- Pharaon
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Pour les articles homonymes, voir Pharaon (homonymie).
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D'après l'historiographie égyptienne, la monarchie fut créée par le démiurge qui la transmit aux dieux ses successeurs, puis à des créatures divines, les suivants d'Horus qui, dans les listes royales, précèdent immédiatement les rois historiques. Pharaon avait donc une mission à remplir : mettre en œuvre la règle de Maât sur terre c'est-à-dire assurer l'harmonie entre les hommes et le ciel, être garant de la morale de son peuple, contribuant ainsi à assurer son éternité et la prospérité de l'Égypte. Maintenir l'ordre du monde (Maât) et combattre le Mal (Isfet) sous toutes ses formes, c'est satisfaire les divinités qui « vivent de Maât ». Aussi Pharaon se doit-il de bâtir, de restaurer et d'agrandir les temples, d’assurer le bien-être de ses sujets et de veiller à l’accomplissement correct des rites. Dans la pratique, il délègue l'exercice du culte au clergé qu'il supervise.
Il revenait à Pharaon de choisir seul la politique à mener. Comme pour le culte, il déléguait l'exécution de ses décisions à une cohorte de scribes, de conseillers et de fonctionnaires :
- au(x) vizir(s), sorte de premier ministre, de faire exécuter ses décisions et rendre la justice en son nom ;
- au général des armées d'organiser et de mener les campagnes militaires qu'il décide ;
- au grand prêtre de veiller aux rites et de gérer les biens du clergé ;
- aux scribes de répertorier les décrets, les transactions, les récoltes ;
- aux simples prêtres de rendre hommage aux dieux en ses lieu et place.
Sommaire
Étymologie
Égyptien ancien, grec ancien, hébreu
Per-âa
pr-ˁȝ Le mot français « pharaon » dérive du grec ancien φαραώ / pharaố, mot introduit dans cette langue par la traduction en grec de la Bible. Il dérive de l'égyptien ancien per-âa (pr-ˁȝ en transcription scientifique).
Ce mot désignait à l'origine le palais royal (en tant qu'institution) et signifiait « la grande (ˁȝ) maison (pr) ».
Sur le papyrus Westcar (5,2), on trouve
« la grande maison » et, dans la Prophétie de Néferty[2],
ce qui signifie peut-être « celui de la plus grande des maisons », à moins que le dernier signe ne soit le déterminatif[3]. Dans la Bible, le mot « farao » (פרעה) désigne plutôt l'institution qu'un monarque précis. Il y a deux pharaons, ou rois d'Égypte, dans la Genèse : celui qu'Abraham rencontre [4], quand il descend en Égypte avec son épouse, et celui que rencontrent Joseph et ses frères. On en trouve également deux dans l'Exode : celui de la naissance et du mariage de Moïse — qui meurt au verset 2, 23 [5] — puis celui de la sortie d’Égypte emmenée par le même Moïse. Un Pharaon apparaît également dans les livres des Rois, du temps de Salomon, qui épouse sa fille. Dans le Deuxième livre des Rois (23, 29-35)[6] et dans le Livre de Jérémie (46, 2) [7], le « Pharaon Neco » est nommé. Il est identifié avec Nékao II.
Flavius Josèphe écrit à ce sujet :
« D'aucuns se seront demandé pourquoi tous les rois égyptiens, depuis Minaeos (Ménès), le fondateur de Memphis, qui précéda de beaucoup d'années notre ancêtre Abraham, jusqu'à Salomon, dans un intervalle de plus de treize cents ans, ont été appelés Pharaon (Pharaôthès) ; aussi ai-je jugé nécessaire, pour dissiper leur ignorance et éclaircir l'origine du nom, de dire ici que Pharaon chez les Égyptiens signifie roi. Je crois qu'à leur naissance ils recevaient d'autres noms, mais dès qu'ils devenaient rois, on leur donnait le titre qui désigne leur puissance dans la langue nationale. C'est ainsi que les rois d'Alexandrie, d'abord appelés d'autres noms, recevaient à leur avènement au trône le nom de Ptolémée, d'après celui du premier roi. De même, les empereurs romains, après avoir porté d'autres noms de naissance, sont appelés César, titre qu'ils tiennent de leur primauté et de leur rang, et abandonnent les noms que leur ont donnés leurs pères. Voilà pourquoi, je suppose, Hérodote d'Halicarnasse, quand il raconte qu'après Minœos, le fondateur de Memphis, il y eut trois cent trente rois d'Égypte, n'indique pas leurs noms, parce qu'ils s'appelaient du nom générique de Pharaon. »
« Pharaon » et Champollion
Charles Rollin publia en 1730 Histoire ancienne, les souverains de l'Égypte y sont des rois. Pharaon est absent également dans l'œuvre monumentale des savants de Bonaparte, la Description de l'Égypte parue en 1821. Pour L.-P. de Ségur[8], Pharaon est un roi égyptien qui donna sa fille en mariage à Salomon, roi d'Israël.
