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Fête-Dieu
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La Fête-Dieu, Fête du Saint-Sacrement ou Corpus Christi est une fête religieuse catholique, mais aussi anglicane célébrée le jeudi qui suit la Trinité, c'est-à-dire soixante jours après Pâques. Les origines de la Fête du Corps et du sang du Christ, célébrée le jeudi après le dimanche de la Sainte-Trinité (en France, le dimanche suivant, en vertu d'un indult papal), remontent selon certains historiens au XIIe siècle. L'élévation manifestait le désir de contempler l'hostie, mais l'impulsion décisive fut donnée par sainte Julienne de Cornillon et la bienheureuse Ève de Liège.
Actuellement, le nom officiel de la fête est « Solennité du corps et du sang du Christ ». Cette fête commémore l'institution du sacrement de l'Eucharistie. La Fête-Dieu est un jour férié dans certains pays catholiques (Allemagne -dans les Laenders avec une population catholique-, Autriche, Brésil, Suisse, par exemple).
Sommaire
Origine.
Prélude théologique
La solennité aurait été dans un certain sens préparée par le débat théologique et par le réveil de la dévotion eucharistique survenu après l'hérésie de Bérenger de Tours qui niait la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Ce réveil s'accompagnait d'un désir de pouvoir contempler l'hostie pendant la messe : c'est à Paris, en 1200, que l'existence de ce rite de "l'élévation", au moment de la consécration, est attestée pour la première fois.
Grandes figures du XIIIe siècle en lien avec l'Eucharistie
Le XIIIe siècle est une période féconde pour l'Église avec les grandes figures de Saint François, de Saint Dominique et de Sainte Claire.
Né à Assise (en Italie) en 1181 et décédé le 3 octobre 1226, la foi de Saint François d'Assise dans le Corps et le Sang du Seigneur apparaît dans sa Lettre aux fidèles. François rappelle, en une sorte de credo, l’essentiel du mystère de Jésus : la place centrale et récapitulative de l’Eucharistie : « Cette Parole du Père, si digne, si sainte et si glorieuse, le Père très haut l’envoya du ciel (…) Lui qui fut riche par-dessus tout, il voulut lui-même dans le monde, avec la très bienheureuse Vierge, sa mère, choisir la pauvreté. Et près de la passion, il célébra la Pâque avec ses disciples et, prenant le pain, il rendit grâces et le bénit et le rompit en disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps »[réf. nécessaire]Référence biblique Evangile selon St-Matthieu chapitre 26, verset 26. Ici l’Eucharistie apparaît située à la charnière entre les deux temps forts du mystère du Christ : sa venue à nous dans le dépouillement de l’incarnation et son chemin pascal de remise totale entre les mains du Père. Pour François, incarnation rédemptrice, conversion de vie et réception de l’Eucharistie sont trois réalités profondément imbriquées.
Dominique de Guzman naît vers 1170 dans le bourg de Caleruega, en Espagne. Fondateur de l'ordre des frères prêcheurs, il meurt en 1221. Il est fêté le 8 août. À l'époque où les rois catholiques combattent l'hérésie cathare l'épée à la main, Saint Dominique et ses frères recentrent leur vie chrétienne sur l’Eucharistie. D'ailleurs, dans la bulle transiturus qui institua la Fête-Dieu, le pape Urbain IV écrit qu' il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques, qu'on rappelle la présence du Christ dans le très Saint-Sacrement.
Né en 1224 et décédé le 7 mars 1274, Saint Thomas d'Aquin commence à enseigner en 1252. Il se distingue par sa dévotion et son amour de l’Eucharistie. Toute sa vie sera consacrée à exhorter, stimuler, éclairer et combattre les hérésies. Il écrit la Messe du Saint-Sacrement qui sera promulguée par Urbain IV avec la bulle transiturus qui instituera la Fête-Dieu. Il y chante le Pange Lingua, le mystère de l’Eucharistie. Quand il célèbre l’Eucharistie, des larmes coulent sur ses joues.
