- Marc Chagall
-
Pour les articles homonymes, voir Chagall (homonymie).
Marc Chagall Marc Chagall en 1941 Nom de naissance Moishe Zakharovitch Chagalov Naissance 7 juillet 1887
Liozna, Biélorussie, Empire russeDécès 28 mars 1985 (à 97 ans)
Saint-Paul de Vence, FranceNationalité Russe, soviétique, français Activité(s) Artiste peintre Formation École des Beaux-arts de Saint-Pétersbourg modifier Marc Chagall (yiddish : מאַרק שאַגאַל ; russe : Марк Захарович Шагал; biélorusse : Марк Захаравiч Шагал), né Moïshe Zakharovitch Chagalov (russe : Мойшe Захарович Шагалов) est un peintre né le 7 juillet 1887 à Liozna, près de Vitebsk, en Biélorussie (alors intégrée à l'Empire russe, naturalisé français en 1937) et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence.
Chagall est l'un des plus célèbres artistes installés en France au XXe siècle avec Pablo Picasso. Son œuvre, sans se rattacher à aucune école, présente des caractéristiques du surréalisme et du néo-primitivisme. Inspirée par la tradition juive, la vie du shtetl (village juif en Europe de l'Est) et le folklore russe, elle élabore sa propre symbolique, autour de la vie intime de l'artiste. Chagall s'est essayé, outre la peinture sur toile, à la poésie, à la peinture sur vitrail, sur émail, etc. Chagall se considère « comme un peintre russe et j'aime beaucoup cela[1] ».
Un musée lui est consacré à Nice et un autre à Vitebsk.
Sommaire
Biographie
Chagall est né le 7 juillet 1887 à Liozno dans la banlieue de Vitebsk, en Biélorussie (laquelle appartenait alors à la Russie tsariste). Aîné d'une famille de 9 enfants il commence à travailler dans des ateliers à la fin de ses études à l’école des beaux-arts de Saint-Pétersbourg. En 1910 il part étudier à Paris auprès de Léon Bakst grâce à une bourse, et expose ses travaux pour la première fois en 1914.Il y est témoin de mouvements picturaux tels que le fauvisme finissant et le cubisme naissant. Le premier lui inspire la couleur pure, gaie et claire, le second une certaine déconstruction de l’objet. Néanmoins jamais Chagall n’adhèrera pleinement à un mouvement ou à une école. Tout en adoptant Paris comme sa deuxième ville natale, il n’oublie pas ses origines russes, pour preuve même lorsqu’il peint les ponts de la Seine ou la tour Eiffel, on peut reconnaître des éléments de décor inspirés de ses souvenirs d’enfance qui ne le quitteront jamais.
En 1914, il est de retour à Vitebsk pour une courte durée pense-t-il, mais le premier conflit mondial empêche tout retour à Paris. Pendant cette période Chagall peint surtout la vie de la communauté juive Kasimir Malevitch en 1919. Il part alors pour Moscou où il fait les décors pour le Théâtre d'art juif. Il retourne en 1922 à Berlin puis à Paris. Ses œuvres sont connues aux États-Unis, où des expositions sont organisées.
En 1923, Chagall fait la connaissance de Ambroise Vollard, marchand et éditeur de livres qui lui commandera notamment trente gouaches et cent eaux-fortes illustrant les Fables de La Fontaine (1924-1925), 118 eaux-fortes pour les Âmes Mortes de Nicolas Gogol (1925-1931) mais aussi et surtout des illustrations pour la Bible (1930). Au début des années 1930 il voyage beaucoup avec sa famille. À partir du 7 juillet 1937, il prend la nationalité française pour fuir l'antisémitisme de l'Europe centrale. À la fin du printemps 1941, il est arrêté, et doit son salut au journaliste américain Varian Fry qui lui permet de rejoindre les États-Unis[2]. Sa femme, Bella, meurt en 1944 ; cet événement marque le choix de ses sujets à cette époque. Après la guerre, les œuvres de Chagall sont à nouveau exposées en Europe. Il retraverse l'Atlantique en 1948, pour s'installer à Vence, en France où il aide Frans Krajcberg à partir pour le Brésil.
