- The Beatles
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The Beatles Les Beatles à leur arrivée à New York le 7 février 1964.
En haut : John Lennon et Paul McCartney.
En bas : George Harrison et Ringo Starr.Surnom The Fab Four Pays d’origine Liverpool, Royaume-Uni Genre musical Rock, pop
(voir liste détaillée)Années d'activité 1960 à 1970
(réunion entre 1994 et 1996)Labels Apple, Parlophone, Capitol Site officiel thebeatles.com Membres John Lennon (†)
Paul McCartney
George Harrison (†)
Ringo StarrAnciens membres Pete Best
Stuart Sutcliffe (†)Entourage Neil Aspinall(†)
Geoff Emerick
Brian Epstein (†)
Mal Evans (†)
Astrid Kirchherr
George Martin
Jimmy Nicol
Yoko Ono
Billy Preston (†)
Pete Shotton
Derek Taylor (†)
Klaus VoormannThe Beatles est un groupe musical originaire de Liverpool, composé de John Lennon, Paul McCartney, George Harrison et Ringo Starr. Il demeure, en dépit de sa séparation en 1970, l'un des groupes de rock les plus populaires au monde. En dix ans d'existence, et seulement huit ans de carrière discographique (de 1962 à 1970), les Beatles ont enregistré douze albums originaux et ont composé plus de 200 chansons. Une productivité particulièrement remarquable dans la période 1963–1966 où, entre les tournées incessantes et la participation à deux longs métrages, ils ont publié sept albums, treize singles et douze EPs.
Considérées comme la « bande-son » des années 1960, les chansons des Beatles ont marqué leur décennie ainsi que les générations suivantes, et leurs mélodies ont été adaptées à de nombreux genres musicaux, notamment le jazz, la salsa, le reggae ou la musique classique et baroque. Au XXIe siècle, le groupe jouit toujours d'une grande popularité ; ses chansons sont jouées et reprises dans le monde entier. Le duo d'auteurs-compositeurs Lennon/McCartney reste célèbre comme créateur de standards qui ont fait l'objet de milliers d'adaptations dans les décennies suivantes.
Les Beatles demeurent les artistes ayant vendu le plus grand nombre de disques au monde[1],[2]. Ce chiffre était déjà estimé par EMI dans les années 1980 à plus d'un milliard de CD, vinyles, et même 78 tours en Inde, vendus à travers la planète[1],[2], et il a continué à augmenter jusqu'à aujourd'hui[3],[4]. Par ailleurs, on a calculé dans les années 1970 qu'à tout moment, l'une des interprétations de la chanson Yesterday (on en dénombre plus de 3 000[5]) était jouée par une radio quelque part dans le monde.
« Placés à la proue » de l'évolution de la jeunesse et de la culture populaire des années 1960, leur style, leur habillement, leurs discours, leur popularité planétaire, leur conscience sociale et politique grandissantes au fil du temps, ont étendu l'influence des Beatles bien au-delà de la musique, jusqu'aux révolutions sociales et culturelles de leur époque.
Membres
- John Lennon (né John Winston Lennon à Liverpool, le 9 octobre 1940, devenu John Winston Ono Lennon lors de son mariage avec Yoko Ono, et mort assassiné à New York, le 8 décembre 1980) : auteur-compositeur, guitare rythmique, chant, piano, claviers, harmonica, percussions, basse, fondateur du groupe, membre de 1957 à 1970 ;
- Paul McCartney (né James Paul McCartney à Liverpool, le 18 juin 1942, devenu Sir James Paul McCartney par anoblissement en 1997) : auteur-compositeur, basse, chant, guitare, piano, claviers, percussions, batterie, membre de 1957 à 1970 ;
- George Harrison (né à Liverpool, le 25 février 1943, et mort à Los Angeles, le 29 novembre 2001) : auteur-compositeur, guitare solo, chant, sitar, instruments indiens variés, basse, percussions, claviers, synthétiseur membre de 1958 à 1970 ;
- Ringo Starr (né Richard Starkey à Liverpool, le 7 juillet 1940) : batterie, percussions, chant, claviers, auteur-compositeur occasionnel, membre de 1962 à 1970.
John Lennon a résumé les débuts du groupe ainsi : « Il était une fois trois petits garçons nommés John, George et Paul, de leur nom de baptême. Ils décidèrent de se mettre ensemble parce qu'ils étaient du genre à se mettre ensemble. Quand ils furent ensemble, ils se demandèrent pour quoi faire, après tout. Alors il leur poussa tout à coup des guitares et ils formèrent du bruit. Au début, cela n'intéressait personne[6]. »
Le « cinquième Beatle »
Le titre de « cinquième Beatle » fut attribué à un moment ou à un autre à :
- Stuart Sutcliffe, pour son rôle aux débuts du groupe en tant que bassiste, notamment à Hambourg ;
- Pete Best, batteur du groupe de 1960 à 1962 ; remplacé par Ringo Starr ;
- Neil Aspinall, road manager des Beatles dès leurs débuts et jusqu'en 1963, puis leur assistant personnel. Il a été à la tête de la compagnie Apple Corps durant près de 40 ans avant de prendre sa retraite en février 2007, un an avant sa mort en mars 2008 ;
- Klaus Voormann, artiste, ami des Beatles et dessinateur de la pochette Revolver et du coffret The Beatles Anthology ;
- Brian Epstein, découvreur, puis manager des Beatles jusqu'à sa mort en 1967. Paul McCartney a déclaré : « S'il y a eu un cinquième Beatles, c'était Brian »[7] ;
- George Martin, patron du label Parlophone, division d'EMI, qui les auditionna puis les engagea à l'été 1962. À partir de là, il produisit la quasi-totalité de leurs albums et écrivit la plupart des arrangements et des instrumentations avec les Beatles, jouant fréquemment des claviers. Il a continué, jusqu'à aujourd'hui, à produire les albums post-Beatles, comme la série The Beatles Anthology et la compilation Love ;
- Jimmy Nicol, batteur qui remplaça Ringo Starr, malade, pour une dizaine de concerts lors de la tournée australienne des Beatles en juin 1964 ;
- Derek Taylor, attaché de presse et confident des Beatles. George Harrison a déclaré en 1988 « Il n'y a eu que deux cinquièmes Beatles : Neil Aspinall et Derek Taylor » ;Il est mort du cancer le 8 septembre 1997.
- Billy Preston, claviériste qui participa à l'enregistrement de l'album Let It Be, que l'on entend aussi sur quelques pistes d'Abbey Road (1969) et qui fut le seul musicien à figurer nommément sur une pochette du groupe, en avril 1969, à l'occasion de la parution du 45 tours Get Back / Don't Let Me Down par The Beatles with Billy Preston. Il est décédé le 6 juin 2006.
Malgré la longue liste de prétendants, c'est à George Martin que ce titre symbolique est le plus généralement attribué, pour sa contribution active à la musique des Beatles, dont il fut le producteur du début à la fin de leur carrière discographique, arrangeur et fréquent musicien additionnel[8],[9],[10],[11].
Histoire
1957 à 1962 : la formation et les débuts
Des Quarrymen aux Beatles
Article détaillé : The Quarrymen.— John Lennon
John Lennon est un adolescent de Liverpool élevé par sa tante « Mimi » — Mary Elizabeth de son vrai nom[12]. Son père, Alfred « Freddie » Lennon, un marin, a rapidement délaissé sa mère, Julia Stanley, et son enfant qu'elle n'avait pas les moyens de garder seule auprès d'elle. Dès qu'il découvre Elvis et le rock 'n' roll, John veut devenir musicien, se voit offrir un Banjo puis une guitare par sa mère, et ne tarde pas à monter son premier groupe, The Quarrymen.
Le 6 juillet 1957[5], à Woolton dans la banlieue de Liverpool, John Lennon, qui a alors 16 ans, et son groupe de skiffle donnent un concert pour la fête paroissiale de l'église St. Peter. À la fin du concert, Ivan Vaughan, un ami commun, présente Paul McCartney à John Lennon. Paul prend alors une guitare et joue Twenty Flight Rock d'Eddie Cochran devant un John un peu éméché mais néanmoins très impressionné. Quelques jours plus tard, Pete Shotton, autre membre des Quarrymen, propose à Paul de se joindre au groupe. Celui-ci, qui n'a que 15 ans, accepte.
En février 1958[5], sur l'insistance de Paul, et malgré les réticences de John qui le trouve trop jeune, George Harrison intègre le groupe comme guitariste solo. À trois – guitaristes et chanteurs – au sein d'une formation à géométrie variable qui s'appellera à tour de rôle, The Rainbows et Johnny and the Moondogs[13], avec ou sans batteur, ils jouent dans les clubs de Liverpool, comme le Jaracanda, un coffee-shop dirigé par Allan Williams qui officie en tant qu'agent pour le groupe débutant. Ils se produisent également au Casbah, dirigé par Mona Best, la mère de leur futur batteur Pete Best. D'autres portes s'ouvrent ensuite, dont le Cavern Jazz Club, alors que le rock 'n' roll et le Mersey Beat, les styles des groupes de Liverpool, deviennent populaires dans cette ville.
Autodidactes, influencés par le rock 'n' roll (Elvis Presley pour commencer, mais également Chuck Berry, Buddy Holly, Little Richard, Gene Vincent et bien d'autres) et le blues noir américain, ils jouent les morceaux de rock du moment « à l'oreille », sans partitions. Mais dès le départ aussi, John Lennon et Paul McCartney s'associent et s'entendent pour écrire ensemble des chansons, par dizaines, assis face à face avec leurs guitares dans une parfaite symétrie (Paul est gaucher), affinant leur technique au fur et à mesure. Quelques-unes d'entre elles ressortiront sur les albums des Beatles des années plus tard[5]. Ils partagent également un drame qui les rapproche : Paul McCartney a perdu sa mère Mary, terrassée par un cancer du sein en 1956, tandis que la mère de John, Julia, meurt happée par une voiture conduite par un policier ivre en 1958[13].
Les futurs « Fab Four » utilisent différentes variantes de leur nom (Beetles, Silver Beetles, Long John and the Silver Beatles, Silver Beats) avant de se fixer sur le mot-valise « Beatles[14] » pendant l'année 1960. Il s'agit en fait de références au groupe accompagnant Buddy Holly, The Crickets, et au film L'Équipée sauvage avec Marlon Brando, où il est question d'un gang du nom de « Beetles » (« scarabées »). Il fait aussi référence au rythme (beat) du rock 'n' roll (appelé beat music). Les quatre adoptent définitivement cette appellation (attribuée à John Lennon et Stuart Sutcliffe) en août 1960, lorsque débute leur premier engagement sérieux, que leur a déniché Allan Williams à Hambourg, où ils vont rencontrer Klaus Voormann et Astrid Kirchherr.
Les séjours à Hambourg
Bruno Koschmider, propriétaire de l'Indra Club et du Kaiserkeller, des établissements situés dans le quartier chaud de Sankt Pauli à Hambourg, engage donc les Beatles sur les indications d'Allan Williams.
Cinq jours avant de partir pour l'Allemagne, le 17 août 1960[5], ils ont auditionné et engagé Pete Best comme batteur, alors que Stuart Sutcliffe est leur bassiste depuis le début de l'année. Mais ce dernier, copain de John Lennon, qui a pu rejoindre le groupe tout simplement parce qu'il avait assez d'argent (artiste-peintre en devenir, il a vendu une de ses toiles) pour s'acheter un instrument, ne sait pas en jouer. Il se produit dos au public afin que cela ne se voie pas et « joue » même parfois sans que son instrument soit branché à un ampli[15]. Sutcliffe tombe amoureux d'Astrid Kirchherr (qui prend les premières photos du groupe, des clichés restés célèbres[16]) et décide de rester à Hambourg en 1961 lorsque ses camarades regagnent l'Angleterre. Entre leurs différents voyages en Allemagne, ils continuent à se produire à Liverpool et dans ses environs, se constituant un solide noyau de fans, mais restent inconnus au-delà du « Merseyside », se retrouvant notamment, en décembre 1961, à jouer devant 18 personnes à Aldershot dans la lointaine banlieue de Londres[15].
Paul McCartney, jusque-là guitariste au même titre que John Lennon et George Harrison, est devenu le bassiste du groupe (ses deux camarades n'étant pas enthousiastes pour tenir ce rôle) après le départ de Sutcliffe, qui décède à 21 ans le 10 avril 1962[5] d'une congestion cérébrale, trois jours avant que les Beatles ne posent à nouveau le pied sur le sol allemand pour un nouvel engagement de sept semaines au Star Club.
Les Beatles font en tout cinq séjours à Hambourg (d'août à novembre 1960, de mars à juillet 1961, d'avril à mai 1962, puis en novembre et en décembre 1962[5]), le premier d'entre eux étant interrompu simultanément par le renvoi en Angleterre de George Harrison car il est encore mineur et les expulsions de Paul McCartney et Pete Best pour avoir involontairement mis le feu à leur loge[6]. Pour satisfaire le public des clubs de la cité hanséatique, les Beatles élargissent leur répertoire, donnent des concerts physiquement éprouvants, et recourent aux amphétamines pour rester éveillés. Les jeunes gens sont par ailleurs logés dans des conditions difficiles, voire quasiment insalubres[6].
D'autres groupes de Liverpool se produisent à Hambourg, comme Rory Storm and the Hurricanes, dont le batteur se nomme Ringo Starr. Les Beatles envient sa notoriété et apprécient sa compagnie. Les deux groupes partagent l'affiche de très nombreuses fois à Liverpool[15], et se retrouvent au Kaiserkeller du côté de la Reeperbahn pendant plus d'un mois en octobre et novembre 1960, où Ringo aura l'occasion de jouer avec eux[13].
C'est aussi à Hambourg qu'ils décrochent leur premier contrat d'enregistrement, chez Polydor, en tant qu'accompagnateurs du chanteur et guitariste Tony Sheridan. Le 45 tours My Bonnie par Tony Sheridan and The Beat Brothers est publié en octobre 1961.
« J'ai grandi à Hambourg, pas à Liverpool » dira plus tard John Lennon. Évoquant cette période des débuts, il racontera aussi : « Quand les Beatles déprimaient et se disaient « On n'ira jamais nulle part, on joue pour des cachets merdiques, on est dans des loges merdiques », je disais « Où on va, les potes ? », et eux, « Tout en haut, Johnny ! », et moi « C'est où ça ? », et eux « Au plus top du plus pop ! » (to the toppermost of the poppermost), et moi « Exact ! ». Et on se sentait mieux[6]. »
Par ailleurs, nostalgique de cette époque « cuir », on entend aussi John Lennon expliquer dans le disque Anthology 1 : « Ce que nous avons fait de meilleur n'a jamais été enregistré. Nous étions des performers, nous jouions du pur rock (straight rock) dans les salles de danse (dance halls), à Liverpool et à Hambourg, et ce que nous produisions était fantastique. Il n'y avait personne pour nous égaler en Grande-Bretagne (There was nobody to touch us in Britain)[17]. »
En 2008, Hambourg a dédié une place de la ville au groupe[18].
L'apport décisif de Brian Epstein
Article détaillé : Brian Epstein.À leur retour d'Allemagne, les Beatles ont acquis la maturité qui leur manquait, techniquement d'abord, sur scène ensuite. Après leurs deux premiers voyages formateurs à Hambourg, le 9 novembre 1961, Brian Epstein vient voir les Beatles au Cavern Club de Liverpool, le café souterrain où ils se produiront près de 300 fois jusqu'au 3 août 1963[5]. Disquaire à l'origine, Epstein n'a jamais dirigé de formation musicale auparavant mais connaît quelques-uns des à-côtés qui mènent à la popularité d'un artiste. Il va devenir leur mentor et les propulser au rang de musiciens professionnels. Il va notamment leur faire abandonner les vêtements en cuir pour une nouvelle tenue vestimentaire et gommer ainsi leur image de sauvages.
Les Beatles devront maintenant jouer en complet-veston, comme les professionnels de l'époque, avec leur coupe de cheveux caractéristique. Inventée par Astrid Kirchherr pour certains, par John Lennon et Paul McCartney à l'issue d'un court séjour à Paris en septembre 1961, pour d'autres, la « coupe Beatles » était déjà celle du personnage incarné par Moe Howard dans Les Trois Stooges[19], trio comique très populaire aux États-Unis dans les années 1930 à 1950.
Brian Epstein fait le tour des maisons de disques afin de leur faire signer un contrat d'enregistrement, multipliant sans succès les tentatives auprès des grandes compagnies discographiques. Un échec chez Decca restera célèbre. Les Beatles y sont auditionnés le 1er janvier 1962[5] en enregistrant 15 titres en une heure. Dick Rowe, directeur artistique (A&R) chez Decca, sera surnommé dans le milieu « the man who turned down the Beatles » (l'homme qui rejeta les Beatles) pour avoir dit au jeune manager : « Rentrez chez vous à Liverpool, M. Epstein, les groupes à guitares vont bientôt disparaître[20]. »
L'intuition de George Martin
Articles détaillés : George Martin et Love Me Do.Finalement, seul George Martin, alors producteur chez Parlophone, une division d'EMI, se montre intéressé. Début mai, Brian Epstein lui a fait écouter les bandes Decca[21], et rendez-vous est fixé pour une audition dans les studios EMI d'Abbey Road le 6 juin 1962[5].
