Saintongeais

Saintongeais
Saintongeais
Saintonjhais
Parlée en France
Région Charente (sauf l'Est : Charente limousine, et sauf le Nord-Ouest : Ruffécois et bordure d'oïl du Confolentais), Charente-Maritime (sauf l'extrême Nord : Ré, nord Aunis, Loulay, Aulnay), nord Gironde, l'extrême Ouest de la Dordogne, et la bordure du Lot-et-Garonne.
Typologie SVO
Classification par famille

Le saintongeais fait partie de la famille des langues d’oïl, branche des langues romanes, qui comprend également le français, l’angevin, le picard, et le poitevin avec lequel il est souvent regroupé dans un domaine plus vaste, le poitevin-saintongeais.

Le saintongeais (saintonjhais) est la langue vernaculaire parlée dans les anciennes provinces d'Aunis, Saintonge et Angoumois. On l’appelle aussi le charentais ou encore le patois charentais. Les locuteurs sont dits patoisants.

Le saintongeais a fortement influencé l’acadien et en conséquence, par “ricochet”, le cadien ; quant au québécois, il a été influencé par les parlers tels que le normand, le francien et le saintongeais[1].

Sommaire

Présentation

Carte représentant l'aire linguistique du Saintongeais dans les Charente et le Nord-Gironde
Aire linguistique du Saintongeais

Cet article concerne les particularismes du langage des anciennes provinces de Saintonge, d'Aunis et d'Angoumois encore présent en Charente, en Charente-Maritime, dans le nord de la Gironde, l'extrême Ouest de la Dordogne, et la bordure du Lot-et-Garonne. Il existe des mots communs aux deux Charentes, une unité linguistique mais de nombreuses variantes soit de terme soit de prononciation.

Aire linguistique

Son aire couvre le département de la Charente-Maritime (sauf l'extrême nord : île de Ré[2], nord de l'Aunis[3] , régions de Loulay et d'Aulnay[4]), l'ouest et le centre du département de la Charente (sauf le Nord-ouest : Ruffécois[5], et bordure d'oïl du Confolentais : Le Bouchage et Pleuville en partie[6]), le nord du département de la Gironde avec son Pays Gabay (comprenant la totalité des cantons de Saint-Ciers-sur-Gironde , Blaye, Saint-Savin et Guîtres, la quasi-totalité du canton de Coutras, la moitié nord du canton de Lussac et l’extrémité nord des cantons de Bourg, Saint-André-de-Cubzac, Fronsac et Libourne)[7] et ses enclaves saintongeaises autour de Monségur[7](débordant sur le Lot-et-garonne[7]) et autrefois du Verdon[8], et enfin l'extrême Ouest de la Dordogne aux alentours de La Roche-Chalais[8].

Littérature revues et spectacles

XIIIe siècle

Les plus anciens témoignages d'écrits en saintongeais remontent au XIIIe siècle. Connus sous le nom de « Chroniques saintongeaises », ils se divisent en « Turpin saintongeais » (écrit partie en occitan et partie en saintongeais archaïque) et « Tote l'istoire de France », qui serait l'œuvre d'un clerc de Saint-Eutrope de Saintes. Aucun autre écrit n'a été retrouvé jusqu'au XVIIIe siècle[9].

XVIIIe siècle

Un recueil anonyme composé de trente-neuf pièces en vers, dont dix-huit en patois saintongeais, a été attribué à Jacques Besse, qui fut curé d’Annepont, près de Taillebourg en Charente-Maritime, jusqu’à sa mort en 1771[10],[11].

Le journal Annonces et affiches des provinces de Saintonge et d’Angoumois est fondé en 1786 par François Bourguignon dit Bourignon, puis renommé Journal de Saintonge et d’Angoumois. Il publie parmi d’autres articles des écrits en patois. Les auteurs sont Jean Vanderquand, curé de Gémozac, François-Alexis de Meschinet, son neveu, l’abbé Alexandre de Meschinet enseignant au petit séminaire de Montlieu.

L'abbé Augustin Rainguet crée au petit séminaire de Montlieu une véritable école et une graphie très simple. Les bulles papales sont traduites en saintongeais, des spectacles en patois sont montés, des chansons sont écrites dont la plus célèbre est celle de d’Alexandre de Meschinet, la Chanson de Robineau et son fils visitant le petit séminaire de Montlieu[12].

XIXe siècle

Burgaud des Marets, (Jarnac 2 novembre 1806Paris 6 octobre 1873), écrit des pièces de théâtre dont la Maleisie, des fables en vers, et tous ses écrits sont empreints de malice saintongeaise.

Article détaillé : Burgaud des Marets.

