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François-Georges Dreyfus
François-Georges Dreyfus (né le 13 septembre 1928 à Paris) est un historien français, agrégé et professeur d'histoire et de science politique à l'Université de Strasbourg, directeur de l'Institut d'études politiques (1969-1980), du Centre d'études germaniques, laboratoire du CNRS (1965-1985) et de l'Institut des hautes études européennes (1980-1992) et professeur émérite de l'université Paris IV-Sorbonne depuis 1990.
Auteur de nombreux ouvrages sur l'Allemagne contemporaine et sur la France du XXe siècle, il est un défenseur de l'orthodoxie luthérienne et a été président du Conseil presbytéral de l'Église luthérienne des Billettes. Gaulliste depuis son adhésion au RPF en 1947, maurrassien, il est également responsable d'une émission dominicale mensuelle sur Radio Courtoisie.
Sommaire
Jeunesse et itinéraire personnel
Issu d'une famille juive d'origine alsacienne, François-Georges Dreyfus avait onze ans quand éclata la Seconde Guerre mondiale. Ceci explique en grande partie la double direction donnée tout au long de sa carrière universitaire à ses recherches sur l'Allemagne contemporaine et les questions religieuses.
Carrière universitaire
Après la guerre, François-Georges Dreyfus commence ses études en Sorbonne puis à Mayence. Agrégé d’histoire en 1953, année de son mariage avec Nicole Fourment, il devient enseignant au lycée Fustel de Coulanges de Strasbourg, poste qu'il occupe jusqu'en 1958. Son passage de trois ans au CNRS le mène ensuite à se spécialiser dans l’histoire du XXe siècle et dans les sciences politiques.
Professeur à l'Université de Strasbourg puis à la Sorbonne, il publie ses premiers ouvrages à la fin des années 1960. Après avoir pris la direction de l'Institut d'études politiques de Strasbourg, l'Institut des Hautes Etudes Européennes et le Centre d'études germaniques, François-Georges Dreyfus est aujourd'hui professeur émérite de l'université Paris IV-Sorbonne.
Il est l'auteur de nombreux ouvrages de synthèse, notamment sur l'histoire de l'Allemagne des XIXe et XXe siècles.
Critiques et condamnation pour plagiat
Certains des livres de François-Georges Dreyfus ont été décriés pour leurs « inexactitudes »[1] (Jacques Ride relève ainsi 258 erreurs sur les titres en allemand dans un seul ouvrage, ainsi que des « chiffres erronés » et des erreurs de dates[2]), et leur biais idéologique[3]. Selon l'historien Henry Rousso, François-Georges Dreyfus est caractéristique des révisions « infondées » de l’Histoire par le courant national-populiste[4]. Pour Vingtième Siècle. Revue d'histoire, il est « parfois plus polémiste qu’historien », et « des erreurs surprenantes traduisent un manque de familiarité avec le sujet traité et une hâte préjudiciable à la qualité de l’ouvrage. »[5]
La publication en 1990 d'une nouvelle Histoire de Vichy, qui se réfère abondamment aux travaux de l'écrivain Robert Aron[6], vise à réhabiliter partiellement le rôle joué par l'État Français. Sans aller jusqu'à réactiver totalement la thèse d'un « double jeu » de Vichy, François-Georges Dreyfus tend à souligner l'importance et la réalité des forces d'opposition à l'occupant présentes au sein de l'entourage même du maréchal Pétain et qui constituèrent, selon lui, dès 1940 un frein à l'effort de collaboration. Si certains critiques trouvent l'ouvrage « stimulant » pour alimenter un débat historiographique non clos, ils n'en pointent pas moins la partialité de l'auteur, ses inexactitudes ainsi que le traitement plus événementiel qu’analytique de l'ouvrage[7].
