Éthiopie

Éthiopie

9° 02′ N 38° 44′ E / 9.03, 38.74

የኢትዮጵያ ፌዴራላዊ ዲሞክራሲያዊ ሪፐብሊክ (am)
YeItyopya Fédéralawi Dimokrasiyawi Ripeblik (am)
République fédérale démocratique d’Éthiopie (fr)
Drapeau de l'Éthiopie Armoiries de l'Éthiopie
(Drapeau de l'Éthiopie) (Armoiries de l'Éthiopie)
carte
Langue officielle Aucune[1]
L'amharique est la langue de travail du gouvernement fédéral.
Capitale Addis-Abeba
9°01′N 38°44′E / 9.017, 38.733
Plus grande ville Addis-Abeba
Forme de l’État République fédérale
 - Président
- Premier ministre
Girma Wolde-Giorgis
Meles Zenawi
Superficie
 - Totale
 - Eau (%)
Classé 27e
1 127 127 km2
0,7 %
Population
 - Totale (2010)
 - Densité
Classé 14e
88 013 491 hab.
78 hab./km2
Formation
 Royaume de D'mt
 
VIIIe av. J-C
Gentilé Éthiopiens, Éthiopiennes
PIB (PPA) (2009) 75,91 milliards de $ (77e)
PIB (nominal) (2009) 33,92 milliards de $ (81e)
IDH (2007) en augmentation 0,414 (très-faible) (171e)
Monnaie Birr (ETB)
Fuseau horaire UTC +3
Hymne national Wedefit Gesgeshi Woude Enat Ityopya
Code ISO 3166-1 ETH, ET
Domaine internet .et
Indicatif
téléphonique
+251
Organisations internationales
IGAD, UA, ONU
Carte de l'Éthiopie

L'Éthiopie, en forme longue la République fédérale démocratique d'Éthiopie, en amharique Ītyōṗṗyā Prononciation du titre dans sa version originale, ኢትዮጵያ et ye-Ītyōṗṗyā Fēdēralāwī Dīmōkrāsīyāwī Rīpeblīk Prononciation du titre dans sa version originale, የኢትዮጵያ ፌዴራላዊ ዲሞክራሲያዊ ሪፐብሊክ, est un État indépendant situé dans la Corne de l'Afrique. Unique pays de la région sans accès à la mer, l'Éthiopie partage ses frontières avec la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud, le Kenya, la République de Djibouti et l'Érythrée. Deuxième pays d'Afrique par sa population, l'Éthiopie est le neuvième pays du continent par sa superficie. Essentiellement constitué de hauts plateaux, s'étendant de la dépression de Danakil à -120 m jusqu'aux sommets enneigés du mont Ras Dashan à 4 543 m, le pays possède un environnement très diversifié traversé par six zones climatiques. La capitale Addis-Abeba, située à 2 400 m d'altitude, est la quatrième capitale la plus élevée au monde.

Considérée comme le berceau de l'humanité, lieu de la découverte de Lucy, l'Éthiopie est avec le Tchad et le Kenya, l'un des pays où l'on retrouve les plus anciens hominidés, et depuis 2003, celui où ont été découverts les plus anciens spécimens d'Homo sapiens. La civilisation éthiopienne est l'une des plus anciennes, le prophète mésopotamien Mani citant au IIIe siècle le Royaume d'Aksoum parmi les quatre plus importantes puissances au monde. Au sein de l'Afrique, l'Éthiopie se caractérise comme l'une des seules nations à avoir conservé sa souveraineté pendant le démembrement de l’Afrique au XIXe siècle.

L'Éthiopie est la deuxième plus ancienne nation chrétienne au monde ; parallèlement, elle accueille une population musulmane ainsi que des minorités juives (les Falachas) et animistes. L'Éthiopie est aujourd'hui un pays constitutionnellement laïc[c 1] où toutes les croyances coexistent. Sur le plan international, l'Éthiopie est signataire de la Déclaration des Nations unies dès 1942 et devient l'un des 51 États membres fondateurs de l'ONU. Addis-Abeba est aujourd'hui le siège de la Commission économique pour l'Afrique (CEA) et de l'Union africaine.

Sommaire

Toponymie

L'origine du nom « Éthiopie » demeure incertaine. Son usage attesté le plus ancien remonte aux épopées d'Homère ; le mot apparaît deux fois dans l’Iliade et trois fois dans l’Odyssée. Son utilisation pour désigner spécifiquement le royaume d'Aksoum apparaît pour la première fois au IVe siècle sur l'inscription d'Ezana qui traduit Habachat par Aithiops (Αἰθίοψ) en grec ancien[h 1], signifiant « au visage brûlé[2] ». Selon La Chronique des rois d'Aksoum, un manuscrit ge'ez du XVIIe siècle, le nom « Éthiopie » est dérivé d'Ityopp'is, un fils de Koush inconnu de la Bible qui, selon la légende, aurait fondé la ville d'Aksoum. Pline l'Ancien[3] affirme de la même façon que le nom du pays est dérivé d'un dénommé « Aethiops, fils de Vulcain[Note 1] ». La tombe d'Ityopis est encore visible près d'Aksoum[4].

En France, et plus généralement hors de l'Éthiopie, le pays a historiquement été connu sous le nom d'Abyssinie, de l'arabe Habachyî signifiant « Abyssin[Note 2] », issu de l'éthiosémitique Habeshat. Ce dernier terme est aussi l'origine du terme Habesha, désignant de nos jours l'ensemble des Éthiopiens et des Érythréens bien qu'à strictement parler, il fait référence aux populations tegrées et amharas. L'arabe moderne utilise encore le mot Al-Habacha[Note 3] ou le mot Ithyûbyâ[Note 4] pour désigner l'Éthiopie.

Histoire

L'Éthiopie est l'État indépendant le plus vieux d'Afrique, né il y a près de 3 000 ans. L'Histoire de cet État débute vers le VIIIe siècle av. J.‑C. avec la formation du royaume D'mt, depuis divers régimes se sont succédé : le Royaume d'Aksoum, l'Empire d'Éthiopie, le gouvernement du Derg, la République populaire démocratique d'Éthiopie et l'actuelle République fédérale démocratique d'Éthiopie.

Préhistoire et Antiquité

Articles détaillés : Royaume de D'mt et Royaume d'Aksoum.
Un des vestiges du royaume de D'mt : les ruines du temple de Yeha, dans le Tigré, Éthiopie.

Considérée comme l'un des berceaux de l'humanité[5], l'Éthiopie est l'une des plus anciennes zones de peuplement humain. Les premières traces d'hominidés remontent à 3 ou 4 millions d'années. L'apparition de l' Homo erectus et de l' Homo sapiens dans la région se situe entre 1,7 million et 200 000 ans avant notre ère. Il existe assez peu de données sur l'Éthiopie sous l'antiquité qui semble avoir fait partie du pays de Pount (-3000 - -1000).

Les stèles d'Aksoum avec celle d'Ezana au centre. Patrimoine mondial de l'UNESCO[6].

Le royaume D'mt (VIIIe ‑ Ve siècle av. J.‑C.) est généralement considéré comme la première forme organisée d'un État éthiopien. Très peu de traces archéologiques ont subsisté de ce royaume qui aurait eu des relations très étroites avec le royaume sabéen au Yémen. Certains historiens modernes considèrent pourtant que la civilisation D'mt est indigène et qu'elle n'aurait subi que peu d'influence sabéenne ; d'autres estiment qu'elle serait un mélange entre la culture sabéenne dominante et une culture indigène[7],[8]. Après la chute du royaume de D'mt au Ve siècle av. J.‑C., divers royaumes ont dominé la région jusqu'à l'émergence, au Ier siècle av. J.‑C., du royaume d'Aksoum, premier empire important de l'Histoire éthiopienne.

Le Royaume d'Aksoum à son apogée.

Le royaume d'Aksoum constitue le premier grand État connu d'Afrique, sa capitale, Aksoum, est une ville cosmopolite où vivent des Juifs, des Grecs et des populations d'Arabie du Sud. Situé au bord de la mer Rouge, le royaume prospère grâce à l'exportation de produits primaires, se développe autour du commerce et commence à contrôler les principales routes maritimes passant par la région[h 2]. L'élément caractéristique d'Aksoum est la pratique de l'écriture avec le développement de l'alphabet éthiopien[h 2]. Vers 330, Ezana, Negus d'Aksoum se convertit au christianisme, qui devient la religion officielle[h 3], adoptée par la population locale majoritairement juive et païenne[h 3]. Vers la fin du VIe siècle, les gouverneurs aksoumites et les garnisons militaires installées en Arabie méridionale sont expulsées par les forces locales avec le soutien des Perses[h 4]. Son déclin se poursuit avec l'expansion de l'Islam vers la moitié du VIIe qui menace l'hégémonie maritime d'Aksoum[h 4]. La destruction par les Arabes du port d'Adulis affectent les revenus de l'État, déstabilise l'autorité du royaume et aggrave les troubles internes[h 4]. Le manque de sécurité rend les routes caravanières impraticables, l'accès à la mer est toujours plus compliqué et les ressources naturelles s'épuisent[h 5]. Tous ces facteurs contribuent à la chute d'Aksoum et au déplacement du pouvoir politique éthiopien vers le sud[h 5].

Le Moyen Âge éthiopien

Article détaillé : Moyen Âge éthiopien.

Les Zagwés et la restauration salomonide

Articles connexes : Dynastie zagwé et dynastie salomonide.
Bete Giyorgis, une des Églises rupestres de Lalibela constituant l'héritage le plus célèbre de la dynastie des Zagwés.

Vers 990, le royaume aksoumite s'effondre définitivement. En raison de la progression de l'Islam depuis les côtes, l'Éthiopie s'est repliée vers l'intérieur des terres et divers prétendants s'affrontent pour le contrôle du centre du pays[h 6]. Vers 1140[h 6], les Zagwés, une famille du Lasta, arrivent au pouvoir. Elle domine initialement la partie septentrionale de sa province d'origine mais à partir du début du XIIIe, elle étend son contrôle sur le Tegré, le Bégemeder et l'actuel Wello[h 7]. La structure féodale de l'Empire offre aux seigneurs régionaux une relative autonomie[h 7]. Le souverain le plus célèbre est Gebre Mesqel qui ordonne la construction d'un ensemble d'églises taillées dans la roche[h 7]. Le soutien de l'Église éthiopienne orthodoxe assure aux Zagwés leur suprématie[h 8].

En 1270, le dernier souverain zagwé, Yetbarek, est renversé par Yekouno Amlak. L'arrivée au pouvoir de ce dernier marque la restauration de la dynastie salomonide qui régne de manière presque continue jusqu'en 1974[h 9]. Pendant presque trois siècles, le pays vit une période de développement culturel, administratif, d'extension territoriale et de guerres contre les sultanats musulmans voisins installés au nord et au sud de l'Éthiopie chrétienne[h 10]. Cette phase de l'Histoire éthiopienne est parfois surnommée l'« Âge d'or de la dynastie salomonide». Amda Syon I mène les premières grandes conquêtes territoriales durant les trente années de son règne (1314 - 1344)[h 11] ; une expansion consolidée par Dawit I et Yeshaq I de la fin du XIVe au début du XVe[h 12].

Outre ses succès militaires, l'Éthiopie connaît une phase de développement du christianisme orthodoxe et de la littérature nationale. Dans ce domaine Zara Yaqob semble être le souverain emblématique. Durant son règne de 1436 à 1468, il convertit les païens du Damot et du Godjam et participe aux débats théologiques[h 13]. Il est également un grand auteur, son œuvre la plus connue demeure le Metsehafe Berhan (Livre de la Lumière)[h 14]. Durant ces siècles, diverses réformes administratives et financières réorganisent l'Empire. Un des éléments caractéristiques de cette période est le déplacement continu de la cour, une pratique à laquelle ont recours la majorité des souverains et qui leur permet de garder un contact avec les gouverneurs régionaux tout en assurant le contrôle du territoire éthiopien[h 15].

Guerre, troubles et déstabilisation de l'autorité impériale

Articles connexes : Invasions d'Ahmed Gragne et Zemene Mesafent.
Lebne Dengel, un des souverains éthiopiens ayant lutté contre les forces d'Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi.

Cette phase de prospérité s'achève au début du XVIe siècle, sous Lebne Dengel. Les troubles économiques et la forte poussée démographique dans les sultanats islamiques conduisent, en 1527, à l'éclatement d'une guerre entre des forces musulmanes menées par Ahmed Ibn Ibrahim Al-Ghazi, dit Ahmed « Gragne » (gaucher en amharique) et l'Empire chrétien éthiopien[h 16]. Soutenues par les Ottomans, les troupes d'Ahmed remportent une série de victoires et en 1535, l'Empire éthiopien semble sur le point de s'effondrer[h 17]. Néanmoins, le cours du conflit va changer à partir de 1541, avec l'arrivée des Portugais auxquels Lebne Dengel a fait appel. Le 21 février 1543, à l'issue de la bataille de Wayna Daga, Ahmed est tué et son armée défaite, laissant derrière lui un pays en ruine et fragilisé[h 18].

Face à la faiblesse de l'Empire, les Oromos vont migrer du Balé et du Sidamo, vers le nord, le centre et l'ouest de l'Éthiopie ; ces mouvements de population vont durer trois décennies de 1550 à 1580[h 18]. La fragilité de l'Éthiopie a encouragé la venue des jésuites.[réf. nécessaire] Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, ceux-ci parviennent à imposer le catholicisme au souverain Sousnéyos qui se convertit en 1621[h 19]. Les protestations s'en suivant se transforment en une véritable guerre civile et Sousnéyos abdique le 14 juin 1632, en faveur de son fils Fasilides[h 20]. C'est ainsi que se concluait dans le sang une intéressante parenthèse de tentative d'occidentalisation d'un pays africain, généralement méconnue par rapport aux entreprises menées et réussies par la Compagnie de Jésus en Amérique Latine ou en Chine. Près d'un siècle de présence européenne (Espagnols, Portugais et Italiens essentiellement) qui a influencé cette Nation qui faisait rêver l'Occident ne serait-ce qu'au regard de la légende du Prêtre Jean.

