- Grandes découvertes
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Les Grandes découvertes furent une période historique s'étendant du début du XIVe siècle au début du XVIIe siècle et qui désigne l'exploration intensive de la Terre par les Européens qui établirent des contacts directs avec l'Afrique, les Amériques, l'Asie et l'Océanie et cartographièrent la planète. L'expression d’Âge des découvertes est également utilisée par les historiens.
Les Portugais commencèrent à explorer la côte atlantique de l'Afrique en 1418 sous l'impulsion du prince Henry et atteignirent l'océan Indien en 1488 en dépassant le cap de Bonne-Espérance. En cherchant une nouvelle voie vers l'Asie, le navigateur italien financé par la monarchie espagnole, Christophe Colomb traverse l'océan Atlantique et atteint en 1492 un « Nouveau Monde », l'Amérique. Pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal à propos de ces nouvelles terres, le traité de Tordesillas partage le monde en deux zones d'explorations où chacun des protagonistes aura l'exclusivité des droits sur ces découvertes. En 1498, une expédition portugaise menée par Vasco de Gama réalise finalement le rêve d'établir une liaison maritime avec l'Inde en navigant autour de l'Afrique. Peu après, ils atteignent les « îles aux épices » en 1512 et la Chine, un an plus tard. Les explorations vers l'ouest et vers l'est se superposent lorsque Fernand de Magellan réalise la première circumnavigation de la Terre en 1522. Dans le même temps, les conquistadors espagnols explorent l'intérieur des terres américaines et détruisent les empires amérindiens. À partir du XVe siècle les Français, les Anglais et les Hollandais se lancent dans la course et contestent le monopole ibérique sur le commerce maritime. Ils participent à l'exploration des Amériques mais surtout à celle de l'Océanie. Parallèlement aux explorations maritimes, les Russes explorent et conquièrent la quasi-totalité de la Sibérie.
L'Age des découvertes peut être vue comme un pont entre le Moyen Âge et l'Époque moderne de la même manière que la Renaissance. Les récits d'exploration et les cartes de terres lointaines se répandirent grâce à l'Imprimerie qui venait d'apparaître et nourrirent la montée de l'humanisme et du questionnement scientifique et intellectuel. L'expansion européenne mena à la mise en place des empires coloniaux et les contacts entre l'Ancien et les Nouveaux Mondes produisirent l'échange colombien qui désigne le transfert massif de plantes, d'animaux, de populations (dont les esclaves), de maladies infectieuses et de culture entre les hémisphères occidentaux et orientaux. Cette première mondialisation engendra des modifications écologiques, agricoles et culturels parmi les plus importantes de l'histoire. L'exploration européenne continua jusqu'au XXe siècle lorsque la totalité des terres émergées fut cartographiée.
Prélude (1241–1438)
Les connaissances européennes sur l'Asie au-delà des limites de l'Empire byzantin étaient basées sur des documents vagues, souvent obscurcis par des légendes et remontant parfois à l'époque des conquêtes d'Alexandre le Grand. Une autre source était les marchands juifs qui établirent des routes commerciales entre l'Europe et le monde musulman à l'époque des Croisades. En 1154, le géographe arabe Al Idrissi réalise une carte rassemblant toutes les connaissances de son époque pour le compte du roi Roger II de Sicile[1],[2].
Voyages médiévaux
Les préludes aux Grandes découvertes furent une série d'expéditions terrestres européennes à travers l'Eurasie à la fin du Moyen Âge[3]. Les Mongols, après avoir envahi une grande partie de l'Asie et menacé l'Europe, avaient unifié une bonne partie de l'Eurasie et la Pax Mongolica permettait l'existence de routes de commerces sûres entre le Moyen-Orient et la Chine[4],[5]. Plusieurs européens en profitèrent pour explorer l'Orient. La plupart d'entre eux étaient Italiens car le commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient était contrôlé par les républiques maritimes comme Venise.
Des ambassadeurs chrétiens furent envoyés jusqu'à Karakorum dans l'actuelle Mongolie. Parmi eux, on peut citer Jean de Plan Carpin, envoyé par le pape Innocent IV à la cour du Grand Khan de 1241 à 1247[4]. Au même moment, Iaroslav II Vladimirski et ses fils André II Vladimirski et Alexandre Nevski se rendent à Karakorum mais ne laissent aucun récit détaillé. D'autres voyageurs suivirent comme le Français André de Longjumeau et le Flamand Guillaume de Rubrouck qui traversèrent l'Asie centrale jusqu'en Chine[6]. Le plus célèbre d'entre eux fut cependant Marco Polo. Ce marchand vénitien relata dans le Devisement du monde, le récit détaillé de ses voyages en Asie entre 1271 et 1295 en tant qu'hôte de la dynastie Yuan de Kubilai Khan[7].
En 1291, les deux frères marchands Vadino et Ugolino Vivaldi partirent de Gènes avec deux galères pour explorer l'Atlantique mais disparurent le long de la côte marocaine, ce qui alimenta les craintes sur la navigation dans l'Atlantique[8],[9]. De 1325 à 1354, un érudit marocain Ibn Battûta réalisa un impressionnant voyage qui l’amena de Tombouctou au sud à Bulghar (en actuelle Russie, sur la Volga) au nord et de Tanger à l’ouest à Quanzhou en Extrême-Orient. Ses récits sont compilés par Ibn Juzayy en un livre appelé Rihla (voyage). À partir de 1357, un livre retraçant les voyages supposés de Jean de Mandeville, le Livre des merveilles du monde, connaît un important succès malgré ses descriptions souvent fantastiques et douteuses.
En 1400, une traduction latine de la Géographie de Ptolémée atteint l'Italie depuis Constantinople. La redécouverte des connaissances antiques permit aux cartographes de l'époque d'améliorer leur compréhension du monde. En 1439, Nicolò de' Conti publia un récit de ses voyages en Asie du Sud-Est et Athanase Nikitine fit de même pour l'Inde en 1472.
Ces périples terrestres eurent peu d'effets immédiats. L'Empire mongol s'effondra presque aussi vite qu'il était apparu et la route vers l'est devint beaucoup plus dangereuse. La peste noire du XIVe siècle ralentit le commerce terrestre tout comme la montée en puissance de l'Empire ottoman qui força les Européens à chercher de nouvelles routes commerciales.
Expéditions chinoises
En 1368, après le renversement de la dynastie Yuan, les Mongols perdirent la plupart de la Chine au profit de la dynastie Ming. Les Chinois avaient établi des relations commerciales maritimes jusqu'en Arabie depuis la dynastie Tang (618-907). Entre 1405 et 1421, le troisième empereur Ming Yongle encouragea une série de voyages lointains dans l'océan Indien sous le commandement de l'amiral Zheng He[10]. À la différence des futurs voyages européens, ces expéditions avaient essentiellement une visée diplomatique.
Une large flotte de jonques fut préparée pour ces voyages dont certaines mesuraient plus de 60 mètres de longueur et des milliers de marins furent impliqués. Au moins sept expéditions furent lancées à partir de 1405, chacune étant plus ambitieuse que la précédente. Les flottes visitèrent l'Arabie, l'Afrique orientale, l'Inde, l'Insulinde et le Siam[11]. Zheng He offrait des présents en or, en argent, en porcelaine et en soie et recevait en échange des animaux exotiques comme des girafes, des autruches ou de l'ivoire[12],[13]. Cependant, la mort de l'empereur en 1433 entraîna l'arrêt brutal de ces expéditions très coûteuses pour le pouvoir. La Chine entra dans une période d'isolationnisme connue sous le nom d'haijin.
L'océan Atlantique (1419–1507)
Article détaillé : Découvertes portugaises.Du VIIIe au XVe siècle, les républiques maritimes italiennes possédaient le monopole du commerce entre l'Europe et le Moyen-Orient. Le commerce de la soie, des épices et de l'encens rendit ces citées extraordinairement prospères et riches. Les épices étaient parmi les produits les plus rares et les plus chers du Moyen Âge et étaient utilisés pour la médecine médiévale[14], les rituels religieux, la cosmétique, la parfumerie et comme additif ou conservateur alimentaire[15]. Ils étaient tous importés d'Asie et d'Afrique. Les marins musulmans basés au Yémen et à Oman dominaient les routes maritimes dans tout l'océan Indien. Ils achetaient les épices en Asie du Sud-Est et les transféraient dans les riches villes marchandes de l'Inde comme Kozhikode (Calicut) puis jusque dans le golfe Persique et la mer Rouge. À partir de là, les épices étaient transportés par terre jusqu'aux côtes méditerranéennes. Les marchands, principalement vénitiens, distribuaient ensuite les produits dans toute l'Europe. Cependant, la montée en puissance de l'Empire ottoman et la chute de Constantinople en 1453 privèrent les Européens d'importantes routes commerciales du fait de la forte hausse des taxes.
Les Européens étaient donc forcés de trouver de nouvelles voies d'approvisionnement. D'autant plus qu'ils souffraient d'un déficit grandissant en or et en argent[16] car les pièces étaient utilisées pour acheter les épices et la soie et quittaient donc le continent pour l'Orient. La plupart des mines européennes étaient épuisées ou inexploitables avec la technologie disponible. Le manque de métaux précieux mena à la création d'un complexe système bancaire destiné à gérer les risques du commerce, la première véritable banque, l'Office de Saint Georges fut fondée en 1407 à Gènes.
