- Montagnes Noires
-
Pour l’article homonyme, voir Massif des Montagnes Noires.
Montagnes Noires Géographie Altitude 318 m, Roc Toullaëron Massif Massif armoricain Administration Pays France Région Bretagne Départements Finistère, Côtes-d'Armor, Morbihan Géologie Roches Roches sédimentaires et métamorphiques modifier Les montagnes Noires sont une chaîne de montagnes en Bretagne, relativement étroite et de faible altitude, composée principalement de grès dur et de quartzite, qui s'étire d'ouest en est depuis le voisinage de Châteaulin jusqu'aux environs de Glomel. La chaîne sépare la dépression de Châteaulin et du Poher au nord de la plate forme méridionale bretonne au sud.
Sommaire
Géographie
Elle culmine au Roc Toullaëron (318 mètres[1]) situé sur la commune de Spézet.
Les autres sommets du massif (appelé aussi Menez Du) portant un nom se nomment d'ouest en est Carrec an Tan (Karreg an Tan), Reun Du, Roc'h Bily, Roc'h Ker Hodiern, Roch Jégu, Roc'h Moniven, Roc'h Plenn, Roc'h an Aotroù, Roc'h Castel, Roc'h Veur, Menez an Dug, Roc'h ar Werc'hez, Minez Guernazou, le rocher de la Madeleine, la calotte Saint Joseph, le Minez Du et le Minez Gligueric.
Le Ménez-Hom, bien que situé dans le prolongement de la chaîne, est généralement considéré comme étant un sommet isolé, sans quoi ce serait le plus haut sommet avec ses 330 mètres.
Le terme montagne semble bien excessif pour désigner ces hauteurs qui s'apparentent en fait plus à des collines. Mais en Basse-Bretagne la moindre éminence est désigné par le terme breton menez que l'on traduit en français par le mot montagne.
Les sapinières qui sont le résultat d'un reboisement récent sont nombreuses sur ces hauteurs.
« Les Montagnes-Noires [... sont composées] presque exclusivement de granits et de schistes, un amoncellement de pierres décharnées, une nudité presque absolue, une lugubre monotonie ; c'est une région couverte de landes stériles ou de rochers décomposés par le temps, où il ne croît qu'une herbe courte et chétive ; mais à leurs flancs sont creusés des vallons où coule un eau vive ; il en descend mille ruisseaux qui se précipitent avec rapidité ; on entend de tous côtés, dans ces vallées, le tictac des moulins »
— F. Jéhan[2].
Histoire
Un repaire du sinistre brigand La Fontenelle
En janvier 1592, Guy Eder de la Fontenelle, après avoir écumé la région de Saint-Brieuc, s'installe dans la forêt de Laz avec une troupe de 400 hommes environ. De tout temps, cette forêt était réputée dangereuse pour les voyageurs. Vols de bestiaux, de meubles, de deniers, viols, rapines diverses, incendies exaspèrent vite les habitants de la région de Châteauneuf-du-Faou. Le notaire de cette ville, François Hervé, aussi député aux Etats de la Ligue, envoie une plainte au duc de Mercœur.
Un texte de 1592 illustre ses exactions : « La licence des gens de guerre en votre pays a été et est telle et si déréglée sur votre pauvre peuple, qu'ils n'ont omis, ni épargné aucune espèce de violences pour épuiser la subsistance, et ont exercé toutes les cruautés que la corde, le fer et le feu leur ont pu administrer pour rançonner le paysan laboureur et le marchand du plat pays innocent, et après les avoir misérablement tourmentés et gênés en leurs personnes pour extorquer leurs deniers; pillé, brûlé leurs maisons et meubles qu'ils ne pouvaient emporter, ont finalement pris le bétail, jusqu'aux porcs, et non contents de tant d'outrages ont violé femmes et filles, sans aucune distinction d'âge; encore ont contraint pour leurs pères à racheter leurs enfants pupilles, et les maris leurs femmes, et réduit votre peuple a une telle extrémité qu'il a été contraint d'abandonner maisons et familles, et cherche l'espoir et la sûreté aux forêts, entre les plus cruelles bêtes, néanmoins la rigueur de l'hiver, aimant mieux habiter avec les animaux sauvages et cherche leur vie que de languir et mourir prisonnier, entre les mains de gens de guerre, de tourments, de faim et d'ennui faute de moyen de se racheter; et se sont tellement dépouillés qu'ils ont dénié les corps morts en leur prison à la parentelle pour les inhumer, jusqu'à les racheter, faisant languir les vivants avec les corps des morts en leurs dites prisons, ce qui a tellement ruiné votre peuple, que les paroisses entières se voient désertes, les grosses bourgades abandonnées de tous leurs,habitants et ne se peut espérer aucun paiement de vos deniers, le soulagement de vos affaires et la nécessité au dit pays[3]. »
Le 20 mars 1592, La Fontenelle ose entrer par surprise dans une auberge réputée de Vannes, le « Logis de la Tête Noire », où se tient une réunion importante des députés au Etats de la Ligue. Le brigand s'adressa à l'un des convives, Jean Breut : « J'ai entendu que vous estes venu faire plainctes de moy en ces estatz, mais, par la mort de Dieu! Regardez bien ce que vous direz, car selon ce que vous direz, je vous coupperé le col! » dit-il. Mais le duc de Mercœur, prévenu, fit arrêter le brigand, qui fut vite libéré et recommença ses exactions en forêt de Laz avant d'oser attaquer en 1593 à coups de canons la forteresse du Granec en Landeleau où il s'installa pour un temps.
