Pétainiste

Pétainiste

Philippe Pétain

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Philippe Pétain
Chef de l'État français (Vichy)
Bundesarchiv Bild 183-H25217, Pétain, edit-1.jpg
Philippe Pétain, lors de l'entrevue de Montoire, le 24 octobre 1940.

Actuellement en fonction
Mandat
(de facto)
11 juillet 1940 - 20 août 1944
Depuis le (de facto)
11 juillet 1940
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Élu(e) le
Constitution Pas de Constitution
Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940
Président(s) du
Conseil
Lui-même
En tant que vice-président du Conseil :
Pierre Laval
Pierre-Étienne Flandin
François Darlan
En tant que chef du gouvernement :
Pierre Laval
Prédécesseur (de facto)
Albert Lebrun (président de la République française)
Successeur (de facto)
Charles de Gaulle, (président du Gouvernement provisoire de la République française)
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Autres fonctions
122e président du Conseil des ministres
Mandat
16 juin 1940 - 19 août 1944
Président Albert Lebrun
Puis lui-même (comme chef de l'État français)
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Prédécesseur Paul Reynaud
Successeur Pierre Laval (en tant que vice-président du Conseil)
Charles de Gaulle (en tant que président du Gouvernement provisoire de la République française)

Ministre de la Guerre
Mandat
9 février 1934 - 8 novembre 1934
Président Albert Lebrun
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Gouvernement Doumergue
Prédécesseur Joseph Paul-Boncour
Successeur Louis Maurin

Titulaire du fauteuil 18 de l'Académie française
Mandat
20 juin 1929 - 15 août 1945
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Prédécesseur Ferdinand Foch
Successeur Fauteuil vacant
André François-Poncet

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Biographie
Nom de naissance Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain
Naissance 24 avril 1856
France Cauchy-à-la-Tour (France)
Décès 23 juillet 1951 (à 95 ans)
France Port-Joinville (France)
Nature du décès
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Conjoint(s) Eugénie Deherain (née Hardon, divorcée de François Deherain)
Enfant(s)
Diplômé École spéciale militaire de Saint-Cyr
Profession Officier général
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Religion Catholicisme
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Présidents du Conseil des ministres
Chef de l'État français

Henri Philippe Benoni Omer Joseph Pétain, couramment nommé Philippe Pétain (1856-1951), est un militaire et homme politique français, fait maréchal de France en 1918.

le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour dans le Pas-de-Calais, il meurt le 23 juillet 1951 à Port-Joinville durant son internement sur lîle d'Yeu en Vendée, il est inhumé.

En tant que chef militaire, le maréchal Pétain est généralement considéré comme le « vainqueur de Verdun » et comme le chef de larmée qui jugula la crise du moral et des mutineries de 1917.

Comme dernier chef de gouvernement de la Troisième République, son nom est associé à larmistice du 22 juin 1940 retirant la France défaite de la guerre contre Hitler. Comme fondateur et chef de l'État du régime de Vichy, il a dirigé la France pendant l'Occupation, du 11 juillet 1940 au 20 août 1944. Il a engagé la Révolution nationale et la collaboration avec lAllemagne nazie.

À 84 ans, en juillet 1940, Philippe Pétain est le chef d'État le plus âgé de l'Histoire de France.

Jugé à la Libération pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison par la Haute Cour de Justice, il est, par arrêt du 15  août 1945, frappé d'indignité nationale et condamné à la confiscation de ses biens et à la peine de mort. Il est gracié par le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, sa peine est commuée en prison à perpétuité.

Sommaire

Biographie

Jeunesse, formation et première carrière

Ayant reçu une éducation catholique, il sert la messe comme enfant de chœur durant sa jeunesse[1]. Impressionné par les récits de son grand-oncle, l'abbé Lefèvre, qui a servi dans la Grande Armée de Napoléon[2],[3], et très marqué par la guerre de 1870 alors quil a 14 ans, il décide dêtre soldat[1].

À partir de 1876, il est élève à lÉcole spéciale militaire de Saint-Cyr, promotion Plewna avec le vicomte Charles de Foucauld, le futur bienheureux et Antoine Manca de Vallombrosa le futur aventurier. Il y entre parmi les derniers (403e sur 412) et en sort en milieu de classement (229e sur 336)[4]. Il est affecté à différentes garnisons, mais ne participe à aucune des campagnes coloniales.

Lors de laffaire Dreyfus, le capitaine Pétain ne participe pas à la souscription au fameux « monument Henry »[5], souscription nationale ouverte par le journal antisémite, La Libre Parole, d'Édouard Drumont, au profit de la veuve de l'auteur du faux document, le colonel Henry, responsable de la condamnation inique du capitaine Dreyfus. Ultérieurement, Pétain confiera navoir pas cru en la culpabilité de Dreyfus, mais accusera ce dernier de sêtre mal défendu, et dira avoir considéré comme normal de le sacrifier à la réputation de lArmée[6]. Dans lensemble, le militaire Pétain soccupe fort peu de la vie politique de lépoque, et reste très discret sur ses opinions personnelles. Au contraire de beaucoup de militaires, il ne sengage à aucun moment, pas plus lors de laffaire des fiches (1904) que de celle de la séparation des Églises et de l'État en 1905.

En 1900, chef de bataillon, il est nommé instructeur à lÉcole normale de tir du camp de Châlons-sur-Marne[7], il soppose à la doctrine officielle de l'époque qui veut que l'intensité du tir prime la précision et qui privilégie les charges de cavaleries et les attaques à la baïonnette[8]. Il préconise au contraire l'utilisation des canons pour les préparations et les barrages d'artillerie, afin de permettre la progression de l'infanterie, laquelle doit pouvoir tirer précisément sur des cibles individuelles[8]. Le directeur de l'école signale la « puissance de dialectique [...] et l'ardeur [...][8] » « avec lesquelles il défend des thèses aussi aventurées[8] ».

En 1901, il occupe un poste de professeur adjoint à lÉcole supérieure de guerre de Paris il se distingue par des idées tactiques originales. Il y retourne de 1904 à 1907 puis de 1908 à 1911 en tant que titulaire de la chaire de tactique de linfanterie. Il sélève alors violemment contre le dogme de la défensive prescrit par linstruction de 1867, « loffensive seule pouvant conduire à la victoire ». Mais il critique aussi le code dinstruction militaire de 1901 prônant la charge en grandes unités, baïonnette au canon. Les milliers de morts daoût et septembre 1914 lui donneront raison.

Le 20 octobre 1912, il est le premier chef dunité de celui qui deviendra le général de Gaulle, alors sous-lieutenant. En septembre 1913, amené à commenter la tactique du général Gallet, qui avait fait charger à la baïonnette des nids de mitrailleuses, il dit : « le général vient de nous montrer toutes les erreurs à ne pas commettre ». Ce qui lui vaut lhostilité de la hiérarchie. Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône l'offensive à outrance[9]. Pétain, lui, préconise la manœuvre, la puissance matérielle, le mouvement, linitiative : « le feu tue ». Ainsi il déclara à un élève officier : « Accomplissez votre mission coûte que coûte. Faites-vous tuer s'il le faut, mais si vous pouvez remplir votre devoir tout en restant en vie, j'aime mieux cela. »

À 58 ans, en juillet 1914, le colonel Philippe Pétain sapprêtait à prendre sa retraite après une carrière relativement médiocre, le ministre de la Guerre ayant refusé sa nomination au grade de général.

En 1920, il épouse Eugénie Hardon, alors divorcée de François Deherain (un fils, Pierre, naquit de cette union). Elle se faisait appeler Annie Pétain car elle n'aimait pas son prénom[10].

L'homme de Verdun

Philippe Pétain
Maréchal de France
Allégeance France Armée française
Grade Général de division[11] (1914)
Service 1876 - 1931
Conflits Première Guerre mondiale
Guerre du Rif
Seconde Guerre mondiale
Commandement 1915 : Commandant de la IIe armée
Faits darmes 1916 : Bataille de Verdun
Hommage La 127e promotion de
lÉcole spéciale militaire de Saint-Cyr (1940-1942) porte son nom

Dès le début de la Première Guerre mondiale, le 3 août 1914, à la tête de la 4e brigade dinfanterie[12], il se distingue en Belgique. Il est promu général de brigade le 31 août 1914[12] et commande la 6e division d'infanterie à la tête de laquelle il participe à la bataille de la Marne, puis devient général de division le 14 septembre[12]. Nommé le 20 octobre général commandant de corps d'armée, il prend le commandement du 33e corps[12] et réalise des actions déclat tout en se montrant soucieux dépargner la vie de ses hommes, dont il gagne le cœur. En juin 1915, il commande la 2e armée[12].

Soldats français à la bataille de Verdun.

En février 1916, cest lui qui commande les troupes françaises à la bataille de Verdun, et son charisme nest pas étranger à lissue victorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme, par exemple, celle du commandant Raynal au fort de Vaux, en a été le facteur décisif. On notera cependant que sa vision stratégique de la bataille lui a permis de comprendre que le meilleur soldat du monde, sil nest pas ravitaillé, évacué en cas de blessure, ou relevé après de durs combats, sera finalement vaincu. Pétain met en place une noria continue de troupes, dambulances, de camions de munitions et de ravitaillement sur ce qui va devenir la « voie sacrée ». Comprenant la valeur de laviation dans les combats, il crée en mars 1916 la première division de chasse aérienne pour dégager le ciel au-dessus de Verdun. Il réaffirme cette vision dans une instruction de décembre 1917 : « Laviation doit assurer une protection aérienne de la zone daction des chars contre lobservation et les bombardements des avions ennemis […] » [13]

Désormais, aux yeux de tous, il est le « vainqueur de Verdun », même si cette appellation sera surtout exploitée plus tard, sous le régime de Vichy.

Philippe Pétain à l'époque de la Première Guerre mondiale.

En 1917, le général Nivelle prend la tête des armées françaises, alors que Joffre nétait que le chef du front du Nord-Est. Le général Pétain est nommé chef d'État-Major général, poste spécialement créé pour lui. Il soppose à Nivelle qui est peu économe du sang de ses hommes, et dont lattitude contraste avec le pragmatisme de Pétain. Cela aboutit à la bataille du Chemin des Dames, à la mi-avril 1917 : 100 000 hommes sont mis hors de combat du côté français en une semaine. Bien que les Français, à défaut de percer, aient tenu, le mécontentement gronde, provoquant des mutineries dans de nombreuses unités. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être lhomme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes en améliorant les conditions de vie des soldats, en mettant fin aux offensives mal préparées et en faisant condamner les mutins, dont seule une minorité est fusillée malgré les exigences des hommes politiques. En octobre 1917, il reprend le Chemin des Dames aux Allemands, par des offensives plus limitées, ne gaspillant pas la vie des soldats et toutes victorieuses.

Certains ont dénié à Pétain le titre mythique de « vainqueur de Verdun » et considèrent cette réputation comme due principalement à sa gestion du moral des combattants, grâce à ses mesures « humaines » et à sa volonté déviter les offensives inutiles, plus quà ses qualités militaires. Parmi eux, ont figuré Joffre, Foch et Clemenceau, qui ont reproché à Pétain son pessimisme[14],[15].

Au début de 1918, il est à lorigine du retour de Foch, qui avait été renvoyé avec Nivelle. Il est désormais à lorigine de la coordination de toutes les troupes alliées, dont Foch est le chef suprême.

En août 1918 la médaille militaire lui est attribuée : « Soldat dans lâme, na cessé de donner des preuves éclatantes du plus pur esprit du devoir et de haute abnégation. Vient de sacquérir des titres impérissables à la reconnaissance nationale en brisant la ruée allemande et en la refoulant victorieusement. » [16]

En octobre 1918, il prépare une grande offensive qui aurait mené les troupes franco-américaines jusquen Allemagne. Prévue à partir du 13 novembre, elle na pas lieu puisque, contre son avis, Foch et Clemenceau ont accepté larmistice demandé par les Allemands.

Après larmistice, Pétain est élevé à la dignité de maréchal de France le 19 novembre 1918. Il reçoit à Metz son bâton de maréchal le 8 décembre 1918.

L'entre-deux-guerres

Pétain à Metz en 1919

En 1919, Pétain est élu membre de lAcadémie des sciences morales et politiques. Le 14 septembre 1920, âgé de 64 ans, il épouse Eugénie Hardon (âgée de 42 ans), quil avait précédemment demandée en mariage en 1901, mais dont il neut pas de descendance.

Général en chef de lArmée française (il le reste jusquau 9 février 1931), il estime en 1919 à 6 875 le nombre de chars nécessaire à la défense du territoire. Soit 3 075 chars en régiment de première ligne, 3 000 chars en réserve à la disposition du commandant en chef et 800 chars pour le remplacement des unités endommagées. Il écrit: « Cest lourd, mais lavenir est au maximum dhommes sous la cuirasse. »

De 1919 à 1929, avec l'aide du général Buat, son chef d'État-Major, il s'oppose à la construction de fortifications défensives, préconisant au contraire la constitution d'un puissant corps de bataille mécanisé capable de porter le combat le plus loin possible sur le territoire ennemi dès les premiers jours de la guerre. En juin 1922, il obtient la démission du maréchal Joffre de la présidence de la Commission d'étude de l'organisation de la défense du territoire créée quinze jours plus tôt.

En 1925-1926, des troupes françaises sous le commandement de Pétain, en campagne avec une armée espagnole (450 000 hommes au total), dans laquelle se trouve aussi Franco, mènent une campagne contre les forces dAbd el-Krim, chef de la très jeune République du Rif, au Maroc ; les forces franco-espagnoles sont victorieuses, en partie grâce à l'emploi par les Espagnols d'armes chimiques sur les populations civiles[17],[18]. Abd el-Krim se plaignit à la Société des Nations de l'utilisation par l'aviation française de gaz moutarde sur les douars et les villages[19].

Lors de la séance du Conseil supérieur de guerre du 15 décembre 1925, il soppose à la construction dune ligne défensive continue, mais pour des môles défensifs sur les voies dinvasion. Puis lors de la séance du 19 mars 1926, contre lavis de Foch, qui estime que Pétain donne à tort aux chars une importance capitale, il préconise et obtient létude de trois prototypes de chars (léger, moyen et lourd)

Le 20 juin 1929, il est élu à lunanimité membre de lAcadémie française, au 18e fauteuil, il succède au maréchal Foch.

