Musée des beaux-arts de Lyon

Musée des beaux-arts de Lyon
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Musée des beaux-arts de Lyon
Palais Saint-Pierre
Informations géographiques
Pays Drapeau de France France
Ville Lyon
Adresse 20, place des Terreaux
69001 Lyon
Coordonnées 45° 46′ 01″ N 4° 50′ 01″ E / 45.766846, 4.8336345° 46′ 01″ Nord
       4° 50′ 01″ Est
/ 45.766846, 4.83363
  
Informations générales
Date dinauguration 1801
Collections Antiquités égyptiennes, grecques et romaines, peintures du XIVe au XXe siècle, sculptures, objets d'art, pièces et médailles, arts graphiques
Nombre dœuvres Environ 62 800[1]
Superficie 14 800 m² dont 6 900 m² d'espaces d'exposition[2]
Informations visiteurs
Nb. de visiteurs/an 241 916 (2007) 250 138 (2008) 294 610 (2009)[3]
Site web Site officiel

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Musée des beaux-arts de Lyon

Le musée des beaux-arts de Lyon est un musée municipal fondé en 1801 et situé sur la place des Terreaux dans une ancienne abbaye de bénédictines, l'abbaye des Dames de Saint-Pierre, édifice classé monument historique et plus connus sous le nom de palais Saint-Pierre. De 1988 à 1998 le musée a connu de grands travaux de rénovation qui ont permis une extension importante des surfaces d'expositions. Réparties sur 70 salles, ses collections embrassent une période comprise entre lÉgypte antique et lart moderne et la plupart des disciplines artistiques y sont représentées, faisant du musée des beaux-arts lun des plus importants musées français et européens[4]. Des expositions temporaires y sont proposées toute lannée.

Sommaire

Histoire

L'abbaye bénédictine

Les origines de labbaye de Saint-Pierre-les-Nonnains

Le bâtiment qui abrite le musée des beaux-arts depuis sa création était à lorigine la plus importante abbaye de Lyon, un lieu qui a été au centre de la vie de la ville pendant de nombreux siècles. Sa date exacte de fondation est cependant inconnue. Bien avant labbaye bénédictine établie au VIIe siècle, un monastère placé sous la protection du premier des apôtres semble exister à Lyon dès le IIIe siècle : cest ce quaffirme lévêque de Lyon Ennemond, qui raconte quun certain Aldebert, gouverneur de Lugdunum sous le règne de Septime Sévère, sétant converti au christianisme, dote richement de terres le « monastère des Dames de Saint-Pierre » en 208[5]. Au IVe et Ve siècle, le monastère est déjà régi par des abbesses, toujours selon ce que rapporte Ennemond. Mais après leffondrement de lEmpire romain à la fin du Ve siècle, Lugdunum connaît une longue période de crise, accentuée par une épidémie de peste en 571 et les crues conjointes et répétées du Rhône et de la Saône. Le monastère traverse alors des heures difficiles et il se peut même quil ait été détruit ou dépeuplé par ces catastrophes. Malgré les efforts des évêques Sacerdos et Priscus pour le relever de ses cendres, cest sous une nouvelle règle monastique, celle de Saint Benoît, que le monastère va véritablement connaître une seconde naissance, vers le VIIe siècle. Cette nouvelle règle, mise au point au Ve siècle par Benoît au mont Cassin, est considérée à lépoque comme un modèle en matière de sagesse et de rigueur[6]. Cependant, aussi, aucun document d'époque ne permet de déterminer la date précise à laquelle la règle bénédictine fut adoptée, bien que Berger de Moydieu affirme quelle entra en vigueur sous abbatiat de la sœur dEnnemond, Lucie, entre 665 et 675[7],[8]. Sous le règne de Charlemagne, larchevêque de Lyon Leidrade, dont des lettres mentionnant l'abbaye ont été conservées, fait entièrement reconstruire celle-ci. Dès cette époque, l'abbaye est connue sous le nom de Saint-Pierre-les-Nonnains et est le plus riche établissement religieux de la ville. Elle jouit aussi d'une indépendance toujours plus prononcée vis-à-vis du reste du clergé lyonnais, puisque, par exemple, elle relève directement du Vatican[9].

Labbaye du XIIe siècle au XVIIe siècle

Détail du Plan scénographique de la ville de Lyon montrant l'abbaye des Dames de Saint-Pierre vers 1550, archives municipales de la ville de Lyon.

Au Moyen Âge, labbaye est appelée, dans les textes officiels, « Monasterium sancti Petri puellarum » (« Monastère des filles de Saint-Pierre ») ou bien « Ecclesia que dicitus Sancti Petri puellarum » (« Léglise qui se nomme des filles de Saint-Pierre »)[10].

Depuis sa création, elle a toujours disposé de deux églises. Léglise conventuelle se nomme église Saint-Pierre. Elle est reconstruite dans le style roman au XIIe siècle, aspect quelle conserve jusquà la reconstruction de l'abbaye au XVIIe siècle. Juste à côté d'elle, se trouve une autre église plus petite, léglise Saint-Saturnin (aussi appelée Saint-Sornin), qui est une paroissiale dont les revenus sont perçus par les moniales.

Cest une abbaye aristocratique, régie par des moniales issues de la haute noblesse. Vers le milieu du XIVe siècle, les novices, pour être admises au couvent, doivent fournir la preuve d'au moins quatre générations de noblesse paternelle[11]. Les moniales forment une assemblée, que lon appelle le chapitre, elles élisent elles-mêmes leur abbesse, qui garde cette position à vie. Celle-ci ne rend compte de son élection quau pape et nest aucunement soumise à lautorité de larchevêque de Lyon[11]. Elle porte même la crosse à la manière des évêques. Elle est la maîtresse du couvent et elle administre les nombreux biens matériels lui appartenant. En effet, celui-ci possède de nombreuses richesses, il est notamment fort bien doté en terres.

