- Châteauneuf-du-Faou
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Châteauneuf-du-Faou
Vue de Châteauneuf-du-Faou depuis les berges de l'AulneAdministration Pays France Région Bretagne Département Finistère Arrondissement Châteaulin Canton Châteauneuf-du-Faou (chef-lieu) Code commune 29027 Code postal 29520 Maire
Mandat en coursChristian MENARD
1989-2014Intercommunalité Communauté de communes de Haute Cornouaille Site web http://www.chateauneuf-du-faou.com Démographie Population 3 698 hab. (2008[1]) Densité 87 hab./km² Aire urbaine 14 934 hab. () Gentilé Châteauneuvien, Châteauneuvienne Géographie Coordonnées Altitudes mini. m — maxi. m Superficie 42,58 km2 Châteauneuf-du-Faou est une commune du département du Finistère, dans la région Bretagne, en France. La localité est baignée par l'Aulne, important fleuve côtier breton.
Géographie
Communes limitrophes
La commune est longée au sud par l'Aulne, qui sert de limite communale avec Saint-Goazec et Laz et deux de ses affluents de rive droite, le Fromveur (son nom en breton signifie "grand courant") qui, à l'est, sert de limite communale avec Landeleau) et le Ster Goanez qui, à l'ouest, sert de limite communale avec Lennon; qui serpentent dans des vallons profonds et boisés; mais se transforment en véritables torrents l'hiver. L'Aulne canalisée (ancien canal de Nantes à Brest) coule en dessinant des méandres très encaissés, le bourg, excentré au sud du finage communal, s'est développé sur le coteau dominant le versant de rive droite (rive nord), profitant d'un éperon rocheux, de même que le château de Châteaugal, situé dans la commune de Landeleau. La commune est classée station verte de vacances et fait partie du parc naturel régional d'Armorique.
L'altitude de la commune est comprise entre 153 mètres (altitude maximale rencontrée au nord-ouest de la commune, à l'ouest du hameau de Trédiern) et 31 mètres. Le territoire communal forme pour l'essentiel un vaste plan incliné vers le sud, le bourg étant aux alentours de 100 mètres, dominant de presque 70 mètres la vallée de l'Aulne, située à environ 50 mètres d'altitude à son entrée sur le territoire communal à l'est, au niveau de la confluence avec le Fromveur, à 42 mètres au Pont-du-Roi et 31 mètres dans la partie aval de la vallée de l'Aulne, à la confluence avec le Ster Goanez. L'ancien château, et le site actuel de Notre-Dame-des-Portes se trouvent sur un éperon rocheux formé par la presqu'île de confluence entre l'Aulne et un de ses petits aflluents de rive droite.
En raison des méandres très accentués de l'Aulne, la limite sud de la commune est très sinueuse. Sa proximité avec le bourg explique que certains équipements liés à Châteauneuf-du-Faou se sont implantés sur la rive gauche qui dépend administrativement de la commune de Saint-Goazec : la piscine, une partie du port fluvial et des infastuctures touristiques, y compris le centre de vacances de Penn ar Pont[2].
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Châteauneuf-du-Faou, le village de vacances VVF en bordure de l'Aulne à Pen ar Pont (situé en fait dans la commune de Gouézec)
Histoire
Étymologie et origines
Le nom de Châteauneuf-du-Faou provient de castrum novum in fago ("château neuf dans le pays" en latin)."Faou" se prononce fou. La localité fit partie au sein de l'Armorique primitive de l'ancienne paroisse de Plouyé et dépendit, du VIe siècle à 1420, au sein de la vicomté de Léon, du pagus du Faou, ce qui explique son suffixe. La première mention connue de Castrum novum in fago, dans le cartulaire de Quimper, date de 1368[3]. Ce n'est que le 13 août 1958 que la commune de Châteauneuf a officiellement pris le nom de Châteauneuf-du-Faou[4].
Le château, construit par une famille inconnue du Poher, se dressait sur l'éperon rocheux dominant l'Aulne et le Pont-du-Roy, probablement à l'emplacement d'un ancien oppidum gaulois, « commandant le passage de la rivière, il était établi, en outre, au bord de l'ancienne voie romaine de Carhaix à la pointe du Raz. En 1186, le château est pris par Guyomarch Ier et Hervé Ier de Léon et passe aux mains des vicomtes du Léon comme l'attestent deux actes de 1239 et 1275. Il était déjà ruiné en 1440 quand fut bâtie à son emplacement la chapelle Notre-Dame des Portes »[5]. De longs pans de mur ainsi que la base d'une tour d'angle sont toujours visibles et en cours de restauration.
Avec Plonévez-du-Faou et Collorec, Châteauneuf-du-Faou forme le "pays Dardoup", l'un des pays bretons ethnologiques traditionnels[6], les communes voisines de Pleyben, Le Cloître-Pleyben et Lennon formant le "pays Bidart".
Préhistoire
Des tombes à coffre de l'âge du bronze dans le secteur de Kroaz Lesneven et des souterrains de l'âge du fer dans celui de Kervoel (en Plonévez-du-Faou) ont été découverts, ainsi que de nombreux tumuli (ar blazennou).
Antiquité
Châteauneuf-du-Faou a conservé la trace de deux enceintes, probablement utilisées bien avant par les Gaulois, voire les populations de l'âge du fer[7], oppidum ou castellum :
- Le camp de Lesneven, dit Ar C'hastel est une enceinte rectangulaire à fossés dont les levées faisaient au moins 6 mètres de haut. Le nom de Lesneven ("château ou cour d'Even") indique probablement que le site a été aussi habité au haut Moyen Âge[8]. A quelques centaines de mètres de là, a été récemment découverte une nécropole du IVe siècle.
- Une autre enceinte, située à Rosabaouen, dite aussi Ar C'hastel, de forme ovale, reste visible même si elle disparaît peu à peu sous l'effet des labours successifs.
- Les voies romaines allant de Vorgium (Carhaix) vers Châteaulin et Camaret d'une part, vers Douarnenez et la pointe du Raz d'autre part, passaient par l'actuel territoire communal et le pont de pierre de Voas Kill.
Moyen Âge
Les origines de la paroisse et de la ville
Des légendes évoquent le passage très incertain du légendaire roi Arthur au début du VIe siècle dans les montagnes Noires et à Châteauneuf-du-Faou. Mais nulle preuve historique probante ne peut en attester.
Châteauneuf fit partie un temps de la paroisse de Plonévez-du-Faou (elle-même issue de l'ancienne paroisse primitive de Plouyé) avant de devenir une paroisse à part entière au début du XIIIe siècle, contrôlant aussi la trève du Moustoir[9] qui, comme son nom l'indique, était un ancien établissement monastique. La cité se développe autour d'une vie religieuse intense, avec un culte marial qui prend des formes multiples[10].
L'existence de la ville est attestée en 1368: le cartulaire de Quimper rapporte à cette date une taxation de 45 livres de "Castrum Novum in Fago en faveur de la cour de Rome.
- Dronion de Rosily possédait le manoir de Mesros en Châteauneuf-du-Faou en 1400 et Pierre Le Galle le manoir du Verger.
La guerre de succession de Bretagne
La statue de Notre-Dame-des-Portes est ainsi nommée car, en 1440, pendant les guerres de la Ligue, elle avait été placée sur les remparts de la ville pour la protéger contre les horreurs de la guerre civile[11]. La forteresse, confisquée en 1420 par le duc de Bretagne Jean V est alors en ruine. C'est probablement une conséquence des conflits alors nombreux dans la période qui a suivi la guerre de succession de Bretagne (1341-1364).
La châtellenie de Châteauneuf
La montre de l'évêché de Cornouaille tenue en 1481 énumère les châtellenies de Huelgoat, Châteauneuf et Landeleau. La châtellenie de Châteauneuf s'étendait sur les paroisses de Châteauneuf,avec sa trève du Moustoir, de Quilliou, de Plonévez-du-Faou et de presque toute sa trève de Collorec[12]. Le siècle suivant le terme de châtellenie est remplacé par celui de juridiction (le château de Châteauneuf était déjà en démolition en 1440). On ignore quand la seigneurie de Châteauneuf-du-Faou cessa d'appartenir aux vicomtes du Faou[13].
La jacquerie de 1489-1490
Une jacquerie, dirigée par trois frères originaires de la commune de Plouyé éclate en 1489 dans le Poher, et s'étend rapidement à la majeure partie de la Cornouaille, mettant à sac Quimper et d'autres localités. Écrasés près de Pont-l'Abbé le 6 août 1490, les survivants refluent et se réfugient à Châteauneuf-du-Faou où ils organisent une "commune" (autogestion de la vile par les révoltés) et qu'ils mettent à sac mais le 7 septembre 1490 Charles de Quimerc'h parvient à rétablir l'ordre dans cette localité, écrasant les derniers émeutiers[14]. Trente-deux meneurs sont arrêtés, mais obtinrent des lettres de grâce[15].