Divergeant fortement des conclusions de Robert O. Paxton, qui renouvela l'analyse historique de Vichy dans les années 1970 en dénonçant précisément la thèse du « double-jeu », cet ouvrage a été vivement critiqué dès sa publication : manque de « rigueur intellectuelle » et de « déontologie universitaire »[8]. Paxton écrit à ce sujet en 1997 « Le livre de François-Georges Dreyfus […] est une tentative pour ressusciter la thèse du bouclier et du double jeu développé par Robert Aron dans les années 1950. Quand bien même ce livre n'aurait pas été l'objet d'une condamnation judiciaire pour plagiat, son usage tendancieux des preuves documentaires en fait un ouvrage plus polémique que scientifique[9]. »
En effet, François-Georges Dreyfus est condamné en 1992 pour « contrefaçon partielle » (qualification juridique du plagiat d'auteur)[10] de l'historien Pascal Ory : François-Georges Dreyfus avait recopié mot pour mot des passages d’un ouvrage de ce dernier. Plusieurs historiens ont relevé, preuves à l'appui, de nombreux autres plagiats, y compris dans d’autres ouvrages de François-Georges Dreyfus[11][12], en conséquence de quoi, les Presses universitaires de France ont décidé de mettre fin à leurs relations avec lui[13]. Jacques Ridé ajoute : « un professeur des Universités, qui se livre à de telles pratiques, est-il réellement habilité à diriger des recherches et à siéger dans des jurys de thèse ? »[14]
De la même façon, son Histoire de la Résistance, parue en 1996 et préfacée par l'abbé de Naurois a également été critiquée par certains, l’ouvrage étant qualifié d’« apologie de Vichy » par l'historien britannique Julian T. Jackson[15], ou encore de « livre hâtif et partisan » par l'historien français Olivier Wieviorka[16].
L'engagement politique
François-Georges Dreyfus ne cache pas son engagement historique à droite. Adhérent dès novembre 1947 au RPF, il ne démentit jamais son attachement aux idées gaullistes. Il est ainsi secrétaire départemental pour le Bas-Rhin de l’Union démocratique du travail (UDT) en 1958, et à partir de 1961, de l’Union pour la nouvelle République (UNR), puis de l’UDR de 1965 à 1975. A cette date, il devient adjoint au maire de Strasbourg chargé des Affaires culturelles.
François-Georges Dreyfus a été longtemps membre du Club de l'Horloge — cercle de réflexion qui a entretenu des rapports épisodiques avec la « Nouvelle Droite » dans les années 1970 — et militant au RPR. Il participe toujours à des conférences du Club de l'Horloge[17]. Il est également sympathisant du mouvement royaliste (en particulier de Restauration nationale), au sein duquel il prononce de nombreuses conférences.
Après les élections de 1997, il regrette publiquement que l’« on a diabolisé l'extrême droite », et écrit que « Faire élire un socialiste ou un communiste pour barrer la voie au F.N., c'est accélérer la marche de la France vers la soviétisation »[18] reprochant dans le même texte à Jacques Chirac son discours de juillet 1995 où il reconnaissait le rôle du régime de Vichy dans la rafle du Vélodrome d'Hiver[19].
Autres contributions
François-Georges Dreyfus, juif converti au protestantisme dans les années 1950, préside le conseil presbytéral des Billettes, à Paris, dans le 4e arrondissement. Il collabore par ailleurs régulièrement à La Nouvelle Revue d'Histoire de Dominique Venner et présente depuis de nombreuses années un Libre Journal sur Radio Courtoisie (dimanche 12h-13h30, toutes les quatre semaines). Il participe également à la rédaction d'articles de la revue catholique traditionaliste La Nef[20].
Récompenses
Plusieurs États ont décerné des médailles à François-Georges Dreyfus[21]. Il a ainsi reçu, au cours de sa carrière, les titres de :
- chevalier de la Légion d'Honneur (ministère français de la Défense);
- officier de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne;
- officier de la Couronne de Belgique.
Bibliographie
- Les forces religieuses dans la société française, Paris, 1966
- Sociétés et mentalités à Mayence au XVIIIe siècle, Paris, 1968
- Le Syndicalisme allemand contemporain, Paris, 1968
- La vie politique en Alsace 1919-1936, Editions Colin, Paris, 1969
- Le Temps des Révolutions, Livre de poche, 1969 et Editions Larousse, Paris, 1974
- Histoire des Allemagnes, Paris, 1972
- Histoire des Gauches en France, Paris, 1975
- Le nationalisme allemand 1850-1920, Revue d'Allemagne 1976, Fascicule numéro 1
- Histoire de l’Alsace, Editions Hachette, Paris, 1979
- Robert Minder, Revue d’Allemagne XII, 1980, p.440
- De Gaulle et le Gaullisme, Editions PUF, Paris, 1982
- Réformisme et révisionnisme dans les socialismes français, allemand et autrichien, Paris, 1984
