- Provinces-Unies
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République des Sept Pays-Bas-Unis
Republiek der Zeven Verenigde NederlandenDrapeau et armoiries
Provinces et dépendances
Informations générales Statut République Capitale La Haye (de facto) Langue néerlandais Religion calvinisme (de facto) Histoire et évènements 26 juillet 1581 Acte de La Haye 19 janvier 1795 Proclamation de la République Entités précédentes :
Entités suivantes :
Provinces-Unies (ou officiellement en néerlandais : Republiek der Zeven Verenigde Nederlanden, c'est-à-dire « République des Sept Pays-Bas-Unis ») est le nom que prirent les sept provinces du nord des Dix-sept Provinces ou Pays-Bas espagnols en 1581 jusqu'à la création par les Français de la République batave et du Royaume de Hollande. On les désigne également par les appellations Pays-Bas septentrionaux ou Pays-Bas du nord, par opposition aux Pays-Bas méridionaux ou Pays-Bas du sud restés sous domination espagnole.
Le 26 juillet 1581, par l'Acte de La Haye, ces provinces, alors sous l'autorité du roi d'Espagne, prenaient leur indépendance et constituaient une fédération. Les causes de la sécession étaient une réaction face à la centralisation en cours sous les Habsbourg, et la confession religieuse, les habitants de ces provinces ayant majoritairement choisi le calvinisme à l'encontre des politiques ultracatholiques de Philippe II d'Espagne. Depuis 1586, les États généraux des Provinces-Unies ont cessé de chercher un nouveau souverain et l'union confédérale est pratiquement devenue une république.
Sommaire
Les sept provinces
- Hollande, ancien comté
- Zélande, ancien comté
- Overijssel, ancienne seigneurie
- Frise, ancienne seigneurie
- Groningue, anciennes seigneuries de la ville et des Ommelanden officiellement appelé les « États de la ville et des Ommelanden » (Stadt en land en néerlandais)
- Gueldre, partie de l'ancien duché de Gueldre
- Utrecht, ancienne seigneurie (évêché sécularisé en 1528 par le traité de Schoonhoven).
Autres villes et territoires liés à la République des Provinces-Unies et régies par les États généraux
Ces territoires étaient connus sous le nom collectif de pays de la généralité.
- La Flandre des États, en fait le district des Quatre-métiers (actuelle Flandre zélandaise)
- Le Brabant des États, actuel Brabant septentrional:
- Seigneurie de Bréda
- marquisat de Bergen op Zoom
- puis aussi la châtellenie de Bois-le-Duc après 1648
- plusieurs petites enclaves.
- Le Limbourg des États, composé de lambeaux de territoires :
- Maëstricht, comme condominium avec la principauté de Liège
- les villages de « rédemption », quelques petits villages près de Liège
- la seigneurie de Drenthe, enfin, considérée comme trop pauvre pour être reconnue comme une province à part entière
- Les colonies et territoires d'outre-mer.
Les causes politiques de la sécession
Article détaillé : Histoire des Provinces-Unies.Avant 1581, les Pays-Bas étaient constitués de duchés, comtés, évêchés et autres seigneuries indépendantes, la plupart faisant partie du Saint Empire romain germanique, et son territoire était à peu près constitué par les Dix-sept Provinces couvertes par la Pragmatique Sanction de Charles Quint.
Par le mariage, la guerre ou la vente, tous ces États ont fini dans les mains des Habsbourg, l'empereur Charles Quint et son fils, Philippe II d'Espagne. En 1568, plusieurs provinces, menées par Guillaume le Taciturne, se révoltent contre le gouverneur du Roi à Bruxelles, Ferdinand Alvare de Tolède, duc d'Albe, à l'encontre de ses tentatives de modernisation et centralisation des structures, de sa politique absolutiste, des impôts élevés et de la persécution de protestants. C'était le début de la Guerre de Quatre-Vingts Ans.
En 1579, plusieurs provinces septentrionales signent l'Union d'Utrecht, dans laquelle elles s'engagent à se soutenir mutuellement contre l'armée espagnole. L'Union d'Utrecht est suivie, en 1581, par l'Acte de La Haye, proclamant de facto l'indépendance des Provinces-Unies, et donc l'abjuration formelle du roi.
Article détaillé : Pays-Bas espagnols.Le conflit avec le roi et son gouverneur avant 1581
- Le Conseil des troubles du Duc d'Albe de 1568
- Le soulèvement de 1572
- La Furie espagnole de 1576 à Anvers
- la Pacification de Gand de 1576
- l'Union de Bruxelles 1577
- l'Union d'Arras et l'Union d'Utrecht en 1579
- l'Acte de la Haye en 1581
La guerre contre l'Espagne (1581-1609)
C'est la période la plus tourmentée de la Guerre de Quatre-Vingts Ans entre 1568 et 1648. Une médiation du roi de France permet la conclusion de la trève de Douze Ans du 9 avril 1609 entre l'Espagne et les Provinces-Unies.