Article détaillé : Plouyé.Époque moderne
La sénéchaussée de Châteauneuf
À une date inconnue, probablement début XVIe siècle, les trois châtellenies de Huelgoat, Châteauneuf et Landeleau, en raison de la faible importance de leurs domaines, sont regroupées dans une administration commune (les officiers de justice exercent dans les trois juridictions, les juges étant ambulants), même si chaque cour garde son autonomie. Les officiers de justice appartenaient à des familles nobles, l'histoire a conservé le nom de certains d'entre eux : Benerven, Keramanach, Kergoët, Quélennec, Kerpérennès,..
La juridiction ou sénéchaussée de Châteauneuf, supprimée comme celle de Landeleau le 29 mars 1564 par lettres patentes données à Blois par le roi Charles IX au profit de celle de Carhaix, réapparaît à la fin du XVIe siècle à la faveur des troubles liés aux guerres de religion : des actes datés de 1580 et années suivantes le prouvent (il en est d'ailleurs de même pour celle de Landeleau avec des actes datés de 1585 et 1586). Une pétition en 1591 des habitants de Carhaix[16] au duc de Mercœur demandant l'exercice dans leur ville des juridictions qui y avaient été réunies le prouve également
Au XVIIe siècle, la prééminence de Châteauneuf s'affirme progressivement. En 1748, un avocat demeurant au Huelgoat écrit, dans une requête au Parlement de Bretagne : « La juridiction de Châteauneuf-du-Faou ayant trois sièges différents qui se tiennent par les juges du siège principal qui est la ville de Châteauneuf-du-Faou, ceux de Huelgoat et Landeleau, attendus leur distance, s'exercent néanmoins très souvent». Châteauneuf est devenue alors le siège principal de la sénéchaussée et c'est là que procureurs, huissiers et la plupart des notaires résident désormais. Début XVIIIe siècle, l'auditoire (= le siège du tribunal) ainsi que la prison sont dans un état de délabrement qui impose leur abandon et la location de nouveaux locaux en 1729. Mais les plaids généraux continuaient à se tenir le mardi à Landeleau, le mercredi à Châteauneuf et le jeudi au Huelgoat et parfois même à Saint-Herbot.
La cour de Châteauneuf était à la fois un tribunal de première instance pour les habitants dépendant du siège de Châteauneuf et un tribunal d'appel pour les juridictions seigneuriales du ressort comme celles du Grannec en Landeleau, de Botmeur, etc... Les limites des juridictions étaient floues et les conflits de compétence fréquents[17].
L'Assemblée constituante supprima ces anciennes juridictions et choisit Carhaix, au détriment de Châteauneuf-du-Faou, comme chef-lieu de district et siège du tribunal d'instance.
Châteauneuf-du-Faou victime des troubles de la fin du XVIe siècle
Le pardon de Notre-Dame-des-Portes existait déjà au XVIe siècle : les comptes de la chapelle pour l'année 1572-1573 mentionnent : « En un porpoinct et aiguillettes pour les lincteurs, le jour du pardon, 11 sols 7 deniers » et « aux lucteurs pour le vin (...) 8 sols 4 deniers »[18]. De nombreuses réjouissances populaires se déroulaient parallèlement à la cérémonie religieuse : luttes, courses, danses, lancement de la soule,..
Le XVIe siècle voit s'amorcer une certaine prospérité économique dans la région grâce à l'essor de la culture et du travail du lin et du chanvre et au développement de l'activité papetière. Mais Châteauneuf-du-Fou est victime vers la fin de ce siècle des exactions de soldats-bandits dans le contexte troublé des guerres de religion.
Article détaillé : Guerres de la Ligue.Pendant les guerres de la Ligue, les Châteauneuviens semblent avoir soutenu selon les rapports de force du moment tour à tour les deux camps : dans les comptes de la chapelle de Notre-Dame-des-Portes, l'on trouve trace de financements probablement extorqués en faveur des Ligueurs, par exemple pour financer les soldes des soldats de La Fontenelle qu'en faveur des troupes de Monsieur de Coatredrez, qui était du parti du Roi. Cela n'empêche pas la ville d'être pillée à plusieurs reprises et les alentours ravagés comme le montre ce document du « Fonds des États de Bretagne » en date du 29 décembre 1592 retranscrit par J.F. Boedec dans son livre "Histoire secrète des Montagnes Noires"[19] :
« La licence des gens de guerre en votre pays a été et est telle et si déréglée sur votre pauvre peuple, qu'ils n'ont omis, ni épargné aucune espèce de violences pour épuiser la subsistance, et ont exercé toutes les cruautés que la corde, le fer et le feu leur ont pu administrer pour rançonner le paysan laboureur et le marchand du plat pays innocent, et après les avoir misérablement tourmentés et gênés en leurs personnes pour extorquer leurs deniers; pillé, brûlé leurs maisons et meubles qu'ils ne pouvaient emporter, ont finalement pris le bétail, jusqu'aux porcs, et non contents de tant d'outrages ont violé femmes et filles, sans aucune distinction d'âge; encore ont contraint pour leurs pères à racheter leurs enfants pupilles, et les maris leurs femmes,et réduit votre peuple a une telle extrémité qu'il a été contraint d'abandonner maisons et familles, et cherche l'espoir et la sûreté aux forêts, entre les plus cruelles bêtes, néanmoins la rigueur de l'hiver, aimant mieux habiter avec les animaux sauvages et cherche leur vie que de languir et mourir prisonnier, entre les mains de gens de guerre, de tourments, de faim et d'ennui faute de moyen de se racheter ; et se sont tellement dépouillés qu'ils ont dénié les corps morts en leur prison à la parentelle pour les inhumer, jusqu'à les racheter, faisant languir les vivants avec les corps des morts en leurs dites prisons, ce qui a tellement ruiné votre peuple, que les paroisses entières se voient désertes, les grosses bourgades abandonnées de tous leurs, habitants et ne se peut espérer aucun paiement de vos deniers, le soulagement de vos affaires et la nécessité au dit pays. »
Article détaillé : Guy Éder de La Fontenelle.« Exaspérés par les pilleries et les cruautés de Guy Éder de la Fontenelle »[20], surnommé le « bandit de Cornouaille », installé dans la forêt de Laz, qui multiplie vols, prélèvements arbitraires de deniers, de bestiaux, de meubles, rapines diverses, viols, incendies, les habitants de Châteauneuf-du-Faou chargent François Hervé, notaire à Châteauneuf et Jean Breut, députés aux États de Bretagne, soutenu par les députés de plusieurs autres villes de Cornouaille, réunis dans la ville de Vannes au Logis de la Tête noire le 20 mars 1592 de se plaindre près du duc de Mercœur, alors gouverneur de Bretagne ; ils accusent La Fontenelle « d'avoir osé, à main armée, ravagé leur territoire et d'avoir tué nombre des leurs, bien qu'ils fussent comme lui du parti de la Ligue ». Les députés de Châteauneuf-du-Faou déclarèrent « qu'il les avait pillés, ravagés et tués avec de grandes hostilités, avec beaucoup d'autres cruautés insolentes commises par lui et les siens, que les plus grands ennemis n'eussent voulu commettre »[21]. La Fontenelle entra alors par surprise, s'avança vers Jean Breut et lui dit: « J'ai entendu que vous estes venu faire plainctes de moy en ces estatz, mais, par la mort de Dieu! Regardez bien ce que vous direz, car selon ce que vous direz, je vous coupperé le col! ». Prévenu, le duc de Mercœur fit un temps emprisonner un temps le "bandit-chef de guerre" à Vannes mais il fut finalement rapidement libéré[22]
Selon le chanoine Moreau, le 23 mars 1593, « le sieur du Liscouët accompagné d'environ trois ou quatre cents hommes, sur l'aube du jour, arriva à Châteauneuf-du-Faou, où il entra par surprise et y fit beaucoup d'insolences et de cruautés, plusieurs des habitants et réfugiés y furent tués, les autres qui pouvaient payer rançon, retenus prisonniers, et fit mettre le feu aux plus belles maisons de la ville, qui causa une grande ruine ». Pendant plusieurs heures se succèdent des scènes de pillages et de meurtres, des dizaines de maisons sont incendiées[23]. Le même auteur rapporte que les prêtres furent maltraités par les "calvinistes" (les "royaux" partisans d'Henri IV) et que le tabernacle de l'église paroissiale (ou de la chapelle Notre-Dame-des-Portes, une incertitude existe) ayant été profané, un prêtre, Thépault Derrien, fut tué car il avait avalé une hostie tombée à terre et qui allait être profanée[14]. Cette scène est représentée sur l'un des vitraux de la chapelle Notre-Dame-des-Portes.
Article détaillé : Yves du Liscouët.En juin 1593, Guy Éder de La Fontenelle s'empare par ruse du château du Granec situé entre Collorec et Landeleau, non loin de Châteauneuf-du-Faou dont il fait son repaire temporaire et d'où il continue ses exactions, tuant 800 paysans des paroisses avoisinantes venus l'assiéger, en juillet 1593 semble-t-il. Pendant plusieurs années, la région ne connaît que désolation et rapines et les malheurs qui s'ensuivent: famine, peste, loups, ..
