- Retable
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Le retable (du latin retro tabula altaris : en arrière d'autel) est une construction verticale qui porte des décors sculptés ou peints en arrière de la table d'autel. L'étymologie du mot français est la même que l'espagnol retablo, lorsque le terme italien est pala d'altare.
Il est fréquent qu'un retable se compose de plusieurs volets, deux pour un diptyque, trois pour un triptyque voire davantage pour un polyptyque.
Sommaire
Sens liturgique
La table d’autel est le symbole du Christ, et dans la liturgie chrétienne primitive il était interdit d’y poser quoi que ce soit. Au IXe siècle une autorisation pontificale admet l’exposition d’une chasse sur les autels latéraux. À la fin du XIe siècle on plaçait une paroi surélevée et historiée derrière les autels latéraux. Avec la Réforme et la nouvelle pratique du mystère de l’eucharistie s’ouvre la possibilité de mettre un retable derrière le maître autel, le haut clergé n’était plus derrière mais devant le maître autel.
Les tableaux d'autel apparaissent dès le XIIIe siècle, servant à honorer essentiellement la vierge Marie, mais aussi les deux ordres principaux, franciscains et dominicains[1].
L'un des premiers retables[1] est le Maestà peint par Duccio di Buoninsegna pour la cathédrale de Sienne au début du XIVe siècle. Il comporte déjà la structure classique un couronnement, une prédelle et un tableau principal.
Composition d’un retable
Depuis le XIVe siècle, l’intérieur de la huche et de la face correspondante des volets est partagé en compartiments verticaux comportant des reliefs sculptés qui sont couronnés par des décors architectoniques finement taillés. Le revers des volets ou portes est pourvu de panneaux peints. Jugeant que la manipulation des volets était trop lourde, leurs sculptures intérieures furent de plus en plus souvent remplacées par des peintures.
Les retables de commande de la fin de l’époque gothique sont pourvus d’une double paire de portes ; l’intérieur de la première est occupé par des reliefs sculptés tandis que l’extérieur forme, avec l’intérieur des secondes portes, un polyptyque peint que l’on peut également fermer.
La caisse d’un retable est toujours de forme rectangulaire. Depuis la fin du XIIIe siècle, la travée centrale est surélevée. L’encadrement profilé de la huche évolua cependant vers l’accolade. Le contour des volets fermés épouse étroitement celui de la partie antérieure de la caisse.
Prédelle
La prédelle est la partie inférieure du retable, développée horizontalement, qui sert de support aux panneaux principaux. Elle peut être composée d'une seule planche en longueur, ou de plusieurs éléments.
Usage
Le revers des volets était fréquemment peint en grisaille, couleur apparentée aux périodes liturgiques de pénitence pendant lesquelles les retables restaient fermés. Ce n’est que pendant certaines époques de l’année liturgique – les cycles des grandes fêtes religieuses et les jours de fête du patron d’une église ou de celui d’une guilde ou corporation qui possédait un autel – que les retables restaient ouverts ; l’éclat de l’or et de la polychromie contribuait à accentuer la signification de la commémoration ou de la fête liturgique.
Fabrication
Au XVe siècle l’exécution d’un retable était une entreprise qui engageait diverses personnes. En premier lieu, le huchier qui confectionne la caisse et l’ébéniste qui réalise la menuiserie décorative ; ensuite, l’imagier taille les reliefs d’après un modèle livré par un peintre ; suivent le polychromeur et le doreur qui étoffe le tout ; ils sont payés davantage que le sculpteur ou le peintre parce qu’ils travaillent la coûteuse feuille d’or ; finalement le peintre livre les panneaux peints des volets.
Au début du XVIIe siècle, naît un nouvel élément de décor intérieur d'église : le retable de tuffeau et de marbre qui fera la renommée des architectes lavallois dans tout l'ouest de la France.
Anecdotes
Un retable à l'effigie de Diego Maradona peut être admiré en l'église Nostra Señora de Buenos Aires.
Retables célèbres
- Gand : retable des frères Van Eyck
- Naves en Corrèze
- Notre-Dame de Kerdévot à Ergué-Gabéric : retable anversois
- Retable d'Issenheim dans ancien couvent des Dominicains à Colmar (musée d'Unterlinden).
- Retable de San Zeno du peintre Andrea Mantegna, placé sur le maître-autel de la basilique San Zeno de Vérone en Italie.
- Cracovie : retable de Veit Stoss dans la basilique Sainte-Marie de Cracovie
- Beaune : polyptyque du Jugement dernier du peintre flamand Rogier van der Weyden, pour les Hospices de Beaune
Retables en France
Classés par département.
Nord
- Arnèke, église Saint-Martin
- Bambecque, église Saint-Omer
- Bollezeele, église Saint-Wandrille
- Borre, église Saint-Jean-Baptiste.
- Cassel, Collégiale Notre-dame de la crypte
- Crochte, église Saint-Georges
- Hazebrouck, Église Saint-Éloi d'Hazebrouck
- Hazebrouck, Collège Saint-Jacques
- Herzeele, église Notre-Dame-de-l'Assomption
- Hondschoote, église Saint-Vaast
- Houtkerque, église Saint-Antoine
- Killem, église Saint-Michel
- Pitgam, église Saint-Folquin
- Quaëdypre, église Saint-Omer
- Rexpoede, église Saint-Omer
- Rubrouck, église Saint-Sylvestre
- Steenbecque, église Saint-Pierre
- Terdeghem, église Saint-Martin
- Volckerinckhove, église Saint-Folquin
- Warhem, église Notre-Dame-de-l'Assomption
- Wemaers-Cappel, église Saint-Martin
- West-Cappel, église Saint-Martin
Notes et références
- Lacas M, Images de dévotion, De Sienne à Florence, les primitifs italiens, Connaissance des Arts, Hors série no 391, p. 10–18
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Jacques Salbert, Ateliers de retabliers Lavallois aux XVIIe et XVIIIe siècles : Etudes historiques et artistiques, Presses Universitaires de Rennes, 1976.
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