIXe siècle, du norrois flana. D'autres mots normands sont passés en français comme pieuvre (du latin polypus)[7].
Exemples de termes de marine passés en français par l’intermédiaire du normand (tableau II) Français Vieux norrois agrès[réf. nécessaire] greiði arrimer rýma bâbord[réf. nécessaire] bak-borði bardeau[réf. nécessaire] barði beaupré bógsproti bitte biti bord borð bouline bóglína brayer bræða carlingue karling cingler sigla dalot dæla dégréer greiða dran drendr écart skarfr écarver skarfa écoute skaut élinguer slyngva équiper skipa esnèque snekkja esquif skip étalingue staglína étambot stafn-borð étambrai timbr étrave stafn étui stæðingr flotte floti verguillon (girouette) veðr-viti gréer greiða guindeau vindáss guinder vinda haler hala hauban höfuð-bendur hune húnn hublot húfa itague útstag jaumière hjálm liban lík-band mat mastr houage vök quille kjölr racage rakki ralingue rálik raquer raka riper rispa ris rif rouf hróf sombrer sumla tanguer tangi tillac ’þilja tille ’þilja tolet ’þollr touer toga tribord stíorborð varangue vrang vibord vígi-borð On retrouve de nombreux éléments de la langue normande dans la toponymie normande ainsi que dans la langue anglaise. La langue normande apportée en Angleterre à la suite de la conquête de l'Angleterre en 1066 a enrichi la langue anglaise (tableau III).
Exemples de mots anglais venus du normand (tableau III) Anglais Normand Français bacon baconel viande de porc candle caundèle chandelle cabbage caboche chou castle câté (anc. castel) château catch cachi chasser cat cat chat cater acater acheter cauldron câodroun chaudron causeway cauchie chaussée chair tchair chaise easy aisi facile fashion faichon façon hardy hardi bien-portant garden gardin jardin can kanne cruche en cuivre mug mogue, moque (grande) tasse pocket pouquette poche poor pouor pauvre fork fouorque fourche sorrel surelle oseille road rade allée, route wage wage gage wait waitier guetter war werre guerre warrior werreur guerrier ward warde garde warranty warantie garantie weep vipaer crier wicket viquet guichet L’anglo-normand, langue des rois de la dynastie normande et des grands seigneurs, fut la langue officielle de l'Angleterre jusqu'au XIVe siècle.
Statut actuel
Les langues insulaires sont reconnues officiellement par les gouvernements des îles, sans être langues officielles. L’enseignement facultatif du jèrriais (normand jersiais) se fait dans les écoles de Jersey, et le guernesiais est présent dans quelques écoles de Guernesey. Les langues jersiaise et guernesiaise sont reconnues en tant que langues régionales des Îles Britanniques dans le cadre du Conseil Britannique-Irlandais (avec l’irlandais, le gallois, l’écossais, le scots, le scots d’Ulster, le mannois, et le cornique).
Le normand continental est pour ainsi dire plus fort dans le Cotentin et dans le pays de Caux qu’ailleurs sur le continent.
Classification Linguasphere
L'observatoire linguistique Linguasphere distingue huit variantes du normand et sept de l'« anglo-normand » :
- normand
-
- cotentinais nord (Manche nord)
- coutançais (Manche centre)
- calvadosien (Calvados)
- lieuvin & evrecin (Eure ouest, Eure centre)
- vexinois (Eure nord-est)
- roumois (Eure nord et Seine-Maritime sud)
- cauchois (Seine-Maritime)
- Bray (Seine-Maritime est)
- anglo-normand[8]
-
- guernesiais nord ouest (Guernesey)
- guernesiais sud (Guernesey)
- jersiais nord-ouest (Jersey nord-ouest)
- jersiais ouest (Jersey ouest)
- jersiais est (Jersey est)
- sercquiais (Sercq)
- auregnais (Aurigny)
Variétés
On parle plusieurs variétés de la langue normande :
- 1. En France :
- en Normandie continentale :
- dans le Cotentin[9] - le cotentinais (nd. loceis)
- dans le pays de Bray - le brayon, qui comporte des traits phonétiques picards
- dans le pays de Caux - le cauchois (nd. caôcheis) et le nord cauchois (ancien Talou) qui comporte des traits phonétiques picards
- dans le Roumois - le patois du Roumois, intermédiaire entre le cauchois et l'augeron.
