Tombouctou

Tombouctou
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Tombouctou
Géographie
Pays Drapeau du Mali Mali
Région Tombouctou
Cercle Tombouctou
Superficie km²
Coordonnées 16° 46′ 00″ N 3° 00′ 00″ W / 16.766667, -3.00
Altitude 263 m
Population[1]
1998 29 732 hab.
2009 54 453 hab.
Taux d'accroissement annuel moyen 1998-2009 5,7 %
Politique
Maire[2] Hallé Ousmane (Adéma-Pasj) (élu(e) en 2009)
Tombouctou sur le fleuve Niger

Tombouctou (Timbuktu ou Tin-Buktu en tamasheq) est une ville située sur le fleuve Niger et une commune du Mali. Elle est surnommée « la ville aux 333 saints » et « la perle du désert ».

Tombouctou est le chef-lieu du cercle de Tombouctou et de la région de Tombouctou

Sommaire

Étymologie

Le nom « Tombouctou » viendrait du tamasheq, langue des Touareg qui auraient fondé la ville au XIIe siècle, de Tin (ou Tim), qui signifie « puits» ou « lieu », et de Bouctou, nom donné à la femme présente à l'arrivée des Touareg, gardienne d'un puits, et qui désignerait une personne originaire d’Essouk – ce qui donne « le lieu de Bouctou »[3]. À cette étymologie proposée par Abderrahamne es-Saâdi au XVIIe siècle dans son Tarikh es-Sudan (Histoire du Soudan), l’explorateur allemand Heinrich Barth au XIXe siècle, lui, oppose une origine songhaï du mot Tombouctou qui désignerait une « dépression entre les dunes »[3].

Histoire

Portes de la Medersa de Sankoré

La légende (dans le Tarikh es-Soudan) rapporte que Tombouctou fut formée autour du puits d'une femme appelée Bouctou, (originaire d'Essouk) d'où le nom de la ville (Tin Bouctou, le puits de Bouctou). Les premiers campements pourraient remonter aux premiers siècles de l'histoire écrite. Campement des nomades berbères du XIIe siècle, la ville n'apparaît cependant dans l'histoire qu'au XIVe siècle : l'empereur du Mandé Mansa Moussa y fit construire une prestigieuse mosquée, par l'architecte Abou Ishaq es-Sahéli.

Au XVe siècle, la construction par une vieille femme de la mosquée de Sankoré, qui comprenait une medersa, est à l'origine d'une université islamique de renommée internationale. Jusqu'à 25 000 étudiants fréquentèrent la ville sous le régime de Sonni Ali Ber (Sonni Ali le Grand). La ville a construit sa prospérité sur les échanges commerciaux, dont l'esclavage, entre la zone soudanaise du Sahel africain et le Maghreb. Elle eut son apogée au XVIe siècle. Sa richesse déclina lorsque les Européens ouvrirent la voie maritime pour le commerce entre l'Afrique du Nord et l'Afrique noire. Le déclin de la ville commença au XVIIe siècle avec l'instabilité politique et l'apparition de la traite négrière qui rapprochait cette activité des côtes.

Alors que le Soudan français est une colonie française, Tombouctou devient par la loi française du 18 novembre 1955[4], une commune de moyen exercice, dirigée par un maire, fonctionnaire nommé par le chef de territoire, assisté d’un conseil municipal élu par un collège unique[5]. La loi du 2 mars 1966 donne un statut commun à toutes les communes créées avant l’indépendance du Mali en 1960. Un conseil municipal élu désigne en son sein le maire et un ou plusieurs adjoints[5].

Quelques dates

Tombouctou, monument commémorant la cérémonie de "La Flamme de la Paix"
  • 1826 : Le major Alexander Gordon Laing visite la ville. Pris pour un marchand d'esclaves concurrent, il est assassiné.
  • 20 avril 1828 : Dissimulé sous le costume d'un lettré musulman, le Français René Caillié entre dans la ville. Son récit de voyage fait grand bruit en Europe.
  • 1844 : Mort de Sékou Amadou, la ville s'émancipe.
  • 1853-1854 : L'explorateur allemand Heinrich Barth passe six mois à Tombouctou.
  • 1892 : Massacre de la colonne Bonnier par les Touareg Ouelleminden et Igdalen après occupation Tombouctou.
  • 1894 : La ville est prise par les colonisateurs français.
  • 1914 : Fin de la pacification des zones du Nord du Mali.
  • 1988 : La ville est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco.
  • 27 mars 1996 : Cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlent 3 000 armes utilisées durant la rébellion.

Géographie

La ville est située au sommet de la boucle du fleuve Niger, au point où celui-ci se rapproche le plus du Sahara. Elle était reliée au fleuve par des canaux qui ne sont plus fonctionnels aujourd'hui, et est desservie par le port de Kabara, à 12 km plus à l'est.