Une recherche dans les livres publiés en France, avant le début du XVIIIe siècle, montre que le terme pharaon a uniquement été utilisé dans des contextes d'inspiration biblique[9]. En français, pharaon était donc confiné aux textes inspirés de thèmes religieux. Dans tout autre texte, le souverain de l'Égypte était un roi.
Jean-François Champollion fut le premier à se servir du mot en dehors du contexte biblique. Depuis la publication en 1814 de L'Égypte sous les Pharaons, « Pharaon » est utilisé par les auteurs comme titre des rois d'Égypte. En 1822, dans la Lettre à Monsieur Dacier, c'est « roi » qui est utilisé. Il ne trouvera toutefois jamais l’équivalence entre per-aâ et pharaon, mais il reprend l'utilisation de pharaon après 1822. Champollion ne donna jamais d'explication pour l'emploi de ce barbarisme.
Emploi de « pharaon » chez les Égyptiens de l'époque dynastique
En 1856, Emmanuel de Rougé proposa une réponse satisfaisante où pharaon vient du mot égyptien pour désigner le palais gouvernemental (pr-ˁȝ). À partir d'Akhénaton, Pharaon en écriture hiéroglyphique sert à désigner le roi. Ne manquant pas de titres et de désignations, pour quels motifs Akhénaton a-t-il utilisé Pharaon pour se désigner, cela demeure un mystère. Ce peut être par complaisance envers l'armée, la prêtrise et l'administration qui utilisaient déjà ce mot dans leurs propres titres ou bien a-t-il vu dans pr-ˁȝ le point de départ de son enseignement religieux, de son rayonnement.
Pa-râ
pȝ rˁ Les Égyptiens rapprochaient les mots ayant les mêmes consonnes ; ils y voyaient là l'écho sonore de l'énergie essentielle qui suscita l'univers. Pharaon (pr-ˁȝ) et Le Dieu Soleil (pȝ rˁ) ont les mêmes consonnes, le mot soleil Ra se trouve au milieu de pr-ˁȝ, c'est peut-être là que se trouve la réponse. Les lettres d'Amarna en témoignent, les vassaux d'Akhénaton l'appelaient « mon soleil ». Nous retrouvons là les propositions d'Ippolito Rosellini et d'Emmanuel de Rougé pour l'origine de pharaon.
Pendant tout le Nouvel Empire la désignation Pharaon n'est jamais suivie du nom du souverain, c'est une alternative moins employée de majesté.
Christiane Desroches Noblecourt fait remonter la première attestation de per-aâ au sens de « pharaon » à l'an XII du règne conjoint de la reine Hatchepsout-Maâtkaré et de son neveu, Thoutmôsis III-Menkhéperrê[10]. Elle serait ensuite employée pour désigner Thoutmôsis seul. Pour d'autres égyptologues, cette attestation remonterait à l'époque de Ramsès II ou de Ramsès III[réf. nécessaire].
Pendant la IIIe période intermédiaire et la Basse Époque, les rois sont étrangers ou vassaux et certains ne parlent pas l'égyptien. À cette époque, « pharaon » est associé occasionnellement au nom de naissance du roi. Le premier sera Siamon, suivit de Sheshonq Ier à titre posthume. L'égyptien démotique prend naissance, « pharaon » devient le mot pour dire « le roi » (beaucoup d'historiens préfèrent assimiler le titre de Pharaon à celui d'empereur ce qui, semble-t-il, correspond mieux à la réalité), le mot « pharaonne » (le titre de grande épouse royale) est inventé pour désigner la reine son épouse.