- dans le Pays d'Auge - l'augeron (nd. augeron, aujourd'hui presque disparu)
- dans le Perche - le parler percheron (nd. peurch'ron)
- en Normandie continentale :
- 2. Aux Îles Anglo-Normandes :
- à Jersey - le jersiais
- à Guernesey - le guernesiais
- à Sercq - le sercquiais
- l'auregnais d’Aurigny a disparu au XXe siècle
- 3. Au Canada :
- Le normand a influencé le québécois, mais aussi l'acadien :
- Quelques expressions et tournures de phrases normandes sont couramment utilisées par les Québécois, Acadiens et Louisianais (voir « champelure » [robinet], « bleuet » [fruit proche de la myrtille, mais différent], « croche » [tordu], « gricher » [grimacer], « asteure » [à cette heure, maintenant], « à matin », tant pire, aussi pire, pas pire…)[10].
D'autres mots normands employés au Québec:
- abrier = abriter (y faut s'abrier, y fait frète !),
- ber = berceau,
- bers = ridelles d'un chariot ou berceau,
- boucane = fumée ou maison de chétive apparence, boucaner = fumer ou quereller
- gourgannes = fêves de marais,
- gourgane = bajoue de porc fumée,
- grafigner = gratter légèrement et sans cesse,
- graffigner = égratigner,
- ichite ou icite = ici,
- itou = aussi,
- jouquer ou juquer = jucher,
- marcou = chat mâle (angevin, gallo, également)
- marganner, déganer, maganer = maltraiter ou malmener,
- mi-aout = quinze août,
- mitan = moitié, milieu,
- pigoche = cheville, cône de sucre d'érable,
- pognie = poignée,
- pomonique = pulmonique,
- racoin = recoin,
- ramarrer = rattacher, renouer,
- ramucrir = devenir humide, mucre,
- v'lin = venin,
- vlimeux = venimeux,
- v'lo = voilà,
- y = il, ils, elles (qu'est-ce qu'y fait ?)
- zius = yeux[11]
- 4. Le normand a aussi influencé le français standard et le gallo.
Par ailleurs, on distingue entre le normand proprement dit (parlé au nord de la ligne Joret) et le normand méridional (pratiqué au sud de cette isoglosse).
Le normand méridional, parlé au sud de la ligne Joret, notamment dans la Manche (région d'Avranches), l'Orne et une partie de l'Eure est plus proche de dialectes comme le gallo, et le mayennais. Par exemple, le mot sac se traduit en pouque au nord et en pouche au sud. Vaque au nord se dit vache en français et en normand méridional.
Dans la Grand' tèrre (France), le normand proprement dit est classé en tant que langue de France parmi les langues d'oïl. L’enseignement du normand du Cotentin (Cotentinais) est présent dans quelques collèges du département de la Manche.
Graphies
Il existe aujourd'hui trois orthographes standardisées du normand : le normand continental (dont cotentinais; selon le système Lechanteur), jersiais (selon les dictionnaires Le Maistre (1966) et Société Jersiaise (2005)), guernesiais (selon le dictionnaire De Garis (1982)).
-oun /ɔ̃:/ -aun /aɔ̃/ ou /ɛ̃/ selon la région e non accentué muet (autrefois représenté par l'apostrophe, et cela toujours dans les îles) verbe en -aer(et participe en -aé)
(s'écrit -aï en guernesiais)/ɘ/ ou /o/ ou /e/ selon la région (/aɪ/ en guernesiais) qu suivi de é ou i /ʧ/ au nord de la ligne Joret, /k/ au sud de la ligne Joret. Les îles Anglo-Normandes étant au nord de la ligne Joret ont gardé le tch orthographique. À comparer, le mot normand venu du latin canem (chien) s'écrit quyin (à prononcer [quien] ou [tchi] selon les lieux) sur le continent et tchian selon l'orthographe insulaire.