Les dessins saintongeais de Barthélemy Gautier, (Pons, 15 novembre 1846 - ibid., 27 septembre 1893) marquent cette époque, une anthologie de ces dessins a été éditée en 1992.

Article détaillé : Barthélemy Gautier.
  • Les revues humoristiques sont nombreuses dont Fariboles saintongheaises créée en 1878, le Rigolo créé en 1882, les Gens d’cheu nous créé en 1895.
  • Pierre Jônain (Gémozac 1799-Royan 1884) écrit entre autres des pièces comiques est l’auteur du Dictionnaire du Patois saintongeais, imprimé à Royan, en 1879.
  • Arthur Éveillé (Saintes 1835- Chermignac 1900) publie en 1887 un Glossaire saintongeais : étude sur la signification, l’origine et l’historique des mots et des noms usités dans les deux Charentes. Le sérieux de ce document en fera une des principales sources de Georges Musset pour son propre glossaire.
  • Georges Musset (Thairé 1844-1928) historien dont les publications sur l'histoire locale sont nombreuses, linguiste, laisse un remarquable Glossaire des parlers et patois de l'Aunis et de la Saintonge.

Du début du XXe siècle à nos jours

Le journal le Subiet (sifflet en charentais) est fondé en 1901, à Matha, par Octave Daviaud.

En 1902 le docteur Athanase Jean monte sa pièce la Mérine à Nastasie, toujours jouée.

Le grand promoteur du parler charentais fut au début du XXe siècle le barde saintongeais Goulebenéze, relayé par Odette Comandon, auteur de comédies et de contes, actrice et conteuse patoisante.

Article détaillé : Goulebenéze.
Article détaillé : Odette Comandon.

L' Académie de Saintonge se créée en 1957. Raymond Doussinet publie en 1958 Le Patois savoureux de Saintonge, puis en 1963 le Paysan Saintongeais dans ses bots, suivi des Travaux et Jeux en vieille Saintonge en 1967 et de La Grammaire saintongeaise en 1971.

Une association, la SEFCO (Société d'ethnologie et de folklore du centre-ouest), fait encore vivre la langue régionale à travers cette revue, le Subiet , et le subiochon.

La revue Xaintonge, créée en 1997, est publiée deux fois par an. Ses articles sont soit en saintongeais, soit en français[13]. En 2O1O, elle publie la fin de son Grand lexique du Patois charentais avec plus 30 000 mots et expressions et près de 1000 photos.

Aujourd'hui, le saintongeais est surtout parlé par les anciens et on l’entend encore sur les foires (référence Jean-Claude Lucazeau, les Saintongeais font de la résistance. Editions Bordessoules). Il est aussi utilisé par les jeunes générations comme signe de ralliement à la culture saintongeaise. On le trouve encore dans des spectacles, des revues, des émissions de radio. Certains mots issus du saintongeais sont encore utilisés dans la région. Des mots comme la since (serpillère) sont si répandus qu'ils peuvent être considérés à tort comme des mots de français.

Les spectacles restent très appréciés, que ce soit les compagnies théâtrales (Buzotiâs de Jhonzat, Soubrants de Saint-Simon de Pelouaille, Vestugheons de Chatignât, Durathieurs de Haute-Saintonge, Déjhouqués de l’île d’Oléron, les Branle-Mijhot...), les conteurs (le Grand Simounet, Peulouc, La Mounette des Chérentes, Nono Saut’ Palisse, Châgne dret, Céléstin Beurdassou, Francine Besson, Piqthiu, Pierre Péronneau, Charly Grenon, Albertine Pissedru, Birolut, et bien d'autres encore...), les danseurs (Batégails de Saintonge, les Ballerits de Saintonge, Gars d'au Pays Bas) ou les rockeurs (Binuchards).

Le saintongeais est bien présent. Les écrits le concernant sont très prolifiques[14].

Article détaillé : Binuchards.

Prononciation

  • Les digrammes jh et gh (devant e et i) se prononcent en saintongeais avec une forte aspiration[15], [h] (fricative glottale n'existant pas en français contemporain, mais existant notamment en anglais ou en arabe ح). Par exemple : « monjhète » se prononce [monhet], « parlanjhe » se prononce [parlɑ̃h], "jh'avons manghé dau ghigourit", nous avons mangé du gigouri.
  • th note le son k mouillé, intermédiaire entre k et t: exemple: thieu drôle.
  • L'h au début d'un mot est toujours muette: tu devris bâzi d'honte, grand-t-haïssab', tu devrais mourir de honte, grand vaurien.
  • Le son « ien » est prononcé « eun » ; par exemple, « un cheun » pour « un chien », « un reun » pour « un rien ».
  • [wa] peut se prononcer [e] : par exemple « droit » devient « dré ».
  • Le r est légèrement roulé [r].
  • Le i est légèrement ouvert. Ex: « utile » se prononce [ytɪl].
  • Chez bon nombre de locuteurs, le é ouvert [ɛ] n'existe pas. Il est remplacé par le é fermé [e] dans toutes les positions, mais seulement en syllabe fermée. Ainsi « lait » devient [lé], « paisible » devient [pézib]. Par contre le ê ou è (en syllabe ouverte) est légèrement exagéré et diphtongué; ainsi « crème » se prononce [kraɛm], « Marennes » se prononce [maraɛn].

