- Jean-Baptiste Carpeaux
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Jean-Baptiste Carpeaux, né le 11 mai 1827 à Valenciennes et mort le 12 octobre 1875 à Courbevoie, est un sculpteur, peintre et dessinateur français.
Sommaire
Biographie
Jean-Baptiste Carpeaux grandit dans une famille modeste d'ouvriers à Valenciennes. Il aime dessiner et souhaite faire des études de sculpture au plus grand désespoir de son père. Arrivé à Paris en 1842, Carpeaux commence misérablement sa carrière de sculpteur. En 1844, malgré l'opposition paternelle, il entre à l'École des beaux-arts de Paris. Dix ans plus tard, il remporte le prix de Rome ; il s'installe à la villa Médicis et étudie les grands maîtres : Raphaël, Michel-Ange. Élève de François Rude, il voyage en Italie pour trouver l'inspiration. Il y puise son goût pour le mouvement et la spontanéité. En 1862, rentré à Paris, il est introduit à la cour par son ami et mécène, Eugène d'Halwin de Piennes bientôt chambellan de l'Impératrice. Il sculpte la même année un buste de princesse Mathilde ce qui lui permet d'obtenir plusieurs commandes de la part de Napoléon III. Il travaille pour le pavillon de Flore et l'opéra Garnier.
Il collabore avec l'architecte Gabriel Davioud pour sa dernière œuvre, la célèbre Fontaine des Quatre Parties du Monde de la place Camille Jullian. Il réalise le globe terrestre soutenu par les quatre figures de l'Asie, l'Europe, l'Amérique et l'Afrique. Il ne peut la terminer et c'est Emmanuel Frémiet qui l'achève en ajoutant les huit chevaux bondissants, les tortues et les dauphins du bassin.
En 1869, Carpeaux sculpte la "Fiancée". Le modèle est Amélie Clotilde de Montfort (1847-1908), fille du vicomte Philogène de Montfort, conseiller général de la Marne et général gouverneur du palais du Luxembourg. Il tombe amoureux de son modèle et, la même année, elle deviendra la femme de l'artiste. Il l'a sculptera plusieurs fois en "fiancée" et "en toilette de mariée".
Jean-Baptiste Carpeaux restera très attaché à sa ville natale, Valenciennes et lèguera une partie de ses œuvres au musée des Beaux-Arts de sa ville.
Il est enterré au Cimetière Saint-Roch (Valenciennes)[1] .
Jean-Baptiste Carpeaux est considéré, avec François Rude et Auguste Rodin, comme un des trois plus grands sculpteurs du 19ème siècle.
Carrière artistique
Contexte
Dans le contexte de la sculpture française du XIXe siècle, les multiples commandes publiques auxquelles s'ajoutent le poids de l'Académie et de l'École des Beaux-Arts renforcent plus l'académisme dominant que l'expression personnelle des artistes. Jean-Baptiste Carpeaux est, avec Rude,Cordier et Bartholdi, une des rares personnalités marquantes de cette époque.
Carpeaux sculpteur
Pour Jean-Baptiste Carpeaux "La sculpture, c'est la vie, la vie, c'est le mouvement". Lors de son séjour à Rome, il réalise le Pêcheur à la coquille (1857-1858): ce garçon qui écoute, ravi, le murmure de la mer au fond d'un coquillage, est son premier grand succès. Carpeaux a du talent et tout le monde en convient. En 1861, il réalise son grand chef-d'oeuvre Ugolin della Gherardesca, un père torturé entre deux choix possibles : mourir ou manger ses enfants. Il puise son sujet chez Alighieri Dante, grand poète italien, où s'affirment son romantis et son goût de l'expression. A Paris, il s'assure la protection de Napoléon III, sculpte la princesse impérial, et reçoit des commandes officielles. Chacune de ses oeuvres, où éclatent ses conceptions naturalistes et son désir de restituer un mouvement presque "baroque", fait l'objet de polémiques : le Nu du fronton du baroque, au Louvre, est jugé trop sensuel, La Danse (Carpeaux) (1869) sur la façade sud de l'Opéra Garnier à Paris provoque l'indignation par sa liberté et son réalisme. Atteint du cancer, il réussit à terminer en 1874 le groupe des Quatre Parties du monde pour la fontaine de l'Observatoire.