En 1595, des paysans de la région de Châteauneuf-du-Faou font partie des 2000 hommes des "communes" qui se rassemblent pour combattre La Fontenelle sous l'autorité du comte du Granec, qui habitait alors le château de Laz et était le fils du comte de Pratmaria dont le château du Granec, repris à La Fontenelle, venait d'être brûlé en 1594 par les troupes espagnoles alliées au duc de Mercœur. Cette « paysantaille » est attaquée par surprise dans le bourg de Plogastel-Saint-Germain par 400 cavaliers du brigand-chef de guerre sortis par surprise de l'île Tristan près de Douarnenez devenue le repaire de La Fontenelle. 1500 d'entre eux sont massacrés et le comte du Granec fait prisonnier[24].
La Révolte des Bonnets rouges (1675)
Pendant la Révolte des Bonnets Rouges, dite aussi Révolte du papier timbré, en 1675, le château de Keranmoal fut pillé puis incendié, de même que le manoir du Verger.
Article détaillé : Révolte des Bonnets rouges.Le roi Louis XIV accorde une amnistie aux révoltés en 1676, mais les meneurs en sont exclus ; parmi eux, un certain Cornély de Châteauneuf-du-Faou[25].
Un sénéchal de Châteauneuf-du-Faou : Guillaume Pic de la Jannière [dit Guillaume Pic de la Mirandole] (1694-1778)
Né au manoir de Keriéquel en Gouézec, baptisé le 8 octobre 1694, Guillaume Pic de la Jannière acquis âgé de 28 ans l'office de sénéchal de la Barre Royale de Châteauneuf-du-Faou et de ses annexes, où il fut installé en 4 avril 1722 et il conserva cette charge pendant quarante ans. Il épousa le 4 avril 1723 Jeanne Josèphe Pezron qui lui donna sept enfants dont deux seulement lui survécurent. Il décéda à Châteauneuf-du-Faou le 24 octobre 1778.
Selon ses écrits, lorqu'il arriva à Châteauneuf, « l'impunité qui régnait dans le ressort [de Châteauneuf] y multipliait les meurtres et les assassinats.» Il se montra en effet énergique dans plusieurs affaires criminelles, faisant par exemple condamner en 1727 « à être rompu vif » Louis Le Gincq, de Toulanay en Loqueffret, poursuivi pour plusieurs assassinats et tentatives d'assassinats. on corps fut cupé en deux, la tête exposée près de sa maison et le tronc en bordure de l'étant du Huelgoat; il condamna aussi les six « adhérés » assassins d'un sieur Morvan de Plonévez-du-Faou et s'illustra dans maintes autres affaires.
En 1729, le sénéchal de Châteauneuf-du-Faou applique une ordalie, procédure archaïque et surprenante (si la plaie du cadavre saigne lorsque l'accusé la touche, l'accusé est le meurtrier) recommandée par le Parlement de Rennes dans un arrêt du 8 août 1600 lors du procès d'une femme, Marie Paugam, accusée de meurtre : il l'oblige à toucher les plaies du cadavre de sa prétendue victime que l'on avait exhumée pour l'occasion. Elle s'éxécuta « d'un air fort comptant et sans estre esmue et en priant Dieu que le cadavre donnât quelque marque » susceptible de la condamner[26] .
Sa qualité de noble étant contestée à partir de 1734 par Pierre Marie Le Rouxeau de Rosancat, lieutenant au siège de Châteauneuf auquel l'opposait plusieurs différends, il s'inventa, profitant de la coïncidence homonymique, une ascendance commune avec la famille Pic de la Mirandole, d'origine italienne, dont les descendants vivaient en Guyenne, et transforma alors son nom en Pic de la Mirandole. Ses adversaires se moquèrent de lui, le traitant d'« usurpateur d'un nom célèbre » mais il réussit en 1762 à faire reconnaître ses prétentions par le Parlement de Bordeaux, ce qui lui permit en 1764 de siéger aux États de Bretagne dans les rangs de la noblesse, malgré les railleries de ses adversaires.
Il voyait avec répugnance la noblesse pauvre « s'avilir en acceptant des charges de commis de perception » ou en recourant à « des commerces ou des emplois dérogeant de la noblesse » par nécessité, leur manque de ressources leur interdisant l'acquisition d'offices judiciaires non dérogants. Il présenta en 1756 un mémoire au duc de Penthièvre, gouverneur de Bretagne, puis aux États de Bretagne. Comme tous les cadets de famille noble ne peuvent être « d'Église », il propose la création d'un nouveau bataillon d'infanterie : Noble volontaire breton. Le projet ne reçut jamais le moindre commencement d'exécution, mais sa lecture fournit de nombreux renseignements intéressants sur la condition de la noblesse bretonne au XVIIIe siècle[27].
L'arrestation et les jugements des membres de la bande de Marion du Faouët (1763-1765)
Au XVIIIe siècle, une vie économique assez intense se développe avec par exemple l'essor des métiers liés au bois (charbonniers, bûcherons, tonneliers,..) mais, malgré le retour de la paix, la région reste peu sûre à cause des nombreux bandits de grand chemin qui rendent les déplacements risqués. L'insécurité était grande, c'était « l'âge d'or des voleurs ». Dans le pays de Châteauneuf « on se plaignait tellement des vols qu'on se barricadait toutes les nuits »[28]. Les crimes étaient fréquents et la cour de Châteauneuf eût à en juger de nombreux; parmi les affaires connues, l'assassinat par huit ou dix « adhérés » (conjurés) en 1728 à Loqueffret, dans un chemin creux entre Kergodel et Pratinou, de Joseph Morvan qui avait affermé les dîmes de Plonévez-du-Faou. L'affaire la plus célèbre fut celle de la bande de Corentin Tromel, dite bande des Finfond, dont un des membres les plus célèbres était une femme, Marie Louise Tromel, connue sous le nom de Marion du Faouët (1717-1755) qui exerça ses rapines dans la région de Gourin, Guiscriff, Le Saint et tout le Poher. De nombreux complices de Marion du Faouët survécurent à son arrestation, son jugement et à son exécution qui survient à Quimper en 1755, continuant leurs exactions.
Article détaillé : Marion du Faouët.L'un des membres de cette bande de voleurs, Guillaume Hémery, pilloteux, arrêté à la suite de ses nombreux vols, fut emprisonné à Châteauneuf-du-Faou et jugé par la sénéchaussée locale. Il fut condamné le 24 juillet 1763 à la question ordinaire et extraordinaire « pour avoir révélation de ses complices », « à faire amende honorable devant la porte de l'église de Châteauneuf-du-Faou, une torche de cire ardente à la main et un écriteau sur sa poitrine, à être ensuite rompu vif, enfin à expirer sur la croix de Saint-André, la face tournée vers le ciel ».
Il fut effectivement torturé comme l'atteste le procès-verbal de torture du 7 décembre 1763 :« six fois, ses pieds, ses jambes sont exposés au feu torturant, six fois il gémit sous les cuisantes morsures des flammes » dans le cadre de la question ordinaire, et trois autres fois dans le cadre de la question extraordinaire, finissant par donner le nom de ses complices et reconnaissance faire partie de « la Compagnie de Marion du Faouët, qui a été pendue à Quimper ». Puis, les épreuves du feu enfin terminées, « on le mène, pieds nus, en chemise, sur la Place-aux-Bestiaux » et il est attaché sur une croix de Saint-André « les bras, les jambes écartées, la poitrine contre la croix » et « le bourreau levant sa barre de fer, commence à frapper les bras, les cuisses, les reins (...)». Puis, la face tournée vers le ciel, il reste agoniser une partie de la nuit, devant expirer lentement comme prescrit par le jugement.
Grâce à ses révélations sous la torture, plusieurs de ses complices sont par la suite arrêtés ; Pierre Bellec le 26 décembre 1764, puis Corentin Bellec, Corentin et Joseph Finefont, Jeanne Tromel, et même Guillaume Tromel, un enfant de 14 ans, et plusieurs autres, la plupart arrêtés au Faouët, sont écroués à Châteauneuf-du-Faou. Or cette prison était dans un terrible état de vétusté et on s'en échappait aisément, ce que firent en novembre 1765 plusieurs des bandits arrêtés. L'un d'entre eux, Joeph Tromel, fut repris à Port-Louis et reconduit à Châteauneuf-du-Faou. Finalement jugés à Rennes Corentin et Joseph Tromel, ainsi que Pierre Bellec, furent condamnés aux mêmes sentences que Guillaume Hémery exécutées sur la Place des Lices à Rennes; le jeune Guillaume Tromel fut condamné à assister au supplice et à être fouetté de verges un jour de marché sur la place de Châteauneuf-du-Faou (une foule badaude y assista). Jeanne Tromel, enceinte, fut épargnée et plusieurs complices condamnés aux galères à perpétuité ou pour de longues périodes[29].