Il finira par s'incliner et accepter la construction de la ligne Maginot, lorsque André Maginot, alors ministre de la Guerre, déclarera, lors du débat parlementaire du 28 décembre 1929 : « ce n'est pas Pétain qui commande, mais le ministre de la Guerre ».

Le 22 janvier 1931, il est reçu à l'Académie française par Paul Valéry, dont le discours de réception — qui retrace sa biographie — rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain : « le feu tue », et comporte des considérations sur la façon dont « la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre » et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre. Le discours de réception du maréchal Pétain est un hommage au maréchal Foch auquel il succède[20].

Le 9 février 1931, il est remplacé par le général Weygand au poste de commandant suprême de lArmée, et nommé inspecteur général de la défense aérienne du territoire. À ce titre, il écrit le 2 décembre 1931 à Pierre Laval, alors président du Conseil, pour lui demander la création dune force aérienne puissante de défense et dattaque, indépendante de lArmée de terre et de la Marine. Il préconise pour cela de prélever 250 millions de francs sur les crédits alloués à la construction de la ligne Maginot.

Le 9 février 1934, il est nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue, fonction quil occupe jusquau renversement du cabinet le 8 novembre 1934. Il va aussitôt mettre toute son énergie et son prestige pour infléchir la politique de réduction du budget de lArmée. Partisan des chars de combat, il décide dès le 26 mars de ladoption du char B1 dont il avait fait faire les prototypes pendant son commandement. Le même jour, il décide aussi de ladoption du char D2 et de létude dun char léger. Soucieux de la formation des officiers supérieurs, il ordonne que tous les postulants à lÉcole supérieure de guerre effectuent des stages préalables dans des unités de chars et daviation [21].

Le 31 mai 1934, convoqué devant la commission des finances, il exprime ses vues sur la fortification et renouvelle ses réserves sur lefficacité de la ligne Maginot. Il explique ce quest pour lui la fortification : le béton est un moyen pour économiser les effectifs, mais lessentiel reste une armée puissante sans laquelle elle nest quune fausse sécurité. Le but de la fortification est de permettre le regroupement des troupes pour loffensive ou la contre-offensive. Il aura cette phrase : « la ligne Maginot ne met pas à labri dune pénétration de lennemi, si larmée nest pas dotée de réserves motorisées aptes à intervenir rapidement. » Il soutient néanmoins le principe de cette ligne. Cependant, selon Robert Aron les conceptions stratégiques qu'il défend à cette époque sont conformes à son expérience de la Grande Guerre ainsi :

«  [...] Entre les deux guerres, les conceptions stratégiques quil va défendre et imposer à lArmée française sont encore strictement conformes à son expérience du début de lautre conflit : il ne croit pas au rôle offensif des tanks ni aux divisions blindées. Il préconise lédification de la ligne Maginot, derrière laquelle nos combattants de 1939 vont se croire à labri et attendrons paisiblement loffensive allemande, qui se déclenchera ailleurs[22]. »

Le 15 juin 1934, il obtient le vote dun crédit supplémentaire de 1,275 milliard de francs pour la modernisation de larmement.

Le 27 octobre 1934, il convainc Louis Germain-Martin, ministre des Finances, de signer le « plan Pétain pour 1935 », qui prévoit la construction de 60 chars lourds, 300 chars moyens et 900 chars légers. La chute du Gouvernement, et le remplacement du maréchal Pétain par le général Maurin, partisan de chars lourds et lents, retarderont la mise en œuvre de ce plan de plusieurs mois.

Au moment il quitte le ministère, Pétain jouit dune très grande popularité, notamment dans les milieux dextrême droite. En témoigne en 1935, la célèbre campagne lancée par Gustave Hervé intitulée « Cest Pétain quil nous faut ». Sa courte expérience ministérielle le brouille avec le parlementarisme et le conduit à refuser toutes les sollicitations ultérieures.

Il participe par la suite au Conseil supérieur de guerre, il soutient la politique de guerre offensive promu par le colonel de Gaulle, qui fut un temps son « porte-plume », préconisant la concentration de chars dans des divisions blindées. Il écrit dans la Revue des deux mondes du 15 février 1935 : « Il est indispensable que la France possède une couverture rapide, puissante, à base davions et de chars [...] ». Et lors d'une conférence à lÉcole de Guerre en avril 1935 : « Les unités mécanisées sont capables de donner aux opérations un rythme et une amplitude inconnus jusquici […] Lavion, en portant la destruction jusquaux centres vitaux les plus éloignés fait éclater le cadre de la bataille [...] On peut se demander si lavion ne dictera pas sa loi dans les conflits de lavenir [...] »[23]. Ainsi que dans la préface d'un ouvrage du général Sikorsky : « Les possibilités des chars sont tellement vastes quon peut dire que le char sera peut-être demain larme principale. »[24]

Le 6 avril 1935, il dit, devant le président Lebrun, dans un discours à lÉcole supérieure de Guerre : «  Il est nécessaire de tenir le plus grand compte des perspectives ouvertes par lengin blindé et par laviation. Lautomobile, grâce à la chenille et à la cuirasse, met la vitesse au service de la puissance [...] La victoire appartiendra à celui qui saura le premier exploiter au maximum les propriétés des engins modernes et combiner leur action. »

À linstigation des grands chefs militaires (Foch, Joffre), les gouvernements de la fin des années 1920 vont affecter dimportants efforts budgétaires à la construction de lignes de défense. Cette stratégie est symbolisée par la coûteuse, et de surcroît incomplète ligne Maginot qui fut arrêtée à la frontière belge. Winston Churchill, dans son ouvrage sur la Seconde Guerre mondiale[25], émet l'avis que l'idée de la ligne Maginot aurait pu être d'une très grande utilité si elle avait été correctement appliquée et qu'elle paraissait justifiée compte tenu, en particulier, du rapport numérique entre les populations de la France et de l'Allemagne[25]. Il juge « extraordinaire qu'elle n'ait été prolongée au moins le long de la Meuse[25] » mais indique : « [...] Mais le maréchal Pétain s'était opposé à cette extension [...]. Il soutenait avec force que l'on devait exclure l'hypothèse d'une invasion par les Ardennes en raison de la nature du terrain. En conséquence, on écarta cette éventualité[25]. » Après le succès de la guerre-éclair menée par les Allemands, Pétain ne pouvait plus ignorer que la débâcle de 1940 était due aux « grands chefs militaires », dont les autorités gouvernementales navaient fait que suivre les orientations stratégiques quand il tenta de faire juger les « responsables » de la défaite, en imputant celle-ci exclusivement aux politiques. Pétain navait pas manqué non plus, depuis plusieurs années, dannoncer comme perdue davance une nouvelle guerre contre lAllemagne, si la France neffectuait pas le même effort de réarmement mais ce manque de conviction peut également être vu comme ayant empêché la préparation nécessaire de lArmée française à une guerre qui était pourtant inéluctable.

Le 2 mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Le 20 mars 1939, il présente ses lettres de créance au général Franco, chef de lÉtat espagnol, résidant alors à Burgos. Au nom du rapprochement diplomatique de la France avec lEspagne, il lui incombe de superviser, dans le cadre des accords Bérard-Jordana, le rapatriement à Madrid des réserves dor de la Banque dEspagne et des toiles du musée du Prado que lancienne République espagnole avait transférées à labri en France durant la guerre civile.

Le printemps 1940

Le 17 mai 1940, Pétain est nommé vice-président du Conseil dans le gouvernement de Paul Reynaud. Franco lui avait conseillé de ne pas accepter dapporter sa caution à ce gouvernement.

Le 14 juin 1940, Paris est occupé par lArmée allemande. Le Gouvernement, le président de la République et les Assemblées sont alors réfugiés à Bordeaux. Dès son arrivée au Gouvernement et alors que la bataille de France est irrémédiablement perdue, Pétain se fait un des avocats les plus constants de larmistice auprès du président du Conseil Paul Reynaud. Ainsi, il met plusieurs fois sa démission dans la balance et déclare quil nest aucunement question pour lui de quitter la France pour poursuivre la lutte.

Le 16 juin 1940, Paul Reynaud présente la démission du Gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le président de la République Albert Lebrun (voir gouvernement Philippe Pétain). Pétain est alors vu par beaucoup comme lhomme providentiel. Charles Maurras saluera son arrivée comme une « divine surprise »[26].

Le 17 juin 1940, suivant le conseil énoncé le 12 juin par le général Maxime Weygand, chef dÉtat-Major des Armées, Pétain annonce son intention de demander larmistice qui est signé le 22 juin 1940 dans la clairière de Rethondes, après avoir été approuvé par le Conseil des ministres et le président de la République.

Son discours radiodiffusé, il déclare, alors que les négociations ont à peine commencé : « Cest le cœur serré que je vous dis aujourd'hui quil faut cesser le combat »[27],[28],[29], a un effet désastreux sur le moral des troupes et précipite de fait leffondrement des armées françaises. Du 17 juin à lentrée en vigueur de larmistice le 25, les Allemands font ainsi plus de prisonniers que depuis le début de loffensive le 10 mai [30]. Dans le même discours, Pétain anticipe la création de son propre régime en déclarant quil fait « don de sa personne à la France ».

Le 20 juin 1940, dans un nouveau discours[31], il annonce les tractations en vue de l'armistice. Il en détaille les motifs, ainsi que les leçons que, selon lui, il faudra en tirer. Il y fustige « l'esprit de jouissance » : « [...] Depuis la victoire [de 1918], l'esprit de jouissance l'a emporté sur l'esprit de sacrifice. On a revendiqué plus qu'on a servi. On a voulu épargner l'effort ; on rencontre aujourd'hui le malheur. »

Le 25 juin 1940, Pétain annonce les conditions « sévères » de l'armistice et décrit les territoires qui seront sous contrôle allemand. La démobilisation fait partie de ces conditions. Il annonce : « C'est vers l'avenir que désormais nous devons tourner nos efforts. Un ordre nouveau commence [...] ». Les causes de la défaite sont à rechercher selon lui dans l'esprit de relâchement « Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié [...] »[32],[33],[34].

Le 29 juin 1940, le Gouvernement sinstalle à Vichy, en zone non occupée par lArmée allemande. Cest Pierre Laval qui, résidant à Châteldon, à une trentaine de kilomètres de la cité thermale, avait insisté pour que le Gouvernement sétablisse à Vichy. Cela évitait de chercher refuge à Lyon ou à Toulouse, vieux fiefs du radical-socialisme. De plus, cette ville présentait les avantages dun réseau téléphonique extrêmement performant et dune multitude dhôtels qui furent réquisitionnés pour abriter les différents ministères et les ambassades.

Le 10 juillet 1940, une loi, dite « constitutionnelle » [35], votée par les deux Chambres (569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions) réunies en Assemblée nationale au casino de Vichy donne tous les pouvoirs au maréchal Pétain, sans contrôle de lAssemblée, avec pour mission la promulgation dune nouvelle Constitution. Celle-ci ne verra jamais le jour. De sorte que lÉtat français allait rester durant toute sa durée un État provisoire.

La constitutionnalité de cette réforme fut contestée pour plusieurs motifs dont le fait que la Constitution ne peut pas être modifiée sous la menace directe dun ennemi. Mais surtout, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mêmes mains était contraire aux fondements même des lois constitutionnelles de 1875, basées sur une séparation des pouvoirs. Il en résulta un régime anti-démocratique, sans constitution et sans contrôle parlementaire ayant tous les aspects dune dictature.

De 1940 à 1944 : le chef du régime de Vichy

Articles détaillés : Régime de Vichy et Collaboration en France.

Linstallation du régime

Un régime de pouvoir personnel
Drapeau français durant le régime de Vichy[36],[37].
La francisque, emblème personnel de Philippe Pétain, utilisée comme symbole officieux du régime de Vichy[38].
Pavillon particulier de Philippe Pétain en tant que chef de l'État français, orné de la francisque et de ses sept étoiles de maréchal.

Dès le 11 juillet 1940, par trois « actes constitutionnels », Pétain sautoproclame chef de lÉtat français et sarroge tous les pouvoirs. Laval lui dit un jour : « Connaissez-vous, Monsieur le Maréchal, l'étendue de vos pouvoirs ? [...] Ils sont plus grands que ceux de Louis XIV, parce que Louis XIV devait remettre ses édits aux Parlement, tandis que vous n'avez pas besoin de soumettre vos actes constitutionnels au Parlement, parce qu'il n'est plus [39]. », Pétain répondit : « C'est vrai[39]. »

Aux traditionnels attributs régaliens (droit de grâce, nominations et révocations des ministres et des hauts fonctionnaires), Pétain ajoute en effet des droits tout à fait inédits, même du temps de la monarchie absolue. Il peut ainsi rédiger et promulguer seul une nouvelle Constitution, il peut désigner son successeur (qui est le vice-président du Conseil), il « a la plénitude du pouvoir gouvernemental, il nomme et révoque les ministres et secrétaires d'État, qui ne sont responsables que devant lui[40] [...] » et il « exerce le pouvoir législatif, en conseil des ministres[40] [...] ». Les lois, adoptées de sa seule autorité, sont promulguées sur la formule : « Nous, maréchal de France, le Conseil des ministres entendu, décidons... » Par prudence, par contre, Pétain évite de sattribuer le droit de déclarer la guerre seul : il doit pour cela consulter les éventuelles assemblées.

Jusquen avril 1942, Pétain reste par ailleurs à la fois chef de lÉtat et chef du gouvernement en titre, Pierre Laval, Pierre-Étienne Flandin et l'amiral François Darlan nétant que vice-présidents du Conseil. Il gouverne de manière autoritaire. Ainsi, le 13 décembre 1940, il évince brusquement Pierre Laval du pouvoir, non par désaveu de la politique de collaboration avec lAllemagne nazie menée par ce dernier, mais par irritation devant sa manière trop indépendante de la conduire. Il est remplacé par Flandin. Parallèlement, Pétain signe la révocation de nombreux maires, préfets et hauts fonctionnaires républicains, dont le préfet d'Eure-et-Loir Jean Moulin.

