- Nil Bleu
-
Pour les articles homonymes, voir Nil Bleu (homonymie).
Nil Bleu Caractéristiques Longueur 1 606 km Bassin 325 000 km2 Bassin collecteur Nil Débit moyen 1 513 m3⋅s-1 (Khartoum) Cours Source le lac Tana Se jette dans le Nil Géographie Pays traversés Éthiopie, Soudan Le Nil Bleu est un cours d'eau d'Afrique de l'Est. Prenant naissance au lac Tana sur les plateaux d'Éthiopie, il forme le Nil lors de sa confluence avec le Nil Blanc à Khartoum, au Soudan.
Sommaire
Nom
En amharique, le nom du fleuve est ጥቁር አባይ (ṭeḳūri ʾebāyi, « Nil Bleu ») ; son cours supérieur est appelé ዓባይ (ʾābāyi, souvent transcrit Abbai). Il y est parfois assimilé au fleuve Gihon, mentionné dans la Genèse comme traversant l'Éden[1].
En arabe, le fleuve s'appelle النيل الأزرق (an-Nīl al-Āzraq, « Nil Bleu »).
Le nom du fleuve provient de sa couleur foncée, due à sa forte teneur en limon, par contraste avec celle du Nil Blanc, plus claire.
Géographie
Parcours
Le Nil Bleu débute son cours au lac Tana, sur les plateaux d'Éthiopie. Bien que plusieurs ruisseaux alimentent le lac Tana, la source sacrée de la rivière est généralement considérée comme étant une petite source à Gish Abbaï, à une altitude d'environ 2 745 m. Le ruisseau résultant, le Petit Abbaï, s'écoule vers le nord vers le lac Tana. Les autres affluents importants du lac sont, dans le sens des aiguilles d'une montre à partir de Gorgora, la Magech, la Gumara du Nord, la Reb, la Gumara et la Kilte[2].
L'émissaire du lac Tana, sous le nom de Grand Abbaï, s'écoule pendant 40 km vers le sud avant d'arriver aux chutes de Tis Issat, hautes de 50 m. Il entre alors dans un canyon d'environ 400 km de long, aux falaises de basalte coupé de rapides profond par endroit de 1 200 m.
À la sortie du lac Tana, la rivière s'oriente tout d'abord vers le sud-est avant d'obliquer vers le sud, puis vers l'ouest. Peu avant la frontière avec le Soudan, il se dirige vers le nord-ouest. Il rejoint le Nil Blanc à Khartoum et la confluence des deux cours d'eau est alors connue comme le Nil.
Longueur
La longueur du Nil Bleu, de sa source à son confluent, est de 1 460 km ou 1 600 km, suivant les sources. L'incertitude quant à sa longueur pourrait provenir du fait qu'il traverse des gorges quasiment impénétrables dans les plateaux d'Éthiopie, d'une profondeur allant jusqu'à 1 500 m, comparable à celle du Grand Canyon aux États-Unis.
Selon des sources publiées par l'agence centrale de statistique d'Éthiopie, le Nil Bleu mesure 1 450 km, dont 800 km en Éthiopie et 650 km au Soudan[3].
Affluents
En Éthiopie, le Nil Bleu reçoit de nombreux affluents entre le lac Tana et la frontière soudanaine. D'amont en aval, les principaux sont[2] :
- Rive gauche :
- Wanqa
- Bashilo
- Walaqa
- Wanchet
- Jamma
- Muger
- Guder
- Agwel
- Nedi
- Didessa
- Dabus
- Rive droite :
- Handassa
- Tul
- Abaya
- Sade
- Tammi
- Cha
- Shita
- Suha
- Muga
- Gulla
- Temcha
- Bachat
- Katlan
- Jiba
- Chamoga
- Weter
- Beles
Au Soudan, le fleuve reçoit la Dinder à Dinder. Il rejoint le Nil Blanc à Khartoum et forme le Nil.
