Palmyre

Palmyre
Site de Palmyre *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Le temple de Bel avec l'agora en avant-plan
Le temple de Bel avec l'agora en avant-plan
Coordonnées 34° 33′ 15″ N 38° 16′ 00″ E / 34.55417, 38.26666734° 33′ 15″ Nord
       38° 16′ 00″ Est
/ 34.55417, 38.266667
  
Pays Drapeau de Syrie Syrie
Type Culturel
Critères (i) (ii) (iv)
Superficie 0,36 ha
Numéro
didentification
23
Zone géographique États arabes **
Année dinscription 1980 (4e session)
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Palmyre (en grec ancien Πάλμυρα) est une oasis du désert de Syrie, à 210 km au nord-est de Damas. Son nom sémitique, attesté déjà dans les archives de Mari (XVIIIe siècle avJ.‑C.) est Tadmor (تدمر). Cest toujours son nom actuel.

Vue générale du site
Ville moderne de Tadmor

Sommaire

Histoire

Lorigine de Palmyre

Lhistoire de Palmyre à lâge du bronze est mal connue : la ville se développa sur un tell qui fut au Ier siècle recouvert par la terrasse du Sanctuaire de Bel. Cest au Ier siècle avJ.‑C. que la cité est mentionnée dans les sources gréco-romaines. Elle faisait partie dun réseau marchand reliant la Syrie à la Mésopotamie et à la côte méditerranéenne.

La Bible attribue la construction de Palmyre au roi Salomon (« Et il bâtit Tadmor dans le désert » (II Chr VIII:4)).

Palmyre gréco-romaine

Quand les Séleucides prirent le contrôle de la Syrie en 323 avJ.‑C., la ville devint indépendante. En 41 avJ.‑C., les Romains, conduits par Marc Antoine, essayèrent de piller Palmyre mais ils échouèrent, les habitants de la ville sétant réfugiés avec leurs biens de lautre côté de lEuphrate. On en déduit que les Palmyréniens de cette époque étaient encore pour lessentiel des nomades, vivant de lélevage et du commerce caravanier.

Intégrée à lEmpire romain sous Tibère, dans le cadre de la province romaine de Syrie, Palmyre atteignit son apogée sous Hadrien, qui lui donna le statut de cité libre en 129 apr. J.-C. Cétait alors une ville splendide, qui se développa jusque sous les Sévères. En 212 apr. J.-C., lempereur Caracalla promut Palmyre et sa voisine Émèse au statut de colonie romaine. Larmée romaine y entretenait une garnison de soldats auxiliaires dans un camp au nord de la ville.

Buste funéraire dAqmat, fille dHagagu, descendant de Zebida, descendant de Maan, fin du IIe siècle, British Museum
En jaune, lEmpire de Palmyre en 271

Au cours de la crise du IIIe siècle, Palmyre échappa aux invasions perses qui ravagèrent la Syrie en 252 apr. J.-C. et 260 apr. J.-C.. Après 260 apr. J.-C., ce fut un notable de Palmyre, Odénat, qui fut chargé par lempereur Gallien de coordonner la défense de lOrient. Quand sa veuve Zénobie tenta de prendre le pouvoir comme impératrice avec son fils Wahballat, Palmyre se retrouva impliquée un peu malgré elle dans une guerre civile romaine. En 273 apr. J.-C., vaincue par Aurélien à Antioche puis à Émèse, Zénobie se replia avec ses troupes sur Palmyre, Aurélien vint la poursuivre. Dans un premier temps les notables de Palmyre se rallièrent à Aurélien et chassèrent Zénobie, qui fut arrêtée. Aurélien laissa à Palmyre une petite garnison et rentra en Italie. À ce moment éclata dans la cité une révolte qui tenta de remettre le pouvoir à Antiochos, le père de Zénobie. Aurélien revint sur ses pas, mata la révolte et exerça des représailles sur la ville. Ses principaux sanctuaires furent pillés, et lempereur réquisitionna tout le quartier ouest de la ville pour y installer à demeure la Ière Légion Illyrienne.