Carpeaux peintre
« Du peintre mieux vaudrait ne rien dire (…) On ne réussira pas à introduire Carpeaux parmi les peintres du XIXème siècle » [2]. Jean-Baptiste Carpeaux est avant tout connu en tant que sculpteur mais il fut aussi un grand peintre. Il confiait : « j’ai barbouillé bien des toiles (…) j’aime cet art avec passion » [3]. Jean-Baptiste Carpeaux voulait être le modèle de l'artiste universel : peinture, décorateur, sculpteur et architecte.
Les peintures de Carpeaux révèlent une grande diversité de styles et de sujets, elles s’affirment comme des œuvres à part entière, empreintes de spontanéité et de rapidité du dessin. A la différence de ses sculptures, très peu de ses toiles sont sorties de son atelier, il les a gardé à l’abri des regards publics ou est-ce un désir d’en garder une trace dans l’atelier ? Il peint des paysages, des scènes de la vie quotidienne, des portraits et autoportraits, des scènes religieuses, l’histoire de son temps… À tout instant, il prenait des notes, aussi bien dans la rue qu'aux réunions de la Cour. Ses peintures sont nées de ces croquis, avec une apparence voulue d'ébauche et de premier jet. Dans un esprit moderne, ces derniers sont l'expression même de la vie et du mouvement[4].
Cet aspect de la carrière de l’artiste permet de confronter ses sculptures et ses peintures, puisque l’artiste tisse volontairement des rapports entre ces deux arts. Durant son séjour à la Villa Médicis, l’artiste exécute ses premières copies, qu’il poursuivra toute sa vie. Les œuvres de Carpeaux les plus frappantes à examiner ces liens sont ses études peintes d’après ses propres sculptures. Le corps humain est très présent dans la sculpture de l’artiste et l’est aussi dans sa peinture où il reprend ses sculptures les plus célèbres comme Ugolin, Le pêcheur à la coquille (1857-1858), Flore accroupie ou La Danse (Carpeaux) (1869). J.-B. Carpeaux utilise la Grisaille (peinture) dans Ugolin et La Danse, cette technique lui permet d’obtenir des reliefs et des contrastes d’ombres et de lumières. Il s’agit d’œuvres qui semblent bien réelles tant leur matérialité (base, socle, contours, ombre) est marquée. Carpeaux n’a recours à la couleur que pour Flore accroupie [5]. Dès lors, on ne parle plus d’un « Carpeaux d’après les maîtres » mais d’un « Carpeaux d’après Carpeaux ». Le Musée des beaux-arts de Valenciennes, le musée du château de Compiègne, le Petit Palais et le musée d'Orsay à Paris conservent de belles séries de peintures de Carpeaux.
Œuvres
Sculptures
- Le Petit Boudeur, vers 1856, marbre, 0.315 m, musée des Beaux-Arts, Valenciennes.
- Jeune Pêcheur à la coquille, 1858, plâtre, Petit Palais, Paris.
- Ugolin entouré de ses quatre enfants, 1860, bronze, 1.950 x 1.500 m, musée d'Orsay, Paris.
- La princesse Mathilde, 1862, marbre, musée d'Orsay, Paris.
- Le Prince impérial et son chien Néro ou L'enfant au lévrier, 1865, marbre, musée d'Orsay, Paris.
- Pourquoi naître esclave, vers 1868, musée de la Chartreuse, Douai.
- Les Quatre Parties du monde soutenant la sphère céleste, 1868-1872, plâtre, Musée d'Orsay, Paris (Commande de la ville de Paris pour le jardin de l'Observatoire, placé en 1874).
- Le Triomphe de Flore, 1872, terre cuite, musée des Beaux-Arts, Valenciennes.
- Buste de Napoléon III, 1873, plâtre, château de Compiègne.
- Daphnis et Chloé, 1873, plâtre patiné, Petit Palais, Paris.
- L'Amour blessé, 1873-1874, marbre, musée des Beaux-Arts, Valenciennes.