Pour leurs premières expéditions, les Européens utilisaient la boussole. Cependant, les progrès de la cartographie et de l'astronomie permirent l'apparition de l'astrolabe et du quadrant plus précis et qui servaient à la navigation astronomique. Les navigateurs restaient à proximité des côtes et pratiquaient le cabotage, guidés par des portulans. Ces cartes indiquaient les routes les plus sûres et les dangers de la navigation. Les marins partaient d'un point connu et naviguaient avec leur boussole, s'aidant des indications des portulans pour trouver leur route[17].
Débuts de l'exploration portugaise (1400-1460)
En 1297, après la fin de la Reconquista portugaise, le roi Denis Ier de Portugal s'intéressa personnellement au commerce et en 1317, il signa un accord avec le marchand génois Manuel Pessanha faisant de lui le premier amiral de la marine portugaise avec pour mission de défendre le pays contre les pirates musulmans[18]. L'épidémie de peste noire entraîna une sévère perte de population dans la seconde moitié du XIVe siècle et la plus grande partie de la population se tourna vers la mer pour pécher et commercer le long des côtes[19]. Entre 1325 et 1357, le roi Alphonse IV de Portugal encouragea le commerce maritime et lança les premières expéditions[20]. Les îles Canaries, connues depuis l'Antiquité, furent revendiquée à la fois par le Portugal et la Castille[21],[22]. En 1415, le Portugal s'empara de la ville de Ceuta dans le but de contrôler la navigation sur les côtes africaines. Le jeune prince Henri participa à l'attaque et réalisa la richesse apportée par le commerce transsaharien. Depuis des siècles, les routes commerciales arabes liaient la côte méditerranéenne à l'Afrique de l'Ouest à travers le Sahara. Les africains fournissaient des esclaves et de l'or en échange de sel et de produits manufacturés.
Henri voulait savoir jusqu'où s'étendait la domination musulmane en Afrique pour pouvoir commercer par mer directement avec l'Afrique de l'Ouest[23], il cherchait également à trouver le légendaire royaume chrétien du prêtre Jean pour pouvoir prendre les musulmans à revers[24] et une route maritime vers les Indes orientales pour participer au très profitable commerce des épices. Il créa un groupe de marchands, d'armateurs, de cartographes et d'investisseurs dans la forteresse de Sagres dont le but était d'organiser des expéditions le long des côtes africaines jusqu'en Mauritanie. Il reçoit ainsi son surnom d'Henri le Navigateur. Madère est ainsi atteinte en 1419 et les Açores en 1427.
À cette époque, les cartes européennes s'arrêtaient au cap Chaunar sur la côte africaine et personne ne savait s'il était possible de revenir de la mer des Ténèbres qui se trouvait au dela[25]. Les mythes avertissaient de la présence de monstres marins mais en 1421, le cap est franchit et en 1434, Gil Eanes dépasse le dangereux cap Bojador mettant fin aux vielles légendes.
Une avancée majeure fut l'introduction de la caravelle au milieu du XVe siècle capable de remonter le vent mieux que n'importe quel autre navire de l'époque[26]. Issues des bateaux de pêches, elles étaient les premiers navires à pouvoir naviguer en haute-mer à distance des récifs côtiers. La diffusion des éphémérides permit la navigation astronomique et l'orientation en pleine mer sans repère terrestre. Ces tables révolutionnèrent la navigation en permettant de calculer la latitude. Le calcul de la longitude restait cependant aléatoire[27],[28]. Ainsi, l'exploration put continuer progressant d'environ un degré par an[29]. Le Sénégal et le Cap-Vert sont atteints en 1445 et un an plus tard António Fernandes avance jusqu'à l'actuelle Sierra Leone.
La prise de Constantinople par les Ottomans en 1453 fut un choc pour la chrétienté et ralentit fortement le commerce avec l'Orient. En 1455, le pape Nicolas V rédigea la bulle Romanus pontifex, renforçant la précédente Dum Diversas de 1452, qui accordait toutes les terres découvertes au delà du cap Bojador au roi Alphonse V de Portugal et à ses successeurs et autorisait l'asservissement des païens de ces régions[30]. Le roi commande alors une carte à des experts génois pour trouver une route vers l'Asie. Ceux-ci livrent la carte de Fra Mauro, probablement inspirée de la carte Kangnido d'origine chinoise, à Lisbonne en 1459[31].
En 1456, Diogo Gomes atteint l'archipel du Cap-Vert. Dans la décennie qui suit, les capitaines vénitien Alvise Cadamosto et génois António Noli au service du roi Henri fondent la ville de Cidade Velha, première ville européenne sous les tropiques.
L'exploration portugaise après le prince Henri
Le prince Henri meurt en novembre 1460. Les faibles revenus issus des explorations firent que le marchand Fernão Gomes reçut en 1469 le monopole du commerce dans le golfe de Guinée en échange il devait explorer 100 miles par an durant cinq ans[32]. Avec son soutien, les navigateurs João de Santarém, Pedro Escobar, Lopo Gonçalves, Fernando Póo et Pêro de Sintra vont plus loin que ce qui avait été convenu. Ils atteignent l'hémisphère Sud et les îles du golfe de Guinée dont Sao Tomé-et-Principe et explorent la côte de l'actuel Ghana en 1471. Dans l'hémisphère sud, les marins découvrent la Croix du sud comme point de référence pour la navigation astronomique.
En 1481, le nouveau roi Jean II de Portugal décide d'implanter le comptoir d'Elmina au Ghana pour exploiter les alluvions chargés d'or. En 1482, le fleuve Congo est exploré par Diogo Cão[33] qui en 1486 atteint le Cape Cross dans l'actuelle Namibie.
L'avancée suivante fut capitale. En 1488, Bartolomeu Dias franchit la pointe sud de l'Afrique qu'il nomme le « cap des Tempêtes » (Cabo das Tormentas) et continue jusqu'à l'actuel Port Elizabeth prouvant que l'océan Indien est accessible par l'Atlantique. Simultanément Pêro da Covilhã est envoyé secrètement par terre jusqu'en Éthiopie où il acquiert des informations sur la mer Rouge et la côte orientale de l'Afrique laissant supposer que la route des Indes est ouverte[34]. Le Cap des tempêtes est rapidement renommé « cap de Bonne-Espérance » (Cabo da Boa Esperança) par le roi Jean II à cause de l'espoir suscité par la possibilité d'une route vers l'Inde.
Les « Indes occidentales » de Colomb
Articles détaillés : Découverte et exploration de l'Amérique et Colonisation européenne des Amériques.Le voisin et rival du Portugal, la Castille avait commencé à s'implanter dans les îles Canaries au large de la côte africaine en 1402 mais avait été détournée par des problèmes internes et la poursuite de la guerre avec les musulmans durant la plus grande partie du XVe siècle. L'achèvement de la Reconquista et l'union des royaumes de Castille et d'Aragon à la fin du XVe siècle permirent à l'Espagne de se se consacrer à la recherche de nouvelles voies maritimes. La Couronne d'Aragon était un important potentat maritime en Méditerranée contrôlant des territoires dans l'Est de l'Espagne, le Sud de la France, la Sardaigne, la Sicile, Malte et le Royaume de Naples et des possessions jusqu'en Grèce. En 1492, les monarques catholiques envahissent le Royaume Maure de Grenade et décident de financer l'expédition de Christophe Colomb dans l'espoir de contourner le monopole portugais sur les routes maritime le long de l'Afrique en atteignant les « Indes » (Est et Sud de l'Asie) par l'Ouest[35]. Par deux fois, en 1485 et 1488, le projet de Colomb avait été refusé par le Portugal.
Le 3 août 1492, Christophe Colomb quitte Palos de la Frontera avec trois navires, une caraque, la Santa Maria et deux caravelles, la La Pinta et la La Niña. Colomb fit d'abord escale aux Canaries où il se réapprovisionna et avança dans l'Atlantique dans ce qui sera nommé la mer des Sargasses.
L'expédition atteint les Bahamas le 12 octobre 1492 et Colomb pense avoir atteint les Indes occidentales. Il explore ensuite la côte Nord de Cuba et celle d'Hispaniola. Il est reçu par le cacique Guacanagari qui lui donne la permission de laisser quelques hommes derrière lui. Il fonde La Navidad dans l'actuel Haïti et y laisse 39 hommes[36]. Avant de repartir, il enlève une vingtaine d'autochtones dont seuls sept ou huit arrivèrent vivants en Espagne où ils firent forte impression à la cour du roi[37]. Il arrive à son port d'attache le 15 mars 1493 et la nouvelle de la découverte de nouvelles terres à l'ouest se répand rapidement en Europe[38].
Colomb et les autres explorateurs espagnols furent initialement déçus par leurs découvertes. À la différence de l'Asie et de l'Afrique, les habitants des Caraïbes avaient peu de choses à échanger avec les navires espagnols. Il faudra attendre l'exploration du continent pour que les richesses attendues ne soient découvertes.