Au IVe siècle et par la suite, Palmyre ne fut plus la prospère cité caravanière dautrefois. Cest une ville de garnison, occupée par la Ière Légion Illyrienne, étape dune route militaire reliant la région de Damas à lEuphrate (la Strata Diocletiana). La partie monumentale de la ville fut protégée par un rempart qui laissait en dehors tout le quartier sud (entre le wadi et la source Efqa), quartier peut-être abandonné à cette date. Sous Constantin Ier les forts de la Strata Diocletiana furent pour la plupart abandonnés mais Palmyre demeura jusquau VIe siècle une ville romaine occupée par larmée, tandis que la steppe tout autour était occupée par des communautés de moines monophysites, et contrôlée par les tribus arabes Ghassanides, chrétiennes et alliées de lEmpire. Des églises furent construites, tandis que danciens temples païens comme la cella de Baalshamin ou encore celle du sanctuaire de Bel furent convertis en églises et décorés de peintures murales.

Sous Justinien au VIe siècle lenceinte fut renforcée de tours, et les adductions deau furent restaurées. La ville qui, selon Procope de Césarée, « était devenue depuis longtemps un désert », reçut une nouvelle garnison qui constituait le poste avancé de la Syrie contre les invasions des Perses et surtout contre les arabes palmyriens qui essayeraient de reconquérir leur Empire.

L'urbanisme de Palmyre gréco-romaine

Lancien decumanus.

Au temps de son apogée au début du IIIe siècle, la ville de Palmyre était beaucoup plus étendue que lactuel site archéologique, pourtant très vaste. La plupart des maisons étaient faites de briques crues, qui nont guère laissé de vestiges visibles. Ce que lon voit aujourdhui cest le squelette de pierre de la ville, cest-à-dire les monuments publics, ou parfois simplement les colonnes qui entouraient latrium des demeures les plus riches, tandis que le reste a disparu.

La ville se développa dabord à lemplacement du sanctuaire de Bel puis, quand le grand parvis fut construit au Ier siècle, elle sétendit entre le sanctuaire de Bel et la source Efqa au sud-ouest ( aujourdhui il ny a plus que les jardins de loasis). Autour de la ville vinrent se fixer des familles arabes dorigine nomade, chacune autour de son sanctuaire tribal, comme celui de Baalshamin ou, tout à louest sur la route dÉmèse, celui dAllat. Au cours du IIe siècle ces banlieues furent intégrées au tissu urbain avec la construction du quartier monumental structuré autour de la grande colonnade.

Pendant cette période prospère, Palmyre était une ville ouverte, dépourvue de remparts. Il existait un mur (traditionnellement appelé « mur de la douane ») entourant un très vaste secteur tout autour de la ville, mais ce mur de pierres ou de briques crues selon les secteurs navait aucune fonction militaire ou de prestige, cétait, semble-t-il, une simple limite administrative pour le paiement des taxes fixées par le « tarif de Palmyre », datant de lempereur Hadrien. À la fin du IIIe siècle, un rempart défensif fut construit à la hâte en remployant des pierres prélevées sur des monuments funéraires, et ne protégeant que le quartier monumental, tandis que le reste de la ville était sans doute abandonné.

La société palmyrénienne

Stèle d'Atenatan Gurai (mort en 133). Ny Carlsberg Glyptothek, Copenhague
Stèle de la « Beauté de Palmyre » (morte vers 200). Ny Carlsberg Glyptothek, Copenhague

Les très nombreuses inscriptions retrouvées sur place permettent de connaître lorganisation de la cité à lépoque romaine. Palmyre adopta les institutions grecques : elle était gouvernée par une boulè, assemblée des principaux propriétaires terriens, et un démos (peuple) constitué des citoyens. Les responsabilités particulières étaient confiées à des magistrats pris dans la boulè, tels que les stratèges ou les agoranomes.

Ces institutions étaient demeurées en place jusquau IVe siècle, y compris, semble-t-il, pendant la crise du IIIe siècle, quand Odénat fut salué du titre de resh (en grec « exarque ») de Palmyre : il dut sagir dun commandement militaire. Quant au titre de « Roi des rois » porté plus tard par ce même Odénat, et repris par sa veuve Zénobie et son fils Wahballat, il ne signifiait pas pour autant que Palmyre ait changé de régime, puisque les inscriptions montrent quà cette époque cest toujours la boulè et le démos qui font les lois.

