- Accords Bérard-Jordana
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Les accords Bérard-Jordana, conclus entre la France et l'Espagne à Burgos, siège du gouvernement nationaliste, le 25 février 1939, concernent, officiellement, une déclaration de bon voisinage. Diplomatiquement, cet accord est signé afin d'obtenir la neutralité espagnole, en échange de la reconnaissance et de la légitimité de Franco sur l'Espagne.
Sommaire
Préambule
Depuis le 17 juillet 1936, l’Espagne est plongée dans une guerre civile qui oppose les forces du gouvernement républicain issu des élections du 18 février 1936 aux nationalistes dirigés par le général Franco.
En 1939, la guerre est entrée dans sa phase finale au profit des forces nationalistes.
La bataille de l’Ebre s’est achevée en novembre 1938 par une défaite républicaine.
L'offensive de Catalogne commencée le 23 décembre 1938 voit l’effondrement républicain avec la chute de Barcelone le 26 janvier 1939.
Les nationalistes achèvent, du 5 au 10 février, l'occupation de la Catalogne poussant devant eux le gouvernement républicain et 450 000 Espagnols à se réfugier en France.
Contexte politique
La France doit répondre à deux problèmes :
D'abord, celui des réfugiés : elle mettra en place des camps.
Ensuite, celui de ses relations avec le très probable vainqueur, Franco.La France se trouvait donc devant un choix stratégique :
soit venir en aide d’une façon plus résolue aux républicains,
soit reconnaître le gouvernement rebelle du général Franco pour obtenir sa neutralité lors d’un conflit éventuel, avec l’Allemagne et l’Italie.C’est cette dernière orientation qui est retenue par le ministre des affaires étrangères, Georges Bonnet, et le gouvernement d’Édouard Daladier qui choisit comme négociateur Léon Bérard.
Les nationalistes espagnols, jouant sur la force de leurs alliés, et en particulier de l’Allemagne nazie[1], et sur la faiblesse de la France, obtint satisfaction sur tous les points[2] Les Nationalistes acceptaient simplement de recevoir un ambassadeur de France à Burgos[3].
Contenu
Texte de la déclaration politique
Au moment où le gouvernement français, désireux de poursuivre ses relations amicales avec l’Espagne, se dispose à nouer des relations diplomatiques avec le gouvernement du généralissime Franco, les deux gouvernements croient devoir définir les principes qui règleront les rapports qui vont s’établir entre eux.
Le gouvernement français, convaincu que le gouvernement national d’Espagne réunit toutes les conditions nécessaires pour garantir l’indépendance et l’intégrité de l’Espagne, prend acte, à la suite des entretiens de Burgos, que les déclarations réitérées du généralissime Franco et de son gouvernement expriment fidèlement les principes qui inspirent la politique internationale du gouvernement de l’Espagne.
En conséquence les deux gouvernements affirment leur volonté d’entretenir des relations amicales, de vivre en bon voisinage et de pratiquer au Maroc une politique de franche et loyale collaboration.
Texte de la déclaration de bon voisinage
Comme conséquence de la résolution qu’ils ont prises d’entretenir entre eux les rapports de bon voisinage, les deux gouvernements s’engagent à prendre toute mesure propre à surveiller étroitement chacun sur son territoire toute activité dirigée contre la tranquillité et la sécurité du pays voisin.
Le gouvernement français prendra notamment les mesures nécessaires pour interdire au voisinage de la frontière toute action de ressortissants espagnols qui serait contraire à la disposition ci-dessus.
Assurances verbales
- Assurances verbales données par le général Jordana sur le problème des réfugiés.
Le général Jordana et les hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères de l’Espagne nationaliste ont déclaré formellement que leur gouvernement était disposé à recevoir tous les réfugiés, sans distinction, hommes, femmes, enfants qui s’étaient rendus en France. La frontière de leur pays est ouverte sans réserve, il est cependant certain que ceux qui ont commis des délits seront traduits devant les tribunaux espagnols.
Le gouvernement de Burgos autorise le gouvernement français à faire usage de ces déclarations.