Il se remarie en 1952 avec Valentina Brodsky (1905-1993).
Maeght vend ses œuvres à travers le monde entier. Ses techniques se diversifient : gravures, mosaïques, vitraux… Il continue de peindre des décors, conçoit des costumes pour l'opéra de la Flûte enchantée.
Il finit sa vie à Saint-Paul de Vence, en France, célèbre et reconnu dans le monde entier.
Marc Chagall est le père (1946) du chanteur David McNeil[3], lequel porte le nom du mari de sa mère.
Style et techniques
Chagall ne peut pas être rattaché à une école. D'aucuns le rapprochent du courant surréaliste, puisque son travail laisse une large part à son imagination et ses rêves. Si en deux mots, on pouvait caractériser son œuvre, on parlerait de « chromatisme onirique ».[réf. nécessaire]
L'emploi de la couleur chez Chagall est très personnel. Dans ses illustrations de la Bible et le Message biblique, notamment, on voit qu'une barbe peut être tour à tour violette, bleue ou verte. Il renverse les impressions chromatiques habituelles, et emploie la palette pour structurer l'espace de la toile davantage que pour traduire la réalité.
« Il dort, il est éveillé, Il prend une église et il peint avec une église, Il prend une vache et il peint avec une vache, Avec une sardine… » (Blaise Cendrars)[réf. nécessaire]
Chagall et la Bible
En 1930, le marchand d'art et ami de Chagall, Ambroise Vollard, lui commande une série d'illustrations sur la Bible. Celui qui décrit le texte sacré comme « la plus grande source de poésie de tous les temps », exécute alors une quarantaine de gouaches, avant d'entamer une série d'eaux-fortes qui sont insérées au sein de la Bible de Genève : 105 gravures figurent diverses scènes-clés de l'Ancien Testament. A la main, Chagall les rehausse toutes d'un peu de gouache. Ses sujets de prédilection sont les prophètes, les patriarches, les guerriers et les rois. Surtout, il fait des liens entre le passé et le présent, entre la persécution de Jésus et celle que les Juifs subissent en Europe dans les années 1940[4].
Ce travail monumental est à l’origine du Message biblique qui propose un cycle décoratif relatant l’histoire biblique, terminé en 1966. Chagall en fait don à l’État français, qui, au grand bonheur de Chagall, l’expose au Louvre avant d’inaugurer en 1973 le Musée national du message biblique à Nice, en présence d’André Malraux.
Portrait psychologique
Bien que parfois engagée, son œuvre pleine de références au pays de son enfance, la Biélorussie juive, semble souvent échapper totalement aux guerres qui l'entourent.
Il sait faire partager ses sentiments au travers de couleurs très vives et pleines de légèreté. Quand il peint son couple survolant sa ville natale, il montre un esprit bohème et souvent détaché de la réalité. Main dans la main avec sa compagne, il exprime alors un amour omniprésent et un regard bienveillant sur le monde. Son œuvre est tour à tour théâtre juif, message biblique, rêves ou images comme sortie de son inconscient :
- « Mon cirque se joue dans le ciel, il se joue dans les nuages parmi les chaises, il se joue dans la fenêtre où se reflète la lumière » (Marc Chagall).
L'artiste semble se poser en observateur du monde, d'un monde richement coloré comme vu à travers des vitraux.
Œuvres
- Le paradis Terrestre
Tableaux
- La Noce , 1910, centre Pompidou Metz
- La Naissance, 1910, musée Kunsthaus, Zurich
- Le Village, 1911, musée d'Art Moderne, New York
- Adam et Eve, 1912
- Hommage à Apollinaire, 1911-1912
- Le Violiniste, 1914, Musée de Düsseldorf
- Les Amants Bleus, 1914.