Le maréchal supprime précocement tous les contre-pouvoirs institutionnels à son autorité, et tout ce qui rappelle trop le régime républicain désormais honni. Le mot même de République disparaît. Les libertés publiques sont suspendues, tout comme les partis politiques, à lexception de ceux des collaborationnistes parisiens, qui subsistent en zone nord. Les centrales syndicales sont dissoutes, les unions départementales subsistantes unifiées dans une organisation corporatiste du travail. La Franc-Maçonnerie est mise hors-la-loi. Toutes les assemblées élues sont mises en sommeil ou supprimées, les Chambres aussi bien que les conseils généraux. Des milliers de municipalités sont destituées et remplacées par des « Délégations spéciales » nommées par décret du pouvoir central, et dont la présidence revient à des personnalités présentant les garanties exigées du maréchal.

Des juridictions dexception sont mises en place. Dès le 2 août 1940, Vichy fait ainsi condamner à mort par contumace Charles de Gaulle (même si Pétain précise qu'il veillera à ce que la sentence ne soit pas appliquée[41],[42]) puis ses compagnons, qui sont déchus de la nationalité française avec ceux qui les rejoignent. Des procès iniques sont intentés à diverses personnalités républicaines, ainsi à Pierre Mendès France, condamné en juin 1941 à Clermont-Ferrand pour une prétendue « désertion » (l'affaire du Massilia, bateau-piège), avec Jean Zay et quelques autres. À lautomne 1941, grâce à des lois ouvertement antidatées, Vichy envoie à la guillotine plusieurs prisonniers communistes, dont le député Jean Catelas, en représailles à des attentats anti-allemands.

Pétain décrète par ailleurs larrestation, dès 1940, de Léon Blum, Georges Mandel, Édouard Daladier, Paul Reynaud et du général Gamelin. Mais le procès de Riom, qui devait lui servir à faire le procès du Front populaire et de la IIIe République, et à les rendre seuls responsables de la défaite, tourne en avril 1942 à la confusion des accusateurs. Léon Blum notamment sait rappeler la responsabilité propre du haut commandement militaire dans la réduction des crédits militaires en 1934 et dans la stratégie défensive désastreuse fondée sur la ligne Maginot. Le procès est suspendu, et les accusés restent internés avant dêtre livrés lan suivant aux Allemands.

Culte du chef et popularité

Jouant le plus possible sur la réputation du « vainqueur de Verdun », le régime exploite le prestige du maréchal et diffuse un culte de la personnalité omniprésent : les photos du maréchal figurent dans les vitrines de tous les magasins, sur les murs des cités, dans toutes les administrations, ainsi quaux murs des classes dans tous les locaux scolaires et dans ceux des organisations de jeunesse. On le retrouve jusque sur les calendriers des PTT.

Timbres de 1944 avec le buste de Pétain

Le visage du chef de lÉtat apparaît aussi sur les timbres[43] et les pièces de monnaie, tandis que les bustes de Marianne sont retirés des mairies. La Saint-Philippe, chaque 3 mai, est célébrée à linstar dune fête nationale. Un hymne à sa gloire, le célèbre Maréchal, nous voilà ![44], est interprété à dans de nombreuses cérémonies parallèlement à la Marseillaise, et doit être appris à tous les enfants des écoles par les instituteurs. À qui douterait, des affiches péremptoires proclament : « Êtes-vous plus Français que lui ? » ou encore « Connaissez-vous mieux que lui les problèmes de lheure ? ».

Pétain exige aussi un serment de fidélité des fonctionnaires à sa propre personne. L'acte constitutionnel no 7 du 27 janvier 1941 oblige déjà les secrétaires d'État, les hauts dignitaires, et les hauts fonctionnaires à jurer fidélité au chef de l'État[45]. Après son discours du 12 août 1941 (discours dit du « vent mauvais »[46],[47], il déplore les contestations croissantes de son autorité et de son gouvernement), Philippe Pétain étend le nombre de fonctionnaires devant lui prêter serment. Les actes constitutionnels no 8 et no 9 du 14 août 1941 concernent respectivement les militaires et les magistrats. Le serment est prêté par tous les juges à lexception dun seul, Paul Didier, qui fut aussitôt révoqué et interné au camp de Châteaubriant. Puis c'est lensemble des fonctionnaires qui doit jurer fidélité au chef de l'État par lacte constitutionnel no 10 du 4 octobre 1941. Il concernera donc jusqu'aux policiers et aux postiers.

Toute une littérature, relayée par la presse sous contrôle et par maints discours officiels ou particuliers, trouve des accents quasi-idolâtres pour exalter le maréchal comme un sauveur messianique, pour célébrer son « sacrifice », pour le comparer à Jeanne d'Arc ou à Vercingétorix, pour vanter lallant et la robustesse physique du vieillard, ou encore la beauté de ses célèbres yeux bleus. Un chêne pluricentenaire reçoit son nom en forêt de Tronçais. De nombreuses rues sont débaptisées et prennent son nom sur ordre. Le serment prêté par les titulaires de la Francisque prévoit : « Je fais don de ma personne au maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. »

La popularité du maréchal ne repose cependant nullement sur le seul appareil de propagande. Lintéressé sait lentretenir par de nombreux voyages à travers toute la zone sud, surtout en 1940-1942, des foules considérables viennent lacclamer. Il reçoit de nombreux présents de partout ainsi qu'un abondant courrier quotidien, dont des milliers de lettres et de dessins des enfants des écoles. Pétain entretient aussi le contact avec la population par un certain nombre de réceptions à Vichy, ou surtout par ses fréquents discours à la radio. Il sait employer dans ses propos une rhétorique sobre et claire, ainsi quune série de formules percutantes, pour faire mieux accepter son autorité absolue et ses idées réactionnaires : « La terre, elle, ne ment pas », « Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal » (août 1940), « Je vous ai parlé jusquici le langage dun père, je vous parle à présent le langage dun chef. Suivez-moi, gardez confiance en la France éternelle » (novembre 1940).

Par ailleurs, de nombreux évêques et hommes dÉglise mettent leur autorité morale au service dun culte ardent du maréchal, salué comme lhomme providentiel. Le 19 novembre 1940, le primat des Gaules, le cardinal Gerlier, proclame ainsi, à la Primatiale Saint-Jean de Lyon, en présence du maréchal : « Car Pétain, c'est la France et la France, aujourd'hui, c'est Pétain ! »[48]. LAssemblée des cardinaux et archevêques de France, en 1941, assure le chef de lÉtat de sa « vénération », dans une résolution sans équivalent au XXe siècle. Mais de nombreux Français de tous bords et de toutes croyances communient pareillement dans la confiance au maréchal. Tous les courants politiques sont ainsi représentés dans son gouvernement à Vichy, de la droite le plus réactionnaire à la gauche la plus radicale.

Les collaborationnistes, en général, sont hostiles à Vichy et à la Révolution nationale, quils jugent trop réactionnaires et pas engagés assez loin dans lappui à lAllemagne nazie. Cependant, à la suite de Philippe Burrin et Jean-Pierre Azéma, lhistoriographie récente insiste davantage sur les passerelles qui existent entre les hommes de Vichy et ceux de Paris. Un ultra-collaborationniste comme le futur chef de la Milice française, Joseph Darnand, est ainsi toute lOccupation un inconditionnel fervent du « Maréchal ». Le chef fasciste français Jacques Doriot proclame quant à lui jusquà fin 1941 quil est « un homme du Maréchal ». Son rival Marcel Déat a essayé en 1940 de convertir Pétain à son projet de parti unique et de régime totalitaire, sattirant de ce dernier une fin de non-recevoir (« un parti ne peut pas être unique ») ; déçu, Déat quitte définitivement Vichy et agonit désormais Pétain dattaques dans son journal LŒuvre, à tel point que le maréchal, en 1944, se débrouille pour ne jamais contresigner sa nomination comme ministre. Dautres entourent Pétain de leur vénération sans bornes, tels Gaston Bruneton, chargé de laction sociale auprès des travailleurs (volontaires et forcés) Français en Allemagne en étroite collaboration avec le DAF (Front allemand du travail), ou encore se voient confier des fonctions importantes par Vichy. Ainsi le journaliste pro-hitlérien Fernand de Brinon, qui représente le gouvernement Pétain en zone nord de 1941 à 1944.

Le programme de Révolution nationale

Le choix prioritaire du maréchal Pétain

Instaurant un régime contre-révolutionnaire et autoritaire, le régime de Vichy veut réaliser une « Révolution nationale », à fortes consonances xénophobes et antisémites, qui rompt avec la tradition républicaine et, instaure un ordre nouveau fondé sur lautorité, la hiérarchie, le corporatisme, linégalité entre les citoyens. Sa devise « Travail, Famille, Patrie » remplace lancien triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité ». Dès lété 1940, un discours du maréchal Pétain prévient que le nouveau régime « ne reposera plus sur lidée dégalité entre les hommes ».

La Révolution nationale est la priorité de Pétain dont il fait son affaire personnelle, et qu'il encourage par ses discours et ses interventions en Conseil des ministres. Cependant, dès août 1941, il avoue à la radio « la faiblesse des échos quont rencontré » ses projets, parmi la masse de la population. À partir du retour au pouvoir de Laval en avril 1942, la Révolution nationale nest plus à lordre du jour.

Comme la montré lhistoriographie récente depuis Henri Michel, Robert Paxton ou Jean-Pierre Azéma, cest le désir de pouvoir enfin « redresser » la France à sa façon qui a poussé largement Pétain, en juin 1940, à retirer le pays de la guerre par larmistice. Cest également lui, qui le pousse à accepter lentente avec le vainqueur : la Révolution nationale ne peut prospérer que dans une France défaite. Car pour les pétainistes, une victoire alliée signifierait le retour des Juifs, des Francs-Maçons, des républicains et des communistes.

Selon ces historiens, Pétain néglige aussi le péril et la contradiction, quil y a à entreprendre ses réformes sous le regard de loccupant. Cette illusion est dailleurs dénoncée dès lépoque par la France libre du général de Gaulle, mais également par nombre de résistants, dont certains avaient pu au départ être tentés par le programme de Pétain, mais qui estiment dangereux de se tromper sur les priorités et vain d'entreprendre des réformes tant que les Allemands ne sont pas chassés du pays. En août 1943, François Valentin, le chef de la Légion française des combattants, nommé à ce poste par Pétain lui-même, rejoint Londres, enregistre et fait diffuser à la BBC un message retentissant dans lequel il y fait son autocritique et dénonce la faute grave du maréchal et de ses fidèles : « On ne reconstruit pas sa maison pendant quelle flambe ![49]».

Mais si les historiens ont déterminé les intentions de Pétain, ce n'était pas toujours le cas des personnes vivant à l'époque, et si Pétain conduisit par exemple une politique antisémite, ceux qui l'admiraient n'avaient pas forcément de telles idées. Enfin, les « vichysto-résistants »[50] souvent séduits par la Révolution nationale mais hostiles à la collaboration et à l'Occupant furent nombreux.

Réformes, contrôles et exclusions

« Grande revanche des minorités » [51], le régime de Pétain entreprend de régler les vieux comptes des anciens vaincus avec la Révolution française, la IIIe République, le Front populaire, le marxisme ou la laïcité. Ce faisant, Pétain aggrave sensiblement les discordes nationales déjà avivées dans les années 1930, et couvre de son autorité un bon nombre de mesures dexclusion.

Dès la troisième semaine de juillet 1940, ainsi, des mesures sont prises pour écarter des fonctionnaires juifs, et une commission fondée pour réviser et annuler des milliers de naturalisations accordées depuis 1927. En octobre 1940 et sans aucune demande particulière de la part des Allemands, des lois dexclusion contre les francs-maçons et les Juifs sont promulguées [52] (Voir larticle : Régime de Vichy). Ces textes discriminatoires, adoptés à la hâte en octobre 1940 sont durcis le 2 juin 1941 : ils excluent ainsi les Français de « race juive » (déterminée par la religion des grands-parents) de la plupart des fonctions et activités publiques. Des quotas sont fixés pour ladmission des Juifs au Barreau, dans le monde universitaire ou médical. Lors du statut du 2 juin, la liste des métiers interdits sallonge démesurément. Selon le témoignage du ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin [53], Pétain a personnellement participé à la rédaction du statut des Juifs et insisté pour quils soient par exemple davantage exclus du milieu médical et de l'enseignement. Dans le même temps par une loi du 29 mars 1941, promulguée par le maréchal, est créé un « Commissariat général aux questions juives »[54].

Auprès du maréchal se pressent des hommes de tous bords, mêlant de façon baroque, au sein de sa « dictature pluraliste » [51], des technocrates modernistes et des révolutionnaires déçus du marxisme aussi bien que des maurrassiens et des réactionnaires. Pétain cependant manifeste personnellement des orientations proches de LAction française (seul journal quil lise quotidiennement) et cite surtout en exemple à ses proches les régimes conservateurs et cléricaux de Salazar et de Franco, quil connaît personnellement depuis 1939.

Parallèlement au développement dun pouvoir centralisé, le maréchal se consacre au « relèvement de la France » : rapatriement des réfugiés, démobilisation, ravitaillement, maintien de lordre. Mais loin de se limiter à gérer les affaires courantes et à assurer la survie matérielle des populations, son régime est le seul en Europe à développer un programme de réformes intérieures, indépendant des demandes allemandes.