Quatre jours après être revenus de Hambourg où ils honoraient un engagement au Star Club - leur troisième séjour dans la ville allemande - les Beatles arrivent aux studios EMI de Londres, situés au 3, Abbey Road dans le quartier de St. John's Wood. C'est leur première visite dans ces studios, qu'ils rendront légendaires. George Harrison raconte ainsi leur première audition : « Les autres membres du groupe m'ont presque tué lorsque George Martin nous a enregistrés pour la première fois. En rejouant la bande, il nous a demandé : « Y a-t-il quelque chose qui ne vous plaît pas ? » Je l'ai regardé et ai dit : « Pour commencer, je n'aime pas votre cravate », et les autres : « Oh non ! On essaie de décrocher un contrat ici ! » Mais George Martin avait, lui aussi, le sens de l'humour[20]. » « Ça a brisé la glace ! », note-t-on du côté du personnel technique des studios EMI[21].
George Martin a une intuition. Il décèle le potentiel des Beatles et décide de les « signer », mais il n'aime pas beaucoup le style de Pete Best et suggère de le remplacer pour les premières véritables sessions d'enregistrement. Le groupe ne se fait pas prier et s'en sépare en août 1962, pour le remplacer par Ringo Starr, avec qui les affinités sont bien plus grandes. Une éviction brutale, qu'ils n'annoncent même pas eux-mêmes à Pete Best – c'est Brian Epstein qui s'en chargera[13]. Ce renvoi ne sera pas sans conséquence. George Harrison explique : « On avait joué au Cavern Club et les gens hurlaient « Pete est le meilleur ! » (jeu de mots avec « Best » en anglais), « Ringo jamais, Pete toujours ! » C'était devenu lassant, et je me suis mis à les engueuler. Après le concert, on est sortis des loges, on est entrés dans un tunnel tout noir, et il y a quelqu'un qui m'a balancé un coup de poing dans le visage. Je me suis retrouvé avec un œil au beurre noir. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour Ringo[6] ! »
Les 4 et 11 septembre, ils enregistrent leur premier single, Love Me Do. Pour la version de Love Me Do présente sur l'album Please Please Me, le batteur est Andy White, musicien de studio, tandis que sur le single publié le 5 octobre 1962, c'est Ringo Starr qui tient la batterie ; George Martin ne voulait pas prendre de risques avec un autre batteur qu'il trouvait médiocre. Toutefois, Ringo Starr, qui n'a jamais oublié cette « humiliation », joue du tambourin sur la version de l'album[13], et ce premier titre publié par EMI sera l'un des seuls où ce n'est pas lui qu'on entend derrière les « fûts » (Paul McCartney, également excellent batteur, remplace Ringo sur Back in the U.S.S.R. et Dear Prudence[6]).
À l'instigation de Brian Epstein, qui met à profit son expérience de disquaire, les Beatles vont désormais alterner des sorties de morceaux isolés (sur « 45 tours » ou « singles »), qui ne sont pas sur les albums, et celles d'albums dont sont extraits des singles lancés plus tard, accréditant ainsi l'idée qu'acheter un album des Beatles est une « valeur sûre » où l'on trouve déjà « les succès que les autres ne découvriront que demain ».
Pete Best, amer de son éviction des Beatles, sort son propre album en 1965, Best, of the Beatles (la virgule a son importance), avec le Pete Best Combo, dont la pochette est une photo où il est batteur du groupe et entouré des autres, mais cet album reste anecdotique. De cette époque, certains enregistrements rares et un peu marginaux des Beatles ont été très recherchés, notamment ceux qu'ils ont réalisés chez Polydor avec Tony Sheridan, les fameuses « bandes Decca » de janvier 1962 (que l'on a fini par entendre en partie trois décennies plus tard sur le disque Anthology 1), quelques chansons qu'ils interprètent en allemand et où ils se contentent de réenregistrer leur voix sur les bandes instrumentales existantes (finalement publiées sur le disque Past Masters, Vol. 1 en 1988), et des chansons sorties en 78 tours en Inde.
1963 à 1966 : la Beatlemania
Le 5 octobre 1962, sort Love Me Do, qui n'atteint que le 17e rang au palmarès britannique. Ce n'est pas encore la « Beatlemania », mais il s'agit là d'une grande satisfaction pour le groupe, particulièrement au moment où le titre passe de plus en plus à la radio[6]. Leur deuxième 45 tours, Please Please Me — malgré des paroles ambiguës pour l'époque (« You don't need me to show the way, girl », que l'on peut traduire par « tu n'as pas besoin que je te montre comment faire, petite ») — est propulsé au premier rang. Les Beatles obtiennent ainsi l'occasion d'enregistrer un album complet, ce qu'ils feront en 585 minutes (9h45) le 11 février 1963[22]. Intitulé Please Please Me et sorti le 22 mars 1963, cet album atteint également la tête du hit-parade, où il se maintient durant sept mois.
Partie de Liverpool — où ils continuent jusqu'en août 1963 à enflammer le Cavern Club —, la popularité des Beatles se répand dans tout le Royaume-Uni, qu'ils sillonnent inlassablement, y effectuant quatre tournées cette année-là[23]. Les succès se suivent : From Me to You en avril, puis She Loves You en août, sont classés nº 1 au hit-parade. She Loves You et son fameux « Yeah Yeah Yeah! » rend les Beatles célèbres dans toute l'Europe. Leur passage, le 13 octobre 1963, dans le très populaire show télévisé londonien Sunday Night at the Palladium marque le début du phénomène que la presse britannique baptise la « beatlemania[5] ». Disquaires pris d'assaut, ferveur généralisée, jeunes filles en transe… Le groupe va aligner douze n° 1 successifs dans les charts britanniques de 1963 à 1966[24], jusqu'à la publication en février 1967 du single « double face A » Strawberry Fields Forever/Penny Lane, seulement n° 2 (mais premier aux États-Unis).
Le 4 novembre 1963[5], les quatre musiciens de Liverpool se produisent devant la famille royale au Prince of Wales Theatre de Londres, pour le Royal Command Performance, où un John Lennon, irrévérencieux, avant de se lancer dans l'interprétation de Twist and Shout, dit au public : « On the next number, would those in the cheaper seats clap your hands? All the rest of you, if you'll just rattle your jewelry! / Pour notre prochain titre, est-ce que les gens installés dans les places les moins chères peuvent frapper dans leurs mains ? Et tous les autres, agitez vos bijoux[13] ! »
En 1963, John Lennon et Paul McCartney écrivent tout le temps, en n'importe quel endroit, dans le bus qui les amène d'un lieu de concert à l'autre, dans leurs chambres d'hôtel, dans un coin des coulisses avant de monter sur scène, dans l'urgence avant d'enregistrer, quelquefois en une seule prise, autant de titres qui vont marquer leur histoire et celle de la musique rock[21].
En tête des hit-parades, Please Please Me n'est remplacé à la première place que par le deuxième album du groupe, With the Beatles, publié le 22 novembre 1963. Ces deux disques sont exportés aux États-Unis respectivement sous les noms de Meet the Beatles et The Beatles' Second Album, en ayant préalablement subi divers traitements tels que le raccourcissement de la liste des chansons, la modification de l'ordre des pistes, ou bien celle du son (écho, stéréo, etc.) avec, bien sûr, une nouvelle pochette.
Dans un premier temps, les maisons de disques américaines affichent leur mépris pour ce qu'elles pensent être un phénomène passager. Leur cinquième 45 tours, I Want to Hold Your Hand, est leur premier nº 1 sur le marché américain et y reste du 1er février au 14 mars 1964. Il sera détrôné par She Loves You du 21 au 28 mars, suivi de Can't Buy Me Love du 4 avril au 2 mai. Le classement du Billboard Hot 100 du 31 mars 1964 aux États-Unis fait apparaître cinq titres des Beatles aux cinq premières places : la « beatlemania » qui avait débuté au Royaume-Uni se propage de l'autre côté de l'Atlantique, et dans le monde entier.
Analyse du phénomène
La « Beatlemania » fut un phénomène d'ampleur et à plusieurs facettes. La jeunesse prend goût à se coiffer et s'habiller « à la Beatles », comme en témoignent les photos de l'époque prises dans les rues. Ils deviennent des trend-setters, expression anglophone que l'on peut traduire en français par faiseurs de mode ou leaders de tendances.
Les disquaires se spécialisent sur la discographie des Beatles, et pour mieux gérer ses stocks, la société EMI/Parlophone propose la présouscription des albums et des singles à suivre, même s'ils sont encore à l'état de projet. Les pré-commandes atteignent dès lors des sommets astronomiques : par exemple, 2,1 millions pour Can't Buy Me Love en 1964[25].
Des magazines spécialisés fleurissent, comme le célèbre Beatles Monthly, (aussi connu sous le nom de Beatles Book, 77 éditions de 1963 à 1969, intégralement republiées de 1977 à 1982) et se vendent comme des petits pains.L'atmosphère hystérique des concerts rend parfois ceux-ci presque inaudibles[26]. Le premier ministre britannique, Harold Wilson, remarque néanmoins que ces artistes constituent pour le pays une excellente exportation, notamment en termes d'image : celle de jeunes gens souriants, polis, bien habillés, et pleins d'un humour très britannique lors des interviews. Ils sont décorés par la reine du Royaume-Uni, le 12 juin 1965, de la médaille de membre de l'Empire britannique (Member of the British Empire, ou MBE). C'est en fait la plus basse des décorations. Certains MBE — dont plusieurs sont des vétérans et des chefs militaires —, froissés, renvoient par dépit leur propre croix à la Reine. John Lennon répliqua qu'il aimait mieux recevoir cette distinction en divertissant[13]. Les vrais honneurs arrivent beaucoup plus tard, quand James Paul McCartney est anobli en 1997.
Extrêmement liés, par le simple fait qu'ils sont les seuls à « vivre la beatlemania de l'intérieur », considérant se trouver dans l'œil du cyclone, voyant tout le monde s'agiter frénétiquement autour d'eux, se soudant autant que possible, très amis, les Beatles se voient affublés du surnom de « monstre à quatre têtes » au plus fort du phénomène[6].
Dans les années 1960, l'industrie musicale est en pleine expansion. Désormais, il est possible de donner des concerts dans des salles de plus en plus grandes. À la télévision, les émissions sont de plus en plus regardées par un public familial. Les Beatles participent dès 1963 à de nombreux shows avec les animateurs les plus populaires de la télévision britannique et bientôt américaine, et sont les premiers à passer dans une émission diffusée en « Mondovision », dans le monde entier, le 25 juin 1967, avec la chanson All You Need Is Love.
Depuis 1965, les Beatles ne chantaient pratiquement plus qu'en playback à la télévision et Paul s'en expliquait : « Nous faisons un très important travail de studio, corrigeant inlassablement la moindre imperfection avec une précision maniaque. Pas question d'offrir aux téléspectateurs, alors que ce son existe, un autre son déformé par les mauvais studios des plateaux de TV ». Toujours en 1965, les Beatles prennent la résolution de ne plus donner d'autographes : « Nous n'avons tout simplement pas assez de bras, et nous devons tout de même pouvoir utiliser nos guitares de temps en temps ! »
Les Beatles ont l'intelligence de mêler à des standards du rock comme Kansas City des chansons susceptibles de plaire à la génération précédente (Till There Was You, You Really Got a Hold on Me ; Besame Mucho reste dans les cartons). À noter que ces chansons, y compris Besame Mucho, font partie du répertoire des Beatles depuis Hambourg[27].
Pour ne pas se faire cataloguer comme « mods » et perdre le public des « rockers », Brian Epstein a eu une idée : les Beatles, retrouvant un moment le cuir de leurs débuts, vont sortir un EP (extended play) de quatre titres de rock pur et dur (Matchbox, I Call Your Name, Long Tall Sally et Slow Down) qui est le « disque des initiés » et montre « ce que les Beatles savent vraiment faire quand ils le veulent ». Satisfaits par cet « os à ronger », les rockers ne dénigrent plus les Beatles eux-mêmes, mais les fans qui achètent leurs autres disques en ne sachant pas ce qu'est la vraie musique des Beatles, qui ont montré qu'ils savaient faire bien mieux que de la pop. Pour se concilier ce public — mais aussi pour se faire plaisir — la présence d'un « standard de rock » devient un « incontournable » des albums[28].
Dans le film A Hard Day's Night, tourné en noir et blanc pour ne pas coûter trop cher — mais aussi pour masquer le fait qu'ils n'ont pas la même couleur de cheveux — et réalisé par Richard Lester, les Beatles orchestrent habilement leur propre légende, avec un humour très britannique. Cet humour devient délirant avec le film suivant, Help!, sorti à l'été 1965, en couleurs, où les Beatles se moquent d'eux-mêmes. On va jusqu'à les comparer aux Marx Brothers, ce que John estime excessif. George Harrison, lui, noue une solide amitié avec Eric Idle et le groupe des Monty Python.
L'humour britannique reste une composante incontournable des Beatles. Quelques exemples tirés d'interviews :
« Que craignez-vous le plus ? La bombe atomique ou les pellicules ? (ricanements)
- La bombe atomique, puisque nous avons déjà des pellicules (hurlement de rire de l'auditoire) »« Pouvez-vous nous chanter quelque chose ?
- L'argent d'abord ! »« Répétez-vous beaucoup ?
- Pour quoi faire ? Nous jouons déjà en concert tous les soirs, vous savez. »« Vous jouiez autrefois des standards. Pourquoi ne le faites-vous plus ?
- Parce que maintenant, nous en créons. »« Ringo, êtes-vous des mods ou des rockers ?
- Personnellement, je suis un moqueur » (cette réplique sera reprise dans le film A Hard Day's Night)« Comment avez-vous trouvé l'Amérique ?
- Tournez à gauche au Groenland ! » (cette réplique sera aussi reprise dans le film A Hard Day's Night)L'album Rubber Soul sera plus tard ainsi nommé pour pasticher l'expression « plastic soul » (qui se traduit par « âme influençable »). Rubber Sole, qui se prononce presque à l'identique, signifie « semelle de caoutchouc » !
John Lennon avait soigné son personnage avant-gardiste en écrivant en 1964 et 1965 deux livres de courtes nouvelles dans un style imagé et surréaliste, In His Own Write, puis A Spaniard in the Works. La critique de l'époque ne leur fait pas bon accueil, mais Christiane Rochefort traduit en français le premier sous le titre « En flagrant délire ».
Entre-temps, le fan club des Beatles travaille à chouchouter un réseau de fans à qui on concède des bonus comme des photos inédites et des disques hors commerce offerts à Noël : un Christmas Record sortira ainsi chaque année durant les fêtes, jusqu'en 1968. Brian Epstein intervient pour la partie organisation et George Martin pour la partie musicale. Dès le début des années 1960, George Martin fait à tout hasard enregistrer un album de musique symphonique inspirée des Beatles. Un autre, plus élaboré, suit bien plus tard pour le remplacer. Vers l'an 2000, un disque nommé Beatles Go Baroque et issu des pays de l'Est fait de même.
Passage à l'Olympia de Paris
À l'avènement de leur gloire internationale, et donc en laissant de côté leurs prestations au Star Club d'Hambourg et au Cavern Club de Liverpool, c'est à l'Olympia de Paris et durant trois semaines (du 16 janvier au 4 février 1964), à raison d'un, deux ou trois shows quotidiens, soit 41 apparitions en tout[29], que les Beatles ont joué le plus longtemps au même endroit.
Après un « tour de chauffe » au cinéma Cyrano à Versailles le 15 janvier, ils donnent leur premier spectacle à l'Olympia le lendemain. L'affiche est imposante et donne tout son sens au mot « Music-hall ». Daniel Janin et son orchestre, les Hoganas, Pierre Vassiliu, Larry Griswold, Roger Comte, Gilles Miller et Arnold Archer, acrobates, jongleurs, humoristes, chanteurs se succèdent sur la scène avant la deuxième partie du spectacle avec les trois têtes d'affiche au fronton du Boulevard des Capucines : Trini Lopez, Sylvie Vartan et les Beatles, passant à chaque fois en dernier.
Les passages des Beatles sont assez courts puisqu'ils ne jouent à chaque fois que huit titres : From Me to You, Roll Over Beethoven, She Loves You, This Boy, Boys, I Want to Hold Your Hand, Twist and Shout, Long Tall Sally[29].
