- Jacques Isorni
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Jacques Isorni Parlementaire français Date de naissance 3 juillet 1911 Date de décès 8 mai 1995 Mandat Député 1951-1958 Circonscription Paris Groupe parlementaire CRAPS[1] (1951-1956)
IPAS (1956-1958)IVe république modifier Jacques Isorni (Paris, 3 juillet 1911 - Paris, 8 mai 1995), avocat, écrivain fut, avec Vincent de Moro Giafferi, Maurice Garçon, Henry Torrès, Albert Naud, René Floriot, Emile Pollak, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Robert Badinter et Jacques Vergès, l'une des grandes figures du barreau français du XXe siècle.
Sommaire
Biographie
Fils d'un dessinateur de mode originaire du Tessin, Jacques Isorni suit les cours de diverses écoles privées puis du lycée Louis-le-Grand avant d'entrer à la Faculté de Droit. Titulaire d'une licence, il s'inscrit en 1931 au barreau de Paris où ses aptitudes sont couronnées par le titre envié de premier secrétaire de la conférence de stage. Son activité d'avocat s'exerce à l'écart des joutes politiques des années trente. Mobilisé en 1939 dans les services de santé, il est rendu à la vie civile après l'armistice.
Sous l'occupation, Jacques Isorni défend les communistes poursuivis devant la section spéciale de la cour d'appel de Paris et devant le tribunal d'État, juridictions d'exception créées par le gouvernement de Vichy. À la Libération, rien ne lui semble plus naturel que de défendre les collaborateurs. Ainsi, à la question : « De quel côté étiez-vous au moment de la guerre ? », il répondait : « J'étais du côté des prisonniers. À la Libération, les prisonniers ont changé. Moi, je suis resté du côté des prisonniers ».
C'est dans cet esprit qu'il défend tout d'abord l'ancien rédacteur en chef de Je suis partout, Robert Brasillach, condamné à mort en janvier 1945 et exécuté le 6 février de la même année. Au mois de juillet, Isorni assure la défense du maréchal Pétain en compagnie du bâtonnier Fernand Payen et de Jean Lemaire. La plaidoirie qu'il prononce en cette occasion fait partie pour ses partisans de l'anthologie de l'éloquence.
En 1951, Isorni se lance dans la politique en fondant, aux côtés de quelques autres nostalgiques de Vichy, l'Union des nationaux indépendants et républicains dont le seul programme est celui de la plus large amnistie possible pour celles et ceux qui se sont fourvoyés durant les années noires, à l'exception des personnes « reconnues coupables de meurtre ou de dénonciation ou qui, par leurs actes ou leurs écrits, ont provoqué la torture, la déportation ou la mort d'autres personnes, ou qui ont coopéré avec les forces armées, la police ou les services d'espionnage de l'ennemi », amnistie votée en 1953. La même année, il est élu député de Paris sous cette étiquette. Il rejoindra par la suite le Centre national des indépendants et paysans.
Cela ne l'empêche pas de poursuivre parallèlement sa carrière d'avocat qui le conduit notamment à assurer la défense de nationalistes tunisiens devant les tribunaux militaires français siégeant à Tunis. Réélu en 1956, il se fait remarquer en déposant la seule proposition de loi de la législature visant à l'abolition de la peine de mort et en étant le rapporteur du texte qui, en 1957, porte création du code de procédure pénale, lequel renforce la protection des justiciables. En 1958, il est le seul député de droite (Isorni fait alors partie du ""groupe des indépendants et paysans""[1] dirigé par Antoine Pinay) à voter contre l'investiture du général de Gaulle.
Il perd son siège de député en 1958 et ne le retrouva jamais. Sa dernière participation à une élection législative interviendra en 1978. Candidat dans le 16ème arrondissement de Paris, il n'obtient alors qu'un résultat symbolique.