Pendant la période des Ptolémées, le souverain est surtout un basileus. Ptolémée II voulait que ses tribunaux connaissent les lois régissant les différents groupes ethniques de son royaume, pour les juger selon leurs coutumes. À sa demande, les juifs d'Égypte traduisent en grec leurs lois et auraient introduit à cette époque le mot Pharao dans cette langue à partir de l'hébreu. C'est ce mot Pharao qui deviendra Pharaon en français en passant par le latin.
Les souverains romains, à qui l'Égypte appartenait en propre, furent représentés par un préfet et de ce fait reçurent le nom de Pharaon dans leur titulature. Ce nom, déterminé par les prêtres égyptiens, était le plus approprié pour définir leur programme de règne qui était laissé à l'initiative de l'institution impériale locale, dont le responsable changeait souvent et résidait au palais gouvernemental.
Développé au IIIe siècle de notre ère, le copte est la dernière forme de l'écriture égyptienne. Le mot pour roi y est (p)rro, le mot pour pharaon est pharaw ; l'utilisation de ces deux mots dans un même texte démontre que les Égyptiens n'en connaissaient plus l'origine commune.
Emploi de « pharaon » chez les Égyptiens de l'époque moderne
La nécropole thébaine s'appelle « Biban-el-Molouk » que nous traduisons par « Vallée des rois ».
Au XVIIIe siècle, Pharaon était signalé par le consul de Louis XIV en Égypte comme étant un terme injurieux. H. Fischer rapporte que c'est encore un terme méprisant pour les Égyptiens de notre époque, un équivalent de « diable ». Le mot est utilisé depuis au moins le XVIe siècle dans le surnom de l'ichneumon, rat des pharaons.
Dans le livre de Frédéric Cailliaud de 1821 Voyage à l'oasis de Thèbes, un type de coquillage trouvé sur la mer Rouge est appelé « coquille de Pharaon ». Dans ce livre, l'auteur n'emploie jamais le mot pharaon, mais il est vrai que le récit ne s'y prête pas ; comme tout le monde il parle de vallée des rois. Dans ses livres suivants, Voyage à Méroé publiés en 1826-1827, il emploie le titre Pharaon devant un nom de roi. Entre les deux publications, Champollion avait trouvé la clé de l’écriture égyptienne et sa méprise entrait dans la tradition moderne.
Titulature
Les pharaons portaient une titulature composée de cinq noms, titulature complexe apparue au cours de l'Ancien Empire.
Pour les anciens Égyptiens, le nom (ren) donne vie à la chose qu'il désigne. D'où l'importance qu'attachaient les pharaons aux noms qui les désignaient et l'acharnement avec lequel ils firent marteler ceux d'un prédécesseur honni. Aux premiers temps de l'institution pharaonique, alors que la titulature royale ne comportait que le seul nom d'Horus, celui-ci était inscrit à l'intérieur d'un serekh représentant le palais du roi et pouvant être interprété comme un symbole de protection magique. Par la suite, avec l'apparition de la titulature complète, les deux derniers noms royaux étaient protégés par le cartouche, ovale magique qui représentait à l'origine une corde nouée à l'une des extrémités[11], le serekh étant réservé au nom d’Horus dans les grandes inscriptions dédicatoires arrangées en colonnes.
Par ailleurs, le roi était encore appelé « Sa Majesté » (Hemef) :
avec souvent, accolée à son nom, la formule optative :
désignée par les égyptologues par l'acronyme V.S.F. et généralement traduite par « vie, santé, force », bien qu'on lui préfère maintenant le sens « vie, prospérité, santé ». Le nom du roi est également souvent suivi d'une formule commune :
Doué de vie comme Rê, qui se retrouve dans un grand nombre de textes et d'inscriptions.
Exemple de titulature
Titulature de Sésostris Ier :
L'Horus Ânkhmessout.
Celui des deux maîtresses Ânkhmessout.
L'Horus d'Or Ânkhmessout.
Le Roi de Haute et Basse Égypte Kheperkarê, doué de vie comme Rê.
Le Fils de Rê Sésostris doué de toute vie, tout pouvoir, toute stabilité et toute santé, vivant éternellement.