La surprise pour eux, c'est que la salle est composée en majorité de garçons, et qu'ils n'entendent pas, pour une fois, les cris féminins stridents qui les accompagnent d'habitude[6]. Au fur et à mesure, et malgré quelques incidents techniques au début, les Beatles conquièrent leur public.
Durant leur séjour à Paris, les jours de relâche leur permettent d'aller faire un tour aux studios Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt. Le 29 janvier, ils y enregistrent leurs deux titres en langue allemande : Komm, gib mir deine Hand/Sie liebt dich (I Want to Hold Your Hand et She Loves You). Le premier est entièrement enregistré, voix et instruments (en 14 prises), le second n'est qu'un ajout vocal sur leurs propres pistes instrumentales. Le même jour, ils mettent également en boîte un nouveau tube composé par Paul : Can't Buy Me Love[30].
C'est aussi à Paris que les Beatles apprennent qu'ils viennent de décrocher leur premier N°1 aux États-Unis : I Want To Hold Your Hand. Cette nouvelle provoque une grande scène de joie collective dans leur chambre du George-V ; Mal Evans raconte :
« Quand je suis rentré dans la pièce je suis resté stupéfait. Debout sur un fauteuil, John prononçait une sorte de discours dont je n'arrivais pas à saisir un mot. George donnait des bourrades à Ringo et je me demandais encore ce qui se passait quand Paul me sauta sur le dos ! Ils étaient heureux comme des collégiens en vacances et, à la réflexion, je reconnais qu'il y avait de quoi[6]. »
La conquête de l'Amérique
Article détaillé : Tournées américaines des Beatles en 1964.Trois jours après leur dernière prestation à l'Olympia, une foule immense est à leurs côtés à l'aéroport londonien d'Heathrow, au moment où ils s'embarquent pour le Nouveau Monde. De l'autre côté de l'Atlantique, c'est encore la foule — plus de 3 000 fans — qui les attend lorsqu'ils se posent sur le tarmac de l'aéroport international John-F.-Kennedy de New York, le 7 février 1964. Un événement majeur va secouer l'Amérique moins de 48 heures plus tard : plus de 70 millions de personnes (soit 45 % de la population) assistent en direct à leur première prestation télévisée, lors du Ed Sullivan Show diffusé sur CBS le 9 février. Une audience record pour l'époque, qui reste encore de nos jours une des plus élevées de l'histoire, hors retransmissions sportives. Certains médias iront jusqu'à dire que cet événement télévisuel a redonné le moral à l'Amérique encore profondément traumatisée, 77 jours après l'assassinat du Président Kennedy[31],[32].
Après un premier concert dans des conditions difficiles au Coliseum de Washington — la scène est au milieu de la salle, comme un ring, la batterie doit pivoter et les musiciens se retourner pour faire face à une partie ou à l'autre du public, le matériel fonctionne mal, etc. — le 11 février, un autre le lendemain au Carnegie Hall de New York, et un nouveau passage dans le Ed Sullivan Show en direct de Miami le 16 février, les « Fab Four » (en français les « quatre fabuleux ») rentrent au pays. L'Amérique est emportée par la Beatlemania, un rendez-vous est pris pour une première tournée de 26 dates à travers le pays, à guichets fermés, du 19 août au 20 septembre 1964[33]. C'est pendant cette tournée estivale des États-Unis que les Beatles rencontrent Bob Dylan, et que ce dernier leur fait essayer la marijuana pour la première fois[13]. Une découverte qui a une importance incontestable dans l'évolution de leur musique. La légende veut que Dylan ait pris le « I can't hide » (« je ne peux le cacher ») de I Want to Hold Your Hand pour « I get high » (« je plane ») et qu'il ne se soit ainsi pas gêné pour proposer un « reefer » aux Beatles[6].
L'histoire d'amour entre les Beatles et l'Amérique, où ils enchaînent les Nº1 en 1964 et 1965, trouve un point d'orgue le 15 août 1965 en ouverture de leur seconde tournée de ce côté de l'Atlantique. Ce jour-là, ils sont le premier groupe de rock à se produire dans un stade, le Shea Stadium de New York, devant 56 000 fans déchaînés et dans des conditions singulières pour ce genre de spectacle dans une telle arène, sous les hurlements de la foule. Les Beatles se produisent seulement munis de leurs amplis Vox, et sont repris par la sono du stade, c'est-à-dire les haut-parleurs utilisés par les « speakers » des matches de baseball. Il en résulte que ni eux ni le public n'entendent clairement une note de cette prestation historique. Les documents filmés ce jour-là démontrent cependant que les Beatles arrivent à jouer, et que c'est John Lennon qui les empêche de se retrouver paralysés par l'événement en multipliant les pitreries, comme parler charabia en agitant ses bras pour annoncer un titre en se rendant compte que personne ne peut l'entendre, ou maltraiter un clavier avec ses coudes au moment de l'interprétation de I'm Down[6].
Les contrats signés en 1965 par les Beatles pour qu'ils se produisent dans les arènes américaines stipulent qu'ils refusent de jouer devant un public ségrégationniste. Déjà, en 1964, le groupe avait publiquement déclaré son refus de se produire en Floride tant que le public noir n'était pas en mesure de s'asseoir là où il le désirait[34]...
Pionniers de la British Invasion, terme utilisé aux États-Unis pour y décrire la prédominance des groupes de pop rock anglais — parmi lesquels les Rolling Stones, les Who ou encore les Kinks — au milieu des années 1960, les Beatles sont abonnés aux premières places des charts américains jusqu'à la fin de leur carrière. Ils détiennent d'ailleurs toujours, aujourd'hui, un record absolu avec 176 millions d'albums vendus sur ce seul territoire[35]. « La musique n'a plus jamais été la même depuis lors » affirme la RIAA (Recording Industry Association of America)[36].
Cinéma et « œufs brouillés »
Quoi de mieux que le film A Hard Day's Night (dont le titre français est Quatre garçons dans le vent) pour aborder et comprendre ce qu'était la Beatlemania en 1964 ? La bande-son de ce faux documentaire humoristique réalisé en noir et blanc par Richard Lester, qui connaît un succès international, est aussi le troisième disque des Beatles (sorti en Angleterre le 10 juillet 1964 chez United Artists Records). Le titre a été accidentellement créé par Ringo Starr ; sortant à une heure avancée des studios, il a dit « It's been a hard day » (« cela a été une dure journée »), puis s'apercevant que c'était la nuit, a ajouté « …'s night » (« …de nuit[5] »). Il représente un tour de force de John Lennon, auteur et chanteur principal de 10 des 13 chansons. Il est à cette époque au sommet de sa prépondérance sur le groupe[5]. C'est le premier album des Beatles à ne comporter aucune reprise, tous les titres étant signés Lennon/McCartney. Il inclut notamment la première ballade portant réellement « la patte » de Paul McCartney, And I Love Her, ainsi que de nombreux futurs N°1. Encore une fois, deux éditions différentes sont réalisées pour l'Angleterre (Parlophone - 14 titres) et les États-Unis (Capitol - 11 titres).
Pressés de toutes parts, littéralement poussés vers les studios au milieu d'incessantes tournées, les Beatles sortent dans la foulée, le 4 décembre 1964, Beatles for Sale (titre évocateur : « Les Beatles à vendre »), où ils se contentent de reprendre en studio leur répertoire scénique du moment en y incluant quelques nouvelles chansons, comme Eight Days a Week, I'm a Loser, Baby's in Black et No Reply ou une très ancienne comme I'll Follow the Sun. Le disque comprend donc six reprises de rock 'n' roll et sera livré avec une pochette, qui comme celle de With the Beatles[37] (et d'autres à venir) deviendra une des plus pastichées des décennies suivantes[38]. Au même moment, le titre I Feel Fine de John Lennon, publié en single le 27 novembre, est N°1 durant cinq semaines. Il démarre par un « feedback » de guitare ou effet Larsen, le premier du genre dans le rock, que l'on pourrait croire accidentel, alors que cet étonnant effet est délibéré. « Je défie quiconque de trouver la présence d'un feedback sur un disque avant I Feel Fine, à moins que ce soit un vieux disque de blues de 1922 » assure John Lennon[6].
La « beatlemania » bat toujours son plein en 1965, lorsque sortent le film Help! — tourné par les Beatles dans les volutes de fumée de cigarettes très spéciales[6] — et le disque du même nom. Seule la moitié des titres de l'album fait partie de la bande-son du film dont Ringo Starr est la vedette, et trois chansons vont marquer l'histoire du groupe, autant de N°1 dans les charts. Help! d'abord, où John Lennon, il l'avoue plus tard, se met à nu en appelant au secours. Le succès, la célébrité, ne lui apportent aucune réponse, il est, dit-il, dépressif et boulimique, dans sa période « Elvis gros[6] ». Ticket to Ride ensuite, considéré par Lennon comme le titre précurseur du hard rock[6] avec ses effets de guitare, ses roulements de toms et sa basse insistante.
Yesterday enfin, la chanson mythique de Paul McCartney qu'il joue à tout son entourage, une fois composée sous le titre de travail Scrambled Eggs (« œufs brouillés ») se demandant sincèrement et interrogeant à la ronde pour savoir s'il a bien inventé cette mélodie ou si elle ne vient pas de quelque part, tant elle paraît évidente[39]. Elle devient la chanson la plus diffusée et la plus reprise du XXe siècle (près de 3 000 reprises). Yesterday et son fameux arrangement pour quatuor à cordes, suggéré et concocté par George Martin en compagnie de l'auteur de la chanson qui pour la première fois, l'enregistre seul, sans les autres membres du groupe. Plus de 40 ans après, Paul mesure encore sa chance d'avoir rêvé cette chanson, de s'en être souvenu au réveil, qu'elle fut bien de lui, et qu'elle ait connu cet incroyable succès[40].
Le tournant de Rubber Soul
Article détaillé : Rubber Soul.Un soir d'avril 1965, un ami dentiste de George Harrison et John Lennon charge leur café, ainsi que ceux de leurs épouse Cynthia Lennon et compagne Pattie Boyd avec une substance pas encore illicite : le LSD[13],[41]. Ils découvrent donc cette drogue sans l'avoir voulu, mais John va en devenir un gros consommateur pour au moins les deux années suivantes, tous vont l'essayer (Paul, très réticent, est le dernier à en prendre, en 1966, mais le premier à en parler à la presse), et d'une façon générale, la musique et les paroles des Beatles vont encore évoluer sous l'influence de cette substance hallucinogène[13].
À l'automne 1965, ils enregistrent un album charnière dans leur carrière : Rubber Soul, jeu de mots à partir de Rubber sole — semelle en caoutchouc —, Soul music — la musique de l'âme — et Plastic soul — âme influençable —. Les textes sont plus philosophiques, plus fouillés (la poésie de Lennon, l'influence de Bob Dylan déjà présente dans You've Got to Hide Your Love Away de l'album Help!), aux thèmes plus sérieux. Le disque est enregistré dans l'urgence, car il doit sortir pour Noël, en quatre semaines, du 12 octobre au 11 novembre 1965[21].
La musique est devenue élaborée, les techniques d'enregistrement en studio sont en progression, le temps qui y est passé également. Leur immense succès est la garantie pour eux d'une liberté de plus en plus grande dans la création et la possibilité de bousculer les codes en vigueur (par exemple les horaires, ou le simple fait de pouvoir se déplacer de la salle d'enregistrement à la cabine, devant la table de mixage) dans les austères studios d'EMI. « C'est à cette époque que nous avons pris le pouvoir dans les studios » note John Lennon[6], ainsi que le contrôle total sur leur art.
Les locaux de ce qui s'appelle encore « studios EMI » (ils deviendront « Abbey Road » plus tard), fourmillent d'instruments en tous genres, jusqu'aux placards, et les jeunes musiciens dont l'esprit s'est ouvert en grand, intéressés désormais à toutes les formes de musique, commencent à tester et à intégrer les sons les plus divers dans leurs chansons. « On aurait pu emmener un éléphant dans le studio pour peu qu'il produise un son intéressant » raconte Ringo Starr[6].
C'est ainsi que George Harrison, qui vient de s'acheter un sitar car il est tombé amoureux de la musique indienne en écoutant les disques de Ravi Shankar, est amené à l'utiliser spontanément sur la chanson Norwegian Wood (This Bird Has Flown) de John Lennon. Grande première dans le rock, belle réussite et porte grande ouverte, dans laquelle pourra s'engouffrer Brian Jones pour construire quelques mois plus tard le riff du tube Paint It, Black des Rolling Stones.
Rubber Soul se caractérise par une rupture, qui est celle de la « trame 4 périodes » typique des premières chansons des Beatles : un couplet, un autre couplet, un moment d'instrumental ou pont, une reprise du second couplet. Les Beatles, qui ne veulent pas devenir victimes d'un « procédé », rendent ici moins prévisible l'alternance de leurs parties chantées et vocales. Rupture encore : la quatrième chanson de Rubber Soul, Nowhere Man est la première chanson des Beatles ne parlant pas d'amour. Rupture toujours : il n'y a pas une seule reprise d'un quelconque standard du rock 'n' roll ou autre sur ce sixième disque des Beatles. Et il n'y en aura plus jamais…
La technique d'écriture en tandem de John Lennon et Paul McCartney est alors à son apogée. Au quotidien ou quasiment, l'un amène une chanson dont la trame est plus ou moins avancée, l'autre y ajoute des paroles ou une idée musicale supplémentaire.
La chanson Girl plaît alors à une majorité — toutes générations confondues — et consacre les Beatles comme « musiciens » tout court et non « musiciens pour les jeunes ». In My Life est ce que John Lennon considère comme sa « première chanson parlant consciemment » de lui à la première personne[6] et marque, tout comme Nowhere Man, son évolution vers des textes plus introspectifs[42] et plus philosophiques.
Le chemin parcouru en trois ans est impressionnant. Les Beatles étaient au départ un groupe à l'harmonie vocale de qualité — leur maîtrise de la polyphonie n'a pas été étrangère à leur succès et a presque relégué aux oubliettes les précédents champions américains du genre, les Four seasons[43] —, œuvrant dans la plus grande économie de moyens ; en 1965, la recherche instrumentale devient prépondérante. Les harmonies vocales restent cela dit bien présentes (Drive My Car, Nowhere Man, If I Needed Someone, The Word, Wait), et ils continuent à s'amuser comme des garnements en chœur, comme sur le pont de la chanson Girl de John Lennon, que McCartney et Harrison ponctuent par des « Tit tit tit tit » (« nichon » en anglais). Ce motif obsédant et le grand soupir poussé par John à chaque refrain transforment ce qui aurait pu n'être qu'une simple ballade en chanson à l'atmosphère très particulière.
Dans cet album, le chanteur principal de chaque titre doit encore se prêter au fastidieux procédé dit du double tracking, qui consiste en fait à doubler systématiquement sa propre voix. Sur l'insistance de John Lennon que cela fatigue, un des ingénieurs du son des studios EMI, Ken Townsend, invente bientôt l'automatic double tracking[44], en connectant deux magnétophones qui se renvoient le signal enregistré. C'est un exemple des nombreuses avancées technologiques provoquées par un groupe à qui tout réussit, et qui reçoit donc en retour des moyens quasi illimités.
La compétition et l'émulation battent également leur plein entre les deux auteurs principaux du groupe : le jour de la publication de Rubber Soul (le 3 décembre 1965), sort également le 45 tours Day Tripper / We Can Work It Out. Le premier titre est de John (avec l'aide de Paul), le second de Paul (avec l'aide de John), et les deux compères se bagarrent pour figurer sur la face A du single, qui est le tube assuré. Il est alors décidé que ce seront deux faces A. Lesquelles montent de concert à la première place des charts, et ce pour cinq semaines consécutives[45].
À l'époque, hors de leur « compétition interne », la plus sérieuse émulation pour les Beatles vient d'outre-Atlantique. En effet, si les Rolling Stones commencent tout juste à émerger en adoptant volontairement une attitude de mauvais garçons, ce sont les Beach Boys qui opposent les qualités les plus grandes en termes d'harmonies vocales, de recherches mélodiques et de techniques d'enregistrement. L'album Pet Sounds, conçu par Brian Wilson comme une réponse aux innovations de Rubber Soul est d'ailleurs une source d'inspiration pour Revolver, le prochain album des Beatles, et l'on s'accorde généralement à dater la naissance de la « pop » de cette « partie de ping-pong » entre les deux groupes en 1965-1966.