Grammaire

  • La tournure interrogative « est-ce que » + proposition assertive, majoritaire en français parlé, est pratiquement absente, au profit de l'inversion du sujet.
  • La conjugaison de nombreux verbes au présent se fait par l'adjonction du suffixe [ã] (ant) au radical à toutes les personnes.
  • La conjugaison de nombreux verbes au passé se fait en employant l'auxiliaire « avant » suivi du participe passé du verbe à toutes les personnes.
  • La référence grammaticale reste "La grammaire saintongeaise de Raymond Doussinet" (CF 1971 - Editions Rupella)

Quelques mots ou expressions toujours utilisés

  • Abeurnoncio, Brenouncio, ou encore Brenoncio, pour marquer refus, répugnance, ou tout simplement pour rythmer la conversation; cette exclamation populaire est issue du latin liturgique « ab renuntio tibi, Satanas » (je renonce à Satan, ses pompes et à ses œuvres).
  • Acabassé: meurtri, fatigué, épuisé physiquement ou moralement.
  • Acacher: enfoncer en appuyant très fort (par exemple: acache su' quette pédale: appuie plus fort sur la pédale, ou acacher le bouchon d'une bouteille.
  • Acertainer : affirmer
  • Achaler : accabler de chaleur
  • Achet: ver de terre (lombric); Burgaud des Marets a écrit des recueils de poésies restées célèbres: In p'tit pilot d'achet
  • Ajasse ou ajhasse ou "ageasse": pie (l'oiseau), ou femme jacassante.
  • Affaire  : truc
  • Amuser ('s): s'attarder, flâner; à rapprocher de muser.
  • Après: être après: s'employer à un travail; être après tailler la vigne, ou faire la lessive, etc...; signifie également: être après quelqu'un, soit pour s'en venger, l'amener à la raison, ou encore être après ine fumelle (une femme, une fille) pour tenter de la séduire, la conquérir.
  • Asteur ! : Littéralement, A cette heure !, mais cette interjection a le sens que le locuteur veut. Comme le "té" ou le "peuchère" occitan. Asteur est un mot fondamental en charentais, et pourtant on le retrouve un peu partout en France, jusqu'en Belgique et au Canada même.
  • Baignassout : touriste qui ne fréquente que la côte.
  • Baïne : trou d'eau ou flaque sur plage côte sableuse (mot d'origine gasconne).
  • Balerit : faucon crécerelle. Employé aussi pour désigner l'épervier (l'oiseau).
  • Barrer la porte, fermer à clé. vient des anciennes fermetures fermées avec une barre intérieure.
  • Battre : le temps des batteries, de battre "taper". Donner manuellement ou mécaniquement des chocs pour extraire le grain de son enveloppe après la moisson (le battage).
  • Beluger ou belujher : bouger, remuer sans cesse
  • Benèze ou beun'aise : heureux, bien-aise, le fait de se sentir bien.
  • Bespagne : maïs (déformation de blé d'Espagne ?).
  • Beugner ou bugner : cogner
  • Beurgot : le frelon
  • Beurouette : brouette
  • Binloin : Saintongeais qui a quitté la région mais qui y reste toujours très attaché; vocable inventé à partir de surnoms de patoisants
  • Bique : chèvre
  • Boisillé : désigne le saintongeais de l'intérieur des terres, par opposition au cul salé[16].
  • Borde: une arête de poisson; mais également une modeste métairie, et borderie, une borde encore plus discrète.
  • Bordoirer ou beurdouérer : étaler, salir
  • Bots : sabots
  • Boueux : éboueurs
  • Bouillard : pluie
  • Bouiner : faire, "boutiquer" . Qui qu'tu bouines ? Qu'est-ce tu fais Qu'est-ce que tu "boutiques"? S'adresse à quelqu'un de lent, qui traîne. Ce mot est aussi utilisé en normand, où il a la même signification.
  • Bourre ou bourrier : (masc., poussière). Désigne plus particulièrement le tas de poussière lorsque l'on passe le balai.
  • Buffer : souffler, respirer fort, venter (occitan bufar).
  • Bughée : "Faire la bughée" : faire la lessive
  • Cagouille : l'escargot Petit-Gris. Les charentais sont souvent appelés cagouillards. L'escargot est emblématique de la Charente. De plus, la supposée lenteur des charentais, telle celle de l'escargot, est proverbiale.
