- Philippe II d'Espagne
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Philippe II d'Espagne, né le 21 mai 1527 à Valladolid et mort le 13 septembre 1598 au palais de l'Escurial, est prince souverain des Pays-Bas, roi des Espagnes de 1556 à sa mort, et roi de Portugal à partir de 1580. Il est le fils de l’empereur romain germanique Charles Quint (1500-1558) et d'Isabelle de Portugal (1503-1539); c’est un prince espagnol de la maison de Habsbourg. Son règne marque l'apogée diplomatique de l'Espagne mais est en même temps entaché par une légende noire largement due à la propagande de ses ennemis.
Sommaire
Jeunesse
L'enfance du prince
Philippe naquit le 21 mai 1527 dans le palais du marquis de Tavara, à Valladolid (actuel siège du gouvernement de la province de Valladolid). Il fut titré "prince des Espagnes" (principe de las Españas). Sa naissance fut célébrée par plusieurs jours de fêtes et de joutes rapidement interrompues par l'arrivée de la nouvelle du sac de Rome par les armées impériales. Il fut porté sur les fonts par le comte de Nassau, le duc de Bejar, et par sa tante la reine Éléonore; on le baptisa en l'honneur de son grand-père, l'archiduc Philippe le Beau. Son éducation fut soignée et complète. Le gouverneur de la maison du prince, son tuteur en somme, était don Juan de Zúñiga, grand commandeur de l'ordre de Saint-Jacques de l'épée, second fils du comte de Miranda del Castañar. Sa formation intellectuelle et morale fut confiée à plusieurs précepteurs de renom : le mathématicien Pedro Sanchez Ciruelo, l'humaniste Juan Ginés de Sepúlveda, le recteur de l'université de Salamanque, Fernán Pérez de Oliva, le futur archevêque Juan Martínez Silíceo… Charles-Quint proposa même ce poste à Érasme de Rotterdam, qui déclina l'invitation pour des motifs assez peu reluisants. Le prince apprit les langues de son futur empire : le castillan, le latin, l'italien et le français, dans lequel il avait cependant des réticences à s'exprimer en raison de son fort accent. Globalement, sa formation fut avant tout espagnole, malgré les nombreux pages italiens et flamands de sa maison.
Son gouverneur prenait également soin de lui faire pratiquer les exercices considérés à l'époque comme nécessaires à un prince : la chasse, la joute, la musique et la danse. Philippe II aimait, semble-t-il, tout particulièrement la chasse et la joute, quoiqu'il ne brillât guère à cet exercice. Autre point essentiel : la pratique quotidienne du lourd cérémonial de cour importé des Flandres par Charles-Quint.
Les débuts dans le gouvernement
La formation du prince impliquait bien entendu le maniement des affaire publiques. Philippe fit ses premières armes dans le gouvernement à seize ans en 1543. Charles Quint avait pris l'habitude après la révolte des Comunidades de placer un membre de sa famille comme régent lors de ses absences. Jusqu'alors, c'est l'impératrice Isabelle qui se chargeait de cette tâche mais son décès en 1539 obligea l'empereur à attribuer cette fonction au prince Philippe, qu'il flanqua d'un conseil de régence à la tête duquel se trouvait le chancelier et inquisiteur général Juan Pardo de Tavera. L'empereur prépara en outre des instructions précises pour guider son fils dans cette première responsabilité.
Quelques années après, en 1546, le prince recevait officiellement son premier territoire : le duché de Milan. Depuis la mort en 1535 de François II Sforza, le duché était en effet vacant et, comme fief impérial, avait fait retour à Charles-Quint qui devait nommer un nouveau duc. Philippe en avait été secrètement investi dès 1540, sans contrôle effectif. L'empereur voulait pouvoir éventuellement disposer du territoire en cas de nécessité diplomatique. Après dix ans de temporisation, allant de projets d'investiture à l'un de ses neveux autrichiens, à la dotation de l'une de ses filles qui épouserait un fils du roi de France, l'Empereur choisit, à la surprise générale, d'investir officiellement son propre fils du précieux territoire.