Demain ne sait jamais
Article détaillé : Revolver.À l'été 1966, leur album suivant, Revolver, sorti le 5 août 1966 en Angleterre, est de la même veine. John Lennon est au meilleur de sa forme, inspiré, et innove avec Doctor Robert, Tomorrow Never Knows, She Said She Said et I'm Only Sleeping où le solo de guitare est passé à l'envers. Paul McCartney s'affirme en mélodiste talentueux avec Eleanor Rigby, For No One et Here, There and Everywhere. Il a aussi l'idée de la chanson Yellow Submarine pour Ringo Starr. And Your Bird Can Sing reprend et développe des effets de guitare qui n'apparaissaient que discrètement à la fin de Ticket to Ride. Le sitar indien, déjà entendu dans Norvegian Wood, a séduit George Harrison ; son admiration pour l'Inde, dont il ne se départira plus, devient évidente avec Love You To. Une autre chanson de George Harrison ouvre le disque, Taxman. La galerie de thèmes et de personnages s'élargit : un percepteur, une bigote solitaire, le sommeil et la paresse, le capitaine d'un sous-marin jaune, un docteur douteux, le Livre des morts tibétain… La pochette du disque est dessinée par leur ami Klaus Voormann.
Tomorrow Never Knows (« Demain ne sait jamais », encore un accident de langage signé Ringo Starr[5]), dernier titre de Revolver, est un cas particulier : joué sur un seul accord (le do), incluant des boucles sonores préparées par Paul, des bandes mises à l'envers, accélérées, mixées en direct avec plusieurs magnétophones en série actionnés par autant d'ingénieurs du son — une dizaine — envoyant les boucles à la demande vers la table de mixage, il ouvre l'ère du rock psychédélique et peut aussi être considéré comme le titre précurseur de la techno. Les prouesses de George Martin et des ingénieurs du son des studios EMI — à commencer par Geoff Emerick — vont jusqu'à répondre aux demandes de John Lennon, désirant que sa voix évoque celle du Dalaï-Lama chantant du haut d'une montagne. Ils élaborent cet effet en faisant passer la voix de John dans le haut-parleur tournant d'un orgue Hammond, le « Leslie speaker ». Celui-ci tourne sur lui-même pour donner au son de l'orgue un effet tournoyant, et il donne à la voix de John l'air de surgir de l'au-delà[6].
« De tous les morceaux des Beatles, c'est celui qui ne pourrait pas être reproduit : il serait impossible de remixer aujourd'hui la bande exactement comme on l'a fait à l'époque ; le « happening » des bandes en boucle, quand elles apparaissent puis disparaissent très vite dans les fluctuations du niveau sonore sur la table de mixage, tout cela était improvisé. »
— George Martin, Summer of love, The Making of Sgt Pepper's
« Plus populaires que Jésus »
Article détaillé : Polémique autour des propos de John Lennon sur Jésus-Christ.Une interview de John Lennon intitulée « Comment vit un Beatle ? » par la journaliste Maureen Cleave, une proche du groupe, paraît dans le London Evening Standard du 4 mars 1966. Les Beatles sont alors au sommet de leur popularité mondiale, et il déclare :
Ce qui passe complètement inaperçu au Royaume-Uni, et même ailleurs dans un premier temps, finit par devenir un véritable scandale quelques mois plus tard aux États-Unis, dès lors que ces propos ont été repris, amplifiés et déformés sur une station de radio de l'Alabama ; il y est suggéré que les disques des Beatles soient brûlés en représailles de ces paroles jugées blasphématoires. La « Bible Belt » américaine ne tarde pas à mettre ces propos en applications.
Paul McCartney tente bien de tourner l'affaire en dérision, en déclarant « Il faut bien qu'ils les achètent avant de les brûler[13] ! » mais le mal est profond. Ainsi, à l'aube de leur ultime tournée, le 11 août 1966 à Chicago, John Lennon est obligé de se justifier devant les médias américains :
« Si j'avais dit que la télévision est plus populaire que Jésus, j'aurais pu m'en tirer sans dommage […] Je suis désolé de l'avoir ouverte. Je ne suis pas anti-Dieu, anti-Christ ou anti-religion. Je n'étais pas en train de taper dessus ou de la déprécier. J'exposais juste un fait, et c'est plus vrai pour l'Angleterre qu'ici [aux États-Unis]. Je ne dis pas que nous sommes meilleurs, ou plus grands, je ne nous compare pas à Jésus-Christ en tant que personne, ou à Dieu en tant qu'entité ou quoiqu'il soit. J'ai juste dit ce que j'ai dit et j'ai eu tort. Ou cela a été pris à tort. Et maintenant, il y a tout ça…[47] »
L'arrêt des tournées
Jusqu'en 1966, les Beatles enchaînent à un rythme soutenu des tournées, des compositions, des sessions d'enregistrement et des sorties de singles et d'albums. Mais plus leur succès grandit, plus leurs prestations publiques se déroulent dans des conditions impossibles, dans des salles ou des espaces en plein air, de plus en plus grands alors que les moyens de sonorisation sont encore balbutiants, et surtout, sous les cris stridents de la gent féminine qui couvrent complètement leur musique. Au point qu'ils ne s'entendent pas jouer et se rendent compte que le public ne les entend pas non plus.
La différence entre leur production en studio, de plus en plus complexe et ce qu'ils arrivent à délivrer sur scène devient flagrante. Leur répertoire scénique reste quasiment le même au fil des années — des standards du rock'n'roll comme Rock 'n' Roll Music ou Long Tall Sally seront notamment joués jusqu'au bout —, et ils constatent les dégâts dès qu'ils s'attaquent à des titres plus récents, par exemple Nowhere Man ou Paperback Writer : au Budokan de Tōkyō, fin juin, on voit George Harrison agiter la main en saluant le public pour le faire hurler, afin de couvrir le chœur a cappella de Paperback Writer qui sonne nettement faux… Ces concerts à Tokyo ayant déclenché une demande de 209,000 billets[48] se passent d'ailleurs dans une ambiance étouffante, les Beatles restant cloîtrés dans leur hôtel et bénéficiant de la plus grande protection policière jamais vue au XXe siècle pour un groupe ou un artiste, avec un dispositif (35 000 fonctionnaires mobilisés) de même magnitude que celui mis en place deux ans plus tôt pour les Jeux Olympiques[49],[50].
Dans la foulée de cette série de concerts dans la capitale japonaise, les événements se succèdent, qui vont précipiter leur décision de mettre un terme définitif à ce que John Lennon considère comme « de foutus rites tribaux[6] ». À Manille, aux Philippines, ils passent tout près d'un véritable lynchage pour avoir malencontreusement snobé à leur arrivée une réception donnée en leur honneur par la redoutable Imelda Marcos, épouse du dictateur, la veille de leurs concerts le 4 juillet. Le groupe répondra qu'il n'avait reçu aucune invitation, ce qui n'empêchera pas la presse locale de se déchaîner et les Philippins d'envoyer des menaces d'attentat et de mort. Toute protection policière est retirée aux Beatles lorsqu'ils repartent, une foule hostile les attend à l'aéroport, ils sont agressés, parviennent jusqu'à leur avion qui va rester bloqué sur la piste le temps que leur manager Brian Epstein aille se faire délester de la recette de leurs deux concerts devant une audience de 80.000 personnes[6],[51],[52].
Cette énorme frayeur les décide déjà à tout arrêter, mais il leur reste des dates estivales à honorer aux États-Unis. Là-bas, ils subissent les conséquences de la tempête provoquée par les paroles de John Lennon à propos du christianisme. Ils reçoivent des menaces, notamment du Ku Klux Klan. Ils craignent pour leur sécurité alors qu'ils se produisent dans des stades et que les conditions restent détestables. Ils n'en peuvent plus. La dernière date de cette tournée, le lundi 29 août 1966 au Candlestick Park de San Francisco, onze titres interprétés en un peu moins de 35 minutes sur une scène entourée de grillages, au milieu d'une pelouse où la chasse policière au fan déchaîné bat son plein[53], devient leur dernier concert tout court.
« À Candlestick Park, on s'est sérieusement dit que tout ça devait s'arrêter. On pensait que ce concert à San Francisco pourrait bien être le dernier, mais je n'en ai été vraiment certain qu'après notre retour à Londres. John voulait laisser tomber plus que les autres. Il disait qu'il en avait assez », explique Ringo Starr. « Je suis sûr qu'on pourrait envoyer quatre mannequins de cire à notre effigie et que les foules seraient satisfaites. Les concerts des Beatles n'ont plus rien à voir avec la musique. Ce sont de foutus rites tribaux », dit John Lennon. « C'était trop, toutes ces émeutes et ces ouragans. La « Beatlemania » avait prélevé sa dîme, la célébrité et le succès ne nous excitaient plus[6] », se remémorera George Harrison.
L'arrêt des tournées marque une première fissure dans la carrière des Beatles, partant du principe qu'un groupe de rock 'n' roll qui ne joue plus sur scène n'est plus vraiment un groupe. D'ailleurs, tandis que John s'exclame « Mais qu'est-ce que je vais faire maintenant ? » — il partira en fait tourner le film How I Won the War à Almeria en Andalousie avec Richard Lester —, George déclare tout de go « Je ne suis plus un Beatle désormais ».
Il faut que Paul McCartney entraîne tout le monde dans un nouveau projet pour redonner un second souffle au groupe, un nouveau départ, loin des foules hystériques. Un projet qui consiste à envoyer une autre formation, imaginaire, en tournée à leur place. Celle du « Club des Cœurs Solitaires du Sergent Poivre ».
1967 à 1970 : les années studio
Le triomphe de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
Article détaillé : Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.Adieu les tournées et les costumes « uniformes ». À la fin de l'année 1966, les Beatles s'installent quasiment à plein temps dans les studios EMI d'Abbey Road, et ils vont en exploiter toutes les possibilités. C'est le début de la période qui sera définie comme « les années studio ». Ils s'amusent à coller des bouts des chansons, à lancer des bandes de musique par terre et à les recoller au hasard, à passer des morceaux à l'envers (comme sur la chanson Rain), en accéléré, à mélanger de nombreux instruments, des violons, des instruments traditionnels, indiens, toutes sortes de claviers, ou même des orchestres. À tenter tout ce qui est artistiquement possible en s'affranchissant d'un fardeau (ils sont les Beatles et doivent en permanence se mesurer à l'image que leur public a d'eux) pour prendre l'identité d'une fanfare à la fois « Edwardienne » et complètement dans l'air du temps, qui souffle depuis la Californie. Ce concept est signé Paul McCartney.
L'album Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est publié le 1er juin 1967 : ce disque est considéré par beaucoup comme leur chef-d'œuvre et sera reconnu comme la meilleure œuvre rock de tous les temps. D'autres y voient au contraire un album d'adieu (illustré par un massif fleuri où quatre Beatles tristes du musée de cire de Madame Tussaud semblent assister à leur propre enterrement, tandis que les quatre vrais Beatles sont donc devenus des musiciens de fanfare moustachus, et où une poupée à l'effigie de Shirley Temple annonce « Welcome the Rolling Stones »). Cet album marque en tout cas leur carrière et toute une génération.
Pour répondre à leurs besoins, George Martin et son équipe doivent aller de plus en plus loin. Ils inventent ainsi le « vari speed » qui permet de faire varier la vitesse de défilement de la bande (procédé qui est notamment utilisé sur Strawberry Fields Forever pour fondre deux prises différentes en une seule, ou sur Lucy in the Sky with Diamonds pour la voix de John Lennon) et le « reduction mixdown » : les quatre pistes d'un magnétophone, le maximum dont ils disposent à l'époque, sont réduites en une seule sur un autre appareil identique synchronisé, et trois nouvelles pistes sont ainsi libres. On peut multiplier ce procédé. De huit jusqu'à seize pistes avant l'heure[54]. Pour la première fois dans l'histoire du rock, un groupe va passer un peu plus de cinq mois en studio, de fin novembre 1966 à avril 1967, pour construire son album.
Les fructueuses sessions de Sgt Pepper's ont débuté par les enregistrements des titres Penny Lane — de Paul McCartney — et Strawberry Fields Forever — de John Lennon — où chacun traite de la nostalgie de son enfance à Liverpool. La maison de disques EMI et Brian Epstein pressent George Martin de sortir un single pour l'hiver, et ce dernier livre à contrecœur ces chansons, qui sont tout simplement celles qui sont les plus avancées[55]. Conséquence, ces deux titres (publiés en Angleterre le 13 février 1967) ne sont pas inclus dans l'album à venir. De manière anecdotique, ils n'atteignent pas le N°1 du hit-parade britannique, et le producteur considère aujourd'hui la décision de les avoir isolés sur un single « double face A » comme une « épouvantable erreur[6] ».
Toujours à l'avant-garde, les Beatles se mettent par ailleurs en scène pour le titre de John Lennon, Strawberry Fields Forever, cet hiver-là, dans un mini-film tellement innovant qu'on peut en faire le précurseur de tous les vidéo clips musicaux tels qu'on les connaît aujourd'hui[56].
L'écriture et la réalisation de Sgt Pepper's se poursuit intensément durant les quatre premiers mois de 1967. La collaboration Lennon/McCartney atteint encore des sommets. Ensemble, ils écrivent With a Little Help from My Friends pour Ringo Starr, créent She's Leaving Home à partir d'un fait divers, concoctent Getting Better, où l'optimisme de l'un (« It's getting better all the time / Ça va de mieux en mieux tout le temps ») est contrebalancé par le pessimisme de l'autre (« Can't get no worse / Ça ne peut pas être pire »). Enfin, un bout de chanson de John (« I read the news today oh boy… ») où il met en paroles une série de nouvelles lues dans la presse, accolé à une « ritournelle » de Paul (« Woke up, fell out of bed… »), le tout séparé par 24 mesures vides, qui sont remplies par un fameux glissando d'orchestre symphonique (clairement repris de Krzysztof Penderecki (Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima, 1960) et de Iannis Xenakis (Metastasis, 1955), donnent le titre A Day in the Life. Ils écrivent ensemble la phrase « I'd love to turn you on » (« J'aimerais te brancher ») qui fait scandale pour sa connotation « drogue » et provoque l'interdiction de la chanson sur la radio britannique.
Il est encore question de drogue, pour la plupart des observateurs de l'époque, avec le texte surréaliste et surtout les initiales (LSD) de la chanson Lucy in the Sky with Diamonds. Mais John Lennon explique qu'il est en fait parti d'un dessin que son fils Julian, alors âgé de quatre ans, a ramené de sa classe de maternelle en lui expliquant que c'était sa copine Lucy O'Donnell, « dans le ciel avec des diamants[5] ». Le compositeur, qui cite aussi Lewis Carroll et son Alice au pays des merveilles[6] comme source d'inspiration, est le premier étonné de l'interprétation qui est faite de son titre. Lucy est également le nom donné, en honneur à la chanson, aux restes fossilisés d'un Australopithecus afarensis, sujet féminin vieux de quelque 3,2 millions d'années découvert en Éthiopie en 1974.
L'héroïne joue un rôle dans le bannissement de deux autres chansons de l'album à l'antenne : premièrement Fixing a Hole, dont le titre supposerait que le chanteur se fait un « fix », et Being for the Benefit of Mr. Kite!, entièrement composée à partir d'une affiche de spectacle de cirque du XIXe siècle par John Lennon[5] — nouvelles prouesses techniques de George Martin et de son équipe pour répondre à ses demandes dans la fabrication de ce titre — qui est la quatrième chanson interdite d'ondes à cause du personnage « Henry the horse », puisque « horse » signifie héroïne en argot anglais. Ce sont bien sûr des interprétations totalement erronées de la part des « autorités compétentes »…
George Martin et les Beatles ont voulu faire de Sgt Pepper's un album-concept, en reliant certains morceaux, bien que les chansons n'aient aucun rapport entre elles, passées les deux du début (la chanson-titre et With a Little Help From My Friends). Pour unifier le tout, c'est Neil Aspinall, l'assistant du groupe, qui a l'idée de faire une reprise du morceau Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band comme avant-dernière piste de l'album. Ainsi, la fanfare du club des cœurs solitaires du Sergent Poivre accueille son public au début du spectacle — de l'album —, puis le salue à la fin, à travers le même morceau joué plus vite et dans une tonalité différente, en espérant que le show lui a plu. 40 ans plus tard, Paul McCartney reprend l'idée lors de sa tournée « Back in the U.S. » en 2002 en jouant la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en avant-dernier morceau.
Sgt Pepper's fait école et tout le monde (les Rolling Stones, Moody Blues, Aphrodite's Child, The Clouds, les Who, les Kinks, et bien d'autres) voudra aussi sortir son « album-concept », quand bien même Sgt Pepper's n'en est pas vraiment un d'un point de vue strictement musical ; il aura suffi que ses auteurs le disent pour que cela soit une réalité. Il n'y a en tout cas plus de plages séparées sur la version mono : les chansons y sont enchaînées à la manière d'un show, et l'album se termine par trois trouvailles :
- la longue décroissance — 47 secondes ! — d'une note de piano ;
- un sifflement à 20 000 Hz, inaudible par l'homme et impossible à reproduire sur la plupart des électrophones de l'époque, mais dont John Lennon espère qu'il fera aboyer les chiens de ceux qui possèdent une bonne chaîne Hi-Fi ;
- un « jingle » sans fin sur le sillon intérieur, que ne pourront découvrir que les puristes de la Hi-Fi, ceux qui refusent d'avoir une platine à arrêt automatique en fin de disque — pour les autres, le bras se lèvera avant, ou juste au début.