  • Canet : Canard
  • Cassotte : récipient avec manche tubulaire pour servir de l'eau en la puisant dans un seau
  • Chaline : se dit d'un temps orageux avec éclair de chaleur
  • Chéti ou chéty: du latin captivus, prisonnier de guerre, mais alors que le français chétif retient la misère physique, le charentais décrit par là le blagueur, la canaille, méchant, l'habile qui prend parfois des libertés avec la morale. D'où des formulations étonnantes comme te vla donc grand chéty
  • Cheun : chien
  • Chocolatine : pain au chocolat, mot français (sud-ouest).
  • Choper : attraper
  • Coluche : canard, cane (coluchon: jeune canard)
  • Contre-vent : contrevent (mot français), volet
  • Cougnat, le cougnat : Cognac, le cognac
  • Couniller : ne rien faire, tourner en rond, comme un lapin (occitan: conilh). Qu'est-ce que tu "counilles"? S'adresse à quelqu'un qui traîne, qui hésite.
  • Coutia : un couteau
  • Crocheter : accrocher
  • Cul salé : terme de français régional désignant un habitant du littoral de la Saintonge (en référence aux marais salants)[16] ; en saintongeais, l'on parlera plus volontiers de Thiu salé
  • Dâil : une faux (occitan dalha)
  • Débadigouler : dire, énoncer sans trop comprendre ce qu'on dit et/ou sans qu'on vous comprenne. "Débadigouler la grand messe" : dire la messe.
  • Débaucher : quitter le travail le soir (et embaucher pour commencer le travail le matin)
  • De même : de cette façon, comme ça, exemple: ça marchera bien de même; cela fonctionnera bien de cette façon
  • Douner : Donner
  • Le drôle et la drôlesse  : le fils et la fille (mot que l'on retrouve en occitan : dròlle signifiant « enfant » dans cette langue). Par extension, un drôle ou une drôlesse sera un garçon ou une fillette, en général.
  • Éloise : éclair — « Coum ine éloise » (« comme un éclair ») est la devise des sapeurs-pompiers de la Charente-Maritime.
  • Éloiser : (intraduisible car aussi bien éclairage par éclats qu'action rapide) O éloise, ça éloise : Des éclairs déchirent le ciel, il y a de l'orage. Éloiser est également utilisé en Charente dans le domaine du football pour dire : dégager et pour un véhicule qui démarre trop rapidement.
  • S'engouer : s'étrangler, avaler de travers
  • Embaucher : aller travailler — « j'embauche à huit heures et je débauche à cinq heures ».
  • Entrauper: s'entrauper faire un faux mouvement qui fait perdre l'équilibre
  • Fillatre : le petit-fils
  • Frairie : fête foraine
  • Fréchin : odeur d'œuf (frais, mais trop longtemps exposé à l'air)
  • Friquet : écumoire.
  • Garouil : maïs.
  • Faire godaille : faire chabrot, c'est-à-dire mettre du vin (blanc ou rouge) dans le reste de bouillon de soupe
  • Garrocher : Jeter
  • Gassouiller jouer avec l'eau d'une bassine ou d'une flaque, éclabousser. On dit aussi sagouiller ou cassouiller. Gassouille: flaque.
  • Gavagner : Gaspiller
  • Goret : porc, cochon et gorette pour une truie (voir aussi une "treue"). L'emploi se doit d'être suivi de "sauf vout' raspect" si non le mot est insultant.
  • Goule : visage, bouche (une fine goule : un gourmet).
  • Goûnasse : Faible goût.
  • Goûnassier ou gougnafier : mauvais cuisinier, plus largement personne sans intérêt, un goujat.
  • Grâler : brûler, cramer, en cuisine. - griller
  • Grignou : clochard, personne sale ou à l'hygiène douteuse. Être habillé en grignou : mettre de vieux vêtements usés, pour aller ramasser les cagouilles, par exemple.
  • Grolle : corbeau (occitan graula)
  • Guedé : Rassasié
  • Guetter : surveiller que quelqu'un ne le prenne pas. "Tu me guettes mes affaires ?"
  • Jhavasser: jacasser, d'où le surnom d'Odette Comandon
  • jhe, jh' : je
  • Jhau ou gheo : coq
  • Jobrer : asperger, salir
  • Jhouque : perchoir à volaille.
