- Matteo Ricci
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Matteo Ricci[1], en chinois en sinogrammes simplifiés : 利玛窦 ; en sinogrammes traditionnels : 利瑪竇 ; en pinyin : [2] (Macerata, 6 octobre 1552 - Pékin, 11 mai 1610) est un prêtre jésuite italien et missionnaire en Chine. Un des premiers jésuites à pénétrer en Chine il en étudia la langue et la culture. Acquérant une profonde sympathie pour la civilisation chinoise il y fut reconnu comme authentique « lettré ».
Il incarne la nouvelle démarche d'inculturation de la religion chrétienne en Chine[3] telle que définie par Valignano.
Sommaire
Biographie
Né d'un père pharmacien, dans une famille de treize enfants[4], il étudie à Macerata puis à Rome. Matteo Ricci entre au noviciat des Jésuites le 15 aout 1571 malgré l'opposition de son père. Il est étudiant au Collège romain où il suit l'enseignement de Christophorus Clavius[4]. Se sentant appelé au travail missionnaire il quitte Rome pour Lisbonne (18 mai 1577) où il embarque pour Goa. Il termine sa formation à Goa et Cochin (Kerala actuel) où il est ordonné prêtre le 25 juillet 1580.
Il arrive à Macao en août 1582[5] puis entre en Chine en 1583 et s'installe à Zhaoqing, près de Canton, et parvient à entrer en contact avec des mandarins, grâce à ses grandes connaissances en mathématiques et en astronomie. Il reste dix-huit ans dans le sud de la Chine, à proximité de Macao. Doué pour les langues - il en connait déjà plusieurs - il se met à l'étude du chinois. Au bout de trois mois[4] il se sent déjà à l'aise.
Lui et un de ses compagnons jésuites, Michele Ruggieri, s'habillent d'abord en moines bouddhistes, puisqu'ils sont religieux, mais adoptent plus tard le vêtement des lettrés, ayant appris que les bonzes étaient généralement incultes et mal considérés[4]. Auprès des lettrés, il parle de Dieu, utilisant la sagesse et les écrits confucéens, soulignant ce qui y est semblable au christianisme[4].
En 1601, il est le premier Européen à être invité à la cour impériale de Pékin auprès de l'empereur Wanli, porteur d'une épinette, d'une mappemonde et de deux horloges à sonnerie. Sa rencontre avec les proches de l'empereur est à l'origine de l'essor de l'horlogerie moderne en Chine, au début de la dynastie Qing (1644-1911) [6]. Matteo Ricci enseignera les sciences au fils préféré de l'empereur[4].
Comme l'astronomie, la philosophie et l'horlogerie la musique est également utilisée pour faire passer son message. Il chantait des airs édifiants, souvent sur des textes traduits en chinois[7]. Il publie à Pékin en 1608 un recueil de huit airs avec accompagnement (西琴曲意; Xīqín qū yì : « Airs pour cithare européenne » - littéralement cithare occidentale, il peut s'agir également d'un clavecin ou d'un clavicorde). Le succès est grand : ses rééditions se succédèrent jusqu'au XIXe siècle. La musique en semble perdue, mais les paroles en chinois ont été conservées[8].
Matteo Ricci tisse des liens culturels et scientifiques importants avec le lettré Xu Guangqi dont il devient grand ami. Ce dernier se convertira au christianisme et sera baptisé en 1603 sous le nom de Paul[4].
Ricci est le premier missionnaire chrétien des temps modernes, et premier Occidental, à avoir été aussi proche de l'empereur[9].
Ricci est le fondateur de l'Église chinoise, même s'il n'a pas cherché à baptiser en masse. En 1605 il fit édifier le Nantang, l'église du sud (actuel siège de l'évêché de Pékin). On estime à 2 500[4] le nombre de chrétiens chinois à sa mort. Mais ses efforts de christianisation furent partiellement ruinés, plus tard, lors de la querelle des Rites chinois. Il fut inhumé, avec une permission spéciale de l'empereur, à proximité de la Cité interdite.
Héritage
Connue depuis l'Empire romain, notamment avec la soie qui venait d'Orient, Matteo Ricci permet à l'Europe d'identifier la Chine comme étant le Cathay décrit par Marco Polo. Il introduit en Chine la géométrie sphérique[10].
Dans la religion populaire chinoise, Matteo Ricci est vénéré comme maître des horloges et protecteur des horlogers.
Les Instituts Ricci ont été fondés par les Jésuites après leur retrait forcé de Chine continentale, pour poursuivre l'œuvre intellectuelle de Matteo Ricci. Le Grand Ricci (利氏漢法辭典), en français, est à ce jour le plus grand dictionnaire du chinois vers une langue occidentale. On doit également à Matteo Ricci la traduction des quatre livres du confucianisme[4].
Mappemonde de Matteo Ricci
Matteo Ricci est à l'origine de la dénomination actuelle de nombreux pays. Il profite de sa présence en Chine pour affiner la cartographie de cette région du monde et hésite longtemps avant de présenter à l'empereur une carte dont la Chine n'est pas le centre[10].
Année Ricci
L'année 2010 célèbre, en Italie (Macerata et Rome) en Chine et en France, le 400e anniversaire du « jésuite du XVIe siècle qui nous a ouvert les portes de la Chine ».
En France, le douzième colloque international de sinologie a eu lieu les 27 et 28 mai 2010 sur le thème « L’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe »[11].