La famille Colas du Rosland au château de Kerannou
Le château de Kerannou était habité par la famille Collas du Rosland aux XVIIe siècle et XVIIIe siècle, par exemple par François Collas, comte du Rosland, né le 7 juillet 1696 dans ce château et marié avec Marie-Anne de Kerret. Un de leurs fils, Joseph-Marie Collas, comte du Rosland, né le 13 mai 1734 au même endroit, devint enseigne de vaisseau le 27 novembre 1765 et s'embarqua le 25 octobre 1769 sur la corvette l' Heure du Berger commandée par Du Couëdic qu'il remplace le 14 décembre 1770. Il se rend aux îles Seychelles dont il découvre et nomme plusieurs îles dont l'île d'Arros; il explore aussi la côte nord de Madagascar et séjourne également à l'Île de France (Île Maurice). Lieutenant de vaisseau armé sur la frégate l' Amphitrite, il est le 20 juin 1778 autorisé à rentrer en France. Promu aide-major, il embarque à Brest en 1779 sur le vaisseau La Couronne qui fait partie de l'escadre de La Touche-Tréville, puis de celle du comte de Guichen, participant à la bataille de la Dominique. Rentré à Brest, il reçoit le 15 décembre 1781 le commandement de la frégate l' Andromaque ; escortant un important convoi à destination de Rochefort, il est attaqué par les Anglais au large de l'île d'Aix en 1782 mais parvient à bon port ; il est nommé capitaine de vaisseau le 18 septembre 1782, croise au large de Belle-Île et reçoit le commandement du vaisseau le Sagittaire alors en armement à Brest, mais il meurt le 8 septembre 1782 à Rochefort sans avoir pu rejoindre son nouveau poste[30].
Châteauneuf à la veille de la Révolution française
Selon Jean-Baptiste Ogée, en 1780 Châteauneuf a perdu depuis longtemps sa juridiction royale qui fut incluse dans celle de Carhaix mais reste le siège d'une sénéchaussée avec droit de haute, moyenne et basse justice. La paroisse, en incluant sa trève du Moustoir, compte alors 2 900 habitants. Ogée écrit que « le terroir est fertile en grains, mais peu cultivé » mais que vallons, landes et bois, la forêt de Laz donnent des « pâturages excellents, qui procurent aux habitants les moyens d'élever beaucoup de bestiaux ». Il s'y tient alors un marché tous les mercredis. Ogée ajoute : « Les environs de la forêt de Laz étaient autrefois très dangereux pour les voyageurs ; il s'y est commis une infinité de meurtres »[31].
Révolution française
Pendant la Révolution française, la population châteauneuvoise se montra plutôt hostile aux idées nouvelles, soutenant par exemple son curé réfractaire, L'Haridon plutôt que le clergé constitutionnel représenté par le prêtre Menthéour.
Jacques Cambry raconte qu'en 1794, on traîna à la municipalité avec force horions, un père de famille que la foule s'obstinait à être un prêtre déguisé. La raison de ces soupçons ? « L'inconnu parlait françois avec facilité »[32].
Les années suivantes, des rassemblements de chouans furent signalés un peu partout dans les alentours de Châteauneuf-du-Faou, particulièrement à Laz. En 1815 encore, Châteauneuf-du-Faou subit une tardive mais redoutable attaque de chouans[33]; ces derniers furent repoussés par le concours fortuit d'une compagnie de marins qui séjournait alors dans la ville[34].
Article détaillé : Bataille de Châteauneuf-du-Faou.Le XIXe siècle
La construction du canal de Nantes à Brest et ses conséquences
Au début du XIXe siècle, la construction du canal de Nantes à Brest, commencée en 1806 et achevée en 1836, qui emprunte localement le cours de l'Aulne canalisée, donne du travail à la population et transforme Châteauneuf-du-Faou en port fluvial actif, facilitant le désenclavement économique. Par contre la construction des écluses, non munies d'échelles à poissons avant la fin du XIXe siècle, bloque la migration des salmonidés, alors que la pêche fluviale était jusque-là importante dans l'Aulne.
Le trafic commercial tourna autour des minerais, houille, fonte et produits des hauts fourneaux du centre Bretagne et des bois, ardoises et produits agricoles du bassin de l’Aulne que croisaient les engrais et amendements permettant l'amélioration des terres. De 10 000 tonnes en 1859, le trafic passa à 174 000 tonnes en 1911[35]. Mais la construction du barrage de Guerlédan coupa la liaison navigable et le trafic déclina de manière spectaculaire pendant l'entre-deux-guerres, victime aussi de la concurrence du rail, puis de la route ; la dernière péniche franchit l'écluse de Châteauneuf-du-Faou en 1942. Désormais le tronçon avoisinant Châteauneuf n'est ouvert qu'à une navigation touristique[36].
Dix écluses se trouvent sur le cours de l'Aulne à la limite sud du territoire communal. D'amont vers l'aval :
- l'écluse de Rosily
- l'écluse de Lanmeur
- l'écluse du Voaquer [Waker]
- l'écluse du Moustoir
- l'écluse de Boudrac'h
- l'écluse du Bizernic à Penn-ar-Pont[37]
- l'écluse de Châteauneuf
- l'écluse de Kerbaoret
- l'écluse de Kersalic
- l'écluse de Prat Pouric
Châteauneuf vers 1843
Selon Marteville et Varin, en 1843 les 4193 hectares de la commune sont ainsi répartis : 1915 hectares de terres labourables (45,7 % de la superficie totale), 1623 ha de landes et incultes (38,7 % de la superficie totale), 215 ha de prés et pâturages, 146 ha de bois (la forêt de Laz, pourtant proche, appartient à la commune éponyme), 72 ha de vergers et jardins. Ces auteurs ajoutent : « Le froment est peu cultivé, mais le chanvre l'est beaucoup ; ce dernier est tout employé dans la commune » et « on élève aussi des chevaux, mais les courses autrefois florissantes ont beaucoup diminué » et signalent que l'on « fait des élèves de bestiaux » et « que l'industrie des miels et cires commence à se propager ». Ils signalent l'existence de cinq moulins (du Duc, Neuf, du Milieu, Petit, à eau).
Marteville et Varin[38] ajoutent : « la mendicité est fréquente, elle s'explique par l'absence de toute industrie, et surtout par l'aisance dont jouit le mendiant » et que les « maladies psoriques »[39] sont fréquentes dans ce pays ».
Un tableau de Louis Caradec "Homme de Châteauneuf-du-Faou"[40], peint en 1850, illustre le costume traditionnel porté par les hommes de Châteauneuf-du-Faou à cette époque. Il se trouve exposé au musée départemental breton de Quimper. En voici la description :
« Ce fermier porte plusieurs gilets galonnés ornés de boutons ; ils sont en drap marron ; celui qui recouvre la chemise blanche est croisé à double rangées de boutons et bordé de velours noir à l'encolure. ici, comme dans le sud de la Cornouaille, les hommes portent tantôt le turban de flanelle, tantôt la ceinture de cuir (gouriz). La couleur foncé du drap des vestes fit donné aux hommes qui les portaient le sobriquet rouzig (petit roux) »
Les autres évènements du XIXe siècle à Châteauneuf
Le chemin de grande communication reliant Châteauneuf à Quimperlé via Leuhan, Scaër et Saint-Thurien est classé en 1837.
Une épidémie de dysenterie, qui a débuté dans l'arrondissement de Quimperlé, sévit à partir d'août 1856 dans tout le canton de Châteauneuf-du-Faou ainsi que dans les cantons voisins, gagnant également le Morbihan. Dans un rapport, le médecin Charles Benoist écrit : « Le canton de Châteauneuf se trouve sur les confins du marais de Saint-Michel, immense solitude de nature marécageuse que l'été suivant, qu'il est sec ou pluvieux, dessèche plus ou moins complètement (...) Dans ces parages, la dyssenterie est endémique, mais elle prend facilement un caractère épidémique, sous l'influence de quelques exagérations atmosphériques »[41].Une épidémie de croup (dyphtérie) sévit à Châteauneuf-du-Faou en 1868.
Le corps des sapeurs-pompiers[42] est créé le 6 mars 1865. La « maison d'école » est construite en 1870, mais en raison du nombre d'élèves (200 en 1878) il faut rapidement l'agrandir[43].
Le bureau télégraphique de Châteauneuf-du-Faou ouvre en 1873. Le terre-plein du débarcadère du Pont-du-Roy, port de la commune sur le canal de Nantes à Brest, fait l'objet de travaux d'agrandissement décidés en 1880[44].
D'après un témoignage datant de 1882, des "libations de lait" (verser du lait sur les tombes pour donner à boire aux défunts) se pratiquaient encore sur les tombes des défunts au cimetière de Châteauneuf-du-Faou à cette date[45]. Dans un autre ouvrage, le même auteur évoque un rite voisin du précédent : « Sur la route qui mène de Carhaix à cette petite ville [Châteauneuf-du-Faou], (...) un groupe de femmes, vêtues de ces manteaux de deuil, (...) portaient sur la tête des vases de forme tout à fait particulière et cheminaient en silence. (...) Elles franchirent la porte d'un cimetière et nous les vîmes, après avoir vers l'eau sainte sur la tombe de leur peuple comme elles disent, déposer (...) les vases qu'elles avaient si pieusement apportés là du foyer sacré de leurs chaumières »[46]. L'auteur y voit la survivance de rites préchrétiens.