Partisan du maintien de l'Algérie dans la souveraineté française, il assure en 1961 la défense du général Pierre-Marie Bigot, qui avait participé au putsch des Généraux. Il défend également en 1963, lors du procès du Petit-Clamart, l'un des conjurés, Jacques Prévost, le principal accusé, Jean Bastien-Thiry, étant défendu par Jean-Louis Tixier-Vignancour. Au cours de ce procès, lequel se tient devant la Cour militaire de Justice, Isorni est suspendu pour trois années dans des conditions qui en disent long sur le mépris des juges militaires pour les droits de la défense ainsi que sur la fougue de l'avocat (il a demandé la récusation d'un des juges, colonel de son état, osant lire à la barre une de ses lettres contenant des propos indignes d'un juge). De retour au barreau en 1966, il va de nouveau s'illustrer dans plusieurs affaires pénales retentissantes et notamment les affaires Kaczmarcyk, Guérini et Markovic, dans laquelle il obtient un non-lieu au bénéfice du principal suspect, François Marcantoni.
La comédienne Sylvie Joly fut avocate stagiaire dans le cabinet de Maître Isorni.
Défense du maréchal Pétain
Isorni n’accepta jamais la condamnation du maréchal. Durant les cinq années qui séparèrent la condamnation de Pétain de son décès, il ne cessa de publier des livres et de déposer des requêtes pour obtenir la révision du procès. Dans ce but, il participa notamment à la création de l’association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP)[2].
Le 13 juillet 1984, il fit paraître dans les colonnes du quotidien Le Monde un encart publicitaire titré « Français, vous avez la mémoire courte »[3], reprenant les différents thèmes déployés en faveur de la défense du maréchal. Cette publication provoqua des poursuites à l'encontre d'Isorni et du président de l'ADMP, François Lehideux, à l'initiative de l'Association nationale des anciens combattants de la Résistance, du Comité d'action de la Résistance et la Fédération nationale des déportés.
Il était reproché à Isorni d'avoir fait dans son texte l'apologie des crimes ou délits de collaboration avec l'ennemi. En première instance, Isorni et Lehideux furent relaxés, comme l'avait d'ailleurs demandé le représentant du ministère public, Philippe Bilger. Les parties civiles interjetèrent appel ; la cour se déclara incompétente. Les parties civiles se pourvurent en cassation. Le 20 décembre 1988, la chambre criminelle de la Cour de cassation cassa l'arrêt de la cour d'appel. Le 26 janvier 1990, la cour d'appel de Paris autrement formée condamna solidairement Isorni et Lehideux à un franc de dommages-intérêts ainsi qu'à l'insertion d'une publication judiciaire dans les colonnes du Monde.
Saisie cette fois par Isorni, la Cour de cassation confirma cette condamnation le 16 novembre 1993, estimant « qu'en présentant comme digne d'éloge une personne condamnée pour intelligence avec l'ennemi, l'écrit a magnifié son crime et, ainsi, fait l'apologie dudit crime ».
Le 13 mai 1994, Jacques Isorni et François Lehideux saisirent la Cour européenne des droits de l'homme, laquelle, quatre ans plus tard, (Jacques Isorni et François Lehideux étant entre-temps décédés), le 23 septembre 1998, condamna la France pour violation de l'article 10 de la Convention européenne des Droits de l'Homme à verser 100 000 francs de dommages-intérêts à leurs héritiers, la cour estimant que la liberté d'expression « vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes », mais aussi pour celles qui « heurtent, choquent ou inquiètent : ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l'esprit d'ouverture sans lesquels, il n'est pas de « société démocratique » ».
Œuvres
- Souffrance et mort du Maréchal Pétain, Paris, Flammarion 1951
- Ainsi passent les républiques
- Lui qui les juge Paris, Flammarion, 1961
- Lettre à Béatrice Paris, Flammarion 1969
- Le Procès de Robert Brasillach, 1945
- Mémoires, 3 tomes, Paris, Robert Laffont, 1984-1986
- Jusqu'au bout de notre peine
Bibliographie
- Alice Kaplan, Intelligence avec l’ennemi : le procès Robert
- Brasillach, Paris, Gallimard, 2001 (ISBN 978-2070759095 et 978-2070301140)
- Gilles Antonowicz, Jacques Isorni, l'avocat de tous les combats, préface de Roland Dumas, Paris, France-Empire, 2007 (ISBN 978-2704810369)
Notes et références
- (fr)Jacques ISORNI (1911 - 1995) sur www.assemblee-nationale.fr. Consulté le 16 novembre 2010.
- (fr)Avocats du barreau de la Creuse : Isorni sur www.avocatnet.net. Consulté le 16 novembre 2010.
- Le titre de l'encart fait référence à une phrase, restée célèbre, de l'allocution du maréchal Pétain le 17 juin 1941
Liens externes
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