  • Langrotte: petit lézard gris familier.
  • Loche : Limace
  • Mardoux et mardouze : ...
  • Marienne : la sieste (de "méridienne" )
  • Migeot, mijheot ou mijhet : Pain trempé dans du vin, sucré ou non, remplaçant la soupe l'été.
  • Millas : gâteau style polenta à base de farine ou semoule de maïs
  • Mongettes, monjhettes[17] ou mogettes : (également en Vendée), parfois prononcé « moyette » : Haricot blanc de type lingot ou soisson (« mogette piate », plate). Mogette en aiguille : haricot vert ou beurre.
  • Mouiller : pleuvoir
  • O : il, elle, ça ; « o l'est » peut signifier « je suis »,où donc? « tu es », « il/elle/c'est »
  • Ol'est : c'est :
    • Ol'est ben vrè : C'est très exact, c'est très vrai.
    • Ol'est beun : C'est bon
    • Ol'est moué, Olé toué: C'est moi, c'est toi.
    • Quétou qu'ol'est ? : Qu'est-ce que c'est ?
    • Qué qu'ol'est thieu ? Qu 'est ce que c'est que ça ?
  • Nâtre : teigneux, méchant. Prononcer à peine le r. (Nâtreté = méchanceté sournoise)
  • Nègue : Noir
  • Neu : La nuit
  • Nigher : inonder, noyer
  • Oueille : Mouton
  • Palisse : une haie
  • Pia : La peau
  • Piarde : une houe (à main)
  • Pigougner : taquiner, harceler (pigougne: instrument pour attraper les crabes sous les rochers)
  • Pilot: tas de bois, de foin, parfois de fumier, ou tout simplement de... quelque chose
  • Piron : oison
  • Poche : sac papier d'abord et maintenant plastique. Poche est français
  • Que, quel : pour dire ce ou cette. Exemples: As-tu vu que drôlesse !, Donne-moi quel objet là-bas !
  • Queunia : œuf factice destiné aux poules pondeuses.
  • Querreux : recoin, alcôve, cours commune
  • Quichenotte : coiffe traditionnelle pour le travail aux champs. Si la légende fait de son nom une déformation de l'anglais Kiss not, il semble plus probable qu'elle trouve son origine dans le terme occitan Queissonoto (littéralement : « petite caisse »). Ce nom désigne également une coiffe traditionnelle du Limousin, la Caissonata[18]
  • Ranger : tenir, dans le sens « être suffisamment petit pour entrer dans un contenant » — « ça va jamais ranger son affaire ! » (« il n'arrivera pas à ranger son truc »)
  • Reun, Rien "y'a reun".
  • Rignocher : ricaner, rire bêtement
  • Saber: brûler, faire mal:"o' m' sab'.
  • Since : serpillère
  • Sincer : passer la serpillière (laver par terre)
  • Subiet: du latin "sibilius", venu lui-même de "sibilare", et signifiant "coup de sifflet", puis sifflet tout court.
  • Tabaillo : fou, zinzin
  • Tantôt : l'après-midi
  • Tartasser : bavarder inutilement (ex : tartasser toute la marienne darrière les umias, soit : bavarder pendant l'heure de la sieste derrière les ormeaux)
  • Teurtous : tout le monde - augmentatif de tous. (bonjhour à vo' z'aut' teurtous: bonjour à la compagnie).
  • Timbre : parallépipède en pierre calcaire taillé dans un seul bloc servant d'abreuvoir
  • Treue : truie. Une " treue gourinière" : une truie pleine. Peut aussi être utilisé comme injure. Tout ce qui touche au cochon peut être une injure s'il n'est pas précisé "sauf votre respect" ou "avec le respect que je vous dois"....
  • Treuil : pressoir (dans de nombreux lieux-dits : Treuil-Arnaudeau, Treuil-Bernard…)
  • Trifougner : fouiller, tripoter
  • Tuer: éteindre, le feu, la bougie où la lampe à pétrole en soufflant dessus.
  • Venelle: espace libre entre le lit et le mur, ou entre 2 lits: la v'nelle dau lit; c'est exactement la définition du mot ruelle, bien connu au XVIIe siècle. Le mot venelle qui signifie petite rue, est toujours en vigueur partout.
  • Ventrèche : poitrine de porc.
  • Véque : viens - Véque par qui... = viens par là...
  • Veye : verbe voir - veye-lo quequi (regarde-le celui-là)
  • Vezon: "avouer l'vezon" c'est avoir le cafard, le bourdon; "jh' seu vezé" se dit quand on est très fatigué.
  • Virounâ: vertige, tournis.
  • Zou : Ce, Ceci, Cela