L'album fait date dans l'histoire de la musique pop rock : jamais un groupe n'avait disposé d'autant de temps, de moyens et de liberté pour enregistrer un album. Les Beatles exploitent donc pleinement cette opportunité et George Martin joue bien sûr un rôle-clé dans l'exploration de nouvelles techniques.
La pochette, très soignée et débordante de couleurs, a nécessité une centaine de lettres aux personnalités vivantes représentées afin d'obtenir leur accord. Trois personnages en sont retirés « in extremis » : Hitler et Gandhi, au motif qu'ils indisposeraient le public britannique et au grand désespoir du très provocateur John. Et un troisième personnage, l'acteur Leo Gorcey, qui voulait bien figurer sur la pochette, mais à condition d'être rétribué. On juge plus simple de le faire disparaître. Cette pochette est elle aussi un événement. C'est la première fois qu'autant de soin est apporté au conditionnement du disque. Les paroles des chansons y sont incluses, pour la première fois également. Jusqu'ici, les pochettes se résumaient le plus souvent à une photo de l'artiste ; à partir de Sgt. Pepper's, la conception de la pochette devient un élément-clé (à la fois « marketing » et artistique) de la production d'un disque.
L'année suivante, Frank Zappa parodie la pochette avec l'album We're Only In It for the Money (« nous ne faisons ça que pour l'argent ») fait avec son groupe The Mothers of Invention. Un autre pastiche est réalisé pour The Rutles, une émission d'Eric Idle des Monty Python qui entreprend de caricaturer la carrière des Beatles à la manière du fameux groupe d'humoristes, avec la bénédiction — et en partie le financement — de son ami George Harrison, plus le concours de Paul Frederic Simon et Mick Jagger, qui y jouent leur propre rôle. Les pastiches des chansons des Beatles créés pour l'émission sont autant de clins d'œil aux « tics » musicaux de leurs modèles — Ouch! imité de Help!, Cheese and Onions qui a des accents d'A Day in the Life, Piggy in the Middle évoquant I Am the Walrus, Doubleback Alley qui est le cousin de Penny Lane, etc.
Les Bidochons parodient aussi cette pochette pour leur album The Beadochons. Elle est également pastichée pour l'album Tropical Tribute to the Beatles. Toutefois, ce n'est pas la pochette qui fait l'objet du plus grand nombre de parodies, ce titre revenant à celle d'Abbey Road (même Paul McCartney s'y met avec son album Paul is Live).
Mort de Brian Epstein et premier échec
Le 25 juin 1967, les Beatles se produisent devant plus de 400 millions de téléspectateurs à travers le monde, à l'occasion de la toute première émission diffusée par satellite, Our World. En direct du studio 1 d'Abbey Road et en « Mondovision », ils interprètent une chanson spécialement composée par John Lennon pour l'occasion : All You Need Is Love[57]. Le triomphe est total. Le 45 tours publié le 7 juillet s'installe directement à la première place des charts et y reste trois semaines.
Le 24 juillet, paraît en pleine page dans The Times une pétition financée et signée par les quatre Beatles et leur manager intitulée « La loi interdisant la Marijuana est immorale en principe et inapplicable en pratique », un appel contre la prohibition en vigueur depuis l'instauration du Dangerous Drug Act en 1965[58],[59].
Mais c'est durant ce fameux « Summer of Love » (« l'été de l'amour ») sur fond de Sgt Pepper's que Brian Epstein est retrouvé sans vie dans sa maison, à 32 ans, suite à une surdose de barbituriques, le 27 août. Les Beatles apprennent sa mort au retour d'un séminaire d'initiation à la méditation transcendantale avec Maharishi Mahesh Yogi à Bangor, au Pays de Galles, où chacun s'est vu délivrer un mantra. La disparition de leur manager les laisse totalement désemparés et marque une nouvelle fissure dans leur carrière[60],[13].
C'est également à la même époque que Paul McCartney prend clairement les rênes du groupe, un rôle laissé vacant par John Lennon dont l'ego se dissout sous l'effet du LSD. Bourreau de travail (« workaholic »), Paul est dès lors à l'origine de la plupart des projets, la majorité des n°1 des Beatles sont son œuvre, et il n'a de cesse de lutter contre la démobilisation progressive des autres membres du groupe.
L'année 1967 se termine par l'éreintement critique de leur film Magical Mystery Tour, considéré à sa sortie (en fait, une diffusion télévisée sur la BBC à Noël) comme leur premier véritable échec. Un film tourné sans scénario — « mystérieux » même pour ses acteurs — et dont les séquences filmées des titres I Am the Walrus et Your Mother Should Know constituent les meilleurs moments. Le fait que les téléspectateurs britanniques l'aient vu en noir et blanc ne sert assurément pas sa cause. La bande-son, publiée sur un format « double EP » composé de 6 titres contient toutefois ces nouvelles perles que sont le très élaboré I Am the Walrus de John Lennon et The Fool on the Hill de Paul McCartney. Aux États-Unis, Magical Mystery Tour n'est pas un double EP, mais un album entier, sur lequel on retrouve compilés en face B les 45 tours publiés en 1967, comme les indissociables Strawberry Fields Forever/Penny Lane ainsi que All You Need Is Love et Hello Goodbye. C'est cet album, finalement publié en 1976 au Royaume-Uni, qui intégrera la discographie officielle des Beatles à partir de la réédition de tout leur catalogue en CD au milieu des années 1980.
Les personnages du Walrus (tiré du livre De l'autre côté du miroir de Lewis Carroll), de Lady Madonna et du Fool on the Hill, ainsi que Strawberry Fields, sont également repris en référence dans Glass Onion du double album blanc en 1968 — « The Walrus was Paul » (« le morse, c'était Paul ») chante John Lennon en se moquant de toutes les folles interprétations faites autour de ses textes…
Fondation d'Apple Corps
Articles détaillés : Apple Corps et Apple Records.Lorsque les Beatles, désormais « orphelins » de Brian Epstein, apprennent que leur capital peut être soit investi dans la création d'une entreprise, soit dilapidé en impôts divers, ils choisissent la première solution, débouchant sur la naissance de leur compagnie Apple Corps.
Le nom, comme le logo, proviennent d'un célèbre tableau de René Magritte acquis par Paul McCartney. Apple est créée le 19 avril 1967, et ses premiers locaux ouvrent le 22 janvier 1968, avec ses divisions Apple Records (label sur lequel leurs disques seront désormais publiés), Apple Electronics, Apple Publishing, Apple Films et Apple Retail. En plus de couvrir les finances et les activités des Beatles, la compagnie est censée apporter de l'aide à tout artiste dans le monde qui voudrait lancer un projet artistique de valeur. Durant les deux dernières années d'existence du groupe, le résultat sera pour le moins contrasté. Des rêveurs et des utopistes tels que « The Fool », un groupe de jeunes dessinateurs de mode hollandais, et « Magic Alex », alias Alex Mardas, feront perdre des milliers de livres aux Beatles[13].
L'Inde et le Maharishi
Article détaillé : Les Beatles en IndeLes Beatles ont décidé de partir avec leurs épouses et amis dans le nord de l'Inde, à Rishikesh, rejoindre le Maharishi Mahesh Yogi, afin de recevoir son enseignement et approfondir leur expérience de la méditation transcendantale. Du 3 au 11 février 1968[21], avant de prendre la direction du sous-continent, ils entrent en studio pour enregistrer quatre titres (Lady Madonna, The Inner Light, Hey Bulldog et Across The Universe) qui connaîtront des destins divers en termes de publication. Ce sont les deux premiers qui sont choisis pour être publiés en single, le 15 mars, durant l'absence du groupe. Lady Madonna, écrit par Paul, est N°1 au Royaume-Uni.
Mi-février, c'est le grand départ. Les Beatles intègrent l'ashram du Maharishi. Ringo Starr reste quinze jours, Paul McCartney un mois, John Lennon et George Harrison huit semaines[61].
Ce séjour se traduit notamment par une des plus fécondes périodes créative de l'histoire du groupe, puisqu'une quarantaine de chansons sont composées sur place, qui rempliront la quasi-totalité de leur prochain album, et jusqu'à leurs disques solos, après leur séparation[5].
Avec des années de recul, chacun des quatre Beatles soulignera tout le bien que leur a fait cette expérience, ce repos spirituel loin de la folie qui les entourait dans le monde entier, et tout ce qu'ils en ont retiré[61], et tous resteront à long terme des adeptes de la méditation transcendantale. Sur le moment en revanche, leurs réactions sont mitigées et vont jusqu'au terrible ressentiment de John Lennon.
« Je ne suis resté que deux semaines », raconte Ringo Starr, qui compare l'ashram du Maharishi aux camps de vacance de son enfance[61]. « Je ne retirais pas ce que j'en espérais et la nourriture était impossible »[61]. Second membre du groupe à quitter Rishikesh, au bout d'un mois, Paul McCartney explique : « J'étais ravi, mais je me demandais comment les autres (John et George) allaient sortir de là. Ils sont revenus en racontant que le Maharishi avait dragué une jolie américaine blonde à cheveux courts »[61]. Il s'agit d'une rumeur concernant l'actrice Mia Farrow présente, comme une importante troupe d'occidentaux et d'amis du groupe, à ce séminaire au pied de l'Himalaya. A Rishikesh, en avril 1968, la possibilité que le « maître » ait des faiblesses coupables met John Lennon hors de lui. Il pense avoir « percé le bluff »[61] du Maharishi, quitte l'endroit sur le champ en compagnie de George Harrison[6] et compose la chanson accusatrice Sexy Sadie : « You made a fool of everyone / Tu t'es moqué de tout le monde ») où il présente le guru indien comme un imposteur[61].
Plus tard, le ressentiment envers le Maharishi s'estompe, George Harrison qualifiant ces « bruits, que les médias ont repris pendant des années au sujet du Maharishi, toutes ces conneries » comme une « pure invention »[61]. Quant à Lennon, il explique rester totalement favorable à la méditation, ajoutant : « Je ne sais pas à quel niveau se situe le maître, mais on a passé de chouettes vacances, on est revenus frais et dispos pour jouer les hommes d'affaires. (…) Je ne regrette rien à propos de la méditation. J'y crois encore et la pratique à l'occasion »[61].
Cet épisode a ouvert, du jour au lendemain, l'Occident à la méditation, au yoga et à la philosophie orientale, quasiment inconnus auparavant[62].
Yoko Ono et l'Album blanc
Article détaillé : The Beatles (album)Cet hiver-là, John Lennon se rapproche de l'artiste d'avant-garde japonaise Yoko Ono, qui lui écrit quotidiennement lorsqu'il se trouve à Rishikesh... avec son épouse Cynthia. « J'ai rencontré Yoko avant de partir, j'ai eu beaucoup de temps là-bas pour réfléchir. Trois mois à ne rien faire d'autre que méditer et réfléchir. Je suis rentré à la maison et je suis tombé amoureux de Yoko. Cela a mis un point final à tout ça. Et c'est magnifique »[6] raconte Lennon. À son retour, le fondateur des Beatles consomme son amour avec Yoko et ne s'en sépare plus, délaissant Cynthia, la mère de son fils Julian qui n'a que cinq ans. Ils ne reverront quasiment plus John.
En mai, les Beatles entrent en studio pour enregistrer le double album blanc, dont le titre est tout simplement The Beatles, à partir du matériel majoritairement composé en Inde, sur le seul instrument dont ils disposaient, la guitare acoustique. Plusieurs chansons créées et jouées durant leur séjour, comme Dear Prudence et Julia de Lennon - sur lesquelles John met en pratique une nouvelle technique de picking, apprise de Donovan - ainsi que Blackbird, Mother Nature's Son, I Will et Rocky Raccoon, de McCartney, apparaîtront sur le disque, jouées en solo par leur auteur ou enregistrées en formation réduite.
Selon leur habitude — publier des titres sur 45 tours qui ne sont pas inclus dans les albums — les Beatles sortent en août le single Hey Jude/Revolution enregistré durant les séances de l'album blanc, qui connaît de nouveau un grand succès, malgré la longueur tout à fait inhabituelle de Hey Jude — 7 minutes dont quatre sont une répétition en chœur et crescendo de « Na na na nananana, nananana, Hey Jude ». C'est une chanson de McCartney, divisée en deux parties distinctes, destinée au fils de John, Julian, qui est unanimement saluée, tandis que Lennon a tenu à délivrer un message politique en plein bouillonnement de la jeunesse occidentale — mai 1968 en France, notamment. Dans la version rock de Revolution - celle qui figure en face B du 45 tours - il dit : « But when you talk about destruction, don't you know that you can count me out / Si tu parles de destruction, ne compte pas sur moi », alors que dans la version blues, plus lente, qui figure sur l'album blanc, enregistrée plus tôt, il avait répété la deuxième partie de la phrase en remplaçant out par in (« ne compte pas sur moi/compte sur moi »). Lennon a expliqué que, encore indécis sur ce sujet, il avait préféré, dans un premier temps, considérer les deux options… Rock & Folk, dans son numéro consacré à cet album[63], qualifiera la version rapide d'un peu « réactionnaire » et se félicitera de la version lente, considérée comme tournant selon lui en dérision le dénigrement de l'idée de révolution.
Ces sessions à Abbey Road sont tendues, la présence de Yoko Ono dans le studio, aux côtés de John, perturbe ses camarades. L'ambiance se dégrade. Chacun enregistre souvent séparément et se sert des autres comme « musiciens de studio » sur ses propres compositions. D'ailleurs, avant de coucher sur bande le titre qui ouvre cet album, Back in the U.S.S.R., Ringo Starr se met en congé du groupe. Les « Fab Four » continuent à enregistrer : Paul McCartney se met à la batterie — il en joue donc sur Back in the U.S.S.R. mais aussi sur Dear Prudence — et George Harrison à la basse.
Ce qu'en dit Ringo témoigne bien de l'atmosphère qui régnait lors de ces sessions :
« Je suis parti parce que j'éprouvais deux sentiments : celui de ne pas très bien jouer et celui que les trois autres étaient vraiment heureux, et que j'étais un étranger. Je suis allé voir John. […] Je lui ai dit : « Je quitte le groupe parce que je ne joue pas bien. Parce que j'ai l'impression de ne pas être aimé, d'être exclu. Alors que vous êtes tellement proches tous les trois ». John m'a répondu : « Je croyais que c'était vous trois qui étiez très liés ! » Je suis ensuite allé voir Paul et je lui ai dit la même chose. Paul m'a répondu « Je croyais que c'était vous trois ! » Je n'ai pas pris la peine d'aller voir George, j'ai dit : « Je pars en vacances ». J'ai pris les gosses et je suis parti pour la Sardaigne[6]. »
Lorsque Ringo Starr revient de Sardaigne, il découvre sa batterie couverte de fleurs dans le studio d'Abbey Road. Ils se resserrent dans un tout petit espace pour enregistrer en direct le Yer Blues de John Lennon[6], se déchaînent en interprétant Helter Skelter de Paul McCartney : on entend même Ringo hurler « J'ai des ampoules aux doigts ! » (« I've got blisters on my fingers »), à la fin du morceau. L'origine de cette chanson est à chercher dans un article d'un magazine musical, à propos du titre I Can See for Miles des Who. Cet article disait que ce titre était d'une « violence » inouïe. Paul décide, avant même d'avoir entendu la chanson en question, d'écrire un titre encore plus violent — il se rend compte plus tard, à l'audition de I Can See For Miles, que la revue exagérait quelque peu…
La tension accumulée durant ces sessions de l'été et automne 1968 retombe également lorsque George Harrison invite Eric Clapton, pour jouer le solo de guitare sur son titre While My Guitar Gently Weeps.
Publié le 22 novembre 1968, The Beatles est salué comme une grande réussite et connaît un immense succès commercial. Le public est cependant déconcerté par Revolution 9, un long collage sonore expérimental de neuf minutes, réalisé par John et Yoko. George Martin et les trois autres Beatles supplient John de retirer ce titre du disque, sans succès. Dans le genre expérimental, Lennon et Ono font encore plus fort en publiant, le même mois, leur album Two Virgins, enregistré en mai 1968 le soir où ils consommèrent leur amour pour la première fois et où tous deux apparaissent nus sur la pochette[64].
Le projet Get Back
Article détaillé : Let It Be (album).Le 2 janvier 1969, les Beatles se retrouvent autour d'un nouveau projet initié par Paul McCartney : filmer et enregistrer des répétitions pour aboutir à une prestation en public, revenir aux origines, jouer « live » comme un vrai groupe de rock'n'roll, bannir tout ajout en studio, interdire le mot overdub ou les trucages en tous genres. De plus, le tout devra déboucher sur un film. Pourquoi ? Pour un futur show télévisé ? Pour montrer des répétitions avant un concert ? Pour que l'on voie les Beatles en train de créer un album ? Et si un concert doit être organisé, où et dans quelles conditions ? Le groupe a beaucoup de mal à se mettre d'accord sur les tenants et aboutissants du projet[6].