Certaines mesures prises à cette époque ont survécu, comme la création dun ministère de la Reconstruction, lunification du permis de construire, la naissance de lIGN en juillet 1940, létatisation des polices municipales en vue de faciliter le contrôle des populations, ou encore une politique familiale, déjà amorcée par la IIIe République finissante et prolongée sous la IVe République. Dautres dispositions sont adoptées : campagne contre lalcoolisme, interdiction de fumer dans les salles de spectacle, inscription de la fête des Mères au calendrier, pénalisation de l'homosexualité (seulement abrogée en 1981). Dautres encore portent la marque des projets réactionnaires du chef de lÉtat. De nombreux étrangers supposés « en surnombre dans léconomie française » sont incorporés de force dans des Groupes de travailleurs étrangers (GTE). Les Écoles normales, bastion de lenseignement laïc et républicain, sont supprimées. Les lois des 11 et 27 octobre 1940 contre lemploi des femmes en renvoient des milliers au foyer de gré ou de force. Le divorce est rendu nettement plus difficile, et le nombre de poursuites judiciaires et de condamnations pour avortement explose littéralement par rapport à lentre-deux-guerres[55]. En 1943, Pétain refuse de gracier une avorteuse condamnée à mort, qui est guillotinée. Autre rupture avec la IIIe République, les rapports étroits noués avec les Églises : Pétain, personnellement peu croyant, voit comme Maurras en la religion un facteur dordre, et ne manque pas dassister à chaque messe dominicale à léglise Saint-Louis de Vichy.

Dans loptique de la « restauration » de la France, le régime de Vichy crée très tôt, sous la direction du général de La Porte du Theil, un fidèle très proche du maréchal Pétain, des camps de formation qui deviendront plus tard les Chantiers de la jeunesse française. Lidée est de réunir toute une classe dâge (en remplacement du service militaire désormais supprimé), et, à travers une vie au grand air, par des méthodes proches du scoutisme, leur inculquer les valeurs morales du nouveau régime (culte de la hiérarchie, rejet de la ville industrielle corruptrice), ainsi que la vénération à légard du chef de lÉtat.

Dautres moyens de contrôle sont également mis en place dans le domaine économique, comme les Comités professionnels dorganisation et de répartition, ayant un pouvoir de juridiction sur leurs membres ou un pouvoir de répartition des matières premières, pouvoir capital en ces temps de restrictions généralisées.

À destination des ouvriers, Pétain prononce le 1er mai 1941 un important discours à Saint-Étienne, il expose sa volonté de mettre fin à la lutte des classes en prohibant à la fois le capitalisme libéral et la révolution marxiste. Il énonce les principes de la future Charte du travail, promulguée en octobre 1941. Celle-ci interdit à la fois les grèves et le lock-out, instaure le système du syndicat unique et le corporatisme, mais met aussi en place des comités sociaux (préfiguration des comités d'entreprise) et prévoit la notion de salaire minimum. La Charte séduit de nombreux syndicalistes et théoriciens de tous bords (René Belin, Hubert Lagardelle). Mais elle peine à entrer en application, et ne tarde pas à se briser sur lhostilité de la classe ouvrière au régime et à ces idées, laggravation des pénuries, linstauration du Service du travail obligatoire (STO) en septembre 1942, et enfin sur la lutte menée contre elle par les syndicats clandestins de la Résistance intérieure française.

Véritables enfants chéris de Vichy, les paysans passent cependant longtemps pour les vrais bénéficiaires du régime de Pétain. Lui-même propriétaire terrien en sa résidence de Villeneuve-Loubet, le maréchal affirme que « la terre, elle, ne ment pas », et encourage le retour à la Terre - politique soldée sur un échec, moins de 1 500 personnes en quatre ans tentant de suivre ses conseils. La Corporation paysanne est fondée par une loi du 2 décembre 1940[56],[57],[58]. Une partie des membres se détache du régime fin 1943 et lui font aussi servir de base à la création d'un syndicalisme paysan clandestin fin 1943, la Confédération générale de l'agriculture (CGA)[57] qui voit le jour officiellement le 12 octobre 1944, lors de la dissolution de la Corporation paysanne par les autorités et qui se prolongera sous la forme de la FNSEA en 1946[59].

Développant fréquemment et complaisamment la vision doloriste dune France « décadente » qui expie maintenant ses « fautes » antérieures, Pétain entretient les Français dans une mentalité de vaincu : « Je ne cesse de me rappeler tous les jours que nous avons été vaincus » (à une délégation, mai 1942), et manifeste un souci particulier pour les soldats prisonniers, images mêmes de la défaite et de la souffrance : « Je pense à eux parce quils souffrent [...] », (Noël 1941). Selon son chef de cabinet, du Moulin de Labarthète, le tiers du temps de travail quotidien du maréchal était consacré aux prisonniers. De ces derniers, Vichy rêvait de faire les propagateurs de la Révolution Nationale à leur retour.

De la Légion à la Milice

Le période consécutive à larmistice voit aussi la création de la « Légion française des combattants » (LFC), à laquelle sont ensuite agrégés les « Amis de la Légion » et les « Cadets de la Légion ». Fondée par le très antisémite Xavier Vallat le 29 août 1940, elle est présidée par le maréchal Pétain en personne. Pour Vichy, elle doit servir de fer de lance de la Révolution nationale et du régime. À côté des parades, des cérémonies et de la propagande, les Légionnaires actifs doivent surveiller la population, et dénoncer les déviants et les fautifs de « mauvais esprit ».

Au sein de cette légion se constitue un Service dordre légionnaire (SOL) qui sengage immédiatement dans la voie du collaborationnisme. Cet organisme est commandé par Joseph Darnand, héros de la Première Guerre mondiale et de la campagne de 1940, et fervent partisan de Pétain (sollicité en 1941 de joindre la Résistance, il refuse, selon le témoignage de Claude Bourdet, parce que « le Maréchal » ne comprendrait pas). Ce même organisme devient en janvier 1943 la « Milice française ». À la fin de la guerre, alors que Vichy est devenu un régime fantoche aux ordres des Allemands, la Milice qui compte au maximum 30 000 hommes, dont beaucoup daventuriers et de droit-communs, participe activement à la lutte contre la Résistance, avec les encouragements publics du maréchal Pétain comme de Pierre Laval, son président officiel. Haïe de la population, la Milice perpètre régulièrement délations, tortures, rafles, exécutions sommaires, qui se mêlent à dinnombrables vols, viols, voies de faits sur la voie publics ou contre des fonctionnaires.

Pétain attend le 6 août 1944 pour les désavouer dans une note à Darnand, trop tardivement pour que ce dernier soit dupe. « Pendant quatre ans », rappellera Darnand dans sa réponse caustique au maréchal, « vous mavez encouragé au nom du bien de la France, et maintenant que les Américains sont aux portes de Paris, vous commencez à me dire que je vais être la tache de lHistoire de France. On aurait pu sy prendre avant ! »

La collaboration dÉtat

Sur le plan de la politique extérieure, Pétain a retiré demblée le pays du conflit mondial en cours, et affecte de croire que ce dernier ne concerne plus du tout la France. Sil refuse jusquau bout toute rentrée dans la guerre aux côtés dun des deux camps, il ne refuse pourtant pas le combat contre les alliés chaque fois qu'il en a l'occasion et annonce dès octobre 1940, son intention de reprendre par la force les territoires sous autorité de la France libre[60]. Il pratique donc une « neutralité dissymétrique » [51] qui bénéficie aux Allemands. Il choisit en effet de sentendre avec le vainqueur et imagine que la France, avec son Empire colonial, sa flotte et sa bonne volonté à coopérer, peut obtenir une bonne place dans une Europe durablement allemande. Ceci démontre une naïveté certaine de la part de Pétain : en effet, dans lidéologie nazie, la France était lennemie irréductible de lAllemagne, elle devait être écrasée et ne pouvait en aucun cas bénéficier dune quelconque place privilégiée à ses côtés. Le calcul de Vichy était donc dès lorigine voué à léchec.

Il est bien établi, depuis les travaux d'Eberhard Jäckel[61] et surtout de Robert Paxton, que Pétain a activement recherché et poursuivi cette collaboration avec lAllemagne nazie. Elle ne lui a pas été imposée. Moins intéressé par la politique extérieure que par la Révolution nationale, sa vraie priorité, Pétain laisse Darlan et Laval mettre en œuvre les volets concrets de la collaboration dÉtat. Mais lune est en réalité le revers de lautre, selon les constats concordants de lhistoriographie contemporaine : les réformes vichystes nont pu se mettre en place quen profitant du retrait de la France de la guerre, et elles ne sauraient survivre à une victoire alliée. Par ailleurs, le « mythe Pétain » [62] est indispensable pour faire accepter à bien des Français la collaboration. Le prestige du vainqueur de Verdun, son pouvoir légal sinon légitime, brouillent en effet dans les consciences en désarroi la perception des devoirs et des priorités.

Lhomme de Montoire
Pétain et Hitler à Montoire

Après avoir affecté pendant trois mois de rester neutre dans le conflit en cours entre lAxe et le Royaume-Uni, Pétain engage personnellement et officiellement, par son discours radiodiffusé du 30 octobre 1940, le régime de Vichy dans la collaboration[63],[60], suite à lentrevue de Montoire du 24 octobre 1940, durant laquelle il rencontra Hitler[64]. Cette « poignée de main de Montoire », sera par la suite largement diffusée aux actualités cinématographiques, et exploitée par la propagande allemande.

Certes, larmistice avait permis, en un premier temps, de limiter loccupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. Mais lautonomie de la zone sud est toute relative, car Pétain, avec ou sans discussion préliminaire, plie le plus souvent devant les exigences des autorités allemandes, quand son gouvernement ne va pas spontanément au devant de celles-ci.

Cette collaboration dÉtat entraîne plusieurs conséquences. Le maréchal, alors que son prestige reste immense, sinterdit de protester, au moins publiquement, contre les exactions de loccupant et de ses auxiliaires français ou contre lannexion de fait, contraire à la convention darmistice, de lAlsace et de la Moselle. Aux parlementaires des trois départements, quil reçoit le 4 septembre 1942 alors que commence lincorporation massive et illégale des malgré-nous dans la Wehrmacht, il ne conseille que la résignation. La veille, il avait fait remettre par Laval une protestation officielle, qui resta sans suite. Lors de lexécution en octobre 1941 des otages français à Châteaubriant, qui soulève lindignation générale, Pétain a des velléités secrètes de se constituer lui-même comme otage à la Ligne de démarcation, mais son ministre Pierre Pucheu len dissuade vite au nom de la politique de collaboration, et le maréchal ne fait finalement de discours que pour blâmer les auteurs dattentats et appeler les Français à les dénoncer. Au printemps 1944 encore, il ne condamne jamais les déportations, les rafles et les massacres quasi-quotidiens, se taisant par exemple sur le massacre d'Ascq. Par contre, il ne manque pas de dénoncer « les crimes terroristes » de la Résistance ou les bombardements alliés sur les objectifs civils. Il encourage les membres de la Légion des volontaires français (LVF) qui combattent en URSS sous luniforme allemand, leur garantissant dans un message public quils détiennent « une part de notre honneur militaire ».

En 1941, Darlan, dauphin désigné du maréchal, frôle la cobelligérance avec lAllemagne de Hitler lorsquil fait mettre les aérodromes de Syrie et de Liban à la disposition de laviation allemande. En avril 1942, sous la pression allemande, mais aussi parce quil est déçu des maigres résultats de Darlan, Pétain accepte le retour au pouvoir de Pierre Laval, désormais doté du titre de « chef du gouvernement ».

Contrairement aux légendes daprès-guerre, il nexiste pas de différence en politique extérieure entre un « Vichy de Pétain » et un « Vichy de Laval », comme lont cru André Siegfried, Robert Aron ou Jacques Isorni, et comme la démenti toute lhistoriographie contemporaine depuis Robert Paxton. Sil na aucune affection personnelle pour Laval, le maréchal couvre sa politique de son autorité et de son charisme, et approuve ses orientations en Conseil des ministres. En juin 1942, devant une délégation de visiteurs à Vichy, Pétain tient des propos largement répercutés, assurant quil est « main dans la main » avec Laval, que les ordres de ce dernier sont « comme les [siens] » et que tous lui doivent obéissance « comme à [lui-même] ». Lors du procès de Pétain, Laval déclarera sans ambiguïté quil nagissait quaprès en avoir déféré au maréchal : tous ses actes avaient été approuvés préalablement par le chef de lÉtat.

Le 22 juin 1942, Laval prononce un discours retentissant dans lequel il déclare quil « souhaite la victoire de lAllemagne. » Pétain, à qui il a consenti à montrer préalablement le texte à la demande de ses conseillers effarés, na pas élevé dobjection. Du moment que selon le maréchal, un civil na pas à faire de pronostic militaire, il sest contenté de lui faire changer un « Je crois » initial en un « Je souhaite » encore plus mal ressenti des Français.

Lorsque Laval informe, fin juin 1942, le Conseil des ministres de la prochaine mise en œuvre de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le procès-verbal conservé, montre Pétain approuvant comme « juste » la livraison de milliers de Juifs étrangers aux nazis. Puis le 26 août 1942, la zone sud devint le seul territoire de toute lEurope d des Juifs, souvent internés par Vichy depuis 1940 dans les très durs camps de Gurs, Noé, Rivesaltes), furent envoyés à la mort alors même quaucun soldat allemand nétait présent.

Personnellement antisémite, Pétain sest opposé en mai 1942 à lintroduction en zone Sud du port obligatoire de létoile jaune, mais il na pas protesté contre son introduction en zone nord, et en zone sud son gouvernement fait apposer le tampon « Juif » sur les papiers didentité à partir de fin 1942. En août 1943, comme les Allemands pressent Vichy de retirer en bloc la nationalité française aux Juifs, ce qui aurait favorisé leur déportation, le nonce le fait prévenir discrètement que « le pape sinquiète pour lâme du Maréchal », ce qui impressionne le vieil homme et contribue à léchec du projet[65]. En tout, 76 000 Juifs parmi lesquels 11 000 enfants, non réclamés au départ par les Allemands, ont été déportés de France sous lOccupation, à 80 % après avoir été arrêtés par la police du maréchal. Un tiers avait la nationalité française. Seuls 3 % survivront aux déportations dans les camps de concentration.

À ce sujet, l'historien André Kaspi écrit : « Tant que la zone libre n'est pas occupée, on y respire mieux [pour les Juifs] que dans la zone Nord. Qui le nierait ? Surtout pas ceux qui ont vécu cette triste période. De cette conclusion : Vichy a sacrifié les Juifs étrangers pour mieux protéger les Juifs français, mais sans Pétain, les Juifs de France auraient subi le même sort que ceux de Belgique, des Pays-Bas ou de Pologne. Pendant deux ans, ils ont d'une certaine manière bénéficié de l'existence de l'État français[66]

En août 1942, un télégramme signé Pétain félicite Hitler davoir fait échec à la tentative de débarquement britannique à Dieppe.