gu suivi de é, i ou u /ʤ/ au nord de la ligne Joret, /ɡ/ au sud de la ligne Joret ll suivant b, c, f, g, p
(s'écrit li en jersiais)/j/ th /ð/ (en jersiais) oué /we/ âo /aʊ/ iâo /jaʊ/ eû /y/ jusqu'à /œ:/ selon la région Littérature
Avant le XIXe siècle
Le Jersiais Wace est considéré comme fondateur de la littérature jersiaise au XIIe siècle. Béroul, Adam de Ros, André de Coutances, Beuve de Hanstone, Chandos, Chardry, Clémence de Barking, Denis Piramus, Éverard de Gateley, Geoffroy Gaimar, Guernes de Pont-Sainte-Maxence, Guillaume de Berneville, Guillaume le Clerc de Normandie, Jofroi de Waterford, John Gower, Jourdain Fantosme, Marie de France (poétesse), Nicholas Trivet, Nicole Bozon, Philippe de Thaon, Pierre d'Abernon, Pierre de Langtoft, Raüf de Lenham, Robert Biket, Robert de Gretham, Robert de Ho, Robert Grossetête, Wace, Sarrazin, Simon de Freine, Thomas d'Angleterre, Thomas de Kent, Turold ou Wilham de Waddington sont des auteurs de la littérature anglo-normande.
Article détaillé : Littérature anglo-normande.On retrouve de la littérature satirique ou polémique publiée à Rouen aux XVIe et XVIIe siècles dans ce qu’on appelle le parler purin : David Ferrand (1590? - 1660) a publié la Muse normande, collection d’écritures dans la langue du pays de Caux. Le coup d’œil purin est publié en 1773 à Rouen. Pierre Genty (1770 - 1821) représente le percheron, langage du Perche.
À partir du XIXe siècle
En Normandie insulaire
Le XIXe siècle a vu un nouvel élan dans la littérature régionale dans laquelle les auteurs insulaires, tels que George Métivier (Guernesiais, 1790-1881) et Robert Pipon Marett (Jersiais, 1820-1884), jouaient un rôle important.
Pendant son exil à Jersey et à Guernesey, Victor Hugo s’intéressait à la langue des pêcheurs insulaires et accueillait les auteurs normands des îles. À Jean Sullivan (1813-1899), auteur jersiais, Hugo a écrit en 1864 que le jersiais est une « précieuse langue locale » et dans son Archipel de la Manche, Hugo a écrit : « Quant au patois, c'est une vraie langue, point méprisable du tout. Ce patois est un idiome complet, très riche et très singulier. »
Et en prenant le mot normand pieuvre qu’il avait entendu lors de ses entretiens avec les Jersiais et Guernesiais pour s’en servir dans son roman Les Travailleurs de la mer, Hugo avait popularisé ce régionalisme qui se glissera à la suite dans la langue française.
En Normandie continentale
Les érudits normands, dans le cadre des sociétés savantes, se sont intéressés, comme Hugo, aux diverses formes de patois et dialectes présents en Normandie continentale. Le romancier Barbey d'Aurevilly émaillait ainsi certaines de ses œuvres, en particulier celles qui se passent dans le Cotentin, avec des mots entendus dans la campagne et tirés de la langue normande.
Dans les années 1890-1910, la vogue folklorique envahit le Cotentin, et l'on doit à Alfred Rossel, chansonnier, des chansons transmises jusqu'à nos jours, en particulier Sus la mé, sorte d'hymne national du Cotentin (wikisource). Un Louis Beuve, normand de la région de Coutances, est séduit par cette pratique du chant appliqué au normand et entreprend d'écrire lui aussi des poèmes et des petits contes qu'il publie dans le Bouais-Jan à la fin des années 1890. Sa Graind Lainde de Lessay devient un poème prisé. Il publie ensuite plusieurs autres œuvres et initie à l'occasion des fêtes du Millénaire (du rattachement de Cotentin à la Normandie) en 1933, le « Souper des Vikings » où le normand était la seule langue tolérée. Il fait des émules dans la littérature normande avec des Jean-Baptiste Pasturel (de Périers), Alfred Noël (de Valognes) et finalement, dans une seconde génération, des Gires Ganne (Fernand Lechanteur) et Côtis-Capel (abbé Albert Lohier). Fernand Lechanteur unifie les orthographes jusque-là utilisées en la raisonnant[12]. Côtis-Capel ouvre la voie à une littérature normande débarrassée des traits folkloriques du paysan normand. Par ses poèmes, le poète appuie sur la rudesse des hommes normands, sur leur fierté, mais aussi sur leur coeur et leur âme. Dans son sillage, André Louis publie le premier roman entièrement en normand : Zabeth.