Traité de Tordesillas (1494)
Article détaillé : Traité de Tordesillas.Après la découverte des « Indes occidentales », une répartition des zones d'influences devint nécessaire pour éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal[39]. Deux mois après le retour de Colomb, le pape Alexandre VI publia la bulle Inter caetera statuant que toutes les terres situées à l'ouest d'une ligne passant à 100 lieues des Acores appartenaient à l'Espagne. Il n'était cependant pas dit si les terres à l'est revenaient au Portugal. Le roi Jean II de Portugal n'était pas satisfait car une autre bulle donnait à l'Espagne la souveraineté sur l'Inde même si celle-ci se trouvait à l'est de ce méridien. Il négocia donc directement avec les monarques espagnols[40]. Un accord fut trouvé en 1494 avec le traité de Tordesillas qui « divisait » le monde entre les deux puissances. Dans ce traité, les Portugais recevait toutes les terres se trouvant à l'Est d'une ligne passant à 270 lieues des îles du Cap-Vert et les Espagnols toutes les terres à l'Ouest. Les autres puissances maritimes européennes (France, Angleterre, Pays-Bas…) se voyaient refuser tout droit sur ces nouvelles terres. Elles ne purent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde.
Un Nouveau Monde : l'Amérique
Très peu de choses étaient connues sur les territoires à l'ouest du méridien de Tordesillas. Peu après le premier voyage de Christophe Colomb, un grand nombre d'explorateurs se lancent à la découverte de ces nouvelles terres. Jean Cabot, un marin italien soutenu par le roi Henri VII d'Angleterre quitte Bristol en 1497. Probablement financé par la Society of Merchant Venturers, Cabot traverse l'Atlantique par le Nord dans l'espoir de trouver une route plus rapide vers les « Indes occidentales »[41] et arriva quelque part en Amérique du Nord, probablement à Terre-Neuve.
En 1499, João Fernandes Lavrador et Pêro de Barcelos furent financés par le roi du Portugal et découvrirent le Labrador. Au même moment, les frères Gaspar et Miguel Corte-Real explorèrent les côtes du Groenland et de Terre-Neuve[42]. Les deux explorations sont mentionnées sur le planisphère de Cantino de 1502.
Les « Vraies Indes » et le Brésil
Article détaillé : Découverte du Brésil.En 1497, le nouveau roi Manuel Ier de Portugal envoie une flotte d'exploration vers l'Est menée par Vasco de Gama pour achever le projet de ses prédécesseurs de trouver une route vers l'Inde. En juillet 1499, ce dernier revient à Lisbonne avec un important chargement d'épices et la nouvelle selon laquelle les Portugais ont atteint l'Inde se répand rapidement en Europe[43]. Alors que Colomb organise deux nouveaux voyages vers l'Amérique centrale, une seconde expédition portugaise est assemblée pour partir en Inde. La flotte de treize navires et 1 500 hommes quitte Lisbonne le 9 mars 1500. Le commandant est Pedro Álvares Cabral et il est accompagné par les marins Bartolomeu Dias, Nicolau Coelho et le notaire Pero Vaz de Caminha. Pour éviter les eaux sans vent du golfe de Guinée, la flotte s'oriente vers le sud-ouest. Le 21 avril, une montagne apparaît à l'horizon et est nommé Monte Pascoal ; Le 22 avril, la flotte accoste sur la côte du Brésil et trois jours plus tard, elle jette l'ancre dans une baie nommée Porto Seguro. Cabral soupçonne que cette nouvelle terre se trouve à l'est du méridien de Tordesillas et renvoie un navire vers le Portugal avec l'importante nouvelle. Pensant avoir découvert une île, Cabral nomme cette terre Ilha de Vera Cruz (île de la Vraie Croix). Certains historiens soutiennent que les Portugais connaissaient l'existence du saillant sud-américain auparavant d'où l'insistance du roi Jean II pour déplacer le méridien de Tordesillas vers l'Ouest[44].
À l'invitation du roi Manuel Ier de Portugal, Amerigo Vespucci[45], un Florentin travaillant dans une branche basée à Séville de la banque des Medicis organisa deux expéditions vers la Guyane avec Juan de la Cosa[46]. Ces voyages furent rendus célèbres par la publication de trois lettres qui lui sont attribuées entre 1502 et 1504. Il devenait de plus en plus clair que Colomb n'avait pas atteint l'Asie mais plutôt ce qui était un Nouveau Monde pour les Européens. l'Amérique fut nommée en 1507, à Saint-Dié-des-Vosges, par les cartographes lorrains Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann probablement d'après Amerigo Vespucci qui était le premier Européen à avoir suggéré que ces terres n'étaient pas l'Asie mais bien un « Nouveau Monde »[47], le Mundus novus, titre latin d'un document basé sur les lettres de Vespucci à Lorenzo di Pierfrancesco de Médicis qui connut un grand succès en Europe[48].
L'océan Indien (1497–1513)
La route de l'Inde
Protégée de la compétition directe avec l'Espagne grâce au traité de Tordesillas, les expéditions portugaises vers l'Est avancèrent rapidement. Par deux fois, en 1485 et 1488, le Portugal avait officiellement refusé l'idée de Christophe Colomb de rallier les Indes en naviguant vers l'Ouest. Les experts du roi Jean II de Portugal pensaient en effet que les estimations de distance fournies par Colomb (3 800 km) étaient sous-évaluées[49]. De plus, Bartolomeu Dias était parti en 1487 avec l'objectif de dépasser la pointe Sud de l'Afrique et les experts pensaient que voyager vers l'Est serait bien plus court. Le franchissement du cap de Bonne-Espérance en 1488 et le voyage de Pêro da Covilhã en Éthiopie par la terre indiquaient que les richesses de l'océan Indien étaient accessibles depuis l'Atlantique.
Sous l'impulsion du nouveau roi Manuel Ier de Portugal, une petite flotte d'exploration composée de quatre navires et de 170 hommes quitte le port de Lisbonne en juillet 1497 sous le commandement de Vasco de Gama. En décembre, la flottille dépasse le point où Dias avait fait demi-tour et entre dans des eaux inconnues. Le 20 mai 1498, ils arrivent à Calicut. Cependant Gama est handicapé par le manque de marchandises précieuses lui permettant d'acheter les produits rares qu'il convoite. Deux ans après leur départ, Gama et 55 hommes reviennent victorieusement au Portugal comme les premiers marins à avoir navigué directement d'Europe en Inde.
En 1500, une seconde flotte bien plus imposante de treize navires et 1 500 hommes est envoyée en Inde. Sous le commandement de Pedro Álvares Cabral, elle découvre la côte brésilienne puis dans l'océan Indien, un des navires atteint Madagascar (1501) qui sera partiellement explorée par Tristan da Cunha en 1507. L'île Maurice est découverte en 1507 et Socotra est occupée en 1506. La même année, Lourenço de Almeida débarque au Sri Lanka, l'île nommée « Taprobane » par les grecs et les romains. Les premiers comptoirs sont établis à Kochi et à Calicut en 1501 puis à Goa en 1510.
Les « îles aux épices » et la Chine
En 1511, Afonso de Albuquerque conquiert Malacca alors pivot du commerce en Asie et lance plusieurs missions diplomatiques à l'est : Duarte Fernandes est ainsi le premier européen à être reçut à la cour du Royaume du Siam. Il découvre l'emplacement des fameuses « îles aux épices », les Moluques, alors seule zone de production de la muscade et du clou de girofle et y envoie une expédition menée par Antonio de Abreu où ils sont les premiers européens en 1512[50]. Les Portugais installent un comptoir fortifié sur l'île de Ternate, le fort de São João Baptista de Ternate marquant ainsi leur présence en Insulinde.
En mai 1513, Jorge Álvares atteint la Chine. Bien qu'il fût le premier à accoster dans le delta de la rivière des Perles, ce fut Rafael Perestrello, un cousin du célèbre Christophe Colomb qui fut le premier à explorer la côte Sud de la Chine et à commercer à Guangzhou[51],[52]. Fernão Pires de Andrade visita la ville en 1517 et y établit un comptoir commercial. En 1557, les Portugais reçurent l'autorisation d'occuper Macao.
Pour renforcer le monopole sur le commerce dans l'océan Indien, Ormuz dans le golfe Persique fut envahi par Afonso de Albuquerque en 1507 qui établit des relations diplomatiques avec la Perse. En 1513, en tentant de conquérir Aden, une expédition franchit le détroit de Bab-el-Mandeb et pénètre en mer Rouge. En 1521, une force menée par António Correia envahit Bahreïn annonçant une domination portugaise de 80 ans sur le golfe Persique[53]. En mer Rouge, Massaoua est le point le plus septentrional atteint par les Portugais jusqu'en 1541, lorsqu'une flotte atteint Suez.
L'océan Pacifique (1513–1529)
En 1513, à environ 70 km au sud d'Acandí, dans l'actuelle Colombie, l'Espagnol Vasco Núñez de Balboa entendit des nouvelles inattendues parlant d'une « autre mer » riche en or, ce qu'il reçut avec grand intérêt[54]. Avec peu de ressources et utilisant les informations données par les caciques, il traversa l'isthme de Panamá avec 190 soldats, quelques guides locaux et une poignée de chiens. Utilisant un petit brigantin et une dizaine de canoës, ils longèrent la côte et accostèrent à l'embouchure du Río Chuchunaque. Le 6 septembre, l'expédition fut renforcée par 1 000 hommes qui durent lutter contre les Indiens Kuna avant d'atteindre les montagnes d'où l'on pouvait voir l'« autre mer ». C'était la première fois qu'un Européen voyait l'océan Pacifique depuis le Nouveau Monde. L'expédition descendit ensuite la chaîne de montagne et navigua jusqu'à la baie de San Miguel. L'objectif principal de Balboa était la recherche d'or mais il découvrit un groupe d'îles qu'il nomma l'archipel des perles, nom qu'il porte encore. En 1516, Juan Díaz de Solís navigue jusqu'au Rio de la Plata, dans l'actuelle Argentine, et meurt en tentant de trouver un passage vers le Pacifique par le sud.