En 1632, le nouveau souverain fonde Gonder où il fait construire un château[h 21]. La nouvelle ville devient la capitale du pays ainsi qu'un important centre religieux et commercial. L'année 1632 marque le début de la période gonderienne qui prend fin en 1769 et pendant laquelle les divisions doctrinales de l'Église, la percée de l'islam et la lutte contre les offensives oromos conduisent vers un effondrement annoncé[h 21]. Au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, la stagnation économique et la déstabilisation de l'autorité impériale poussent les seigneurs locaux à prendre toujours plus de pouvoirs[h 21].

En janvier 1769, avec le meurtre de Iyoas Ier débute le Zemene Mesafent (« l'Ère des Princes »)[h 22]. Jusqu'en 1855, une série de souverains aux pouvoirs limités règnent à Gonder[h 23] ; les véritables détenteurs du pouvoir sont les maires de palais et les seigneurs locaux. Le Zemene Mesafent constitue une phase de stagnation économique, les innovations étant dissuadées par les guerres incessantes[h 24]. La population éthiopienne a particulièrement souffert durant cette période et au cours des années 1830, une ancienne prophétie ressurgit selon laquelle un souverain arrivera au pouvoir, instaurera un règne juste et assurera la paix au pays[h 25]. Vers la moitié du XIXe siècle, les exploits militaires d'un jeune Kassa Hailou semblent annoncer l'avènement de ce monarque tant attendu.

Centralisation et indépendance : la construction de l'État éthiopien moderne

L'Empire éthiopien face aux menaces étrangères

Articles connexes : Téwodros II, Yohannes IV et Menelik II.
En plein partage de la Corne de l'Afrique, l'Éthiopie reconstitue un Empire afin de résister, avec succès, à l'assaut colonial.
     Empire éthiopien avant les conquêtes de Menelik II (1875)      Empire éthiopien après les conquêtes

De 1855 au début du XXe siècle, trois souverains importants se succèdent. Le premier est Téwodros II dont le couronnement en 1855 marque la fin du Zemene Mesafent et le début de l'histoire moderne du pays[h 26]. Premier véritable modernisateur, il lance le processus d'unification et de centralisation qui prend fin en 1974, avec la chute de Haile Selassie I. Néanmoins, les réticences des gouverneurs locaux devant les mesures adoptées et les différends diplomatiques avec la Grande-Bretagne conduisent à sa chute en 1868[h 27]. Après un bref règne de 1868 à 1871 de Tekle Giyorgis, Yohannes IV, le deuxième grand souverain, arrive au pouvoir en janvier 1872. Moins centralisateur que Téwodros II, il assure néanmoins la suprématie de la fonction Negusse Negest et parvient à construire une unité nationale qui s'est effondrée tout au long du siècle passé.

Menelik II à la bataille d'Adoua, une victoire assurant à l'Éthiopie le maintien de son indépendance.

Toutefois, l'ouverture du canal de Suez favorise les convoitises étrangères sur son Empire qui le détournent des questions de politique interne. De 1875 à 1889, il défend les frontières éthiopiennes contre trois pays. Tout d'abord les Égyptiens, auxquels il inflige une lourde défaite en 1875-1876. Ensuite, les Italiens, installés à Metsewa depuis 1885, sont vaincus à la bataille de Dogali en 1887 par le général de Yohannes, Ras Alula Engida. Enfin, Yohannes affronte les troupes madhistes. Le 10 mars 1889, le lendemain de la bataille de Metemma, il meurt suite aux blessures, payant de sa vie la défense du territoire éthiopien.

La même année, le Negus du Shewa est proclamé Negusse Negest sous le nom de Menelik II. Le troisième grand souverain de cette fin de siècle accélère le processus d'unification et de modernisation tout en faisant face à la menace coloniale. Il signe avec les Italiens le traité de Wuchale, censé assurer la paix et l'amitié. Cependant, suite au constat par les Éthiopiens d'une tromperie italienne, ceux-ci abrogent le traité en 1893, conduisant l'Empire vers la guerre, déclenchée en 1895. Le conflit s'achève par la célèbre bataille d'Adoua au cours de laquelle plus de 100 000 Éthiopiens battent l'armée italienne[9]. Ce succès garantit à l'Empire son indépendance et à Menelik II, la reconnaissance internationale de la souveraineté éthiopienne. Outre cette victoire face au colonialisme, le Negusse Negest va marquer l'Histoire éthiopienne par ses politiques de modernisation et ses conquêtes territoriales donnant au pays ses frontières actuelles.

L'Éthiopie du début du XXe siècle à la chute de l'Empire

Articles détaillés : Eyassou V, Zewditou I et Haile Selassie I.

Au début du XXe siècle, durant les années 1910-1920, deux souverains aux personnalités bien différentes vont se succéder : Ledj Eyassou et Zewditou I. Le premier est officiellement au pouvoir de 1913 à 1916, son bref règne est particulièrement agité[h 28]. Son désintérêt pour les affaires publiques, sa proximité avec les milieux musulmans et sa politique antagoniste avec les puissances européennes voisines pousse la noblesse éthiopienne à le renverser lors du coup d'État du 27 septembre 1916[h 29]. Zewditou I arrive sur le trône impérial, son règne voit l'émergence de Teferi Mekonnen, nommé régent et prince lors du coup d'État[h 30]. Au cours des années 1920, les progressistes et les conservateurs s'opposent de la Cour[h 31]. Les seconds s'opposent aux volontés d'ouverture sur le monde que défendent les premiers. En 1923, en faisant de l'Éthiopie le premier pays africain adhérant à la Société des Nations, Teferi remporte une victoire[h 31].

Durant les années 1920, il conduit des politiques de modernisation dans tous les domaines, aussi bien sociaux, avec l'abolition de l'esclavage, qu'économiques et juridiques[h 31]. Ce processus se poursuit sous son règne débuté le 3 avril 1930, suite au décès de Zewditou ; Teferi est couronné le 2 novembre 1930 sous le nom de Haile Selassie I. Une nouvelle Constitution, la première de l'Histoire éthiopienne, est promulguée en 1931, de nombreuses écoles sont construites, l'économie est réformée et le pouvoir politique centralisé ; tout est entrepris pour mettre l'Éthiopie à l'abri d'une invasion coloniale[h 32]. Cela n'empêche pas le déclenchement d'une guerre avec l'Italie fasciste en 1935 qui débouche sur une défaite éthiopienne et le début d'une occupation partielle du pays pendant cinq ans durant lesquels une résistance nationale s'organise[h 33]. En 1941, année de la libération, s'ouvre une nouvelle période nommée Addis Zemen (en français : Nouvelle Ère). Il s'agit pour Haile Selassie de reprendre les chantiers ouverts en début de règne. Le pays connaît une période d'industrialisation et de croissance économique mais également divers troubles[h 34]. En effet, des rébellions éclatent dans le Tegré en 1943, ainsi que dans le Godjam, le Balé, l'Ogaden et en Érythrée durant les années 1960[h 35]. À ces mouvements, viennent s'ajouter des manifestations contre le pouvoir politique ainsi que des grèves. Le mouvement est pris en main par un comité de militaires appelé Derg qui parvient en septembre 1974 à destituer Haile Selassie Ier et à renverser la plus vieille monarchie du monde[h 36].

L'Éthiopie de 1974 à nos jours

La révolution et régime du Derg

Articles détaillés : Derg et Mengistu Haile Mariam.
Mengistu Haile Mariam, membre du Derg, dirige le pays de 1977 à 1991.

Le 12 septembre 1974, Haile Selassie est déposé et arrêté, les anciens dignitaires sont emprisonnés, les grèves et manifestations sont interdites[p 1]. Le Derg, la junte militaire, commence à s'installer au pouvoir. Les étudiants sont envoyés dans les provinces afin de mener des campagnes d'alphabétisation et diffuser la nouvelle idéologie[p 1]. L'État prend contrôle de l'économie, plusieurs entreprises sont nationalisées. Enfin, un grand parti unique est mis en place sur une base nationale et socialiste[p 2]. Si le Derg arrive initialement à affirmer son autorité, les partis politiques civils réclament un transfert du pouvoir et le retour des militaires dans les casernes. Les deux principaux partis d'opposition sont le Meison[Note 5] et le Parti révolutionnaire du peuple éthiopien (PRPE). Les affrontements entre le deuxième parti et le régime vont dégénérer et de la fin 1976 à la fin 1978, une phase pendant laquelle le pays vit « deux années terribles[p 3] ». Les confrontations sont particulièrement brutales et la répression accentue le radicalisme. Les familles des membres du PRPE sont visées et la participation de jeunes écoliers aux côtés du PRPE conduit le Derg à massacrer des classes entières[p 3]. Du 29 avril au 1er mai 1977, plus d'un millier d'étudiants et lycéens sont assassinés[p 3]. Cette période de violence politique, surnommée Terreur rouge, a marqué les Éthiopiens. Les meurtres sont également courants au sein du Derg où les rivalités entre personnes donnent lieu à des arrestations et à des fusillades[p 2]. C'est finalement le lieutenant-colonel Mengistu Haile Mariam qui émerge au sein de la junte et qui dirige le pays à partir de 1977.

Cette même année, le pays fait face à une offensive de l'armée somalienne qui envahit le territoire national en juillet. La guerre de l'Ogaden est déclenchée ; avec le soutien de l'URSS et Cuba, l'Ethiopie remporte le conflit[p 3]. Toutefois, c'est dans le nord du pays que le régime rencontre de vraies difficultés militaires face aux mouvements du Tegré et de l'Érythrée. Durant cette guerre civile, les violences touchent également des civils et favorisent les séparatistes érythréens qui progressent. La fin du Derg semble se rapprocher lorsque les deux principaux mouvements de guérilla, le Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) et le Front populaire de libération de l'Érythrée (FPLE) coordonnent leurs opérations à partir de la moitié des années 1980[h 37]. Une série de victoires conduit le premier mouvement à élargir ses objectifs en fondant une coalition : le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), censé libérer tout le pays. Le 21 mai 1991, Mengistu Haile Mariam décide de fuir le pays et une semaine plus tard, les forces du FDRPE pénètrent dans la capitale. Le 28 mai 1991, le régime du Derg est tombé[h 38] et la date est devenue un jour de fête nationale.

L'Éthiopie sous le FDRPE

Articles détaillés : Gouvernement de Transition et FDRPE.
Meles Zenawi, actuel Premier ministre d'Éthiopie.

De 1991 jusqu'en 1995, le pays est dirigé par un gouvernement de transition chargé de mener l'Éthiopie vers un régime démocratique. En 1992, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) remporte les premières élections multipartites de l'Histoire du pays et prépare une nouvelle Constitution. L'année suivante, le référendum pour l'indépendance de l'Érythrée, effectué en accord avec le FDRPE, voit la victoire des séparatistes. En 1994, l'assemblée constitutante vote la ratification de la nouvelle Constitution qui entre en vigueur en août 1995. La République fédérale démocratique d'Éthiopie est officiellement proclamée. La transition s'est effectuée rapidement et dans une atmosphère relativement calme.

Le FDRPE va néanmoins faire face à quelques difficultés. En 1998, l'Érythrée envahit l'Éthiopie et déclenche une guerre qui va durer deux ans. Le conflit fait plus de 80 000 morts et voit la victoire des troupes éthiopiennes. Depuis les rapports restent difficiles entre les deux États. Le gouvernement central est également confronté à deux rébellions armées, le Front de libération Oromo (FLO) et le Front national de libération de l'Ogaden (FNLO). Ce dernier est d'ailleurs soutenu par l'Union des tribunaux islamiques, un mouvement actif en Somalie où l'Éthiopie est intervenue, en soutien au gouvernement officiel de Mogadiscio, de 2006 à 2009.

En 2005, les élections générales ont vu la montée des partis politiques de l'opposition qui ont remporté de nombreux sièges au parlement national et aux conseils régionaux. Ceux-ci ont toutefois contesté les résultats qui ont permis au FDRPE de se maintenir au pouvoir, des manifestations violentes ont éclaté à Addis Abeba et plusieurs opposants ont été arrêtés.
Si les élections générales de 2010 ont suscité une même passion avec un taux de participation de 90 %[10], les résultats n'ont pas confirmé la tendance de 2005. Au contraire, le FDRPE et ses alliés ont remporté la quasi-totalité des sièges de la chambre basse tandis que l'opposition ne s'est imposé que dans deux circonscriptions[11]. Cette écrasante victoire à 99 %[12], contestée par les opposants, renforce la présence du parti de Meles Zenawi dans toute l'Éthiopie. Enfin, ces élections se distinguent des précédentes par le calme et le climat serein dans lequel le processus s'est déroulé.

Sécheresse et crise alimentaire de 2011

Géographie

Article détaillé : Géographie de l'Éthiopie.

Géographie physique

D'une superficie de 1 137 000 km², l'Éthiopie se situe entre 3 °N et 14 °N à équidistance de l'équateur et du tropique du Cancer. Située sur la partie africaine du grand rift, abritant la dépression de l'Afar au point de rencontre de trois plaques tectoniques et drainant les principaux cours d'eau de la corne de l'Afrique, l'Éthiopie dispose d'un environnement très diversifié.

La topographie s'étend ainsi du désert du Danakil à 120 m sous le niveau de la mer aux sommets enneigés du mont Ras Dashan culminant à 4 543 m. Le relief du pays combinant hauts plateaux (notamment le plateau central situé à une altitude variant entre 1 800 et 3 000 m), massifs et canyons escarpés, régions volcaniques, savanes, zones désertiques et hautes plaines verdoyantes.

Le pays a été exploré et cartographié de 1838 à 1848 par Antoine d'Abbadie d'Arrast.

Formation géologique

Vue satellite de l'Éthiopie.

À l'ère précambrienne, suite à la fracturation du supercontinent Rodinia (environ – 750 millions d'années), trois blocs principaux (le Gondwana oriental, le Gondwana central et le Gondwana occidental)[14] entrent en collision il y a 600 millions d'années ; des chaînes de montagnes colossales se forment à cette époque, constituant l'orogenèse panafricaine. Le socle précambrien protérozoïque (visible à Meqelé) se forme également durant la même période[15]. Durant 375 millions d'années, un processus d'érosion estompe ces monts pour laisser place à de basses plaines à la périphérie de l'Éthiopie[15]. À l'ère mésozoïque (250-70 millions d'années) une élévation du nord de l'Éthiopie se produit en parallèle d'un affaissement du Sud[15].

