- Mannois
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Mannois (Gaelg, Gailck) Parlée en Île de Man Nombre de locuteurs 1 689 (46 comme langue natale) soit 2.2 % de la population totale (2001) Classification par famille - - langues indo-européennes
- - langues celtiques
- - langues celtiques insulaires
- - langues gaéliques
- - mannois (ou manxois)
- - langues gaéliques
- - langues celtiques insulaires
- - langues celtiques
Statut officiel Langue officielle de Île de Man Régi par Coonseil ny Gaelgey (Manx Language Council) Codes de langue ISO 639-1 gv ISO 639-2 glv ISO 639-3 (en) glv
IETF gv modifier Le mannois (ou manxois, gaelg par les locuteurs) est une langue celtique appartenant à la branche des langues gaéliques, et parlée sur l’île de Man, en mer d’Irlande par environ 1700 personnes.
Cette langue se différencia de l’erse (gaélique écossais) vers le XVe siècle. C’est une des langues officielles de l’île ; les lois doivent être proclamées en mannois et son enseignement a été mis en place dans les écoles. Ned Maddrell, mort en 1974, fut le dernier locuteur originel de la langue, avant l'apparition de la nouvelle génération de mannophones une vingtaine d'années plus tard. Ce démarrage fut surtout possible grâce aux efforts de plusieurs enthousiastes (notamment Brian Stowell) à un niveau local. Le mannois est maintenant reconnu comme langue régionale dans le cadre du Conseil britannique-irlandais et de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Aujourd'hui 49 personnes le parlent comme langue maternelle (des enfants bilingues de naissance), et environ 1 689 le parlent comme seconde langue.
Sommaire
Description
Le mannois est beaucoup plus proche du gaélique d’Écosse que de celui d'Irlande. Il contient à la fois des traits archaïques (par exemple des mots anciens qui ont disparu en irlandais et en gaélique d’Écosse) et des innovations (en syntaxe, en phonétique, en morphologie). La grammaire mannoise montre de nombreuses influences anglaises qui n'apparaissent ni en irlandais ni en gaélique écossais, notamment les pronoms personnels d'objet indirect, qui suivent le verbe comme en anglais. Aucune autre langue celtique ne soutient une telle construction syntaxique.
Son orthographe, originale, est basée surtout sur les conventions orthographiques de l’anglais et du gallois, et a très peu en commun avec l’orthographe des autres langues gaéliques. Pour cette raison, le mannois est reconnu pour avoir un système orthographique moins surprenant et plus anglicisé que celui des autres langues gaéliques. Mais les irrégularités sont nombreuses et il est difficile de savoir comment on prononce plusieurs mots que l'on ne connaît pas déjà.
Caractéristiques des dialectes du mannois
Le mannois a de fortes similitudes avec l'irlandais et le gaélique d'Écosse en ce qui concerne la phonologie, le vocabulaire et la grammaire, mais présente aussi parfois des cas très singuliers. De plus, on peut diviser le mannois en deux dialectes locaux : le mannois du Nord et le mannois du Sud[1].
Comme le gaélique d'Écosse, le mannois se caractérise par une perte partielle de palatalisation des consonnes labiales ; ainsi, alors qu'en irlandais les consonnes velarisées /pˠ bˠ fˠ w mˠ/ contrastent phonémiquement avec les /pʲ bʲ fʲ vʲ mʲ/ palatalisées, en gaélique d'Écosse et en mannois, le contraste phonémique a quasiment disparu. Ces langues utilisent simplement les formes /p b f v m/. La conséquence de cette différenciation phonémique est que, en moyen irlandais, le suffixe non accentué [əvʲ] (écrit -(a)ibh, -(a)imh en irlandais et en gaélique) a fusionné avec [əw] (-(e)abh, -(e)amh) en mannois ; les deux sont devenus [u], écrit -oo ou -u(e) en mannois. Citons notamment shassoo (« être debout » ; irlandais seasamh), credjue (« religion » ; irlandais creideamh), nealloo (« évanouissement » ; moyen irlandais primitif (i) néalaibh, litt. « dans les nuages »), et erriu (« sur vous » ; irlandais oraibh)[2].
Comme les dialectes du Nord de l'Irlande et la plupart de ceux du gaélique d'Écosse, le mannois a modifié les groupes de consonnes historiques /kn ɡn mn tn/ en /kr ɡr mr tr/. Par exemple, les mots de moyen irlandais cnáid (« moquerie ») et mná (« femmes ») sont respectivement devenus craid et mraane en mannois[3]. L'affrication de [tʲ dʲ] en [tʃ dʒ] est également commune au mannois, au nord-irlandais et au gaélique d'Écosse[4].
De plus, comme dans les dialectes du Nord et de l'Ouest de l'Irlande et les dialectes méridionaux du gaélique d'Écosse (par exemple sur l'île d'Arran ou dans le Kintyre), la syllabe non accentuée de fin de mot [iʝ] du moyen irlandais (écrite -(a)idh et -(a)igh) a évolué en [iː] en mannois, où elle s'écrit -ee, comme, par exemple, dans kionnee (« acheter » ; voir irl. ceannaigh) et cullee (« agrès » ; cf. gaél. culaidh)[5].
