- Alain Chartier
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Alain Chartier Alain ChartierAutres noms « Sénèque de la France » Activités Poète Naissance 1385
BayeuxDécès 1449
AvignonLangue d'écriture Français Alain Chartier, né à Bayeux vers 1385 et mort à Avignon en 1449[1], est un poète français.
Biographie
Fils de Jean Chartier, bourgeois de Bayeux, il naquit dans une petite bâtisse qui se trouve aujourd'hui à l'intersection entre la Rue Saint-Malo et la Rue Royale. Alain Chartier appartenait à une famille qui s’était signalée par son dévouement constant à la cause de la monarchie. Alain Chartier avait deux frères, Thomas et l’ainé Guillaume[2], qui devint évêque de Paris, sachant se distinguer à l’université de Paris, où il fut premier escollier de Charles VII, alors dauphin, parvint de bonne heure à une position qui dut lui permettre d’aider les siens.
Alain Chartier quitta la Normandie pour aller faire ses études à l’université de Paris peu avant l’invasion anglaise de 1415. Il mourra avant de voir celle-ci libérée et se considéra toujours en exil.
Alain Chartier se distingua de bonne heure. Entrant à la cour de Bourges, il fut secrétaire de Charles VI et de Charles VII, et remplit avec succès plusieurs missions diplomatiques sous ces deux princes. Il participa à des ambassades dans le Saint-Empire romain germanique et se rendit deux fois, en 1423 et en 1424, auprès du roi de Bohème[1] puis à Venise (1425), et en Écosse (1428) pour resserrer l’alliance entre l’Écosse et la France contre l’Angleterre et demander la main de Marguerite d’Écosse à Jacques Ier pour le Dauphin, futur Louis XI.
Alain Chartier jouit en son temps d’une grande réputation et fut surnommé « le Père de l’éloquence française » Il reçut encore de ses contemporains les titres d’« excellent orateur, de noble poète, de renommé rhétoricien ». Empruntant à Sénèque, son auteur de prédilection qu’il cite sans cesse, en les exagérant souvent, les antithèses multipliées, les saillies étincelantes et les formes constamment aiguisées de la phrase, il a beaucoup contribué à former la langue. Estienne Pasquier qui, d’ailleurs, lui donna le titre de « Sénèque de la France », rapporte que Marguerite d’Écosse le voyant endormi sur une chaise, lui donna un baiser sur la bouche, pour marquer le cas qu’elle faisait de cette bouche d’où étaient sortis tant de beaux discours. Elle répondit aux personnes de sa suite, composée de dames et de grands seigneurs, qui s’étonnaient de voir la princesse accorder une pareille faveur : « Je n’ai pas baisé l’homme, mais la bouche de laquelle sont issus tant de mots dorés. d’excellents propos, de matières graves et paroles élégantes. ». La critique historique considère de nos jours cet épisode comme apocryphe[1].
Parmi ses ouvrages en prose on remarque le Curial[3], le Quadrilogue invectif (1422, allégorie politique en prose, consistant en un vibrant appel à l’unité de la nation française, dans laquelle la France supplie ses trois enfants, le Peuple, le Chevalier et le Clergé, de se réconcilier pour son propre salut), et parmi ses ouvrages en vers le Débat du réveil-matin, la Belle Dame sans mercy (1424, le poète anglais John Keats composa un poème, quatre siècles plus tard, intitulé : Belle Dame sans merci), le Bréviaire des nobles, le Livre des quatre dames. Ses poésies, dans le genre allégorique, ont un immense succès auprès de ses contemporains. C’est le poète de l’époque qui a été le plus admiré jusqu’à Ronsard.
Il dut s'éloigner de la Cour de France et se réfugier à Avignon où il retrouva Jean Cadard, lui aussi en exil. Il y décéda en 1449 et fut inhumé dans l'église des Hospitaliers de Saint-Antoine sise dans la rue Figuière[1].
