- Occupation italienne de l'Éthiopie
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Empire italien d'Éthiopie
Impero Italiano d'Etiopia5 mai 1936 – 5 mai 1941
Drapeau de l'Italie
Devise : Foedere et Religione Tenemur
Empire éthiopien incorporé à l'AOI
Informations générales Statut Monarchie Capitale Addis-Abeba Démographie Population 1937 5 200 000 Histoire et évènements 5 mai 1936 Début de l'Occupation 9 mai 1936 Proclamation de l'Empire italien 5 mai 1941 Libération Entités précédentes :
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L 'Empire italien d'Éthiopie est une colonie italienne dont l'existence correspond à l'occupation italienne de l'Éthiopie, qui s'est déroulée du 5 mai 1936 au 5 mai 1941. Durant cette période, l'Italie fasciste, à la suite de sa victoire lors de la seconde guerre italo-éthiopienne, occupe partiellement l'Empire éthiopien. Cette Occupation sera marquée par la violence de l'occupant et par l'échec de la politique de colonisation. Ainsi, bien qu'incorporée par Mussolini à l'Afrique orientale italienne, l'Abyssinie fut juridiquement un territoire occupé, ayant maintenu son indépendance. L'occupation fut également marquée par le rôle essentiel joué par la Résistance éthiopienne afin d'empêcher la mise en œuvre des politiques coloniales.
Sommaire
L'échec de la colonisation
Première étape du processus de colonisation, le contrôle militaire du territoire est l'enjeu principal puisqu'il permettra le contrôle politique et administratif, or ce contrôle ne fut jamais effectif puisque les troupes italiennes n'ont jamais soumis la totalité de l'Abyssinie. Dans les faits, l'occupation était limitée aux grandes villes et aux grands voies de communication[1]. Plusieurs provinces échappaient totalement au contrôle italien, parmi lesquelles: le Shoa, le Godjam, le Begemder, le Wallo et le Wallaga[2], ces régions montagneuses étaient contrôlées par les Arbegnotch. Selon Paul B. Henze: "Aucune région d’Éthiopie ne fut entièrement sous le contrôle italien"[3].
Malgré cette situation, l'Abyssinie était considérée comme incorporée à l'Empire italien; la réalité était toutefois plus complexe. Le 9 mai 1936, Benito Mussolini proclama l'Empire italien, or il s'avère que cette proclamation était une "façade vaniteuse"[4] qui tentait de masquer la véritable situation, le Duce rencontrait des difficultés à contrôler le territoire. Par ailleurs, les cartes font souvent état de l'Abyssinie intégrée comme un ensemble à l'Empire italien, or étant donné celles-ci peuvent être considéré comme "trompeuse"[5] car l'occupation ne s'est jamais faite sur la totalité de l'Abyssinie, de vastes territoires ayant échappé à tout contrôle italien.
Berhanou Abebe développe l'aspect légal de cette occupation, selon lui, l'Abyssinie avait gardé "sa souveraineté en la personne de l'Empereur qui avait refusé l'armistice"[6] bien que la guerre était perdue. Malgré l'exil que beaucoup reprocheront à Hailé Sélassié Ier, sa capture ou sa mort auraient entraînées des conséquences sur la souveraineté du pays occupé mais non colonisé[7]. Selon Berhanou Abebe, l'Abyssinie "n'a été victime que d'une agression perpétrée en violation de tous les principes du droit international, sans pour autant que sa souveraineté ait cessé d'exister"[8].
En outre, Mussolini avait prévu une politique de colonisation par le peuplement, il souhaitait installer des milliers de colons italiens sur les hauts plateaux agricoles, cette politique s'est soldée par un échec. A la fin de l'année 1936, on comptait près de 14 600[9] travailleurs italiens dans l'Afrique orientale italienne, en juin 1939, ils étaient 23 000 de moins et près de 6 000[9] italiens se trouvaient sans emploi à Addis Abeba. Seulement 400[9] agriculteurs se sont installés en Abyssinie, et un tiers avait amené sa famille. En 1940, on pouvait recenser 54 296[9] italiens civils en Abyssinie.
Enfin, la colonisation culturelle fut inexistante, la langue italienne n'est pas répandue, les mœurs et les cultures n'ont pas été bouleversées par la présence italienne.
La courte durée de l'occupation (5 années, jour pour jour) est un facteur permettant d'expliquer l'échec des différents processus de colonisation. A cela, il faut ajouter la nature géographique du pays (montagnes, hauts plateaux) mais également le rôle des différentes guérillas de la résistance éthiopienne.
Vie sous l'occupation
L'occupation italienne est marquée par la violence, par ailleurs aggravée lorsqu'il s'agissait de lutter contre les mouvements de résistance.
Le gaz moutarde était employé et les exécutions sommaires de prisonniers se multipliaient.