Les séances du projet « Get Back » — ainsi nommé d'après la chanson éponyme, qui aurait dû donner son titre à l'album en préparation — se passent mal. Les tensions initiées lors des sessions de l'Album Blanc renaissent dans les froids studios de cinéma de Twickenham, à des heures matinales. La présence constante de Yoko Ono, à la limite de l'ingérence, n'arrange pas l'ambiance, tout comme le « dirigisme » de Paul. Devant des caméras tournant en continu, ils jouent de tout et de rien, beaucoup — une centaine de titres sont abordés, en quelques notes seulement pour certains — font le bœuf, jouant souvent mal et sans conviction[65]. John Lennon apparaît largement démobilisé, tandis que George Harrison est de plus en plus excédé. Après Ringo, c'est lui qui quitte le groupe, le 10 janvier, revenant 12 jours plus tard. Son ressentiment, sa frustration de rester, en tant que compositeur, à l'ombre du tandem Lennon/McCartney et de se voir fréquemment refuser des chansons qu'il aimerait voir placées sur les disques, ne cessent de grandir[65].
Les Beatles se rabattent ensuite sur leur propre studio, au 3 Savile Row, où est situé le siège de leur compagnie Apple. À l'initiative de George Harrison[66], ils s'adjoignent Billy Preston aux claviers et finissent par donner leur ultime prestation publique sur le toit de l'immeuble, le 30 janvier 1969. Mais elle est interrompue au bout de 42 minutes par la police, suite à des plaintes pour cause de vacarme[67]. Les événements de ce mois de janvier 1969 figureront, un an plus tard, dans le film Let It Be, chronique de la dissolution d'un groupe. On y voit notamment George Harrison interpeller Paul McCartney : « OK, bon, je m'en fous. Je jouerai ce que tu veux que je joue, ou je ne jouerai pas du tout si tu ne veux pas que je joue. Je ferai tout ce qui pourra te faire plaisir. » Les kilomètres de bandes enregistrées en un mois sont, dans un premier temps, rangées dans un placard, tant les membres du groupe s'en montrent insatisfaits.
Le 4 mars 1969, l'ingénieur du son Glyn Johns est appelé par le groupe pour mixer un album à partir des bandes existantes. Johns compile alors plusieurs versions des chansons de ce futur disque, enregistrées live en studio et sur le toit de l'immeuble de leur compagnie, mais les Beatles rejettent l'ensemble de son travail. Il en sera tout de même issu le single Get Back/Don't Let Me Down, publié le 11 avril 1969. Le reste des bandes retourne sur les étagères.
Abbey Road, l'ultime réussite
Article détaillé : Abbey Road.Avec l'idée de ne pas rester sur cet échec, Paul McCartney contacte George Martin en lui proposant de faire un disque « comme avant ». « Comme vous étiez ? Avec John ? John est d'accord ? » demande le producteur, ce que le bassiste confirme[6]. Les Beatles vont se réunir une dernière fois dans les studios EMI d'Abbey Road, durant les deux mois de l'été 1969, bien décidés à mettre de côté leurs dissensions, à tirer dans le même sens, afin de « sortir sur une note élevée ». Cependant, John Lennon rate le début des sessions, le temps d'être soigné après un accident de voiture en Écosse[13].
Une collection de chansons, dont certaines ont été composées en Inde, enregistrées sous forme de démo à l'époque de l'album blanc, et/ou répétées en janvier 1969 pour le projet Get Back, sont retravaillées pour aboutir à l'album Abbey Road. Quoi de plus simple que de donner, à leur ultime œuvre commune, le nom de la rue - ils se font photographier sur le passage piéton, le 8 août, pour la pochette du disque - où sont situés les studios dans lesquels ils ont enregistré l'immense majorité de leurs chansons depuis sept ans ? Il aura toutefois été, un moment, question d'appeler cet album Everest, en raison de la marque de cigarettes fumées par Geoff Emerick[21].
Les titres d'Abbey Road évoquent les tracas et frustrations du moment, parlant d'argent qu'on n'arrive pas à obtenir, de dettes, de négociations juridiques (You Never Give Me Your Money de Paul McCartney), de poids à porter pour longtemps, de marteau d'argent qui s'abat sur la tête des gens dès que les choses vont mieux (Carry That Weight et Maxwell's Silver Hammer, Paul à nouveau), de retour du soleil après un hiver long, froid et solitaire (Here Comes the Sun, où George Harrison évoque les grands moments de tension au sein du groupe), ou encore d'un jardin sous-marin où « il n'y a personne pour nous dire ce que [nous] devons faire » (Ringo Starr dans Octopus's Garden).
C'est leur premier — et dernier — album entièrement réalisé en huit pistes, et également un des premiers dans l'histoire du rock où l'on entend du synthétiseur, un Moog en l'occurrence, acquis par George Harrison auprès de son créateur, Robert Moog[6].
Les harmonies polyphoniques, qui avaient rendu les Beatles célèbres, sont de retour et contribuent au succès d'Abbey Road, sorti le 26 septembre 1969 (c'est leur album le plus vendu après Sgt Pepper's). Leur sommet dans ce domaine est sans doute constitué par Because, titre que John Lennon a composé en entendant Yoko Ono jouer la Sonate pour piano n° 14 de Beethoven, plus connue sous le nom de « sonate au clair de lune », qu'il lui demande de jouer à l'envers. Sur Because, les trois voix de John, Paul et George se superposent trois fois, soit une poignante harmonie à neuf voix, que l'on a pu entendre « a cappella » sur le disque Anthology 3 sorti en 1996 et, de nouveau sur Love en 2006.
La particularité d'Abbey Road est d'être constitué en partie de collages à partir de chansons ébauchées et inachevées. L'habitude fut prise de dire que la face A de l'album, qui s'ouvre sur Come Together et se referme sur I Want You (She's So Heavy) de John Lennon, reflète principalement son influence, tandis que la face B, qui contient le fameux « Medley » long de 16 minutes, reflète celle de McCartney. George Harrison se montre toutefois très inspiré avec Here Comes the Sun et surtout Something, qui est son premier et son seul Nº1 avec les Beatles.
Le Medley, articulé autour du thème musical de You Never Give Me Your Money de Paul, et qui contient en son sein trois bouts de chansons de John (Sun King, Mean Mr. Mustard et Polythene Pam), est élaboré par George Martin et Paul McCartney. Mais, contrairement à beaucoup d'idées reçues émises postérieurement - et comme l'expliquent John Lennon et George Harrison - le groupe collabore dans son ensemble pour décider de l'ordre des morceaux, trouver de quoi remplir les mesures entre chacun, les enchaînements et les breaks[6].
L'apparente dernière plage du disque, qui clôture le medley, s'intitule The End et se termine par une inédite série de solos (Ringo à la batterie d'abord, puis Paul, George et John, tour à tour, à la guitare, trois fois, sur deux mesures chacun) et la fameuse phrase « And in the end, the love you take is equal to the love you make » (« et à la fin, tu reçois autant d'amour que tu en donnes »). La vraie dernière plage du dernier disque des Beatles, morceau caché par un « blanc » sur le sillon du 33 tours, est minuscule (Her Majesty) et parle d'une manière peu commune de la reine d'Angleterre. À l'origine, elle se situait au cœur du medley, entre Mean Mr. Mustard et Polythene Pam, et Paul McCartney avait demandé à l'ingénieur du son John Kurlander de la retirer. Mais ce dernier, à des fins de sauvegarde — la consigne était qu'aucun des enregistrements des Beatles ne devait être jeté à la poubelle — la place en fin de bande, après un blanc de 15 secondes, derrière The End, coupée net. Après avoir écouté le résultat, Paul donne son accord. N'étant pas créditée au dos de la pochette originale du 33 tours, Her Majesty est considérée comme la première chanson cachée (hidden track) de l'histoire du rock.
Le 20 août 1969, les Beatles complètent l'enregistrement du titre de John Lennon I Want You (She's So Heavy) : c'est la dernière fois qu'ils sont réunis tous les quatre en studio[5].
Même si le succès est toujours présent, même si cette ultime collaboration est « heureuse », selon les acteurs — car tous savent que c'est la dernière fois — le plaisir de jouer ensemble ne les attire plus. Les Beatles disent ici, pour de bon, adieu aux Beatles, en montrant une dernière fois l'aspect miraculeux de leur association. « Tout le monde a incroyablement bien travaillé. C'est pourquoi j'aime particulièrement cet album » dira George Martin[6].
« Paul est mort »
Article détaillé : Légende sur la mort de Paul McCartney.Paul McCartney est par ailleurs, au même moment, l'objet d'une incroyable rumeur, qui voudrait qu'il se soit tué dans un accident de voiture en novembre 1966 et aurait été remplacé par un sosie. Pour les partisans de cette thèse, tout est bon pour l'accréditer en 1969, grâce à plusieurs indices, dont ceux-ci :
- La pochette d'Abbey Road constitue le point départ de cette légende urbaine. Elle fourmille d'indices pour étayer le postulat délirant : Paul traverse le passage piéton pieds nus, comme les morts que l'on enterre en Inde. La Volkswagen blanche que l'on voit est immatriculée « LMW 28 IF » soit « Living-McCartney-Was 28 years old-If » (« McCartney aurait eu 28 ans s'il était vivant », ce qui ne peut pas vraiment concorder car McCartney avait 27 ans lorsque l'album Abbey Road est sorti), il tient sa cigarette de la main droite alors qu'il est gaucher, etc.
- Les mots mystérieux de John Lennon à la fin de Strawberry Fields Forever. On l'entendrait dire « I buried Paul » (« J'ai enterré Paul ») alors qu'il prononce en fait « cranberry sauce » (« confiture de canneberge ») ;
- La phrase « He blew his mind out in a car » (« Il s'est éclaté la cervelle dans un accident de voiture ») dans A Day in the Life. Lennon évoque en fait le jeune héritier des brasseries Guinness, Tara Brown, qui s'est tué à 21 ans au volant de sa Lotus Elan en décembre 1966 ;
- À l'intérieur de la pochette de Sgt. Pepper's, McCartney porte un badge sur lequel on peut lire « OPD », ce qui donne bien sûr « Officially Pronounced Dead » (« officiellement déclaré mort »). En fait, ce n'est pas « OPD » qui est inscrit, mais « OPP », soit « Ontario Provincial Police » ! On pourra aller aussi jusqu'à poser un miroir devant les mots « LONELY HEARTS » au centre de la grosse caisse devant laquelle pose le groupe. Cela donne « 1 ONE I X HE ^ DIE », et bien sûr les folles interprétations qui vont avec cela. Enfin, au verso de la pochette, ses trois camarades sont de face et lui, de dos ;
- La chanson Revolution 9, comme les neuf lettres de McCartney, et l'on entendrait nettement dans ce long collage sonore, œuvre de John Lennon et Yoko Ono, le bruit d'un accident de voiture… Les partisans de la thèse évoquée ici trouvent également de très nombreuses « preuves » de leurs allégations en passant Revolution 9 à l'envers … ;
La liste des indices est donc longue, et non exhaustive dans ce chapitre. Le canular, comme le tintamarre médiatique, est énorme. Paul McCartney finit par prendre l'affaire en mains pour apporter un cinglant démenti. Malgré tout, il existe encore presque 40 ans plus tard des gens qui tentent de faire perdurer ce mythe. On trouve par exemple des dossiers sur Internet avec analyses photographiques à l'appui[68].
La séparation du groupe
Une fois les sessions du disque Abbey Road achevées, et alors que le single Something / Come Together va occuper partout la tête des hit-parades — tandis que le 33 tours restera 17 semaines Nº1 en Angleterre à partir du 4 octobre —, John Lennon, de retour d'un concert à Toronto avec le Plastic Ono Band naissant, annonce aux autres Beatles qu'il quitte définitivement le groupe lors d'une réunion chez Apple, le 20 septembre 1969[69], en réponse à Paul McCartney qui, dans une ultime tentative de relance, propose de repartir en tournée dans des petites salles[6]. Ils conviennent que cette nouvelle doit rester secrète, compte tenu des enjeux commerciaux (renégociation des contrats de distribution avec EMI au Royaume-Uni et Capitol Records aux États-Unis). Les Beatles se sont sévèrement disputés autour du nom de leur nouveau manager, entre Allen Klein, soutenu par Lennon, Harrison et Starr, et Lee Eastman, avocat, père de Linda, la femme de Paul. Klein, que Paul déteste, sera leur dernier manager.
Pour couronner le tout, ils perdent également la propriété de tout leur catalogue de chansons. Northern Songs était en effet détenu à 51 %, soit la majorité des parts, par Brian Epstein à travers sa société NEMS. Sa famille, une fois ce dernier disparu, et leur éditeur Dick James, administrateur de Northern Songs depuis les débuts en 1963, décideront de vendre à l'empire ATV, en 1969, sans que les Beatles ne puissent rien faire[6]. Un déboire qui aura aussi pesé de tout son poids dans l'ambiance délétère menant à la dissolution du groupe. C'est ce catalogue détenu par ATV que Michael Jackson rachètera pour 47,5 millions de dollars[70] en 1985.
La toute dernière session d'enregistrement des Beatles se déroule en l'absence définitive de John Lennon. Elle a lieu les 3 et 4 janvier 1970 avec le titre de George Harrison I Me Mine[5], et on entend ce dernier, en introduction de la version publiée sur le disque Anthology 3, lâcher une plaisanterie à ce sujet : « You all will have read that Dave Dee is no longer with us, but Mickey and Tich and I, just like to carry on the good work that's always gone down in number two », ce qui signifie « Vous aurez tous lu que Dave Dee n'est plus avec nous, mais Mickey, Tich et moi apprécions de poursuivre le bon travail qu'on a toujours fait au [studio] numéro deux » ; ces noms faisant référence à un groupe britannique populaire du moment, Dave Dee, Dozy, Beaky, Mick & Tich. Quatre mois s'écouleront encore sans aucune activité musicale commune, avant que la séparation ne soit rendue publique.
En mars, à l'initiative d'Allen Klein, et avec les accords de John Lennon et George Harrison[6], les bandes enregistrées en janvier 1969, ce qui deviendra l'album Let It Be, sont confiées au producteur américain Phil Spector. Lequel ajoute chœurs féminins, arrangements de cordes, effets sonores à ces chansons qui devaient rester « brutes ». En entendant le résultat sur son titre The Long and Winding Road, Paul McCartney, qui n'a pas été consulté, pique une énorme colère. Il expédie une lettre adressée à Allen Klein chez Apple dont les derniers mots sont « Ne refaites plus jamais ça[6] ! ». Cela ne retire rien au succès de cet album publié le 8 mai 1970, et des chansons Get Back, Let It Be et The Long and Winding Road, toutes N°1 des deux côtés de l'Atlantique.
Le 10 avril 1970, peu de temps avant la sortie de Let It Be produit par Spector, Paul McCartney sort son premier album solo, McCartney, et annonce à travers un communiqué de presse (en fait, une « interview » où il fait les questions et les réponses) inséré dans les pressages « promotionnels » de son disque solo qu'il ne fait plus partie du groupe suite à des « désaccords sur les plans personnel, financier et artistique[5] ». Il rompt donc lui-même le secret et s'attribue la séparation, ce qui aura le don d'outrer ses camarades. John Lennon ne lui pardonnera jamais cette attitude qu'il interprète comme un simple coup publicitaire dans le but de faire vendre l'album McCartney.
« Je n'avais pas l'intention que ce communiqué signifie que je quittais le groupe. C'est un gros malentendu. Quand j'ai vu les unes des journaux, j'ai juste pensé « Christ, qu'ai-je fait ? » Et maintenant, on y est. Je n'ai pas quitté les Beatles. Les Beatles ont quitté les Beatles, mais personne ne veut être celui qui dira que la fête est terminée », se justifie Paul à chaud[6].
Ringo Starr déclarera de son côté : « Oui, j'étais dans les Beatles. Oui, nous avons fait des grands disques ensemble. Oui, j'aime ces gars. Mais c'est la fin de l'histoire. »
« J'ai fondé les Beatles et je les ai dissous, c'est aussi simple que cela » dira plus tard John Lennon[6].