Expressions

  • o m'fait tort ou O fait tort : ça me fait bizarre («bizarre» est dans un sens négatif avec une sensation physique de mal aise comme la craie qui grince sur le tableau ou le toucher de certains matériaux...) On dit aussi par endroits O m'fait zir.
  • ol'est la poële qui se fout du chaudron : c'est l'hôpital qui se moque de la Charité
  • ol'est pas écartable : vous ne pouvez pas vous perdre
  • d'après que : apparemment
  • de rang : d'affilée, à la suite
  • in froid de cheun : un froid de canard (de chien)
  • être enfondu : être mouillé
  • on est rendu : on est arrivé
  • qu'est-ou qu'ol'est qu'cheu ? ou Quétou qu'ol'est ? : Qu'est-ce que c'est ?
  • ne pas se moucher avec un dail : être un peu « mégalo » : A's'mouche pas avec un dail ! = elle est bien fière.
  • " Abeurnoncieau !" ( "ab renoncio", extrait du rituel batismal : "Je renonce à Satan, etc.") expression marquant l'horreur (modérée...) ou le dégoût.
  • " Ah ben couillon ! " marquant plutôt la surprise voire, l'admiration.
  • "Aille donc !" : c'est pas possible, c'est n'importe quoi
  • " o fi' d'garce!" : exclamatif (une garce est une petite jeune fille, sans aucun caractère péjoratif, une belle garce est jolie, bien roulée)

Et les compliments à l'envers (en forme de litote) :

  • "l'a oublié d'et' sot" : il a oublié d'être sot : il est intelligent.

Controverse

En mars 2007 une demande pour la reconnaissance du saintongeais en tant que langue de France été faite auprès de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (Ministère de la Culture et de la communication) par le Collectif pour la défense de l’identité saintongeaise.
La réponse de Xavier North, délégué général de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, datée du 27/02/2007, fut la suivante : « Il me semble par conséquent légitime de faire droit à votre demande de reconnaissance, […]. Le saintongeais figurera donc dans la liste des langues de France utilisée par la DGLFLF, au même titre que le poitevin et les autres langues d’oïl[19]. »

Le président de Défense et promotion des langues d’oïl (association nationale fédérant les langues d’oïl dont le poitevin-saintongeais), fit part de son étonnement à la Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Voilà la réponse donnée, le 26/04/2007, par le même Xavier North : « Ma décision ne vaut bien entendu que pour la liste de langues diffusées par mes services (et qui n’a d’ailleurs pas de valeur juridique) : au sein des langues d’oïl, une virgule y prend la place d’un trait d’union. […] Il va de soi que l’appellation “poitevin-saintongeais” garde toute sa légitimité partout où elle est reçue : nous savons que la vitalité d’une langue ne se décrète pas, et que les noms qu’on lui donne sont de peu d’importance par rapport aux œuvres de l’esprit qui s’expriment en elle''[20]. »

Pour mieux cerner la position de la DGLFLF, reportons nous à son site internet, et consultons le document intitulé Méthodes d’apprentissage des langues de France. Dans le chapitre intitulé Langue(s) d’oïl, où le « s » entre parenthèses est déjà un premier symbole de la difficulté à nommer ces langues, nous trouvons tour à tour les chapitres suivants : 1/ Champenois, 2/ Gallo, 3/ Morvandiau, 4/ Normand, 5/ Picard, 6/ Poitevin et saintongeais. Nous constaterons déjà que l’ensemble « Poitevin et saintongeais » est mis sur le même plan que le Normand, ou le Picard. Voici l’analyse qu’on y trouve de la situation du « poitevin et saintongeais » : « ce parler d’oïl [on notera le singulier] couvre une région importante et est subdivisé en plusieurs dialectes intercompréhensibles. Il concerne de nombreux locuteurs. Il est lui aussi scindé entre plusieurs régions administratives, les Pays-de-la-Loire (département de Vendée), le Poitou-Charentes et l’Aquitaine (Nord de la Gironde)[21]. »

Pour certains on se trouve en présence d’une seule langue poitevine, aujourd'hui appelée à tort « poitevin et saintongeais » (ou poitevin-saintongeais), et qu'en son sein, il existe plusieurs petites nuances locales, et particulièrement un dialecte saintongeais. Pour d'autres, le saintongeais et le poitevin sont deux langues d'oïl différentes, ayant chacune donnée une littérature et les différences très marquées empêchant l'intercompréhension. Enfin pour d'autres encore, le saintongeais et le poitevin sont des langues proches, réunies au sein d'un ensemble linguistique d'entre Loire et Gironde, ensemble que certains qualifient de langue poitevine-saintongeaise ou poitevin-saintongeais.