Philippe vint deux ans plus tard possession de ses terres, laissant la régence des Espagnes à sa sœur Anne. Au cours de ce même voyage, il se rendit en Allemagne avant d'arriver dans les Flandres en 1549 où il fut reçu comme héritier des provinces bourguignonnes désormais groupées en un bloc insécable et affranchi de la juridiction du Saint-Empire. Ce fut encore une fois une sérieuse déconfiture pour les neveux autrichiens de l'Empereur, notamment l'archiduc Maximilien qui s'était laissé promettre une possible dotation prise sur l'héritage bourguignon pour sa fiancée l'infante Marie.
Philippe était désormais prince des Espagnes, héritier des ducs de Bourgogne, et duc de Milan, mais ce n'était qu'un prince mineur quand son père décida en 1553 de le marier avec la reine d'Angleterre Marie Tudor. Pour que les deux époux fussent sur un pied d'égalité, Charles transmit à son fils le royaume de Naples, avec en accessoire le prestigieux titre de roi de Jérusalem en 1554.
Accession au trône
Le 25 octobre 1555, Charles Quint abdique solennellement, dans la grande salle du palais du Coudenberg à Bruxelles de sa souveraineté sur le domaine héréditaire des ducs de Bourgogne. Philippe obtient ainsi la souveraineté sur les Pays-Bas et le comté de Bourgogne. Trois jours auparavant, Charles-Quint lui avait également transmis la place de chef et souverain de l'ordre de la Toison d'or.
Quelques mois plus tard, le 16 janvier 1556, il devient également roi des Espagnes et de leurs dépendances en Méditerranée et aux Amériques).
Son père conserva la couronne impériale jusqu'à sa mort en 1558, quoiqu'il ait envoyé une lettre au roi des romains et aux électeurs de considérer Ferdinand comme l'empereur lui-même et plus seulement son lieutenant. Ces autres territoires furent dévolus sans la moindre cérémonie. Selon le pacte de famille, Ferdinand devait faire élire Philippe roi des Romains quand lui-même serait empereur. Devant l'hostilité des électeurs et les vexations que Charles avait fait subir à ses neveux autrichiens (Milan ou les Flandres qui devaient revenir à Maximilien), Philippe fut poliment éconduit au profit de son cousin le roi de Bohème.
À son avènement sur le trône d'Espagne en 1556, Philippe II vécut quelque temps aux Pays-Bas, à cause du conflit contre la France. Après la signature du traité du Cateau-Cambrésis et son mariage avec Elisabeth de France durant le printemps et l'été 1559, il embarqua pour l'Espagne.
Politique extérieure
La défense de la catholicité
Prince élevé dans la ferveur de la cour espagnole d'Isabelle de Portugal, fils et héritier des prétentions de l'empereur Charles-Quint à réconcilier la chrétienté autour de l'Église romaine, Philippe II est un prince de la contre-réforme. La défense sourcilleuse de la foi catholique est une véritable clef de voute de sa politique. Il est ainsi un ardent promoteur de la reprise des discussions au concile de Trente, suspendu depuis 1553. Dans ses États, il recevra l'œuvre du concile comme des lois fondamentales et pressera l'Église espagnole à mettre en application les réformes tridentines. Sa diplomatie est profondément infuse de cette volonté de contre-réforme et cherche souvent à endiguer la progression du protestantisme, comme ce sera le cas en France et dans les Flandres. Il hérite également du rêve de croisade impérial et espagnol et promeut une politique de défiance en Méditerranée vis-à-vis des Turcs et des Barbaresques. C'est à cette fin qu'il forgera avec Venise et Rome une Sainte Ligue qui aboutira à la victoire de Lépante.