Texte sur les avoirs espagnols
- Texte de la Déclaration sur les avoirs espagnols en France
Au moment où vont se nouer des relations diplomatiques entre le gouvernement français et le gouvernement du Généralissime Franco, ce dernier rappelle l’importance toute particulière qu’il attache au retour de la nation espagnole de tous les avoirs qui se trouvent actuellement en France et dont la restitution à leur légitime propriétaire, qu’il s’agisse de l’État, des Corporations, des Sociétés ou des particuliers est considérée par lui comme juste et nécessaire.
Le gouvernement français reconnaissant l’équité de cette demande, s’engage à s’employer par tous les moyens qui relèvent de son pouvoir à assurer à la Nation espagnole le retour des biens dont il s’agit dans les délais les plus brefs.
Le gouvernement espagnol précise qu’il s’agit notamment des biens suivant :
1° - L’or déposé comme gage d’un emprunt à la Banque de France de Mont de Marsan.
2° - Les armes et le matériel de guerre de toute catégorie appartenant au gouvernement ennemi ou qui lui était destiné.
3° - Le bétail de toute espèce entré d’Espagne en France contre le gré des légitimes propriétaires.
4° - Toute la flotte marchande ou de pêche sans discrimination du port d’enregistrement en Espagne.
5° Tout le patrimoine artistique espagnol exporté depuis le 18 juillet 1936, contre la volonté des légitimes propriétaires ou possesseurs.
6° - Les dépôts d’or, de bijoux et de pierres précieuses, du numéraire, billets, monaie, valeurs, titres, actions ou obligations etc… appartenant à l’État espagnol depuis le 18 juillet 1936[4], contre la volonté de leurs légitimes propriétaires ou possesseurs.
7° - Tous véhicules sans distinction ni de nature ni de propriétaire, immatriculés en Espagne et détournés par exportation en France au préjudice de leurs légitimes propriétaires.La situation spéciale dans laquelle se trouve le gouvernement espagnol à la suite de la guerre l’oblige à remettre à un examen ultérieur le règlement de toutes les questions non mentionnées dans le paragraphe précédent, qui seront traitées de part et d’autre dans un esprit de conciliation.
Signé, Léon Bérard et Jordana
Conséquences
- Le 27 février 1939, la France et le Royaume-Uni reconnaissent Franco, signant ainsi l'arrêt de mort de la République espagnole.
- Le 1er avril 1939 : Franco fait diffuser depuis Burgos l'armées nationalistes ont atteint tous leurs objectifs militaires et que la guerre est terminée.
- Le 2 mars 1939, Philippe Pétain est nommé ambassadeur à Burgos pour superviser, entre autres, le rapatriement des réserves d’or de la Banque d’Espagne et des toiles du musée du Prado.
- Ces engagements permirent de n'avoir pas à surveiller la frontière des Pyrénées entre le 2 septembre 1939 et l’invasion de 1940.
- Ces engagements furent l’une des raisons pour lesquelles le 23 octobre 1940, lors de l'entrevue d’Hendaye, Franco refusa à Hitler d'ouvrir ses frontières à leur passage vers l'Afrique du Nord, ruinant ainsi le plan d'invasion.
- La neutralité espagnole permit pendant l’occupation à de nombreux français de se sauver ou de continuer le combat.
Notes et références
- Annexion de l’Autriche le 12 mars 1938, les accords de Munich le 30 septembre 1938 et l’annexion des Sudètes. L’Angleterre et la France n’ayant réagie que très modérément en signant l’accord
- nationalistes espagnols exigeaient la restitution des navires républicains réfugiés dans les eaux françaises, et celle des trésors d'art et de l'argent qui se trouvaient en France. Les Nationalistes refusaient de participer à l'entretien des réfugiés espagnols ou de donner leur accord au gouvernement français pour qu'il récupérât ses dépenses sur les avoirs espagnols qu'il détenait. Les
- Burgos était la capitale des franquistes
- 18 juillet 1936, date du putsch militaire, mené par Franco, Mola et Queipo de Llano qui marque le début de la Guerre civile espagnole
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Traité d'Espagne
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- Relations entre l'Espagne et la France
- Assurances verbales données par le général Jordana sur le problème des réfugiés.
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