Pour les locuteurs du saintongeais qui ont défendu la reconnaissance du saintongeais comme langue de France (regroupés dans le "Collectif pour la Défense de l’Identité Saintongeaise" et son journal Xaintonge), le poitevin-saintongeais est une invention d’universitaires poitevins pour les besoins de la création de la région Poitou-Charentes[22]. Pour eux le terme poitevin-saintongeais aurait été créé dans les années 1970 par des Charentais[23] et des Poitevins soucieux de donner une nouvelle impulsion à la langue poitevine (mais maintenant on sait que ce terme est bien antérieur, on le trouve dès 1905[24]). Le nouveau terme "poitevin-saintongeais" devait être le terme de l'union. Une langue dans laquelle les Saintongeais, pas plus que les Poitevins ne se reconnaissent. Toujours d'après eux, aucune œuvre littéraire dans cet idiome à part un dictionnaire et une grammaire.

Entre janvier 2007 et janvier 2010, le poitevin-saintongeais cesse d'apparaître dans la liste des langues de France, langues d'oïl, sur le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLF), service du Ministère de la Culture. Le saintongeais et le poitevin sont donc des langues à part entière.

À noter qu'une publication plus récente de la DGLFLF, en 2009, utilise encore l'appellation poitevin-saintongeais[25]. Le parler saintongeais est langue de France autonome de puis le 27 janvier 2007(cf. lettre officielle du 27/01/2007 de la Direction Générale à la Langue Française et aux Langues de France signée de Monsieur Xavier NORTH). A ce titre, il est inscrit dans la constitution, article 75.1, au titre du patrimoine national depuis le 28 mai 2008.

Mais le poitevin-saintongeais réapparaît dans la liste des langues de France, langues d'oïl, début 2010, sur le site de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), service du Ministère de la Culture, sous le libellé suivant : poitevin-saintongeais [dans ses deux variétés : poitevin et saintongeais][26].

Un collectif pour la défense de l'identité saintongeaise s'est remis en place aussitôt[27].