Histoire
Il est bien difficile de dater avec précision les débuts de l'histoire pharaonique, tant les témoignages de cette période sont peu nombreux et se confondent avec l'aube de l'Histoire (et donc de l'écriture). La tradition égyptienne faisait de Ménès (Narmer en grec) l'unificateur du pays (alors divisé en deux royaumes) et le premier des pharaons humains après le règne des suivants de Horus. Des témoignages archéologiques, comme la palette de Narmer, semblent confirmer l'unification du pays aux alentours de -3200, mais les égyptologues pensent que l'institution pharaonique pourrait lui être antérieure.
Le dernier pharaon autochtone est Nectanébo II (-358/-341) de la XXXe dynastie. Les empereurs romains s’affirmeront les successeurs légitimes des pharaons, mais on s'accorde à dire que l'ultime représentant de l'institution pharaonique proprement dite est le dernier Lagide, Césarion (Ptolémée XV), le fils de Jules César et de Cléopâtre.
Chronologie
La plus ancienne chronologie complète disponible fut établie par le prêtre égyptien hellénisé Manéthon, à qui Ptolémée II (-282/-246) avait demandé de rédiger en grec une histoire de l'Égypte. Son œuvre suppose que les Égyptiens conservaient dans les archives des temples des listes royales remontant aux origines de la monarchie égyptienne.
Il en subsiste des abrégés fournissant une liste de rois classés en trente et une dynasties, regroupées de la période thinite à la Basse Époque. Les critères de la classification de Manéthon ne nous sont pas connus, mais qu'en tout état de cause il a compulsé des sources égyptiennes, encore que le concept de dynastie qu'il utilise ne corresponde pas à celui que nous pratiquons en Occident. En effet, les dynasties de Manéthon n'ont aucun rapport avec le lien du sang mais avec la ville dont est originaire le pharaon fondateur de la dynastie et qui sert, dans la majorité des cas de capitale dynastique. On trouve donc principalement, tout au long de l'histoire égyptienne des dynasties memphites (Ancien Empire), hérakléopolitaines (Première période intermédiaire), thébaines (Moyen et Nouvel Empire), originaires d'Avaris (période Hyksôs pendant les XVe et XVIe dynasties), tanites (Nouvel Empire et Troisième Période Intermédiaire).
Il existe aussi quelques chronologies contemporaines de l'Égypte pharaonique comme le papyrus de Turin, la pierre de Palerme ou encore la liste de règne du temple d'Abydos datant de Séthi Ier. Cependant ces documents sont à utiliser avec précaution car on ne connait pas les critères de choix ni de classement qui en sont à l'origine. Certains pharaons sont absent de la liste d'Abydos (Hatchepsout, Akhénaton et Toutânkhamon notamment).
Dans les livres consacrés à l'Égypte ancienne, on peut trouver quelques différences dans les dates de règnes, dues essentiellement à la méthode de datation utilisée par les anciens Égyptiens.
Les Égyptiens divisaient l’année en trois saisons : Inondation (Akhet), Germination (Peret) et Chaleur (Shemou), suivies de cinq jours supplémentaires ou épagomènes. Chaque saison comptait quatre mois de trente jours chacun. À l’origine, le début de l’Akhet coïncidait avec le lever héliaque de Sothis qui a lieu, d’après le calendrier julien, le 19 juillet. Toutefois, étant donné que l’année solaire compte 365 jours et six heures – et non 365 jours -, cette différence de six heures entraîna un décalage croissant entre l’année civile et l’année solaire : de telle sorte que la saison Akhet débuta à plusieurs reprises en hiver. Il s'y ajoute que les Égyptiens n’employaient pas de datation absolue. Les événements étaient datés d’après les années de règne de pharaon, p. ex. an 2, 3e mois de l’Akhet, 2e jour sous la Majesté du roi Untel.
Tous les 1460 ans, le début de l’année civile égyptienne (le 19 juillet dans le calendrier julien) coïncide avec le lever héliaque de Sothis, c’est-à-dire l’apparition de l’étoile au lever du soleil. Cette coïncidence frappa les Égyptiens, qui la consignèrent, notamment en 139 de notre ère. Cette dernière date sert de repère et permet ainsi une datation absolue des règnes : en l’an 9 d’Amenhotep Ier par exemple, il y eut aussi coïncidence du début de l’année civile et du lever héliaque de Sothis ; l’an 7 correspondrait donc à -1545.