À partir du XVIe siècle cependant, la discipline devient moins stricte et lon observe des relâchements dans les règles de la vie communautaire : à cette époque les sœurs vivent souvent en dehors du couvent dans des maisons privées, voire dans dagréables hôtels particuliers entre cour et jardin, et le chapitre ne se réunit guère plus dune fois par an[12]. Lors dune visite royale à Lyon en 1503, Louis XII et la reine Anne de Bretagne reçoivent des plaintes concernant la mauvaise conduite des moniales. Celles-ci sont alors sommées de reprendre une vie de clôture dans labbaye et de respecter la règle de Saint Benoît. Refusant cette réforme, quelles jugent trop sévère, les moniales, soutenues par leurs puissantes familles, se rebellent et font appel au pape, leur protecteur, pour défendre leurs droits[12]. En 1516, elles font part de leur mécontentement directement devant la reine Claude de France. Il est alors décidé de les expulser de labbaye, ce dont se charge larchevêque François II de Rohan. Pour les remplacer, des filles de familles moins prestigieuses sont choisies. Labbaye, même si elle reste toujours aussi riche, perd alors peu à peu ses privilèges et surtout son indépendance : en 1637, elle passe finalement sous lautorité de larchevêque de Lyon[9]. Entre temps les moniales sont déchues de leur droit de nommer elles-mêmes leur abbesse, privilège qui revient désormais au roi en personne.

L'abbaye royale et la reconstruction du palais Saint-Pierre

C'est au XVIIe siècle que le palais prend sa configuration actuelle. Des bâtiments antérieurs du couvent « Saint-Pierre-les-Nonnains », ne subsiste aujourdhui que le porche roman de l'église conventuelle, datant de la reconstruction du XIIe siècle. Cest Anne de Chaulnes (vers 1625-1672), fille du maréchal et pair de France Honoré dAlbert et abbesse de 1649 à sa mort, qui décide, en 1659, de la reconstruction de celle que lon nomme alors « labbaye royale des Dames de Saint-Pierre »[13]. Elle choisit larchitecte avignonnais François Royers de la Valfrenière pour mener à bien ce projet. Déjà âgé à lépoque des travaux (il meurt en 1667), la reconstruction du palais est son grand-œuvre. Il conçoit lélévation monumentale de la façade le long de la place des Terreaux ainsi que celle des deux façades latérales.

La première pierre est posée par un « petit pauvre » le 16 mars 1659[2]. L'édifice conçu par Royers de la Valfrenière se présente comme un imposant palais de style romain, s'étirant sur tout un long côté de la place des Terreaux. Mais à la mort dAnne de Chaulnes en 1672, deux ailes doivent encore être construites et la réalisation du décor intérieur na pas encore commencé. Cest sa belle-sœur, Antoinette de Chaulnes (1633-1708) qui, lui ayant succédé à la tête de labbaye en 1675, va mener à terme le projet. Une somptueuse décoration intérieure, aujourdhui presque entièrement perdue, est exécutée entre 1676 et 1687[13]. Une partie des travaux est confiée au peintre et architecte lyonnais Thomas Blanchet (1614-1689), « Premier peintre de la Ville », qui, depuis son retour dItalie en 1655, est très estimé pour ses décors monumentaux. A lépoque Antoinette de Chaulnes fait appel à lui, il vient de prouver létendue de son talent en décorant les plafonds et les murs de lHôtel de ville[14]. De ses réalisations au palais Saint-Pierre, ne subsistent plus, de nos jours, que le grand escalier dhonneur, auquel une restauration récente a rendu son éclairage dorigine par cinq fenêtres, et le réfectoire, à lexubérant décor baroque. Pour décorer celui-ci, il sentoure des sculpteurs Simon Guillaume et Nicolas Bidault, de Marc Chabry qui réalise les armoiries (notamment celles des sœurs de Chaulnes) et du peintre Louis Cretey, récemment revenu dItalie, qui peint deux toiles monumentales aux extrémités de la salle ainsi que trois compositions décorant les oculi de la voûte. Au total, les travaux de reconstruction auront coûté la somme considérable pour l'époque de 400 000 livres[15]. Le palais et son nouveau décor restent inchangés jusquà la Révolution[16]. Des échoppe sont aménagées au rez-de-chaussé du palais lors de sa reconstruction, afin d'être louées à des commerçants, ce qui assure des revenus conséquents à l'abbaye. Le nouveau bâtiment est, au moment de son achèvement, la plus belle réalisation baroque de Lyon et son étendue et sa monumentalité toutes italiennes ne cessent pas de fasciner les visiteurs. Au XVIIIe siècle, labbaye est toujours aussi prospère : en 1755, elle est considérée comme lune des cinq plus riches de France[15].

Le musée des beaux-arts

L'entrée du cloître du palais Saint-Pierre de Lyon par Ferdinand Bourjot, vers 1820, plume et lavis d'encre de Chine sur papier, 20 x 13,5 cm.

La Révolution et la création du musée

La Révolution française va cependant bouleverser la destination du lieu et sonner le glas de l'abbaye, après plus de mille ans d'existence. Les trente-et-un moniales encore présentes au monastère en 1790 sont expulsées deux ans plus tard, à la suite des décrets des 4 et 6 août 1792 qui suppriment les congrégations religieuses[15]. Vidé de ses occupants, le palais échappe alors de peu à la destruction quont connu tant dautres établissements religieux à la Révolution. Si la plupart des décors intérieurs disparaissent lorsque quune caserne sinstalle dans le palais en 1793, et si léglise Saint-Saturnin est détruite, le bâtiment est finalement épargné par les différents projets durbanisme mis au point par les révolutionnaires, dont un prévoyait notamment de pratiquer des ouvertures au milieu de chaque aile du palais[16]. Ce nest quen 1802 que le bâtiment sera définitivement sauvé, la Ville de Lyon obtenant du gouvernement que le palais soit retiré de la liste des biens nationaux il était placé depuis 1791.