Hydrologie
Le débit du Nil Bleu atteint son maximum pendant la saison humide (de juin à septembre), pendant laquelle il fournit deux tiers du volume du Nil. Bien que plus court que le Nil Blanc, 59% des eaux qui atteignent l'Égypte provient du Nil Bleu ; avec l'Atbara, affluent du Nil qui possède également sa source sur les plateaux d'Éthiopie, ce chiffre monte à 90% du volume et 96% des sédiments transportés. Ces deux cours d'eau étaient responsables des crues annuelles du Nil, qui contribuaient à la fertilité de la vallée du Nil (et à l'essor de la civiliation égyptienne antique), avant la construction en 1970 du haut barrage d'Assouan.
Le Nil Bleu est également important pour le Soudan, les barrages de Roseires et Sennar produisant 80% de la puissance électrique du pays. Ces barrages permettent également d'irriguer la plaine de Gezira, qui produit du coton, du blé et des céréales animalières.
Exploration européenne
Le premier Européen à avoir vu la source du Nil Bleu est Pedro Páez, un Jésuite espagnol qui l'atteint le 21 avril 1613. D'autres Européens vivants en Éthiopie à la fin du XVe siècle, comme Pêro da Covilhã, ont pu voir le fleuve avant Paez, mais n'ont pas atteint sa source. Celle-ci est également atteinte par le missionaire jésuite Jerónimo Lobo en 1629 et par James Bruce en 1770.
Plusieurs exporateurs européens imaginent de tracer le cours du Nil Bleu depuis sa confluence avec le Nil Blanc, mais ses gorges, qui débutent quelques kilomètres après le frontière éthiopienne, découragent toutes les tentatives jusqu'à celle de Frédéric Cailliaud en 1821. La première tentative sérieuse est entreprise par l'Américain W.W. Macmillan en 1902, avec l'aide de l'explorateur norvégien B.H. Jenssen ; Jenssen tente de remonter le fleuve depuis Khartoum tandis que Macmillan le descend depuis le lac Tana. Cependant, les bateaux de Jenssen sont bloqués par des rapides à Famaka peu avant la frontière, et ceux de Macmillan sont détruits peut après leur lancement. Macmillan encourage Jenssen à recommencer la remontée en 1905, mais il est forcé de s'arrêter 450 km avant le lac Tana[4]. Le consul Cheesman, qui à son arrivée en Éthiopie exprime son étonnement de constater que l'« une des rivières les plus célèbres du monde, dont le nom était bien connu des Anciens » est « indiquée sur la carte par des lignes pointillées », cartographie le cours supérieur du Nil Bleu entre 1925 et 1933. Il ne remonte pas le fleuve le long de ses berges mais le suit depuis les plateaux qui le surplombent, parcourant environ 8 000 km à dos de mule.
En 1968, à la demande de l'empereur Hailé Sélassié, une équipe de 60 militaires et scientifiques britanniques et éthiopiens, conduite par le capitaine John Blashford-Snell, descend pour la première fois le Nil Bleu depuis le lac Tana jusqu'à la frontière soudanaise. Afin de naviguer dans les rapides, l'équipe utilise des bateaux spécialement conçus par Avon Inflatables et des bateaux d'assault britanniques modifiés.
Notes et références
- (en) Edward Ullendorff, Ethiopia and the Bible, Oxford, Oxford: University Press for the British Academy, 1968, poche, 2 p. (ISBN 978-0-19-726076-0)
- G.W.B. Huntingford, Historical Geography of Ethiopia from the first century AD to 1704, Londres, British Academy, 1989
- Climate, 2008 National Statistics (Abstract), Table A.1., Central Statistical Agency
- Alan Moorehead, The Blue Nile, New York, Harper and Row, 1972
Articles connexes
Catégories :- Système hydrologique du Nil
- Cours d'eau d'Éthiopie
- Cours d'eau du Soudan
- Rive gauche :
Wikimedia Foundation. 2010.