Le roi prudent, ainsi qu'on le surnomme, n'est cependant pas un intégriste oublieux de toute réalité pour faire aboutir son rêve de reconquête catholique. Lors de son règne en Angleterre, il se fait remarquer par sa modération face au zèle de son épouse Marie "la sanglante". Dès la mort de celle-ci, il préfère demander la main de sa sœur Elisabeth, pourtant notoirement protestante plutôt que de perdre l'alliance anglaise. Dans les années 1560, il se brouille même avec le pape, notamment à propos du devenir de l'archevêque Bartholomée Carranza. C'est seulement dans les années 1580, avec l'implosion du royaume de France et la conquête du Portugal que Philippe II perd cette modération et se lance dans des conflits en dépit de tout sens politique et qui s'avérèrent d'ailleurs bien souvent désastreux.
Le conflit avec les Valois
Philippe II poursuit le conflit entamé par son père Charles Quint contre la France. Il s'agit foncièrement d'une rivalité dynastique ancienne de plus d'un siècle et alimentée par trois points de discorde : l'héritage bourguignon des Habsbourg la domination en Italie et surtout, à la fin du règne la succession des derniers Valois.
Son règne commence visiblement bien, puisque l'écrasante victoire de Saint-Quentin, en 1557 traumatise profondément la France : un nombre impressionnant de grands seigneurs et de princes est pris, tandis que les troupes espagnoles sont aux portes de Paris. Après une trêve et deux années supplémentaires de conflit, la France, exsangue accepte de traiter. La Monarchie catholique, de son côté n'a qu'un avantage léger et doit procéder à une banqueroute, mais cela suffit à emporter la guerre. La paix est scellée au Cateau-Cambrésis : Philipppe II obtient le champ libre en Italie et le statu quo antea est proclamé en Picardie. En outre il impose au roi de France la rétrocession de ses états au duc de Savoie, cousin de Philippe. Un mariage complète le dispositif : Philippe II épouse Élisabeth de Valois, fille d'Henri II.
La mort d'Henri II lors des festivités entourant le mariage oriente durablement la suite des relations que Philippe entretient avec la France : il laisse quatre fils mineurs et en mauvaise santé. Leur faiblesse attise le conflit religieux interne à la France et provoque l'effondrement du royaume sur l'échiquier international. Pendant près de vingt ans, la France ne sera qu'un enjeu secondaire pour Philippe. Si son désir de promouvoir la catholicité explique une partie de ses intervention dans le conflit français, c'est surtout la guerre dans les Flandres qui l'entraîne sur ce terrain: une partie des rebelles utilise le royaume comme base arrière et y possède des appuis parfois très haut placés. Le duc d'Alençon est ainsi régulièrement sollicité par les rebelles et les Malcontents. Philippe II voit d'un très mauvais œil les progrès du calvinisme en France, de peur de voir basculer le royaume tout entier et donc de perdre la neutralité française dans cette affaire. Il soutient pour cette raison le parti catholique et la faction des princes lorrains.
Il a en outre conscience que les guerres de Religion jouent en sa faveur au plan géopolitique : une France affaiblie est une rivale de moins pour la Monarchie. Elle évite au roi des guerres coûteuses et lui permet d'employer des ressources plus importantes dans ses conflits en Flandres et en Méditerranée. Il veut cependant éviter que le royaume bascule tout entier dans l'hérésie: la monarchie risquerait non seulement la guerre mais surtout la contagion calviniste dans les Flandres, en Espagne et en Franche-Comté.
Sous le règne d'Henri III on assiste au retour d'une certaine paix intérieure en France mais d'autre part à une recrudescence des tensions avec l'Espagne. Pour des raisons assez obscures, la reine mère Catherine de Médicis conçoit secrètement le projet d'envoyer une flotte française dans les Açores pour tenter d'entraver le commerce espagnol vers le Nouveau Monde. Elle en confie le commandement à son neveu, Philippe Strozzi. A peine débarqués sur l'île Terceira, une importante escadre espagnole se présente. Toute résistance semble dérisoire et de nombreux capitaines suggèrent à Philippe d'éviter le combat. Il s'entête et décide d'affronter les Espagnols avec les quelques navires qui lui sont restés fidèles. Ils seront tous détruits et les matelots, considérés comme pirates et non corsaires, pendus (26 juillet 1582). Philippe Strozzi capturé, ne pouvant se prévaloir d'agir au nom du roi de France, dès lors qualifié de pirate, sera condamné à être attaché à la proue d'un navire et de mourir par noyade. Cette bataille marquait la suprématie de l'Espagne sur la France dans sa colonisation du Nouveau Monde.