Le 4 septembre 1942, Pétain promulgue la première loi fondant le Service du travail obligatoire. Complété par celle du 16 février 1943, le STO permet en une dizaine de mois le départ forcé de plus de 600 000 travailleurs en Allemagne. Ce sont les seuls de toute lEurope à avoir été requis non par ordonnance allemande, mais par les lois et les autorités de leur propre pays.

Après le tournant de novembre 1942

Lorsque les Alliés débarquent en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, au Maroc, à Oran et dans le port d'Alger, Pétain donne officiellement lordre de les combattre, en déclarant : « La France et son honneur sont en jeu. Nous sommes attaqués. Nous nous défendons. C'est l'ordre que je donne. » L'existence même de Vichy est alors en cause : si les forces de Vichy ne résistent pas à l'invasion alliée, les Allemands envahiront inéluctablement la France non occupée et le reste de l'Afrique du Nord[67]. Pendant quelques jours, les Alliés doivent donc faire face à une authentique résistance de la part de l'Armée de Vichy, obéissant aux ordres de ses chefs[68].

En réaction à ce débarquement, le 11 novembre, violant la convention darmistice, les Allemands envahissent la zone sud. Pétain refuse à plusieurs proches conseillers de gagner lAfrique du Nord, dordonner à la flotte de Toulon dappareiller, de replacer la France dans le camp des Alliés. Pour justifier sa décision, il va en privé jusquà invoquer que son médecin lui a déconseillé de prendre lavionIl veut surtout pouvoir continuer à « servir d'écran entre le peuple de France et l'occupant ». Il proteste contre cette invasion par une déclaration plusieurs fois diffusée sur les ondes. En fait, soulignent Robert Paxton et R. Franck, il reste fidèle à son choix de 1940 associant étroitement retrait de la guerre, collaboration et Révolution nationale.

Sa décision déçoit dinnombrables Français qui croyaient encore en un hypothétique « double-jeu » secret du maréchal et simaginaient quil souhaitait en secret préparer la reprise de la lutte et la revanche contre lennemi. Nombre dentre eux se détachent du régime de Vichy tout en conservant généralement leur respect pour la personne du maréchal Pétain, et vont parfois gonfler les rangs clandestins des « vichysto-résistants »[50] inspirés notamment par les généraux Giraud et de Lattre de Tassigny.

La dissidence de la plus grande partie de lEmpire, la fin de la « zone libre » le sabordage de la Flotte Française à Toulon, le 27 novembre 1942, la dissolution de lArmée darmistice font perdre à Vichy ses derniers atouts face aux Allemands. En maintenant sa politique de collaboration, Pétain perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940 et la Résistance sintensifie malgré le durcissement de la répression.

Pétain fait officiellement déchoir de la nationalité française et condamner à mort ses anciens fidèles Darlan et Giraud, qui sont passés au camp allié en Afrique du Nord. Il ne proteste à aucun moment lorsque fin 1942, puis à nouveau à lautomne 1943, une vague darrestations frappe son propre entourage et écarte de lui un nombre important de conseillers et de fidèles dont Weygand, Lucien Romier ou Paul de La Porte du Theil, emmené en Allemagne. Il consent des délégations croissantes de pouvoirs à Pierre Laval, redevenu son dauphin, qui place ses fidèles à tous les postes-clés et qui obtient de lui, à partir du 26 novembre 1942, de signer seuls les lois et les décrets.

Fin 1943, voyant le sort de lAxe scellé, Pétain tente de jouer en France le rôle du maréchal Badoglio en Italie, lequel en septembre 1943, après avoir longtemps servi le fascisme, a fait passer le pays du côté allié. Pétain espère ainsi quun nouveau gouvernement moins compromis aux yeux des Américains, doté dune nouvelle constitution, pourra au « jour J » écarter de Gaulle du jeu et négocier avec les libérateurs limpunité de Vichy et la ratification de ses actes.

Le 12 novembre 1943, alors que Pétain s'apprête à prononcer le lendemain un discours radiodiffusé par lequel il annoncerait à la nation une révision constitutionnelle stipulant qu'il revient à l'Assemblée nationale de désigner son successeur, ce qui aurait remis en cause le statut officiel de dauphin de Laval, les Allemands par l'intermédiaire du consul général Krugg von Nidda, bloquent ce projet[69],[70],[71]. Après six semaines de « grève du pouvoir », Pétain se soumet. Il accroît encore les pouvoirs de Laval tout en acceptant la fascisation progressive de son régime par lentrée au gouvernement de Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat.

Dans les derniers mois de lOccupation, Pétain affecte désormais dêtre un simple « prisonnier » des Allemands, tout en continuant à couvrir en fait de son autorité et de son silence la collaboration qui se poursuit jusquau bout, ainsi que les atrocités de lennemi et de la Milice française. En août 1944, il songe à se livrer au maquis dAuvergne du colonel Gaspard, et tente de déléguer lamiral Auphan auprès de De Gaulle pour lui transmettre régulièrement le pouvoir sous réserve que le nouveau gouvernement reconnaisse la légitimité de Vichy et de ses actes. « Aucune réponse ne fut donnée à ce monument de candeur »[72].

Le 17 août 1944, les Allemands, en la personne de Cecil von Renthe-Fink, ministre délégué, demandent à Pétain de se laisser transférer en zone nord[73]. Celui-ci refuse et demande une formulation écrite de cette demande[73]. Von Renthe-Fink renouvelle sa requête par deux fois le 18, puis revient le 19, à 11 h 30, accompagné du général von Neubroon qui lui indique qu'il a des « ordres formels de Berlin »[73]. Le texte écrit est soumis à Pétain : « Le gouvernement du Reich donne instruction dopérer le transfert du chef de lÉtat, même contre sa volonté[73]. » Devant le refus renouvelé du maréchal, les Allemands menacent de faire intervenir la Wehrmacht pour bombarder Vichy[73]. Après avoir pris à témoin le ministre de Suisse, Walter Stucki, du chantage dont il est lobjet, Pétain se soumet, et « [...] lorsque à 19 h 30 Renthe-Fink entre dans le bureau du Maréchal avec le général von Neubronn, le chef de lÉtat est en train de surveiller le confection de ses valises et de ranger ses papiers[73]. » Le lendemain, 20 août 1944, il est emmené contre son gré par l'Armée allemande à Belfort puis, le 8 septembre, à Sigmaringen en Allemagne[74], sétaient réfugiés les dignitaires de son régime. Plutôt que de démissionner, il entretient, dans une lettre aux Français la fiction selon laquelle « je suis et demeure moralement votre chef. »

À Sigmaringen, Pétain refuse dexercer encore ses fonctions et de participer aux activités de la commission gouvernementale présidée par Fernand de Brinon. Il se cloître dans ses appartements, tout en préparant sa défense.

Le 23 avril 1945, après avoir obtenu des Allemands qu'ils le conduisent en Suisse, et des Suisses qu'ils l'acceptent sur leur territoire, Pétain demande à regagner la France. Par l'intermédiaire de l'ambassadeur Karl Burckhardt, le Gouvernement suisse transmet cette requête au général de Gaulle. Le Gouvernement provisoire de la République décide de ne pas s'y opposer. Le 24 avril, les autorités suisses lui font rejoindre la frontière puis il est remis aux autorités françaises le 26 avril. Le général Kœnig est chargé de le prendre en charge à Vallorbe. Le maréchal est ensuite interné au fort de Montrouge[75].

Le procès et la prison

Le procès du maréchal Pétain[76] débute le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de Justice créée le 18 novembre 1944. Le tribunal est présidé par Paul Mongibeaux, premier président de la Cour de cassation, assisté du premier président de la chambre criminelle à la Cour de cassation Donat-Guigne, et Picard, premier président de la Cour d'appel. Le jury de vingt-quatre personnes est constitué de douze parlementaires et de douze non-parlementaires issus de la Résistance[77]. Ce jury est choisi dans deux listes, la première étant celle de cinquante parlementaires n'ayant pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, la deuxième étant composée de personnalités de la Résistance ou proches d'elle[78]. La défense use de son droit de récusation pour quelques noms sortant du tirage au sort[77].

Défendu par Jacques Isorni, Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen[79], Philippe Pétain déclare le premier jour quil avait toujours été un allié caché du général de Gaulle et quil nétait responsable que devant la France et les Français qui lavaient désigné et non devant la Haute Cour de Justice. Dans ces conditions, il ne répondra pas aux questions qui lui seront posées. Viennent déposer de nombreuses personnalités en tant que témoins soit à charge : Édouard Daladier, Paul Reynaud, Léon Blum, Pierre Laval, soit à décharge : le général Weygand, le pasteur Boegner.

Le procès sachève le 15 août 1945 à laube. La cour déclare Pétain coupable, notamment, dintelligence avec lennemi et de haute trahison. Elle le condamne à mort, à la dégradation nationale à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois ces condamnations du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge[80],[81]. La condamnation a été voté à une voix de majorité[82].

Le verdict de la Haute cour de justice[83] frappe d'indignité nationale[80] Philippe Pétain, ce qui implique « la perte du rang dans les forces armées et du droit à porter des décorations », de facto il est déchu de son titre (de sa « dignité ») de maréchal de france. À la fin du procès, il se dépouille de son uniforme [84] avant d'être incarcéré. La mention du titre sur l'acte de décès est une liberté prise par un agent de l'état-civil qui n'engage aucune institution officielle. Il convient donc, comme le font les historiens d'aujourd'hui, de le nommer simplement « Philippe Pétain », en particulier pour la période qui suit sa condamnation du 15 août 1945. On rencontre aussi la dénomination « ex-maréchal Pétain » [85].
Cependant la décision judiciaire qui le frappe d'indignité nationale interprétée stricto sensu comme « lui retirant son rang dans les forces armées et son droit à porter ses décorations »[86], le titre de maréchal de France étant une distinction, et non un grade, décernée, non pas par un décret, mais par une loi votée au Parlement [87], peut permettre de considérer que cette décision de justice ne peut annuler une mesure législative.

Accomplissant le vœu de la Haute Cour de justice, le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commue la sentence de mort en peine de réclusion à perpétuité le 17 août 1945[80]. Compte tenu de la peine de dégradation nationale (article 21 de l'ordonnance du 26 décembre 1944), le maréchal Pétain est exclu automatiquement de l'Académie française[88],[89],[90] (l'ordonnance prévoit l'exclusion de l'Institut). Toutefois, celle-ci sabstient délire un remplaçant de son vivant au 18e fauteuil[88],[89], égard auquel a également eu droit Charles Maurras[88] (tandis quAbel Bonnard et Abel Hermant sont remplacés dès 1946[88]).

Philippe Pétain est emprisonné au fort du Portalet, dans les Pyrénées, du 15 août au 16 novembre 1945, puis transféré au fort de la Citadelle sur L'Île-d'Yeu (Vendée). Son épouse, Annie Pétain, installée à son tour dans lîle, bénéficie dun droit de visite quotidien. La santé du maréchal Pétain décline à partir du début de lannée 1951, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Eu égard à cette situation, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue dadoucir une fin prévisible, autorise le 8 juin 1951 « lélargissement » du prisonnier et son assignation à résidence « dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère ». Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville a lieu le 29 juin 1951, Philippe Pétain meurt le 23 juillet 1951. Il est inhumé le surlendemain dans le cimetière marin de lîle dYeu.

La tombe du maréchal Pétain

En 1973 a lieu un épisode rocambolesque : sa dépouille est enlevée par des personnes se réclamant de sa mémoire et désireuses dobtenir le transfert de ses cendres au fort de Douaumont (Verdun), auprès des centaines de milliers de soldats français qui y sont tombés, conformément aux dernières volontés du maréchal.

Tombe de Philippe Pétain sur l'île d'Yeu

La tombe du maréchal Pétain est fleurie au nom de la présidence de la République le 10 novembre 1968 (sous le général de Gaulle, à l'occasion du 50e anniversaire de l'armistice de 1918)[91],[92],[93], en février 1973 (sous Georges Pompidou, suite à la profanation de la tombe située à L'Île-d'Yeu)[93] et en 1978 (sous Valéry Giscard d'Estaing, 60e commémoration de la victoire de 1918)[93]. Pendant la présidence de François Mitterrand, elle est fleurie le 22 septembre 1984 (jour de la rencontre avec le chancelier Helmut Kohl à Verdun)[94], puis le 15 juin 1986 (70e anniversaire de la bataille de Verdun), puis chaque 11 novembre entre 1987 et 1992. Cette pratique ne cesse quaprès de nombreuses protestations dont celles de la communauté juive [93],[95].

François Mitterrand comme les apologistes de la mémoire de Pétain ayant déclaré quils honoraient simplement la mémoire de lhomme de Verdun et nullement celle du chef de lÉtat français, lancien premier ministre Laurent Fabius fit remarquer que lorsque lon juge un homme, on le fait sur lensemble de sa vie. Quant à lhistorien André Kaspi, il souligna lartificialité de cette distinction : « Le Pétain collaborateur de 1940-1944 na pu égarer les Français et en convaincre bon nombre de le suivre que parce quil bénéficiait du prestige du Pétain de 1914-1918. Lun naurait pas existé sans lautre[96]. »

Sa sépulture fut de nouveau profanée en 2007[97].

Les Français face à Philippe Pétain

Avant 1940

Militaire à la réussite tardive, Pétain doit son premier prestige moins à son rôle à Verdun quà sa gestion de la crise du moral en 1917. En arrêtant les offensives inutilement meurtrières, et en libéralisant le régime des permissions, il gagne et conserve auprès des hommes et jusque dans certains cercles pacifistes la réputation dun chef compréhensif et soucieux dépargner le sang des soldats. Même si certains rappellent (pour lexalter ou pour le dénoncer) son rôle de « fusilleur » des mutins de 1917, cest cette réputation qui se maintient pendant lentre-deux-guerres[98].