C'est à l'ère oligocène (35 millions d'années) que se produit un évènement géologique majeur dessinant l'actuelle géologie éthiopienne : une élévation brutale de la plaque arabo-éthiopienne se produit sous l'effet de la montée d'une masse magmatique en fusion issue de points chauds situés entre 2 900 et 700 km de profondeur. La masse des matériaux, ainsi que la forte élévation de température à laquelle ils conduisent (100 à 300 °C) fragilisent puis provoque un effondrement de l'écorce terrestre. Trois fracturent apparaissent alors amenant pour deux d'entre elles à la mer Rouge et au golfe d'Aden, la troisième à la vallée du rift[15]. Suite à la rupture qui s'ensuit (certaines zones s'enfoncent à 120 m sous le niveau de la mer), la mer Rouge envahit la dépression formée au nord-est de l'Éthiopie. La continuation des éruptions volcaniques forme par la suite des digues basaltiques conduisant à la formation d'une mer intérieure[15].
Celle-ci s'évapore progressivement laissant place de nos jours à des lits de sels de plusieurs kilomètres d'épaisseur et quelques lacs salés[15]. Les volcans toujours en activités, constituant la région d'Afrique où ils s'y trouve en plus grand nombre, les sources d'eau bouillonnantes et les geysers témoignent encore de nos jours de ces époques.

Climats

Représentation des cinq principales zones climatiques en Éthiopie

De par son positionnement en zone tropicale, son relief et sa proximité avec l'océan Indien, l'Éthiopie possède une large variété de climats. Globalement, seules les régions du Sud-Ouest disposent d'un climat de type tropical, les climats sur les autres zones étant influencés par l'altitude et la mousson de l'océan Indien[16].

On distingue généralement six zones climatiques majeures sur l'ensemble du territoire :

  • alpine, au-dessus de 3 800 m, la température y est en moyenne de 5 °C et le climat de type alpin
  • tempérée subalpine, jusqu'à 1 400 m, d'une température moyenne de 15 °C
  • tropicale, entre de 500 m et 1 000 m d'altitude, d'une température moyenne de 30 °C
  • tropical de savane, entre 100 m et 1 400 m d'altitude,
  • semi-désertique entre 100 m et 800 m d'altitude, le climat est semi-aride dans ces deux zones
  • désertique entre -130 m et 100 m d'altitude, le climat y est de type aride et la température moyenne atteignant les 40 °C[16].

Les plateaux du Nord et le Choa central, qui constituent le cœur de l'Éthiopie historique, sont soumis à des précipitations abondantes (moyenne annuelle supérieure à 1 000 mm) durant la mousson d'été (fin juin à fin septembre), suivi d'une saison sèche jusqu'en février. La mousson pénètre le pays par le sud-ouest avant de précipiter à la rencontre des hauts-plateaux, épargnant ainsi les plaines du Danakil sur le versant est au climat aride[16].

Du fait du relief du pays les basses terres à l'Est et au Sud-Est sont ainsi généralement soumises à des climats plus arides que les hauts plateaux. La région de l'Ogaden au Sud-Est bénéficie de précipitations plus faibles au printemps et en automne, le climat y est de type semi-désertique (moyenne annuelle entre 50 et 300 mm seulement)[16]. Les régions du Sud et du Sud-Ouest du pays sont moins sensibles à la mousson. Le climat y est de type tropical, les pluies y sont intermittentes et l'humidité élevée[16].

Végétation

L'Éthiopie dispose d'une végétation extrêmement diversifiée du fait de la grande variété de climats et de reliefs au sein du pays. La région éthiopienne constitue à cet égard l'un des huit « centres de diversité » (en) identifiés à travers le monde par le biologiste Nikolaï Vavilov, c'est-à-dire de régions du globe ou l'on trouve un très forte diversité génétique d'espèces particulières qui puisse être identifié comme le centre d'origine de cette espèce. La diversité est telle qu'on y découvre encore de nos jours de nouvelles espèces[17]. Dans les régions de très hautes altitudes (au-dessus de 3 800 m) seul subsiste une végétation de type alpin (lichen, bruyère). Plusieurs plantes sont caractéristiques de ces régions, notamment la lobélie géante.

Dans les régions des hauts plateaux (2 400 m-3 800 m), le climat est plus tempéré, et le sol plus riche. C'est dans ses régions qui constituent le cœur historique de l'Éthiopie que l'on trouve encore aujourd'hui la majeure partie de l'exploitation agricole (teff, sorgho, maïs), tout autant que les forêts éthiopiennes largement soumise à une déforestation progressive.

Le long de la frontière soudanaise à l'ouest, le climat tropical et les précipitations abondantes conduisent à une végétation luxuriante, particulièrement le long des fleuves. Dans les régions de plus basses altitudes au sud-ouest, le climat plus sec contribue à développer un environnement de type savane (herbes hautes, arbustes) ainsi que des plantes résistant à des conditions climatiques plus extrêmes (plantes succulentes). Enfin dans les régions désertiques périphériques, le climat aride et les précipitations quasi-inexistantes contribuent à développer une végétation xérophytique ou à la vie très courte, avec une végétation plus faible (acacias, palmiers) autour des quelques cours d'eau.

Faune

Babouin gelada dans la vallée du Nil bleu

On dénombre en Éthiopie un nombre important d'espèces endémiques tout aussi bien chez les mammifères que chez les oiseaux qui constituent la faune éthiopienne. La biodiversité des espèces est notamment due à l'implantation de l'activité humaine à des zones assez délimités.

À cet égard il est possible de distinguer les massifs montagneux des basses terres périphériques. Sur les haut plateaux, la présence humaine a au cours de l'histoire modifié l'environnement par sa pratique agricole sédentaire ; certaines régions au relief escarpé ont elles été naturellement protégées, c'est le cas notamment du massif du Simien, qui constitue aujourd'hui un parc naturel où prospère de nombreuses espèces endémiques (notamment le bouquetin walia (Capra walie), le loup d'Abyssinie (Canis simensis) , le nyala de montagne (Tragelaphus buxtoni), le corbeau corbivau (Corvus crassirostris) , le babouin gelada).

Les pratiques nomades dans les basses terres privilégiant l'élevage ont eu beaucoup moins d'impact sur son environnement. On dénombre aujourd'hui neuf parcs nationaux, trois sanctuaires et huit réserves sauvages sur l'ensemble du territoire.

Géographie administrative

Article détaillé : Subdivisions de l'Éthiopie.

Depuis l'entrée en vigeur de la constitution éthiopienne de 1994, l'Éthiopie repose sur un système fédéral et est divisée en neuf régions et deux « villes-régions » indiquées par des astérisques[c 2] :

1. Addis-Abeba*
Afar Amhara Benishangul-Gumaz Gambela Oromia Oromia Oromia Somali Somali Région des nations, nationalités et peuples du Sud Tigré Addis-Abeba Dire Dawa Région Harar
Régions et villes-régions d'Éthiopie. Cliquer sur l'image pour accéder au descriptif de la région.
2. Afar Et afaria.png
3. Amhara Et amhara.png
4. Benishangul-Gumaz Et benishangul.png
5. Dire Dawa*
6. Gambela Et gambella.svg
7. Région Harar Et harrar.png
8. Oromia Et oromo.png
9. Somali Somali Region.svg
10. Région des nations, nationalités et peuples du Sud Et southern.png
11. Tigré Et tigray.svg
Zones administratives de l'Éthiopie.

Chacune des régions dispose de son propre gouvernement et d'un droit constitutionnel à l'autodétermination et à la sécession[c 3]. Ces dispositions, bien que théoriques, marquent la fin du processus de centralisation ayant commencé sous Téwodros II. Elles reflètent la nature des mouvements ayant combattu le gouvernement central durant la guerre civile de 1974 à 1991, essentiellement régionalistes, nationalistes, autonomistes voire indépendantistes.

Les régions administratives remplacent depuis 1994 l'ancien système des provinces établi par Haile Selassié I. Leurs noms sont parfois encore employés de nos jours pour désigner un lieu dans le pays. Ces régions sont divisées à leur tour en 68 zones administratives sur l'ensemble du territoire. Le pays est en outre subdivisé en 550 woredas et six woredas spéciaux. Il s'agit en fait de l'équivalent d'un canton ou d'un district. Les woredas sont elles-mêmes divisées en kébélés qui représente une municipalité ou un quartier.

Le peuple et sa culture

Démographie

Données générales

Article détaillé : Démographie de l'Éthiopie.
Densités de population en Éthiopie
Évolution démographique entre 1961 et 2003 (chiffres de la FAO, 2005). Population en milliers d'habitants.

En juillet 2009, selon les estimations du World Factbook[18] l'Éthiopie comptait une population de 85 237 338 habitants ce qui lui vaut la 14e place mondiale et la deuxième en Afrique.

Le pays a connu une évolution croissante et régulière de sa démographie jusqu'au début des années 1980. Par la suite cette croissance s'est accélérée jusqu'à aujourd'hui avec un taux moyen de 2,3 % par an, à l'exception d'une baisse visible entre 1992 et 1993 due à l'indépendance de l'Érythrée, le 24 mai 1993 dont la population avoisinait à l'époque 3,2 millions de personnes. La population éthiopienne reste majoritairement jeune et rurale ; elle habite les zones des hauts plateaux.

Indicateurs synthétiques

Cette section regroupe les principaux indicateurs démographiques :

Structure de la population de l'Éthiopie
Pyramide des âges de l'Éthiopie, 2005
Population 85 237 338 habitants
Densité de la population  hab./km²
Taux de croissance de la population 3,208 %
Âge médian (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
16,9 ans
16,6 ans
17,2 ans
Structure par âge
 - 0-14 ans
 - 15-64 ans
 - 65 ans et plus

46,1 %
51,2 %
2,7 %
Rapport de masculinité (population totale)
 - À la naissance
- Moins de 15 ans
- 15-64 ans
- 65 ans et plus
0,97 homme/femme
1,03 homme/femme
1,00 homme/femme
0,96 homme/femme
0,75 homme/femme
Part de la population urbaine 17 %
Sources: The World Factbook, CIA (2009)[18];
Mortalité en Éthiopie
Taux brut de mortalité 11,55 
Taux de mortalité infantile (population totale)
- Hommes
- Femmes
80,8 
92,06 
69,2 
Espérance de vie à la naissance (population totale)
 - Hommes
 - Femmes
55,41 ans
52,92 ans
57,97 ans
Source: The World Factbook, CIA (2009)[18]


Natalité en Éthiopie
Taux brut de natalité 43,66 
Indice synthétique de fécondité 6,12 enfant(s)/femme
Source: The World Factbook, CIA (2009)[18]
Autres indicateurs sociaux
 en Éthiopie
Taux d'alphabétisation (population totale)
- Hommes
- Femmes
42,7 %
50,3 %
35,1 (est. 2003) %
Nombre moyen d'années passées à l'école 8 ans
Taux de séropositivité au VIH/SIDA
(chez les adultes)
4,4 %
Taux d'accès à l'eau potable 42 %
Taux de chômage N/D %
Sources: The World Factbook, CIA (2009)[18]; ONU (2009)[19],[20]
Plus grandes villes (2006)
Addis Abeba 2 973 004
Dire Dawa 281 750
Nazreth (Région Oromia) 228 623
Gondar (Région Amhara) 194 773
Mekelé (Région Tigré) 169 207


Langues et populations

Langues d'Éthiopie

Représentation schématique de la répartition des quatre principales langues éthiopiennes

L'Éthiopie possède six langues principales : amharique (32,75 %), oromo (31,6 %), tigrinya (6,1 %), somali (6,0 %), guaragigna (3,5 %) et sidama (3,5 %), mais aussi de nombreuses autres*.

En raison de l'« impressionnante[21] » concentration de langues très diverses, l'Éthiopie est considérée comme un « paradis pour linguistes[21] ». Les langues du pays peuvent être rattachées à quatre branches principales[22] :

Les trois premières branches appartiennent à la famille des langues afro-asiatiques tandis que la quatrième appartient à celle des langues nilo-sahariennes. Quelques langues restent encore non classifiées. On dénombre au total environ 80 langues sur l'ensemble du territoire dont certains ont moins de 10 000 membres. Toutes les langues d'Éthiopie jouissent du même statut depuis l'entrée en vigueur de la constitution de 1994, son article 5 garantit « égale reconnaissance de l'État ». Le texte constitutionnel garantit à tous les peuples le droit de développer leur langue et de l'établir comme langue maternelle à l'école primaire.

Un passage de la Genèse écrit en ge'ez, une langue utilisant le système d'écriture national.

Les langues sémitiques sont principalement parlées dans les régions des hauts plateaux, dans le centre et le Nord du pays. Elles dérivent du ge'ez, langue du royaume d'Aksoum d'importance nationale jusqu'à l'émergence de l'amharique au XIIIe siècle[23]. Parlée de nos jours par une minorité de la population, elle constitue la langue liturgique de l'Église éthiopienne orthodoxe[23]. Les deux principales langues sémitiques d'Éthiopie sont l'amharique et le tigrinya. La première est la plus pratiquée du pays, par environ 32,7 % de la population[18], principalement dans le Nord central éthiopien. Langue nationale depuis le règne de Téwodros II (1855 - 1868)[h 39], elle perd son statut officiel en 1995, avec l'adoption de la nouvelle Constitution[Note 6]. La deuxième principale langue sémitique est le tigrinya, parlée par 6,1 %[18] de la population, essentiellement dans le Tigré. Parmi les autres langues sémitiques, on peut citer le hareri, l'argobba ou le gouragué, parlée par 4,3 % de la population[18],[23].
Les langues sémitiques d'Éthiopie ont la particularité d'utiliser le système d'écriture ge'ez, un alphasyllabaire dit « éthiopique » et localement appelé fidel (ፊደል). L'Éthiopie est, avec l'Érythrée, l'unique pays au monde utilisant ce système d'écriture. Il comprend 182 caractères basiques auxquels il faut ajouter les caractères spéciaux, totalisant plus de 200 signes[24].