Dans les années 1580, quand il devient clair que la maison protestante des Bourbons est en position d'hériter sous peu de la couronne, Philippe II devient plus actif. Il soutient ouvertement la Ligue, les partisans du cardinal de Bourbon et du Duc de Montpensier. Il réclame le duché de Bretagne pour sa fille Isabelle au nom des droits qu'y avait sa femme Élisabeth de Valois. Il ira même jusqu'à réclamer la couronne de France pour celle-ci pour éviter l'avènement d'un roi huguenot. Les victoires d'Henri IV contre la Ligue et les troupes espagnoles, sa conversion au catholicisme ainsi qu'une troisième banqueroute de la Monarchie catholique amèneront Philippe II à une trêve.
La révolte des Pays-Bas
Les provinces des Pays-Bas furent une véritable épine dans le pied de Philippe II. Ces riches provinces constituaient le moteur de l'empire de Charles Quint, mais Philippe II, élevé en Espagne, s'en est vite éloigné. Après la victoire sur la France à la bataille de Saint-Quentin (1557) et le traité du Cateau-Cambrésis en 1559, Philippe II a quitté les Pays-Bas pour ne jamais y revenir. Une certaine incompréhension émaille ses relations avec ses sujets septentrionaux, qui ne le considèrent pas comme l'un des leurs. Philippe II a été élevé en Espagne, il connaît le français et les réalités de l'héritage Bourguignon (comme le collier de la Toison d'or) mais culturellement il ne comprend pas ses sujets des Pays-Bas.[réf. nécessaire] Une fronde apparaît en 1566 et 1567 et la violence avec laquelle Philippe II la soumet met un terme à l'amitié que les Pays-Bas lui portaient. Il s'ensuit une guerre terrible (la guerre de Quatre-Vingts Ans) à la fin de laquelle la partie nord, protestante, proclame son indépendance en 1581 sous le nom de Provinces-Unies. À cette date, l'influence de l'Espagne y est quasiment nulle. Les exploits d'Alexandre Farnèse et de capitaines aussi valeureux que Valentin de Pardieu[2] permettent à Philippe II de reprendre en main la partie sud du pays, entérinant la séparation entre ce qu'on appelle aujourd'hui la Belgique et les Pays-Bas.
La guerre avec l’Angleterre
En 1558, Marie Ire d'Angleterre décède sans descendance ; c'est sa demi-sœur, Élisabeth Ire, hostile à l'Espagne, qui lui succède sur le trône d'Angleterre et restaure l'anglicanisme instauré par son père Henri VIII.
Dans un premier temps, Philippe II choisit de la soutenir, préférant avoir une protestante sur le trône anglais plutôt qu'une reine française, Marie Stuart qui mettrait les Iles Britanniques à la disposition des français[3]. De ce fait, malgré leur politique divergente dans le domaine religieux, le roi d'Espagne a longtemps maintenu l'alliance avec l'Angleterre. Il devait même inciter le pape à ne pas excommunier sa reine.
Les relations entre les deux pays se détériorent dès la fin des années 1560. La chute de Marie Stuart et la guerre civile en France avaient renforcé le poids de l'Angleterre sur l'échiquier international. Il existait plusieurs sujets de frictions entre les deux pays. La reine d'Angleterre accueillait les réfugiés flamands et hollandais persécutés par les troupes espagnoles et fermait les yeux sur les actes de piraterie anglais contre les vaisseaux espagnols.