Contrairement à une légende vivace mais qui a énormément contribué sous lOccupation à sa grande popularité, Pétain na pas été providentiellement « sorti du placard alors quil ne demandait rien » en 1940 à 84 ans ; il est même excessif de dire quil a alors « repris du service », comme le croiront beaucoup de Français. Son entre-deux-guerres est en effet celle dun homme reconnu et tout à fait actif : fait maréchal en 1918, il est dans les années 1930 le dernier titulaire encore vivant de la prestigieuse distinction ; membre de lAcadémie française, inspecteur général de lArmée, très influent sur la doctrine militaire, il est ministre en 1934 et ambassadeur en 1939, et paraît déjà un recours possible à certains.

Pendant ces années, il évite de prendre des partis-pris trop tranchés, ce qui lui ménage même dans les milieux républicains voire de gauche la réputation dun militaire modéré et politiquement fiable. Peu clérical au contraire dun Foch ou dun Castelnau, il ne se mêle pas de la crise de 1924, ce dernier prend la tête dun mouvement de masse contre lanticléricalisme du gouvernement Herriot ; il évite de dénoncer en public le Front populaire et lEspagne républicaine ; il est informé du complot de « la Cagoule » visant à renverser la République et à porter un militaire prestigieux (lui-même ou Franchet dEsperey) à la tête de lÉtat, mais se garde de sy compromettre (1937). En 1939, lorsquil est nommé ambassadeur auprès de Franco, Léon Blum proteste dans Le Populaire quon envoie au dictateur espagnol « ce que nous avons de meilleur ». Seul le colonel de Gaulle soupçonne quil prend goût au pouvoir, et confie : « Il accepterait nimporte quoi, tant le gagne lambition sénile ».

En mai 1940, Paul Reynaud ne se méfie pas davantage de Pétain quand il lappelle à la vice-présidence du Conseil. Or, après sêtre dabord longuement tu, Pétain prend la tête des partisans de larmistice.

Maréchalistes, pétainistes et opinion pendant lOccupation

Il est hors de doute quune majorité de Français, sonnés par la déroute dune armée quils croyaient invincible, a accueilli larmistice comme un soulagement, de même que le maintien dun Gouvernement français dirigé par un sauveur providentiel et susceptible à leurs yeux de faire écran entre eux et loccupant. Très peu ont perçu sur le coup que le retrait de la guerre condamnait le pays à une longue occupation nécessitant lentente avec le vainqueur. Par ailleurs, souligne Olivier Wieviorka, ni lessentiel des Français ni la majorité des parlementaires à lui voter les pleins pouvoirs ne voulaient lui donner ainsi mandat pour exclure les Juifs, briser lunité nationale ou atteler la France au char allemand.

Contrairement à une légende encore tenace, il ny a pas eu non plus en 1940 « Quarante millions de pétainistes » [99] qui seraient devenus en 1944 quarante millions de gaullistes.

La distinction de Stanley Hoffmann entre « maréchalistes » et « pétainistes » sest imposée en effet à lhistoriographie contemporaine. Les « maréchalistes » font confiance à Pétain comme bouclier des Français. Beaucoup plus minoritaires, les « pétainistes » approuvent en plus son idéologie réactionnaire et sa politique intérieure, voire la collaboration dÉtat.

Nombre de résistants de la première heure furent ainsi un temps maréchalistes par erreur, croyant que Pétain jouait double-jeu et quen préparant la revanche, ils répondaient à ses vœux secrets. Henri Frenay ou le journal clandestin Défense de la France citent ainsi élogieusement Pétain en 1941-1942, avant de revenir de leurs illusions et de dénoncer son rôle comme équivoque et néfaste.

Dautres encore, les « vichysto-résistants »[50], ont participé au régime de Vichy et à la mise en œuvre de sa politique avant de se détourner de lui surtout après novembre 1942, tout en gardant leur respect pour Pétain et pour tout ou partie de ses idées. Souvent, ils nont pas dobjection de fond à faire à celles-ci, mais considèrent que le moment choisi pour les appliquer est inapproprié, tant que lAllemand occupe encore le territoire.

Des déçus de la IIIe République ont cru aussi que le régime de Pétain pouvait leur servir à mettre en place leurs propres projets, et se sont ralliés à tout ou partie de sa Révolution nationale. Mais un Emmanuel Mounier, qui engage la revue Esprit aux côtés de Pétain en 1940, rompt avec lui dès mai 1941 par rejet radical de lantisémitisme, et passe à la Résistance. François Mitterrand, prisonnier évadé travaillant aux bureaux officiels de Vichy, est reçu par le maréchal Pétain en septembre 1942, mais nen rejoint pas moins la Résistance quelques mois plus tard.

Si beaucoup de « collaborationnistes parisiens » méprisent Vichy et son chef quils jugent trop réactionnaires et toujours trop peu engagés aux côtés du Troisième Reich, nombre des ultras de la collaboration sont de très fervents fidèles de Pétain, dont ils estiment relayer les appels publics à collaborer avec loccupant : ainsi Joseph Darnand ou encore Jacques Doriot qui se dit « un homme du Maréchal » jusquà fin 1941. Un groupuscule clairement pro-nazi de zone nord se baptise même les « Jeunes du Maréchal ». De nombreux ultras sont dailleurs plus ou moins précocement nommés membres du gouvernement Pétain à Vichy : ainsi Gaston Bruneton, Abel Bonnard, Jean Bichelonne, Fernand de Brinon, et plus tard Philippe Henriot ou Marcel Déat.

Selon le Pr. Jean Quellien[100], « Pétain a été responsable de lengagement de bien des hommes dans la collaboration » : 19 % des collaborationnistes du Calvados interrogés après la guerre confient sêtre inscrits à des partis « collabos » dabord parce quils pensaient suivre ainsi les volontés du maréchal.

Les travaux pionniers de Pierre Laborie et de nombreux historiens permettent aujourdhui de mieux cerner lévolution de lopinion publique sous Vichy. Généralement, la Révolution nationale, souci premier de Pétain, intéresse peu les Français, et « patine » dès 1941. La collaboration est très largement rejetée, mais beaucoup croient à tort que le maréchal est de bonne foi et veut protéger les Français, voire quil est forcé par les Allemands à collaborer ou même prisonnier dun entourage « collabo ». Reprenant le thème ancestral du bon monarque trompé par ses mauvais ministres, la masse des Français distingue entre le maréchal et ses ministres, à commencer par le très impopulaire Pierre Laval, unanimement haï, et chargé seul de toutes les turpitudes et de tous les échecs du régime.

Nombre de Français ne font toutefois pas la différence, quils soient résistants ou non. Dans bien des écoles, linstituteur néglige dapprendre aux élèves le Maréchal, nous voilà !. Globalement, le prestige de Pétain est nettement plus faible chez les ouvriers que chez les paysans ou dans la bourgeoisie, et encore faut-il apporter de nombreuses nuances. Les prisonniers de guerre, coupés depuis 1940 de la réalité française et choyés par la propagande du régime, sont en général restés maréchalistes ou pétainistes plus longtemps que les autres Français. Si la grande majorité de lépiscopat français est restée très maréchaliste voire pétainiste jusquen 1944, les catholiques ont été, avec les communistes, une des catégories les plus engagées dans la Résistance. Enfin, la zone sud, « royaume du Maréchal »[101] est beaucoup plus marquée par la présence de Pétain et de son régime que la zone nord, le chef de lÉtat, Vichy et la Révolution nationale sont des réalités bien plus lointaines. Dans son Nord-Pas-de-Calais natal, coupé de lHexagone et dirigé depuis Bruxelles, Pétain ne jouit avec son régime daucune considération : lOccupation y est demblée trop brutale, langlophilie traditionnelle trop forte, pour laisser la moindre place aux thèmes de la collaboration et du « redressement » intérieur.

Après les grandes rafles de Juifs de lété 1942, linvasion de la zone sud en novembre 1942, puis linstauration du STO, le discrédit de Vichy est massif, mais épargne toutefois majoritairement la figure tutélaire du maréchal. Cependant, celui-ci devient de plus en plus lointain aux yeux des Français.

En avril 1944, lorsque Pétain vient pour la première fois à Paris en quatre ans, certains lacclament, mais comme le souligne Pierre Laborie, il est tout à fait abusif de gloser ou de ricaner, comme on le fait traditionnellement, que les mêmes ont acclamé de Gaulle quatre mois plus tard. Pétain remplit en effet la petite place de l'Hôtel-de-Ville quand de Gaulle réunira deux millions de Français sur les Champs-Élysées, et parmi les quelque 10 000 personnes venues écouter le maréchal, combien de badauds, de curieux, denfants des écoles venus par ordre avec leurs maîtres, ou simplement de patriotes contents de voir flotter pour la première fois un drapeau tricolore sur lhôtel de ville et de pouvoir entonner sans risque la Marseillaise

Les sondages dopinion effectués à lautomne 1944 ne montrent pas une nette majorité de Français favorables à la condamnation du « traître » Pétain, cependant, la proportion exigeant la peine capitale ne cesse d'augmenter au fil des mois. À la question posée de savoir s'il faut infliger une peine au maréchal, les réponses sont les suivantes [102]:

  • en septembre 1944, un sondage de l'IFOP recueille 58 % de réponses négatives, 32 % de positives et 10 % sans opinion ;
  • en avril 1945, un nouveau sondage chiffre à 28 % la population des Français favorables à la peine de mort, tandis que les opposants à toute peine ne sont plus que 22 % ;
  • en juillet 1945, à l'ouverture du procès, un sondage recueille 76 % d'opinions favorables à la condamnation dont 37 % à la peine de mort. Le taux des opposants à toute peine est tombé à 15 %.

Le PCF mena quant à lui une virulente campagne contre « Pétain-Bazaine », assimilant ainsi le chef de Vichy au fameux traître de la guerre de 1870. La condamnation de Pétain au châtiment suprême, puis sa grâce, furent majoritairement approuvés[103].

Après la guerre : controverses, mémoire et histoire

Au procès Pétain, lavocat Jacques Isorni avec ses confrères Jean Lemaire et le bâtonnier Fernand Payen lance la légende du « détournement de vieillard » : Pétain aurait été abusé par Pierre Laval qui aurait profité de son grand âge. Sous la IVe République, le RPF gaulliste emploie la fameuse phrase de Charles de Gaulle dans ses mémoires : « la vieillesse est un naufrage », « la tragédie est que le Maréchal est mort en 1925 et que personne ne sen est aperçu ». Lhistorien Éric Roussel, entre autres, a montré que ce jugement gaullien nexplique en rien les choix du chef de lÉtat français, et quil na en réalité quune finalité électorale : pour rallier le plus possible de voix contre le « régime des partis » honni, les gaullistes doivent rallier les ex-pétainistes sans se déjuger de leur action dans la Résistance, d cette excuse commode de Pétain par lâge de lintéressé.

En réalité, comme le montrent Marc Ferro, Jean-Pierre Azéma ou François Bédarida, les choix de Pétain étaient parfaitement cohérents et bénéficiaient dappuis dans les milieux les plus divers de la société. Yves Durand souligne quil bâtissait son régime comme sil avait du temps devant lui, sans se soucier de la possibilité de sa disparition prochaine[104]. Quant aux fameuses « absences du Maréchal » rapportées par Jean-Raymond Tournoux, Marc Ferro ou Jean-Paul Brunet (il se mettait à disserter soudain sur le menu du jour ou le temps dehors face à des visiteurs), il sagissait surtout dune tactique pour éluder les questions gênantes en jouant du respect quinspirait sa qualité doctogénaire.

Le journaliste Robert Aron[105], a beaucoup contribué à lancer la légende parallèle de « lépée et du bouclier » : Pétain aurait tenté de résister pied à pied aux demandes allemandes, et secrètement cherché à aider les Alliés, pendant que de Gaulle préparait la revanche ; dautre part, il y aurait un « Vichy de Pétain » opposé au « Vichy de Laval ». Cheval de bataille des apologistes de la mémoire de Pétain, ces distinctions ont volé en éclat à partir de la parution de la France de Vichy de Robert Paxton en 1973[106]. Archives allemandes puis françaises à lappui, les historiens actuels démontrent, à sa suite, que la collaboration a été recherchée par Pétain, alors que Hitler ny croyait pas et na jamais voulu traiter la France en partenaire. Si la collaboration nest pas allée aussi loin quelle aurait pu, cest bien en raison des réticences dHitler, et non grâce à une quelconque résistance de Pétain aux demandes de loccupant. Ainsi, la collaboration répondait aux choix fondamentaux et intangibles de Pétain comme de Laval, que le maréchal a nommé et laissé agir en aidant son gouvernement de son charisme. Quant au fameux « double-jeu » du maréchal, il na jamais existé. Les quelques sondages informels quil a autorisés avec Londres, fin 1940, nont eu aucune suite[107],[108] et ne pèsent rien au regard de son maintien constant de la collaboration dÉtat jusquà la fin de son régime à lété 1944.

Loin davoir protégé les Français, selon les historiens[109],[110], Pétain a accru leurs souffrances en permettant aux Allemands de réaliser à moindres frais leurs objectifs : livraisons de Juifs dans le cadre de la Shoah[111],[112], répression de la Résistance, envoi forcé de main-dœuvre au STO, pillage alimentaire et économique. Avec leur peu de troupes, de fonctionnaires et de policiers, jamais loccupant naurait vu ses projets aboutir sans le concours indispensable des autorités de Vichy, et sans le prestige de Pétain, qui maintenait les Français dans le doute ou dans la conviction quils faisaient leur devoir en collaborant. 80 % des 76 000 Juifs de France déportés et exterminés par les nazis dans les camps de la mort ont ainsi été arrêtés par la police française[113]. La France a par ailleurs été le pays le plus pillé dEurope occupée, et lun des premiers fournisseurs de main-dœuvre et de tributs financiers et alimentaires au IIIe Reich.

De plus, en excluant de sa propre initiative des catégories entières de la communauté nationale (Juifs, communistes, républicains, francs-maçons, et bien sûr résistants), Pétain les a rendu plus vulnérables à la répression allemande, et a écarté demblée ces catégories de son hypothétique protection, tout comme les Alsaciens-Mosellans, abandonnés.