Les Provinces-Unies aux XVIIe et XVIIIe siècles
Le XVIIe siècle est considéré comme le siècle d'or des Provinces-Unies : le pays est alors à la tête d'un puissant empire colonial et commercial. Les villes attirent les aventuriers et les ouvriers de toute l'Europe. La réputation de tolérance et de liberté fait des Provinces-Unies un foyer intellectuel et culturel de premier ordre.
Politique
L'indépendance des sept Provinces-Unies est définitivement reconnue par la monarchie espagnole par le traité de Münster en 1648. La puissance de la République des Provinces-Unies durera pendant deux siècles. Au XVIIe siècle, les Provinces-Unies font plusieurs guerres à l'Angleterre, qui leur dispute la supériorité navale et commerciale dans la Mer du Nord. Les Provinces-Unies sont également, en tant qu'ennemi, de toutes les guerres de Louis XIV ; celui-ci les menace dans ses désirs d'annexer les Pays-Bas espagnols (Belgique actuelle). C'est notamment le cas à Noordpeene, lors de la bataille de la Peene, le 11 avril 1677 : le roi de France envoie son frère, Philippe d'Orléans, assiéger Saint-Omer, seule ville d'Artois encore dans les Pays-Bas espagnols ; la coalition anti-française dirigée par les Provinces-Unies (avec Guillaume III d'Orange lui-même à la tête des troupes) est défaite ; Saint-Omer tombe dans la foulée. Le traité de Nimègue viendra notamment confirmer cette défaite hollandaise.
Institutions
Les institutions des Provinces-Unies sont héritées de la période des troubles; la fiction politique en est la réunion de sept provinces qui se sont séparées de leur souverain et ont décidé de laisser vacante sa place. On trouve donc un système de république fédérale assez lâche. Contrairement aux républiques italiennes comme Venise ou Gênes, les Provinces-Unies ne connaissent en effet pas de système central fort avec un chef formel de l'État ou un territoire unifié.
Au niveau central
C'est au niveau central que cette fiction est le plus nettement sensible : toute tentative de centralisation est perçue comme une ingérence dans les prérogatives des provinces, un outrage contre leurs privilèges et un rappel de la monarchie.
De fait, la seule institution centrale conçue comme telle est l'assemblée des États généraux des Provinces-Unies (Staten generaal). Il ne s'agit même pas à proprement parler d'une institution autonome dans la mesure où elle se compose uniquement de délégués des assemblées des Etats provinciaux. Ils ont néanmoins un rôle de délibération important dans les affaires qui concernent l'ensemble des provinces (commerce, religion, etc.) et administrent les pays de la généralité et les territoires non constitués en provinces. Pour l’essentiel, la fiscalité repose sur les impôts indirects.
De façon informelle, néanmoins, les magistrats de la province de Hollande ont des fonctions qu'ont pourrait qualifier de centrales. Le poids économique et politique de cette province est tel que rien ne peut se décider sans son accord. C'est en outre sur son territoire que se réunissent les institutions centrales.
Dans les provinces
Le pouvoir effectif, dans la république des Provinces-Unies, réside en fait au niveau des provinces. Chaque province dispose d'un appareil d'État relativement simple à trois pôles :
- Les États provinciaux , l'assemblée délibérative, qui administre le pays à la manière d'un conseil de régence en l'absence du souverain déchu.
- Le pensionnaire, secrétaire et président du comité permanent des Etats. Il est le chef civil de la province. Celui de Hollande a une prééminence de fait et les puissances étrangères le considèrent comme le seul interlocuteur valable parmi ses collègues. La diplomatie lui a donc donné le titre parfaitement informel de Grand-pensionnaire.
- Le Stathouder, héritier du gouverneur et capitaine général de la période monarchique. Il est le chef militaire de la province, et dirige la diplomatie. Comme pour le pensionnaire, celui de Hollande est le plus important; il est généralement aussi stathouder de Zélande et d'Utrecht. Les Stathouders se recrutent exclusivement dans la maison d'Orange-Nassau et ses branches cadettes.
Équilibres et évolutions
Le grand débat institutionnel au sein des Provinces unies a été l'équilibre entre les fonctions civiles, représentées par les Etats et les pensionnaires, et le pouvoir militaire des Stathouders. Leurs fonctions rappelaient en effet à bien des égards celles d'un monarque, avant tout chef de guerre.