À Lyon, comme dans toute la France, les révolutionnaires entendent rassembler en un même lieu les œuvres dart saisies ou confisquées au clergé et à la noblesse pour les montrer au public, afin déduquer le peuple et d’« encourager les arts »[16]. Lidée de créer un muséum dans le palais Saint-Pierre germe dans lesprit des autorités de la ville. Elle est motivée avant tout par le besoin de relancer lindustrie soyeuse à Lyon, « basée sur lart du dessin », et qui a subi un brutal coup d'arrêt à causes des ravages du siège qu'a subi la ville en 1793. Cest pourquoi le député du Rhône au Conseil des Cinq-Cents, Étienne Mayeuvre de Champvieux, fait la demande au gouvernement denvoyer à Lyon « quelques tableaux des trois écoles » dont « quelques Van Huysum pour létude de la fleur, étude essentielle pour Lyon »[17]. Il faut en effet que les dessinateurs des fabriques de soieries puissent se former « par la vue des chefs-dœuvre de lart »[17]. LEtat témoigne de sa bonne volonté en envoyant, les mois qui suivent, six tableaux de fleurs et danimaux[13]. Mais cest le décret consulaire du 1er septembre 1801, le fameux arrêté Chaptal, qui va accomplir le dessein des révolutionnaires lyonnais : des musées sont crées dans quinze villes de province, et celui de Lyon figure en tête de liste[13].

Les débuts du musée

Une première salle est ouverte au public en 1803, au premier étage de laile sud, dans lancien chauffoir de labbaye. Elle accueille les visiteurs le mercredi, de 10 heures à 13 heures[18]. Mais dès ses débuts, le musée nest pas le seul occupant du palais Saint-Pierre. En effet, la municipalité a destiné le palais Saint-Pierre à accueillir des institutions dutilité publique dans le domaine de linstruction et du commerce. Le musée cohabite ainsi avec lécole de dessin et la chambre de commerce[19] et il se cantonne à la seule aile sud de lancienne abbaye. Plusieurs envois de lEtat, en 1803, 1805 et 1811, sont déterminants pour la constitution des collections du musée des beaux-arts : près de 110 tableaux arrivent à Lyon. On y trouve des œuvres majeures, notamment de la main du Pérugin, de Véronèse, Tintoret, Guerchin, Rubens, Jordaens, Champaigne et Jouvenet[20]. Dès lors le musée de Lyon se hisse au premier rang des musées de province. La plupart de ces œuvres proviennent des saisies révolutionnaires ainsi que des « conquêtes artistiques » de Napoléon et ses armées en Italie et en Europe du Nord. Après la chute du Premier Empire, seuls huit des tableaux saisis à létranger sont restitués[19].

Le premier véritable conservateur du nouveau musée est François Artaud (1767-1838), nommé en 1806, et qui reste à sa tête jusquen 1830, année il démissionne[21]. Peu avant 1815, il crée le Salon des Fleurs du musée, qui présente notamment des œuvres de Van Daël et Van Huysum. Archéologue, Artaud est également à lorigine de la collection dantiques de l'institution : sous les arcades du cloître, il rassemble des inscriptions lapidaires, des bronzes et des mosaïques qui illustrent le prestige et limportance de Lyon à lépoque romaine, quand celle qui se nommait Lugdunum était la Capitale des Gaules[22]. On y trouve notamment deux pièces de première importance : la Table claudienne et la mosaïque des Jeux du cirque, aujourdhui conservées au musée gallo-romain de Fourvière[19]. Mais la collection antique dépasse rapidement le seul cadre gallo-romain : Artaud collectionne dans son cabinet des objets égyptiens que Champollion en personne vient d'ailleurs étudier à plusieurs reprises[22]. Huit stèles égyptiennes entrent notamment au musée en 1824 grâce à un don de Bernardino Drovetti, consul de France à Alexandrie[23]. Artaud est également à lorigine de lacquisition de lun des chefs-dœuvre du musée, la Korê athénienne, achetée vers 1810[22].

Vue d'une salle de la collection de peintures du musée des beaux-arts avant 1870, photographie d'époque.

Bientôt, la collection de peintures sélargit aux artistes lyonnais contemporains qui, grâce à lEcole des Beaux-Arts, sappliquent désormais à dautres genres que la seule peinture de fleurs. En effet, les artistes de lEcole de Lyon sont acclamés par la critique et le public parisien au Salon de 1819, ce qui consacre Lyon non plus seulement comme ville industrielle mais aussi comme ville dartistes[23]. Le musée na donc plus une raison dêtre purement utilitaire et le Salon des fleurs disparaît finalement vers 1840. À partir des années 1820, les crédits dacquisition vont dailleurs être quasiment uniquement consacrés à la création dune « galerie des Artistes lyonnais » qui, lors de son ouverture le 16 février 1851, possède déjà pas moins de quatre-vingt-sept tableaux et dix-huit dessins[24], alors que la faveur du public pour les peintres lyonnais sest déjà essoufflée depuis longtemps[23]. Entre temps, à partir de 1834, le musée, qui n'a cessé de s'enrichir depuis son ouverture, est restructuré afin de devenir un écrin pour les collections qu'il abrite. L'architecte René Dardel (1796-1871) est chargé de créer des espaces nouveaux ainsi que des décors raffinés. Aujourd'hui, on peut avoir une idée de l'œuvre de Dardel dans la salle du médailler (qui était la « salle des marbres modernes » à l'époque de sa conception), dont le somptueux décor est le seul exemple de la restructuration des années 1830 encore en place au musée.