À côté de ces institutions civiles, les élites de la cité étaient organisées en collèges de prêtres pour le culte rendu aux principaux dieux. Le plus prestigieux de ces collèges était celui des prêtres de Bel, présidé par le symposiarque (« chef du banquet »).

Les commerçants et les artisans de Palmyre étaient organisés eux aussi en corporations : on connaît celles des corroyeurs, des orfèvres, des fabricants de radeaux doutres (radeaux pneumatiques nommés keleks utilisés jusquau IXe siècle pour descendre lEuphrate ou le Tigre).

Le commerce caravanier

Palmyre fut du Ier siècle au IIIe siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, prenant le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens. Palmyre exploitait une route caravanière qui, passant par des caravansérails dans la steppe, gagnait les bords de lEuphrate et les longeait jusquà la région de Babylone. De ces caravanes gagnaient le royaume de Mésène à lembouchure du Tigre et de lEuphrate. Des navires partaient de pour gagner lInde ou dautres ports de lOcéan Indien. On a récemment retrouvé une tablette votive laissée par un Palmyrénien nommé Abgar, en 256 apr. J.-C., sur lîle de Socotra au large de la Somalie.

Les caravanes de Palmyre étaient des entreprises saisonnières et annuelles. Les différents marchands s'associaient pour grouper leurs expéditions, sous la responsabilité d'un « synodiarque » ou « chef de caravane », puissant commerçant qui prenait en charge une partie des frais. Si des caravansérails ont été identifiés par les archéologues aux sorties de la ville, cest au cœur du quartier monumental que se trouvait le centre commercial, une place entourée de boutiques et nommée « agora » de Palmyre.

Dalle funéraire portant une inscription : « [au mois de] Nisan, lan [3]08. Ceci est la tombe de Zabdibôl, fils de (...) ’Ataraùri des Benê Komrê, quil a faite pour lui et ses enfants. » Calcaire, an 4 av. J.-C. Musée du Louvre. Provenance : Palmyre.
Inscription palmyrénienne. Musée du Louvre.

Des communautés de commerçants palmyréniens expatriés étaient installées à demeure dans les différentes étapes de ce réseau commercial. On connaît grâce aux inscriptions lexistence de cette diaspora à Séleucie du Tigre (au sud de lactuelle Bagdad) au Ier siècle, puis à Ctésiphon (capitale des Parthes, face à Séleucie), à Vologésias, cité commerciale fondée par les Parthes sans doute non loin du site de Babylone, et surtout à Spasinou Charax (ou Charax de Mésène), capitale du royaume de Mésène. , la communauté palmyrénienne était si implantée et si influente que des Palmyréniens pouvaient y occuper des fonctions officielles auprès du roi. Dautres Palmyréniens étaient implantés en Égypte sur les bords de la mer Rouge. Enfin, il existait une communauté palmyrénienne à Rome même, installée au IIe siècle dans le quartier du Trastevere.

Ce trafic caravanier s'est poursuivi jusquaux années 260 apr. J.-C., y compris quand la Mésène et la Mésopotamie étaient sous la domination des Perses Sassanides. Cest après lassassinat dOdénat et la tentative de prise du pouvoir par Zénobie que les caravanes cessèrent dêtre attestées. Beaucoup plus tard au VIe siècle, cest la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prendrait la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier.

Les marchandises exotiques dont Palmyre faisait ainsi commerce du Ier au IIIe siècle étaient mal connues dans le détail. Il est certain quil sagissait pour lessentiel de marchandises précieuses, représentant une grande valeur sous un faible volume, comme les tissus de luxe (notamment la soie), les perles, les pierres précieuses, les aromates. Les Palmyréniens eux-mêmes, du moins les plus riches, étaient grands amateurs de ces produits. Les reliefs représentant les riches Palmyréniens en costume parthe montrent que ces costumes étaient couverts de rangées de perles, qui ne viennent guère à cette époque que de lInde ou de lîle de Ceylan. Dautre part, on a retrouvé dans les tombes de Palmyre des fragments de soieries chinoises, parfois brodées de dragons.