Dans le même temps, les Portugais présents en Asie du Sud-Est font les premières description du Pacifique occidental en dépassant Bornéo et en atteignant Luçon dans les Philippines actuelles[55].
Depuis 1516, de nombreux Portugais opposés au roi Manuel Ier de Portugal se rassemblaient à Séville et se mirent au service du roi nouvellement couronné Charles Ier d'Espagne. Parmi eux se trouvaient les explorateurs Diogo and Duarte Barbosa, Estevão Gomes, João Serrão et Fernand de Magellan, les cartographes Jorge Reinel et Diego Ribero et le marchand flamand Christopher de Haro. Fernand de Magellan qui avait navigué en Inde pour le compte du Portugal jusqu'en 1513 lorsque les Moluques furent découvertes et qui garda le contact avec Francisco Serrão qui y vivait[56],[57], développa l'idée que ces îles se trouvait dans l'hémisphère dévolu à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. Conscient des efforts espagnols pour trouver une route vers l'Inde en passant par l'est, Magellan leurs présenta un plan pour y arriver.
Le roi d'Espagne et Christopher de Haro financèrent l'expédition de Magellan. Celle-ci était composée de cinq navires : le navire amiral et caravelle Trinidad et quatre caraques le San Antonio, le Concepcion, le Santiago et le Victoria ainsi que de 237 hommes de différentes nationalités. La flotte quitta Séville le 10 août 1519 avec l'objectif de rallier les Moluques en naviguant vers l'ouest pour les incorporer dans la zone d'influence espagnole[58].
La flotte navigua toujours plus vers le sud en évitant les territoires portugais du Brésil et fut la première à atteindre la Terre de Feu à l'extrémité sud des Amériques. Le 21 octobre 1520, partant du cap Virgenes elle entame un périlleux voyage à travers les 600 km du détroit que Magellan nomma « détroit de tous les saints », le moderne détroit de Magellan. Le 28 novembre, trois navires entrent dans le Pacifique, ainsi nommé à cause de son apparente tranquillité[59]. L'expédition parvient à traverser le Pacifique et atteint les Philippines en mars 1521. Magellan est tué lors de la bataille de Mactan et c'est son second Juan Sebastián Elcano qui prend le commandement de l'expédition qui atteint les Moluques en novembre 1521. Le 6 septembre 1522, la Victoria est le premier navire à réaliser la circumnavigation du monde avec seulement 18 hommes d'équipage. 17 autres arriveront plus tard, 13 capturés par les Portugais au Cap-Vert quelques semaines plus tôt et 5 survivants du Trinidad qui avaient été faits prisonniers par les Portugais en Indonésie. Antonio Pigafetta, un érudit vénitien et assistant de Magellan tint un journal de bord qui reste la source principale d'information sur le voyage.
Cette circumnavigation apporta à l'Espagne une connaissance précieuse du monde et de ses océans qui lui permirent par la suite de s'implanter aux Philippines. Bien qu'il ne s'agissait pas d'une alternative réaliste à la route portugaise autour de l'Afrique[60] (Le détroit de Magellan est trop éloigné et la traversée du Pacifique est trop longue depuis l'Espagne), plusieurs expéditions espagnoles utilisèrent cette voie pour naviguer depuis la côte mexicaine jusqu'aux Philippines.
L'Est et l'Ouest se rencontrent
Peu après l'expédition de Magellan, les Portugais se dépêchèrent d'agrandir leur fort sur l'île de Ternate[61]. En 1525, Charles Ier d'Espagne envoya une nouvelle expédition pour coloniser les Moluques qu'il revendiquait comme faisant partie de la zone dévolue à l'Espagne selon le traité de Tordesillas. La flotte de sept navires et 450 hommes était menée par García Jofre de Loaísa et comptait parmi les plus brillants navigateurs espagnols dont Loaísa et Juan Sebastián Elcano qui moururent de maladie et le jeune Andrés de Urdaneta. Près du détroit de Magellan, un des navires fut poussé par une tempête au delà du 56e parallèle sud et le cap Horn fut franchi pour la première fois. L'expédition atteint les Moluques avec de grandes difficultés et accoste à Tidore[61]. Le conflit avec les Portugais établis sur l'île voisine devenait inévitable et une décennie d'escarmouches commença[63],[64].
Comme aucun accord ne prévoyait de limite orientale à la séparation de Tordesillas, les deux royaumes se concertèrent pour régler le problème. De 1524 à 1529, les experts Portugais et Espagnols furent rassemblés à Elvas-Bajadoz sur la frontière entre les deux pays pour déterminer la position exacte de l'antiméridien prolongeant celui de Tordesillas qui permettrait de diviser le monde en deux hémisphères de taille égale. Malgré le talent des scientifiques, les connaissances de l'époque ne permettaient pas de donner une estimation exacte de la longitude et chaque groupe revendiquait la souveraineté des îles. Le problème fut finalement réglé en 1529 après une longue négociation par le traité de Saragosse qui attribuait les Moluques au Portugal et les Philippines à l'Espagne[65]. Des calculs ultérieurs montreront que les deux archipels se trouvaient en fait en territoire portugais.
Entre 1525 et 1528, le Portugal envoya plusieurs expéditions dans les Moluques. Gomes de Sequeira et Diogo da Rocha sont envoyés au nord par le gouverneur de Ternate, Jorge de Meneses et sont les premiers Européens à atteindre les Îles Carolines qu'ils nomment « îles de Sequeira »[66]. En 1526, Meneses accoste sur l'île de Waigeo en Nouvelle-Guinée. À partir de là, des historiens menés par l'Australien Kenneth McIntyre proposent une théorie selon laquelle les Portugais et en particulier Cristóvão de Mendonça seraient les premiers Européens à avoir atteint l'Australie.
En 1527, l'Espagnol Hernán Cortés organise une flotte pour découvrir de nouvelles terres dans la « mer du Sud » (l'océan Pacifique) et demande à son cousin Alvaro de Saavedra de la commander. Le 31 octobre 1527, Saavedra quitte la Nouvelle-Espagne (Mexique) et arrive en Nouvelle-Guinée. Un des navire atteint les Moluques en octobre 1528. Dans une tentative pour rejoindre la Nouvelle-Espagne, il est repoussé par les alizés venant du Nord-Est. Dans une nouvelle tentative, il découvre les îles de l'Amirauté et les îles Marshall mais ne parvient toujours pas à aller contre les alizés. La route entre les Philippines et le Mexique fut finalement découverte en 1565 par Andrés de Urdaneta[67].
La conquête des empires amérindiens (1519–1532)
Des rumeurs d'îles inconnues au nord-ouest d'Hispaniola arrivèrent en Espagne et convainquirent le roi Ferdinand II d'Aragon d'organiser de nouvelles explorations dans la zone. Tandis que les Portugais réalisaient d'énormes bénéfices dans l'océan Indien, les Espagnols entreprirent d'explorer l'intérieur des terres pour découvrir de l'or et des ressources précieuses. Les membres de ces expéditions, les Conquistadores étaient généralement des nobles peu fortunés d'Espagne, individualistes, mercenaires dans l'âme qui voulaient s'enrichir dans les « Indes » car ils ne pouvaient pas le faire en Europe. Ils devaient généralement acheter leur propre équipement en échange d'une part des profits et leur organisation ressemblait plus à celle d'une milice qu'à celle d'une véritable armée professionnelle[68].
Dans les Amériques, les Espagnols découvrirent de puissants empires aussi vastes et peuplés que ceux d'Europe. La capitale de l'Empire aztèque, Tenochtitlan comptait plus de 200 000 habitants. Pourtant, avec des troupes bien inférieures en nombre à celles des empires auxquels ils s'attaquèrent, les conquistadores parvinrent à soumettre et à éliminer les plus puissants souverains, aidés par une supériorité technologique certaine, une détermination sans faille, des circonstances politiques exceptionnellement favorables et par la propagation de nombreuses maladies apportées par les Européens, qui décimèrent les habitants du Nouveau Monde pour qui elles étaient complètement nouvelles (variole, grippe, typhus…). Une fois sa souveraineté établie, l'Espagne put se concentrer sur l'extraction et l'exportation de l'or et de l'argent.
En 1512, pour récompenser Juan Ponce de León d'avoir exploré Porto Rico en 1508, le roi Ferdinand II lui demanda de chercher de nouvelles terres dont il pourrait devenir le gouverneur[69]. Avec trois navires et 200 hommes, León quitta Porto Rico en mars 1513 et arriva en Floride en avril. Il poursuivit son voyage vers le nord et rencontra un puissant courant qui le ramena en arrière. C'était la première rencontre avec le Gulf Stream qui deviendra la principale route maritime de l'Amérique centrale vers l'Europe[70].
Cortés et la Mésoamérique
Article détaillé : Conquête de l'Empire aztèque.En 1517, le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez de Cuéllar organise une flotte sous le commandement de Francisco Hernández de Córdoba pour explorer la péninsule du Yucatán. Cependant, une fois à terre, l'expédition est massacrée par les Mayas et seule une partie de l'équipage parvient à rentrer à Cuba. Velázquez organise alors une nouvelle expédition menée par son neveu, Juan de Grijalva, qui longe les côtes de l'État de Tabasco et découvre l'Empire aztèque. En 1518, Velázquez donne à Hernán Cortés le commandement d'une expédition destinée à sécuriser l'intérieur des terres du Mexique mais craignant que le gouverneur n'annule la mission, Cortés quitte Cuba en février 1519 dans un acte de mutinerie. Avec 11 navires, 500 hommes, 13 chevaux et quelques canons, il accoste sur la côte du Yucatán dans le territoire maya[71] qu'il revendique au nom de la couronne d'Espagne. Il remporte une victoire sur les indigènes et capture La Malinche qui deviendra sa maîtresse. Celle-ci parle le nahuatl (la langue aztèque) et le maya et connaît parfaitement les coutumes amérindiennes ce qui fera d'elle un interprète et un conseiller de très grande valeur. Grâce à elle, Cortés découvre la richesse de l'Empire aztèque.