Références

  1. Au XXe siècle, c'est près de la moitié de la population acadienne qui a une souche poitevine et saintongeaise. Le français d'Acadie a conservé, malgré tout, une grande originalité par rapport au québécois en raison précisément de ses origines poitevines et saintongeaises. Au niveau phonétique, le nombre de traits dialectaux conservés est supérieur à celui du Québec, surtout dans les communautés de la vieille Acadie, en Nouvelle-Écosse et à l'ile du Prince Édouard, et qu'en particulier le [jh] saintongeais s’y est maintenu jusqu'à nos jours.
  2. - Albert Dauzat (Les Patois, 1927, p. 142) parle de la limite : « entre les îles de Ré (parlers vendéens) et d’Oléron (parlers saintongeais du sud) » - Raymond Doussinet (Le Parler savoureux de Saintonge, 1958, p. 21) : « L’île de Ré se rattache plutôt au patois poitevin, l‘île d’Oleron au patois charentais »
  3. Brigitte Horiot (Les parlers du Sud-Ouest, dans : Français de France et Français du Canada : Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’Etudes Linguistiques Jacques Goudet, Université Lyon III, 1995, p. 226) parlant du secteur compris entre L’Ile-d’Elle, Courçon-d’Aunis, Péré, Saint-Marie-de-Ré et Les Portes-en-Ré, écrit : « On constate que cette partie nord du département de la Charente-Maritime, surtout l’île de Ré, a tendance à se rattacher à la Vendée et, plus généralement, au poitevin. »
  4. Raymond Doussinet (Le paysan charentais dans ses bots, 1963) dans la carte du « patois saintongeais » qu’il met en première page de son second ouvrage (1963) indique la mention « zone de transition » entre d’une part les localités de Tonnay-Boutonne et de Saint-Jean-d’Angély (à tendance saintongeaise) et d’autre part les localités de Surgères, de Loulay et d’Aulnay (à tendance poitevine)
  5. Paul Dyvorne (de Cozes en Charente-Maritime : Folklore saintongeais, 1935, p. 44) : « Dans le Confolentais, c’est le patois limousin que parlent les paysans ; à l’est d’Angoulême, c’est celui du Périgord ; à Ruffec, celui du Poitou. Dans l’Angoumois du sud, vers Cognac et Barbezieux, l’idiome saintongeais est seul en faveur». Brigitte Horiot (Les parlers du Sud-Ouest, dans : Français de France et Français du Canada : Les parlers de l’Ouest de la France, du Québec et de l’Acadie, Centre d’Etudes Linguistiques Jacques Goudet, Université Lyon III, 1995), qui rattache implicitement le Ruffécois au domaine poitevin lorsqu’elle remarque que la description lexicale du domaine de l’ALO (Atlas Linguistique de l’Ouest : Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois) montre qu’ « il est possible de retrouver une situation déjà observée au cours de l’étude phonétique : le département des Deux-Sèvres (mis à part le nord), le sud-est de la Vendée , le sud-ouest de la Vienne et le nord-ouest de la Charente [Ruffécois] ont tendance à former une aire originale dans l’ensemble de l’ALO». Et sur un sujet connexe : Léo Ganachaud (d'Ambérac en Charente : Lée Bitons chérentais : Ambérac, mon pays !, 1949) : « La région de Ruffec a plutôt les coutumes poitevines que charentaises, et là, pas de bons repas sans qu’au dessert arrive le tourteau fromageou. »
  6. Les écrits de Jean-François Migaud (originaire de Pleuville, commune de la bordure d'oïl du Confolentais), sont présentés, dans le journal Le Subiet dans les années 1980, comme étant en "poitevin méridional". On retrouve cette mention "poitevin méridional" par exemple dans ces deux oeuvres de Jean-François Migaud : Que l’bon Dieu nous eûy’de !!! (dans Le Subiet de novembre-décembre 1985) ; Saint-Piarre et la Chabre (dans Le Subiet de novembre-décembre 1989).
  7. a, b et c Édouard Bourciez, Recueil des idiomes de la région gasconne, 1895. [Manuscrit]. Et : Freddy Bossy, Pour une approche linguistique des gavacheries, 1978.
  8. a et b Ch. de Tourtoulon et O. Bringuier, Étude sur la Limite de la langue d’oc et de la langue d’oïl, 1876. [Premier rapport à monsieur le ministre de l’Instruction publique, des Cultes et des Beaux-Arts]
  9. Aguiaine, revue de la SEFCO - 1978
  10. SEFCO. Sept-Oct 1970 p. 349
  11. Le Manuscrit de Pons et l'apport du saintongeais aux parlers français du Canada. In Lavoie (Thomas) ed. français du Canada – français de France - 1996 p. 35 à 45
  12. Dictionnaire biographique des Charentais (Editions Le Croît vif – 2005)
  13. Xaintonge
  14. Bibliographie du patois saintongeais, Jean-Michel Hermans, mise à jour 2010
  15. Le parler savoureux de Saintonge, Initiation au patois saintongeais, Raymond Doussinet, Éditions Rupella La Rochelle, 1958
  16. a et b Revue Xaintonge : Le Patois, un conservatoire de vieux mots.
  17. de monge, forme provençale de moine, est la moinette, la nonne, métaphore d'après la coiffe des religieuses in Le Parler savoureux de Saintonge, Raymond Doussinet
  18. in Charente-Maritime, encyclopédie Bonneton, page 104 : L'origine du mot Quichenotte
  19. www.culture.gouv.fr/culture/dglf/lgfrance/lgfrance-presentation.htm
  20. http://www.arantele.org/bernancio/B91-p123.pdf
  21. http://www.dglf.culture.gouv.fr/lang-reg/methodes-apprentissage/Listes_d_ouvrages_d_apprentissage/Langues_d_oil.htm
  22. Tapis rouge pour le patois, Sud Ouest, 2011. Consulté le 22 janvier 2011
  23. Voir le compte rendu d’un colloque tenu en octobre 1994 à Poitiers, dans le très officiel Hôtel de Région, en présence de son président Jean-Pierre Raffarin, et publié en novembre 1995 sous le titre de La langue poitevine-saintongeaise identité et ouverture. Une dizaine d’intervenants (dont aucun n’est Charentais, soit dit en passant !)
  24. Mémoires et documents de la Société de l’École des chartes : « comme en Poitevin-Saintongeais » : http://books.google.fr/books?cd=6&id=L_PVAAAAMAAJ&dq=poitevin-saintongeais+%C3%A9cole+des+chartes&q=poitevin-saintongeais, Phonétique historique du Français, volume 3, Pierre Fouché : « chai en poitevin-saintongeais : http://books.google.fr/books?id=XytcAAAAMAAJ&q=chai+en+poitevin-saintongeais&dq=chai+en+poitevin-saintongeais&cd=2, La Revue du Bas Poitou et des provinces de l’Ouest, 1905 : « notre parler poitevin-saintongeais » : http://books.google.fr/books?id=a_JLAAAAMAAJ&q=notre+parler+poitevin-saintongeais&dq=notre+parler+poitevin-saintongeais&cd=4
  25. Références 2009. Les langues de France
  26. L'extrait concerné de la liste en question étant le suivant : Langues régionales : alsacien, basque, breton, catalan, corse, flamand occidental, francique mosellan, francoprovençal, langues d’oïl (franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais [dans ses deux variétés : poitevin et saintongeais], lorrain, bourguignon-morvandiau), parlers d’oc ou occitan (gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, vivaro-alpin). Voir site de la DGLFLF : DGLF - Ministère de la Culture
  27. Sud-Ouest Rififi autour du statut Patois saintongeais

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