Les langues couchitiques sont essentiellement parlées dans une partie du sud-ouest et du centre ainsi que dans l'est du pays, dans la vallée de l'Awash et le triangle Afar. La plus importante est l'afaan oromoo, deuxième langue du pays, parlée par 31,6 %[18] de la population, très majoritairement les peuples oromos[23]. Le somali, quatrième langue du pays, est pratiquée par 6 %[18] de la population, principalement les Somalis de l'Ogaden, dans l'est éthiopien[23]. L'afar est quant à lui parlé dans le Nord-Est, une région où est également pratiquée le saho[22]. Enfin, parmi les principales langues couchitiques d'Éthiopie, il convient de citer le sidama, pratiquée par 3,5 % de la population[18] et regroupée au sein du groupe oriental des hautes terres avec le burji[22].

Les langues omotiques sont propres à l'Éthiopie où elles sont parlées par les populations vivant dans le bassin de l'Omo, dans le sud-ouest du pays[25]. Bien que leur nombre précis soit difficilement évaluable, on estime à plus de 40[25] les langues de cette branche. Si très peu de personnes parlent une langue omotique, leur faible diffusion géographique n'empêche pas une grande hétérogénéité[25]. Parmi cette branche, on peut citer le gamo, le yemsa ou le gimira.

La branche nilotique constitue la branche des langues éthiopiennes les moins parlées[25]. Elles sont pratiquées par des populations du sud-ouest, à la frontière avec le Soudan. Le faible nombre de locuteurs et leur éloignement géographique en font un groupe linguistique relativement peu connu et étudié d'Éthiopie[25]. L'ensemble des langues nilotiques en Éthiopie comprend : le nuer-dinka et l'anyua.

Peuples d'Éthiopie

Article détaillé : Peuples d'Éthiopie.

Les peuples d'Éthiopie peuvent être divisé en divers grands ensembles avec comme élément caractéristique essentiel, la langue. Le premier grand groupe est constitué des peuples habesha[p 4] parlant essentiellement des langues sémitiques. Le peuple amhara est le deuxième demographiquement au niveau national après les Oromos. Ils habitent les hauts plateaux et sont des agriculteurs[p 4]. À partir de la moitié du XIXe siècle et notamment sous le règne de Menelik II, ils jouent un rôle important dans la construction de l'État moderne éthiopien[p 4]. Ils parlent l'amharique[p 4], aujourd'hui langue de travail du gouvernement fédéral et sont des chrétiens orthodoxes. Les Tigrés constituent démographiquement le deuxième peuple du groupe habesha. Leur langue est le tigrinya et ils sont également des chrétiens orthodoxes. Ils sont installés dans le nord de l'Éthiopie et se sentent par conséquent fortement liés à l'héritage aksoumite ainsi qu'à l'identité nationale éthiopienne[p 4]. Les autres populations habesha sont les Agew et les Béte Esraél[p 5].

Une deuxième entité est constituée par les Oromos, premier peuple du pays devant les Amharas. Auparavant, ils ont été désignés par le terme de « Gallas », un mot ayant aujourd'hui une connotation péjorative[p 6]. L'« identité élastique[p 7] » s'explique par l'étendue de la zone de peuplement allant de la frontière avec le Soudan à l'ouest, à l'Ogaden, à l'est et à la frontière avec le Kenya, au sud. Leurs activités varient selon les régions mais l'élevage bovin est partagée par les divers groupes oromos[p 7]. En effet, ils détiennent une partie importante du cheptel national[p 7]. Contrairement aux Amharas et aux Tigrés, les Oromos n'ont pas d'unité religieuse, une partie pratique le christianisme orthodoxe éthiopien, une autre fraction est musulmane tandis qu'une portion est protestante. En revanche, la langue oromo constitue un ciment unificateur ; les divers dialectes oromos sont intercompréhensibles[p 6]. L'intégration politique des Oromos dans la société et l'État éthiopiens s'est effectuée du XVIe au XVIIIe, après l'invasion de Gragne et à la suite des mouvements d'immigration[p 6]. Plusieurs groupes de populations constituent l'ensemble oromo tels que les Borenas, les Arsi et les Gujis, etc.[p 6].

Dans l'Est éthiopien, vivent deux peuples de pasteurs : les Afars et les Somalis. Majoritairement musulmans, ils parlent respectivement l'afar et le somali. Près de 1 à 1 5 million d'Afars vivent dans le Nord-Est de l'Éthiopie, tandis que les 4 millions de Somalis sont installés dans la région de l'Ogaden[p 8]. Les deux peuples sont nomades et organisés en clans bien qu'historiquement, ils ont pu constituer des États stables[p 9].

Enfin, tout un ensemble de peuples vit dans le Sud-Ouest, et dans les périphéries Ouest et Sud de l'État éthiopien. Gérard Prunier dégage deux groupes. Tout d'abord, la « première périphérie sud-ouest[p 10] », proche du centre, dans laquelle vivent entre autres les Gurages, les Kaffas, les Sidamas, les Welaytasetc.[p 10]. Le deuxième groupe est celui des « grandes périphéries[p 11] ». Chaque peuple est démographiquement peu important mais ce vaste ensemble regroupe des cultures véritablement homogènes, des langues différentes et des organisations sociétales diverses[p 11].

Religions

Article détaillé : Religion en Éthiopie.

La liberté de culte est garantie en Éthiopie par la constitution de 1994, spécifiant l'absence de religion d'État. Il y est ainsi interdit de créer un parti politique fondé sur la religion, tout groupe religieux doit être déclaré et enregistré auprès des autorités gouvernementales.

Christianisme

Prêtre de l'église Yemrehanna Krestos.

Le christianisme en Éthiopie est dominé par l'Église éthiopienne orthodoxe, qui est majoritairement répartie dans les régions des hauts plateaux (capitale-région: Addis-Abeba, régions Amhara et Tigré).

Selon le recensement national officiel de 2007, la population chrétienne se répartit suivant trois courants[26] :

Le christianisme est introduit en Éthiopie vers 330 lorsque Saint Frumence de Tyr, appelé localement Fremnatos ou Abba Selama (« père de la Paix »), convertit le roi Ezana d'Aksoum, en faisant ainsi l'un des plus anciens État chrétiens au monde, le second après l'Arménie. La croix remplace à cette époque la symbolique du Soleil et de la Lune sur les pièces du royaume. Vers 480, un groupe de moines, les Neuf Saints introduisent le monachisme et le monophysisme, sous la forme d'un refus des formulations du concile de Chalcédoine de 451, adhérant à la nature unique du Christ. Ceux-ci contribuent à la diffusion du christianisme dans le royaume en traduisant notamment les premiers textes religieux en ge'ez. Les monastères, l'architecture à travers des églises rupestres de Lalibela notamment, l'art, la peinture, la littérature, témoignent de l'influence sensible du christianisme orthodoxe tout au long de l'histoire de l'Éthiopie et du règnes des dynasties Zagwe et salomonienne. La tentative d'introduire le christianisme romain en Éthiopie par la voix de missionnaires se révèle par ailleurs être un échec conduisant à une guerre civile se concluant par l'expulsion des jésuites sous Fazilidas.

Jusqu'en 1959, l'Église éthiopienne orthodoxe fait partie de l'Église copte orthodoxe, date à partir de laquelle elle devient autocéphale. Elle constitue la seule Église orthodoxe précoloniale de l'Afrique subsaharienne. Elle sera une religion d'État jusqu'en 1974 date du renversement de la dynastie salomonienne et de la révolution éthiopienne.

Islam

La ville de Harar, patrimoine mondial de l'Unesco

Selon le recensement national officiel de 2007, l'islam serait pratiqué par environ 33,9 % de la population éthiopienne[26].

Celui-ci est surtout présent aujourd'hui dans les basses plaines plus chaudes du Sud et de l'Est, dans les régions de Harar, Afar et Somali) ainsi que dans certaines parties du sud de la région Oromia. L'islam suit généralement la tradition sunnite.

La présence de l'islam en Éthiopie remonte à l'époque de la fondation de la religion musulmane et à l'Hégire. Vers 615, un groupe de musulman dirigé par Mahomet, fuit les persécutions dont ils sont l'objet à la Mecque, et trouve refuge en Éthiopie dirigée alors par le roi chrétien nommé Ashama ibn Abjar dans la tradition arabe. L'un des compagnons de Mahomet, le premier muezzin Bilal, est également décrit comme originaire d'Éthiopie. Ceux-là s'installent à Negash, dans le Tigré, considéré comme le premier lieu d'implantation de l'islam en Éthiopie. En échange de la protection accordée par le roi face aux injonctions des Quraych qui demandent leur retour en Arabie, Mahomet demande à ses compagnons de respecter, et de vivre en paix avec les chrétiens d'Éthiopie. Un cimetière remontant au VIIe siècle a depuis été retrouvé dans la région de Negash. La région éthiopienne est ainsi l'endroit où l'on retrouve certains des plus anciens sultanats au monde, parmi ceux-là celui de Shoa fondé par la dynastie Makhzumite en 896, remplacé plus tard par le sultanat d'Ifat.

Cimetière musulman à l'extérieur des fortifications de Harar

L'islam s'est par la suite développé dans les régions commerçantes côtières du sud de la corne de l'Afrique, suivant ainsi les routes maritimes, particulièrement dans la région Somali. Les campagnes du somali Ahmed Gragne vers les hauts plateaux à partir de 1527 contribuent également à son expansion dans le sud de l'Éthiopie. L'expansion des Oromos de tradition Waaqa vers le nord dans les décennies qui suivent affaiblit un temps son influence, avant que celui-ci n'adoptent progressivement la nouvelle religion. Aujourd'hui la religion musulmane est pratiquée par environ 40 % des Oromos sous forme de syncrétisme entre islam et anciennes croyances.

La ville de Harer, abritant 82 mosquées, dont trois remontant au Xe siècle et 102 tombeaux est aujourd'hui considérée comme la quatrième ville sainte de l'islam par les musulmans éthiopiens. Harer est également patrimoine mondial de l'Unesco.

Judaïsme

Article détaillé : Falashas.

L'origine des Beta Israël (ge'ez : ቤተ እስራኤል) reste mal comprise, leur croyance coexistait probablement avec les animistes avant l'arrivée du christianisme. Depuis l'antiquité éthiopienne ils vivent dans le nord du pays, en particulier les provinces de Gondar et du Tegré. Après avoir bénéficié de petits États indépendants jusqu'au XVIIe siècle, ceux-ci sont conquis par l'Empire d'Éthiopie, et les Bete Esraél deviennent une minorité marginalisée.

Les pratiques religieuses des Falashas d'Éthiopie sont basées sur la même version du Pentateuque que celle qu'utilisaient les chrétiens éthiopiens, rédigée en ge'ez. Toute la littérature rabbinique, en particulier le Talmud, est ignorée. Les communautés Beta Israel n'ont pas eu de synagogues ni de rabbins, au niveau de la symbolique, ils n'utilisent pas l'étoile de David, celle-ci étant un symbole de la royauté éthiopienne. Leur lieu de culte est appelé masgid[Note 7]. On y lit la Bible, et on y sacrifie l'agneau pascal.

Ils rentrent en contact avec la version occidentale du judaïsme à la fin du XIXe siècle. À compter du début du XXe siècle, une redéfinition en profondeur de l'identité de la communauté se fait jour et l'amène à se considérer désormais comme juive, et plus seulement comme Béte Esraél, notamment depuis les opérations de rapatriement en Israël. Cette évolution réduit progressivement les forts particularismes religieux originels et rapproche la religion des Beta Israel du judaïsme orthodoxe. Depuis leurs pratiques séculaires n'ont cessé de régresser au profit des pratiques du judaïsme rabbinique, mais sans disparaître. On compte en 2009 3 188 Falashas en Éthiopie, alors qu'ils sont plus de 100 000 en Israël.

Animisme et mouvement rasta

Article détaillé : Mouvement rastafari.

Arts et culture

Article détaillé : Culture de l'Éthiopie.

En raison du maintien de son indépendance et suite à la mauvaise expérience catholique au XVIIe siècle[Note 8], l'art éthiopien n'est que peu influencé par le monde occidental[p 12]. En revanche, sa proximité avec le monde byzantin est perceptible dans l'art chrétien. Avant les années 1990, l'art éthiopien est relativement peu connu du grand public occidental[p 12]. La première étude européenne date de 1892 et la première expédition archéolique s'est effectuée en 1906[p 13]. De nombreuses collections privées et des librairies ont gardé inconnu l'art éthiopien. Sa reconnaissance internationale débute en 1960, avec la publication par l'UNESCO d'enluminures, progressivement des expositions sont organisées dans différentes villes, à Addis-Abeba, Paris ou encore Baltimore[p 13]. L'aspect le plus connu demeure l'art chrétien, tandis que l'artisanat n'est que peu étudié[p 14].

L'art chrétien éthiopien

Croix de procession

Christianisée dès le IVe siècle puis coupée du reste du monde chrétien suite à l'expansion de l'islam à partir du VIIe, l'Éthiopie a développé une tradition religieuse mais également un art chrétien original. Celui-ci s'exprime sous trois formes principales : l'architecture, l'orfèvrerie et la peinture[p 15]. L'architecture chrétienne est partiellement influencée par la civilisation aksoumite ; les premiers monuments taillés dans la roche datent du VIIe-Xe[p 15]. Ils apparaissent tout d'abord dans la province du Tegré où, aux Xe-XIIe, est creusée une grande église funéraire à plan cruciforme dédiée aux souverains Abreha et Atsbeha. L'ensemble le plus célèbre reste celui de Lalibela où Gebre Mesqel fait tailler au XIIIe les premières églises monolithes[p 15]. Quand elles ne sont pas taillées dans la roche, les églises éthiopiennes ont souvent une forme octogonale. L'intérieur des édifices religieux sont parfois décorés et c'est principalement dans ce domaine que la peinture éthiopienne s'est développée, influencée par l'art byzantin[p 16].

Les plus vielles peintures chrétiennes conservées sont des enluminures datant, environ, du VIIe ; les contacts entre le royaume d'Aksoum et le Moyen-Orient sont perceptibles à travers le style des œuvres[p 17]. L'isolement du pays par rapport au reste du monde chrétien est visible dans les peintures des XIIe-XVe durant lesquels un véritable style éthiopien se développe. La première école picturale originale éthiopienne apparaît vers 1400, les peintres illustrent principalement des manuscrits[p 17]. Outre l'architecture et la peinture, on retrouve un art des croix qui constitue « probablement la part la plus originale de l'art chrétien éthiopien[p 18] », note Jacques Mercier, historien de l'art. Cette orfèvrerie serait apparue durant les siècles de christianisation du pays, durant les Ve-VIe pour véritablement prospérer dès les Xe-XIIe. Les gravures sont géométriques, les sculptures anthropomorphes sont absentes et le Christ est parfois représenté[p 16]. La diversité des styles, des tailles et des matériaux permet de retrouver des formes originales par rapports aux arts d'autres chrétientés[p 18].