Aussi Pétain apparaît-il aujourdhui aux historiens, selon le mot de Jean-Pierre Azéma, comme « un bouclier percé ».

Depuis 1945, huit demandes en révision du procès Pétain ont été rejetées, ainsi que la demande répétée du transfert de ses cendres à Douaumont. Dans une note à Alexandre Sanguinetti, le 4 mai 1966, le général de Gaulle, alors président de la République, signifia ainsi sa position sur cette question :

«  Les signataires de la « pétition » relative au « transfert » des restes de Pétain à Douaumont n'ont aucunement été mandatés par les 800 000 anciens combattants pour s'emparer de cette question politique. Ils ne sont mandatés que pour faire valoir les intérêts spécifiques de leurs associations. Le leur dire[114] »

En 1995, le président Jacques Chirac reconnut officiellement la responsabilité de lÉtat dans la rafle du Vélodrome d'Hiver et en 2006, pour les 90 ans de la bataille de Verdun, son discours mentionna à la fois le rôle de Pétain dans la bataille et ses choix désastreux de la Seconde Guerre mondiale. Cest lultime avatar, à lheure actuelle, de la volonté de la France et des Français de « regarder en face » un des personnages les plus énigmatiques et les plus controversés de leur histoire récente.

Une longue bataille judiciaire a eu lieu d'octobre 1984 à septembre 1998 au sujet de la mémoire du maréchal Pétain. Jacques Isorni et François Lehideux avaient fait paraître le 13 juillet 1984 dans le quotidien Le Monde un encart publicitaire intitulé « Français, vous avez la mémoire courte »[115], dans lequel, au nom de l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain et l'Association nationale Pétain-Verdun, ils prenaient sa défense. À la suite d'une plainte déposée par l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance pour apologie de crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi, le procureur de la République prit un réquisitoire définitif de non-lieu le 29 mai 1985, mais le juge d'instruction renvoya une semaine plus tard les parties devant le tribunal correctionnel de Paris, qui relaxa les prévenus le 27 juin 1986 - jugement confirmé par la Cour d'appel de Paris le 8 juillet 1987. L'arrêt de la Cour d'appel fut cassé par la Cour de cassation le 20 décembre 1988. La Cour d'appel de Paris se déjugea le 26 janvier 1990 en déclarant les constitutions de parties civiles recevables ; elle infirma le jugement de relaxe et condamna les prévenus à un franc de dommages et intérêts et à la publication de l'arrêt dans Le Monde. Le pourvoi en cassation déposé par les prévenus fut rejeté par la Cour le 16 novembre 1993.

Enfin, le 23 septembre 1998 (par l'arrêt Lehideux et Isorni contre France) la Cour européenne des droits de l'homme décida par quinze voix contre six qu'il y avait eu violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'hommeportant sur la liberté d'expression : l'opinion majoritaire chez les juges fut qu'il devait être possible de présenter un personnage, quel qu'il soit sous un jour favorable et de promouvoir sa réhabilitationau besoin en passant sous silence les faits qui peuvent lui être reprochéset que la condamnation pénale subie en France par les requérants était disproportionnée[116].

Le point de vue de Charles de Gaulle

« Toute la carrière de cet homme dexception avait été un long effort de refoulement. Trop fier pour lintrigue, trop fort pour la médiocrité, trop ambitieux pour être arriviste, il nourrissait en sa solitude une passion de dominer, longuement durcie par la conscience de sa propre valeur, les traverses rencontrées, le mépris quil avait des autres. La gloire militaire lui avait, jadis, prodigué ses caresses amères. Mais elle ne lavait pas comblé, faute de lavoir aimé seul. Et voici que, tout à coup, dans lextrême hiver de sa vie, les événements offraient à ses dons et à son orgueil loccasion tant attendue de sépanouir sans limites, à une condition, toutefois, cest quil acceptât le désastre comme pavois de son élévation et le décorât de sa gloire [...] Malgré tout, je suis convaincu quen dautres temps, le maréchal Pétain naurait pas consenti à revêtir la pourpre dans labandon national. Je suis sûr, en tout cas, quaussi longtemps quil fut lui-même, il eût repris la route de la guerre dès quil put voir quil sétait trompé, que la victoire demeurait possible, que la France y aurait sa part. Mais, hélas ! Les années, par-dessous lenveloppe, avaient rongé son caractère. Lâge le livrait aux manœuvres de gens habiles à se couvrir de sa majestueuse lassitude. La vieillesse est un naufrage. Pour que rien ne nous fût épargné, la vieillesse du maréchal Pétain allait sidentifier avec le naufrage de la France[117]. »

— Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, lAppel, 1940-1942

Carrière

Carrière militaire

Carrière politique

  • 8 février 1934 - 8 novembre 1934, ministre de la Guerre
  • 6 juin 1936 - 1er mars 1939, membre du Comité permanent de la Défense nationale (CPDN)
  • 2 mars 1939 - 16 mai 1940, ambassadeur à Madrid
  • 17 mai 1940, vice-président du Conseil
  • 16 juin 1940, président du Conseil
  • 11 juillet 1940 - 20 août 1944, chef de lÉtat français

Notes, sources et références

  1. a et b Enfance et adolescence du maréchal Pétain, marechal-petain.com
  2. Henri Amouroux, Pétain avant Vichy, Fayard, 1967, p. 13.
  3. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, « Pétain : sa carrière, son procès », édit. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; réédit. CAL, p. 25-26
  4. LOfficier Pétain, marechal-petain.com
  5. Pierre Quillard, Le monument HenryListe des souscripteurs classés méthodiquement et selon l'ordre alphabétique, éd. Pierre-Victor Stock, Paris, 1899, chap« L'Armée », [pdf] [consultable en ligne sur le site gallica.bnf.fr (page consultée le 3 juillet 2009)] ; 18 listes publiées par La Libre Parole, entre le 14 décembre 1898 et le 15 janvier 1899.
  6. Marc Ferro, Pétain, Fayard, 1987.
  7. Biographie de Philippé Pétain sur le site Chemins de mémoire du Gouvernement français, cheminsdememoire.gouv.fr
  8. a, b, c et d Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 31
    Aron indique : « [...] le chef de bataillon Pétain est promu professeur à l'école de tir de Chalons. »
  9. À lépoque, Ferdinand Foch est un ardent défenseur de cette tactique
  10. « Vente du vendredi 7 novembre 2008 - AutographesLot no 426 », sur le site galileoauction.com, consulté le 5 juin 2009
  11. a et b Cétait alors le plus haut grade
  12. a, b, c, d et e Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 27
  13. Instructions du 29 décembre 1917
  14. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 35-36
  15. Georges Clemenceau écrit pourtant dans ses mémoires : « S'il m'est demandé de répondre à la question : « Quel est le vainqueur de la bataille de Verdun ? » , je dirai que celle-ci a été gagnée par le général Nivelle heureusement secondé par le général Mangin. »
  16. Décret du 6 août 1918 attribuant la médaille militaire au général Pétain
  17. (es) Javier Espinoza, « Gas mostaza sobre el Rif », El Mundo, 18 avril 2001
  18. Lhistorien britannique Sebastian Balfour dans Étreinte mortelle, Éditions Península ainsi que Rolf-Dieter Müller dans son livre Giftgas Gegen Abd El Krim: Deutschland, Spanien und der Gaskrieg in Spanisch-marokko, 1922-1927
  19. Omar Mezoug, « Chronique du livre de Courcelle-Labrousse et Marmié », La guerre du Rif, Maroc 1921-1926, dans La Quinzaine littéraire no 973, 16 juillet 2008, p. 26
  20. Site de l'Académie française, discours de réception du maréchal Pétain
  21. Journal officiel du 4 mars 1934
  22. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 36
  23. Conférence du 6 avril 1935 à lÉcole de Guerre
  24. Préface du livre du général Sikorsky, La Guerre moderne
  25. a, b, c et d Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol, 1965-1966, Tome deuxième, « L'orage approcheLa « Drôle de guerre », 1939-1940 », chapV, p. 78-79
  26. Dans le journal Le Petit Marseillais du 9 février 1941, voir : Maurice Weyembergh, Charles Maurras et la Révolution française, éd. Vrin, 1992, 146 p. (ISBN 2711642755 et ISBN 9782711642755) [lire en ligne], p. 116
  27. Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, préface de Stanley Hoffmann, Seuil, coll. « Points Histoire », rééd. novembre 1999, 475 p. (ISBN 978-2020392105), p. 51
  28. Voir lintégralité du discours sur [1]
  29. Le discours de Pétain du 17 juin 1940 et l'allocution rectificative de Baudouin diffusée le même jour
  30. Cf. Yves Durand, Henri Michel, J.P. Azéma
  31. Texte du discours de Pétain du 20 juin 1940
  32. 25 juin 1940 : Pétain annonce aux Français les conditions de l'armistice
  33. livresdeguerre.net, Les conditions d'armistice
  34. Texte du traité d'armistice sur le site de l'université de Perpignan et sur Wikisource
  35. Loi constitutionnelle du 10 juillet 1940
  36. Le drapeau de l'« État français » de Vichy est le drapeau tricolore de la France, sans marque distinctive particulière de ce régime : « Voyages du maréchal Pétain », Les Actualités mondiales, 18 juillet 1941 Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le 16 janvier 2009.
  37. « Le maréchal Pétain revient à Vichy », France Actualités, 9 juin 1944, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le 17 janvier 2009.
  38. « Cachet de la sous-préfecture de Dinan, 6 décembre 1943, État français (Régime de Vichy) » , Académie de Rennes.
  39. a et b Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 38
  40. a et b Acte constitutionnel no 2 du 11 juillet 1940, sur le site mjp.univ-perp.fr/france, consulté le 25 juin 2009
  41. Christian Ferrier, Extrait de la revue Grandeur n° 101, juin 2006, charlesdegaulle.be, [lire en ligne]
  42. André Kaspi, Ralph Schor, Nicole Piétri, La Deuxième Guerre mondiale - Chronologie commentée, « 1940, fondation du mouvement de libération nationale », Éditions Complexe, (ISBN 2-87027-591-9), p. 127, books.google.fr [lire en ligne], Éditions Perrin, 1990, (ISBN 2262007268)
  43. « Historique des inscriptions sur les timbres-poste de France », sur le site timbreposte.free.fr, consulté le 2 février 2009.
  44. « Le maréchal Pétain quitte Vichy », France Actualités, 12 mai 1944, Archives de l'INA, sur le site ina.fr, consulté le 17 janvier 2009.
  45. Le texte des actes constitutionnels sur le site de l'Université de Perpignan [2]
  46. Voir un extrait du discours sur clioweb
  47. L'intégralité du discours de Pétain du 12 août 1941, dit « Du vent mauvais »
  48. Jean-Louis Clément, Les évêques au temps de VichyLoyalisme sans inféodationLes relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, Éditions Beauchesne, 1999, 279 p. (ISBN 2701013550 et ISBN 9782701013558), [lire en ligne], p. 37-38
  49. Le texte de l'appel de Valentin
  50. a, b et c Expression utilisée par Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka dans Vichy 1940-44, éd. Perrin, p. 355-357 en 1997. Depuis l'expression a été assez souvent reprise par Azéma et Denis Peschanski, « Les vichysto-résistants », communication au colloque « Guerre, collaboration, résistance : un demi-siècle dhistoriographie française », Tel-Aviv, du 17 au 19 mai 2005, par Robert Belot, La Résistance sans de Gaulle, Fayard, 2006, 668 p. (ISBN 2213629544) et par Henry Rousso, l'Express no 2871 du 13 juillet 2006
  51. a, b et c Cf. Stanley Hoffmann
  52. amgot.org, Loi portant statut des Juifs, Lois sur le statut des Juifs, textes repris du Journal officiel.
  53. Paul Baudouin, Neuf mois au gouvernement, avril à décembre 1940, Éditions La Table Ronde, 1948.
  54. Loi du 29 mars 1941 créant un Commissariat général aux questions juives, publiée au Journal officiel du 31 mars 1941
  55. voir Chronologie de la contraception et de l'avortement en France
  56. sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : Dune agriculture protégée à une agriculture dirigée, Ens Cachan [lire en ligne]
  57. a et b La lettre de la fondation de la Résistance, n° 43, décembre 2005.La Corporation paysanne, site fmd.asso.fr
  58. pressesdesciencespo.fr, Isabel Boussard-Decaris, Vichy et la Corporation paysanne
  59. sciences-sociales.ens.fr, Julien Kurtz, Matthieu Pujuguet, Jacques-Benoit Rauscher, Les politiques agricoles de 1939 à 1958 : Dune agriculture protégée à une agriculture dirigée, Ens Cachan [lire en ligne]
    « [...] [En mars 1945] La CGA est une confédération composée de 7 branches dont la FNSEA, qui majoritaire, ne peut cependant pas imposer sa loi et seule la CGA est reconnue par les pouvoirs publics comme représentative du monde paysan [...] ».
    « 1946 janvier-février. Lépreuve de vérité pour la CGA a lieu en 1946 quand les paysans sont appelés à élire librement les représentants à la FNSEA. Dans la plupart des régions ces élections sont interprétées comme un référendum sur les nouvelles institutions agricoles. Deux tendances se dessinent alors dans le monde agricole : la FNSEA plus droite dun côté et de lautre la CGA. Ce sont deux visions de lagriculture qui saffrontent [...] »
  60. a et b « Pétain, Philippe : Message du 30 octobre 1940 », Themenportal Europäische Geschichte, sur le site europa.clio-online.de, consulté le 26 mai 2009
  61. Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers EuropaDie deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p. ; cité par Stanley Hoffmann dans sa préface à La France de Vichy de Robert Paxton : Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, préface de Stanley Hoffmann, Éditions du Seuil, coll. « Points Histoire » ; rééd. novembre 1999, 475 p., (ISBN 978-2-02-039210-5), p. 41
  62. Cf. Marc Ferro
  63. Il déclare notamment : « Cest dans lhonneur et pour maintenir lunité française, une unité de dix siècles, dans le cadre dune activité constructive du nouvel ordre européen, que jentre aujourdhui dans la voie de la collaboration […] Cette collaboration doit être sincère […] ».
  64. Cette entrevue ne fit l'objet d'aucun compte rendu officiel, mais on sait que seul le principe de la collaboration fut établi sans qu'aucun engagement ne soit pris d'aucune part. Il est d'ailleurs important de souligner que cette entrevue intervint en même temps que les débats de la commission d'armistice entre la France et l'Allemagne, tout en étant totalement distincte. Cf: Marc Ferro, Questions sur la Seconde Guerre mondiale, Éditions Complexe, 2007, p 38
  65. Jacques Duquesne, Les Catholiques sous lOccupation, Points-Seuil, 1996
  66. L'Histoire no 148, octobre 1991, p. 52
  67. Robert Paxton, « De l'Occupation à la Libération », dans La France des années noires, Tome 2, Éd. du Seuil, 1993, p. 16-23
  68. Robert O. Paxton, L'Armée de Vichy - Le corps des officiers français 1940-1944, édition française (trad. Pierre de Longuemar), éd. Tallandier, 2004, 567 p. (ISBN 978-2020679886), p. 372
  69. Robert Aron, Histoire de Vichy, Fayard, 1954, p. 636-642
  70. Afin d'en référer à son gouvernement, le consul général allemand Krug von Nidda, mis au courant, bloque le projet. Il aurait été averti par le ministre des Affaires étrangères Ribbentrop qu'un délai était nécessaire pour étudier le texte. La nouvelle du refus définitif fut ensuite apportée à l'hôtel du Parc par le représentant allemand à Vichy.
  71. Pierre Nicolle, Cinquante mois d'armistice, Éditions André Bonne, p. 288.
  72. Cf. Raymond Cartier
  73. a, b, c, d, e et f Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 41-42
  74. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 41-45
  75. Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Le salut : 1944-1946, Éd. Plon, 1959, (ISBN 2-266-16750-2) ; nouvelle édition : Pocket, Paris, chapitre : « L'ordre », p. 137.
  76. Le procès du maréchal Pétain, texte intégral du Journal officiel, trois volumes, Éditions du Trident
  77. a et b Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 52
  78. Quid 2006, p. 876
  79. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 53
  80. a, b et c Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, opcit., p. 62
  81. Histoire de France, « épuration », Quid. fr
  82. Quid 2006, p. 867
  83. guerre-mondiale.org, La seconde guerre mondiale, « La condamnation du maréchal Pétain »
  84. histoire-en-questions.fr, Un moment d'Histoire, « Le verdict »
  85. Dans les ouvrages historiques, on trouve souvent aussi, à son égard, les appellations « le Maréchal », « Philippe Pétain », ou simplement « Pétain ». L'usage de « maréchal Pétain » s'est restreint après sa condamnation.
  86. Voir : Indignité nationale#Peine encourue (Dégradation nationale)
  87. Cest d'ailleurs lun des rares exemples de loi personnelle.
  88. a, b, c et d Collectif - Fondation Charles de Gaulle, De Gaulle et la Libération, Éditions Complexes, Paris, 2004, 221 p. (ISBN 2804800164 et ISBN 9782804800161), [présentation en ligne], [lire en ligne], chapitre : « De Gaulle et la République des lettres », par Nicole Racine : p. 184-186 : « [...] L'ordonnance du 26 décembre 1944 entraînait automatiquement la destitution et l'exclusion de toutes fonctions, offices publics et corps constitués de quiconque était déclaré coupable d'indignité nationale. [...] »
    Ont participé à cet ouvrage : Claire Andrieu, Serge Berstein, Michèle et Jean-Paul Cointet, Laurent Douzou, René Hostache, Chantal Morelle, Nicole Racine, Odile Rudelle, Maurice Vaïsse, Dominique Veillon, Olivier Wieviorka. Textes tirés des actes du colloque des 6, 7 et 8 octobre 1994 organisé par la Fondation Charles de Gaulle, la Fondation des Sciences politiques, l'Association française des constitutionnalistes et la participation de l'université de Caen ; publié en version intégrale : Le rétablissement de la légalité républicaine, 1944, Éditions Complexes, 1996.
  89. a et b Site de l'Académie française, Philippe Pétain (1856-1951) : « [...] Condamné à lindignité nationale, le maréchal Pétain fut exclu de lAcadémie française ; son siège ne devait pas être pourvu de son vivant. »
  90. Le Larousse 2008, (ISBN 978-2-03-582503-2), PÉTAIN (Philippe), p. 1592 emploie le mot « radié » : [Acad. fr., 1929 ; radié en 1945] ; ce terme est employé par ce dictionnaire de manière constante, il figure par exemple sur l'édition de 1952, p. 1607.
  91. Henry Rousso, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Éditions du Seuil, coll. « Points histoire », Paris, 1990, p. 385
  92. Eric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, Fayard, 1994
  93. a, b, c et d crdp-reims.fr, CRDP Champagne-Ardenne, « La reconnaissance progressive de la responsabilité de l'État Français »
  94. Henry Rousso, Le syndrome de Vichy. De 1944 à nos jours, Éditions du Seuil, coll. « Points histoire », Paris, 1990, p. 389
  95. vie-publique.fr, Extraits de l'interview de François Mitterrand, accordée à Radio J le 13 novembre 1992 (diffusée le 22), sur la commémoration de la rafle du Vel d'Hiv de 1942 et la polémique autour du dépôt d'une gerbe sur la tombe du maréchal Pétain.
  96. Henry Rousso, Le Syndrome de Vichy, 1996
  97. dépêche AFP, 19 septembre 2007
  98. C'est ce que montre par exemple le jugement de Simone de Beauvoir : « Pétain : le responsable de la répression de Verdun, lambassadeur qui avait couru féliciter Franco de sa victoire, un intime ami des Cagoulards », dans La Force de lâge, Gallimard, 1960, p. 510.
  99. Cf. Henri Amouroux
  100. Pr. Jean Quellien Opinion et comportements dans le Calvados sous lOccupation, 1995
  101. Cf. J.R. Tournoux
  102. Jacques Le Groignec, Réplique aux diffamateurs de la France 1940-1945, édit. Nouvelles éditions latines, 2006 (ISBN 2-7233-2063-4)
  103. J.P. Rioux, La France de la IVe République, Points-Seuil
  104. Yves Durand, Vichy 1940-1944, Bordas, 1972
  105. Robert Aron, Histoire de Vichy, 1954
  106. Robert Paxton, la France de Vichy, 1973
  107. Winston Churchill, The Second World War, Plon, 1948-1954 ; rééd. La Deuxième Guerre mondiale, Le Cercle du Bibliophile, 12 vol., 1965-1966, Tome quatrième, « L'heure tragique, l'Angleterre seule, 1940 », chapXI, p. 203-227
  108. Jean Lacouture, Charles de Gaulle, I. Le rebelle 1890-1944, édit. Le Seuil, 1984, (ISBN 2-02-006969-5), chap23 « L'ombre de Vichy », p. 449-462
  109. Robert Paxton, La France de Vichy 1940-1944, préface de Stanley Hoffmann, Seuil, coll. Points Histoire, rééd. novembre 1999, (ISBN 2020392100)
  110. Janine Bourdin, Critique du livre de Paxton dans : Revue française de science politique, persee.fr [lire en ligne]
  111. ac-reims.fr, 1945 : La libération des camps nazis et la révélation du génocide, Bulletin de Liaison des Professeurs d'Histoire-Géographie de l'Académie de Reims, n° 6, 1993
  112. appli-etna.ac-nantes.fr, « Quelques rappels sur la déportation 1933-1945 »
  113. crdp-reims.fr, Centre de recherche et de documentation pédagogique, « La déportation et le système concentrationnaire nazi »
  114. Cité par Marcel Jullian, De Gaulle, Pensées, répliques et anecdotes, éd. Le cherche midi, 1994, (ISBN 2-7242-8462-3) ; rééd. France Loisirs, Paris, 1995, p. 99
  115. Le titre de l'encart fait référence à une phrase, restée célèbre, de l'allocution du maréchal Pétain le 17 juin 1941
  116. credho.org, Credho Paris Sud, « CEHD, Liberté d'expression et apologie de la collaboration, Affaire Lehideux et Isorni (23 septembre 1998) », par Patrice Rolland, professeur à l'Université de Paris XII
  117. Charles de Gaulle, Mémoires de guerreL'appel : 1940-1942 (Tome I), éd. Plon, Paris, 1954 ; rééd. Pocket, 1999 (nouvelle édition 2007) 440 p. (texte intégral), (ISBN 2266095269 et ISBN 978-2-266-09526-6), p. 78-79