Il n’empêche que l’établissement d’une datation absolue constitue un vrai casse-tête pour les égyptologues : non seulement, pour être exact, il faudra connaître le lieu de l'observation du lever héliaque de Sothis, mais encore, au Moyen Empire, l'an 1 d'un roi correspondait au début de l’année civile qui suivait son avènement ; au Nouvel Empire l'an 2 du règne commençait 365 jours après le jour de l'avènement ; et enfin, à la Basse Époque, il commençait le jour du lever héliaque de Sothis suivant l'avènement, l'an 1 du règne pouvant être ainsi réduit à quelques jours.
Obs. : - L'orthographe des noms est différente selon que l'on translittère les hiéroglyphes ou que l'on utilise le nom donné par les Grecs. Par exemple, le pharaon Amenhotep (nom transcrit de l'égyptien ancien) est identique à Aménophis (nom grec). De plus, dans certains noms, il y a une antéposition honorifique du nom du dieu, mais l'habitude fait que l'on conserve également le nom sans antéposition tel que connu des premiers égyptologues ; ainsi, Raneb et Nebrê sont le même personnage, un roi de la IIe dynastie.
Liste des pharaons
Articles connexes : pharaons par ordre chronologique et pharaons par ordre alphabétique.Il est impossible de dresser une liste exacte des rois qui se sont succédé sur le trône d'Égypte durant 3000 ans, tant les informations qui nous sont parvenues sont fragmentaires. De plus, il existe des différences chronologiques entre les sources égyptiennes, ce qui explique pourquoi, dans les listes des souverains établies par les égyptologues, certains règnes se chevauchent au lieu de se suivre. Pour finir, certaines périodes troubles de l'histoire ont laissé des lacunes, parfois volontaires, dans la chronologie.
Malgré cela, la plupart des pharaons, et, semble-t-il, les plus importants dans l'histoire pharaonique, sont assez bien connus.
Légitimité du pharaon
Rê, le soleil de l'univers et des hommes sur terre, s'est retiré vers le ciel en laissant aux dieux la direction du monde, puis à des rois semi-divins et enfin à des monarques humains, les pharaons, qui sont ses fils et représentants sur terre.
La légitimité du pharaon est fondée sur l'ascendance divine. Selon la mythologie égyptienne, dans le corps du pharaon coulerait un sang divin provenant de son ancêtre, le dieu Horus. La fonction pharaonique est donc de droit divin et se transmet par le sang.
C’est pourquoi l’héritier de la couronne doit être né de la Grande épouse royale. Étant elle-même d’ascendance divine, elle permet au futur pharaon d’être, de par sa mère et de par son père, d’origine divine. S’il est issu d’une concubine, il épouse sa demi-sœur née de la Grande épouse royale. La mythologie fournit d’ailleurs des exemples d’inceste, avec Geb et Nout, ou encore Osiris et Isis et dans le même ordre d’idées, certains mariages consanguins entre pharaon et sa fille ou ses filles. De telles unions sont attestées notamment pour Akhénaton et Ramsès II. C’est donc à la fois le souci d’assurer la légitimité de l’héritier du trône et la volonté de souligner la nature divine de pharaon qui explique la prérogative royale de l’inceste, car c’est bien d’une prérogative qu’il s’agit. En effet, il semblerait que les mariages entre frère et sœur soient rarement pratiqués par le commun des mortels, bien que ces unions ne fassent l'objet d'aucune interdiction légale et que, dans la société civile, les termes « frère » et « sœur », lorsqu’il s’agit d’une union, doivent être compris au second degré, dans la majorité des cas, comme termes d’affection.
Faute d'héritier mâle, ou quand le nouveau roi est encore un tout jeune enfant (Thoutmôsis III), la fonction peut échoir à une femme de sang divin (Nitokris, Hatchepsout, Taousert) plutôt qu'à un homme qui ne l'est pas ; elle en est donc dépositaire jusqu'à la transmission à son époux, ce qui ne signifie pas que la légitimité monarchique repose uniquement sur le mariage avec une fille de sang.
Les lignées pharaoniques ne réussirent jamais à perdurer ; elles furent régulièrement interrompues par des envahisseurs ou par des coups d'État. Tel pharaon dont la légitimité était douteuse ou contestée pouvait légitimer sa prise du pouvoir en faisant valoir qu'elle avait été voulue par la divinité. Le dieu marquait son choix par un signe, une naissance prodigieuse (les rois de la Ve dynastie, Hatchepsout de la XVIIIe dynastie), un rêve de l'heureux élu (Thoutmôsis IV) au pied du Grand Sphinx, ou un oracle (Horemheb, Alexandre le Grand).