Pour ce qui est délargir la collection de peinture moderne au-delà de lhorizon lyonnais, le musée sen remet, jusque dans les années 1880, aux dépôts et envois de lEtat. Ainsi, Lyon reçoit des peintures et des sculptures dartistes français importants comme Delacroix (Dernières Paroles de lempereur Marc-Aurèle), Antoine-Louis Barye (le Tigre), Antoine Étex (Caïn) ou James Pradier (Odalisque). L'Etat envoie néanmoins des œuvres dartistes lyonnais reconnus comme Pierre Puvis de Chavannes (LAutomne) ou Hippolyte Flandrin (Dante et Virgile)[23]. Si elle ne bénéficie plus des envois de lEtat, la collection de peinture ancienne senrichit tout de même de quelques œuvres importantes grâce à des achats heureux : La Lapidation de Saint-Etienne, première œuvre connue de Rembrandt, ou encore deux Hyacinthe Rigaud font ainsi leur entrée au musée[24].

L'âge d'or du musée (1878-1920)

À la fin du Second Empire, le musée connaît une période de relative stagnation, due notamment au manque de place pour la conservation et l'exposition des œuvres ainsi qu'à l'essouflement de la politique d'acquisition, qui se concentrait alors, pour ce qui est de la peinture tout du moins, essentiellement sur les artistes lyonnais. Un élan nouveau est donné par la municipalité à partir de 1878. Cest à cette date, en effet, que sont décidés des travaux de rénovation et dagrandissement du musée, sous la direction de larchitecte de la ville Abraham Hirsch. Il construit une aile nouvelle ainsi que le monumental escalier aujourdhui connu sous le nom descalier Puvis de Chavannes car le peintre lyonnais y installe son œuvre le Bois Sacré.

Celui-ci dessert deux nouvelles grandes galeries dexposition, lune pour les maîtres anciens, lautre pour les maîtres modernes. Le fonctionnement de linstitution est également modifié : désormais, le musée sorganise autour dun conseil dadministration composé damateurs, dartistes et dérudits et présidé pendant près de vingt ans par Edouard Aynard (1837-1913), banquier, homme politique et collectionneur lyonnais. Ce conseil, même sil se voit privé dune partie de ses pouvoirs, jugés trop étendus par la municipalité dès 1897, pour ne devenir quune commission consultative vouée aux acquisitions, donne néanmoins une impulsion nouvelle à lenrichissement des collections, impulsion qui va se prolonger jusquà la Première Guerre mondiale[25]. Aynard et ses conseillers ont su combler intelligemment les lacunes du musée en imposant des objectifs ambitieux et en acquérant des œuvres de grande qualité. Cette politique était servie par plusieurs donations, non sous forme de dons dœuvres dart, peu nombreux, mais de fondations financières importantes[25]. En effet, plus que par les dons quont pu connaître dautres musées français comme Nantes (grâce aux frères Cacault), Lille (grâce à Wicar) ou Montpellier (grâce à Fabre), le musée de Lyon, cest son originalité, sest surtout constitué et enrichi grâce aux achats[25]. Et même si des legs ont permis de faire entrer des ensembles importants au musée (comme celui de Jacques-Amédée Lambert pour larchéologie et les objets dart), ils sont sans commune mesure avec les prestigieux exemples nantais, lillois et montpelliérains, pour ne citer qu'eux.

Vue de la galerie des antiques (aménagée en 1839) du musée vers 1906, carte postale d'époque.

Cest cet aspect de la constitution des collections qui est à lorigine du caractère encyclopédique du musée, un cas pratiquement unique en province, Aynard et ses successeurs sefforçant de compléter le plus judicieusement possible les collections par leurs achats. Ceux-ci sont nombreux : en vingt ans à partir de 1880, des acquisitions réalisées en Italie (à Rome, Florence et Venise) et à Paris permettent de constituer une collection de sculptures de la Renaissance forte de trente-cinq pièces environs dont le Saint Jean-Baptiste de Mino da Fiesole[26]. À la même époque, grâce à laction de Jean-Baptiste Giraud (1844-1910), qui participe à toutes les grandes ventes parisiennes, est rassemblée la plus grande partie de la collection dart islamique. Cest lui qui crée et organise véritablement le département des objets dart du musée. Le département des antiquités senrichit, lui, de quelques-uns de ses plus beaux vases et bronzes, grecs ou étrusques. Mais les acquisitions les plus spectaculaires sont réalisées dans le domaine de la peinture moderne. Le musée des beaux-arts, avec lachat en 1901 de la Guitariste de Renoir à la galerie Durand-Ruel, est le premier musée hors de Paris à avoir laudace de constituer un ensemble de peintures impressionnistes. On y trouve notamment Le café-concert aux Ambassadeurs de Degas et le Nave Nave mahana de Gauguin, première peinture de lartiste à entrer dans un musée français, en 1913[26].

De l'après-guerre aux années cinquante

Cet effort denrichissement des collections est poursuivi sur les mêmes bases après la Première Guerre mondiale mais avec des moyens réduits, à cause de la dévaluation des fondations financières. Ainsi Henri Focillon, directeur du musée de 1913 à 1924, parvient à acquérir pendant la guerre le très bel ensemble de céramiques dExtrême-Orient réuni par Raphaël Collin. Et cest grâce à son successeur, Léon Rosenthal (à la tête de linstitution de 1924 à 1933), quest ouverte dès 1926 une salle consacrée aux arts décoratifs modernes. Néanmoins, sous ces deux directorats, lesprit audacieux qui s'était manifesté au début du siècle à travers lacquisition de peintures modernes sestompe : aucune œuvre cubiste ou abstraite ne fait son entrée au musée dans les années vingt et trente[27]. On préfère aux œuvres des représentants de ces mouvements novateurs des peintures de Bonnard, Vuillard ou Foujita. Cest René Jullian, directeur du musée de 1933 à 1963, qui, dans les années cinquante, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, va tenter de combler ces lacunes, au prix de grandes difficultés alors que les autorités municipales lui sont hostiles. Il parvient tout de même à des résultats importants : il est le premier à faire entrer un tableau de Dubuffet dans un musée français (avec son Paysage blond, acquis en 1952)[27] et il est à lorigine de plusieurs dons : Picasso en 1953, Braque et Albert Gleizes en 1954 notamment. À cette époque, le musée sétend à nouveau dans le palais Saint-Pierre, dont il finit par être le seul occupant, en récupérant dabord les locaux de lÉcole des beaux-arts puis ceux de lAcadémie de Lyon (en 1970), parties sinstaller ailleurs.