La visite du président de la République Félix Faure
Le 8 août 1896, le président de la république Félix Faure, venant de Brest via Morlaix et Carhaix et se dirigeant vers Pleyben, Châteaulin, puis Quimper, s'arrêta à Châteauneuf-du-Faou dans le cadre d'un voyage en Bretagne. C'est semble-t-il le seul chef d'état français à s'être arrêté un jour par Châteauneuf ! Le journal Le Temps[47] raconte ainsi cet épisode :
« Le trajet en voiture de Carhaix à Châteaulin (...) a été péniblement gâté par un orge d'une extrême violence. Entre Carhaix et Châteauneuf, on n'a songé qu'à se protéger contre une submersion menaçante. (;;;). Les paysans ne s'étaient pas laissés troublés par le jeu des grandes eaux célestes et, à tous les carrefours, sur les rocs au milieu des ajoncs, dans les fleurs violacées des bruyères, on apercevait des groupes pittoresques de Bretons et de Bretonnes venus parfois de fort loin pour voir ce qu'ils n'avaient jamais vus encore : le chef de l'État. Dans leur attitude se révélait toute l'âme bretonne; fiers, silencieux, recueillis, ils semblaient presque en prières, les hommes découverts, tenant dans leurs bras croisés leurs chapeaux de feutre aux larges rubans de velours, les femmes pour la plupart agenouillées, les plus vieilles appuyant leur menton sur le bout de leur solide bâton. Les riches fermiers de la région avaient eu l'heureuse idée de se former en pelotons qui se relayaient tous les dix kilomètres et, sur des chevaux qui ignorent la selle, de galoper autour du cortège, mêlés aux hussards de escorte. Le premier arrêt a eu lieu à Châteauneuf-du-Faou, à 24 kilomètres de Carhaix. Toute la population du canton est là. (...) Presque tous sont revêtus du costume national. Devant la mairie où un vin d'honneur est préparé, le président quitte son landau dont on va changer les quatre chevaux. Le maire et le conseiller général rappelle que la région est depuis longtemps dévouée à la République. M. Félix Faure les en félicite (...). Nous sommes ici au milieu d'une population républicaine ; tous ces braves gens crient « Vive la République ! » et chantent La Marseillaise et le Chant du départ avec une chaleureuse conviction. (...) Ils pousent des vivats en l'honneur de M. Méline jusqu'à ce que celui-ci vienne les remercier. »
Le XXe siècle
Description d'un marché à Châteauneuf-du-Faou au début du XXe siècle
Édouard Charton en 1903 décrit ainsi le marché de Châteauneuf-du-Faou : « Sur ce champ de foire (...) le spectacle est d'un pittoresque particulier. (...) Les gens ne fot que les gestes nécessaires, restent sans bouger au pied de leur bétail. L'acheteur palpe la bête, lui ouvre la bouche, interroge brièvement. (...) L'animation augmente, la gaieté s'épanouit enfin, excitée par le déjeuner, le café, les bols de cidre et les verres d'eau-de-vie qui arrosent les marchés conclus. Les auberges et les hôtelleries exhalent leurs odeurs de rôtis et leurs parfums de boissons. Le champ de foire fume de tous le poil et de tous les excréments de ses bêtes, chante un hymne de nature par les beuglements, les cris rauques, les murmures de ce troupeau de bêtes passives. (...) Dans les rues environnantes, c'est le marché aux chevaux, des blancs, des noirs, des alezans, des bais, des gris pommelés, bêtes courtes, bien ramassées, solides et nerveuses pour la plupart, guignées par l'œil rusé des maquignons. (...) Ailleurs, c'est la vaisselle étalée sur le sol, (...) l'étalage des étoffes, des vêtements, des cotonnades. (...) Un groupe s'est formé ici à l'entrée d'une ruelle : il entoure une marchande de chansons, épaisse de corps, basse sur jambes,(...) et qui déclame sur un ton de mélopée la dernière production d'un poète local. La récente catastrophe est le sujet de la complainte : "Distruisant-der ar martinik"[48]. (...) C'est le journal d'avant le journal; la gazette ambulante du carrefour et de la place de l'église. (...) Il y a foule autour de la commère et la complainte est dans toutes les mains. C'est le fait du jour. (...) Il faut bien songer qu'il est venu aujourd'hui , à Châteauneuf-du-Faou, des gens qui ne lisent jamais un journal, qui vivent dans des chaumières, au plus désert de la contrée (...) »[49].
Cette description a été reprise par Gustave Geffroy dans son livre "La Bretagne" en 1905[50].
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La Fête-Dieu à Châteauneuf-du-Faou (Paul Sérusier, 1894)
Les voies ferrées et les gares
C'est le 30 août 1904 qu'est inauguré le tronçon de la ligne ferroviaire Carhaix-Pleyben qui passe par Châteauneuf-du-Faou, prolongé le 4 aout 1906 jusqu'à Châteaulin. Mais cette ligne du réseau breton, à voie étroite (écartement métrique) ferme le 4 avril 1967 pour le trafic voyageur et le 30 septembre 1967 pour le trafic marchandises. Dans la première moitié du XXe siècle, le rail a permis l'apport d'engrais et de chaux vive, ce qui a accru la qualité des cultures et la quantité de fourrage destiné au bétail.
La ligne ferroviaire à voie étroite de Plouescat à Rosporden via Landivisiau, Sizun, La Feuillée, Brasparts et Châteauneuf-du-Faou[51] est déclarée d'utilité publique le 12 juillet 1908. Châteauneuf-du-Faou devient donc pour un temps un modeste carrefour ferroviaire. La ligne, exploitée par les Chemins de fer départementaux du Finistère, ouvre le 25 novembre 1912 pour le tronçon au nord de Châteauneuf-du-Faou et le 21 décembre 1912 pour le tronçon sud jusqu'à Rosporden, mais cette ligne ferme dès 1933.
Les deux lignes étant exploitées par deux compagnies différentes, deux gares ont été construites, mais voisines l'une de l'autre.
L'importance de l'émigration vers l'Amérique entre les deux guerres mondiales
Si l'émigration vers les grandes villes et particulièrement Paris, ou encore celle d'ouvriers agricoles vers la Beauce, la Picardie ou le sud-ouest de la France est plus ancienne mais se poursuit alors (un ancien vicaire de Châteauneuf-du-Faou, l'abbé Lanchés, fut même aumônier des Bretons de la Dordogne dans la décennie 1920)[52], l'Entre-deux-guerres voit se développer une émigration vers l'États-Unis, qui a commencé à Roudouallec et s'est développée dans toute la région des montagnes Noires, autour de Gourin et Châteauneuf-du-Faou[53].
Des articles du journal "Ouest-Éclair" publiés en 1928 illustrent l'importance de l'émigration dans la région de Châteauneuf-du-Faou à cette époque. En janvier 1928, le sous-préfet de Châteaulin, en visite à Châteauneuf-du-Faou, déclare : « Je viens d'avoir plus de deux cent demandes de passeport »[54]. A la même date, le maire de Châteauneuf-du-Faou déclare : « Nos villageois s'en vont tous en Amérique. Les uns partent, attirés par des camarades qui leur vantent l'existence d'Outre-Atlantique; d'autres qui se sont expatriés jeunes reviennent en France faire leur service militaire. Pour ceux-là, le voyage est gratuit. Ils se marient ensuite au pays et retournent en compagnie de leur femme. (...) Ceux qui ont amassés un magot achètent, dès leur arrivée, un lopin de terre et font construire. (...) Il y a quelques jours, une quinzaine de jeunes hommes ont quitté Lennon et, la semaine prochaine, vingt autres partiront de Châteauneuf-du-Faou pour Miltown. Dans cette américaine cité existent actuellement de véritables colonies où l'on ne parle que le breton. Ils sont 3000; dans deux ans, ils seront 6000 »[54]
Dans un article intitulé "Les émigrants bretons au pays des dollars", un lecteur New Yorkais du journal "Ouest-Éclair" écrit: « J'ai vu arriver des émigrants bretons par centaines. Peu de bateaux de la Compagnie générale transatlantique qui n'entrent dans le port de New York sans en amener un fort contingent. (...) J'ai été frappé du fait que la commune de Châteauneuf-du-Faou fournissait le pourcentage le plus fort. Combien de ces groupes de Châteauneuviens n'ai-je pas eu l'occasion d'observer dans les couloirs de la quarantaine à Ellis Island. (...) J'en ai vu qui allaient chez Michelin, à Miltown[55], dans le New-Jersey ; d'autres, à peine moins nombreux, entendaient aller tenter leurs chances dans les agglomérations alsaciennes-bretonnes autour des usines de soie de Lody et Garfield, dans le New-Jersey également »[56].