Son frère, l'évêque Guillaume, se rendant à Rome auprès de Pie II, pour décider d'une croisade contre les Turcs, s'arrêta à Avignon en 1458. Il logea à l'hostellerie Saint-Marc et le 28 avril passa commande au sculpteur lorrain Jean de Fontay, qui œuvra dans la cité des papes de 1451 à 1467, d'une pierre tombale pour son frère. Le prix-fait fut accepté à 16 écus d'or qui furent versés le 3 août 1459. Celle-ci disparut au cours du XVIIIe siècle lors de travaux de restauration menés par Thibault, architecte et ingénieur de la Révérende Chambre Apostolique, qui exerça de 1731 à 1745[1].
Œuvres
- Le Livre des quatre dames (1416 :
Long poème octosyllabique en 3 600 vers, débat courtois au lendemain de la bataille d'Azincourt.
- le Bréviaire des nobles ;
- Complainte d’ung amoreux et la responce de sa damme ;
- Le Dyalogue ;
- Le Lay de paix ;
- Les Croniques du feu roy Charles septieme ;
- Les Demandes d’amours, avec la response ;
- Les Fais ;
- Les Faiz dictes et ballades ;
- Le Quadrilogue invectif, 1422, entretien en prose, sur un ton véhément, de quatre personnages (La France et les trois ordres, peuple, noblesse, clergé), sur la responsabilité des malheurs du royaume ;
- La Belle Dame sans mercy, 1424 ;
- Le Livre de l’espérance, 1429, écrit à la veille de la délivrance d’Orléans par Jeanne d'Arc ;
- Le Curial, satire du courtisan ;
- Le Débat du réveille-matin.
Notes et références
- Plusieurs monuments ou stèles sont édifiées à Bayeux en sa mémoire, et il donne son nom à une école, un collège et un lycée de la même ville. Une plaque est apposée sur le mur de sa maison natale.
- Joseph Girard, op. cit., p. 258.
- Jean Chartier n’était pas leur frère. Contrairement à ce qui a longtemps été cru et affirmé, l’historiographe
- Courtisan.
Bibliographie
- Pierre-Jean Roux, « Alain Chartier devant la crise du pouvoir royal au début du XVe siècle », Culture et pouvoir au temps de l’Humanisme et de la Renaissance, Genève, Slatkine, 1978, p. 7-16.
- Didier Delaunay, Étude sur Alain Chartier, Rennes, Impr. de l’Académie, 1876.
- Gabriel Joret-Desclosieres, Un écrivain national au XVe siècle, Paris, Fontemoing, 1899
- C. J. H. Walravens, Alain Chartier : études biographiques, suivies de pièces justificatives, d’une description des éditions et d’une édition des ouvrages inédits, Amsterdam, Meulenhoff-Didier, 1971.
- Joseph Girard, Évocation du Vieil Avignon, Les Éditions de Minuit, Paris, 2000, (ISBN 270731363X)
Études stylistiques et linguistiques
- Jean-Paul Allard, « L’Idéal communautaire selon le Quadrilogue invectif d’Alain Chartier », Études Indo-Européennes, Mar. 1986, n° 16, p. 1-39.
- (en) Glenn H. Blayney, « Alain Chartier and The Complaynt of Scotlande », Review of English Studies, Feb 1958, n° 9 (33), p. 8-17.
- (en) Cynthia J. Brown, « Allegorical Design and Image-Making in Fifteenth-Century France: Alain Chartier’s Joan of Arc », French Studies, Oct 1999, n° 53 (4), p. 385-404.
- Helmut Hatzfeld, « Le Style du Quadrilogue invectif d’Alain Chartier », Studi di filologia romanza offerti a Silvio Pellegrini, Padova, Liviana, 1971, p. 215-32.
- Peter Noble, « Les Deux Traductions anglaises du Quadrilogue Invectif d’Alain Chartier », Moyen Français, 2002-2003, n° 51-53, p. 469-77.
- Lene Schøsler, « La Variation linguistique : le cas de l’expression du sujet », Interpreting the History of French, Amsterdam, Rodopi, 2002, p. 195-212.
- Regula Meyenberg, Alain Chartier, prosateur et l’art de la parole au XVe siècle : études littéraires et rhétoriques, Berne, Francke, 1992.
- François Rouy, L’Esthétique du traité moral d’après les œuvres d’Alain Chartier, Genève, Droz, 1980.
Voir aussi
Article connexe
- Jean Cadard réfugié comme lui à Avignon
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