En juillet, il fonde Veracruz sur la côte mexicaine qui deviendra le principal port sur l'Atlantique de la Nouvelle-Espagne. Cortés demande à plusieurs reprises à rencontrer l'empereur Aztèque Moctezuma II qui refuse à chaque fois. En octobre, Cortés marche vers la capitale Tenochtitlan et noue des alliances avec les tribus locales mécontentes de la domination aztèque. Soutenu par 3 000 Tlaxcaltèques, il entre dans Cholula, la deuxième plus grande ville de l'Empire. Soupçonnant une possible traîtrise des Aztèques, Cortès lance une attaque préventive et massacre plusieurs dizaines de milliers de personnes avant d'incendier la cité.
Arrivant à Tenochtitlan le 8 novembre avec une puissante armée, Cortès est reçu avec tous les égards par Moctezuma II qui sans doute espérait mieux le connaître pour ensuite pouvoir l'écraser[71]. L'empereur leur offre des cadeaux somptueux ce qui conforte les Espagnol dans l'idée que les Aztèques possèdent des quantités colossales d'or et mécontente la noblesse aztèque qui se méfie des Espagnols. Dans ses lettres à Charles V, Cortés raconte qu'il est considéré par les Aztèques comme un émissaire du dieu Quetzalcóatl ou Quetzalcóatl lui-même[72]. Cependant, il apprend que des chefs mexicains ont attaqué Veracruz et il décide de prendre en otage Moctezuma II.
Dans le même temps, Velázquez lance une nouvelle expédition menée par Pánfilo de Narváez pour punir Cortés[71]. Ce dernier laisse 200 hommes à Tenochtitlan et quitte la ville avec le reste de son armée pour affronter Narváez. Il sort victorieux de la bataille et convainc les vaincus de se joindre à lui. Cependant, craignant une révolte, l'un des lieutenants de Cortés à Tenochtitlan profite d'une fête aztèque pour massacrer l'aristocratie ce qui déclenche un soulèvement de la population. Cortès revient rapidement dans la ville et tente d'obtenir le soutien de Moctezuma II mais l'empereur est mort, probablement tué par ses sujets en colère contre sa trahison[73]. Lors de la Noche Triste, les Espagnols parviennent à quitter la ville au prix de lourdes pertes[71]. Après leur victoire inespérée lors de la bataille d'Otumba, les Espagnols arrivent à Tlaxcala[71]. Profitant du soutien indéfectible des Tlaxcaltèques, Cortès peut repartir à l'assaut de Tenochtitlan qui tombe le 13 août 1521. Le dernier empereur Cuauhtémoc est capturé, torturé et exécuté en février 1525 mettant fin à l'Empire aztèque. La ville de Tenochtitlan devint Mexico, la capitale de la Vice-Royauté de Nouvelle-Espagne.
Pizarro et l'Empire inca
Article détaillé : Conquête de l'Empire inca.Une première tentative d'exploration de l'Ouest de l'Amérique du Sud fut organisée par Pascual de Andagoya. Les indigènes lui avaient parlé d'un territoire riche en or appelé "Pirú". Ayant atteint le Río San Juan (Colombie), Andagoya tomba malade et dut retourner au Panama, où il parla du "Pirú" comme étant le légendaire Eldorado. Cela ajouté aux succès d'Hernán Cortés retint l'attention de Pizarro.
Francisco Pizarro avait accompagné Balboa dans sa traversée de l'isthme de Panamá. En 1524, il forma un partenariat avec le prêtre Hernando de Luque et le soldat Diego de Almagro pour explorer le sud, s'accordant pour partager les profits. En septembre 1524, la première des trois expéditions part pour conquérir le Pérou avec 80 hommes et 40 chevaux. Ce fut un désastre, Pizarro ne dépasse même pas la Colombie et doit reculer à cause du mauvais temps, de la faim et de l'hostilité des indigènes. Les noms de lieux le long de leur route, Puerto deseado (port désiré), Puerto del hambre (port de la faim) and Puerto quemado (port brulé) témoignent de leurs difficultés. Deux ans plus tard, une nouvelle expédition est organisée malgré le manque d'enthousiasme du gouverneur du Panama. En août 1526, les 160 hommes et deux navires atteignent le Río San Juan puis se séparent, Pizarro reste sur place pour explorer les marécages de la côte et Almagro est envoyé en arrière pour chercher des renforts. Ayant dépassé l'Équateur, l'un des navires de Pizarre capture un radeau de la Région de Tumbes. Celui-ci transporte des tissus, de la céramique mais surtout de l'or, de l'argent et des émeraudes. Après l'arrivée des renforts, la progression continue et ils atteignent Atacames où vit une importante population sous contrôle inca mais celle-ci semble si dangereuse que les Espagnols rebroussent chemin.
Au printemps 1528, Pizarre retourne en Espagne où il rencontre l'empereur Charles Quint. Ce dernier écoute son récit et promet de le soutenir. La Capitulación de Toledo[74] autorise Pizarro à conquérir le Pérou. Celui-ci convainc ses frères Hernando Pizarro, Juan Pizarro et Gonzalo Pizarro de le suivre ainsi que Francisco de Orellana qui explorera par la suite l'Amazone. La troisième et dernière expédition quitte Panama le 27 décembre 1530. Avec trois navires et 180 hommes, elle accoste au Pérou et découvre un Empire Inca déchiré par la guerre civile. Deux frères Huascar et Atahualpa s'affrontent pour accéder au trône. Pizarro propose à ce dernier de l'aider dans sa lutte contre son frère et une rencontre est organisée à Cajamarca. Malgré une supériorité numérique écrasante (7 000 Incas contre 200 Espagnols), Atahualpa est capturé. Apprenant que Huascar avait été capturé par ses armées et craignant que les Espagnols ne le libèrent, il fait exécuter son frère et devient ainsi le nouvel empereur inca. Pour obtenir sa libération, Atahualpa fait livrer plusieurs tonnes d'or et d'argent aux Espagnols. Voyant le pouvoir et la puissance du souverain, les Espagnols décident de l'exécuter le 29 août 1533 dans sa cellule.
En 1534, Pizarro envahit Cuzco et fonde la ville de Lima sur la côte péruvienne en janvier 1535. La conquête du pays ne fut achevée qu'en 1572 avec l'exécution du dernier Sapa Inca, Túpac Amaru.
Nouvelles routes commerciales (1542–1565)
En 1543, trois marchands Portugais devinrent accidentellement les premiers occidentaux à commercer au Japon. Selon Fernão Mendes Pinto qui déclare avoir participé à ce voyage, ils arrivèrent sur l'île de Tanegashima où les habitants furent impressionnés par leurs arquebuses et commencèrent à les fabriquer sur une grande échelle[75].
La conquête des Philippines fut ordonnée par Philippe II d'Espagne en 1564 et Andrés de Urdaneta fut désigné pour la conduire. Urdaneta accepta d'accompagner l'expédition mais refusa le commandement au profit de Miguel López de Legazpi. Après avoir passé quelque temps sur les îles, Urdaneta est envoyé chercher une voie maritime pour retourner en Nouvelle-Espagne, ce dernier fit route vers l'île de Cebu mais dut remonter jusqu'au 38e parallèle nord pour obtenir des vents favorables.
Il supposa que les alizés du Pacifique faisaient une gyre de la même manière que ceux de l'Atlantique. Il parvint ainsi à revenir jusqu'au cap Mendocino en Californie puis il longea la côte jusqu'au port d'Acapulco. Une route maritime était ainsi établie entre les Philippines et le Mexique et une fois par an, le galion de Manille, en réalité une flotte de plusieurs navires, faisait l'aller-retour entre Acapulco et Manille puis les marchandises étaient rapatriées en Europe à travers l'Atlantique.
Implication de l'Europe du Nord (XVIe siècle)
Les nations hors de la péninsule Ibérique refusèrent de reconnaitre le traité de Tordesillas. La France, les Provinces-Unies (Pays-Bas) et l'Angleterre avaient chacune une longue tradition maritime et étaient engagées dans la « guerre de course ». Malgré les résistances ibériques, les nouvelles technologies et les cartes se répandirent vers le nord.
En 1568, les Hollandais se soulèvent contre Philippe II d'Espagne menant à la guerre de Quatre-Vingts Ans. La guerre entre l'Espagne et l'Angleterre éclate également. En 1580, Philippe II devient roi du Portugal et l'union ibérique ainsi créée devient l'état le plus puissant d'Europe. Les troupes de Philippe envahissent les importantes cités commerciales de Bruges et de Gand. Anvers, alors le port le plus important du monde tombe en 1585. La population protestante reçut l'ordre de quitter la ville[76] et la plupart émigra à Amsterdam. Celle-ci était composée d'artisans expérimentés, de riches marchands et de réfugiés fuyant les persécutions religieuses comme les juifs séfarades chassés d'Espagne et du Portugal puis plus tard les huguenots français. Les Pères pèlerins passèrent également du temps dans la ville avant de partir pour le Nouveau Monde. Cette intense immigration fut l'un des facteurs de l'expansion de la ville, d'un petit port en 1585, Amsterdam devint rapidement l'un des pôle financier et économique les plus importants au monde. Après la destruction de l'Invincible Armada en 1588, le commerce maritime connut une expansion fulgurante.