L'épisode le plus célèbre de ces 5 années d'occupation reste le massacre de Graziani, du nom du Maréchal Rodolfo Graziani, à la suite d'un attentat raté : entre le 19 et le 21 février 1937 des milliers de civils éthiopiens furent tués à Addis-Abeba, où un monument commémore ce tragique évènement.Après cet incident, Graziani est remplacé par Amédée II de Savoie-Aoste le 21 décembre 1937.
Plusieurs grands travaux sont alors lancés, dotant l'Abyssinie d'un réseau routier plus performant. 3 200 km de routes sont construits ainsi que 25 hôpitaux, 14 hôtels, une douzaine d'office de poste, des écoles et d'autres infrastructures.
Les Italiens vont également tenter d'éradiquer définitivement l'esclavage et abroger les lois féodales.Article détaillé : esclavage en Éthiopie.Ces deux éléments restent les seules aspects "positifs" de l'occupation, puisqu'en contrepartie d'autres mesures sont prises. Le métissage devient illégal et la ségrégation ethnique est appliquée dans la mesure du possible.
L'Abyssinie est libérée le 5 mai 1941.
L'Empereur Hailé Sélassié Ier revient à Addis Abeba avec le soutien des Britanniques.
Suite à la signature du Traité de Paris de 1947, l'Italie doit verser 25 millions de dollars de réparation.
L'Abyssinie avait toutefois élaboré une liste des dommages infligés au cours de l'occupation :- la destruction de 2 000 églises,
- la destruction de 525 000 maisons,
- le massacre et/ou la consfiscation de 6 millions de bœufs,
- le massacre et/ou la consfiscation de 7 millions de moutons et chèvres,
- le massacre et/ou la consfiscation de 1 million de chevaux et mulets et
- le massacre et/ou la consfiscation de 700 000 chameaux.
Les dommages s'élevaient selon ces estimations à 184 746 023£[10].
En outre, les pertes suivantes furent recensées :
- 275 000 morts au combat
- 78 500 patriotes Résistants tués pendant l'occupation
- 17 800 femmes et enfants tués par les bombardements
- 30 000 civils tués lors du massacre de Graziani en février 1937
- 35 000 personnes mortes dans des camps de concentration
- 24 000 patriotes Résistants exécutés par des juridictions sommaires
- 300 000 personnes mortes de privations à la suite de la destruction de leurs villages
- Soit 760 300 au total[10]
Deux monument à Addis Abeba rappellent cette période d'occupation :
- Le premier commémore les victimes du massacre de Graziani : le "Yekatit 12" (Square du 12 Yekatit, le 12 Yekatit 1929 étant la date du calendrier éthiopien correspondant au 19 février 1937).
- Le deuxième: "Miyazya 27 Adebabay" (Square du 27 Miyazya, date du calendrier éthiopien correspondant au 5 mai date de la Libération d'Addis Abeba) commémore la victoire des Arbegnoch (Patriotes) sur les troupes italiennes avec l'aide des Britanniques, il se situe sur la même avenue que le précédent.
Voir aussi
- Afrique orientale italienne
- Résistance éthiopienne
- Campagne d'Afrique de l'Est (Seconde Guerre mondiale)
Notes et références
- Histoire de l’Éthiopie – L’œuvre du temps; Paul B. Henze, Traduit de l’anglais par Robert Wiren, Karthala, 2004, Page 225
- Haile Selassie, Western Education and Political Revolution in Ethiopia; Paulos Milkias, Cambria Press, 2006, Page 5
- Histoire de l’Éthiopie – L’œuvre du temps; Paul B. Henze, Traduit de l’anglais par Robert Wiren, Karthala, 2004, Page 228
- Ethiopia at bay: a personal account of the Haile Selassie years; John H. Spencer, Reference Publications Inc., 1987, Page 82
- Histoire de l’Éthiopie – L’œuvre du temps; Paul B. Henze, Traduit de l’anglais par Robert Wiren, Karthala, 2004, Page 223
- Histoire de l’Éthiopie d’Axoum à la révolution ; Berhanou Abebe, Edition Maisonneuve et Larose – Centre français des études éthiopiennes, 1998, Page 182
- Histoire de l’Éthiopie d’Axoum à la révolution ; Berhanou Abebe, Edition Maisonneuve et Larose – Centre français des études éthiopiennes, 1998, Page 183
- Histoire de l’Éthiopie d’Axoum à la révolution ; Berhanou Abebe, Edition Maisonneuve et Larose – Centre français des études éthiopiennes, 1998, Pages 188-189
- Histoire de l'Éthiopie – L’œuvre du temps; Paul B. Henze, Traduit de l'anglais par Robert Wiren, Karthala, 2004, Page 224
- Barker, A. J., The Rape of Ethiopia 1936, p. 129
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