- Des Evêques contre le Pape, Paris, 1985
- Les Allemands entre l'Est et l'Ouest, Editions Albatros, Paris, 1988
- Histoire de la démocratie chrétienne en France : de Chateaubriand à Raymond Barre, Editions Albin Michel, Paris, 1988
- L'Allemagne contemporaine : 1815-1990, Editions PUF, Paris, 1991
- Témoignages - Source, Le scoutisme : quel type d’homme ? Quel type de femme ? Quel type de chrétien ? Edition 1994
- L'Unité allemande, Que sais-je ? Editions PUF, Paris, 1996
- Histoire de la Résistance, 1940-1945 préface de l'abbé de Naurois, Editions de Fallois, Paris, 1996
- Le IIIème Reich, Livre de poche, Editions LGF - Livre de Poche, Paris, 1998
- De la Révolution au monde contemporain, avec Albert Jourdin et Pierre Thibault, Editions Larousse, Paris, 1998
- Religion, société et culture en Allemagne du XIXe siècle - Regards sur l'Histoire, Editions SEDES, Paris, 2001
- 1919-1939 : L’Engrenage, Editions de Fallois, Paris, 2002
- Histoire de Vichy, Editions de Fallois, Paris, 2004 (première édition en 1990)
- Une histoire de la Russie : des origines à Vladimir Poutine, Editions de Fallois, Paris, 2005
- Le patriotisme des Français sous l’Occupation (direction), Editions de Paris, 2005
Au sujet de François-Georges Dreyfus
- François-Georges Dreyfus, professeur et politologue, l’Alsace au fond des yeux, Albert Odouard
Source : Réalités alsaciennes, p.5-6, 1986
- Une bien curieuse Histoire de l’Allemagne contemporaine (1815-1990), Jacques Ride
Source : Études germaniques, 1992
- Le totalitarisme à l’épreuve. De F.A. von Hayek à François-Georges Dreyfus', Klaus-Peter Sick
Source : Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1993
- Hommages à François-Georges Dreyfus : présentation, Jean-Paul Bled
Source : Revue d’Allemagne, p.241-244, 1998
Notes et références
- ↑ Revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 40-4, 1993, p. 674.
- ↑ Jacques Ridé, « Une bien curieuse Histoire de l’Allemagne contemporaine (1815-1990) », Études germaniques, octobre 1992.
- ↑ Revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 40-4, 1993, pp. 673-682. Également : « Non seulement bâclé, mais aussi malhonnête » selon Jacques Ride (Études germaniques, octobre 1992, p. 497).
- ↑ Henry Rousso, Vichy. L’événement, la mémoire, l’histoire, Gallimard, 2001, p. 438.
- ↑ Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 34, avril 1992, pp. 221-222.
- ↑ Auteur qui tenta longtemps d'accréditer l’idée des quarante mille victimes de l’épuration extrajudiciaire à la Libération, confondant victimes de l'épuration et « civils exécutés par les Allemands et par la Milice », cf.Jean-Pierre Husson, La Marne et les Marnais à l'épreuve de la Seconde Guerre mondia, éd. Presses universitaires de Reims, t.1, 1998 , pp. 315-361, article en ligne
- ↑ Bruno Modica, recension de l'ouvrage in Les Clionautes, 25 décembre 2004, article en ligne
- ↑ Henry Rousso, Vichy. L’événement, la mémoire, l’histoire, Gallimard, 2001, p. 438.
- ↑ Robert O. Paxton, Vichy France : Old Guard and New Order, 1940-1944, éd. Columbia University Press1997, p. 446
- ↑ Un court exemple du plagiat
- ↑ Recension partielle des ouvrages et des passages plagiés par François-Georges Dreyfus dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 34, avril 1992, pp. 221-222.
Paragraphe « Le plagiaire » dans Jacques Ridé, « Une bien curieuse Histoire de l’Allemagne contemporaine (1815-1990) », Études germaniques, octobre 1992. - ↑ L'écrivain Pierre Assouline parlera à ce propos de « cynisme de la photocopie »; cf Pierre Assouline, Troyat avait bien recopié, in La République des livres, 25/11/2004, article en ligne
- ↑ Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n° 36, octobre 1992, p. 122.
Voir aussi : Annales ESC, n° 4-5, 1992, pp. 1047-1049. - ↑ Jacques Ridé, Une bien curieuse « Histoire de l’Allemagne contemporaine (1815-1990) », Études germaniques, octobre 1992, p. 500.
- ↑ Julian T. Jackson , in La Ligne d'ombre n° 2, mai 2007.
- ↑ Olivier Wieviorka, in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°52, Octobre - Décembre, 1996, p. 163
- ↑ François-Georges Dreyfus est annoncé au Club de l'Horloge
- ↑ Le mythe de l'"extrême droite" et les dangers du "front républicain", écrit par François-Georges Dreyfus sur le site du Club de l'Horloge.
- ↑ Allocution de M. Jacques CHIRAC Président de la République prononcée lors des cérémonies commémorant la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942, 16 juillet 1995.
- ↑ [1]
- ↑ Selon le site de « Radio France »
Lien externe
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