Les guerriers de Palmyre

Pour protéger ces caravanes, les Palmyréniens se faisaient aussi soldats. Le territoire de Palmyre, au nord de la ville, possédait au IIe siècle de véritables haras dans la steppe lon élevait des chevaux, à des fins qui ne pouvaient être que militaires. La ville elle-même avait une garnison de larmée régulière romaine, mais les bédouins ou les paysans du territoire de la cité formaient des guerriers montés sur des chevaux ou des chameaux et combattant à la lance ou à larc.

Ces guerriers arabes furent enrôlés dans larmée romaine, surtout à lépoque des Sévères. Certains furent incorporés à larmée régulière, comme la XXe Cohorte des Palmyréniens, unité de cavalerie qui formait la garnison de Doura Europos aux bords de lEuphrate sous Sévère-Alexandre. Dautres, servant comme numeri, troupes informelles commandées par des officiers romains mais gardant leur équipement traditionnel, furent basés sur les bords du Danube ou encore, pour des méharistes, dans la province de Numidie (en Algérie actuelle). Il nest pas douteux que cette cavalerie palmyrénienne ait constitué une grande partie des forces militaires dOdénat puis de Zénobie.

Les dieux de Palmyre

Dieux de Palmyre : de gauche à droite, le dieu de la Lune Aglibol, le « Seigneur des Cieux », Baalshamin, dieu solaire, et « lAnge du Seigneur », Malakbel, Musée du Louvre.
La procession du Bétyle sur un chameau

Selon Jean Starcky, les Palmyréniens de lépoque hellénistique adoraient une divinité suprême nommée Bôl (« le Seigneur » dans le dialecte araméen de Palmyre). Très tôt, sous linfluence de Babylone, ce dieu suprême fut désigné comme Bel, forme babylonienne. Dautres dieux lui étaient associés comme Aglibol (dont le nom conserve la forme ancienne) et Malakbel, littéralement «lAnge (malak) du Seigneur (Bel)». Ce sont , semble-t-il, les dieux historiques de Palmyre.

Avec larrivée dautres Syriens ou de nomades arabes de plus en plus nombreux, dautres dieux vinrent ajouter leurs sanctuaires à celui de Bel, voire sy assimilèrent. Cest ainsi quon éleva un temple au dieu solaire syrien Baalshamin (littéralement « le Seigneur (Baal) des Cieux (shamin) »), qui fut assimilé à Bel. Dautres Arabes édifièrent à louest de la ville un sanctuaire à la déesse arabe Allat, assimilée par les Grecs à Athéna. Dans ce temple, fouillé par les archéologues polonais, ont été retrouvées deux statues dAllat : la première, du Ier siècle, représente la déesse comme un lion protégeant une gazelle, la seconde, plus récente, est tout simplement une statue en marbre dAthéna, dans le style de Phidias, importée de Grèce. Au sud du sanctuaire de Bel se trouvait le sanctuaire de Nébo, un dieu dorigine babylonienne (Nabu), assimilé par les Grecs à Apollon.

Dautres dieux étaient attestés à Palmyre : Arsou et Azizou, dieux chameliers protecteurs des caravanes, ainsi que le dieu Hammon, dorigine sans doute égyptienne.

Le culte le plus important était rendu à Bel, le dieu protecteur de la cité. Cest à lui que fut dédié limmense sanctuaire de Bel, entouré de portiques, orné de dizaines de statues de bienfaiteurs ayant contribué à le construire. Ce sanctuaire, à peu près contemporain du Temple de Jérusalem bâti par Hérode Ier le Grand, lui était très comparable, tant pour les dimensions que pour la disposition générale et le style architectural. Sur limmense parvis ouvert sur la ville par des propylées entourés de deux tours se trouvaient un bassin, un autel monumental pour les sacrifices, une salle des banquets se réunissaient les prêtres de Bel, et surtout la cella monumentale, à laquelle sans doute seuls les prêtres pouvaient accéder. À lintérieur, deux niches surélevées (léquivalent du Saint des Saints) contenaient les statues divines. Concession à lEmpire romain, on y plaça au Ier siècle aussi la statue de Germanicus et de Tibère.