L'émergence de la puissance maritime hollandaise fut rapide et remarquable. Durant des années, les marins hollandais avaient participé aux voyages portugais vers l'est en tant que matelot et cartographes. En 1592, Cornelis de Houtman fut envoyé par des marchands hollandais de Lisbonne pour collecter le plus d'informations possibles sur les Moluques. En 1595, le marchand et explorateur Jan Huygen van Linschoten, qui avait navigué avec les Portugais dans l'Océan Indien, publia un carnet de voyage à Amsterdam sous le titre de Reys-gheschrift vande navigatien der Portugaloysers in Orienten ("Rapport de voyage sur la navigation portugaise dans l'Orient")[77]. Cet ouvrage incluait les routes maritimes permettant de naviguer entre le Portugal et les Indes Orientales. La même année, Houtman suivit ces indications pour réaliser le premier voyage d'exploration hollandais qui découvrit une nouvelle voie maritime traversant l'océan Indien directement depuis Madagascar jusqu'au détroit de la Sonde en Indonésie où il signa un traité avec le sultan de Banten.
Les premières compagnies à charte sont créées comme les Compagnies néerlandaise et anglaise des Indes orientales et la France, l'Angleterre et les Provinces-Unies commencent à s'attaquer au monopole portugais dans l'océan Indien[78].
Exploration de l'Amérique du Nord
L'expédition anglaise de 1497 menée par Jean Cabot fut la première d'une série de missions d'exploration de l'Amérique du Nord menées par la France et l'Angleterre. L'Espagne ne s'intéressa pas vraiment à ces territoires d'Amérique car ses ressources étaient concentrées en Amérique centrale et du Sud où la plus grande partie des richesses avaient été découvertes[79]. Ces expéditions avaient pour but principal la découverte du passage du Nord-Ouest permettant un commerce plus rapide avec l'Asie[79]. Celui-ci ne fut jamais découvert mais d'autres possibilités apparurent et au début du XVIIe siècle, des colonies de plusieurs pays européens commencèrent à s'implanter sur la côte est de l'Amérique du Nord.
En 1524, Giovanni da Verrazzano, un italien naviguant au service du roi François Ier de France, motivé par l'« insolence » de la division du monde entre les Portugais et les Espagnols, est le premier Européen à visiter la côte atlantique des actuels États-Unis d'Amérique, remontant la côte depuis la Caroline du Sud jusqu'en Nouvelle-Écosse. La même année, Estevão Gomes, un cartographe portugais qui avait navigué avec Magellan explore la Nouvelle-Écosse puis la côte du Maine jusqu'à l'estuaire de l'Hudson qui deviendra New York avant d'arriver en Floride en août 1525. En conséquence de cette expédition, la carte du monde de Diego Ribero de 1529 reproduit de manière presque parfaite la côte Est de l'Amérique du Nord. De 1534 à 1536, l'explorateur français Jacques Cartier, qui avait peut-être participé aux missions de Verrazzano en Nouvelle-Écosse et au Brésil est le premier Européen à voyager à l'intérieur de l'Amérique du Nord en remontant le fleuve Saint-Laurent qu'il nomme « pays de Canada » d'après un nom iroquois. Il revendique la région de l'actuel Québec au nom du roi de France François Ier[80],[81].
L'exploration de la côte ouest commença au milieu du XVe siècle. En 1539, Francisco de Ulloa explore la côte pacifique de l'actuel Mexique dont le golfe de Californie prouvant que la Basse-Californie est une péninsule[82], malgré cette découverte, il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que le mythe de l'Île de Californie ne disparaisse. Son journal fournit la première utilisation recensée du mot "Californie". João Rodrigues Cabrilho, un navigateur portugais naviguant pour le compte de la couronne d'Espagne fut l'un des premiers Européens à poser le pied en Californie en débarquant en septembre 1542 dans la baie de San Diego[83]. Il accosta également sur les îles du détroit au large de l'actuel Los Angeles et continua jusqu'à Point Reyes. Après sa mort de maladie, l'équipage continua au nord jusqu'à l'Oregon. À bord du Golden Hind, l'Anglais Francis Drake réalise la seconde circumnavigation du monde et explore la côte pacifique qu'il revendique sous le nom de Nouvelle-Albion[84].
Entre 1609 et 1611, Henry Hudson, après une série de voyages pour le compte de marchands anglais pour découvrir un passage du Nord-Est vers l'Inde, explore la région autour de l'actuelle ville de New York. Il remonte l'Hudson et pose les bases de la colonisation hollandaise de la région. La dernière expédition de Hudson le mène très au nord à la recherche du passage du Nord-Ouest menant à la découverte du détroit et de la baie d'Hudson. Après avoir passé l'hiver dans la baie James, Hudson tente de reprendre sa route vers le nord au printemps 1611 mais son équipage se mutine et Hudson est abandonné sur une chaloupe.
Quête de la route du nord
La France, les Provinces-Unies et l'Angleterre ne disposaient pas d'une route maritime vers l'Asie que ce soit par l'Afrique ou par l'Amérique du Sud. Lorsqu'il devint évident qu'un tel passage n'existe pas à travers le continent américain, l'attention se tourna vers un passage au delà du cercle polaire arctique qui fut appelé le passage du Nord-Est. Le désir d'établir une telle voie de communication motiva l'exploration européenne sur les côtes russes. En Russie, l'idée d'établir une voie maritime entre l'Atlantique et le Pacifique fut lancée en premier par le diplomate Dmitri Guerassimov en 1525 bien que les colons sur les côtes de la mer Blanche, les Pomors aient déjà exploré une partie du territoire depuis le XIe siècle.
En 1553, les explorateurs anglais Hugh Willoughby et Richard Chancellor furent envoyés avec trois navires à la recherche du passage par la Company of Merchant Adventurers to New Lands. Durant le voyage à travers la mer de Norvège, les navires sont séparés par une tempête et Willoughby doit s'arrêter dans une baie près de l'actuelle frontière entre la Finlande et la Russie. Tout l'équipage dont Willoughby meurt de froid et le navire et le journal de bord sont retrouvés l'année suivante par un pêcheur russe. Richard Chancellor parvient à jeter l'ancre dans la mer Blanche et à se frayer un chemin jusqu'à Moscou et la cour du roi Ivan IV de Russie. Le pays s'ouvre au commerce et la Company of Merchant Adventurers devient la Compagnie de Moscovie.
L'exploration de Barentsz
Le 5 juin 1594, le cartographe Willem Barentsz quitte Texel aux Pays-Bas avec trois navires en direction de la mer de Kara avec l'espoir de trouver le passage du Nord-Est au delà de la Sibérie[85]. Sur l'île Williams, l'équipage rencontre pour la première fois un ours blanc et il prévient à le capturer pour le ramener en Hollande mais l'animal saccage le navire et doit être tué. Barentsz atteint la côte occidentale de la Nouvelle-Zemble et remonte l'île jusqu'à être bloqué par des icebergs. L'année suivante, Maurice de Nassau le met à la tête d'une nouvelle expédition de six navires chargé de marchandises destinées à être vendues en Chine[86]. La flotte rencontre le peuple des Samis mais doit faire demi-tour car le détroit de Kara est gelé.
En 1596, les États généraux du Royaume des Pays-Bas annonce qu'il offrira une grande récompense à celui qui naviguera « avec succès » le passage du Nord-Est. Le conseil municipal d'Amsterdam achète et équipe deux petits navires commandés par Jan Rijp et Jacob van Heemskerk pour trouver l'insaisissable passage sous le commandement de Barentsz. Il partent en mai et en juin, la flotte découvre l'île aux Ours et le nord-ouest du Spitzberg. La flotte longe la côte de l'île Prins Karls Forland vers le sud et rejoint l'Île aux Ours le 1er juillet ce qui provoque un désaccord. Barentsz veut contourner la Nouvelle-Zemble par le nord mais Rijp considère cela comme trop dangereux et refuse de le suivre. Barentsz atteint la Nouvelle-Zemble mais devient prisonnier des icebergs et de la banquise. Prisonniers, les 16 hommes d'équipage sont forcés de passer l'hiver sur place et ils démontent une partie du navire pour construire un abri de fortune et piègent les renards arctiques pour survivre. Au printemps suivant, la glace ne desserre pas son emprise sur le navire et les survivants atteints par le scorbut mettent deux chaloupes à la mer. Barentsz meurt le 20 juin 1597 et sept semaines sont nécessaires pour rejoindre Kola où l'équipage est secouru par un navire de pêche russe. 12 hommes rejoignent Amsterdam et deux membres d'équipages Jan Huygen van Linschoten et Gerrit de Veer publièrent leurs carnets sur ce voyage.
En 1608, Henry Hudson fit une nouvelle tentative en tentant de dépasser le sommet de la Russie mais doit faire demi-tour après la Nouvelle-Semble.