Pour l'empêcher de continuer à écumer la région, plus d'un millier de paysans vinrent assiéger pendant huit jours son repaire du Granec, profitant de l'absence du bandit parti guerroyer du côté de Morlaix. De retour une nuit par surprise et tua environ 800 paysans. Selon le chanoine Moreau, « non content de ce carnage, La Fontenelle refusa aux parents des victimes la permission d'enlever les blessés, et même les morts, pour leur rendre les derniers devoirs et par ainsi demeurèrent corrompre sur la face de la terre sans que personne osât braver la défense du tyran qui faisait tuer à coup d'arquebuse quiconque tentait de s'en approcher[4]. »
Il sévit ensuite du côté de Carhaix, en compagnie de son émule, le capitaine-bandit Yves du Liscouët. Un terrifiant personnage qui, la main tranchée lors d'une bataille, « s'en fit placer une de fer, à ressorts, si habillement exécutée qu'il s'en servait comme d'une main naturelle pour manier l'épée »[5].
Les ardoisières
De nombreux gisements d'ardoises y furent exploités depuis la fin du XVe siècle jusqu'aux années 1960 : Le Rick à Saint-Goazec, Guernanic et Sainte Barbe à Gourin, le Moulin Neuf à Motreff, Gonervan et Tohou à Plévin. Ces ardoisières durent fermer à cause de la concurrence de l'ardoise industrielle produite à moindre coût en Espagne et à Trélazé.
Culture populaire
Histoires et légendes
La légende de Karreg an Tan : du haut du belvédère de Karreg an Tan, piton rocheux qui culmine à 281 m d'altitude, on domine un vaste horizon. A l'époque des invasions vikings, ces derniers remontaient l'Aulne pour piller l'intérieur du pays. Un guetteur surveillait le sommet du Ménez-Hom où, en cas de menace, un autre guetteur allumait un feu afin de donner l'alerte, et lui aussi allumait un feu pour prévenir les populations avoisinantes. Ce sommet a gardé depuis son nom de « Roche du Feu ».
La gwerz Le faucon[6] évoque la révolte paysanne de 1489, partie de Plouyé, mais qui se répandit aussi dans le Menez Du (montagnes Noires).
Divers
Le nom Montagnes Noires a été repris par une station radio émettant sur les ondes F.M depuis la localité de Gourin dans tout le centre ouest-Bretagne.
Art
- Mathurin Méheut : Ardoisiers dans la montagne Noire vers 1944 (caséine sur toile, Rennes, institut de géologie)
Notes et références
- Carte topographique IGN France 1:50 000; Gourin 0618, emplacement borne géodésique
- lire en ligne M.G. Alexis, La France pittoresque de l'Ouest, : histoire et géographie des provinces de Bretagne, Anjou, Touraine, Orléanais, Berry, Poitou, Limousin, Angoumois, Aunis, Saintonge, Guyenne, et des départements qu'elles ont formés, 2e éd., éditeur A. Mame et fils, Tours, 1900,
- Texte du 29 décembre 1592, Fonds des États de Bretagne, 1592, in J-F. Boedec, Histoire secrète des Montagnes Noires
- Chanoine Jean Moreau, Henri Wacquet (publié par), Mémoires du chanoine Jean Moreau sur les guerres de la ligue en Bretagne, Quimper, 1960
- lire en ligne J.-F. Boedec, Histoire secrète des Montagnes Noires,
- Le Faucon Texte intégral disponible :
Wikimedia Foundation. 2010.