Le même auteur analyse ainsi les causes de cette émigration : « Un certain surpeuplement relatif, et surtout les maigres salaires des ouvriers agricoles, ont mis le mouvement en branle. Mais il y a longtemps que les ouvriers agricoles n'émigrent plus seuls, de Châteauneuf ; les mécaniciens, les cuisiniers, les tailleurs, les cordonniers, les boulangers et les menuisiers, et pratiquement tous les autres métiers, sont aussi nombreux que les cultivateurs ou les manœuvres. La contagion a donc gagné ceux qui ne souffrent pas des deux causes citées plus haut. Leur cas est un phénomène de psychologie collective qui n'est pas rare : quelques succès réels au début ont été si souvent commentés dans les débits et au long des veillées que les ouvriers (...) ont cru voir dans l'Amérique une "terre promise". Les Châteauneuviens en sont venus au point d'envier presque ceux qu'ils voient partir »[56].
Pour ces raisons, Châteauneuf-du-faou était surnommée à l'époque « la ville des Américains »[57].
Les morts pour la France de Châteauneuf-du-Faou
Le monument aux morts de Châteauneuf-du-Faou porte les noms de 228 morts pour la France : 179 pendant la première guerre mondiale, 43 pendant la seconde guerre mondiale, un pendant la guerre d'Indochine, deux dans des combats au Maroc et trois pendant la guerre d'Algérie[58]. De plus huit soldats américains sont morts lors des combats de la libération de Châteauneuf-du-Faou[59].
La seconde guerre mondiale
Deux Châteauneuviens, Georges Marseiller et André Morvan, qui ont entendu l'appel du 18 juin lancé par le général De Gaulle depuis Londres, avec quelques-uns de leurs amis, décident dès le 19 juin 1940 de rejoindre l'Angleterre. Via Douarnenez, Camaret et Ouessant, ils y parviendront, embarqués sur le navire charbonnier "Mousse-le-Moyec"[60].
Un centre de recrutement et d'instruction, parmi la quinzaine existant en Bretagne, du Bezen Perrot, unité dépendant du parti national breton qui collaborait avec l'occupant nazi, était installé à partir de 1941 à Châteauneuf-du-Faou[61].
Entre 1943 et 1945, le lycée Vauban de Brest, dont les bâtiments ont été détruits par les bombardements, se replie sur Châteauneuf-du-Faou et Plonévez-du-Faou[62].
Deux résistants, Corentin Baron et Henri Cozic, furent fusillés par les nazis le 26 juillet 1944. Douze soldats américains de la VIe division blindée ont été tués les 5 août 1944 et 6 août 1944 lors des combats pour la libération de la ville. L'abbé Joseph Cadiou, curé de la paroisse, fut assassiné par les Allemands dans la nuit du 5 au 6 août 1944.
Fait exceptionnel, le 11 novembre 1948, le secrétariat d'État aux Forces Armées "Guerre" Max Lejeune cite à l'ordre de la Brigade Châteauneuf du Faou "centre important de groupement des Forces Françaises de l'Intérieur du Finistère, a fourni elle-même un important effectif de soldats de la clandestinité qui participèrent à la Libération du Département. Région de parachutage d'Armes, a payé un lourd tribut pour son action de Résistance". Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Étoile de Bronze. (distinction visible en Mairie).
La lutte pour le désenclavement
La fermeture vers le milieu du XXe siècle de la voie ferrée et du canal de Nantes à Brest ont provoqué un réenclavement de la région de Châteauneuf-du-Faou, malgré l'existence de la RN 787, créée en 1933 qui reliait Paimpol à Morgat via Guingamp, Carhaix, Châteauneuf-du-Faou et Châteaulin mais déclassée en 1973 en route départementale (D 887 pour la section concernant Châteauneuf-du-Faou). Dans le cadre du plan routier breton, Châteauneuf-du-Faou est désormais sur le tracé de la RN 164 reliant Châteaulin à Montauban-de-Bretagne (Rennes) via Carhaix, Rostrenen et Loudéac progressivement transformée en voie express : la déviation de Châteauneuf-du-Faou a été l'un des premiers tronçons mis en service.
Jean Hourmant, qui fut longtemps maire de la commune voisine de Plonévez-du-Faou a été depuis 1988 président du « Comité pour l’aménagement à 2x2 voies de l’axe central », qu'il continue toujours à présider[63].
Administration
Liste des maires successifs Période Identité Étiquette Qualité 1884 mai 1888 Félix Benoit ROLLAND mai 1888 mai 1904 Corentin Théophile Le Bourdon mai 1904 février 1914 Louis Dubuisson député du Finistère mai 1898 à avril 1914 juin 1914 octobre 1943 Paul BERNARD octobre 1943 septembre 1944 Marcel Berri novembre 1944 mai 1945 Jean Cléren mai 1945 octobre 1947 Yves Blanchard PCF Conseiller général du Canton de Châteauneuf-du-Faou (1945-1951) octobre 1947 février 1952 Jean Marie Birrien février 1952 mars 1965 Germain Chaussy mars 1965 mars 1989 Georges Le Meur mars 1989 2010 Christian Ménard Député depuis 2002 ; Conseiller régional de Bretagne (1997-2002) Toutes les données ne sont pas encore connues. Héraldique
Démographie
En 1778, la paroisse de Châteauneuf comptait 2 150 habitants dont 1650 communiants sans compter sa trève du Moustoir peuplée alors de 550 habitants dont 350 communiants. Au XIXe siècle, un notable de Châteauneuf-du-Faou, Moreau, eût 23 enfants[64].
Commentaire : La population communale, stable dans les deux premières décennies du XIXe siècle, a augmenté assez régulièrement, à quelques "dents de scie près", pendant tout le reste du XIXe siècle et jusqu'à la veille de la première guerre mondiale, gagnant 2157 habitants entre 1821 et 1911 ( + 101 %, donc un doublement, en 90 ans, en dépit de l'exode rural qui frappe déjà la région dans la seconde moitié du XIXe siècle, en raison de son rôle de petite capitale locale chef-lieu de canton, bourg animé avec de nombreux commerces, ville de marchés et de foires) et d'un certain dynamisme lié au canal de Nantes à Brest (port fluvial sur le canal). L'année 1911 est celle du pic démographique, la population châteauneuvienne évoluant en dents de scie dans le courant du XXe siècle, alternant des périodes de déclin (de 1911 à 1921, de 1926 à 1954 surtout : la commune perd alors 651 habitants en 28 ans, ce qui correspond à la période de l'émigration la plus forte, en particulier vers l'Amérique, et encore de 1982 à 1999) et de reprise démographique (entre 1921 et 1926, surtout entre 1954 et 1982 où la commune regagne 635 habitants en 28 ans). La première décennie du XXIe siècle montre un lent accroissement lié à une légère immigration nette ( + 0,6 % l'an entre 1999 et 2006) alors que le solde naturel, négatif ces dernières décennies, l'est encore entre 1999 et 2006 ( - 0, 7 % l'an). Entre 1999 et 2006, le taux de natalité était de 9,2 pour mille alors que le taux de mortalité était de 15,7 pour mille en raison du net vieillissement de la population ; en 2007 par exemple les 65 ans et plus représentaient 27,2 % de la population communale totale alors que les 0 à 19 ans n'en formaient que 20,4 % ; en 2007 la commune a enregistré 71 décès pour 38 naissances[66].Économie
- Antenne de la Chambre de commerce et d'industrie de Morlaix.
- La communauté de communes de Haute Cornouaille a en charge la compétence "affaires économiques" et gère plusieurs ZAC sur son territoire.
- Châteauneuf du Faou est une ville basée sur l'agriculture, l'industrie alimentaire ainsi que sur le tertiaire
- Châteauneuf-du-Faou conserve plus de 80 commerces[67].
- Des variétés de pommes de terre sont nées à Châteauneuf-du-Faou : la "Charlotte", la "Juliette"[68]., grâce à Germicopa
- Un marché au cadran[69] pour la viande bovine a fonctionné à Châteauneuf-du-Faou de la décennie 1970 au début de la décennie 2000.
- Le principal employeur de la commune est un abattoir de porcs "SOCOPA-BIGARD", mais il existe aussi un producteur de saumon et de truite (très souvent primé dans les concours nationaux) "BRETAGNE SAUMON", une andouillerie "ANDOUILLERIE DU CHATEAU" ainsi qu'un tissu artisanal et commercial important.
Santé
La commune possède une pharmacie, 1 EHPAD (Établissement d'Hébergement de Personnes Âgées Dépendantes), 1 MAS (Maison d'Accueil Spécialisée) dénommé centre de Ker Arthur, plusieurs médecins généralistes et médecins spécialisés ainsi que des auxiliaires médicaux.
Tourisme
Châteauneuf-du-Faou est un lieu traditionnel d'accueil et d'hébergement de vacanciers dans le centre du Finistère:
- un hôtel restaurant de 2 étoiles "Le Relais de Cornouaille"
- plusieurs restaurants, pizzerias, crêperies
- Le Village VVF de Penn-ar-Pont[70] est situé en bordure de l'Aulne.
