- Invincible Armada
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Invincible Armada
Bataille entre l'Armada espagnole et la flotte anglaise, XVIe siècle.Informations générales Date 6 aout 1588 Lieu Manche Issue Victoire anglaise Belligérants Espagne Royaume d'Angleterre Commandants Duc de Medina Sidonia Francis Drake Forces en présence 130 navires, 30 000 hommes dont 20 000 soldats 150 navires, 20 000 hommes dont 10 000 soldats Pertes 35 navires 10 000 hommes 50 navires détruits, 9 000 hommes tués modifier L'Invincible Armada (en espagnol Grande y Felicísima Armada, « la grande et très heureuse flotte ») est le nom de la flotte d'invasion armée par Philippe II d'Espagne destinée à emporter soldats, munitions et vivres pour appuyer les Tiers (Tercios) de Flandre avec la mission de conquérir l'Angleterre en 1588 (mission initialement prévue pour établir Marie Stuart sur le trône d'Angleterre et la rétablir sur celui d'Écosse). L'invincible Armada devait aussi les escorter dans le pas du Canal.
La flotte espagnole se composait de 130 navires, en majorité des galions, transportant 30 000 hommes, dont environ 20 000 soldats.
Ceci est le début des hostilités d'une guerre dans laquelle l'Espagne ne réussit finalement qu'à ce qu'une Angleterre affaiblie demande la paix et signe un traité favorable aux intérêts de la monarchie hispanique à Londres (1604). Cependant, cette campagne navale est populairement considérée comme une défaite espagnole, même si les récentes investigations historiques ont prouvé le contraire. Seuls deux bateaux furent détruits par les Anglais. L'Armée invincible ne fut pas vaincue. Cependant, elle fut en partie détruite (17%) par la force des éléments.
Sommaire
La flotte anglaise bénéficiait de deux avantages techniques essentiels qui ont fait croire que la Navy aurait pu vaincre l'Armada:
- Des canons de type « couleuvrine », copies du canon de Gregor Löffler d'Innsbruck introduites en Angleterre par Adam Dreyling, neveu du fondeur. Ces canons avaient une portée et une force de pénétration nettement supérieures à ceux de la flotte espagnole, ce qui permettait d'éviter l'abordage. Manœuvrés par des artificiers affectés uniquement à l'opération, ils permettaient en outre de tirer à cadence plus rapprochée, soit un tir toutes les 2 minutes, contre 10 minutes pour les canons espagnols[1]. Une étude détaillée de ces canons en 2009 montre que leurs boulets atteignaient la vitesse du son[2].
- Des navires plus rapides dessinés par Matthew Baker selon des principes novateurs.
Dans cette bataille, l'officier anglais Sir Francis Drake s'est illustré par son habileté.
Contexte
Depuis les années 1570, Philippe II d'Espagne était en difficulté aux Pays-Bas qui s'étaient en partie soulevés contre sa souveraineté. Alexandre Farnèse tentait alors de reprendre tant bien que mal, le contrôle des villes de Flandre et du Hainaut révoltées. Les provinces septentrionales avaient proclamé leur indépendance, formant ainsi les Provinces-Unies. Elles se battaient donc contre le retour de Philippe.
En Angleterre, Philippe avait été roi consort de Marie Ire. Après le décès de celle-ci en 1558, il fut écarté du pouvoir, faute d’avoir eu d'elle un fils pour gouverner ce pays en tant que régent. Au contraire, la demi-sœur de Marie, Élisabeth avait rétabli l'Anglicanisme, fait qui ne satisfaisait ni Philippe, ni le pape.
Lorsque Philippe II signa en 1584 avec les Ligueurs catholiques français le traité de Joinville, Élisabeth Ire d'Angleterre riposta en signant le traité de Sans-Pareil (1585) avec les Républicains néerlandais.
Les marins des Provinces Unies, les « Gueux de la mer » (en référence à une allusion insultante du baron de Berlaimont), faisaient le blocus des ports de Dunkerque et de Nieuport, sur la côte de Flandre, où se trouvaient des unités de l'armée espagnole. Or, au large de cette côte, existent des bancs de sable, bancs desquels les Hollandais avaient enlevé les balises de signalisation. Il aurait été donc trop dangereux pour les vaisseaux de l'Armada de longer la côte parmi les hauts-fonds pour ouvrir les ports flamands.