Le pays de Caux a vu une abondante littérature en normand cauchois. Parmi les éditions: Les idées de Magloire (1913) d'Ernest Morel, Les histouères de Thanase Pèqueu de Gabriel Benoist en 1932, et en 1925 Les Terreux de Gaston Demongé.
Enfin, dans de nombreux romans et nouvelles de Guy de Maupassant se déroulant au pays de Caux ou alentours comme Toine, les personnages locaux s'expriment parfois en Cauchois, mais avec de nombreuses erreurs grammaticales (conjugaison) volontaires ou non, et aussi souvent une phonétique impropre (ex: mé ou lieu de mei). Maupassant mélange le cauchois à des formes populaires de français, (par exemple: "quelque" devient quèque, alors qu'un cauchois dirait queuque ou encore "ou est-ce qu'elle se trouve?" devient ousqu'elle est?, alors qu'en cauchois on dit ouyou qu'elle est?, etc.). En réalité, il désirait se faire comprendre de lecteurs s'exprimant en français standard.
Auteurs en langue normande
Parmi les auteurs de la littérature d'expression normande on trouve :
- Guillaume Alexis, surnommé le « Bon Moine », fin du XVe siècle / début du seizième (on ignore les dates précises de sa naissance et de sa mort). Savant bénédictin de l'abbaye de Lire (La Vieille-Lyre), dans le Diocèse d'Évreux puis prieur de Bussy, dans le Perche. En 1486, il fit un pèlerinage à Jérusalem et y tomba, dit-on, victime de la persécution des Turcs.
Guillaume Alexis, était un poète au style très vif, que la critique littéraire moderne range dans les successeurs de Villon. Les ouvrages qui restent de lui sont : - le Passe-temps de tout homme et de toute femme avec l'A, B, С des doubles, le tout en vers, - le Grand Blason5 des faulces amours", en caractères gothiques et a la suite des "Quinze joies du mariage", - le Contre-Blason des faulces amours, intitulé le Grand Blason d'amours spirituelles et divines, avec certaines épigrammes, etc., - le Dialogue du Crucifix et du Pèlerin, - le Loyer des folles amours, et le Triomphe des Muses contre l'amour, à la suite des Quinze joies du mariage, - le Passe-temps du prieur de Bussy et de son frère le cordelier, - le Miroir des Moines, - le Martyrologe des fausses langues et le chapitre général d'icelles tenu au temple de Danger, - Quatre chants royaux qui se trouvent parmi les Palinodies, - Etc.
- Alain Chartier, 1385 (Bayeux), 1433 (Paris)
- poète auteur de La Belle Dame sans mercy (1424).
- David Ferrand (1590? - 1660)
- Pierre Genty (1770 - 1821)
- Bernardin Anquetil (1755–1826, du Bessin)
- Matthew Le Geyt (1777-1849, de Jersey)
- George Métivier (1790-1881, de Guernesey)
- poète Rimes guernesiaises (1831), Fantaisies guernesiaises (1866), Poësies guernesiaises et françaises (1883) ; lexicographe Dictionnaire franco-normand (1870)
- Jean Sullivan (1813-1899, de Jersey)
- Eugène Noël, 1816 (Rouen), 1899 (Bois-Guillaume)
- écrivain, Loisirs du Père Labêche.
- Philippe Langlois (1817-1884, de Jersey)
- Tam Lenfestey (1818-1885, de Guernesey)
- poète, Le Chant des Fontaines (1875)
- Robert Pipon Marett (1820-1884, de Jersey)
- Denys Corbet (1826-1910, de Guernesey)
- poète, collections Les Feuilles de la Forêt (1871), Le Jour de l'An (1874-1877), Les Chants du draïn rimeux (1884), rédacteur du Bailliage
- Jean Dorey (1831-1872, de Jersey)
- Augustus Asplet Le Gros (1840 - 1877, de Jersey)
- Alfred Rossel (1841-1926, de Cherbourg)
- Œuvres complètes (1913)
- Bon Prosper Lepesqueur (6 août 1846, Digulleville - 31 janvier 1921, Cherbourg), de son pseudonyme Boûnnin Polidor.
- Dessinateur de la Marine à Cherbourg, il devient chroniqueur dans "Le Phare de la Manche". Il est l'auteur de nombreuses chansons en normand, dont Le Cordounyi, La Batterie de Serasin, Le Chendryi, La Parcie, Le Fisset… Il signait aussi P. Lepesqueux, Bounin Polidor ou P. Lecacheux.