Depuis 1970
Lennon, McCartney et Harrison avaient dans leurs cartons un nombre impressionnant de chansons composées, pour certaines ébauchées et répétées en groupe, voire enregistrées, depuis le séjour en Inde et les sessions de l'album blanc, et non incluses dans les disques des Beatles. En 1970, George Harrison sort un triple album, All Things Must Pass puis organise, le 1er août 1971 au Madison Square Garden de New York, le tout premier concert rock de charité, le Concert for Bangladesh, en faveur du Bangladesh, avec Bob Dylan, Eric Clapton, Ravi Shankar, Billy Preston et l'ami Ringo Starr, encore un triple album live à la clé. Paul McCartney commercialise son premier disque solo au titre éponyme, puis Ram, avant de fonder les Wings. John Lennon sort des singles engagés (Give Peace a Chance, Instant Karma!, Power to the People), un Live Peace in Toronto, suivi de l'album John Lennon/Plastic Ono Band, puis le très célèbre Imagine. Succès pour tous, à commencer par George qui signe le premier hit post-Beatles, My Sweet Lord (titre pour lequel il a été condamné pour "plagiat involontaire").
De son côté, John règle ses comptes avec Paul dans l'album Imagine, avec le titre How Do You Sleep? (« Comment dors-tu ? ») où il dit, à propos de son ex-ami : « The only thing you done was Yesterday » (« La seule chose que tu as faite c'était hier », jeu de mots entre « hier » et le titre de la chanson Nº1 en 1965) et « Those freaks was right when they said you was dead » (« Ces maboules avaient raison de dire que tu étais mort »).
Paul, lui, a estimé juste d'intenter fin décembre 1970 un procès à ses trois camarades, afin de mettre un terme définitif à l'entité juridique Beatles et surtout, dans son esprit, à empêcher le toujours manager du groupe, Allen Klein, de faire main basse sur l'argent qui continuait à couler à flots. « Il me fallait emmener les autres Beatles au tribunal. Et j'ai ressenti une grande culpabilité à cause de ça. Mais dites-moi ce que vous auriez fait si tout ce que vous aviez gagné – et c'était la totalité des revenus des Beatles, un montant énorme, tout ce que nous avions jusqu'à quelque chose comme Hey Jude – était sur le point de disparaître dans la poche de quelqu'un ? Le gars dont je parle, Allen Klein avait empoché 5 millions de livres pour sa première année en tant que manager des Beatles. J'ai senti l'arnaque et je me suis dit « 5 millions en une année ? Combien de temps cela lui prendra-t-il pour se débarrasser de tout ça ? » Et j'ai pensé : « Bien, je vais le sortir de là, je vais attaquer ce gars, Klein ». Ils m'ont répondu « Tu ne peux pas, car il n'est pas partie prenante de la plupart de nos accords ». « Il est donc devenu clair que je devais attaquer les Beatles », expliquera Paul McCartney[71]. La dissolution juridique du groupe sera finalement prononcée en 1975. Il répondra aussi à John dans le premier disque des Wings, Wild Life, fin 1971, avec la chanson Dear Friend : « Are you afraid or is it true? » (« As-tu peur ou est-ce vrai ? »).
Curieusement, lorsqu'il s'agira pour Paul et John de jouer, chacun de son côté, au jeu du « qui a fait quoi ? » sur les plus de 200 titres cosignés Lennon/McCartney, ils se montreront globalement d'accord, à de très rares exceptions près (notamment In My Life et Eleanor Rigby) entre ce qui est à 100 % de l'un, à 100 % de l'autre, à 50-50, à 60-40 ou à 80-20.
On offrira aux Beatles des millions de dollars pour qu'ils acceptent de reformer leur groupe. En février 1976, six années après leur séparation, un promoteur pop de Los Angeles, Bill Sargent, leur propose, pour un seul concert d'un minimum de 20 minutes retransmis à travers le monde, la somme de 50 millions de dollars[72],[73]. Les Beatles refusent. Sept mois plus tard, le 20 septembre 1976, un autre promoteur, Sid Bernstein, leur offre publiquement 230 millions de dollars pour un concert de charité[74],[75]. Fin de non-recevoir. Plus jamais, par la suite, un artiste ne se verra proposer de tels montants astronomiques pour un seul concert. À ce sujet, Paul McCartney précise, en septembre 2009, à l'occasion de la sortie combinée de tout leur catalogue remasterisé et du jeu The Beatles: Rock Band : « En fait, nous en avons beaucoup discuté. Et nous nous sommes toujours dits que si nous le faisions, ce ne serait peut-être pas génial, alors que la carrière des Beatles l'avait été. Et même si les offres étaient astronomiques, et qu'il y avait des gens pour nous dire « on vous payera tant pour le faire », nous nous sommes mis d'accord sur le fait que la boucle était bouclée et qu'il y aurait quelque chose de pas juste là-dedans »[76],[77]
Si « discussions » il y a, un drame y met un terme définitif : John Lennon, revenu à son métier de musicien après cinq années de retrait de la vie publique, est assassiné à 40 ans, le 8 décembre 1980 par Mark David Chapman, un déséquilibré à qui il avait signé un autographe quelques heures plus tôt, au pied de son appartement du Dakota Building à New York. Dès lors, George Harrison aura ce trait d'humour : « Les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon restera mort » («... there won't be a Beatles reunion as long as John Lennon remains dead.»). Le plus jeune des Beatles décède à Los Angeles d'un cancer généralisé à 58 ans, le 29 novembre 2001.
Une popularité jamais démentie
Pendant les quatre décennies qui suivent leur séparation, les Beatles restent un groupe très populaire. En 1973, sortent les deux fameuses compilations, le Red Album (1962-1966) et le Blue Album (1967-1970). Sur les pochettes de ces doubles albums, les Beatles posent en 1963 dans les étages des locaux d'EMI (même image que sur leur premier disque, Please Please Me), et sont dans la même position en 1969 : c'est la photo qui avait été prise pour l'album Get Back, en préparation au début de l'année.
Les compilations rouge et bleue atteignent des sommets en matière de ventes, permettant à toute une génération - celle qui succède aux « baby boomers » et était encore un peu trop jeune pour vivre la « Beatlemania » - de découvrir leur musique à travers un choix de titres très judicieux. Ce sont les deux doubles compilations posthumes - parues après la dissolution d'un groupe - les mieux vendues du XXe siècle.
Il en va exactement de même en 2000 avec une autre compilation, 1, où figurent les 27 chansons des Beatles ayant atteint la première place des ventes entre 1963 et 1970, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Bien que cette compilation soit parue 30 ans après la séparation des Beatles, c'est à ce jour l'album le plus rapidement écoulé de tous les temps : publié le 13 novembre 2000, il s'est vendu à 13,5 millions d'exemplaires dans le monde, dans son premier mois de commercialisation[78].
Entre-temps, sont publiés en 1988 deux disques que l'on peut considérer comme indispensables pour qui voudrait posséder la discographie complète des Beatles : les Past Masters, Volume 1 et Volume 2. Là, sont recensées toutes les faces A et B des 45 tours publiés entre les albums, et qui n'y figuraient donc pas. Cela va de From Me to You et She Loves You à Don't Let Me Down et The Ballad of John and Yoko en passant par I Feel Fine, Day Tripper, We Can Work It Out, Paperback Writer, Rain, Hey Jude ou Revolution.
Il y a également un album live, At the Hollywood Bowl, produit par George Martin et publié en avril 1977, enregistré lors de concerts donnés à Los Angeles en 1964 et 1965, puis une compilation des prestations des Beatles sur la radio nationale britannique, Live at the BBC, sorti en 1994.
Mais le projet le plus important de ces années post-Beatles porte le nom d'Anthology. Il réunit Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr (qu'on surnomme pour le coup les « Threetles ») et leur producteur George Martin avec trois doubles albums sortis entre 1994 et 1996, un film (en fait, une série télévisée disponible aujourd'hui en coffret DVD) et un livre (traduit en français en 2000). Chaque double album, publié chronologiquement, propose des versions alternatives de leurs chansons, des « live » datant des débuts du groupe, des documents sonores rares, des prises différentes, des essais, des expériences — comme n'entendre que les violons d'Eleanor Rigby, ou que les voix de Because — sans oublier deux nouvelles chansons des Beatles. Il s'agit, au départ, d'enregistrements sur cassette de John Lennon au milieu des années 1970, durant sa période de retrait de toute activité publique : Real Love et Free as a Bird, que Yoko Ono confie aux autres Beatles survivants pour qu'ils y ajoutent leurs voix et leurs instruments, le tout produit par Jeff Lynne.
Si les Beatles ont été consacrés 5èmes vendeurs d'albums aux États-Unis durant les années 1990, la décade suivante (années 2000) les verra terminer en première place (en fonction des ventes générées par la réédition de tout leur catalogue remasterisé) ou en seconde position avec plus de 28 millions d'albums vendus avant le 9 septembre 2009[4].
Le nettoyage posthume
Enfin, Paul McCartney prend sa revanche en 2003, avec le disque Let It Be… Naked (c'est-à-dire « nu ») qu'il fait publier avec l'accord donné juste avant la mort de George Harrison et avec celui de Yoko Ono. Débarrassé de toute la production de Phil Spector, permettant donc d'entendre ces chansons enregistrées en direct sans aucun ajout en studio, ce disque s'accorde avec le projet original. L'ordre des morceaux est modifié par rapport au Let It Be de 1970 et Don't Let Me Down de John Lennon y est inclus. Pour dramatiser le double objectif d'un retour aux sources et d'une simplicité voulue, sa pochette reprend les négatifs des photos de Let It Be et en noir et blanc.
La version fait découvrir que les Beatles n'avaient, à cette époque, rien perdu de leur cohésion initiale et avaient même, pour peu que le mixage fût bien fait, un son qui ne cédait rien en qualité et en simplicité à celui de leurs tout premiers albums. Le résultat fera dire à un critique américain, à propos de Phil Spector qui se débat, au même moment, avec la justice dans une accusation de meurtre : « Après avoir entendu cet album [Let it Be… Naked], je me rends compte que Spector s'était rendu coupable de bien plus grave que le meurtre dont on l'accuse. »[réf. nécessaire]
Pour finir, et une fois de plus sous la houlette de George Martin, aidé cette fois par son fils Giles, le disque Love[79] sort en novembre 2006. Il s'agit d'un « patchwork » de la musique des Beatles, fait de titres remixés et de « mash-up » (plusieurs chansons emmêlées), préparé au départ pour le spectacle donné par le Cirque du Soleil au Mirage de Las Vegas.
Concernant la restauration, tant attendue par les fans, du film Let It Be, Paul McCartney et Ringo Starr s'opposent à ce que le film soit à nouveau lancé sur le marché. En effet, les deux seuls membres des Beatles toujours vivants estiment que cette réédition n'apportera rien de plus au public que de leur montrer le côté sombre de toute cette aventure. Ni l'un ni l'autre ne seraient à l'aise avec l'idée de publiciser un film montrant les Beatles en train de se taper sur les nerfs les uns les autres. En résumé, il est fort peu probable que tout cela soit un jour diffusé, au moins du vivant de Paul et de Ringo.
Réédition de tout le catalogue remasterisé
La remastérisation, maintes fois repoussée, de tous les albums des Beatles, incluant les Past Masters, Volume One et Volume Two, est disponible depuis le 9 septembre 2009 en CD[80]. La publication des quatorze albums studios - les douze albums originaux, la B.O. du film Yellow Submarine, plus les deux Past Masters réunis en un seul album - constituent un important dépoussiérage et une amélioration notable par rapport à l'austère réédition CD de 1987[81],[82]. La publication de tout le catalogue numérisé et en stéréo — les remasters des premiers albums étant aussi proposés en mono — s'est faite en même temps que celle du jeu vidéo The Beatles: Rock Band[80]. La date de commercialisation choisie (09/09/09) n'est pas un hasard, dans la mesure où on peut aussi bien la rattacher au célèbre « number nine » entendu tout au long du titre Revolution 9 de John Lennon et Yoko Ono, sur l'album The Beatles, qu'à la chanson One After 909, une des premières compositions du tandem Lennon/McCartney à la fin des années 1950, enregistrée une première fois en 1963 par le groupe, mais qui ne fit surface qu'en 1970 sur Let It Be.
« Chaque coffret CD propose la réplique des pochettes originales des albums britanniques, ainsi que des livrets complets contenant de nouvelles notes historiques en compagnie d'informations sur les enregistrements, et des photos rares. Pour une période de temps limitée, chaque CD contiendra aussi un court film documentaire sur chaque album. […] Les albums ont été remasterisés par une équipe d'ingénieurs, dédiée aux studios Abbey Road sur une période de quatre ans, utilisant une technologie de pointe en même temps que les équipements de studio de l'époque, afin de précautionneusement maintenir l'authenticité et l'intégrité des enregistrements analogiques originaux. Le résultat de ce processus laborieux est le catalogue de la plus haute fidélité depuis les publications originales », explique la compagnie Apple[80].
La mise en vente du catalogue remasterisé se présente sous la forme de deux coffrets : 14 albums en stéréo, et 11 albums en mono. Seuls les disques en stéréo sont vendus à l'unité. Pour écouter les Beatles dans la forme sonore où tous les albums ont été conçus jusqu'en 1968, il faut donc se procurer le coffret entier pour un prix d'environ 235 euros en Europe[83]. Les premiers chiffres de vente, une semaine après la commercialisation du catalogue, font apparaître un formidable succès commercial, entraînant le retour du groupe au sommet des charts des deux côtés de l'Atlantique (2,25 millions de copies vendues en 5 jours[84]), tandis que les distributeurs font face à des ruptures de stock. C'est l'album Abbey Road qui devance toutes les autres œuvres du groupe en tête des ventes et des classements[85],[86]. Moins de cinq mois après la parution de ces remasterisations, environ 13 millions d'albums ont déjà été vendus[87].
Lancement du catalogue en téléchargement légal
Depuis le 16 novembre 2010, tout le catalogue Beatles est disponible en téléchargement légal sur iTunes[88]. C'est la conclusion du différend judiciaire entre Apple Corps et Apple computer qui a duré près de 30 ans pour s'achever sur un accord à l'amiable en avril 2007, et dont on attendait qu'il débouche sur la mise en ligne des titres et des albums du groupe phare des années 1960. Un peu moins de trois ans plus tard, c'est désormais chose faite. Le lancement du catalogue « dématérialisé » sur internet a été précédé d'une annonce sur iTunes le 15 novembre : « Demain est un jour que vous n'oublierez jamais. Revenez demain pour découvrir une annonce exceptionnelle » avec quatre horloges indiquant l'heure du lancement, en Californie, à New York, à Londres et à Tokyo, soit précisément 16h00 le 16 novembre 2010 heure de Paris[89]. L'ironie de cette affaire veut que le catalogue de chaque Beatle en solo — Paul McCartney, John Lennon, Ringo Starr et George Harrison — soit depuis longtemps disponible.
Analyse musicale
De nombreux artistes de rock 'n' roll ont marqué le groupe à ses débuts, en particulier Elvis Presley, Buddy Holly, Chuck Berry, Eddie Cochran, tout le blues et le rock noir américain, puis les premiers rockers britanniques, notamment Cliff Richard et les Shadows. Du point de vue des harmonies vocales, ce sont les Everly Brothers et les artistes de Motown qui ont inspiré les « Fab Four ». La poésie de Bob Dylan, les recherches mélodiques des Beach Boys, la musique folk galloise, les grands compositeurs classiques et contemporains ou encore la musique indienne sont autant d'influences qui ont contribué à l'élaboration du langage musical des Beatles. À leur tour, les Beatles deviennent une pierre de touche dans l'univers de la musique populaire occidentale en montrant la voie, avec, pour commencer, le simple fait d'être les interprètes de leurs propres chansons et, pour continuer, en imposant la formule « deux guitares, une basse et une batterie », avant de se détacher totalement de cette formule en abordant une très large palette d'instruments.
