Commerce des épices

Commerce des épices
Cette carte représente la route suivie par Vasco da Gama pour atteindre les Indes (noir). Les voyages de Pêro da Covilhã (orange) et Afonso de Paiva (bleu) sont aussi figurés.

Le commerce des épices est une activité commerciale qui concerne la commercialisation d'épices et d'herbes et aromates depuis l'Antiquité, principalement entre l'Europe et l'Asie. Les civilisations asiatiques furent à l'origine du négoce depuis les temps les plus reculés et le monde gréco-romain s'y impliqua avec le trafic généré le long de la route de l'encens[1] et le commerce romain avec l'Inde.

Ce commerce était initialement pratiqué par voie terrestre, mais l'ouverture des routes maritimes entre l'Europe et l'Asie conduisit à une croissance extraordinaire[2]. Au Moyen Âge, les négociants musulmans dominèrent les routes maritimes à travers l'océan Indien, exploitant les ressources d'Extrême-Orient et convoyant les épices des entrepôts en Inde vers l'ouest par le golfe Persique et la mer Rouge, puis par diverses routes terrestres.

Les échanges furent totalement transformés par les Grandes découvertes des Européens qui placèrent le commerce des épices au premier rang des objectifs des négociants européens[3]. L'ouverture de la route d'Europe vers l'Inde par le cap de Bonne-Espérance par Vasco de Gama à la fin du XVe siècle, révolutionna les modalités et l'ampleur du commerce.

Plus encore, ce commerce - conduisant l'économie vers les temps modernes - [3] déclencha une période de domination de l'Orient par les pays européens, Portugal d'abord, puis Pays-Bas, Angleterre et France, confiant cette tâche aux différentes compagnies des Indes.

Sommaire

Les routes de l'Antiquité

Le commerce depuis l'Inde attira l'attention des Ptolemées, puis de l'Empire romain.

Les épices telles que la cannelle, le cannelier de Chine ou Cassia, la cardamome, le gingembre, et le curcuma étaient connues, et commercialisées en Orient depuis la haute Antiquité[2]. Ces épices furent acheminées le long des routes du Moyen-Orient avant le début de l'ère chrétienne, bien que leur origine précise fut maintenu cachée par les marchands et associées à des histoire fantastiques[2].

Les Égyptiens commerçaient à travers la mer Rouge, important les épices depuis la "Pays de Pount" et de l'Arabie[4]. Les produits précieux étaient négociés le long de la Route de l'encens incluant les épices indiennes, l'ébène, la soie et les étoffes fines[1].

Le commerce des épices fut associé aux routes terrestres mais l'ouverture de routes maritimes fut le facteur déclenchant de la croissance de ce négoce[2]. Les Ptolémées utilisaient leurs ports sur la Mer Rouge[5], mais c'est avec la création de l'Égypte romaine, que les Romains développèrent les liaison vers l'Inde[5]. Dès les années 80 av. JC, Alexandrie devint le centre du commerce pour les épices indiennes entrant dans le monde Greco-Romain[2]. Les bateaux Indiens navigaient vers l'Egypte. Ils apportaient les épices de l'Asie qui par de multiples routes dans l'Asie du Sud convergeaient vers le port de Calicut en Inde.

D'après la Cambridge History of Africa (1975) [6]:

« Le commerce avec l'Arabie et l'Inde d'encens et d'épices prit de plus en plus d'ampleur, et les Grecs commencèrent à échanger directement avec L'Inde. La découverte, ou redécouverte, des routes maritimes vers l'Inde est attribuée à un certain Eudoxe, qui fut envoyé à ce sujet vers la fin du règne de Ptolémée Evergete II (mort en 116 av. J.-C.). Eudoxos fit deux voyages vers l'Inde, puis, s'étant brouillé avec ses employeurs, périt dans une tentative infructueuse d'ouvrir une route alternative hors de contrôle des Ptolémée en naviguant autour de l'Afrique. L'établissement de contacts directs entre l'Égypte et l'Inde était probablement rendu possible par l'affaiblissement des puissances arabes à cette époque, le Royaume de Saba dans l'Arabie du Sud-Est s'effondrant et se trouvant remplacé par le Royaume Himyarite autour de 115 av JC. Les importations en Égypte de cannelle et des autres épices orientales, comme le poivre, augmenta considérablement, bien que le trafic à travers l'océan Indien resta pour le moment limité, en effet pas plus de vingt vaisseaux égyptiens s'aventuraient en dehors de la mer Rouge chaque année. »

Le commerce s'accrut constamment pendant cette époque. « Quand Gallus fut préfet en Égypte, je l'accompagnais et remontais le Nil aussi loin que Syene et les frontières de l'Aksoum, et j'appris que plus de 120 vaisseaux naviguaient entre Myos Hormos et l'Inde, alors que sous les Ptolémées, seulement une poignée d'entre eux entreprenaient ce voyage. - Strabon (II.5.12.); The Geography of Strabo. Vol. I of the Loeb Classical Library édition, 1917. »

À Java et Bornéo, l'introduction de la culture Indienne créa une demande pour des aromates[7]. Ces comptoirs desservirent plus trad les marchés Chinois et Arabes[7]. Le texte grec Periplus Maris Erythraei fait référence à plusieurs ports Indiens d'où partaient de grands navires vers l'orient pour Khruse[8].

Les marchands pré-islamiques mecquois continuèrent à emprunter l'ancienne route de l'encens afin de tirer parti de la très forte demande des Romains pour les articles de luxe[9]. Ils négociaient les mêmes biens : encens d'Arabie, ivoire et or d'Afrique de l'Est, épices des Indes, soie de Chine, etc[9].

Moyen Âge

Image de Calicut, Inde dans l'atlas de Georg Braun et Frans Hogenberg Civitates orbis terrarum, 1572

Les connexions de l'Inde avec l'Asie du Sud-est s'avérèrent vitales pour les marchands arabes et Perses durant les XVIIe et XVIIIe siècles[7].

Les Abbassides utilisèrent Alexandrie, Damiette, Aden et Siraf comme ports d'entrée depuis l'Inde et la Chine[10]. Les marchands arrivant d'Inde dans la cité d'Aden payaient les droits sous forme de musc, camphre, ambre gris et bois de santal à Ibn Ziyad, le sultan du Yemen[10].

Notes et références

  1. a et b Traders of the Gold and Incense Road
  2. a, b, c, d et e spice trade (Encyclopedia Britannica 2002)
  3. a et b Corn & Glasserman 1999: Prologue
  4. Rawlinson 2001: 11-12
  5. a et b Shaw 2003: 426
  6. Fage 1975 : 164
  7. a, b et c Donkin 2003: 59
  8. Donkin 2003: 64
  9. a et b Crone 2004 : 10
  10. a et b Donkin 2003: 91-92

Voir aussi

Articles connexes


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