Le dieu était peut-être aussi présent sous la forme dun bétyle. Une niche, creusée dans le mur extérieur de la cella, abritait sans doute une pierre sacrée à laquelle les pèlerins pouvaient ainsi accéder, comme celle de la Kaaba de la Mecque. Un bas-relief représente la procession de la pierre sacrée (ou est-ce autre chose?), placée sur un chameau dans une qubba fermée par des tentures, et au passage de laquelle les femmes voilent complètement leur visage de manière rituelle.

La ville islamique

Le château Qalat ibn Maan, vu de la ville antique
Le château Qalat ibn Maan

Palmyre fut prise au VIIe siècle par les Musulmans, quand elle ouvrit ses portes en 634 à Khalid ibn al-Walid. Sous les califes omeyyades, la ville évolua. La construction de boutiques au beau milieu de la grande colonnade transforma cette artère principale en souk, comme dans les autres villes de Syrie. Les califes firent construire dans la steppe aux environs de Palmyre des domaines luxueux, comme Bkhara au sud-est (ancien fort romain transformé en château omeyyade), ou le magnifique palais de Hisham à Qasr el Heyr el Gharbi, à louest de la ville. Palmyre elle-même eut à souffrir des guerres civiles qui aboutirent à la fin des Omeyyades.

Au temps des Croisades, Palmyre dépendit des émirs seldjoukides de Damas, puis passa au pouvoir de latabeg bouride Tughtekin, puis de Mohammed fils de Shirkuh, en tant quémir de Homs dépendant de Saladin. Ce fut quand Palmyre dépendait des Bourides de Damas quen 1132 le chambellan Nasir ad-Din transforma le sanctuaire de Bel en forteresse. La cella du temple fut transformée en mosquée. Au XIIIe siècle la ville passa sous le contrôle du sultan mamelouk Baybars (le texte dun décret de Baybars relatif aux droits de pâturage des habitants de Tadmor a été retrouvé gravé sur le mur est de la cella de Bel).

La ville fut pillée par Tamerlan en 1401, mais semblait sen être relevée. Au XVe siècle Ibn Fadlallah al-Omari décrivit Tadmor en vantant ses « vastes jardins, la prospérité de son commerce et ses curieux monuments ». Au XVIe siècle Fakhr ed-Din al Maany fit construire un château-fort, le Qalat Ibn Maan, sur la montagne qui domine la ville à louest. À lépoque ottomane, Palmyre décline. Au XVIIe siècle la ville semblait avoir retrouvé ses dimensions de lÂge du Fer : ce nest plus quun village enfermé dans lenceinte fortifiée de lancien sanctuaire de Bel. Tout le reste a été abandonné.

Du XVIIe siècle à nos jours

À partir du XVIIe siècle, Palmyre devint célèbre en Europe car des voyageurs européens en publièrent des descriptions enrichies de gravures saisissantes. Ses magnifiques ruines, la qualité classique de son architecture remontant à lépoque romaine (IIe siècle), formèrent un contraste saisissant avec le désert alentour.

Au XIXe siècle les Ottomans y installèrent une petite garnison, tandis que les archéologues venus dEurope et des États-Unis commencèrent létude systématique des ruines et des inscriptions.

Après la Première Guerre mondiale, la Syrie est occupée par les Français dans le cadre dun mandat de la Société des Nations. Larmée française implante à Palmyre une unité de méharistes et construit un terrain daviation pour le contrôle aérien de la steppe. Les fouilles archéologiques sont organisées sur une grande échelle : le village qui occupait le sanctuaire de Bel est détruit et la population relogée dans une ville moderne construite au nord du site archéologique, tandis que le temple antique est restauré.

Depuis lindépendance de la Syrie, la ville moderne de Tadmor sest considérablement développée. Le terrain daviation est devenu une base militaire, mais le projet d'en faire un aéroport civil pour développer le tourisme na jamais été mené à bien. Il y a aussi une prison. Comme dans lAntiquité, la ville vit de lagriculture dans loasis, de lélevage bédouin dans la steppe, tandis que les profits autrefois tirés du grand commerce sont remplacés par les revenus non négligeables du tourisme.