Plusieurs partis se forment, les partis orangistes, calvinistes et libéraux cohabitent tant bien que mal. On hésite entre une monarchie de type britannique (alternative soutenue par les orangistes et calvinistes) et une république (alternative soutenue par les libéraux). Un statu-quo perdure jusqu'en 1650, année de l'élection de Johan de Witt. Soutenu par Cromwell, il prononce le bannissement des Orange-Nassau, suspectés par l'Angleterre républicaine de soutenir les Stuarts en exil et par la Hollande de vouloir rétablir la monarchie dans les Pays-Bas. Le stathouderat est donc suspendu en Hollande et en Zélande; certaines provinces, en revanche, maintiennent le leur. On profite pendant 20 ans d'une liberté quasi complète, appréciée notamment par le philosophe Spinoza.
Les catastrophes militaire de la guerre de Hollande, en 1672 précipitent de Witt dans la disgrâce : il est rendu responsable des victoires françaises. Le sentiment d'une punition divine des années de licence est puissant. De Witt est finalement désavoué puis lynché, tandis que les Orange-Nassau sont rappelés au pouvoir. Après une seconde oligarchie, le Stathouderat est finalement réformé en 1747. Il devient une fonction unique et héréditaire, commune à l'ensemble des provinces. Ce second stathouderat perdura jusqu'à l'invasion française de 1795 et l'instauration d'une république batave.
Les municipalités elles-mêmes se sont invitées dans le débat, concurrençant les institutions provinciales en se fondant sur la puissance de leurs élites marchandes et nobiliaires, ainsi que leurs nombreux privilèges hérités du moyen-âge.
Population et économie
Le succès économique des Provinces-Unies ne s'explique pas par ses atouts naturels : elles constituent un petit territoire, assez peu peuplé par rapport à la France. Le territoire s'est constitué progressivement par conquête de terres nouvelles sur la mer du Nord. Une grande partie du pays est constitué de polders de très faible altitude. Les Provinces-Unies doivent être protégées des tempêtes par des digues qui n'empêchent pas toujours les inondations. Cependant, le pays est bien situé entre la mer du Nord et la Manche. Il profite de la voie fluviale et commerciale du Rhin.
La population des Provinces-Unies s'élève à environ 2,5 millions d'habitants au milieu du XVIIe siècle. Elles reçoivent une forte immigration venue d'Allemagne et de Scandinavie. Les Juifs ibériques et les huguenots y trouvent refuge au XVIIe siècle.
L'agriculture est très productive pour l’époque : les cultures maraîchères se déploient autour des villes et utilisent une grande quantité d’engrais. Les cultures industrielles et spéculatives sont développées (chanvre, colza, houblon, teinture, tabac, lin, etc). Les villes font venir du blé des rives de la Baltique. La pêche au hareng, à la morue et à la baleine est également un secteur dynamique. Mais surtout, les Provinces-Unies s'enrichissent à l'époque moderne grâce au commerce maritime. Elles dominent le commerce en mer Baltique et s'insèrent dans les réseaux méditerranéens. La prospérité économique et financière du pays repose aussi sur le grand commerce maritime.
Pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans, les Provinces-Unies ont construit une marine de guerre qui pouvait menacer l'Espagne dans ses propres ports et jusqu'en Amérique. La flotte marchande de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) et de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (GWC) reprend le commerce international des Espagnols. Les Provinces-Unies se constituent un empire colonial en Asie (Insulinde, Ceylan, Malaisie) et en Amérique (Nouvelle-Amsterdam, Suriname). La flotte hollandaise fréquente les ports japonais et menace les possessions ibériques d'Amérique du Sud.
Culture
Les Provinces-Unies ont été un foyer culturel de premier ordre aux XVIIe et XVIIIe siècles. Cette république tolérante accueillait alors toutes les religions et favorisait les libertés individuelles. Les philosophes français Pierre Bayle et René Descartes y ont travaillé et publié longtemps. Montesquieu admirait ce modèle politique et fit publier ses Lettres persanes à Amsterdam en 1721.
Le pays dispose de centres d'édition et d'imprimerie (Amsterdam), d'universités brillantes (surtout l'université de Leyde, fondée en 1575). Le XVIIe siècle voit s'épanouir une peinture hollandaise renommée et représentée par Jan Vermeer (1632-1675), Rembrandt (1606-1669) et Frans Hals (1580-1666). La bourgeoisie d'affaires, les armateurs et les échevins passent des commandes auprès de ces artistes et se font construire des hôtels particuliers dans les villes.
Bibliographie
- Denis Diderot, Voyage en Hollande, La Découverte, 1982 (ISBN 978-2707112798)
- (nl) Denis Diderot, introd. et notes d'Yves Benot, Over Holland : een journalistieke reis 1773-1774, Amsterdam, Antwerpen, Contact, 1994
Voir aussi
- Histoire des Provinces-Unies
- Bataves
- Royaume de Hollande
- République batave
- Royaume des Pays-Bas (1815-1830)
Lien externe
- « La civilisation du "Siècle d'or" aux Pays-Bas » par Christophe De Voogd, Maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris.
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