Depuis plusieurs années, la ville est menacée par l'avancée des dunes (ensablement). Sous l'impulsion de l'UNESCO, des travaux de stabilisation des dunes ont été entrepris.

Climat

Tombouctou appartient à la frange la plus septentrionale du Sahel africain et donc à la plus aride. Les précipitations annuelles sont en moyenne de 160 mm et se concentrent durant les quatre mois d'été au moment de la mousson. Le mois d'août est le plus pluvieux avec un total de 63,5 mm, mais les pluies sont irrégulières d'une année sur l'autre. Quant aux températures, elles connaissent des variations saisonnières et diurnes importantes. En été les températures maximales dépassent les 40 °C (T max=42 °C en mai) tandis qu'en hiver les températures minimales descendent en dessous de 15 °C (T min=12,6 °C en janvier). Dans ces conditions il ne peut pousser seulement qu'une maigre végétation et les cultures sont impossibles sans irrigation.

Relevé météorologique de Tombouctou-altitude: 264 m-latitude: 16°43'N
mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 12,6 14,9 18,4 22,4 25,8 27,3 25,9 24,9 24,7 22,3 17,2 13,2 20,8
Température maximale moyenne (°C) 29,6 32,9 36,3 39,4 42,0 41,4 38,5 36,7 38,2 38,7 34,6 29,9 36,5
Précipitations (mm) 0,4 0,3 0,0 1,1 4,3 14,7 45,2 63,5 27,4 2,4 1,3 0,3 160,9
Source : Le climat à Tombouctou (en ° C et mm, moyennes mensuelles) climate-charts.com


Démographie

Tombouctou a actuellement une population estimée à 32 000 personnes en 2006. Cependant, au faîte de sa grandeur au XVe siècle, la ville comptait environ 100 000 habitants dont 25 000 étudiants pour la seule université de Sankoré[6].

Les trois groupes ethniques principaux de Tombouctou sont les Touareg, les Songhaï et les Arabes.

Administration

Le cercle de Tombouctou comprend les communes de Alafia, Ber, Bourem-Inaly, Lafia, Salam et Tombouctou.

Politique

Année Maire élu Parti politique
2004 Saïd Mohamed ADEMA
2009 Haley Ousmane[7]. ADEMA

Transport et économie

Tombouctou, le bac sur le fleuve Niger.

Campement saisonnier créé par des nomades touareg, Tombouctou devint une plaque tournante de commerce et, au XVe siècle, un centre d'enseignement islamique. Mais, avec le développement des ports maritimes d'Afrique de l'Ouest, le commerce des caravanes décline. C'est encore un centre de négoce de produits de base, particulièrement du sel, qui est extrait des mines de Taoudeni à 700 km plus au nord et amené lors de l'Azalaï à Tombouctou. Ce transport, des plaques de sel de 40 kg[réf. souhaitée] chacune, se fait de moins en moins à dos de dromadaires, et de plus en plus à bord de camions. La ville travaille également le textile, le cuir, et divers objets d'artisanat touareg.

La ville est le centre administratif de la région du même nom. Elle abrite les principaux services publics et est aussi le siège des ONG qui travaillent dans la zone. Centre touristique, Tombouctou abrite deux hôtels et plusieurs agences de voyages.

L'accès de la ville se fait par avion (vol hebdomadaire, via Mopti, lorsque le nombre de passagers est suffisant), en voiture par une piste difficile en provenance de Douentza et en empruntant le bac pour franchir le Niger ou bien en caravane par le désert. Un canal, qui avait disparu à cause de l'ensablement, reliait la ville directement au fleuve Niger. Le gouvernement libyen ayant accordé un financement pour son curage, son rétablissement est effectif depuis septembre 2007[réf. nécessaire].

Culture et monuments

Cour de la mosquée Djingareyber

Tombouctou est aujourd'hui plus connue par sa légende que par les différents sites présents. Cependant, différents lieux sont dignes d'intérêt. La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988.

Première caractéristique de la ville, le désert est très proche des premières maisons. On trouve à différents endroits plusieurs zones de culture en terrasse, disposées en entonnoir autour d'un puits ou d'un point d'eau. Ces puits de Bouctou sont un bel exemple de culture dans un environnement difficile. L'ensemble des maisons est construit en banco mais à Tombouctou le crépi est remplacé par un parement en pierres. Les trois mosquées de la ville, Djingareyber, Sidi Yahiya et Sankoré, sont la mémoire de l'apogée de la ville. Seule la première se visite. On peut aussi visiter les restes des maisons qui abritèrent René Caillé, le major Alexander Gordon Laing et le docteur Heinrich Barth, dont certaines ont été transformées en musée.