Artisanat et art corporel

Le bouclier, un objet de guerre souvent travaillé par les artisans éthiopiens.

Contrairement à l'art chrétien, les objets artisanaux de la vie quotidienne conservés ne dépassent pas 200 ans[p 14]. Les différents artisanats se sont développés en fonction des aires culturelles, définies par rapport aux systèmes agraires. Ainsi dans le Sud-Ouest, notamment dans l'aire horticole, on retrouve du mobilier monoxyle, des tables et des sièges, ceux-ci étant particulièrement travaillés[p 14]. La culture régionale du café explique le développement d'un artisanat prévu à cet effet, comme les plateaux recevant des tasses ou encore les cafetières. L'appuie-tête constitue un objet important de l'artisanat éthiopien ; son usage s'est répandu du sud vers le nord à partir du XVIIe[p 14]. Ils sont souvent monoxyles mais peuvent être constitués de deux pièces.

La poterie, d'une « extraordinaire diversité[p 14] », est de grande qualité surtout dans les régions du Tegré, du Harer, de l'Illubabor, du Welayta et du Gayent[p 14]. La bijouterie est toute aussi diverse, les Argobbas du Harerr ayant développé dans ce domaine un artisanat original. Toujours dans le Harer, on retrouve des vanneries colorées décorant l'intérieur de certaines maisons de la capitale régionale[p 15]. Dans le passé, l'artisanat a touché l'armée puisque bouclier et matériel de guerre ont été travaillés. Dans le nord, les boucliers sont renforcés et décorés par des plaques en métal embossées[p 15].
Enfin, l'art éthiopien est également corporel. Au XVIIe siècle, les chrétiennes donnent une grande importance à leur coiffure[p 15] ; de nos jours, les femmes du Tegré portent une coiffure bien distincte. Dans le sud, outre les coiffures d'argile des Nyangatom, on retrouve les perruques des Oromos, parmi les plus célèbres, celles de la région de Jimma[p 15]. Les tatouages sont également développés. Ils sont relativement discrets dans les populations rurales chrétiennes où les femmes se font parfois tatouer une croix sur le front. En revanche, ils sont bien plus visibles chez les Mursis qui se tatouent une partie importante du corps[p 15].

Littérature et philosophie

De par l'existence de son système d'écriture ge'ez, l'Éthiopie entretient une tradition littéraire ancienne remontant à son antiquité aksoumite. On distingue généralement deux périodes majeures dans la littérature éthiopienne correspondant à la littérature ge'ez, aujourd'hui langue morte conservée comme langue liturgique, et à la littérature amharique. À leur côté subsiste également une littérature musulmane apparue pendant le XVIe siècle ; et quelques livres spécifiques Juifs d'Éthiopie, comme le Te'ezaza Sanbat (Ordonnance du Sabbat).

Littérature ge'ez
Eliza Codex (Hill Museum)

Durant l'Antiquité éthiopienne, le ge'ez est une langue vivante, le grec est également parlé à la cour. Les premières inscriptions connues font état des campagnes royales, l'inscription d'Ezana constitue à cet égard la première historiographie officielle en Éthiopie. La Bible est traduite au Ve siècle à partir du grec ; le canon de la Bible éthiopienne contient plusieurs livres considérés comme apocryphes par d'autres Églises chrétiennes. De nombreux textes, comme le Qerillos (Cyrille), les Règles monastiques de saint Pacôme, Le Fisalgwos (« Le Physiologue ») et "bie'afe Mikaél" (« le livre des philosophes »)[27], sont traduits tout en faisant simultanément l'objet, selon Claude Sumner (en), d'enrichissements typiquement éthiopiens.

À partir du XIIIe siècle, la puissance d'Axoum s'affaiblit et le ge'ez s'impose progressivement comme une langue savante de l'écrit face à l'amharique au cours de la période de la dynastie solomonide. Cette période marque le début d'une période intense de productivité littéraire ge'ez. La théologie et les pensées religieuses influencent les écrits. Les vies de saints et les récits de miracle sont nombreux. Parmi ces écrits on peut relever notamment le Kebre Negest rédigé vers 1314 au cours du règne d'Amda Tsion (1314-1344), un des ouvrages majeurs de la littérature éthiopienne, évoquant la fondation de la dynastie salomonide, le règne de David Ier (1382-1413) , ou encore celui de Zara Yacoub (1434-1468) auteur d'ouvrages principalement théologique dont le plus célèbre reste « le Livre de la Lumière ».

Bible éthiopienne (Oregon Museum)

De nouveaux genres poétiques apparaissent : les qenés, les deggwas (recueil d'hymnes religieux) mais aussi les malkes (portrait d'une personne chantée), généralement des stances, avec des rimes, d'environ 55 lignes, chacune adressée à un attribut moral ou physique du saint décrit.

Durant le XVIe siècle, la philosophie écrite nationale, qui s'étend sur douze siècles de production littéraire[27], se développe sous forme d'œuvres uniquement éthiopiennes, notamment La Vie et les maximes de Skendes, le Traité de Zera yacob (Hatata) ainsi que celui de son élève Walda Heymat. Dans son traité écrit au XVIIe siècle, Zara Yacoub développe notamment une philosophie rationaliste, en adoptant une positionnement critique sur le discours religieux soulignant le rôle de la Raison[28]. Au cours du XVIIe siècle, les genres culturels éthiopiens, dont la poésie, la musique et à la danse vivent une phase d'intense développement[29].

Littérature amharique

La littérature amharique apparaît dès le XIIIe siècle, au cours de la dynastie Zagwe, sous forme de courts chants royaux, des paraphrases, des psautiers ainsi que quelques traités théologiques. Cependant, ce n'est que sous le règne de Tewodros II (1855-1868) qu'elle se développe avec les chroniques royales, premières chroniques entièrement en amharique[30].

La traduction du Voyage du pèlerin de John Bunyan en 1892 ouvre la voie à un nouveau genre : la nouvelle allégorique, souvent partiellement en vers, la première est Lebb wellad tarik (1908) de Afeworq Gebre Eyesus. Il sera également l'auteur d'ouvrages didactiques et d'une « Vie de Menelik II ». Plus tard, Hiruy Walde Selassie devient le principal écrivain de la littérature amharique sous la régence de Teferi Mekonnen (1916-1920). Il est l'auteur de biographies de recueils de poésies, de récits historiques et d'essais. Parmi les écrivains du XXe siècle, on peut citer notamment Makonnen Endalkatchew, Kebbede Mikael, Mengistu Lemma, Tadesse Liban, Alemayehu Mogas et Tekle Tsodeq Makuria.

Certains auteurs éthiopiens célèbres pour leurs œuvres en amharique ont aussi publié des romans, pièces de théâtres et poèmes en langue anglaise. C'est la cas notamment, pour le plus célèbre d'entre eux, de Tsegaye Gabre-Medhin[31] qui, à 29 ans, reçoit le prix Haile Selassie I de littérature amharique.

Musique

Article détaillé : Musique éthiopienne.

La musique éthiopienne est extrêmement diversifiée, chacun des 80 peuples du pays possédant ses propres particularités. Les influences sont multiples et incluent la liturgie chrétienne et musulmane ainsi que la musique populaire des pays situés dans la Corne de l'Afrique, somalienne et soudanaise en particulier. La musique éthiopienne utilise souvent un système modal unique pentatonique, caractérisé par des intervalles prolongés entre certaines notes.

La musique des hauts plateaux utilise un mode unique appelé qenet, basé sur quatre modes principaux : tezeta, bati, ambassel, et anchihoy[32]. Trois modes supplémentaires peuvent être considérés comme des variations : tezeta mineur, bati majeur et bati mineur.

Mulatu Astatke, créateur de l'éthio-jazz

Certains morceaux prennent le nom de leur qenet, tel que le tezeta, un chant de nostalgie. Accompagné d'instruments traditionnels, ces modes sont généralement non tempérés[Note 9], mais joués sur des instruments occidentaux tels que piano et guitare ils utilisent le système d'accord tempéré occidental. La musique des hauts plateaux est généralement homophonique ou hétérophonique[32]. En dehors, certaines sont polyphoniques.

Les principaux instruments traditionnels sont masenqo (luth), krar (lyre), washint (flûte), begena (harpe), kebero (double tambour), cistree et tom (chez les Anuaks). Dans la tradition populaire, l’azmari, chanteur et musicien éthiopien, homme ou femme, sont doués pour chanter des vers en s'accompagnant d'une masenqo ou d'une krar. La musique moderne éthiopienne laisse également une part importante à l'éthio-jazz, à travers son créateur Mulatu Astatke, et des musiciens comme le saxophoniste Getatchew Mekurya. Certains musiciens populaires connus sont Mahmoud Ahmed, Gigi Shibabaw, Teddy Afro, Tilahun Gèssèssè, Aster Aweke, Alèmayèhu Eshèté, Neway Debebe, Asnatqèch Wèrqu et Ali Birra. À la fin des années 1990, le label français Buda Musique a réédité les plus grandes voix de l'éthio-jazz avec la collection Éthiopiques permettant la redécouverte, pour les occidentaux, du groove de la corne de l'Afrique.

Cuisine

Article détaillé : Cuisine éthiopienne.
L'injera est recouverte de divers plats dont le doro wat, au centre et à gauche, et le tebs

La cuisine éthiopienne se caractérise par l'usage de l'injera, une galette levée à base de teff qui sert à la fois de couverts et de récipient[33]. L'injera est disposée sur une vaste assiette afin d'y placer les divers ragoût, sauces et légumes. Traditionnellement, le plat est placé sur un messob, une sorte de table ronde faite de paille, afin que la nourriture puisse être partagée en commun[33]. La variété des climats éthiopiens permet de faire pousser un grand nombre de légumes et de féculents : le millet, du maïs, de l'orge, des lentilles, des pois cassés ou encore de la coriandre, qui constituent autant d'élément de base pour les différentes sauces accompagnant l'injera. Ces plats végétariens sont particulièrement consommés lors des jeûnes, strictement respectés par les chrétiens orthodoxes[33].

La sauce la plus courante est le wet, accompagnée d'oignons rouges, de niter kibbeh et assaisonné de bérbéré. Ce dernier est un des ingrédients principaux contenant du piment rouge. Son nom s'applique aussi à un mélange d'épices parmi lesquelles le piment séché à proprement parler, mais également de l'ail, du gingembre, des oignons rouges, de la graine de rue, de la cardamome, des clous de girofle ou encore de la cannelle.

Cérémonie traditionnelle du café, Éthiopie

Le wet peut être réalisé à partir de viande de bœuf, de poulet, d'agneau et dans certaines régions de poisson. Il peut également inclure légumes, pois cassés, pommes de terre, carottes et blettes. La viande peut aussi être servie sautée ou crue (ketfo ou gored gored) accompagnée avec du piment[33]. Une fois l'ensemble des plats disposés sur l'injera, chaque personne utilise un bout de cette-même galette pour se saisir des aliments. Il est possible qu'une personne porte la nourriture à la bouche d'une autre, il s'agit d'un signe d'amitié et de respect.

Le t'ella est une bière traditionnelle brassée à partir d'orge ou de malt, de houblon et de feuilles de gesho, employée également dans la fabrication du t'edj — sorte d'hydromel qui accompagne souvent les plats éthiopiens[33]. Enfin, le café, probablement né en Éthiopie, occupe une place centrale dans la culture et les traditions nationales[33]. Il est servi, à l'aide d'une jebena, une cafetière locale, en toute fin de repas au cours d'une cérémonie où l'on brûle de l'encens. Les grains de café sont grillés sur place et l'ont fait sentir leur odeur aux hôtes. Dans la plupart des foyers, un espace tapissé d'herbes et dote de meubles dédiés est souvent agrémenté.

Sport

Article détaillé : Sport en Éthiopie.

Le football reste un sport populaire en Éthiopie, même si l'équipe d'Éthiopie de football n'obtient pas des résultats très probants. Au niveau national, il existe deux principales compétitions, le championnat d'Éthiopie de football et la coupe d'Éthiopie de football. Le pays dispose de plusieurs clubs parmi lesquels on peut citer l'EEPCO, l'Ethiopian Coffee et le Saint-George SA.

Sur le continent africain, la Fédération d'Éthiopie de football fait partie de la Confédération africaine de football. Le pays a accueilli la CAN en 1962, année où elle remporte le championnat, en 1968 et en 1976. L'Éthiopie participe à la Coupe CECAFA des nations qu'elle a organisé en 1987, 2001, 2004 et 2006, et qu'elle a remporté en 1987, 2001, 2004 et 2005. Les clubs éthiopiens sont en revanche beaucoup moins performants dans le cadre de la Coupe Kagame Inter-Club qu'ils n'ont jamais remporté. Si le pays a accueilli une fois en 2001 la Coupe d'Afrique des nations junior, elle ne s'est jamais illustrée dans cette compétition. Au niveau international, l'Éthiopie est 123e du classement mondial de la FIFA en avril 2010 ; elle n'est jamais parvenue à se qualifier pour la phase finale de la coupe du monde.

L'athlétisme est également populaire en Éthiopie qui a remporté de nombreuses distinctions au sein des compétitions internationales. Parmi les Éthiopiens ayant dominé les courses de fonds au niveau mondial, ces dernières années, on note particulièrement Haile Gebreselassie, champion du monde et champion olympique, qui a établi plus de vingt nouveaux records du monde et détient à ce jour en 2010 le record mondial du marathon. Kenenisa Bekele, champion du monde de cross country et double champion olympique à Pékin, qui détient à ce jour en 2010 les records du monde du 5 000 mètres et du 10 000 mètres. Chez les femmes, Tirunesh Dibaba, double championne olympique à Pékin, est détentrice du record du 5 000 mètres. Meseret Defar réalise quant à elle la deuxième meilleure performance mondiale dans la même discipline[34],[35],[36].