- Philippe Le Sueur Mourant (1848-1918, de Jersey)
- auteur de Bram Bilo et de Piteur Pain
- Thomas Alfred Grut (1852-1933, de Guernesey)
- collection Des lures guernesiaises (1927)
- Charles Lemaître (1854-1928)
- collections Les Joyeux Bocains (1917), Hélas qu'c'est drôle (1924), Eiou qui va lés trachi (1912), Bonnes gens de Normandie
- Michel-Georges Dubosc (1854/1927, de Rouen)
- Charles Vérel (1857-1917, d'Alençon)
- Octave Maillot (1861-1949, de Tinchebray)
- Thomas Henry Mahy (1862-21 avril 1936, de Guernesey)
- collection Dires et Pensées du Courtil Poussin (1922)
- Louis Beuve (1869-1949, de Coutances)
- collection Œuvres choisies (150)
- François Enault (1869-1918, du Cotentin)
- Les Propos de Jean Frinnot (1930)
- George W. De Carteret 1869 - 1940, de Jersey)
- Caouain, journaliste
- Henri Ermice (1870-1958)
- auteur de Monologues humoristiques en patois normand, publiée en cartes postales
- Joseph Mague (1875-1940, du Bessin)
- Louis Gouget (1877-1915)
- collection Au Val d'Orne (1922)
- Edward Le Brocq (1877-1964, de Jersey)
- auteur de Ph'lip et Merrienne, rédacteur de la Morning News
- Charles Birette (1878-1941, de Montfarville)
- Maurice Lesieutre (1879-1975, du Havre)
- Charles Le Boulanger (1880-1929)
- Edwin John Luce (1881-1918, de Jersey)
- Élie, poète et journaliste, rédacteur de la Nouvelle Chronique de Jersey
- Philippe William Luce (1882-1966 de Jersey)
- Ph'lippe d’la Golarde, écrivain et journaliste
- Alfred Noël (1883-1918)
- Gaston Le Révérend (1885-1962, du Calvados)
- collections L'hus entrebâyei (1919), Mei-j'vo-l'dis, and L'hus bâyi (1955)
- Gaston Demongé dit Mait' Arsène (1888/1973, de Fécamp)
- Pierre Guéroult (1890-1962)
- Vûles gens, vûs métyis (1948), collections Théâtre normand (1972), Poésies et chansons (1974), Contes et récits (1978 et 1980)
- Raymond Mensire (1889-1964, de Doudeville)
- George F. Le Feuvre (1891 - 1984, de Jersey)
- George d'la Forge, collections « Jèrri Jadis » (1973) et « Histouaithes et Gens d'Jèrri » (1976)
- Gabriel Benoist (1891-1964, de Gournay-en-Bray)
- Jean-Baptiste Pasturel (1896-1962, de Périers)
- auteur de Histouères de tchu nous (1937)
- Jean Tolvast (Auguste Toullec 1870[13]-1945, de Cherbourg)
- Chroniques normandes (1934 et 1941)
- Marceau Rieul (Marcel Sorieul 1900-1977, de Bolbec)
- auteur de Arseine Toupétit
- Jehan Le Povremoyne (Ernest Coquin 1903-1970, du Havre)
- Fernand Lechanteur, dit Gires-Ganne (1910-1971, d’Agon-Coutainville
- Frank Le Maistre (1910-2002, de Jersey)
- auteur et lexicographe, Dictionnaire Jersiais-Français (1966)
- Christian Lambert (1912-2000, de Livarot)
- auteur des Radotages de Maît' Jules dans L'Éveil de Lisieux dont une collection en 1984
- Arthur de la Mare (1914 - 1994, de Jersey)
- diplomate, auteur
- Côtis-Capel (Albert Lohier 1915-1986, de Cherbourg)
- Rocâles (1951), A Gravage (1965), Raz Bannes (1971), Graund Câté (1980), Les Côtis (1985), Ganache (1987); gagne le Prix littéraire du Cotentin en 1964
- René Saint-Clair (né 1923, du Cotentin)
- Aundré J. Desnouettes (André Dupont)[14] : L'Épopée cotentine, monument épique de 4628 vers en normand, en 1968.
- André Louis (1922-1999) : Zabeth, roman paru en 1969. C'est le premier roman en normand.