Une autre similitude entre le mannois, l'irlandais de l'Ulster et certains dialectes du gaélique d'Écosse est que /a/ plutôt que /ə/ apparaît dans des syllabes non accentuées avant /x/ (écrit en mannois agh), par exemple jeeragh (« droit ») [ˈdʒiːrax] (irlandais díreach), cooinaghtyn (« se souvenir ») [ˈkuːnʲaxt̪ən] (gaélique cuimhneachd[6]).
Comme l'irlandais du Munster, le [vʲ] historique (écrit bh et mh) a disparu au milieu ou à la fin d'un mot en mannois, soit par un allongement compensatoire, soit par une vocalisation du genre u résultant d'une diphtongaison avec la voyelle précédente. Par exemple, les mots mannois geurey (« hiver ») [ˈɡʲeurə], [ˈɡʲuːrə] et sleityn (« montagnes ») [ˈsleːdʒən] correspondent aux irlandais geimhreadh et sléibhte (l'écriture et la prononciation en dialecte sud-irlandais sont respectivement gíre ([ˈɟiːɾʲə]) et sléte ([ˈʃlʲeːtʲə]))[7]. Un autre point commun entre le mannois et l'irlandais du Munster est le développement des diphtongues du vieil irlandais [oi ai] avant une consonne vélarisée (écrite ao en irlandais et en gaélique d'Écosse) en [eː], comme dans seyr (« charpentier ») [seːr] et keyll (« étroit ») [keːl] (écrits saor et caol en irlandais et prononcé de la même manière dans le Munster)[8].
Comme les variantes sud et ouest de l'irlandais et nord du gaélique d'Écosse, mais à la différence de dialectes géographiquement plus proches, comme l'irlandais d'Ulster et le gaélique d'Arran et Kintyre, le mannois connaît l'allongement des voyelles ou la diphtongaison devant les sonantes du vieil irlandais. Par exemple, cloan (« enfants ») [klɔːn], dhone (« brun ») [d̪ɔːn], eem (« beurre ») [iːbm] correspondent respectivement aux irlandais/gaélique d'Écosse clann, donn et im, qui possèdent de longues voyelles et des diphtongues en irlandais de l'ouest et du sud et dans les dialectes gaéliques des Hébrides extérieures et de Skye, ainsi en irlandais de l'ouest [klˠɑːn̪ˠ], en irlandais du sud et en écossais du nord [klˠaun̪ˠ], [d̪ˠaun̪ˠ]/[d̪ˠoun̪ˠ], [iːmʲ]/[əimʲ]), mais avec des voyelles brèves en nord-irlandais et dans les dialectes d'Arran et Kintyre, [klˠan̪ˠ], [d̪ˠon̪ˠ] et [imʲ][9].
Échantillon de texte en mannois
La parabole du fils prodigue (dans la Bible).
« 15 11 As dooyrt eh, Va daa vac ec dooinney dy row: 12 A s dooyrt y fer saa rish e ayr, Ayr, cur dooys yn ayrn dy chooid ta my chour. As rheynn eh e eh chooid orroo. 13 As laghyn ny lurg shen, hymsee yn mac saa ooilley cooidjagh as ghow eh jurnah gys cheer foddey, as ayns shen hug eh jummal er e chooid liorish baghey rouanagh. 14 As tra va ooilley baarit echey, dirree genney vooar ayns y cheer shen; as ren eh toshiaght dy ve ayns feme. 15 As hie eh as daill eh eh-hene rish cummaltagh jeh’n cheer shen; as hug eshyn eh magh gys ny magheryn echey dy ve son bochilley muickey. 16 As by-vian lesh e volg y lhieeney lesh ny bleaystyn va ny muckyn dy ee: as cha row dooinney erbee hug cooney da. 17 As tra v’eh er jeet huggey hene, dooyrt eh, Nagh nhimmey sharvaant failt t’ec my ayr ta nyn saie arran oc, as fooilliagh, as ta mish goll mow laccal beaghey! 18 Trog-ym orrym, as hem roym gys my ayr, as jir-ym rish, Ayr, ta mee er n’yannoo peccah noi niau, as kiongoyrt rhyt’s, 19 As cha vel mee ny-sodjey feeu dy ve enmyssit dty vac: dell rhym myr rish fer jeh dty harvaantyn sailt. 20 As hrog eh er, as haink eh gys e ayr. Agh tra v’eh foast foddey veih, honnick e ayr eh, as va chymmey echey er, as roie eh, as ghow eh eh ayns e roihaghyn as phaag eh eh. 21 As dooyrt y mac rish, Ayr, ta mee er n’yannoo peccah noi niau, as ayns dty hilley’s, as cha vel mee ny-sodjey feeu dy ve enmyssit dty vac. 22 Agh dooyrt yn ayr rish e harvaantyn, Cur-jee lhieu magh yn coamrey share, as cur-jee er eh, as cur-jee fainey er e laue, as braagyn er e chassyn. 