Parmi les autres coureurs éthiopiens s'étant distingués dans cette discipline, il faut citer également Abebe Bikila, Derartu Tulu, Mamo Wolde, Miruts Yifter, Gebregziabher Gebremariam et Million Wolde. Abebe Bikila fut quant à lui le premier médaillé d'or africain en remportant le marathon olympique en 1960[Note 10] et 1964, établissant un nouveau record du monde les deux fois. L'Éthiopienne Derartu Tulu fut la première femme africaine à remporter une médaille d'or aux jeux olympiques de Barcelone en 1992, dans le 10 000 mètres. Depuis 2001, l'Éthiopie organise le Great Ethiopian Run qui est un marathon regroupant plusieurs milliers de coureurs et qui se déroule à Addis-Abeba.

Société

Calendrier et indication spécifique de l'heure

Article détaillé : calendrier éthiopien.

Le calendrier éthiopien est, comme les calendrier julien, copte et de l'Égypte antique, structuré sous la forme de douze mois lunaires de trente jours chacun complété d'un treizième de cinq ou six jours épagomènes. Le nouvel an éthiopien, enqoutatash (እንቁጣጣሽ), le 1er du mois de meskerem (መስከረም), correspond au 11 septembre du calendrier julien lorsque le sixième jour est ajouté, correspondant, dans le calendrier grégorien, aux 11 et 12 septembre pour les années allant de 1901 à 2099. Pour l'indication des années, l'origine du calendrier, qui fixe la date de l'Incarnation de Jésus, correspond au 25 mars de l'an 9 dans le calendrier julien. Elle correspond à l'indication donnée par Anianus d'Alexandrie au Ier siècle et diffère en cela de celle de sa modification introduite par Denys le Petit au début du Ve siècle qui a été retenue pour le calendrier grégorien. La première année civile débuta donc le 29 août de l'an 8 du calendrier julien, ce qui entraîne un décalage de huit ans avec le comput grégorien du 1er janvier au 10 septembre puis un décalage de sept ans pour le reste de l'année grégorienne. L'entrée dans le troisième millénaire a ainsi été fêtée à une date correspondant au 11 septembre 2007 du calendrier grégorien.

Les mois du calendrier éthiopien sont indiqués dans le tableau suivant.

Amharique Copte Date de commencement Date de commencement
après le 6e jour épagomène
መስከረም (Meskerem) Tut 11 septembre 12 septembre
ጥቅምት (Teqemt) Babah 11 octobre 12 octobre
ኅዳር (Hedar) Hatur 10 novembre 11 novembre
ታኅሣሥ (Tahesas) Kiyahk 10 décembre 11 décembre
ጥር (Ter) Tubah 9 janvier 10 janvier
የካቲት (Yekatit) Amshir 8 février 9 février
መጋቢት (Megabit) Baramhat 10 mars 10 mars
ሚያዝያ (Miyazya) Baramundah 9 avril 9 avril
ግንቦት (Guenbot) Bashans 9 mai 9 mai
ሰኔ (Sené) Ba'unah 8 juin 8 juin
ሐምሌ (Hamlé) Abib 8 juillet 8 juillet
ነሐሴ (Nehasé) Misra 7 août 7 août
ጳጐሜን/ጳጉሜን (Pagoumén) Nasi 6 septembre 6 septembre

Le décomptage des heures s'effectue de manière distincte de celle communément employée dans le reste du monde. Celui-ci s'effectue sur la base de deux cycles de deux fois douze heures à partir du coucher du Soleil. Les distinctifs ke qenou (« de la journée ») et ke meshetou (« de la soirée ») sont l'équivalent des « A.M. » et « P.M. » dans le système américain.

La proximité de l'équateur (latitude 9 °03' Nord et longitude 38 °42' Est pour Addis-Abeba), rend en effet minime la variation du la durée du jour, restant à peu près constante de 6 h à 18 h (12 h - 12 h en Éthiopie) au cours de l'année. Ainsi, à 6 h 00, heure solaire locale, il est 12 h 00 heures à Addis Abeba ; à 19 h 00, il est 1 h 00 à Addis Abeba et à 17 h 00 de l'après-midi, il est 23 h 00.

Tableau de correspondance
Système éthiopien 12 h 13 h 14 h 15 h 16 h 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h 22 h 23 h 0 h 1 h 2 h 3 h 4 h 5 h 6 h 7 h 8 h 9 h 10 h 11 h
Système français 6 h 7 h 8 h 9 h 10 h 11 h 12 h 13 h 14 h 15 h 16 h 17 h 18 h 19 h 20 h 21 h 22 h 23 h 0 h 1 h 2 h 3 h 4 h 5 h

L'Éthiopie dispose d'une avance de 3 heures sur le méridien de Greenwich et n'a pas adopté l'heure d'été.

Fêtes et jours fériés

Célébration de Temqet à Gonder
Célébration de Mesqel sur Mesqel adebabay, Addis-Abeba
Date Nom local/amharique Nom français Remarque
11 septembre እንቁጣጣሽ(Enqoutatash) Nouvel an éthiopien
27 septembre መስቀል (Mesqel) Fête de la vraie Croix
24 octobre 'Id al-Fitr Fin du mois du Ramadan Variable. La date était pour l'année 2006
6 ou 7 janvier ገናልደት (Genna/Ledet) Noël orthodoxe Naissance de Jésus-Christ
10 janvier 'Id al-Adha Fête du Sacrifice Variable. La date était pour l'année 2006
19 janvier ጥምቀት (Temqet) Fête de l'Épiphanie
2 mars ዓድዋ ድል (Ye'adowa Bä'al ou Adwa del) Commémoration de la victoire d'Adoua Victoire de Menelik II contre les Italiens (1896)
11 avril Mäwlid an-Nabi Naissance du prophète Mahomet Variable. La date était pour l'année 2006
21 avril ስቅለት (Seqlet) Vendredi saint orthodoxe Variable. La date était pour l'année 2006
23 avril ፋሲካ (Fasika) Pâques orthodoxe Variable. La date était pour l'année 2006
24 avril ትንሣኤ (Tensaé) Lundi de Pâques Variable. La date était pour l'année 2006
1er mai የሰራተኞች ቀን (Yeserategnoch qen) Fête du Travail
5 mai ኦሜድላ ድል (Omédla del) Jour de la Libération

Victoire des Patriotes éthiopiens

Retour d'Hailé Sélassié Ier à Addis-Abeba (1941)
28 mai ብሔራዊ በዓል (Behérawi beal) Fête nationale Chute du régime Derg
18 août ቡሄ (Buhe) Transfiguration de Jésus-Christ

État, politique et institutions

Répartition des pouvoirs

Depuis 1995, l'Éthiopie est officiellement appelée : République fédérale démocratique d'Éthiopie (RFDE)[c 4]. Le fonctionnement de ses institutions est codifié par le texte constitutionnel ratifié en décembre 1994 et entré en application le 22 août 1995. L'Éthiopie est un régime parlementaire[c 5] fédéral[c 4] et bicaméral[c 6]. D'après la constitution, la RFDE comprend deux organes : le gouvernement fédéral et les États membres, les neuf régions fédérales[c 7]. Tous les pouvoirs souverains appartiennent aux « Nations, Nationalités et Peuples d'Éthiopie », souveraineté qu'ils expriment à travers des représentants élus[c 8] au suffrage universel direct et siégeant au Conseil des représentants des peuples. En raison de la nature fédérale de la République, une des deux chambres du parlement représente les régions, il s'agit du Conseil de la fédération.

Article détaillé : Président de l'Éthiopie.

Le chef de l'État est le président de la République, fonction essentiellement honorifique. Il est élu par les deux chambres à la majorité des deux tiers, pour un mandant de six ans, renouvellable une fois[c 9]. Les pouvoirs et fonctions du président comprennent, entre autres : la promulgation des lois et traités internationaux ratifiés par le Conseil des représentants des peuples, la convocation de la session annuelle de la réunion des deux assemblées, la réception des lettres de créance des ambassadeurs. En outre, il dispose du droit de grâce[c 10]. L'actuel président est Girma Welde Giyorgis, réélu le 9 octobre 2007 à ce poste.

Le pouvoir exécutif appartient au Premier ministre et au Conseil des ministres[c 11]. Le Premier ministre est désigné parmi les membres du parti majoritaire au Conseil des représentants des peuples[c 12]. Il dirige le Conseil des ministres et mène la politique du pays[c 13]. Il est chef de l'exécutif, président du Conseil des ministres, dont il dirige les activités, et commandant en chef des forces armées nationales. Il doit suivre et assurer la mise en œuvre des lois, des politiques, des directives et des autres décisions adoptées par le conseil des Représentants des Peuples[c 13]. Outre la direction des affaires nationales, il supervise la mise en œuvre de la politique étrangère[c 13]. L'actuel Premier ministre est Meles Zenawi à la tête du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien, la coalition majoritaire au Conseil des représentants des peuples.

Le Conseil des Représentants des Peuples détient le pouvoir législatif dans les limites fixées par la Constitution à l'article 55[c 14]. Les compétences du Conseil touchent aussi bien des domaines fiscaux et budgétaires que des questions pénales ou encore d'administration. Ses membres sont élus pour un mandat de cinq ans, au suffrage universel direct[c 15]. Des 550 sièges, 20 sont réservés à des « Nationalités et Peuples » minoritaires[c 15]. Les lois adoptées sont soumises au président chargé de leur promulgation[c 16]. Les membres du Conseil doivent également désigner au sein du parti ou de la coalition majoritaire, le Premier ministre. Celui-ci peut dissoudre le Conseil afin d'organiser de nouvelles élections[c 17].
Le Conseil de la fédération est une institution particulière du système politique éthiopien. Il a le pouvoir d'interpréter la Constitution et de régler les questions relatives aux droits des « Nations, Nationalités et Peuples[c 18] ». Il résout les différends entre diverses régions et doit empêcher celles-ci de mettre en danger l'ordre constitutionnel[c 18]. Ses membres sont élus au suffrage indirect par les conseils régionaux bien que ceux-ci peuvent organiser un suffrage direct permettant à la population de s'exprimer[c 19]. Chaque « Nation, Nationalité et Peuple » doit être représenté par au moins un membre[c 19]. À chaque million d'habitants additionnel, un membre en plus de ce peuple est autorisé à siéger[c 19].

Le pouvoir judiciaire est constitutionnellement indépendant[c 20]. La Cour suprême fédérale est la plus haute juridiction du pays. Elle prépare les budgets, soumis au Conseil des Représentants des Peuples, prévus pour les cours fédérales. Elle constitue la juridiction d'appel de toutes les affaires traitées par la Haute Cour Fédérale ; celle-ci est compétente pour les affaires civiles portant sur des montants supérieurs à 500 000 birr. Il existe également deux catégories de tribunaux régionaux : les cours de woredas et ceux des awrajas. En plus des juridictions de droit commun, il existe des tribunaux militaires, intégrés à la Cour suprême fédéral. L'État éthiopien donne aux musulmans du pays la possibilité de faire traiter les litiges de droit de la famille par des tribunaux islamiques.
La Cour suprême fédérale est associée au conseil constitutionnel. En effet, le président et le vice-président de la Cour suprême fédérale sont également, respectivement, président et vice président du conseil constitutionnel[c 21]. Cet organe est chargé d'examiner les litiges d'ordre constitutionnel et de remettre ses recommandations au Conseil de la Fédération qui doit trancher[c 22]. S'il estime qu'une loi fédérale ou régionale est contraire à la Constitution, il étudie la norme mise en cause et soumet son jugement au Conseil de la Fédération pour une ultime décision[c 22].

Vie politique

Depuis la moitié des années 1990, le pays est en cours de démocratisation. Le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE) a remporté toutes les élections depuis 1995. Cette coalition est dominée par le Front de libération du peuple du Tigré, un parti présidé par Meles Zenawi, premier ministre d'Éthiopie depuis 1995. Depuis l'arrivée au pouvoir du FDRPE, la vie politique et de manière générale, la société éthiopienne, se sont libéralisées. Le régime du parti unique instauré sous le Derg a été aboli et les partis politiques d'opposition sont légalement autorisés. Au niveau sécuritaire, le gouvernement a fait face à des insurrections dans la région de l'Ogaden, réprimées en 2007-2008 ainsi qu'à la rébellion du Front de libération Oromo.

La principale coalition d'opposition est le Forum pour la démocratie et le dialogue, surnommé Medrek. Il comprend le parti de l'Unité pour la démocratie et la justice, surnommé Andenet (« unité » en amharique), fondé en 2008 en vue des élections générales de mai 2010 et dirigé par Bertoukan Mideksa. Il comprend les partis de la coalition pour l'unité et la démocratie ayant participé au scrutin de 2005.

Les élections de mai 2010 ont largement renforcé le FDRPE. Les débats ont tourné essentiellement autour des questions économiques. Si le gouvernement revendique un bilan positif et une croissance annuelle forte, l'opposition affirme qu'il ne s'agit que d'évolutions statistiques et non de véritables changements.

Politique étrangère et relations internationales

Meles Zenawi et Vladimir Poutine en décembre 2001.

Si depuis sa fondation l'État éthiopien entretient des relations diplomatiques avec d'autres pays, la création du Ministère des Affaires étrangères date de 1907[37]. La politique étrangère est élaborée par le ministre des Affaires étrangères puis étudiée par le gouvernement. S'il est en accord, il autorise sa mise en application par le ministre, supervisée par le Premier ministre[c 13]. Teferi Mekonnen, qui occupe le poste de 1917 à 1930, demeure un des plus importants ministres des Affaires étrangères. Durant les années 1920, il plaide en Éthiopie pour une plus grande ouverture sur le monde. Un de ses grands succès a été l'admission de son pays, en 1923, à la Société des Nations[38]. L'année suivante, il rend visite à divers chefs d'États européens, devenant le premier ministre des affaires étrangères à pleinement s'impliquer dans les questions diplomatiques[38]. À partir des années 1950, il renforce les liens avec plusieurs pays occidentaux et particulièrement les États-Unis, avec lesquels des accords militaires sont signés[39]. Le régime du Derg (1974 - 1991) constitute une sorte de parenthèse dans la diplomatie éthiopienne. L'idéologie socialiste et la violence du pouvoir amènent le pays à être isolé tout en comptant sur l'appui de l'URSS.