Panorama du site de Palmyre

Description du site archéologique

Vestiges de la ville gréco-romaine

Temple de Ba'al (ou Bel)

Lédifice le plus imposant de Palmyre est lénorme temple hellénistique de Ba'al (Bel), qui a pu être décrit comme « le plus important édifice religieux du premier siècle de notre ère au Moyen-Orient »[1]. Il est fort bien conservé, présentant des éléments architecturaux jusqu'à son sommet orné de merlons triangulaires jointifs. Le sanctuaire central (cella) a été construit au début du Ier siècle après J.-C., suivi d'un grand portique à double colonnade d'ordre corinthien. Le portique ouest et lentrée (propylée) datent du IIe siècle. Le temple mesure 205 x 210 m.

Arc triomphal et decumanus à colonnades

Partant du temple, une rue à colonnades, qui correspond à lancien decumanus, conduit au reste de la ville antique. Un arc monumental, datant de Septime Sévère (début du IIIe siècle) ouvre la voie triomphale et présente de riches décorations. Il reste assez peu du temple de Nabu, à part son podium, et ce que lon appelle aujourdhui les bains de Dioclétien.

Théâtre

Le théâtre présente aujourdhui 9 rangées de gradins, mais il devait en comporter 16 à lorigine, grâce à ladjonction dune structure en bois[2]. Il a été daté du début du Ier siècle siècle de notre ère. Derrière le théâtre se trouve un petit Sénat, les notables locaux examinaient les lois et les décisions politiques, et ce que lon nomme « cour du Tarif », à cause dune inscription laissant penser à la perception dun droit de péage coutumier pour les caravanes. À proximité sétend la grande agora (48 x 71 m), avec les restes dune salle de banquet (triclinium). Lentrée de lagora était décorée de statues de Septime Sévère et de sa famille.

Tétrapyle

La première section des fouilles se termine par un monument en grande partie restauré, appelé tetrapylon ou tétrapyle (monument à « quatre colonnes »), qui consiste en un soubassement soutenant quatre ensembles de quatre colonnes (une seule de ces colonnes est dorigine, en granite égyptien).

Camp de Dioclétien

Une rue transversale mène au camp de Dioclétien, construit par le gouverneur de Syrie Sosianus Hieroclès[3], avec le reste de la grande principia centrale (salle abritant les insignes des légions).

Camp de Dioclétien

Autres vestiges urbains

On voit à proximité les vestiges du temple de la déesse syrienne Allat (IIe siècle après J.-C.), la porte de Damas et le temple de Baal-Shamin, érigé en 17 après J.-C. et développé plus tard sous le règne dOdénat. Un portique menant à la cella présente de notables vestiges.

Art funéraire

En dehors des murs de leur cité, les Palmyrènes construisirent une série de grands monuments funéraires, qui forment maintenant la Vallée des tombes, nécropole qui sétend sur une longueur dun km, avec toute une série de grandes structures très richement décorées. Ces tombes, dont certaines sont en sous-sol, ont été creusées ou construites avec des compartiments les morts reposaient étendus. Des stèles calcaires, avec des bustes des défunts (de style parthe, romain ou iranien) sculptés en haut-relief, scellaient louverture rectangulaire des compartiments. Ces reliefs, qui représentent la personnalité ou lâme de la personne enterrée, sintègrent à la décoration murale de la chambre funéraire.

Les stèles qui représentent des scènes de banquets correspondent au tombeau collectif dune famille plutôt quà celui d'un individu.

Campagnes de fouilles

Des équipes archéologiques de différents pays ont travaillé sur lune ou lautre partie du site. En mai 2005, cest une équipe polonaise qui fouillait le temple de Lat, elle a mis au jour une statue de pierre très finement détaillée de la déesse ailée de la Victoire (Nikè).

Vue panoramique du site de Palmyre

Notes et références

  1. (en) Ross Burns, Monuments of Syria, London and New York, 1999, p. p. 165 
  2. (en) Ross Burns, Monuments of Syria, London and New York, 1999, p. p. 169 
  3. (en) Ross Burns, Monuments of Syria, London and New York, 1999, p. p. 171 

Voir aussi

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Bibliographie

Liens externes


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