En 1588, en lutte contre l'Angleterre d'Élisabeth Ire, qui soutient la révolte des provinces des Pays-Bas, il envoie contre elle toutes ses forces embarquées sur une très grande flotte, l'Invincible Armada mais est contraint à abandonner le projet de débarquement après la bataille de Gravelines (1588), même si les Espagnols n'ont perdu aucun navire durant le combat. Malgré tout, cette bataille sera la seule grande victoire anglaise d'une guerre qui tourne rapidement à l'avantage des Espagnols.
Roi de Portugal
En 1580, après la mort du roi Henri Ier (1512-1580), dit Henri le Cardinal, Philippe II d'Espagne devient à son tour roi de Portugal (1580-1598) sous le nom de Philippe Ier.
Empire colonial
Sous le règne de Philippe II, les Philippines (nommées en son honneur) sont conquises et des colonies sont établies en Amérique du Nord (Floride). Le commerce transpacifique entre l’Asie et l’Amérique (voir le galion de Manille, qui en est le vecteur durant trois siècles) commence en 1565.
Politique intérieure
Philippe II instaure un système bureaucratique complexe, célèbre par sa lenteur, qui lui vaut les surnoms de rey Papelero et de rey Prudente.
La répression des morisques
Article connexe : Révolte des Alpujarras.Les difficultés économiques
Apogée et Légende noire
Deux constructions historiques ont été faites du règne de Philippe II. Quoique totalement contradictoires, il faut bien les considérer comme les deux facettes d'une même réalité. C'est la puissance même de l'Espagne qui a nourri sa légende noire, en attisant une guerre idéologique avec ses nombreux ennemis.
Le siècle d’or
Son règne représente alors le sommet de la puissance de l'Espagne, pour laquelle on parle de Siècle d’or. Les richesses affluent d'Amérique.
En 1571, la flotte espagnole, avec ses alliés vénitiens, écrase la flotte turque à Lépante mettant fin à la domination turque en Méditerranée.
En Espagne, Philippe défend très fermement le catholicisme, empêchant l'apparition de protestants, forçant la conversion des maures (celle des juifs avait déjà été imposée en 1492). L'Inquisition reste puissante dans la société espagnole et le fut encore après lui.
Il meurt le 13 septembre 1598 au palais de l'Escurial et son fils Philippe de Habsbourg lui succède sous le nom de Philippe III (1578-1621)
La légende noire
Article connexe : légende noire espagnole.Philippe II et son règne ont été durablement considérés comme de parfaites illustrations d'un obscurantisme ou d'un retard typiquement espagnols. Cette vision est en fait largement reconstruite. Il est indéniable que le règne de Philippe II a été marqué par une grande rigueur en matière religieuse, politique et sociale. La fin du concile de Trente marque également la fin des discussions sur l'orthodoxie catholique : le concile arrête une doctrine claire et des moyens pour l'imposer sans contestation possible. Avec Philippe II on entrait donc dans une nouvelle période de la contre-réforme, marquée par une attitude plus ferme face aux protestants et aux morisques. Dans le même temps, les progrès de l'absolutisme et l'augmentation de la charge fiscale pour financer les guerres favorisaient la perception d'un durcissement politique du régime.
La réalité, certes dure, a cependant été largement assombrie par la propagande des ennemis de la monarchie. C'est la puissance même de l'Espagne et ses nombreuses guerres qui ont nourri cette légende noire. C'est surtout le conflit acharné dans les Flandres qui a construit celle-ci. Affrontement religieux et politique, il donna lieu à une intense propagande anti-espagnole : face aux États généraux et au royaume d'Angleterre son allié, l'Espagne aurait été un régime tyrannique, fanatique, agissant contre Dieu et la loi de nature. Philippe II était ainsi présenté comme un prince polygame et pervers, heureux d'exécuter son fils et de se marier avec sa jeune promise (Isabelle de Valois). L'inquisition espagnole était décrite comme une machine de mort et de torture, en dépit des règles très strictes entourant l'usage de la torture et du nombre finalement assez faible d'exécutions dans la seconde moitié du XVIe siècle. La plupart des arguments furent fournis par l'ancien conseiller de Philippe II, Antonio Pérez, passé en France après la découverte de ses malversations.