- Les portes du cimetière, 1917
- L'Homme à la tête renversée, 1919, huile sur carton marouflé sur bois, 54 x 47 cm, collection particulière[5]
- La Maison bleue, 1920, M.A.M.A.C., Musée d'art moderne et d'art contemporain de Liège
- La fenêtre sur l'Île-de-Bréhat, 1924, Vereinigung Zürcher Kunstfreunde[6]
- Die Mäherin, 1926, collection privée
- La Solitude, 1933, Tel Aviv Museum
- La Guerre, 1943
- L'Émigrant, 1945-1950
- Le Coq, 1947, Musée des Beaux-Arts de Lyon
- Le Christ à la pendule, 1956, gouache sur papier, 75.8 x 56.2 cm, collection Angela Rosengart
- La Guerre, 1964
- Job, 1975
- Couple sur Saint-Paul de Vence
- L'Animosité des hommes à la recherche de pouvoir
- Le Cirque
- La Crucifixion Blanche
- Daphnis et Chloé
- Les Fiancés de la tour Eiffel
- Le Nue rouge
- Le Saint voiturier
- Transhumance
- Vues de Paris
- L'anniversaire, 1912
- À la Russie, aux ânes et aux autres, huile sur toile, 157 x 122 cm, 1911-1912, Paris (don de l'artiste au centre Georges Pompidou en 1953)
- La mariée à l'éventail
- Au-dessus de la ville
Peintures sur papier
- Cantique des Cantiques II, 1957 (huile).
- Cantique des Cantiques III, 1960 (huile).
- Cantique des cantiques IV, 1958, Provincial Museum of Alberta.
- Cantique des Cantiques V, 1965-1966.
Vitraux
- Allemagne
- Mayence : neuf vitraux dans l'église Saint-Étienne.
- Angleterre
- Tudeley : 12 vitraux dans l'église All Saints.
- Chichester : un vitrail dans la cathédrale de Chichester.
- Etats-Unis
- New York : un vitrail dans l'enceinte du siège des Nations unies : 'Peace Window', vitrail réalisé en 1961 en hommage à Dag Hammarskjöld, ancien secrétaire général de l'ONU
- France
- Metz : trois vitraux dans la cathédrale Saint-Étienne.
- Reims : trois vitraux dans la cathédrale : l'arbre de Jessé, les deux testaments et les grandes heures de Reims.
- Sarrebourg : La Paix, un vitrail monumental (12 m de haut sur 7,5 m de large) dans la chapelle des Cordeliers.
- Le Saillant : six vitraux dans l'église.
- Suisse
- Zurich : les vitraux dans l'église Fraumünster.
- Israël
- Jérusalem : les vitraux de la synagogue de l'hôpital Hadassah : Les Douze Tribus d’Israël.
Mosaïque
- Suisse
- Fondation Pierre Gianadda, parc de sculptures, Martigny : La Cour Chagall, mosaïque monumentale réalisée en 1964 par Lino et Heidi Melano, accompagnée de deux petites fontaines, "Poisson" et "Oiseau", également de Chagall, en marbre blanc (Don de Georges Kostelitz en mémoire de son épouse Ira, 2003).
- France
- Le repas des Anges , représentation d'un des miracles attribué à Roseline de Villeneuve dans la chapelle Sainte-Roseline située sur la commune des Arcs sur Argens.
Céramique
- Église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du Plateau d'Assy, en Haute-Savoie : Passage de la mer Rouge aux personnages en apesanteur, guidés par leur patriarche revêtu de jaune, Moïse : « Les fonts baptismaux, situés sous le clocher, ont été décorés par Chagall, qui a donné libre cours à son inspiration en exécutant cette céramique sur des thèmes bibliques qui lui sont familiers. Nous devons aussi à Chagall deux bas-reliefs en marbre blanc et deux vitraux aux teintes douces, destinés à matérialiser les rites et les symboles du baptême ». (Maurice Novarina)
Décoration
- Théâtre juif d'État de Moscou.