Née en 1192 et morte le 11 août 1253, Claire d'Assise, également en raison d'un genre d'iconographie qui a eu un vaste succès à partir du XVIIe siècle, est souvent représentée l'ostensoir à la main. Le geste rappelle, bien qu'avec une attitude plus solennelle, qui déjà très malade, se prosternait, soutenue par deux sœurs, devant le ciboire d'argent contenant l'Eucharistie, placé devant la porte du réfectoire, où devait s'abattre la furie des troupes de l'Empereur. Claire aimait l'Eucharistie, que pourtant, suivant l'usage de l'époque, elle ne pouvait recevoir que sept fois par an.
Prémisses à Liège
C'est en grande partie à Julienne de Cornillon que l'on doit la Fête-Dieu: à partir de 1209, elle eut de fréquentes visions mystiques. Une vision revint à plusieurs reprises, dans laquelle elle vit une lune échancrée, c'est-à-dire rayonnante de lumière, mais incomplète, une bande noire la divisant en deux parties égales. Elle y vit la révélation qu'il manquait une fête dans l'Église. La fête du saint Sacrement devait être instituée pour ranimer la foi des fidèles et expier les fautes commises contre ce Sacrement. À partir de cette période, elle œuvra pour l'établissement d'une fête solennelle en l'honneur du Très Saint Sacrement. Elle fut aidée pour cela par la Bienheureuse Ève de Liège, recluse. En 1222, Julienne fut élue prieure du Mont Cornillon et continua les démarches pour l'instauration de la Fête Dieu, demandant conseil à d'éminentes personnalités de l'époque, tels que Jean de Lausanne, chanoine de Saint Martin, Jacques Pantaléon, archidiacre de Liège et futur Pape Urbain IV, Guy évêque de Cambrai, et aussi des théologiens dominicains, dont Hugues de Saint Cher.
La fête fut célébrée pour la première fois par le prince évêque Robert de Tourote. Tombé malade à Fosses, craignant de n'avoir pas le temps de confirmer la fête à sa principauté, il recommanda l'institution de la fête au clergé qui l'entourait et en fit célébrer l'office en sa présence, à Fosses même. Il y mourut, le 16 octobre 1246, sans avoir pu tenir un synode général et y publier son mandement. Cependant à partir de 1246 la Fête-Dieu fut introduite d'abord dans le diocèse de Liège à la Basilique Saint-Martin de Liège. Les bourgeois de Liège s'opposaient à la fête car cela signifiait un jour de jeûne en plus pour la population et certains religieux considéraient que telle fête ne méritait pas pareil budget. L'opposition à la fête devenant plus forte après 1246, Julienne dut quitter son couvent et passa de monastère en monastère. Elle trouva refuge en plusieurs abbayes cisterciennes. Elle mourut le 5 avril 1258 à Fosses-la-Ville, entre Sambre et Meuse, et fut inhumée dans l'abbaye cistercienne de Villers-La-Ville.
Instauration de la Fête-Dieu
Miracle de Bolsena
L’origine de la Fête-Dieu est due à un miracle qui a eu lieu au XIIIe siècle à Bolsena en 1263. Ce miracle est relaté par les fresques de la Cathédrale d'Orvieto. Un prêtre de Bohème, Pierre de Prague, avait fait un pèlerinage et avait de grands doutes spirituels notamment sur la présence du Christ dans l’Eucharistie. Lors d’une messe célébrée par le prêtre, lors de la consécration, l’hostie pris une couleur rosée et des gouttes de sang tombèrent sur le corporal et sur le pavement[1]. Le prêtre interrompit la messe pour porter à la sacristie les saintes espèces. Le Pape Urbain IV vint alors constater ce qui était survenu.
Institution de la Fête Dieu
Le pape, ancien confesseur de Sainte Julienne de Cornillon, qui lui avait demandé d’instituer cette fête, institua alors la fête du Corpus Domini par la bulle "Transiturus de hoc mundo" et confia alors à Saint Thomas d’Aquin la rédaction de textes liturgiques pour cette solennité qu’il fixa au jeudi après l’octave de la Pentecôte.
Cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV.
La Fête-Dieu ne fut reçue dans toutes les églises latines qu'au temps de Clément V, à l'époque du Concile de Vienne 1311 où il renouvela la constitution d'Urbain IV.
L'institution de cette célébration est contemporaine de l'extirpation de l'hérésie cathare et vaudoise au bûcher de Montségur, ces processions dans le midi de la France et dans la vallée du Rhône ont été l'occasion d'incidents violents du début du XIIIe siècle jusqu'au XVIe siècle inclus.
Développement et coutumes de la Fête-Dieu
- Allemagne
La procession du Saint-Sacrement est attestée pour la première fois à Cologne, entre 1274 et 1279. Cette dévotion se développa par la suite en Germanie et en France, et au XVIIe siècle.
- Belgique
En 1946, à l'occasion du 700ème anniversaire de la Fête-Dieu, le diocèse de Liège a organisé diverses manifestations, dont un défilé de chars dans le quartier Saint-Laurent, près de la basilique Saint-Martin, puis un cortège fluvial sur la Meuse.
- France
Cette fête était autrefois accompagnée en France de processions publiques où l'hostie sainte était portée en grande pompe à travers les rues. Depuis 1830, ces processions ne se font plus au XIXe siècle qu'à Paris et dans quelques autres grandes villes, ainsi que dans de nombreux villages du Pays Basque où tous les habitants du village y participent. Les hommes constituent une "garde nationale" où se mélangent sapeurs, tambour-major et autres soldats en armes. Les costumes, entièrement fabriqués par les couturières du village, sont éclatants de couleurs. La troupe défile ainsi en musique (alternativement chants hommes, chants femmes puis la batterie fanfare) jusqu'à l'église dans un ordre imposé.
La tradition des tapis de fleurs sur le parcours de la procession se perpétue notamment en Bretagne à Ouessant et en Alsace à Geispolsheim .
- Italie
À Rome, c’est seulement à la fin du XVe siècle, sous Nicolas V, que l’on commença à célébrer la fête par une procession de l'Archibasilique Saint-Jean de Latran à la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Pourtant l’actuel tracé de la procession, le long de la via Merulana, ne fut praticable qu’à partir de 1575, date de la fin des travaux voulus par Grégoire XIII. La tradition s’est ensuite maintenue pendant trois siècles. Mais en 1870, année de la prise de Rome, l’usage est tombé dans l’oubli. C’est Jean-Paul II qui a relevé la tradition dès sa première année de pontificat, en 1979.
Les tapis de fleurs, en italien infiorata, qui décorent le trajet de la procession entre autres à Bolsena, Genzano di Roma et Spello, sont une tradition née à Rome dans la première moitié du XVIIe siècle et particulièrement répandue dans le Latium et en Ombrie.
Date de la Fête-Dieu
Nota : la date de la Fête Dieu est, dans l'Église universelle, le jeudi après la fête de la Trinité. Mais en France, depuis le Concordat de 1801, la Fête Dieu est solennisée le dimanche suivant et non le jeudi pour la majorité des Catholiques. Elle reste cependant attachée au jeudi suivant la Trinité chez les Catholiques de la Petite Église.
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- 2015: 4 juin
- 2016: 26 mai
- 2017: 15 juin
- 2018: 31 mai
- 2019: 20 juin
- 2020: 11 juin
- 2021: 3 juin
- 2022: 16 juin
Notes et références
- ↑ Une partie des reliques de ce miracle sont encore conservées à la Cathédrale d'Orvieto, ainsi que dans la basilique Saint-Christine où l’on peut voir l’autel du miracle et quatre pierres tachées de sang.
Voir aussi
Articles connexes
Sources partielles
- Jean Bertholet: Histoire de l'institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746.
- « Fête-Dieu », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
Liens externes
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