Mariages et descendance
1) En 1543, il se marie une première fois avec sa cousine paternelle et maternelle Marie Manuelle de Portugal qui meurt peu après la naissance de leur fils Don Carlos d'Espagne (1545-1568).
2) En 1554, il épouse en secondes noces une autre de ses cousines paternelles, Marie Ire d'Angleterre (1516-1558), fille d'Henri VIII et reine d'Angleterre de 1553 à 1558, mais ce n'est pas un mariage populaire auprès des Anglais. Avec l'aide des Espagnols, la reine tente de restaurer le catholicisme, religion de sa mère Catherine d'Aragon, aboli par son père Henri VIII qui a instauré l'anglicanisme.
3) Il se remarie une troisième fois, le 22 juin 1559, avec Élisabeth de France, fille d'Henri II et de Catherine de Médicis, suite au traité du Cateau-Cambrésis entre l'Espagne et la France. C'est durant les festivités de ce mariage que meurt tragiquement Henri II.
Élisabeth devient reine d'Espagne et met au monde deux enfants :
- Isabelle Claire Eugénie (Ségovie, 12 août 1566 ; † Bruxelles, 1er décembre 1633). Mariée le 18 avril 1599 à l'archiduc Albert de Habsbourg (1559 † 1621), elle fut gouverneur des Pays-Bas, comtesse de Bourgogne et comtesse de Charolais.
- Catherine-Michèle (Ségovie, 10 octobre 1567 ; † Turin 6 novembre 1597), mariée en 1585 à Charles-Emmanuel Ier (1562 † 1630), duc de Savoie.
4) Philippe II se remarie pour la quatrième fois en 1570 avec sa nièce, l'archiduchesse Anne d'Autriche (1549-1580) avec qui il a 5 enfants :
- Ferdinand, prince des Asturies (1571-1578)
- Charles (1573-1575)
- Diégo Félix (1575-1582) prince des Asturies
- Philippe (1578-1621), prince des Asturies (succédera à son père)
- Marie (1580-1582)
A son décès en 1580, le roi restera veuf pendant dix-huit ans jusqu'à son propre décès en 1598.
Emblématique
En raison de sa grande longévité, Philippe II a utilisé une emblématique relativement diverse. Dans sa jeunesse, et notamment lors du voyage flamand, il utilise deux grands thèmes emblématiques qui le construisent en doublet de son père, l'Empereur : la figure Herculéenne et celle du roi Salomon. La seconde, perdurera pendant tout on règne et sera notamment utilisée dans la conception de l'Escorial. Cette image en fait, comme Salomon pour David, le fils pacifique et juste du preux et guerrier Charles-Quint. L'emblématique bourguignonne conserve une certaine place, étant notamment employée dans la décoration des galères de l'expédition de Lépante. Les devises les plus célèbres qu'on lui connait sont les suivantes :
- un soleil levant associé à la phrase "jam illustrabit omnia" (bientôt, il éclairera tout)
- un Hercule enlevant à Atlas le poids du monde, avec le mot "Ut quiescat Atlas" (pour qu'Atlas puisse se reposer)
- un temple avec le mot "nec spe, nec metu" (sans espoir de récompense ni sans crainte).