- Aundré Smilly (Hippolyte Gancel, né en 1920). Il a publié Flleurs et plleurs dé men villâche en deux volumes 1982-1986 (sept nouvelles formant un roman).
- Marcel Dalarun, né en 1922. Recueil de poèmes et de chansons publiés sous le titre "A men leisi", en 2004.
- Alphonse Allain, né en 1924, à Cherbourg. Il a publié 5 recueils de poèmes et de contes.
- Les revues Le Boués-Jaun, La Voix du Donjon, Le Viquet (Manche), Le Pucheux (pays de Caux) publient régulièrement des productions littéraires en normand.
- A Cherbourg et à Caen, des radios proposent des émissions régulières en langue normande.
Conjugaison
Les verbes du normand ne se classent pas facilement en groupes de conjugaison.
aver - avoir
présent passé composé passé simple imparfait futur simple conditionnel j'i j'i-z-ieu j'eus j'avais j'érai j'érais t'âs t'âs-ieu t'eus t'avais t'éras t'érais il/ol a il/ol a-z-ieu il/ol eut il/ol avait il/ol éra il/ol érait j'avouns/j'ouns j'avouns-ieu j'eûnmes j'aviouns j'érouns j'ériouns vos avaez vos avaez-ieu vos eûtes vos aviaez vos éraez vos ériaez il/ol ount il/ol ount-z-ieu il/ol eûtent il/ol avaient il/ol érount il/ol éraient acataer - acheter
présent passé composé passé simple imparfait futur conditionnel j'acate j'i acataé j'acatis j'acatais j'acaterai j'acaterais t'acates t'âs acataé t'acatis t'acatais t'acateras t'acaterais il/ol acate il/ol a acataé il/ol acatit il/ol acatait il/ol acatera il/ol acaterait j'acatouns j'avouns acataé j'acatîmes j'acatiouns j'acaterouns j'acatériouns vos acataez vos avaez acataé vos acatîtes vos acatiaez vos acateraez vos acatériaez il/ol acatent il/ol ont acataé il/ol acatîtent il/ol acataient il/ol acaterount il/ol acateraient Lexique et expressions
Cette liste n'est pas exhaustive, elle vise à présenter quelques mots ou prononciations propres au normand.
- à tantôt [a tanto] : à cet après-midi ou à tout à l'heure
- tout à l'eur' : tout de suite
- afaiter : asaisonner
- eun neir quyin [un ner tchi][15] ou quien [k(i)ɛ̃] : un chien noir
- eun quenâle [un knal] : un enfant
- boujouo [bujwu] / boujou : bonjour ou au revoir
- goule [gwul] / [gul] : figure, visage
- croquè ou ahoqui [ar'otchi] : accroché
- broquer à travers le carreau : passer
- eune mouque a miè : une abeille
- travailleu comme pièche ou coume pyiche [piche] : travailleur comme personne
- bavacheux : bavard ; de bavacher, bédasser : "bavasser", commérer
- étivoquer ou étiboqui [étibotchi] : taquiner
- vésèye, vésouye : force
- I commenchait à ête chargè à drié : Il commençait à être passablement enivré
- tracher d's poux à eun vieuillard ou [trachi] : chercher le moindre motif de querelle
- Ch'eyt eun bouon gâs, ma I s'néyerait dauns as roupie ou [i se nérait : il se noierait dans sa morve] : C'est un bon garçon, mais pas très intelligent
- Ej sieux aussi fidèle que l'quien l'eyt au berquier ou [bercaleu] : je suis aussi fidèle que le chien l'est au berger
- Eun grand fallu : un grand benet
- Vi-t'en vé : viens voir
- Machu : têtu
- s'léquer al grouèye, al groèye : s'embrasser avec effusion
- béser al pue : avoir peur
- Ej sieux qu'eun paur mônant, bié malhueux : Je ne suis qu'un pauvre manant bien malheureux
- Tei itou : Toi aussi
- Vla oco que l'quien I pouche su sa caïne : Voilà encore que le chien tire sur sa chaîne
- È dreit cha! ou [ché dré cha] : C'est tout à fait ça, tout à fait juste
- Y a du fu dans la qu'minèye ou [chim'na] : Il y a du feu dans la cheminée
- r'doubler : faire demi-tour
- futiau : un hêtre
- eun berouette : une brouette
- coche : truie
Notes et références
- « Beaucoup [de Vikings] seraient venus s'établir en Normandie, amenant avec eux des Anglo-Saxons, qu'ils avaient pris à leur service ou qui, dans un contexte historique inconnu, s'étaient associés à leur sort ; peut-être même aussi avaient-ils retrouvé dans cette province d'autres Vikings venus directement de Scandinavie. Quoi qu'il en soit, le terme « anglo-scandinave » semble pouvoir caractériser l'ethnicité des Vikings et la toponymie le confirme aussi puisqu'elle revèle en Normandie la coexistence d'appellatifs anglo-saxons et scandinaves, qu'il est du reste souvent difficile de distinguer entre eux en raison de la parenté des parlers germaniques. » in François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, Editions Picard 1986. p. 44.