- Saint Bernard, 1874, terre cuite, 0.54 x 0.16 x 0.15 m, musée des Beaux-Arts, Valenciennes.
- Les Trois Grâces, 1874, terre cuite, Petit Palais, Paris.
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Le Chinois, buste en plâtre patiné (1872) par Jean-Baptiste Carpeaux (Petit Palais)
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Original de La Danse par Jean-Baptiste Carpeaux, au musée d'Orsay (Paris)
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La Danse sur la façade sud de l'Opéra Garnier (Paris), copie fidèle de l'original a été exécutée à la demande de André Malraux. Paul Belmondo a commandité l'entière réalisation de cette œuvre au sculpteur Jean Juge en son atelier de St Mandé 1964. (L'original, ayant souffert des intempéries et de la pollution, peut être admiré aujourd'hui au musée d'Orsay)
Peintures
- Le Pêcheur à la coquille (1857-1858), huile sur toile, Musée d'Orsay, Paris.
- Bal costumé au palais des Tuileries (l'empereur Napoléon III et la Comtesse de C.), 1867, huile sur toile, musée d'Orsay, Paris.
- Autoportrait dit "Carpeaux criant de douleur", huile sur toile (1874), Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
- Coucher de soleil, huile sur toile (1872), Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
- La Relève des morts à Montretoux, huile sur toile (1871), Musée des Beaux-Arts de Valenciennes
- Naufrage dans le port de Dieppe, 1873, huile sur toile, Petit Palais, Paris.
- Les Enfants de l'artiste, mine de plomb (vers 1874), Musée du Petit Palais, Paris
Dessins
Diverses figures du groupe La Danse et des croquis, des études préparatoires d'oeuvres sont conservés au musée des beaux-arts de Valenciennes.
- La Charité, dessin à l'encre noire, plume, sur papier vélin, 21,8 x 15,4 cm. Musée d'Évreux.
- Amélie de Montfort, 1869, pierre noire sur papier, Petit Palais, Paris.
- Les enfants de l'artiste, Charles et Louise, endormis, vers 1874, crayon et pierre noire sur papier, Petit Palais, Paris
Hommages
- Portrait de Carpeaux, photographie Numa Blanc, musée Carnavalet, Paris.
- Le sculpteur Antoine Bourdelle réalisa en 1909 un Carpeaux au travail en bronze qui est un hommage personnel et aujourd'hui au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Un buste de Carpeaux se trouve également à la Bibliothèque Jacques Doucet.
- Le Prix du Cercle Carpeaux de l'Opéra national de Paris créé en 1982, récompense chaque année un danseur ou une danseuse du corps de ballet de l'Opéra de Paris.
Bibliographie
- Paul Jamot, Carpeaux peintre et graveur in Gazette des Beaux-Arts, mai 1908.
- Victor Beyer, Annie Braunwald, Lise Duclaux, Sur les traces de Jean-Baptiste Carpeaux , catalogue de l'exposition du Grand Palais, 11 mars-5 mai 1975, Éditions des Musées nationaux, Paris, 1975
- Michel Poletti et Alain Richarme, Jean-Baptiste Carpeaux sculpteur (1827-1875) - Catalogue raisonné de l'œuvre édité de Carpeaux, Univers du Bronze, Paris, Les éditions de l'Amateur
- Claude Jeancolas, Carpeaux peintre et sculpteur, Edita, Lausanne, 1987.
- Laure de Margerie, Carpeaux : la fièvre créatrice, Paris, Découverte Gallimard n°68, RMN, 1989.
- Carpeaux peintre : catalogue de l'exposition au Musée des beaux-arts de Valenciennes 8 oct. 1999 - 3 jan. 2000 et au Musée du Luxembourg à Paris 24 jan. - 4 avr. 2000 (sous dir. Patrick Ramade et Laure de Margerie), Paris, RMN, 1999.
Notes et références
- La Voix du Nord -édition du 15 novmbre 2009 - page 44 Martine Kaczmarek-
- André Pératé - "le Salon d’automne", Gazette des Beaux-Arts, 1907, tome II, p. 386
- Laure de Margerie in Carpeaux peintre, p. 76
- Carpeaux peintre, p. 87
- Carpeaux peintre, p. 82
Liens externes
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