Australie et Nouvelle-Zélande
Terra Australis incognita (latin, « la terre australe inconnue ») était un hypothétique continent qui apparaissait sur les cartes européennes du XVe au XVIIIe siècle et dont les origines remontaient à Aristote. Il était représenté sur les cartes de Dieppe datant du milieu du XVIe siècle par une ligne côtière juste au sud des îles des Indes orientales qui était souvent dessinée avec de nombreux détails même si personne ne l'avait encore vue. Les découvertes réduisirent la zone où pouvait se trouver le continent ; cependant, de nombreux cartographes comme Gérard Mercator (1569) et Alexander Dalrymple (1767)[87] suivaient l'hypothèse d'Aristote selon laquelle une grande masse de terres devait se trouver dans l'hémisphère Sud pour « faire contrepoids » aux masses terrestres connues de l'hémisphère Nord. Dès que de nouvelles terres étaient découvertes, elles étaient souvent rattachées à ce continent hypothétique.
L'Espagnol Juan Fernández naviguant depuis le Chili en 1576 prétendit avoir découvert le continent austral (probablement la Nouvelle-Zélande)[88] mais mourut avant d'avoir put pousser plus avant ses recherches. Luis Váez de Torrès, un marin de Galice naviguant pour la couronne d'Espagne prouva l'existence d'un passage au sud de la Nouvelle-Guinée qui porte aujourd'hui son nom : le détroit de Torrès. Pedro Fernandes de Queirós, un Portugais naviguant pour l'Espagne vit une grande île au sud de la Nouvelle-Guinée en 1606 qu'il nomma Australie et qu'il présenta au roi d'Espagne comme la Terra Australis incognita.
Le marin hollandais et gouverneur colonial Willem Janszoon fut le premier Européen connu à avoir vu la côte australienne. Janszoon partit de Hollande en direction des Indes orientales en décembre 1603 à bord du Duyfken (« petite colombe »), un des douze navires de la grande flotte de Steven van der Hagen[89]. Une fois sur place, Janszoon fut envoyé à la recherche de nouveau débouchés pour le commerce, particulièrement dans le « grand territoire de Nova Guinea et des autres terres orientales et australes ». En novembre 1605, le Duyfken quitte Banten pour la côte occidentale de la Nouvelle-Guinée. Janszoon traverse ensuite l'extrémité orientale de la mer d'Arafura jusque dans le golfe de Carpentarie sans approcher le détroit de Torres. En février 1606, il accoste à l'embouchure de la Pennefather River sur la côte occidentale de la péninsule du cap York dans le Queensland. Janszoon cartographie 320 km de côtes qu'il pense être l'extrémité sud de la Nouvelle-Guinée. En 1615, Jacob Le Maire et Willem Schouten contournent le cap Horn prouvant que la Terre de Feu est une petite île.
En 1642-1644, Abel Tasman, un explorateur et marchand hollandais au service de la VOC fait le tour de la Nouvelle-Hollande prouvant que l'Australie n'est pas une partie du mythique continent austral. Il est le premier Européen à atteindre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande puis les îles Fidji en 1643. Tasman, son navigateur Visscher et le marchand Gilsemans cartographient d'importantes zones de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et des îles du Pacifique.
Exploration russe de la Sibérie (1581-1660)
Au cours de la moitié du XVIe siècle, le Tsarat de Russie envahit les Khanat de Kazan et d'Astrakhan, annexant ainsi toute la région de la Volga et ouvrant la voie des montagnes de l'Oural. De même que l'exploration et la colonisation de l'Amérique, la colonisation des territoires orientaux fut menée par de riches marchands comme les Stroganoff avec le soutien d'aventurier comme les cosaques. Le tsar Ivan IV de Russie offrit de vastes territoires exempts de taxes à Anikey Stroganoff qui organisa l'émigration à grande échelle vers ces territoires. Stroganoff développa l'agriculture, la chasse, la production de sel, la pèche et l'exploitation minière dans l'Oural ainsi que le commerce avec les tribus sibériennes.
Conquête du Khanat de Sibir
Vers 1577, Semyon Stroganoff et les autres fils d'Anikey Stroganoff engagent un chef cosaque appelé Yermak pour protéger leurs terres des attaques du Khan de Sibir Kuchum. À partir de 1580, Stroganoff et Yermak mettent en place une opération militaire pour chasser Kuchum. En 1581, Yermak commence son voyage dans les profondeurs de la Sibérie. Après quelques victoires mineures, Yermak écrase les armées de Kuchum lors de la bataille du Cap Chuvash près de l'actuel Perm en 1582. Les restes de l'armée du khan retraitent à travers la steppe et Yermak capture la capitale du Khanat, Qashliq près de l'actuel Tobolsk. Cependant Kuchum reste puissant et attaque Yermak par surprise. Ce dernier est blessé et se noie sous le poids de sa cotte de mailles en voulant traverser la Vagaï, un affluent de l'Irtych. Les cosaques doivent quitter la Sibérie mais grâce à l'exploration des principales voies navigables, les russes peuvent revenir quelques années plus tard pour imposer leur domination.
Au début du XVIIe siècle, l'expansion russe vers la Sibérie fut ralentie par des problèmes internes liés à la période des troubles. Cependant, l'exploration et la colonisation des immenses territoires sibériens reprit menée par les cosaques à la recherche de précieuses fourrures et d'ivoire. Tandis que les cosaques venaient du sud de l'Oural, une autre vague de Russes vint de l'océan Arctique. Il s'agissait des Pomors issus de la Région du Nord qui commerçaient déjà avec la ville de Mangazeïa depuis longtemps. En 1607, le village de Touroukhansk est fondé sur l'Ienisseï près de l'embouchure de la Toungouska inférieure et en 1619, la forteresse de Ienisseïsk est construite au confluent de l'Ienisseï et de l'Angara.
Entre 1620 et 1624, un groupe de trappeurs mené par Demid Pyanda quitte Touroukhansk et remonte la Toungouska inférieure sur 2 300 km, hivernant près de la Viliouï et de la Léna. Il est le premier russe à rencontrer les Iakoutes et les Bouriates et explore la région de Sakha. Il montre que l'Angara et la Toungouska supérieure forment une seule et même rivière.
En 1627, Piotr Beketov est nommé voïvode de l'Ienisseï et il réalise avec succès un voyage destiné à collecter les impôts des Bouriates de Transbaïkalie. Il est alors le premier russe à pénétrer en Bouriatie et il y fonde le premier village russe, Rybinsky. Beketov est ensuite envoyé explorer la Léna en 1631 et fonde Iakoutsk l'année suivante. Ses cosaques remontent l'Aldan pour construire des forteresses et collecter les impôts[90].
Iakoutsk devient rapidement le point de départ principal des expéditions russes vers l'est, le sud et le nord. Maksim Perfilyev, qui avait été l'un des fondateur de Ienisseïsk, fonde Bratsk le long de l'Angara en 1631 et en 1638, il est le premier russe à entrer en Transbaikalie en venant de Iakoutsk[91],[92]. En 1643, Kurbat Ivanov mène un groupe de cosaques depuis Iakoutsk vers le sud des Monts Baïkal, découvre le lac Baïkal et visite l'île d'Olkhon. Par la suite, Ivanov fit la première carte et la première description du lac[93].
Les Russes atteignent le Pacifique
En 1639, un groupe d'explorateurs mené par Ivan Moskvitine deviennent les premiers Russes à atteindre l'océan Pacifique et découvrent la mer d'Okhotsk. Les cosaques apprennent des populations locales que le large fleuve Amour coule bien plus au sud. En 1640, ils arrivent à l'embouchure du fleuve et découvrent probablement les îles Chantar sur le chemin vers le sud. Basé sur le rapport de Moskvitine, Kurbat Ivanov réalise la première carte de l'Extrême-Orient russe en 1642.
En 1643, Vassili Poïarkov franchit les Monts Stanovoï et atteint la rivière Zeïa dans le pays des Daur qui payent un tribut à la dynastie chinoise des Qing. Après l'hiver, Poïarkov atteint le fleuve Amour qu'il descend jusqu'à l'embouchure. Comme ses cosaques s'étaient attirés l'hostilité des populations locales, Poïarkov décide de prendre une autre route pour le retour et construit des bateaux qui lui permettent de remonter le long des côtes de la mer d'Okhotsk avant de revenir finalement à Iakoutsk en 1646.
En 1644, Mikhail Stadukhin découvre le fleuve Kolyma et fonde Srednekolymsk. Un marchand nommé Fedot Alekseyev Popov organise une expédition encore plus vers l'est et Simon Dejnev devient capitaine de l'un des koch. L'expédition part de Srednekolymsk en direction de l'Arctique et dépasse le cap Dejnev devenant la première à franchir le détroit de Béring et à arriver dans la péninsule tchouktche et dans la mer de Béring. Tous les navires et presque tous les hommes dont Popov sont perdus dans des tempêtes ou lors d'affrontements avec les locaux. Un petit groupe mené par Dejnev atteint l'embouchure de l'Anadyr et est secouru par Stadukhin venant de l'est par la terre[94]. Ce dernier poursuit l'exploration des côtes nord de la mer d'Okhotsk
En 1649, Ierofeï Khabarov explore le bassin de l'Amour et revient avec une plus grande expédition en 1652. Cette fois, il rencontre une opposition armée de la part des Mandchous. Il passe l'hiver à Albazin puis descend l'Amour et fonde Achansk à proximité de l'actuel Khabarovsk. Il affronte les armées daouriennes, mandchoues, chinoises et même coréennes[95]. Par la suite, les Russes contrôlèrent la région de l'Amour jusqu'en 1689 lorsque le traité de Nertchinsk attribua ce territoire à la Dynastie Qing (la Russie récupérera cette zone lors du traité d'Aigun en 1858).