- Jean Renaud, Les Vikings et la Normandie, Editions Ouest-France université 1989. p. 198.
- Ici au sens de Vikings
- Robert Laffont Henriette Walter, L'Aventure des mots français venus d'ailleurs, p. 95,
- Charles Bruneau, Monique Parent, Gérard Moignet. Petite histoire de la langue française: Des origines la revolution. Page 34. A. Colin, 1969.
- René Lepelley, La normandie dialectale, Presses universitaires de Caen 1999.
- TLFi
- langue vernaculaire des îles appelées en français moderne anglo-normandes. désignation impropre, car « anglo-normand » désigne une variété de normand jadis parlée en Angleterre, c'est donc un langage exporté, alors que le normand insulaire est la
- L'enseignement du normand dans le Nord-Contentin →Étude des pratiques et des attitudes linguistiques
- cauchois par exemple, dont l'origine spécifiquement normande est à confirmer. Champlure, par exemple, peut être un terme d'ancien français, la forme cauchoise est campleuse. "Grimacer" se dit grigner en cauchois. Croche est un terme d'ancien français Termes inusités en
- http://www.dicocf.ca [Decorde] Dictionnaire du patois du pays de Bray (1852) de Jean-Eugène Decorde (1811-1881) - http://gutenberg.ca/ebooks/decorde-dictbray/decorde-dictbray-00-h-dir/decorde-dictbray-00-h.html [Dunn] Glossaire franco-canadien (1880) d'Oscar Dunn (1845-1885) - http://www.dicocf.ca/ [GPFC] Glossaire du parler français au Canada (1930) de la Société du parler français au Canada - http://www.dicocf.ca/ [Clapin] Dictionnaire canadien-français (1894) de Sylva Clapin (1853-1928) -
- F. Lechanteur, « Remarques sur l'orthographe... » dans : Louis Beuve, Oeuvres choisies, Saint-Lô : Jacqueline, 1950, p. 19-26.
- ISBN 2-9505884-0-9 Les Falaises de la Hague, Lebarbenchon 1991, Caen,
- WikiManche : André Dupont
- wallon. On en trouve des traces en cauchois par exemple ou "geler blanc" se dit blanc rimer. L'antéposition de l'adjectif exprimant la couleur, qui existait en ancien français (influence syntaxique du germanique) et qui reste en poésie est la règle sur la côte ouest du Cotentin et en Normandie insulaire, tout comme en
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Magène, association pour la sauvegarde et la promotion de la langue normande (Dictionnaire normand-français de plus de 3 300 mots)
- La Société Jersiaise - Les Pages Jèrriaises
- Eustache de La Quérière : Petit traité de prosodie normande (1826).
- Louis Du Bois (1773-1855) : Glossaire du patois normand, augmenté des deux tiers, et publié par M. Julien Travers (Caen, 1856).
- Émile Littré (1801-1881) : Du normand, jadis dialecte, aujourd'hui patois ; De quelques règles étymologiques (1863).
- Louis-François Vasnier (1802-1861) : Petit dictionnaire du patois normand en usage dans l'arrondissement de Pont-Audemer (1862).
- Charles-Ernest Lemaître (1854-1928) : Les joyeux Bocains : contes drolatiques en patois bas-normand (1917).
- François de Beaurepaire, Les noms d'Anglo-Saxons contenus dans la toponymie normande, in Annales de Normandie X, 1960, p. 307-316; Quelques finales anglo-saxonnes dans la toponymie normande, in Annales de Normandie XIII, 1963, p. 219-136.
- René Lepelley, Le Parler normand du Val de Saire (Manche), « Cahiers des Annales de Normandie », Annales de Normandie, Caen, 1974.
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