Sources et bibliographie

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  • Robert Aron (avec Georgette Elgey), Histoire de Vichy - 1940-1944, éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », Paris, 1954, 766 p.
  • Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), La France des années noires, Seuil, 1993, 2 vol. [avec un article comparatif de Robert Frank sur les personnalités de Pétain, Laval, Darlan et Weygand]
  • Jean-Pierre Azéma et François Bédarida (dir.), Vichy et les Français, Fayard, Paris, 1996
  • Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, Points-Seuil, 1981 ; rééd. 2002
  • Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy 1940-1944, Perrin, 2000
  • Emmanuel Berl, La Fin de la IIIe République, Édition NRF Gallimard, 1968
  • Jean-Pierre Bertin-Maghit, Les Documenteurs des Années Noires, éd. Nouveau Monde, 2004 (ISBN 2-84736-044-1)
  • Gérard Boulanger, À mort la Gueuse ! Comment Pétain liquida la République à Bordeaux, Calmann-Lévy, 2006
  • Éric Conan et Henry Rousso, Vichy, un passé qui ne passe pas, éd. Fayard, Paris, 1994 (ISBN 2-213-59237-3) ; nouvelle édition Gallimard, coll. « Folio histoire », Paris, 1996, 513 p. (ISBN 2-07-032900-3 et ISBN 978-2070329007)
  • François Delpla, Montoire - Les premiers jours de la collaboration, éd. Albin Michel, Paris, 1996, 504 p. (ISBN 978-2226084880)
  • François-Georges Dreyfus, Histoire de Vichy, Éditions de Fallois, 2004
  • Marc Ferro, Pétain, Hachette Littérature, Poche, 1993 ; rééd. Hachette, coll. « Pluriel histoire », 2009, 789 p. (ISBN 978-2012705180)
  • Louis-Dominique Girard, Montoire, Verdun diplomatique, Édition André Bonne, 1948
  • Jacques Le Groignec (président de lAssociation pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain), Pétain, Nouvelles éditions latines, 1991
  • Jacques Isorni, Souffrance et mort du Maréchal
  • Eberhard Jäckel, Frankreich in Hitlers EuropaDie deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, Deutsche Verlag-Anstalg GmbH, Stuttgart, 1966 ; traduction : La France dans l'Europe de Hitler (préface de Alfred Grosser, traduction de Denise Meunier), éd. Fayard, coll. « Les grandes études contemporaines », 1968, 554 p.
  • William Langer, Le Jeu américain à Vichy, Plon, Paris, 1948
  • Géo London, le Procès Pétain, Roger Bonnefon éditeur, coll. « Les Grands Procès de la Guerre 1939-1945 », Lyon, 1946, 1084 p. (avec 44 croquis daudience de Jean Auscher)
  • Herbert Lottman, Pétain, Éditions du Seuil, 1984
  • Robert, Thibaut de Maurepas, Les Grands Hommes dÉtat de lHistoire de France, Larousse, 1989, pages 450-453 (ISBN 2-03-740030-6)
  • Albert Merglen, Novembre 1942 : La grande honte, LHarmattan, Paris, 1993
  • Henri Michel, Vichy, année 40, Robert Laffont, Paris, 1967
  • Henri Michel, Pétain, Laval, Darlan, trois politiques ?, 1972
  • Henri du Moulin de Labarthète, Le Temps des Illusions, À lenseigne du cheval ailé, Genève, 1946
  • Jean-François Muracciole, La France pendant la Seconde Guerre mondiale, Le Livre de Poche références, 2002
  • Guy Pedroncini, Pétain, 1856-1918 : le soldat et la gloire, Perrin, 1989
  • Guy Pedroncini, Pétain, novembre 1918-juin 1940 : la victoire perdue, Perrin, 1995
  • Robert Paxton, La France de Vichy 1940-1944, Éditions du Seuil, Paris, 1973 ; rééd. Seuil, coll. « Points Histoire », préface de Stanley Hoffmann, novembre 1999, 475 p. (ISBN 978-2-02-039210-5)
  • Robert Paxton, L'Armée de Vichy - Le corps des officiers français 1940-1944, éd. en anglais 1966 ; édition française (trad. Pierre de Longuemar) Tallandier, 2004, 588 p. (ISBN 2847341390) ; rééd. Le Seuil, coll. « Points-Histoire », 2006, (postface de Claude dAbzac-Epezy) 567 p. (ISBN 978-2020679886)
  • Henry Rousso, Un château en Allemagne, la France de Pétain en exil, Sigmaringen 1944-1945, 1980
  • Michel Slitinsky, Pouvoir préfectoral lavaliste à Bordeaux, Éditions Wallada, 1997 (ISBN 2904201130)
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), éd. Perrin, Paris, 2007, 916 p.
Le procès
  • Le Procès du maréchal Pétain - Compte-rendu sténographique, Albin Michel (2 tomes), coll. « des grands procès contemporains », 1945
  • Le Procès du maréchal Pétain Texte intégral du Journal Officiel, Éditions du Trident, Paris, 3 volumes, 1450 pages

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Le nom du maréchal Pétain été donné à un paquebot des Messageries Maritimes mais celui-ci, s'il fut bien lancé sous ce nom, fut rebaptisé La marseillaise avant sa mise en service.

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Président de la République française
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Chef de l'État français
11 juillet 1940 - 19 août 1944
Charles de Gaulle
Chef du Gouvernement provisoire de la République française
Précédé par Philippe Pétain Suivi par
Albert Lebrun
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Coprince d'Andorre
avec Ricardo Fornesa i Puigdemasa
1940-1944
Charles de Gaulle
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