Des années soixante aux années quatre-vingt : la nécessité d'un redéploiement

En 1969, surviennent deux évènements qui vont susciter de profonds changements dans lorganisation du musée et vont lobliger à un redéploiement radical de ses collections, comme cela avait été fait près dun siècle plus tôt. En effet, cette année-, le musée des beaux-arts se voit amputé dune bonne partie des œuvres du département des antiquités, les objets gallo-romains étant transférés vers un nouveau musée situé à Fourvière, départ qui est cependant compensé par larrivée au palais de la grande majorité des collections égyptologiques provenant des fouilles effectuées en 1909-1910 à Coptos par Adolphe Reinach et jusque- conservées au musée Guimet de Lyon[27]. Dès lors, ces bouleversements nécessitaient de repenser lorganisation du département des antiquités, mais aucun projet denvergure ne fut entrepris. De plus, quelques années plus tard, le musée se décidait à donner toute son ampleur à la place de lart moderne et contemporain dans ses collections en créant, en 1984, une section dart contemporain dans laile dite du Nouveau Saint-Pierre, section qui devient vite autonome et développe rapidement ses collections[28]. Dans les années 1980, le manque de place dans les salles (qui oblige à entasser des œuvres importantes dans des réserves déjà encombrées), la vétusté et la faible étendue des structures daccueil du public ainsi que le délabrement de certaines parties du bâtiment rendent une nouvelle fois nécessaire une rénovation complète et une extension du musée[28].

La rénovation et l'extension du musée

En 1989, lEtat, dans le cadre des Grands Travaux entrepris par le ministère de la culture, et la Ville de Lyon se mettent daccord sur un projet qui va durer près de dix ans. Les travaux sont confiés aux architectes Jean-Philippe Dubois et Jean-Michel Wilmotte. 4 500 m² despaces sont gagnés sur laile du nouveau Saint-Pierre, ce qui oblige à reloger le musée dart contemporain, qui part vers un nouveau bâtiment plus spacieux situé quai Achille-Lignon[28]. Des espaces dexpositions temporaires y sont créés. Les sculptures du XIXe siècle sont déplacées dans la Chapelle, les peintures (dont celles de lécole lyonnaise, autrefois exposées à part) sont regroupées au deuxième étage du palais elles bénéficient dun éclairage zénithal tandis quau premier étage sont installés les départements des Antiquités, des Objets dart et le Cabinet darts graphiques. Enfin des espaces daccueil du public, dont une salle de conférence, sont créés au rez-de-chaussée et au premier étage de laile sud. En 1998, à la fin des travaux, réalisés en cinq tranches pour éviter une fermeture au public, le musée se déploie sur 14 800 m² entièrement rénovés et présente ses collections au travers de 70 salles dexposition permanentes[28]. Cette renaissance du musée est heureusement accompagnée par le legs le plus important quil ait jamais connu depuis sa création[29]: celui de la lyonnaise Jacqueline Delubac (1907-1997). Epouse de Sacha Guitry, cette célèbre comédienne avait réuni au cours de sa vie une importante collection dart moderne. De plus, elle avait hérité de son second mari, Myran Eknayan, dun ensemble majeur de peintures impressionnistes. Grâce à elle, à loccasion de la réouverture complète du musée, ce sont des œuvres de Braque, Rouault, Léger, Picasso, Miró, Dubuffet, Bacon ainsi que de Manet, Degas, Renoir, Monet, Corot, Bonnard ou encore Vuillard, qui ont rejoint les collections[29].

Le bâtiment

Le palais Saint-Pierre dans son ensemble (hors parties classées) fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 28 mai 1927. Ses façades et toitures font l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 8 août 1938[30].

Jardin

Ce jardin municipal prend place au cœur de lancien cloître de labbaye bénédictine. Situé en plein centre ville, sur la presquîle, il est particulièrement aimé des Lyonnais pour son calme et son atmosphère reposante. Son architecture a largement été modifiée au XIXe siècle. C'est de cette époque que datent les peintures murales sous les arcades, qui reproduisent notamment le nom de Lyonnais célèbres, ainsi que les médaillons ornant les frontons. La fontaine du bassin circulaire au centre du jardin se compose d'un sarcophage antique surmonté d'une statue d'Apollon, dieu des arts. Plusieurs statues d'artistes du XIXe siècle appartenant aux collections du musée ont part ailleurs été installées dans le jardin. Elles sont détaillées plus bas dans cet article. Font notamment partie de cet ensemble des œuvres d'Auguste Rodin et Léon-Alexandre Delhomme.

Réfectoire baroque

Le réfectoire baroque, réalisé au XVIIe siècle sous la direction de Thomas Blanchet et rénové depuis, sert aujourdhui à laccueil des groupes. Par l'exubérance de son décor, il est l'un des principaux témoignages de l'art baroque à Lyon et du faste de l'abbaye royale des Dame de Saint-Pierre au XVIIe siècle. Assez étonnement, il a survécu aux destructions révolutionnaires du décor intérieur du musée, alors que sa décoration était entièrement à thème religieux. Le réfectoire est orné de deux peintures monumentales se faisant face de chaque côté de la pièce. Le thème de ces peintures est lié au repas, en fonction de la destination originelle du lieu. Il sagit de la Multiplication des pains et de La Cène de Louis Cretey. Trois autres peintures de Cretey décorent les oculi du plafond. Le reste du décor, constitué de sculptures, a été réalisé par Nicolas Bidaut et Simon Guillaume. Enfin, Marc Chabry a réalisé les armoiries visibles à plusieurs endroits de la salle, notamment au plafond, dont celles des sœurs de Chaulnes.