Au début des années 1660, Kurbat Ivanov retourne explorer la péninsule tchouktche et rédige la première carte du détroit de Bering où apparait l'île Wrangel, les îles Diomède et l'Alaska encore inconnus à l'époque en se basant sur les informations collectées chez les Tchouktches.
Ainsi, au milieu du XVIIe siècle, les Russes avaient exploré la quasi-totalité de la Sibérie à l'exception de l'Est de la péninsule de Kamtchatka et de certaines régions au delà du cercle arctique. La conquête du Kamtchatka fut terminée au début des années 1700 par Vladimir Atlassov tandis que l'exploration de l'Alaska et de la côte arctique sera finalisée par la grande expédition du Nord menée par Vitus Béring qui mit fin au rêve du passage du Nord-Est entre 1733 et 1743.
Impact global
L'expansion outremer de l'Europe mena au contact entre le Nouveau et l'Ancien Monde et à l'échange colombien[96] impliquant le transfert de produits inexistants dans l'autre Monde. Les Européens apportèrent les bovins, les chevaux et les moutons dans le Nouveau Monde et ils découvrirent le tabac, les pommes de terre et le maïs. D'autres produits jouèrent un rôle majeur dans le développement du commerce mondial comme la canne à sucre, le coton, l'argent et l'or qui furent rapatriés non seulement en Europe mais également dans tout l'Ancien Monde.
Les nouveaux liens transocéaniques et leur domination par les Européens mena à l'impérialisme de ces derniers qui finirent par dominer la plus grande partie de la planète. Les appétits européens pour le commerce, les marchandises précieuses et la domination affectèrent dramatiquement les autres régions du monde. L'Espagne mena une politique de destruction violente des empires amérindiens pour substituer son pouvoir aux leurs. Les autres nations suivirent la même voie et anéantirent de nombreuses cultures à travers le monde en supprimant les rituels païens, en imposant le christianisme, de nouvelles langues et de nouvelles organisations culturelles et sociales. Dans de nombreuses régions comme l'Amérique du Nord, l'Australie, la Nouvelle-Zélande ou l'Argentine, les populations autochtones furent brutalisées et chassées de leurs terres avant d'être réduites au statut de minorités dépendantes.
Parallèlement, en Afrique de l'Ouest, les états locaux fournissaient des esclaves destinées aux plantations européennes de l'autre côté de l'Atlantique. Cette traite négrière changea profondément la nature des sociétés et bouleversa les économies locales. (Voir Commerce triangulaire)
Les peuples Amérindiens sont probablement ceux qui ont le plus souffert de l'expansion européenne car l'on estime qu'entre 50 et 90% de leur population fut décimée par les maladies importées par les Européens. Avant même leur première rencontre avec le Européens, certains peuples avaient déjà été anéantis[97].
Au cours du XVIe siècle, l'économie chinoise sous la dynastie Ming fut stimulée par le commerce avec les Portugais, les Espagnols et les Hollandais. La Chine fut impliquée dans le nouveau commerce mondial de marchandises, de plantes, d'animaux connu sous le nom d'échange colombien. Le commerce avec l'Europe apporta des quantités importants de capitaux. Cependant le pays ne parvient pas à développer une économie capitaliste sur le modèle européen permettant l'apparition d'une bourgeoisie composée de marchands capable d'organiser le commerce maritime international et la colonisation des nouveaux territoires. La baisse des revenus commerciaux, les effets du petit âge glaciaire sur l'agriculture, les épidémies, la menace des nomades mongols et le soulèvement de Li Zicheng entraînent le long déclin de la Chine qui se poursuivra jusqu'au XXe siècle.
Les plantes rapportées d'Amériques par les colonisateurs espagnols au XVIe siècle participèrent à l'accroissement de la population en Asie[98]. Même si le gros des importations chinoises était composée d'argent, les Chinois achetèrent des plantes comme la patate douce, le maïs ou les arachides. Celle-ci pouvaient être cultivées dans des zones où les cultures traditionnelles, le riz, le blé ou le millet ne poussaient pas[99],[100]. La patate douce, en particulier devint l'un des aliments de base de la population chinoise et permit le doublement de la population chinoise entre le XVe et le XVIe siècle[101].
Le jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610) fut le premier européen à pouvoir visiter la Cité interdite de Beijing où il traduisit les textes chinois en latin et inversement et travailla en étroite collaboration avec le mathématicien Xu Guangqi (1562-1633).
L'arrivée des Portugais au Japon en 1543 initia l'époque du commerce Nanban au cours de laquelle les Japonais adoptèrent de nombreuses technologies et pratiques culturelles occidentales comme l'arquebuse, des armures et les navires de style européen, le christianisme et les arts décoratifs. Après que la Chine eut interdit le commerce direct entre les marchands Chinois et le Japon, les Portugais servirent d'intermédiaire entre les deux pays. Ils achetaient la soie chinoise et l'échangeait contre l'argent japonais[102]. Cependant, après l'établissement d'une base commerciale espagnole à Manille, l'argent produit en Amérique remplaça celui produit au Japon dans les achats chinois[103].
Impact économique en Europe
Le développement du commerce maritime avec l'Asie et les Amériques modifia considérablement l'économie européenne. Les anciennes puissances navales de la Méditerranée comme la République de Venise ou la Ligue hanséatique en mer Baltique virent leur part dans le commerce stagner tandis que les ports de l'Atlantique connaissaient un essor fulgurant. Les nouveaux produits comme le sucre, les épices, la soie et les porcelaines chinoises inondèrent le marché du luxe européen provoquant une mutation sociale.
Le cœur économique de l'Europe se déplaça de la Méditerranée vers l'Atlantique. La ville d'Anvers du Duché de Brabant devint le centre du commerce international[104] et la ville la plus riche de l'époque[105]. Centré sur Anvers puis sur Amsterdam, le siècle d'or néerlandais repose fortement sur les Grandes découvertes. Francesco Guicciardini, un émissaire vénitien nota que des centaines de navires transitaient par Anvers chaque jour et que 2 000 chariots entraient dans la ville chaque semaine. Les navires portugais chargés de poivre et de cannelle déchargeaient leurs cargaisons dans le port que celles-ci ne soient distribuées dans tout le continent. L'administration était contrôlée par une oligarchie de marchands venant de toute l'Europe. La politique de tolérance en vigueur dans les Provinces-Unies attira de nombreux bourgeois juifs ou protestants persécutés dans leur pays.
Les principales exportations chinoises étaient la soie et la porcelaine adaptés au gout des Européens. La porcelaine chinoise était tellement réputée qu'en Angleterre, le mot china devint un synonyme de porcelaine et elle apparaît dans de nombreux tableaux de l'Âge d'or de la peinture néerlandaise. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales établit un commerce florissant dans ce domaine et important 6 millions de produits en porcelaine entre 1602 et 1682[106],[107]. La porcelaine Medici fabriquée à Florence fut la première à pouvoir égaler la porcelaine chinoise et la production européenne décolle après l'arrêt des exportations chinoises décidées après la mort de Ming Wanli en 1620. La porcelaine bleu et blanc fut rapidement imitée dans le monde entier comme à Arita au Japon où les Portugais vinrent s'approvisionner après la chute des exportations chinoises consécutive à l'effondrement de la dynastie Ming en 1644[108]. Finalement, c'est la faïence de Delft inspirée des motifs chinois qui s'imposa en Europe à partir du milieu du XVIIe jusqu'au XVIIIe siècle.
Antonio de Morga (1559-1636), un officiel espagnol à Manille réalisa une liste exhaustive des produits échangés avec la Chine au début du XVIIe siècle. Dans un cas, un galion à destination des territoires espagnols du Nouveau Monde transportait 50 000 paires de bas de soie et au retour rapporta 10 tonnes d'argent. Les marchands chinois étaient actifs dans ce commerce et beaucoup émigrèrent eux Philippines ou en Indonésie pour en profiter[99].
L'accroissement de la richesse de l'Espagne coïncide avec un cycle de forte inflation en Europe. L'Espagne rapatrie des quantités colossales d'or et d'argent. La mine de Potosí en Bolivie produit à elle seule 240 tonnes d'argent par an entre 1560 et 1580[109]. Au cours du XVIe siècle, l'Espagne devient l'État le plus puissant d'Europe. Un voyageur français écrit en 1603 « En Espagne, tout est cher sauf l'argent »[110]. Cet argent qui inonde une Europe autrefois pauvre provoque une importante inflation[111] aggravée par la stagnation de la population, les faibles salaires et la hausse du coût de la vie. L'Espagne reste cependant pauvre, importe presque tout ses bien et devient de plus en plus dépendante des revenus fournis par son empire. Les nombreuses guerres ruinent le pays qui fait plusieurs fois défaut à la fin du XVIe siècle[112]. La perte du contrôle sur les Pays-Bas entraînent la ruine du royaume qui reste à la marge de l'essor européen. On note également l'essor du capitalisme et l'apparition d'une classe moyenne de bourgeois qui va jouer un rôle moteur dans la colonisation des terres nouvellement découvertes grâce aux compagnies commerciales. Au final, ce sont les nations du Nord de l'Europe comme la France ou l'Angleterre qui, malgré leur retard initial, vont le plus profiter de ces Grandes découvertes qui consacrent la domination européenne sur le monde durant 400 ans.
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