Une place abrite le monument "de la Flamme de la Paix" qui symbolise la fin de la rébellion touarègue, le 26 mars 1996. La cérémonie commémorative a lieu tous les ans.

En 2007, Tombouctou a également été en compétition pour obtenir le titre de Merveille du Monde moderne, mais elle n'a pas été retenue dans le choix final.

Les manuscrits de Tombouctou

Pages d'un manuscrit d'astronomie

Le vrai trésor de Tombouctou est constitué par un ensemble de près de cent mille manuscrits détenus par les grandes familles de la ville[6]. Ces manuscrits, dont certains datent de l'époque préislamique remontant au XIIe siècle, sont conservés depuis des siècles comme des secrets de famille. Ils sont pour la plupart écrits en arabe ou en peul, par des savants originaires de l'ancien empire du Mali et contiennent un savoir didactique notamment dans les domaines de l'astronomie, de la musique, de la botanique… Des manuscrits plus récents couvrent les domaines du droit, des sciences, de l'histoire (avec d'inestimables documents comme le Tarikh es-Sudan de Mahmoud Kati sur l'histoire du Soudan au XVe siècle et le Tarikh el-Fetash d'Abderahmane Es-Saad au XVIIe siècle), de la religion, du commerce. Le centre de documentation et de recherches Ahmed-Baba (Cedrab), fondé en 1970 par le gouvernement avec l'aide de l'UNESCO, recueille certains de ces manuscrits pour les restaurer et les numériser. Si déjà plus de 18 000 manuscrits ont été collectés par le seul centre Ahmed Baba, on estime qu'il existerait jusqu'à 300 000 manuscrits dans l'ensemble de la zone touarègue. Environs 60 à 80 bibliothèques privées existent aussi dans la ville, parmi lesquelles la bibliothèque commémorative Mamma Haidara et la bibliothèque Mahmoud-Kati. Couvrant l'ensemble des domaines du savoir, les manuscrits sont menacés par les mauvaises conditions de conservation et surtout par le trafic dont ils sont l'objet au profit de riches collectionneurs[6].

L’Institut des hautes études et de recherche islamique Ahmed Baba, a été inauguré en janvier 2009 par le président malien Amadou Toumani Touré, le président sud-africain, Kgalema Motlanthe et son prédécesseur Thabo Mbeki. Le coût des travaux d’un montant de 2,5 milliards de francs Cfa a été financé par l’Afrique du Sud. Construite sur la place Sankoré, sur le site de l'ancienne université Sankoré, les locaux de 4 800 m² comprennent notamment un amphithéâtre de 500 places, une salle de conférence de 300 places et une bibliothèque[8]

Manifestations culturelles

Le Festival au désert se déroule chaque année à Essakane, à deux heures de piste de la ville de Tombouctou, au mois de janvier.

Citations

  • « Le sel vient du Nord, l'or vient du Sud, l'argent vient du pays des Blancs mais la parole de Dieu, les choses saintes, les contes jolis on ne les trouve qu'à Tombouctou. » – Affiché au centre Ahmed-Baba.
  • « Ô toi qui vas à Gao fais un détour par Tombouctou. Murmure mon nom à mes amis et porte-leur le salut parfumé de l'exilé qui soupire après le sol où résident sa famille, ses amis, ses voisins. »Ahmed Baba (1556-1627).

Jumelages

La ville de Tombouctou est jumelée avec :

Notes et références

  1. Résultats provisoires du Recensement général de la population et de l'habitat 2009 sur Institut national de la statistique (Mali), 2010. Consulté le 18 mars 2010
  2. Informations sur les élus sur Ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, 12 août 2009. Consulté le 18 mars 2010
  3. a et b « D’où vient le nom de Tombouctou ? », Jeune Afrique, 15 octobre 2006.
  4. Loi N° 55-1489 du 18 novembre 1955 relative à la réorganisation municipale en Afrique Occidentale Française, en Afrique Equatoriale Française, au Togo, au Cameroun et à Madagascar [1]
  5. a et b Kô Samaké, Modibo Keïta, Recherche sur l’Historique de la Décentralisation au Mali : De la Période Coloniale à la 3ème République, Penser pour agir.org, 7 février 2006 [2]
  6. a, b et c Jean-Michel Djian, « Un patrimoine inestimable en danger : les manuscrits trouvés à Tombouctou », Le Monde diplomatique, août 2004.
  7. Commune urbaine de Tombouctou : Mme Maïga Azziza Mint Mohamed gagne deux points ! Le Challenger, 29 mai 2009 [3]
  8. A.O. Diallo, L’Institut des hautes études et de recherche islamique Ahmed Baba : un bel exemple de coopération sud-sud, l'Essor, 26 janvier 2009 [4]

Annexes

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Liens externes


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