Le musée a présenté une exposition sur Louis Cretey[31] du 22 octobre 2010 au 24 janvier 2011 qui a entraîné la restauration du réfectoire.

Les collections

Peintures

Le département des peintures propose des peintures européennes datant du XIVe siècle jusqu'à la deuxième moitié du XXe siècle. Il détient en tout 2 000 peintures, dont 700 sont exposées au public, le reste étant conservé dans les réserves. Les œuvres sont classées chronologiquement et par grandes écoles dans trente cinq salles situées au premier étage du bâtiment. Les œuvres postérieures aux années 1980 sont conservées et exposée au musée d'art contemporain.

Les différentes écoles, même si elles ne sont pas mélangées dans les mêmes salles (sauf pour les primitifs autres qu'italiens), ne disposent pas chacune d'un parcours spécifique, comme c'est le cas par exemple au musée du Louvre, et le parcours chronologique que propose le musée permet donc au visiteur d'avoir une approche globale de l'évolution de la peinture occidentale depuis ses débuts jusqu'aux années 1980.

La collection possède plusieurs point forts, elle présente ainsi de riches ensembles notamment pour la peinture vénitienne, la peinture du XVIIe siècle tant en France qu'en Italie ou dans les Flandres et aux Pays-Bas, mais c'est surtout la peinture du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle) qui se démarque, notamment grâce au legs Jacqueline Delubac de 1997 qui a fait entrer au musée plusieurs œuvres majeures. D'une manière générale, le département des peintures présente :

Sculptures

Le département des sculptures est constitué de 1 300 sculptures allant du Moyen Âge au XXe siècle. On y note deux points forts :

On y trouve des sculptures (pierre, marbre, bronze, plâtres, bois...) de Mino da Fiesole, de nombreuses sculptures d'école italienne des XVe et XVIe siècles (école de Verrocchio, de Della Robbia, de Donatello, de Michel-Ange...), des sculptures d'Antoine Coysevox, de Guillaume Coustou, Augustin Pajou, Antonio Canova, Joseph Chinard, David d'Angers, James Pradier, Jean-Baptiste Carpeaux, Auguste Bartholdi, Auguste Rodin (avec la plus importante collection de ses œuvres en province), François Pompon, Antoine Bourdelle, Pierre Auguste Renoir, Aristide Maillol, Ossip Zadkine, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Henri Laurens, Arman...

Les salles du département sont séparées dans le musée : au 1er étage on trouve les sculptures anciennes tandis que les œuvres plus récentes se trouvent dans la chapelle. Des bronzes du XIXe siècle sont également visibles dans le jardin. Ce sont :

Ainsi que trois groupes en marbre :

  • une sculpture d'Eugène Guillaume : Castalie (1883) ;
  • une sculpture d'Émile Carlier : Gilliatt et la pieuvre (1890) ;
  • une sculpture de François Sicard : Agar (1897).

Antiquités

LÉgypte

LÉgypte constitue le thème principal du département des Antiquités. Cette place sexplique par limportance historique de légyptologie à Lyon, animée par des hommes tels que Victor Loret dont la famille a fait don au musée en 1954 de plus d'un millier d'objets. Dès 1895, le musée du Louvre fournit près de quatre cents objets (vases à onguent, figurines funéraires, etc.) pour constituer le fonds du département ; d'autres objets (vases canopes, éléments de parure, ainsi que des tissus de la nécropole d'Antinoé) complètent ce dépôt quelques années plus tard, augmenté, en 1936, d'objets provenant du village des artisans de Pharaon à Deir el-Médineh.

Les points forts de cette section sont la vitrine des sarcophages et les portes de Ptolémée III et IV du temple de Médamoud ramenées par le Lyonnais Alexandre Varille en 1939. Le reste des objets donne un aperçu de la vie quotidienne en Égypte antique.

Les presque deux mille six cents pièces de la collection d'œuvres égyptiennes conservé au Musée des beaux-arts de Lyon est exposé dans neuf salles, suivant un parcours à la fois thématique et chronologique :

Salle 1 - la vie au-delà de la mort :

Plongée dans la pénombre, la première salle nous fait découvrir les pratiques funéraires des anciens Égyptiens à travers une belle collection de cercueils allant de l'Ancien Empire à la Basse époque, des vases canope renfermant les viscères du défunt, un ensemble de cent-deux ouchebtis de toutes les époques ainsi que cent-cinquante-cinq amulettes aux sujets très variés. On peut encore citer, entre autres œuvres, le fragment du tombeau de Bakenranef ramené de Saqqarah, datant de l'époque saïte, ainsi que le linceul d'époque romaine.

Salle 2 - le divin et les rites :

Nous entrons maintenant dans une salle toute en longueur qui recrée le décor d'un temple, avec en point d'orgue les portes de Ptolémée III et IV du temple de Montou de Médamoud. Celle de Ptolémée III est fragmentaire, mais conserve une partie de sa polychromie d'origine, alors que celle de son successeur est presque complète.
Les autres bas-reliefs que nous découvrons dans cette salle proviennent de Coptos : huit sont datés du Moyen Empire et proviennent du temple de Min. Ils furent découverts par Adolphe Reinach en 1909 dans les fondations d'un édifice tardif. Onze autres fragments remontent à la fin de l'époque ptolémaïque, et plus précisément au règne de Cléopâtre VII.

Même si la statuaire pharaonique est très peu représentée au musée, le fragment de la statue de Ramsès VI en granite rose et l'ébauche de statue de l'empereur Commode en pharaon documentent quelque peu cet aspect de l'art égyptien.