Comme jeune prince, il a porté le grand écartelé utilisé par son père et son grand-père comme rois des Espagnes. On les retrouve par exemple dans la dédicace de l'Arte de navegar, de Pedro de Medina. A la fin des années 1540, cependant, il simplifie ces armes en utilisant la version réduite introduite par Charles-Quint pour les armes impériales, brisées d'un lambel d'argent ou d'azur. Cette décision est sans doute liée à une volonté d'identification à son père, en préparation du voyage flamand de 1548 : elles figurent sur toutes les armures de la commande qui précède ce voyage. Ce modèle au coupé dominera, dans diverses déclinaisons son règne. Lors de son mariage avec Marie Tudor en 1554, il partit ces armes, sans le lambel, avec celles de sa femme, en signe de son nouveau statut de roi consort. La mort de cette princesse quatre ans plus tard met fin à cet usage. Il retrouve alors les armes coupées qu'il portera jusqu'en 1580. Cette année, pour marquer son avènement comme roi de Portugal, il fait ajouter un écu de ce royaume au point d'honneur de ses armes, c'est-à-dire sur le parti des possessions espagnoles.
Ascendance
Ascendance sur 5 générations de Philippe II d'EspagneSources
- http://es.wikipedia.org/wiki/Anexo:Monarcas_de_Portugal
- Annales De Comité flamand de France, Conservatoire national des arts et métiers (France) page 223
- Liliane Crété, Coligny, Paris, Fayard, 1985, p. 151.
Bibliographie
- David Loth (aussi connu sous le nom de David Goldsmith Loth), Philippe II, Paris, Payot, collection « Bibliothèque historique », 1933. 348 p. Réédition en collection de poche, sous le même titre, Paris, Payot, 1981. 343 p. ISBN 2-228-70430-X
- Ludwig Pfandl, Philippe II : 1527-1598, une époque, un homme, un roi, Hachette, Paris, 1942, 542 p. Traduit de l'allemand par M. E. Lepointe. Réédition en 1981, sous le titre Philippe II d'Espagne, Tallandier, collection « Figures de proue », Paris, 1981. 621 p. + 16 p. d'illustrations. ISBN 2-235-01077-6
- Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen au temps de Philippe II, 1949. Dernière réédition en 1993, LGF-Livre de Poche, collection « Livre de Poche », 3 tomes.
- Orestes Ferrara, Philippe II, Paris, Albin Michel, 1961. 451 p. Traduit de l'espagnol par Francis de Momiandre et André-Daniel Tolédano.
- Ivan Cloulas, Philippe II, Paris, Fayard, 1992. 706 p. + 16 p. d'illustrations. ISBN 2-213-02842-7
- Ignasi Fernández Terricabras, Philippe II et la Contre-Réforme. L'église espagnole à l'heure du concile de Trente, Publisud, 1994.
- Raphaël Carrasco et Alain Milhou (s.d.), La « Monarchie catholique » de Philippe II et les Espagnols, Paris, Éditions du Temps, 1998.
- Joseph Pérez, L'Espagne de Philippe II, Paris, Fayard, 1999.
- Anne Molinié et Jean-Paul Duviols (s.d.), Philippe II et l'Espagne, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, collection Iberica, 2000.
- Sylvène Édouard, L'Empire imaginaire de Philippe II. Pouvoir des images et discours du pouvoir sous les Habsbourg d'Espagne au XVIe siècle, Paris, Honoré Champion, 2005. 416 p.
Filmographie
- 2007 : Elizabeth, l'âge d'or (Royaume-Uni), film de Shekhar Kapur, avec Jordi Mollà dans le rôle de Philippe II d'Espagne
Annexe
Catégories :- Roi d'Espagne
- Roi de Portugal
- Roi de Sicile
- Roi de Sardaigne
- Duc de Brabant
- Époux royal britannique
- Comte de Hollande
- Comte de Bourgogne
- Comte d'Artois
- Comte de Charolais
- Personnalité de la Guerre de Quatre-Vingts Ans
- Maison de Habsbourg en Espagne
- Naissance à Valladolid
- Naissance en 1527
- Décès en 1598
- Chevalier de la Jarretière
- Prince des Asturies
- Chevalier de l'ordre de la Toison d'or (XVIe siècle)
- Personnalité espagnole du XVIe siècle
- Personnalité de l'époque Tudor
- Histoire des Pyrénées-Orientales
- Antiprotestantisme
- Grand-maître de l'ordre de la Toison d'or
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