- De nombreux gîtes privés existent dans la commune et dans toute la région.
- Des croisières sont possibles sur le canal de Nantes à Brest au départ de Châteauneuf-du-Faou[71] entre Port-de-Carhaix et Port-Launay, assurées par la société "Aulne Loisirs plaisance"[72].
Jumelage
- South Brent (Royaume-Uni)
- Chinchón (Espagne)
Langue bretonne
En breton la ville se nomme Kastell-Nevez-ar-Faou
L’adhésion à la charte Ya d’ar brezhoneg a été votée par le Conseil municipal le 6 novembre 2006.
A la rentrée 2007, 7,7% des enfants de la commune étaient inscrits dans le primaire bilingue[73].
Enseignement
Châteauneuf du Faou compte deux écoles primaires :
- école publique Paul Sérusier
- une école privée Saint Michel
La ville a mis en place une garderie périscolaire dans ces deux écoles le matin de 7 h 30 à 8 h 50 et le soir après la classe jusqu'à 19 h 00.
Châteauneuf-du-Faou dispose de deux collèges:
- un collège public : le collège de l'Aulne[74].
- un collège privé : le collège Notre-Dame-des-Portes[75].
La commune dispose d'un CAC (Centre d'Activités Culturelles), dénommé Jeff Le Penven au sein duquel se trouve la bibliothèque.
Infrastructures
Châteauneuf du Faou dispose d'un tissu associatif, regroupant nombre d'adhérents et de bénévoles. La ville met à la disposition de tous les citoyens :
- piscine couverte chauffée
- terrains de tennis
- terrains de football
- gymnase
- complexe Ar Sterenn
- park de Lisle (jeux pour les enfants)
- héliport
Traditions
- À la chapelle Notre-Dame-des-Portes, pour avoir un enfant, l'on mettait en ex-voto un enfant de cire. « Je l'ai vu faire devant moi, on avait mis dans les bras de l'enfant une vieille croix d'argent »[76]. Cette tradition perdurait encore en 1906.
Monuments et sites
Monuments religieux
- L'église Saint-Julien et Notre-Dame actuelle date des XVIIIe siècle et XIXe siècle[77], en 1878 par l'architecte Jules Boyer, mais a été reconstruite à l'emplacement d'églises plus anciennes (aux XVIe siècle et XVIIe siècle, l'église était consacrée à la Vierge et était alors dénommée "Notre-Dame de Tremaven" du breton tre (quartier) et de Mawen, probablement le nom d'un homme)[5]; l'édifice actuel comprend une nef à six travées et un chœur à chevet polygonal. Le clocher-porche avec son dôme et son lanternon date d'une église précédente construite en 1737, de même que de nombreuses statues qui l'ornent comme celles de sainte Marguerite, de saint Michel, de saint Maudez, de sainte Barbe, de saint Pierre ainsi qu'une Pietà en pierre. Un groupe statuaire représentant sainte Anne et la Vierge à l'Enfant date même de 1632. L'église est ornée de peintures murales[78] de Paul Sérusier datées de 1914 à 1919[3] qui représentent l'Annonciation, l'Assomption, le Baptême du Christ, la Cène, la Crucifixion et la Résurrection.
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Statue de saint Julien [Jullien] en évêque
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Statue de sainte Barbe
- La chapelle Notre-Dame des Portes actuelle, mêlant les styles néoroman et néogothique, œuvre d'Ernest Le Guerranic, date de 1892 ; la statue de Notre-Dame fut couronnée le 25 août 1894) par Mgr Valleau, évêque de Quimper[79] ; la veille du couronnement eût lieu la "procession des miracles", qui se déroulait traditionnellement tous les ans et qui se terminait par un spectacle édifiant[80] ; la fête du couronnement se termina par « un feu d'artifice et l'illumination de toute la ville », « trente paroisses étaient venues avec leurs croix et leurs bannières »[81]; la chapelle a été restaurée en 1953[82], la cérémonie rassemblant environ 50 000 personnes. La première chapelle, de style gothique avait été construite à l'emplacement de l'ancien château-fort par Jean Le Prat vers 1440 et le duc de Bretagne Jean V avait accordé « franchise de l'impôt de vin » pour ceux qui aideraient à la construction de la chapelle ; l'on y venait d'assez loin en pèlerinage. En 1843, Marteville et Varin écrivent que « la chapelle (...) est en grande vénération ; elle est desservie tous les jours »[38]. Selon la tradition, la statue qui y est vénérée aurait été trouvée dans un chêne à Trévarez en Saint-Goazec. Pendant la Révolution française, la chapelle fut vendue comme bien national.Le nom donné à la chapelle proviendrait d'un vicomte du Faou qui aurait placé l'image de la Vierge au-dessus de la porte d'entrée du château. Le pardon de Notre-Dame-des-Portes, qui a lieu chaque avant-dernier dimanche du mois d'août, reste très fréquenté. Paul Sérusier en a fait vers 1896 un tableau "Le pardon de Notre-Dame-des-Portes à Châteauneuf-du-Faou" qui se trouve au musée des Beaux-Arts de Quimper[83]. Près de la chapelle se trouvent une croix monumentale, un ancien ossuaire (servant désormais de sacristie) et un oratoire extérieur qui sert lors des pardons[84].
- La chapelle Saint-Ruelin du Moustoir (Chapel ar Vouster en breton)[85] date des XIVe siècle et XVIe siècle (construite entre 1575 et 1628); sa flèche fut frappée par la foudre en 1852 ; la chapelle a été restaurée en 1980[86]. Elle doit son nom à saint Ruelin, futur évêque de Tréguier, qui aurait construit là au VIe siècle un ermitage auquel aurait succédé par la suite un monastère (d'où le nom de Moustoir). Ce fut jusqu'à la Révolution française une trève de Châteauneuf-du-Faou. Une seigneurie du Moustoir existait également, celle des De Rosily Meszros. Outre des fonts baptismaux du XVIIe siècle surmontés d'un baldaquin en bois et un retable de la Sainte Famille[87] qui date du XVIIIe siècle, la chapelle possède de nombreuses statues des XVe siècle et XVIe siècle dont celles de saint Marc, de saint Sixte, de saint Ruelin, de saint Éloi, de saint Louis, de saint Mathurin, de la Vierge-Mère, de sainte Anne, etc.. Elle possède des vitraux modernes, datant de 1989, œuvre d'un maître-verrier quimpérois Alain Grall[3]. Déjà en 1843, « on y célèbre rarement le service divin »[38]. Un pardon des chevaux a été célébré jusqu'en 1962, lié au culte de saint Éloi dans cette chapelle.
- La fontaine Saint-Jean-Baptiste, fontaine souterraine, (statue du XVe siècle)
- La fontaine Saint-Maudez est proche de l'emplacement d'une chapelle disparue dénommée Notre-Dame-du-Vieux-Marché.
- Des croix et calvaires[88], dont celui du Moustoir (XVe siècle), de Béron (XVIe siècle), de la chapelle Notre-Dame-des-Portes (XVIe siècle), de Kroaz-Quenquis (XVIIe siècle), etc...
Monuments civils et sites
- Du château qui lui a donné son nom, demeurent des pans de murs ainsi que la base d'une tour d'angle, dominant l'Aulne, et tout un site en voie de restauration.
- La maison de Paul Sérusier y sied toujours dans la rue éponyme. L'artiste fit construire cette maison en 1906 qu‘il décora lui-même. Elle est inscrite depuis 1995[89]. Un circuit touristique Sur les pas de Paul Sérusier[90] retrace la vie de l'artiste à Châteauneuf et permet de découvrir les paysages qu'il immortalisa.
- Le pont dit Pont du Moulin du Roy, dont les six arches enjambent l'Aulne canalisée (canal de Nantes à Brest), au sud de la commune. Il fut construit dans la première moitié du XVIIe siècle[91], remplaçant un gué utilisé dès l'Antiquité. Rebaptisé un temps pont national pendant la Révolution française, ce pont était étroit (deux voitures à cheval ne pouvaient pas s'y croiser) et ses arches trop basses constituaient un obstacle pour la trafic du canal. Un nouveau pont est construit en 1892 et le vieux pont est amputé d'une arche afin de rendre plus aisé le passage des péniches[92]. En 1928 est mis en adjudication la construction du pont actuel « en béton armé de trois travées de 22 mètres chacune, terminé à ses extrémités par deux consoles de 6 mètres. Il aura une longueur totale de 78 mètres et reposera sur quatre palées, dont deux seront coulées dans le lit de la rivière »[93].
- Verdoyant, le site de Penn ar Pont[94], le long de l'Aulne, attire promeneurs, pêcheurs et plaisanciers
- Le manoir de Rosily et le manoir de Keranmoal ont disparu.
- Une maison du XVIIe siècle[95] est située au 16, rue de la Mairie.
- la maison éclusière du Bizernig est loué à une association locale de protection de la pêche et de l'environnement[37].