Salle 3 - le culte du divin :

On accède à cette salle par la porte de Ptolémée IV. Au centre, on découvre un support de barque ou de statue datant du règne de Ptolémée II. Dans les murs sont exposés trois fragments de bas-reliefs de la XVIIIe dynastie, trouvés eux aussi à Coptos.

Salle 4 - les images et les emblèmes du divin :

Les trois vitrines de cette salle renferment une belle collection de statuettes en bronze de bon nombre de divinités du panthéon égyptien, avec notamment une très rare représentation de Hâpy, le dieu du Nil, datant de la Basse époque. Une vitrine entière et consacrée aux représentations d'Osiris et une autre à celles du pharaon. On peut y voir une jolie tête de pharaon de la XXXe dynastie, attribuée à Nectanébo II, un buste de roi du Moyen Empire, caractérisé par ses oreilles démesurées, ou encore un scarabée au nom d'Amenhotep II.

Salle 5 - pharaon et ses serviteurs :

Dans cette salle sont conservés dix-huit modèles en bois de la XIIe dynastie, provenant d'Assiout. Placés dans les tombes, ils reproduisent des scènes de la vie quotidienne, comme la fabrication de la bière ou une vache vêlant.
En face de la vitrine contenant ces modèles, nous trouvons une vitrine consacrée à l'écriture et une autre aux serviteurs du pharaon. Cette dernière dévoile entre autres une belle représentation d'un couple anonyme de l'Ancien Empire en calcaire, un buste d'homme de l'époque ptolémaïque et un fragment de statuette de scribe accroupi.

Salle 6 - les stèles :

Réparties autour d'une statue d'Osiris en bois se trouvent quatre stèles du Moyen Empire, huit du Nouvel Empire et quatre de l'époque romaine. L'une des plus belles est la stèle de Ptahmès, grand prêtre d'Amon, vizir de Thèbes et chef des travaux d'Amenhotep III, qui conserve des traces de polychromie.

Salle 7 - la vie quotidienne :

Commençons par les vitrines de droite en rentrant : la première contient quatorze vases de l'époque protohistorique et prédynastique, tandis que la seconde présente des vases sur une période étalée du Nouvel Empire à la Basse époque.
La grande vitrine qui leur fait face dévoile quelques pièces uniques, comme la stèle de Nes-Henou, datant de la IIe dynastie ou la magnifique tête d'homme en bois de la XVIIIe dynastie, qui ornait peut-être une harpe. Sinon, on trouve dans cette vitrine une foule d'objets du quotidien, comme des sandales, miroirs, bijoux... et même un tabouret.

Salle 8 - l'Égypte et les Grecs - l'Égypte et Rome :

L'influence grecque et romaine dans l'art égyptien se fait particulièrement ressentir dans les œuvres privées, comme en témoigne la série de figurines en terre cuite reprenant les dieux égyptiens sous des traits hellénisants. Dans cette salle, on trouve aussi cinq stèles funéraires d'influence palmyrénienne des IIe et IIIe siècles de notre ère, découvertes à Coptos.

Salle 9 - l'Égypte et l'Empire Romain - la chrétienté Copte

La dernière salle consacrée à l'art égyptien présente de beaux masques funéraires en plâtre doré d'époque romaine. Enfin, la période copte est illustrée par des bas-reliefs, des patères, et plusieurs tapisseries, dont un fragment du célèbre « châle de Sabine ».

Proche et Moyen-Orient

Réunies dans une unique salle, les collections évoquent tout d'abord trois grandes civilisations de Mésopotamie et du Moyen-Orient à travers des sceaux-cylindres, des tablettes d'argile et des bas-reliefs :

On trouve ensuite des bronzes du Luristan, des céramiques et statuettes chypriotes et un bel ensemble d'objets provenant de Syrie, comme un sarcophage anthropoïde en marbre et des bas-reliefs.

Grèce et Italie antiques

Particulièrement connue des Lyonnais, la statue en marbre de korê (« jeune femme » en grec) du VIe siècle avJ.‑C., provenant de lAcropole d'Athènes, est un chef-dœuvre du département des antiquités. Une salle entière lui est consacrée.

Une seconde salle est dédiée à la civilisation grecque : elle rassemble une belle série de vases attiques à figures noires ou rouges, des bronzes et des figurines en terre cuite de Tanagra.

Enfin, une petite salle est consacrée à la Grande Grèce, c'est-à-dire aux colonies grecques établies en Italie du Sud, avec encore de nombreuses céramiques et des casques en bronze.

Dans la salle suivante, la civilisation Étrusque, du VIIIe siècle au IIe siècle avJ.‑C., est illustrée par des vases en bucchero (céramique à pâte noire) et des bronzes.

La sculpture romaine est également présente à travers plusieurs ensembles : des sculptures en marbre (un torse de Vénus, un enfant au coq, des statues de personnages drapés, etc.) et également de petites figurines en bronze de dieux et déesses (Mercure, Vénus, Mars, etc.) ou dobjets familiers.

Objets d'art

Le département des objets d'art du Musée des beaux-arts de Lyon présente 550 objets parmi lesquels on trouve de véritables merveilles, du Moyen Âge au XXe siècle, d'Europe comme d'ailleurs. On y remarque :

La galerie des objets dart comprend depuis 1917, des grès de Chine, de Corée et du Japon. Des pièces rares illustrent le rituel de la cérémonie du thé.

À côté de ces œuvres sont exposées des céramiques dArt nouveau qui sinspirent largement de lart du grès japonais.

Médaillier

Le médaillier de Lyon est le deuxième médaillier de France après le Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale de France, à Paris. Il conserve près de 50 000 objets : monnaies, médailles, sceaux, etc. Il est connu au niveau européen et tient une place prépondérante dans la numismatique mondiale allant du début du XIXe siècle aux récentes découvertes des trésors des Terreaux et des Célestins[32].