Après trente années de règne, le pharaon fêtait son premier jubilé, la Fête-Sed, pour régénérer ses forces et montrer au peuple qu'il était encore capable de gouverner le pays.
La naissance d'un pharaon
Représentée sur des hauts-reliefs du temple de Deir el-Bahari, la naissance divine de la future reine Hatchepsout (XVIIIe dynastie) correspond à une théologie de la royauté fort importante qu'on retrouve plus tard pour Amenhotep III (XVIIIe dynastie) et Ramsès II (XIXe dynastie). Quand Amon désire engendrer son futur héritier terrestre, il s'adresse à Thot, le dieu de la connaissance, et en fait son éclaireur pour s'assurer que la reine Ahmosis, épouse de Thoutmôsis Ier, soit digne de porter en son sein le futur pharaon. Puis Amon prend les traits de l'actuel roi :
« Alors Amon, ce dieu magnifique, maître des trônes du Double Pays, se transforma et prit l'apparence de Sa Majesté, le roi de Haute et de Basse-Égypte Âakhéperkarê (Thoutmosis Ier), époux de la reine. Il la trouva comme elle dormait dans la beauté de son palais. »
L'accouplement divin intervient alors :
« Après qu'il l'eut approchée étroitement et qu'elle s'extasiait à contempler sa splendeur (nfrw=f) divine, voici que l'amour d'Amon pénétra son corps. Le palais était inondé du parfum du dieu dont toutes les senteurs étaient celles de Pount. (...) Paroles dites par Amon, maître des trônes du Double Pays : (...) Certes, Khene-met-imen-Hatchepsout (Rejeton d’Amon, Première des Nobles Dames) sera le nom de cette fille que j’ai placée dans ton corps. Elle exercera cette bienfaisante royauté dans ce pays tout entier. »
Puis Amon donne à Khnoum, le potier divin, l'ordre de modeler l'enfant et son ka. Lorsque l'épouse royale accouche de la future reine, elle est entourée d’une ennéade de divinités, disposées en trois rangées de trois. L’enfant est présentée à Amon qui lui promet la royauté terrestre ; il en confie l'allaitement à Hathor, la nourrice divine.
Notes
- Jacques Briend, Les Pharaons dans la Bible. Pouvoir du roi, autorité de Dieu, dans Le Monde de la Bible, hors série automne 2006, p. 47
- Hans Wolfgang Helck, bande 2
- K. Sethe, p. 33 : als Ganzes determiniert mit dem Zeichen des Hauses.
- Gn 12 Genèse 12,
- Ex 2 Exode 2,
- 2R 23 2 Rois 23,
- Jr 46 Jérémie 46,
- L.-P. de Ségur, Histoire Universelle ancienne et moderne p. 47, 1822
- Pierre de Ronsard, Sonnet pour Hélène (1578) ; Théodore Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques (1616) ; Jacques Bénigne Bossuet, Histoire Universelle (1681) ; Ch. De Brosses, Du Culte des dieux fétiches (1760) F. de Chantelouve, Tragédie de Pharaon (1574) ;
- Ch. Desroches Noblecourt, La reine mystérieuse, p. 134. D’après
- A. H. Gardiner, Egyptian Grammar, p. 74.
Bibliographie
- (de) Hans Wolfgang Helck, Die Prophezeiung des Nfr.tj, Kleine ägyptische Texte, Wiesbaden, 1992 (réimpr. 2e éd.) ;
- (de) Kurt Heinrich Sethe, Erläuterungen zu den ägyptischen Lesestücken, Darmstadt, 1976 ;
- (en) Alan Henderson Gardiner, Egyptian Grammar, Oxford University Press, 1973 ;
- Christiane Desroches Noblecourt, La Reine mystérieuse Hatchepsout, Pygmalion, 2002.
Photos
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Ramsès II terrasse les ennemis de l'Égypte (temples d'Abou Simbel)
-
Ramsès II sur son char (temples d'Abou Simbel)
Voir aussi
Articles connexes
- attributs du pharaon,
- titulature des pharaons, (ensemble des titres portés par pharaon).
- Jeux vidéo Pharaon et Immortal Cities : les Enfants du Nil.
Liens externes
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