- une fontaine publique datant de 1831 servait à remplir les seaux et abreuver les chevaux. Elle est située sur l'ancienne "place de l'Avoine" rebaptisée "place de la Résistance".
- le château de Trévarez, situé sur le territoire de la commune de Saint-Goazec, est proche de Châteauneuf-du-Faou.
- la vue panoramique depuis la rue Roz-Aon domine la vallée de l'Aulne et permet de voir le paysage des montagnes Noires.
Légende
- "Voir se promener Notre-Dame-des-Portes dans la campagne annonce de bonnes récoltes"[96].
Tableaux et gravures représentant Châteauneuf-du-Faou
- François Hippolyte Lalaisse : Homme de Châteauneuf-du-Faou (Paris ; musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)[97]
- François Hippolyte Lalaisse : Femme de Châteauneuf-du-Faou (Paris ; musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée)[98]
- Œuvres de Paul Sérusier, outre celles représentées ci-dessous :
- Promenade dans les bois de Châteauneuf (ou Rêverie dominicale) (huile sur toile, 1894, collection Josefowitz, Lausanne)
Événements
- Le Printemps de Châteauneuf lors du dimanche de Pâques[99].
- "Fest-Jazz": le festival de jazz aux bords de l'Aulne, fin juillet/début août, tous les ans
- Le pardon de Notre-Dame-des Portes: tous les ans, le troisième week-end d'août. Le samedi soir a lieu une procession au flambeau: les hommes de 50 ans ont un costume traditionnel et portent une statue de Notre-Dame-des Portes à travers la commune. Le dimanche après-midi, c'est au tour des femmes cinquantenaire de le faire[100].
Personnalités liées à la commune
- N. Carquet, procureur du roi pour la sénéchaussée de Châteauneuf-du-Faou, fut élu en 1789 député suppléant aux États généraux par le tiers-état de la sénéchaussée de Carhaix. Il devint en 1790 administrateur du département du Finistère, mais ne l'était plus en 1793[101].
- Yves Barré, né le 31 mars 1750 à Châteauneuf-du-Faou, fut médecin et chirurgien à Hennebont à partir de 1785, émigra pendant la Révolution française et fit partie de l'armée des émigrés qui débarqua à Quiberon pendant l'été 1795. Fait prisonnier, il fut condamné à mort par la Commission militaire siégeant sur place et fusillé sur la grève de Quiberon le 12 thermidor an III (31 juillet 1795)[102].
- Vincent Joseph Le Rousseau de Rosancoat, né en 1726 à Châteauneuf-du-Faou, jésuite, professeur de philosophie, directeur du couvent des Ursulines à Carhaix, puis d'un couvent de Visitandines situé rue du Bac à Paris, fut massacré pour avoir refusé de prêter le serment républicain pendant les massacres de septembre 1792 à Paris en même temps que vingt autres jésuites[103]. Un vitrail de l'église paroissiale évoque le martyre de ce prêtre.
- Joseph René Guéguen, né le 4 novembre 1832 à Châteauneuf-du-Faou, greffier, puis notaire à Plonévez-du-Faou ente 1875 et 1881, maire de Plonévez-du-Faou en 1882, longtemps conseiller général du canton de Châteauneuf-du-Faou, fut élu député en 1881, battu en 1885, mais à nouveau élu en 1889, membre de la gauche républicaine. Il est décédé en mai 1891[104].
- Louis Charles Aimé Dubuisson, né le 12 avril 1842 à Lesneven, docteur en médecine, conseiller général du canton de Châteauneuf-du-Faou, fut élu député en 1898, réélu en 1902, 1906 et 1910. Il était inscrit à la Gauche radicale. Il a publié : "Des effets de l'introduction dans l'économie des produits septiques et tuberculeux" (1869) et "Le Dr Dubuisson est-il de mauvaise foi ?" (1875).
- Paul Sérusier (1864-1927), ami de Paul Gauguin, créateur de l'école des Nabis, a vécu plus de trois décennies de sa vie à Châteauneuf-du-Faou : il y construit en 1906 sa demeure au n°27 de la rue qui porte désormais son nom et y reste jusqu'à sa mort, survenue à Morlaix, en 1927. « C'est en Bretagne, toujours à Châteauneuf-du-Faou, que, coiffé de son large chapeau, enveloppé dans son manteau de berger, il continue à passer presque toutes ses heures. À Paris, il ne peut pas travailler »[105]. Membre de l'école de Pont-Aven, peintre nabi, « son œuvre vaut par ses qualités morales autant que par sa facture et son style. Elle est persuasive et nous force (...) au recueillement et au silence ; par ailleurs, elle a son rayonnement propre »[106]. « Si Cézanne est le pont entre l'impressionnisme et Gauguin, il est lui le pont élégant qui unit le symbolisme synthétisant de Gauguin au synthétisme un peu cru des cubistes»[107].
- Yann Le Meur, économiste et artiste, a collecté des cassettes de sonneurs et de chanteurs en langue bretonne dans les pays de Châteauneuf-du-Faou, Huelgoat, Gourin, Le Faouët et jusque dans le Trégor et le Vannetais, créant l'ARCOB (Atelier régional de communication orale en Bretagne), qui crée par la suite des radios associatives comme Radio Kreiz Breizh ou Radio Bro Gwened[108]. Il participe aussi à la relance de la tradition des veillées (association Dastum).
- Et d'autres qui ne souhaitent pas être cités.
Bibliographie
- Christian Ménard "Châteauneuf: origine à 1900", 215 pages, ATR 1983
- Châteauneuf : son histoire. sites, monuments sur la Région", 1983, Alluin imprimeur
- Michèle Le Goffe : "sites, signes, vies au centre de la vallée de l'Aulne", 1989, éditions Ar Garo
- Yann Moulin "Kastell Nevez. les tribulations d'un Bidard en pays dardoup", 1997, 205 pages, Coop Breizh
- Henry Masson, "Châteauneuf, images, histoire et histoires", 2004[109].
- Paul Sérusier de Pont Aven à Châteauneuf du Faou", 1991, 136 pages, les Presses Bretonnes Saint Brieuc, Nature et Bretagne Spézet
- "Armand Seguin", 1995, 173 pages, imprimerie de l'Iroise
- Louis Grall "Histoire d'une trève en Bretagne: le Moustoir - Châteauneuf du Faou", 2001, Keltia Graphic
Mémoires universitaires
- Raymond Delaporte, "La sénéchaussée de Châteauneuf-du-Faou, Huelgoat et Landeleau, et les juridictions seigneuriales du ressort", Paris, 1905 (thèse), consultable http://www.archive.org/stream/lasnchaussdecha00delagoog#page/n9/mode/2up.
- Isabelle Guéguen, "Châteauneuf-du-Faou dans la seconde moitié du XIXe siècle (1850-1914)", Université de Brest, 2001, 191 pages (Mémoire de maîtrise).
- Marie Evrard, "Châteauneuf du Faou, un bourg plein d'avenir à la recherche de son passé", université de Lille, 2006, 230 pages (mémoire de licence professionnelle)
Filmographie
- un CD "Châteauneuf-du-Faou et sa région"[110] regroupe plus de 2000 clichés concernant Châteauneuf et les communes avoisinantes.
Liens externes
- Châteauneuf vue par les peintres[111]
- Site officiel
Notes et références
- Populations légales 2008 de la commune Châteauneuf-du-Faou sur le site de l'INSEE
- http://www.allo-camping.fr/camping-produit_chateauneuf-du-faou_9055.html et http://www.enfinlesvacances.com/vacances-a-la-campagne/location-produit_chateauneuf-du-faou_9055_475_theme.html
- http://www.infobretagne.com/chateauneuf-du-faou.htm
- http://www.annuaire-mairie.fr/ville-chateauneuf-du-faou.html#histoire
- Bernard Tanguy, "Dictionnaire des noms de communes, trèves et paroisses du Finistère", éditions Chasse-Marée, Ar Men, 1990
- http://ecolebretagne.discutforum.com/search.forum?search_author=Cendrielle&show_results=posts Voir la carte, consultable
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- http://fr.topic-topos.com/retranchement-chateauneuf-du-faou
- Louis Grall, "Histoire d'une trève en Bretagne : le Moustoir-Châteauneuf-du-Faou", Keltia Graphic, 2001
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- XIXe siècle et est à nouveau utilisée de nos jours par les homéopathes et naturopathes Les maladies dites psoriques consistent au départ en des éruptions cutanées accompagnées de démangeaisons, qui peuvent se traduire par exemple par des affections cutanées, des désordres nerveux, mentaux, sensoriels, digestifs, respiratoires, hépatiques, etc. sont fréquentes. L'expression était couramment employée dans la médecine du
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- http://piquetjm.ns5-wistee.fr/cybervillage/viewtopic.php?t=166&start=0&postdays=0&postorder=asc&highlight=&sid=d614283429d980a52dd3adb9e0217f22
- http://piquetjm.ns5-wistee.fr/cybervillage/viewtopic.php?t=104
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