23 As cur-jee lhieu ayns shoh yn lheiy beiyht, as marr-jee eh; as lhig dooin gee as ve gennal. 24 Son v’eh shoh my vac marroo, as t’eh bio reesht; v’eh caillit, as t’eh er ny gheddyn reesht. As ren ad toshiaght dy yannoo gien mie. 25 Nish va’n mac shinney mooie ‘sy vagher: as tra haink eh er-gerrey da’n thie, cheayll eh kiaulleeaght as daunsin. 26 As deie eh er fer jeh’n vooinjer, as denee eh cre son va shoh. 27 As dooyrt eh rish, Ta dty vraar er jeet thie; as ta dty ayr er varroo yn lheiy beiyht, er-yn-oyr dy vel eh er jeet thie huggey slane follan. 28 As v’eh feer chorree, as cha baillish goll stiagh: shen-y-fa haink e ayr magh, as vreag eh eh. 29 As dreggyr eshyn, as dooyrt eh rish e ayr, Cur-my-ner, ta mish rish whilleen blein shen ayns dty hirveish, chamoo ren mee rieau noi dty aigney, as foast cha dug oo dou rieau wheesh mannan, dy yannoo gien marish my gheiney-mooinjerey: 30 Agh cha leah as v’eh shoh dty vac er jeet, ta er vaarail dty chooid er streebeeyn t’ou er varroo er e hon yn lheiy beiyht. 31 As dooyrt eh rish, Vac, t’ou er ny ve kinjagh marym, as lhiat’s ooilley ny t’aym. 32 Ve cooie dooin ve gennal, as boggey y ghoaill: son v’eh shoh dty vraar marroo as t’eh bio reesht: v’eh caillit, as t’eh er ny gheddyn. »
Exemples de mots en mannois
Mannois Écossais Irlandais Anglais Français Moghrey mie Madainn mhath Maidin mhaith, Dia duit ar maidin Good morning Bonjour (matin) Fastyr mie Feasgar math Dia duit Good afternoon Bonjour (après-midi) Slane lhiu Beannachd leibh Slán leat Goodbye Au revoir Gura mie eu Tapadh leibh Go raibh maith agat Thank you Merci baatey bàta bád boat bateau barroose bus bus bus autobus blaa blàth bláth flower fleur booa bò bó cow vache cabbyl each capall, beathach, each horse cheval cashtal caisteal caisleán, caisteall castle château creg creag, carraig carraig rock rocher eeast iasg iasc fish poisson ellan eilean oileán island île gleashtan càr carr, gluaisteán car voiture kayt cat cat cat chat moddey cù, madadh madadh, madra dog chien shap bùth siopa shop magasin, boutique thie taigh teach house maison eean eun éan bird oiseau jees dithis dís, beirt pair paire shynnagh sionnach sionnach, madra rua fox renard Nombres en mannois
Mannois Écossais Irlandais Français 1 un/nane aon aon un 2 daa/jees dà dhá/a dó deux 3 tree trì trí trois 4 kiare a ceathair/ceithir a ceathair/ceithre quatre 5 queig còig cúig cinq 6 shey sia sé six 7 shiaght seachd seacht sept 8 hoght ochd ocht huit 9 nuy naoidh naoi neuf 10 jeih deich deich dix 11 nane jeig aon deug aon déag onze 12 daa yeig dà... d(h)eug/a dhà dheug dhá... d(h)éag/a dó dhéag douze Notes et références
- (en) George Broderick, A Handbook of Late Spoken Manx, Tübingen, Niemeyer, 1984–86, 3 volumese éd.), I, xxvii–xxviii, p. 160.
- (en) Thomas F. O'Rahilly, Irish Dialects Past and Present, Dublin, Browne and Nolan, réimp. 1976, 1988, par Dublin Institute for Advanced Studies, 1932 (ISBN 978-0-901282-55-2), p. 77–82 ; Broderick, ibid., II, 152.
- O'Rahilly, ibid., p. 22.
- O'Rahilly, ibid., p. 203.
- O'Rahilly, ibid., p. 57.
- (en) Kenneth Hurlstone Jackson, Contributions to the Study of Manx Phonology, Édimbourg, Nelson, 1955, p. 55. O'Rahilly, ibid., p. 110 ;
- O'Rahilly, 1932, p. 24 ; Broderick, 1984–1986, vol. 3, p. 80-83 ; Ó Sé, 2000, vol. 15, p. 120
- Jackson, 1955, p. 47–50 ; Ó Cuív, 1944, vol. 38, p. 91
- O'Rahilly, 1932, p. 51 ; Jackson, 1955, p. 57–58 ; Holmer, 1957, p.87, 88 et 106 ; 1962, p.41.
Voir aussi
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