L'arrivée au pouvoir du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien marque le début d'une nouvelle période dans la politique étrangère du pays dont l'image se normalise. L'Éthiopie reprend ses liens avec les États-Unis, la collaboration entre les deux États concernent entre autres la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l'Afrique. Plus généralement, les relations sont bonnes avec la majorité des pays occidentaux et d'Afrique où l'Éthiopie a participé à diverses opérations de maintien de la paix[40].

Représentations diplomatiques de l'Éthiopie dans le monde      Éthiopie      Ambassade      Consulat

En revanche, les relations avec ses divers voisins peuvent être très cordiales ou mauvaises. L'Éthiopie entretient de bons rapports avec trois voisins : le Soudan, Djibouti et le Kenya, essentiellement commerciaux avec les deux premiers et plutôt historiques et géopolitiques avec le dernier. L'amélioration des relations avec le Soudan date du début des années 2000 avec les discussions concernant l'approvisionnement en pétrole de l'Éthiopie[40]. Les rapports sont cordiaux avec Djibouti, dont le port de la capitale constitue le point d'entrée et de départ des produits commerciaux transportés par l'unique ligne ferroviaire d'Ethiopie[41]. La question de l'accès à la mer est d'ailleurs un des facteurs déterminant les choix diplomatiques, le pays étant le seul de la région ne disposant d'aucun littoral. Les relations avec le Kenya sont particulièrement cordiales dès l'accès à l'indépendance du pays en 1960[42]. Les deux chefs d'État, Haile Selassie I et Jomo Kenyatta sont proches ; en outre, les deux pays font face à la même menace : l'irrédentisme somali visant à la constitution d'une Grande Somalie[42].

L'Éthiopie prête en effet beaucoup d'attention à la Somalie ; les deux pays se sont affrontés durant une guerre de 1977 à 1978[41]. En outre, Mogadiscio a apporté son soutien à des mouvements rebelles ogadenis dès les années 1960. Toutefois, les rapports ont évolué puisque l'Éthiopie soutient le gouvernement fédéral de transition face aux Tribunaux islamiques allant même jusqu'à intervenir militairement en Somalie de 2006 à 2009. En parallèle, Addis Abeba entretient de bon rapport avec le Somaliland. À nouveau la question de l'accès à la mer, notamment via les ports de Zeilah et Berbera, est capitale ; l'Éthiopie voit dans la stabilité de cette région, un facteur positif pour le commerce. Le pays a perdu son accès à la mer depuis l'indépendance de l'Érythrée en 1993. Initialement, les relations avec ce nouvel État sont bonnes, l'Éthiopie a d'ailleurs été le premier gouvernement à reconnaître l'indépendance de son ancienne province[43]. À partir de 1997, la dégradation des rapports débouche l'année suivante sur une guerre frontalière qui prend fin en 2000. Depuis, les rapports entre les deux États restent tendus[43].

Système éducatif

Article détaillé : Éducation en Éthiopie.
L'université d'Addis Abeba, premier institut d'enseignement supérieur du pays, fondé par Haile Selassie I.

Historiquement influencé par l'Église éthiopienne orthodoxe, le système éducatif s'est laïcisé depuis 1974 et régionalisé depuis 1991. Les premières écoles publiques sont construites sous le règne de Menelik II. L'éducation a été un des domaines privilégiés sous Haile Selassie, de nombreux instituts sont fondés à travers le pays donc l'université d'Addis Abeba. Néanmoins, l'enseignement est encore marqué par une influence de l'Église et une grande place accordée à la langue amharique. Depuis l'adoption de la nouvelle Constitution de 1994, les écoles primaires peuvent enseigner dans la langue régionale. Principalement financé par l'État, l'école est gratuite ; en parallèle, il existe des instituts privés généralement gérés par des organisations étrangères ou des Églises. Administré et préparé par le ministère de l'Éducation, le cursus scolaire en Éthiopie est composé en général de six années d'école primaire, quatre années de cursus secondaire et deux années de cursus secondaire supérieur[44].

L'éducation rencontre plusieurs problèmes en Éthiopie. La grande majorité de la population étant rurale, l'accès à une école publique peut s'avérer difficile. En outre, le manque d'effectif et de ressources dans les écoles publiques compliquent la tâche des enseignants. Ces problèmes sont inconnus dans les écoles privées payants, tendant à créer un système à deux niveaux. Néanmoins, la situation semble s'améliorer depuis les années 1990. Le nombre de femmes allant à l'école a doublé entre 1996 et 2000. En 2004, l'institut statistique de l'UNESCO ont montré que 44,6 % des enseignants de primaire étaient des femmes et que 93,4 % des filles étaient scolarisées dans l'enseignement primaire[45]. Durant la fin des années 1990, l'Éthiopie a formé environ 7 000 enseignants chaque année. Dans l'éducation supérieure, il y a un peu plus de 2 200 professeurs dont les deux tiers ont une maîtrise ou un doctorat, les autres ayant au moins le niveau baccalauréat. Il y a par ailleurs près de 6 000 personnels administratifs dans l'enseignement supérieur qui passent 75 % de leur temps à enseigner et se consacrent le reste du temps à des activités de recherche[46].

Système de santé

Article détaillé : Santé en Éthiopie.

Selon les données de la Banque mondiale, l'Éthiopie aurait 1 médecin pour 100 000 personnes[47]. Toutefois, dans son rapport annuel 2006, l'Organisation mondiale de la santé évoque un chiffre de 1 936 médecins, ce qui représenterait environ 2 6 médecins pour 100 000 personnes[48].

Les principaux problèmes de santé en Éthiopie sont liés aux maladies qui se transmettent essentiellement en raison des conditions sanitaires précaires et de la malnutrition. Ces problèmes sont accrus par le manque de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructures de santé. Le pays compte 119 hôpitaux, dont 12 à Addis-Abeba, et 412 centres de santé[49].
L'Éthiopie a une moyenne d'espérance de vie de 45 ans. Le taux de mortalité infantile est relativement élevé avec environ 10 % d'enfants décédant au moment ou juste après leur naissance, chiffre auquel il faut ajouter les complications post-natales, comme les fistules obstétricales, qui affectent de nombreuses femmes. Le sida est également très répandu dans le pays.

Le faible nombre de professionnels de santé disposant d'une formation médicale moderne et le manque de fonds accordés aux services médicaux, explique que beaucoup d'Éthiopiens fassent encore appel aux guérisseurs traditionnels qui emploient des thérapies maison pour guérir les maux communs. Un nombre croissant de « faux guérisseurs » côtoie les véritables guérisseurs[50] qui seuls connaissent véritablement les vertus curatives des plantes et minéraux. Le fort taux de chômage fait que de nombreux éthiopiens sont incapables de subvenir aux besoins de leur famille et donc encore moins capables d'acheter des médicaments. C'est principalement en raison du coût de la médecine moderne que la médecine traditionnelle continue à être la plus répandue.

Économie

Article détaillé : Économie de l'Éthiopie.

Ressources naturelles

Carte représentant les blocs ouverts à l'exploration pétrolière dans le bassin de l'Ogaden.
Voir la carte complète sur le site du ministère[51])

D'une superficie de plus d'un million de kilomètres carrés, l'Éthiopie dispose de 65 % de terres arables. Les 14 rivières importantes ou moyennes traversant le pays constituent par ailleurs des ressources en eau immenses[52]. En outre, son très riche cheptel constitué de 27 millions de bovins, 24 millions d'ovins et 18 millions de caprins, place le pays au premier rang continental et au dixième au niveau mondial[52]. La déforestation s'est considérablement accrue au cours du XXe siècle et constitue un problème environnemental majeur : les forêts ne constituent plus que 3 % du territoire en 2007, contre une estimation de 40 % au siècle passé[52]. Toutefois, des efforts de reforestation ont permis d'inverser cette tendance puisque le chiffre est passé à 9 % en 2010[53].

Les ressources géologiques sont l'or (280 2 millions de dollars de recettes d'exportations en 2010-11[54]), le gaz naturel, le fer, l'étain, la lignite et le potassium[52]. On trouve également des pierres gemmes (opale[55],[56], topaze,olivine, corindon), des métaux rares (notamment le tantale utilisé dans les produits électroniques grand public, pour un revenu de 4 millions en 2009-2010[57]) et des minerais industriels[58]. L'Éthiopie dispose de 5 bassins sédimentaires potentiellement riches en hydrocarbures : le bassin de l'Ogaden, à Gambela, le bassin de l'Omo, Abay et dans le Tigré[59]. Les explorations pétrolières en Éthiopie débutent en 2000 avec l'implantation de la compagnie américaine Hunt Oil[60].

Depuis 2007, le gouvernement prévoit d'étendre les concessions dans des plateaux situés au centre du pays[61]. On compte en 2009, 11 compagnies présentes dans le pays[60]. Au niveau des énergies fossiles, le ministère table sur un potentiel de 113 milliards de tonnes de gaz naturel et 253 milliards de tonnes de schistes bitumeux[60]. À ce jour l'Éthiopie appartient aux pays non-producteurs de pétrole[60].

Ces exploitations font l'objet de vives tensions avec les populations locales, notamment le mouvement séparatiste de l'Ogaden accusant le gouvernement éthiopien de défendre l'implantation de ces compagnies conduisant à des déforestations massives des zones pétrolifères, au déplacement des populations nomades et à la destruction d'un équilibre écologique fragile[62]. En 2007, un attentat contre une compagnie pétrolière chinoise fait 74 victimes[63].

Le café arabica fait vivre 12 % de la population, lors de la période des récoltes, qui s'étire d'octobre à février. Le pays pourrait, dans quelques années, passer du sixième au troisième rang des exportateurs mondiaux de café arabica.

Secteur énergétique

Le potentiel hydroélectrique est estimé à 45 000 mégawatts, 5 000 mégawatts pour l'énergie géothermique, 300 millions de tonnes de charbons, 15 à 20 millions tonnes pour l'énergie issue des déchets agricoles, 1,120 million de tonnes de bois et un potentiel de 100 GW pour l'énergie éolienne. Dans certaines régions, les conditions climatiques seraient également favorables au développement de l'énergie solaire[60]. Un programme public d'accès universel à l'électricité (Universal Electrification Access Programme)[64] a été mis en place afin d'étendre le réseau d'électricité dans les zones rurales. La capacité de production s'est considérablement accrue et devrait continuer sa progression du fait de la construction de quatre nouveaux barrages hydroélectriques[52].

Le premier barrage (le barrage de Gilgel Gibe, aussi appelé Gibe I) d'une capacité de 184 MW[65] a été achevé en 2004. Le projet Gibe II (420 MW[65] ) est en cours de construction. En mars 2010, un contrat est signé avec la compagnie chinoise Chinese Gezhouba Group Company pour la construction de la centrale hydroélectrique Genale Dawa 3 d'une capacité de 254 MW[66]. Avec une capacité de 1 800 MW (6 500 GWh par an), il permettrait de doubler la capacité de production électrique en Éthiopie, permettant l'accès à 70 % des personnes qui ont sont actuellement dépourvues[67]. Il constitue le second plus grand barrage hydroélectrique de l'Afrique subsaharienne[68]. Ce projet fait par ailleurs l'objet de vives critiques pour son impact écologique à l'étranger[69],[70], bien que soutenu par le fond des Nations Unies pour l'environnement[71].
Un rapport de l'OCDE datant de 2008 note que, malgré la présence de ressources abondantes, la distribution et la gestion de l'eau restent globalement inégales et inefficaces[72].

Situation actuelle

Après une période de récession de l'économie en 2003, le PIB suit depuis 2004 une croissance supérieure à 6 % atteignant 8,2 % en 2006-2007 bénéficiant à des secteurs diversifiés de l'économie[72]. Le PIB par habitant, en augmentation, reste faible à 1 346 $ en 2008[73]. En décembre 2009, le magazine britannique d'économie The Economist prévoit la cinquième plus forte croissance mondiale en Éthiopie pour 2010, atteignant ainsi une croissance à deux chiffres pour la septième année consécutive[74].

Répartition du PIB par secteur en Éthiopie en 2006-07 (source : OCDE, 2008)

La part de l'industrie dans le PIB est en hausse (12 % du PIB en 2006-07), ainsi que celle du secteur manufacturier (10,5 %), du commerce de gros (15 %), du BTP (10,9 %), de l'électricité et de l'eau (13,6 %), des transports et des télécommunications (7,6 %)[72]. L'économie reste dominée par l'agriculture (47 % du PIB en 2006-07) qui occupe néanmoins une part décroissante relativement au PIB (56 % en 1996-97). En volume le secteur montre un taux de croissance de 9,4 % en 2006-07, principalement due à la forte progression (40 %) des exportations de café, la forte hausse du volume contrebalançant le repli du prix unitaire[72].

La politique monétaire suivie vise à maintenir la stabilité des prix, des taux de change et de protéger le système financier. La masse monétaire et le crédit se sont accrus de 19,7 et 23,1 % resp. en 2006-07. Néanmoins, du fait de la forte hausse découlant des grands projets publics et de la hausse des prix du carburants, le prix des denrées alimentaires et d'autres produits a subi une inflation de 18,9 % en 2006-07. La Banque nationale d'Éthiopie a réagi en freinant directement les prix des produits de première nécessité, en interdisant certaines exportations (maïs) et en distribuant des produits subventionnés aux populations pauvres (blé, huile)[72].

Jeune femme récoltant le café en Éthiopie

Les exportations ont suivi une progression de 18,05 % en 2006-07, représentant un total de 1,2 milliard de dollars. Le café représente environ un tiers de celles-ci, suivi des oléagineux. Les exportations de viandes et de produits carnés sont en baisse, ceux de produits non agricoles comme les fleurs en forte hausse. Plus de la moitié de ces exportations sont destinées à des pays européens, un tiers à l'Asie (Arabie saoudite, Chine, Japon) et parmi les pays africains, on note principalement les pays limitrophes (Djibouti, Somalie et Soudan)[72]. Les importations ont suivi une progression de 11,6 % s'établissant à 5 milliards de dollars. En forte hausse, celles-ci reflètent l'essor du secteur industriel, notamment du BTP. Les biens d'équipements représentent un tiers du total de ces importations en 2006-07. Les trois cinquièmes des importations proviennent d'Asie (Arabie saoudite, Chine, Japon), plus d'un quart proviennent d'Europe, un dixième sont d'origine africaine[72].