Arts graphiques

Le cabinet dArts graphiques regroupe des œuvres sur papier : dessins, estampes, gravures, etc. Ces œuvres ont comme point commun dêtre basées sur le trait, par opposition à la couleur. Cependant, le cabinet comprend aussi des aquarelles et des pastels.

Cest en tout près de 7 500 œuvres qui sont conservées dans ce département : 5 800 dessins et un fonds de 1 700 gravures. Sa création date du début du XIXe siècle. La collection de dessins comprend notamment des œuvres de Filippino Lippi, Parmigianino, Fra Bartolomeo, Leonetto Cappiello, Nicolas Poussin, Claude Lorrain, Charles Le Brun, François Boucher, Ingres, Théodore Géricault, Eugène Delacroix, Camille Corot, Honoré Daumier, Gustave Courbet, Odilon Redon, Puvis de Chavannes, Auguste Rodin, Edgar Degas, Henri Matisse, Raoul Dufy, Fernand Léger ainsi quune remarquable étude de Albrecht Dürer.

Fréquentation

Le musée des beaux-arts est le musée le plus fréquenté non seulement de Lyon mais également de toute la région Rhône-Alpes selon les statistiques fournies par le ministère de la Culture. Au niveau national, selon ces mêmes statistiques, le musée se situe à la 22e place en termes de fréquentation annuelle pour l'année 2009[3]. Globalement, depuis le début des années 2000, la fréquentation annuelle du musée oscille autour des 250 000 visiteurs.

Chiffres de fréquentation du musée 2003-2009[33],[3]
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
359 774 250 432 244 275 253 290 241 916 250 138 294 610

Publication

En 1952, à l'initiative de René Jullian, est créé le Bulletin des musées lyonnais. En 1960, cette publication change de titre et devient le Bulletin des musées et monuments Lyonnais. En 2003, il change de périodicité en devenant annuel et prend alors le nom de Cahiers du musée des Beaux-Arts de Lyon.

Accès

Lyon tcl logo-metro.svg
Ce site est desservi par la station de métro : Hôtel de Ville - Louis Pradel.

Le musée est également accessible par la ligne C3 à l'arrêt Terreaux.

Notes et références

  1. Site officiel du musée des beaux-arts, « Le musée au XXIe siècle ». Consulté le 29 juin 2011
  2. a et b Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Chiffres », Fage éditions, 2009, p. 36.
  3. a, b et c [PDF]Muséostat 2009 sur Développement culturel, Ministère de la Culture et de la Communication. Consulté le 5 juillet 2011
  4. Site officiel du musée, consulté le 23 juin 2011
  5. Pierre-Maurice Bénasse, Les Six Naissances de lAbbaye royale des Bénédictine de Saint-Pierre de Lyon, musée des beaux-arts de Lyon, 2010, p. 9.
  6. Pierre-Maurice Bénasse, Les Six Naissances de lAbbaye royale des Bénédictine de Saint-Pierre de Lyon, musée des beaux-arts de Lyon, 2010, p. 11.
  7. Berger de Moydieu, « Tableau historique de l'abbaye royale de S. Pierre... Second manuscrit, revu, corrigé et augmenté. 1783 ».
  8. Pierre-Maurice Bénasse, Les Six Naissances de lAbbaye royale des Bénédictine de Saint-Pierre de Lyon, musée des beaux-arts de Lyon, 2010, p. 14.
  9. a et b Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Abbaye », Fage éditions, 2009, p. 6.
  10. Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Dénomination », Fage éditions, 2009, p. 46.
  11. a et b Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Moniales », Fage éditions, 2009, p. 97.
  12. a et b Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Démon », Fage éditions, 2009, p. 44.
  13. a, b, c et d Sous la direction de Philippe Durey, Le musée des Beaux-Arts de Lyon, Albin Michel, Paris, 1988, p. 9.
  14. Lucie Galactéros de Boissier, Thomas Blanchet, 1614-1689, Arthéna, Paris, 1991, catalogue raisonné.
  15. a, b et c Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, Fage éditions, 2009, p. 165.
  16. a, b et c Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « Révolution », Fage éditions, 2009, p. 135.
  17. a et b Rapport du 3 mars 1799, publié dans M.C. Chaudonneret, « Les origines du musée des Beaux-Arts de Lyon. 1791-1799 », Bulletin des musées et monuments lyonnais, 1986, vol. VII, n°1, p. 79-85.
  18. Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, Fage éditions, 2009, p. 167.
  19. a, b et c Gérard Bruyère, Brève histoire du musée des beaux-arts, 1ère partie 1800-1830, Bulletin municipal de la Ville de Lyon, n° 5849 du 31 mai 2010.
  20. Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 9.
  21. Collectif, Le Musée des Beaux-Arts de Lyon de A à Z, article « François Artaud », Fage éditions, 2009, p. 20.
  22. a, b et c Geneviève Galliano, Antiquités, Guide des Collections, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1997, p. 9
  23. a, b, c et d Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 10.
  24. a et b Gérard Bruyère, Brève histoire du musée des beaux-arts, 2e partie 1830-1850, Bulletin municipal de la Ville de Lyon, n° 5879 du 27 décembre 2010.
  25. a, b et c Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 11.
  26. a et b Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 12.
  27. a, b et c Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 13.
  28. a, b, c et d Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 14.
  29. a et b Collectif, Guide, Musée des Beaux-Arts, Lyon, Musée des Beaux-Arts de Lyon et Réunion des musée nationaux, Paris, 1998, p. 15.
  30. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00117981 » sur www.culture.gouv.fr.
  31. Exposition « Louis Cretey, un visionnaire entre Lyon et Rome ». Consulté le 29 juin 2011
  32. Site officiel du musée des beaux-arts, échantillon de médailles représentatives de la richesse du médaillier. Consulté le 29 juin 2011
  33. Veille Info Tourisme. Consulté le 29 juin 2011

Voir aussi

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Liens externes



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