- Commission gouvernementale de Sigmaringen
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La Commission gouvernementale de Sigmaringen, appelée officiellement Délégation française, puis Commission gouvernementale française pour la défense des intérêts nationaux[1] (septembre 1944 - avril 1945), était le gouvernement en exil de la France vichyste, logée dans une enclave française spécialement créée par Hitler en Allemagne nazie dans l'ancien château des Hohenzollern-Sigmaringen.
Sommaire
Activités
Le maréchal Pétain, chef du régime, emmené en Allemagne contre son gré[2], a décidé dès son départ de Vichy, le 20 août 1944, de cesser ses fonctions, et donc de ne plus prendre de décision pour protester[3], se considérant avec ses ministres comme prisonniers. Une commission gouvernementale, dirigée par Fernand de Brinon[3], est alors proclamée, après négociations avec Hitler à Steinort, pour le remplacer et tenir une illusion de gouvernement[non neutre] (avec drapeaux, fanfares, radios, journaux et timbres) jusqu'en avril 1945. Pierre Laval, lui non plus, ne prend aucune part aux activités de la commission[3].
Jean Luchaire, commissaire à l'information, crée le 26 octobre le quotidien La France, destiné au lectorat des exilés, et qui paraît jusqu'au 13 mars 1945[4]. Cette publication est utilisée par la Commission comme journal officiel.
Joseph Darnand, peu à l'aise dans ce contexte, retourne vite sur le terrain, pour participer aux combats en Italie, durant lesquels il est capturé. Eugène Bridoux ne participe que rarement à la commission. Marcel Déat est le seul membre de la commission à revendiquer le titre de « ministre » : il publie différents décrets dans La France, divise son cabinet en plusieurs directions et revendique la responsabilité du sort des travailleurs du STO et des prisonniers français en Allemagne[5].
Jacques Doriot fonde de son côté un « Comité de libération française » le 8 janvier 1945[6], peu avant de trouver la mort, mitraillé par un avion de nationalité inconnue, quelques semaines avant la fin du « gouvernement de Sigmaringen ».
Pétain, sa suite, et ses ministres, quoiqu'en « grève », logent dans le château de Sigmaringen. Tous les autres sont logés dans les deux hôtels de la ville, le Bären et le Löwen. Le Bären, qui existe encore aujourd'hui, accueille les journalistes peu connus ou les petits fonctionnaires ; l'acteur Robert Le Vigan et l'écrivain Lucien Rebatet y ont également dormi.
La Commission cesse d'exister avec la victoire des troupes Alliées sur le sol allemand : la prise de Sigmaringen, par les troupes du Gouvernement provisoire de la République française, a lieu du 22 au 23 avril 1945.
Membres
- Fernand de Brinon, président[7]
- Joseph Darnand, secrétaire d'État à l'Intérieur[7]
- Jean Luchaire, commissaire à l'information[7]
- Eugène Marie Louis Bridoux, commissaire aux prisonniers de guerre français[7]
- Marcel Déat, ministre du Travail[7]
Exilés à Sigmaringen
Quelques noms :
- Jean Bichelonne
- Jacques Doriot
- Simon Sabiani
- Victor Barthélemy
- Lucien Rebatet
- Robert Le Vigan
- Louis-Ferdinand Céline
- Roland Gaucher
Notes et références
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration, Sigmaringen 1944-1945, Éditions Complexe, 1999, 441 p. (ISBN 2870271387 et 978-2870271384) [aperçu en ligne sur le site books.google.fr (page consultée le 18 septembre 2009)], p. 120.
- « Philippe Pétain (1856- 1951) », sur le site cheminsdememoire.gouv.fr
- Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, éd. Librairie Académique Perrin, Paris, 1962-1964 ; rééd. CAL, Paris, chap. « Pétain : sa carrière, son procès », p. 45.
« Lorsque le 1er octobre 1944, le drapeau français, à son insu, est hissé sur le château à côté des armes des Hohenzollern, sa réaction sera double. D’une part, il adresse à l'ambassadeur Otto Abetz une lettre de protestation : « J'apprends que le pavillon français vient d’être hissé sur le château qui m’a été désigné comme résidence forcée, lequel jouirait au surplus, du privilège de l’extraterritorialité. Ces mesures donnent à ma présence ici une apparence de consentement qui est absolument contraire à mon sentiment et contre lequel je m’élève avec énergie [...] »
D’autre part, il laisse la Maréchale prévenir l’amiral Bléhaut : celui-ci, avec des officiers, monte sur le toit, décroche le drapeau tricolore, qui sera dorénavant caché au fond d’un poêle. » - Philippe Randa, Dictionnaire commenté de la collaboration française, Jean Picollec, 1997, p. 518
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration, Sigmaringen 1944-1945, op. cit., p. 127.
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration, Sigmaringen 1944-1945, op. cit., p. 279.
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration, op. cit., p. 51-59.
Voir également
- D'un château l'autre, roman de Louis-Ferdinand Céline, se déroulant dans le contexte de l'exil des collaborateurs français.
- Régime de Vichy
- Collaboration en France
- Europe sous domination nazie
- Épuration par le régime de Vichy
- Épuration à la Libération en France
- Prise de Sigmaringen, marquant la fin de la Délégation française.
Lien externe
Catégories :- 1944
- 1945
- Collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale
- Régime de Vichy
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