Notes et références
- La notice Sa notice sur le site de la BNF:
- Son nom chinois se conformant à la manière chinoise d'annoncer le nom puis le prénom : Lì représente Ricci, Mǎdòu est l'homophone de Matteo
- Message du pape Benoit XVI, 6 mai 2009, agence catholique Zénit
- Famille chrétienne no 1686, 8-14 mai 2010 Philippe Oswald, Ce jésuite qui ouvrit les portes de la Chine,
- Paul Pelliot, « La peinture et la gravure européennes en Chine au temps de Mathieu Ricci », dans T'oung Pao, vol. XX, 1921, p. 1–18 [texte intégral (page consultée le 5 novembre 2010)]
- L'horloge Guang-zhong, (zhong signifiant cloche, sonnerie, gong) dans la ville de Guangzhou, de la province de Guandong, suivie de la pendule de Nanjing ou Nanjing-zhong, puis, dans la province de Jiangsu, de la Su-zhong ou Ben-zhong, ben signifiant domestique)
- Rhapsody in red: how western classical music became Chinese Sheila Melvin, Jindong Cai, Algora publishing, 2004 (Google Books)
- Silkin : Paroles en chinois et anglais pour « Eight Songs for Western Keyboard »
- nestoriens (au IXe siècle et les Franciscains au XIIIe siècle, avec Jean de Montecorvino, ont eu des missions en Chine. Les
- Matteo Ricci messager des sciences entre la Chine et l’Europe au XVIIe siècle, France Culture.com La marche des sciences par Aurélie Luneau. Consulté le 29 mai 2010
- Colloque de Sinologie 2010 - Célébration nationale 400e anniversaire de la mort de Matteo Ricci
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine rédigée par Nicolas Trigault à l'aide des papiers laissés par Matteo Ricci, en latin [lire en ligne], traduction en français imprimée à Lyon en 1616, [lire en ligne] (bibliothèque de Lausanne), réédité dès 1617 [lire en ligne] (université de Tours) ; Edition moderne, Joseph Shih, Georges Bessiere, Joseph Dehergne, Desclée de Brouwer, Paris, 1978.
- Le Cerf/Institut Ricci : Liang Shuming, Les idées maîtresses de la culture chinoise. Trad. Michel Masson
- Paul Dreyfus, Matto Ricci : le jésuite qui voulait convertir la Chine. Paris : Éditions du Jubilé-Asie, 2004. 274 p., 21 cm. (ISBN 2-86679-380-3).
- Matteo Ricci, Traité de l'amitié. Éditions Noé, 2006. 78 p. (ISBN 2-916312-00-5).
- Matteo Ricci, le lettré d'Occident , Étienne Ducornet , Ouvrage publié avec le concours du Conseil de l'Université de Fribourg, Collection « Petits Cerf Histoire » 1992.
- The Diary of Matthew Ricci, in Matthew Ricci, China in the Sixteenth Century, trans Louis Gallagher, (New York: Random House, 1942, 1970), as excerpted in Mark A. Kishlansky, Sources of World History, Vol. 1 (New York: HarperCollins, 1995), le journal de Matteo Ricci.
- Li Mateou, l'horloge et le maître du ciel, biographie dans Jésuites de Jean Lacouture, volume 1 page 244, Le Seuil, 1991, (ISBN 2-02-012213-8).
- Ricci, le P. Matthieu dans Biographie universelle ancienne et moderne de Michaud, 2e édition 1843 tome 35 page 555, en ligne sur Wikisource.
- Matteo Ricci et Confucius, Jean Charbonnier.- Missions Etrangères de Paris, no 450, mai 2010, pages 51-58
- Un jésuite chez l'empereur de Chine par Jean Sévillia, Le Figaro Magazine, 3 juillet 2010
- Jacques Bésineau, Matteo Ricci - Serviteur du Maître du Ciel, Desclée de Brouwer, 2003
- Vincent Cronin, Le sage venu de l'Occident, Éditions Albin Michel, 1957 et 2010
- René Étiemble, L'Europe chinoise - I De l'empire romain à Leibniz, Gallimard, 1988
- René Étiemble, L'Europe chinoise - II De la sinophilie à la sinophobie, Gallimard, 1989
- Michela Fontana, Mateo Ricci, Un jésuite à la cour des Ming, Éditions Salvator, 2010
- An Huo, Lettres à Matteo Ricci, Bayard, 2010
- Michel Masson, Matteo Ricci un jésuite en Chine - Les savoirs en partage au XVIIe siècle, Editions Facultés jésuites de Paris, 2010
- Jonathan D. Spence, Le palais de mémoire de Matteo Ricci, Payot, 1986
- Jonathan D. Spence, La Chine imaginaire - Les Chinois vus par les Occidentaux de Marco Polo à nos jours, Presses de l'Université de Montréal, 2000
Cartographie
- La Chine désignée comme le centre du monde sur une carte datant d'il y a 400 ans, Quotidien chinois
- (ch) Cartes du monde de Matteo Ricci existant en Chine, Cao W., Wen Wu, Pékin, 1983, no 12, pp. 57-70, INIST
- La carte du monde du P. Matteo Ricci (1602) et sa version coréenne (1708) conservée à Osaka Journal asiatique ISSN 0021-762X 1986, vol. 274, no3-4, pp. 417-454 DEBERGH M.INIST
Liens externes
- Ricci sur le site des Jésuites
- Site de l'Institut Ricci
- Institut Ricci Centre d’études chinoises
- Présentation de la Bibliothèque numérique mondiale de 職方外紀 六卷卷首一卷 ou Chronique des pays étrangers, 1623. Bibliothèque du Congrès. Ce livre explique la carte du monde de Matteo Ricci de 1574.
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