Gravelines était par conséquent le port espagnol à la fois le plus proche de l'Angleterre, et le seul de la côte flamande accessible sans naviguer entre les bancs de sable et les plages.
Ces événements concernaient la diplomatie Française car :
- les routes directes des courriers espagnols entre l'Espagne et les Pays-Bas traversaient la France ;
- S'agissant d'une flotte aussi importante que l'Armada, la rade de Gravelines ne se distinguait pas nettement de celle de Calais.
Stratégie
- Du point de vue espagnol, il s'agissait de faire rencontrer une flotte partie d'Espagne, avec une armée embarquée sur des bateaux en Flandre, et de la conduire ensuite en Angleterre, afin de débarquer avec des soldats armés de canons espagnols apportés par l'Armada.
- Du point de vue anglais, il fallait empêcher cette rencontre et chasser la flotte espagnole de la région, voire la détruire.
- Du point de vue des Provinces-Unies, il s'agissait d'empêcher les Espagnols de reconquérir les Pays-Bas du Nord.
Les Néerlandais du Nord et les Anglais se trouvaient donc alliés contre les Espagnols qui gouvernaient les Pays-Bas du Sud, Flandre comprise.
Déroulement des opérations
L'Invincible Armada subit quelques premières pertes (non décisives) en remontant la Manche. Mais alors qu'elle attendait l'armée espagnole de Flandre dans la baie de Gravelines, elle est désorganisée et plus gravement incendiée par une attaque en force de la flotte anglaise. C'est la bataille de Gravelines (1588).
Ayant échoué à débarquer une armée en Angleterre faute d'avoir pu l'embarquer, le duc de Medina Sidonia, harcelé par les attaques de Francis Drake, décida de rentrer en Espagne. Il fut contraint par l'amiral ennemi et les vents d'ouest qui s'engouffraient dans la Manche de contourner toutes les îles britanniques par la mer du Nord, l'Écosse et l'Irlande, périlleux détour d'un mois.
Ne disposant pas de cartes précises, et dans l'impossibilité de se positionner, faute de savoir mesurer la longitude, les capitaines restaient au large et n'utilisaient que leur compas et le relevé de leur latitude, selon un plan de route qui avait été fourni au duc par un pilote français. Le début de ce plan de route permettait bien de virer le cap Wrath (îles Shetland) et de rester au clair des rivages écossais, mais la suite de la route contournant l'Irlande vers le sud-ouest - sans doute relevé sur une carte erronée - frôlait de trop près les dangereuses côtes au vent qui s'avancent abruptement dans les fortes houles de l'Atlantique, sur lesquelles quatorze navires firent naufrage du nord au sud de l'île, entraînant la perte de six mille marins et soldats espagnols ; les rescapés de ces naufrages furent massacrés par les Irlandais, pourtant catholiques comme eux. Certains survécurent pourtant et engendrèrent une descendance toujours implantée dans l'ouest de l'Irlande.
Note : les dates des événements varient selon les sources. L'Angleterre et les Pays-Bas protestants adhéraient toujours au calendrier julien tandis que les pays catholiques tels que l'Espagne, la France et les Pays-Bas espagnols suivaient depuis 1582 le calendrier grégorien.
Quelques mois plus tard, l'Angleterre créa sa propre flotte appelée « la contre-armée » constituée de plus de 200 navires, ayant pour but de détruire les galions de Felipe II que l'on réparait après leur retour en Espagne. Mais sir Francis Drake, désobéissant à la reine, se dirigea vers La Coruña pour s'emparer d'un supposé trésor, puis fit voile vers Lisbonne pour tenter de soulever le Portugal contre Felipe II mais en vain. Le double d'hommes et plus du double des bateaux perdus par l'Armada furent victimes de ces « aventures » du corsaire durant la guerre anglo-espagnole (1585-1604).
Notes et références
- Feu sur l'armada espagnole sur le site Le fabuleux destin des inventions
- (en) Personnel de rédaction, « 'Superguns' of Elizabeth I's navy », dans BBC, 20 février 2009 [texte intégral (page consultée le 21 mai 2010)]
Voir aussi
Articles connexes
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