- Le plafond de l'Opéra de Paris : peint en 1964.
- Peintures murales du Watergate Theatre de Londres (1949).
Marché de l'Art
Les œuvres de Marc Chagall sont très recherchées par les collectionneurs du monde entier.
- Le Grand Cirque, une huile sur toile de 159,5 cm x 308,5 cm, a été vendue 13 760 000 US$, soit 10 176 896 euros à New York le 8 mai 2007[7].
- Roses et mimosas, une huile sur toile de 147,3 cm x 114,3 cm a été vendue 1 833 250 £, soit 2 318 694 euros à Londres le 24 juin 2008[7].
Bibliographie de Marc Chagall
- Ma Vie, autobiographie, 1923
- Les Âmes Mortes de Gogol, 118 illustrations, Teriade, Éd. Verves, 1948
- Les Fables de La Fontaine, 100 illustrations, Teriade, Éd. Verves, 1952
- La Bible, 150 illustrations, Teriade, Éd. Verves, 1956 et 1960
- Le Monde De Marc Chagall, photographies de Izis Bidermanas, Gallimard, 1959
Liens externes
- Chagall et l'avant-garde russe - Musée de Grenoble
- Catalogue raisonné de l'œuvre graphique
- Musée national du Message Biblique Nice
- (en) Marc Chagall dans Artcyclopedia
- Vidéo: Marc Chagall en 1967, en visite en Suisse, une archive de la Télévision suisse romande
- Vidéo: Marc Chagall en 1976, il évoque son travail, une archive de la Télévision suisse romande
- Site officiel du Musée Marc Chagall à Vitebsk (Biélorussie)
- Marc Chagall à Céret
Bibliographie
- (de) Karl With, Marc Chagall, série Junge Kunst, volume 35, Leipzig, 1923[8]
- Daniel Marchesseau, Chagall ivre d'images, Gallimard, Paris, 1995
- (en) Wyman shoots Chagall, photos de Bill Wyman (Genesis Publications, 1998)
- (de) Nikolaj Aaron, Marc Chagall, Reinbek, 2003
- V.A. Shishanov, Vitebskiĭ muzeĭ sovremennogo iskusstva : istorii︠a︡ sozdanii︠a︡ i kollekt︠s︡ii, 1918-1941, Minsk, Medisont, 2007 (ISBN 9789856530688)
- Nadine Nieszawer, Peintres juifs à Paris. École de Paris (1905-1939), Denoël, 2000 (ISBN 978-2-207-25142-3)
- Didier Ottinger, Le monde renversé de Chagall. Sens dessus-dessous, Actes Sud, 2010 (ISBN 978-2-7427-9093-7)
Notes et références
- Andreï Voznessenski. Lettre de 1936 mentionnée dans Au vent virtuel, les mémoires d'
- Varian Fry, La liste noire, éditions Plon, 1999
- 2003, Folio n° 4183) Qui a raconté ses souvenirs d'enfance avec son père dans Quelques pas dans les pas d’un ange (Gallimard, collection blanche,
- Analyse du travail de Chagall sur la Bible à l'occasion de l'exposition Chagall et la Bible au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme
- Reproduction dans Connaissance des arts n° 673, juillet-août 2009, p. 86
- Collection Marc Chagall au Vereinigung Zürcher Kunstfreunde
- Résultats de vente aux enchères
- La page de titre est ornée, en regard, d'une illustration : la reproduction d'une œuvre de Chagall, datée de 1914 représentant un juif en prière.
Catégories :- Marc Chagall
- Peintre français du XXe siècle
- Peintre russe
- Peintre surréaliste
- Peintre de vitraux
- Peintre à Ceret
- Rêve
- Avant-garde russe
- Personnalité de la culture juive
- Lauréat du prix Yakir Yeroushalayim
- Citoyen d'honneur (Mayence)
- Naissance dans l'Empire russe
- Naissance en 1887
- Naissance à Vitebsk
- Décès en 1985
Wikimedia Foundation. 2010.