La dette extérieure de l'Éthiopie s'établit à 2 3 milliards de dollars en 2006-07. Celle-ci est en net recul depuis 2005-06 (6 milliards $) principalement du fait de l'initiative d'allègement de la dette multilatérale à l'égard des institutions financières internationales (Initiative PPTE). En 2007, le pays a également signé un accord d'annulation de la dette avec la Chine[72].

Différents programme sont en cours afin de réduire la pauvreté, notamment le plan d'accélération du développement durable pour mettre un terme à la pauvreté (Pasdep –Plan for Accelerated and Sustained Development to end Poverty), qui couvre la période 2005/06-2009/10, le programme national de sécurité alimentaire (National Food Security Program) financé par les pouvoirs publics, et le filet de protection pour un niveau de production minimale (PSNP) financé par la Banque mondiale. Ce dernier vise à employer les pauvres à la construction d'infrastructures (routes entre autres) et distribuer de la nourriture gratuitement aux plus démunis. Selon le Pasped la pauvreté a reculé à 38,7 % en 2005[72]. Le chômage reste élevé (26 %) et difficile à chiffrer, il est estimé à 40 % à Addis-Abeba[72].

Échafaudages en bambous à Addis-Abeba

Les résultats économiques en Éthiopie font l'objet d'interprétations variées aussi bien entre le gouvernement et l'opposition que des experts internationaux, lié au fait que les privatisations et les réformes structurelles recommandées par les institutions financières internationales ne sont effectuées qu'avec modération par les autorités éthiopiennes. Ainsi l'OCDE note que « la privatisation joue un rôle clé dans les réformes lancées au milieu des années 90 ». Alors que le premier ministre éthiopien Meles Zenawi dénonce dès 2003 des « pressions exercées par le Fonds monétaire international sur le gouvernement pour vendre ses entreprises publiques, mais nous résisterons à ces mesures qui pourraient provoquer l'effondrement de notre économie[75] ». Pour Joseph Stiglitz, prix Nobel d'économie, l'Éthiopie est un exemple flagrant des dérives de la mondialisation, notant que les mesures préconisées par institutions financières internationales comme le FMI ont systématiquement freiné les progressions sociales[76].

Par ailleurs le rôle de ces institutions dans l'abandon de l'Accord international sur le Café en 1989, est vivement dénoncé par les altermondialistes et les ONG, cet abandon ayant conduit à la disparition de tous les outils de contrôle des prix par les pays producteurs soumis depuis aux fluctuations boursières[77], et à une chute du prix de revient aux producteurs du café (divisé par deux entre 1988 et 2003)[78]Selon un rapport de l'ONG Oxfam, « le café est une véritable mine d'or pour les torréfacteurs internationaux » tandis que les producteurs « ne reçoivent qu'environ 6 % de la valeur du paquet de café vendu dans les supermarchés et les épiceries[79] ».

En 2005 le documentaire multinationales. Une polémique éclate entre l'Éthiopie et l'Association nationale de Café américaine (National Coffee Association) dirigée par Starbucks en 2007[80], cette dernière s'opposant à une procédure de labellisation du café dont la mise en place pourrait rapporter 88 millions de dollars par an à l'Éthiopie selon Oxfam[81].

En mai 2009, un rapport de l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture[82] met au jour une tendance se développant en Afrique, et en Éthiopie prise en exemple dans le rapport, consistant en l'achat de terres agricoles à grande échelle par des investisseurs étrangers. Le rapport montre que ces transactions, si elles peuvent créer des opportunités au niveau des infrastructures, peuvent également se révéler nuisibles, les populations locales étant généralement insuffisamment indemnisées des pertes de terre (p. 93), la production étant dirigée vers les besoins des investisseurs privés étrangers (par exemple, en biocarburant, p. 50, 100, compagnie Flora EcoPower (Allemagne), p. 41[83]). Le rapport indique que ces investisseurs sont aussi bien les pays asiatiques, ceux de la péninsule arabique, que l'Union européenne et les États-Unis bien que ces derniers soient plus rarement dénoncés à ce sujet dans la presse internationale (p. 34).

Finance internationale et organismes mondiaux

En février 2003, L'Éthiopie a déposé une demande d'entrée auprès de l'Organisation mondiale du commerce[84]. Le processus est ralenti par le refus du gouvernement éthiopien de libéraliser les secteurs bancaires et celui des télécommunications. Il considère que ces réformes pourraient nuire aux récents progrès économiques[85],[86].

Au niveau continental, l'Éthiopie est membre du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) dont Meles Zenawi est depuis Président du Comité des Chefs d'État et de Gouvernement chargé de la mise en œuvre du NEPAD[87]. Au niveau régional, l'Éthiopie est membre du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA)[88]. Elle est également membre de son institution financière, la Banque de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique Australe pour le Commerce et le Développement (Banque PTA (en))[89],[86].

En mars 2010, un rapport chiffre pour la première fois les fuites illicites de fonds liées à des pratiques financières hors des pays africains[90]. Les fuites de capitaux hors de l'Éthiopie par des pratiques financières illicites sont estimées à 10 9 milliards de dollars de 1970 à 2009[91]. Ces fuites massives et illégales sont facilitées par une opacité mondiale du système financier[92].

Infrastructures et télécommunications

Article détaillé : Transport en Éthiopie.

L'Éthiopie dispose d'un réseau routier de 37 000 km en forte évolution. La proportion de routes en bon état est passée de 17 % en 1997 à 49 % en 2004[93]. Actuellement, l'unique voie ferrée du pays permet de relier la capitale Addis Abeba au port de Djibouti. Des négociations sont en cours en février 2010 avec une compagnie indienne afin d'améliorer et d'accroître les capacités de cette liaison[94]. En 2010 un programme d'extension du réseau ferroviaire est lancé, envisageant au finale la construction de 5,000 kilomètres de voies ferrées supplémentaires reliant Addis Abeba aux diverses régions du pays[95].

L'Éthiopie dispose de 56 aéroports[96] dont 13 avec des pistes goudronnées[97]. Créée en 1951, la compagnie Ethiopian Airlines a depuis reçu de nombreux prix internationaux[98].

Les infrastructures de télécommunications nationales comptent parmi les moins développées au monde pour la téléphonie fixe et mobile. En parallèle, l'Éthiopie est un des pays investissant le plus dans les technologies d'informations et de communications, relativement à son PNB[99]. Le nombre d'usagers de la téléphonie mobile a plus que doublé durant l'année 2006 atteignant 866 700 abonnés contre 410 000 en 2004-05[72]. En 2009, le pays compte 3 168 000 d'abonnés à la téléphonie mobile et 360 000 usagers d'internet[18]. L'entreprise de télécommunications d'État Ethiopian Telecommunication Corporation a notamment raccordé plus de 600 lycées à Internet, et lancé le réseau Agri-net, qui connecte plus de 50 centres de recherche agronomique dans le pays[72]. L'installation de câbles à fibres optiques progresse également.
La liaison Gonder-Metemma est en cours afin de relier le réseau éthiopien au Soudan[72]. En mars 2010, un accord est signé avec la compagnie Seacom afin de développer le réseau vers Djibouti, connectant directement le réseau éthiopien à l'Inde et à l'Europe par des câbles sous-marins[100].

Codes

L'Éthiopie a pour codes :

Notes et références

Notes

  1. « On dit qu'aujourd'hui encore les Éthiopiens sont partagés entre quarante cinq rois. Le pays entier a été appelé Aethérie, puis Atlantie, puis Ethiopie, d'Ethiops fils de Vulcain. », Pline l'Ancien, Histoire naturelle, VI, 35.
  2. Habachyî, en arabe ḥabašyī, حبشيّ : abyssin ; éthiopien
  3. Al-Habacha en arabe al-ḥabaša, الحبشة, Abyssinie
  4. Ithyûbyâ en arabe ʾiṯyūbyā, إثيوبيا, Éthiopie
  5. Acronyme amharique pour Mouvement socialiste Pan-Éthiopien
  6. Voir l'article article 5 de la Constitution éthiopienne.
  7. En arabe, le terme masjid signifie mosquée, et est emprunté à l'araméen masged, lequel dérive d'une racine proto-sémitique signifiant « poser le front au sol », rappelant qu'il s'agit d'un lieu de prosternation. Le terme masgid' semble emprunté au mot arabe signifiant mosquée, mais a peut-être une origine autonome, sur la base de la racine commune.
  8. Les jésuites sont parvenus à convertir au catholicisme le souverain de l'époque, déclenchant une guerre civile
  9. Le ton peut légèrement dévier du système d'accord tempéré occidental
  10. Lors de ces jeux olympiques à Rome, Abebe Bikila court le marathon pieds nus.

Références


  • (fr) Sous la direction de Gérard Prunier, L'Éthiopie contemporaine, Karthala, 2007, 440 pages
  1. a et b Gérard Prunier, p. 140
  2. a et b Gérard Prunier, p. 141
  3. a, b, c et d Gérard Prunier, p. 143
  4. a, b, c, d et e Gérard Prunier, p. 52
  5. Gérard Prunier, p. 53
  6. a, b, c et d Gérard Prunier, p. 55
  7. a, b et c Gérard Prunier, p. 54
  8. Gérard Prunier, p. 61
  9. Gérard Prunier, p. 62
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  12. a et b Jacques Mercier, p. 255
  13. a et b Jacques Mercier, p. 256
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  18. a et b Jacques Mercier, p. 259


  • Ouvrages historiques
  1. Berhanou Abebe 1998, p. 8
  2. a et b Berhanou Abebe 1998, p. 28
  3. a et b Berhanou Abebe 1998, p. 29
  4. a, b et c Berhanou Abebe 1998, p. 31
  5. a et b Berhanou Abebe 1998, p. 32
  6. a et b Berhanou Abebe 1998, p. 33
  7. a, b et c Berhanou Abebe 1998, p. 34
  8. Berhanou Abebe 1998, p. 35
  9. Berhanou Abebe 1998, p. 37
  10. Kiros Habte Selassie, Mazengia Dina 1969, p. 62
  11. Berhanou Abebe 1998, p. 41
  12. Berhanou Abebe 1998, p. 42
  13. Kiros Habte Selassie, Mazengia Dina 1969, p. 64
  14. Berhanou Abebe 1998, p. 44
  15. Kiros Habte Selassie, Mazengia Dina 1969, p. 67
  16. Berhanou Abebe 1998, p. 50
  17. Berhanou Abebe 1998, p. 51
  18. a et b Berhanou Abebe 1998, p. 53
  19. Berhanou Abebe 1998, p. 55
  20. Berhanou Abebe 1998, p. 56
  21. a, b et c Berhanou Abebe 1998, p. 87
  22. Harold G. Marcus 2002, p. 47
  23. Harold G. Marcus 2002, p. 48
  24. Harold G. Marcus 2002, p. 50
  25. Harold G. Marcus 2002, p. 64
  26. Bahru Zewde 2002, p. 27
  27. Paul B. Henze 2004, p. 141
  28. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 186
  29. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 188
  30. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 189
  31. a, b et c Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 193
  32. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 198
  33. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 209
  34. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 223
  35. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 242
  36. Tadesse Delessa, Girma Alemayehu 2005, p. 256
  37. Bahru Zewde 2002, p. 261
  38. Bahru Zewde 2002, p. 268
  39. Paul B. Henze 2004, p. 78


  • Autres sources
  1. Depuis 1994, l'Éthiopie n'a plus de langue officielle : toutes les langues éthiopiennes sont reconnues par l'État, selon l'article 5 de la Constitution.
  2. [PDF] A. Bailly, « Αἰθίοψ dans le dictionnaire Grec-Français »
  3. (fr) Pline l'Ancien (trad. Émile Littré), « Histoire naturelle », éd. Firmin-Didot, coll. Auteurs latins, Paris, 1855, vol. VI, chap. XXXV, 8
  4. (en) [PDF] Stuart Munro-Hay, « Aksum, An African Civilisation of Late Antiquity », p. 15
  5. (fr) [PDF] Quintana-Murci, Veitia, Santachiara-Benerecetti, McElreavey, Fellous, Bourgeron, « L'ADN mitochondrial, le chromosome Y et l'histoire des populations humaines »
  6. (en) La ville d'Aksoum sur le site de l'UNESCO
  7. (en) [PDF] Stuart Munro-Hay, « Aksum, An African Civilisation of Late Antiquity », p. 57
  8. (en) Nadia Durrani, The Tihamah Coastal Plain of South-West Arabia in its Regional context c. 6000 BC - AD 600 (Society for Arabian Studies Monographs No. 4). Oxford: Archaeopress, 2005, p.121
  9. (en) Abebe Hailemelekot, The Victory of Adwa - The first Victory of Africa over Colonialists, Commercial Printing Enterprise, 2007, p. 173
  10. (en) Tristan McConnell, « Western ally wins landslide in Ethiopia amid vote rigging claims », The Times, 25 mai 2010
  11. (en) Xan Rice, « Unease over extent of ruling party's landslide in Ethiopia », The Guardian, 26 mai 2010
  12. (en)AFP. Google News, « Ethiopia ruling party, allies win 99% of vote: result », 21 juin 2010
  13. (en) Le parc national du Semien sur le site de l'UNESCO
  14. (fr) [PDF] Roland Trompette, « Le Gondwana », Pour la Science, n° 52, oct. 1998
  15. a, b, c, d, e et f Marc Aubert, Luigi Cantamesa, Éthiopie, Guides Olizane, 3e éd., 2000, p. 44-48
  16. a, b, c, d et e Marc Aubert, Luigi Cantamesa, Éthiopie, Guides Olizane, 3e éd., 2000, p. 49-50
  17. (en) Gilbert M. G., Six new species of Euphorbia (subgenus Esula) from Ethiopia, Kew bulletin ISSN 0075-5974, 1990, vol. 45, no. 2, pp. 265-276 [lire en ligne]
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Voir aussi

Bibliographie

Article détaillé : Projet:Éthiopie/Bibliothèque.
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  • OCDE, « Perspectives économiques en Afrique 2008 », mai 2008 (ISBN 978-92-64-04643-6) [lire en ligne] Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • C.S.A., The 1994 Population and Housing Census of Ethiopia, Vol. 1, June 1998,

Articles connexes

Liens externes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Éthiopie de Wikipédia en français (auteurs)

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