Les Beatles se sont essayés à presque tous les styles possibles et ont ouvert des portes que d'autres ont franchies ensuite :
- du rock 'n' roll avec beaucoup de titres des débuts, comme I Saw Her Standing There, mais aussi, plus tard, avec par exemple, Back in the U.S.S.R. (pastiche évident du Back in the U.S.A. de Chuck Berry) ;
- du rhythm and blues blanc, c'est-à-dire du rock'n'roll, avec Dizzy Miss Lizzy ;
- du hard rock avec Helter Skelter, qui fait partie des premiers morceaux du genre[90], ou Revolution ;
- du rock psychédélique avec Tomorrow Never Knows, Lucy in the Sky with Diamonds, A Day in the Life, I Am the Walrus, mais surtout avec l'inédit What's the New Mary Jane, paru à titre « posthume » dans l'album Anthology, qui vise à une ambiance bizarre, à l'instar du Bo Bo's Party de Melanie ou du Lazy Old Sun des Kinks, de la même époque ;
- de la musique pop avec Yesterday. Les Beatles ont joué un rôle important dans la popularisation du genre ;
- de la pop rock, notamment avec leurs premiers succès comme Love Me Do ;
- de la pure pop britannique avec Penny Lane, qui utilise néanmoins des instruments à vent d'orchestre symphonique, comme la trompette piccolo ;
- du folk, mais aussi de la musique classique encore avec Blackbird, inspiré encore une fois de Bach[39] ;
- des orchestres et des arrangements musicaux sophistiqués avec A Day in the Life qui annonce le progressive rock ;
- des comptines avec All Together Now, Yellow Submarine ou The Fool on the Hill ;
- du reggae avec Ob-La-Di, Ob-La-Da ;
- de la soul avec Don't Let Me Down ;
- du funk rock avec Come Together ;
- du boléro cubain avec And I Love Her ;
- de la musique de bastringue à tendance jazz avec When I'm Sixty Four ;
- du ragtime avec Martha My Dear et Lady Madonna
- du blues pur avec Yer Blues ;
- de la musique indienne avec Within You Without You, The Inner Light et Love You To de George Harrison ;
- du country avec Act Naturally et What Goes On (On remarque dans l'ensemble que les chansons chantées par Ringo Starr ont, en raison de sa voix, une sonorité très "country") et un registre vocal toujours simple ;
- du blues rock avec Revolution 1 ;
- du Music-hall avec Honey Pie
- des ballades folk traditionnelles (et vaguement country) avec Rocky Raccoon ;
- des arrangements « classiques » avec Eleanor Rigby (sextuor à cordes), She's Leaving Home, Yesterday, Strawberry Fields Forever ou encore le solo de piano-forte de In My Life, accéléré au mixage lui donnant des allures de clavecin (et rappelant très clairement la musique Baroque), tous ces arrangements où transparaît la culture classique de George Martin ;
- des collages sonores (avec l'influence de Yoko Ono sur le groupe, bien que Paul se soit déjà essayé aux collages bien avant l'apparition de Yoko Ono dans la vie de Lennon) avec Revolution 9 ;
- de la musique expérimentale basée sur la musique indienne avec Tomorrow Never Knows (qui contient également selon Listology la première rythmique techno de l'histoire de la musique[91]).
Il serait injuste de passer sous silence dans cette liste Till There Was You, de Meredith Willson, dès leur deuxième album, qui annonce leur refus de s'enfermer dans un genre : il n'était pas du tout habituel à l'époque qu'un groupe populaire mette à son répertoire une chanson issue d'une comédie musicale destinée à de sages parterres familiaux. You Really Got a Hold on Me participe de la même volonté de briser les carcans (les Beatles chantaient d'ailleurs déjà au Cavern des chansons hors normes pop comme Besame Mucho, ainsi qu'en témoignent quelques enregistrement « pirates » ; ces deux dernières chansons seront partiellement reprises dans le film Let It Be).
Héritage
Impact sur la musique
L'héritage musical des Beatles est incommensurable. Ils représentent une influence majeure incontournable pour la plupart des musiciens qui leur ont succédé. On ne compte plus le nombre de groupes qualifiés de « nouveaux Beatles » par la presse spécialisée.
Un grand nombre de leurs compositions sont devenues des standards du rock et de la pop et il est impossible de comptabiliser les reprises de leurs chansons, plusieurs d'entre elles figurant parmi les plus interprétées au monde[92]. Un certain nombre de ces reprises sont d'ailleurs devenues des tubes et se sont bien classées dans les hit-parades[93].
Si de nombreux groupes et artistes revendiquent l'influence des Fab Four (Prince, Michael Jackson, Tears for Fears, Oasis, Drake Bell, U2, Radiohead, The Verve, Coldplay, Gush, Travis, Keane, Revolver parmi tant d'autres), certains se sont même fait une spécialité de reprendre leur répertoire et n'hésitent pas à les singer complètement, poussant l'imitation jusque dans l'habillement et la coiffure. C'est le cas par exemple de The Rabeats, des Afterbeats, Bea Trips, Britles, Beatles History, The Return ou des Fab Faux, pour n'en citer que quelques-uns.
Impact sur l'industrie discographique
Dans le monde du rock, ce sont les Beatles qui ont redéfini la conception des albums pour en faire des ensembles cohérents, c'est-à-dire reflétant une véritable démarche artistique, plus qu'un empilement de chansons. On peut dater cette genèse avec Rubber Soul en 1965. Jusque là, c'était le format single ou 45 tours qui primait dans l'industrie du disque. Les Beach Boys répondent à Rubber Soul avec Pet Sounds, les Beatles vont encore plus loin avec Revolver et l'année suivante avec Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band : c'est la naissance d'une nouvelle notion, celle d'album-concept, dans la lignée de Freak Out! de Frank Zappa sorti un an plus tôt. Au delà de la musique, c'est ce qui l'entoure, cette pochette particulièrement soignée, qui s'ouvre, qui est munie des paroles imprimées au dos et d'une planche d'accessoires à découper, qui révolutionne l'industrie du disque.
Même aujourd'hui, le groupe prête son nom et sa musique pour la cause du téléchargement légal de la musique en ligne avec une vidéo intitulée Why Music Matters[94].
Reprises, adaptations et parodies
Les chansons des Beatles ont fait l'objet d'adaptations par milliers dans le monde entier et dans presque toutes les langues, y compris en français et dans toute la francophonie[95]. Elles ont aussi été conjuguées dans tous les styles musicaux, et des albums entiers de reprises - instrumentales, a capella ou chantées - leur sont consacrés, comme par exemple le Reggae Tribute to the Beatles enregistré par des chanteurs jamaïcains, le Tropical Tribute to the Beatles avec des artistes d'Amérique latine, ou encore Basie On The Beatles, par Count Basie, pour le jazz.
Le groupe The Punkles en a fait des versions Punk, Beatallica s'est évertué à mélanger leurs compositions avec celles du groupe Metallica, le Beatles Rumba Band en fait des reprises rumba, tandis que le DJ Danger Mouse a mixé des samples du double blanc avec la voix du rappeur Jay Z sur The Grey Album et que les Easy Star All-Stars publient, en avril 2009, une reprise intégrale de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band en reggae.
Plusieurs films n'utilisent que des airs des Beatles en guise de bande originale. Le titre du film, voire l'intrigue, peuvent aussi s'en inspirer directement. C'est le cas, bien sûr, du Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band de Michael Schultz ou de Across the Universe réalisé par Julie Taymor. D'autres encore racontent leur histoire, comme I Wanna Hold Your Hand de Robert Zemeckis, Backbeat de Iain Softley ou encore Nowhere Boy de Sam Taylor-Wood.
Plusieurs émissions de télévisions utilisent les chansons des Beatles. Ainsi, l'émission Va Savoir, présentée par Gérard Klein sur La Cinquième, était exclusivement constituée de musiques du quatuor de Liverpool, mais on se souvient plus facilement du générique, le fameux Magical Mystery Tour. De même, l'éphémère Les enfants de John, également sur la Cinquième, avait pour générique Revolution.
Michael Jackson fera une reprise de Come Together pour son film Moonwalker et l'intègrera, des années plus tard, dans son double album HIStory.
Le groupe Oasis, très inspiré par les Beatles, a repris I Am the Walrus sur scène et l'a inclus sur sa compilation The Masterplan.
On retrouve encore les Beatles en personnages de bande dessinée. Ils font une apparition dans l'album Astérix chez les Bretons, et la femme d'Ordralfabétix, le poissonnier, s'appelle Ielosubmarine. Ils apparaissent fréquemment dans Les Simpson, même qu'un épisode complet est calqué sur la carrière du groupe[96].
Les Beatles ont également été abondamment parodiés. En la matière, l'une des plus belles réussites est certainement le pastiche des Rutles, qui sont parvenus à imiter leurs mélodies, sans jamais les plagier, dans le film All You Need Is Cash. Les Bidochons, pour leur part, ont déformé les textes de leurs chansons dans l'album Quatre Beadochons dans le Vent.
Ils apparaissent sous les traits des Mosquitoes lors d'un épisode de l'émission jeunesse américaine Gilligan's Island (Les Joyeux naufragés). Dans la version originale en anglais, les personnages s'appellent Bingo, Bango, Bongo et Irving[97].
Le groupe américain The Monkees, originalement des personnages d'une émission de télévision de la chaîne NBC, est un pastiche des Beatles. Les Charlots se sont fortement inspirés aussi de leur style capillaire et vestimentaire, du moins à leurs tout débuts, mais avec une musique très différente !
Les visuels du groupe ont été également allègrement copiés, comme la pochette de Sgt. Pepper pastichés par Frank Zappa dans We're Only in It for the Money (et, en France, par l'album Beadochons) ou celle d'Abbey Road, reproduite par les Red Hot Chili Peppers sur The Abbey Road E.P., et Paul McCartney lui-même s'est autopastiché (en solo) sur le fameux passage zébré pour un de ses albums (Press to Play ?).
Tourisme, monuments, lieux dédiés
La ville de Liverpool base ses activités touristiques sur la carrière des Fab Four, un musée leur est consacré sur l'Albert Dock, et les lieux mythiques (du Cavern Club à Strawberry Field en passant par Penny Lane et les maisons d'enfance de Paul à Forthlin road et de John sur Menlove avenue) se visitent en circuit organisé. Un luxueux hôtel à thème, le Hard Day's Night Hotel a par ailleurs ouvert en 2007[98]. Chaque année, fin août, est organisé l'« International Beatles week festival[99] » où se produisent des centaines de groupes devant des milliers de fans. L'aéroport de la cité portuaire est devenu en 2002 le Liverpool John Lennon Airport. À Londres également, des circuits sont organisés pour visiter les lieux où ont vécu et travaillé les Beatles[100]. Le passage pour piétons d'Abbey Road est un lieu de pèlerinage depuis quatre décennies.
À Hambourg, au croisement de Grosse Freheit et de la Reeperbahn - à mi-distance entre le Top Ten Club et le Kaiserkeller, deux clubs où les Beatles se produisirent au tout début des années 1960 - une Beatles-Platz a été inaugurée en septembre 2008[101]. Au centre de cette place, le groupe est représenté par des silhouettes métalliques au nombre de cinq (avec Stuart Sutcliffe, un peu à l'écart), tandis que le batteur est stylisé de façon à ce que l'on puisse aussi bien reconnaître Pete Best, qui officiait avec le groupe à l'époque, que Ringo Starr, qui ne le rejoignit que plus tard. Toujours à Hambourg, c'est depuis le 29 mai 2009 que les mythiques Beatles disposent d'un musée à leur gloire, aménagé sur cinq étages, au cœur de la "Reeperbahn"[102].
On trouve des statues, des musées sur les Beatles un peu partout dans le monde, et notamment à La Havane (Cuba)[103], à Lima (Pérou)[104], à Ekaterinbourg et Samara (Russie)[105], [106], à Houston (Texas)[107] ou encore à Oulan-Bator (Mongolie)[108], en Pologne [109], en Écosse [110] ou à Brescia (Italie)[111].
Autres hommages
Le paléontologue Yves Coppens a donné le nom de Lucy à l'australopithèque qu'il a découvert, en 1974 en Éthiopie, parce qu'il écoutait la chanson des Beatles Lucy in the Sky with Diamonds en répertoriant les ossements[112].
Le lundi 4 février 2008, la NASA a par ailleurs diffusé la chanson Across The Universe à travers la galaxie, pour fêter le 40e anniversaire de son enregistrement. Depuis cette date, la chanson voyage à la vitesse de la lumière et pour une durée totale de 431 ans, avant d'atteindre sa destination finale, l'étoile polaire[113].
Produits dérivés
Des T-shirts, des portes-clés à l'effigie des membres du groupe sont disponibles en grandes quantités.
Jeu vidéo
Article détaillé : The Beatles: Rock Band.Le même jour que l'édition remastérisée du catalogue complet sur CD, une autre société, MTV Games, met en vente un jeu vidéo, The Beatles: Rock Band. Décliné pour les consoles PlayStation 3, Xbox 360 et Wii, il s'agit d'un jeu de rythme permettant de jouer dans un groupe virtuel, jusqu'à six joueurs. Paul McCartney, Ringo Starr, Yoko Ono et Olivia Harrison ont participé à la conception du jeu. Giles Martin (en), qui avait déjà travaillé avec son père sur l'album Love, est responsable de la production musicale. C'est la première fois que les Beatles autorisent l'utilisation de leur musique pour un jeu vidéo. Un mois et demi après, les ventes aux États-Unis atteignent les 595,000 exemplaires[114].
Cursus universitaire
L'université Hope de Liverpool a inauguré, en septembre 2009, un cursus de master en arts, dédié au groupe, pour étudier son impact et son influence sur la musique populaire et la société en général[115],[116]. « Plus de 8 000 ouvrages ont été écrits sur les Beatles mais il n'y a jamais eu d'études académiques sérieuses et c'est ce que nous allons faire », explique Mike Brocken », directeur des études à l'université Hope. « Les Beatles ont eu une telle influence sur la société, pas seulement avec leur musique, mais également dans le domaine de la mode avec leurs vestes sans col ou leurs vêtements psychédéliques... Quarante ans plus tard, c'est le bon moment. Liverpool est le meilleur endroit pour étudier les Beatles. Il s'agit assurément de la première maîtrise sur les Beatles dans ce pays et je dirais probablement la première dans le monde »[117]. Le cours est intitulé « Les Beatles, musique populaire et société » et sa durée totale est prévue sur 12 à 15 mois à temps complet, ou sur 24 à 36 mois à temps partiel[118].
Records établis
Article détaillé : Liste des records de ventes des Beatles (article en anglais).Au cours d'une carrière discographique longue de seulement sept années, les Beatles ont établi davantage de records de vente, et plus généralement de records liés à l'industrie du disque, que quiconque dans l'histoire du XXe siècle.
Voici une liste non exhaustive de records que les Beatles ont établi durant leur carrière.
Albums
- Plus grand nombre de disques vendus estimé par EMI à plus d'un milliard, tous supports confondus à travers le monde.
- Les Beatles détiennent le plus grand nombre d'albums numéro 1 au niveau international: 37 albums[119].
- Aux États-Unis, les Beatles détiennent avec la superstar de la musique country Garth Brooks, le plus grand nombre d'albums certifiés « diamant » (plus de 10 millions d'exemplaires vendus). Ils sont au nombre de six : Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, l'album Blanc, Abbey Road, The Beatles 1962-1966, The Beatles 1967-1970, et One[120].
- Aux États-Unis, les Beatles détiennent avec Elvis Presley le plus grand nombre d'albums certifiés < multi-platine > : 24 albums[121].
- Aux États-Unis, les Beatles sont le groupe musical qui détient le record d'albums certifié platine.(plus d'un million d'exemplaires vendus): 39 albums[121].
- Aux États-Unis, les Beatles détiennent le record d'albums ayant atteint la première place : 19 albums (14 albums pendant leur carrière 1964-1970 et 5 albums parus après leur carrière 1971-2009)
- Au Royaume-Uni, les Beatles détiennent le record d'albums ayant atteint la première place : 15 albums. (11 albums pendant leur carrière 1963-1970 et 4 albums parus après leur carrière 1971-2009)[122].
- Aux États-Unis, plus grand nombre de semaines passées à la première place des ventes (132).
- Au Royaume-Uni, plus grand nombre de semaines passées à la première place des ventes (174).
- Plus grand succès durant la première semaine de vente pour un double album, avec 855 473 exemplaires du disque Anthology 1 écoulés aux États-Unis entre le 21 et le 28 novembre 1995.
- La compilation 1 des Beatles parue en novembre 2000 est devenu au niveau international, le disque grand format le plus rapidement vendu de l'histoire de l'industrie discographique: 3,6 millions d'exemplaires vendus en une seule semaine et plus de 12 millions d'exemplaires vendus en trois semaines[123]. Il a depuis sa parution, franchit le cap des 31 millions d'exemplaires vendus[124].
Singles
- Les Beatles ont obtenu plus de N°1 dans le monde que n'importe quel autre groupe ou artiste (notamment 23 en Australie, 23 aux Pays-Bas, 22 au Canada, 21 en Norvège, 20 aux États-Unis[125], 18 en Suède, 17 en Royaume-Uni[126] etc.).
- Ils détiennent :
- d'une part le plus grand nombre de chansons ayant atteint la première place des charts internationaux
- d'autre part la meilleure moyenne de chanson numéro 1 par année.
Les Beatles ont réussi à placer 66 chansons numéro 1 à travers le monde, dont 64 au cours de leur carrière, soit une moyenne de 8 chansons numéro 1 par an[119].
- Dans les « charts » britanniques et américaines, John Lennon et Paul McCartney sont les auteurs les plus « couronnés » de l'histoire, avec 32 N°1 aux États-Unis pour McCartney et 26 pour Lennon (dont 23 furent écrits ensemble) ; 29 pour Lennon et 28 pour McCartney au Royaume-Uni (dont 25 en collaboration).
- Durant la semaine du 4 avril 1964, les chansons des Beatles étaient aux cinq premières places du classement du Billboard aux États-Unis. Personne n'avait jamais réalisé un tel exploit avant et personne ne l'a fait depuis lors. Les chansons étaient dans l'ordre Can't Buy Me Love, Twist and Shout, She Loves You, I Want to Hold Your Hand, et Please Please Me. La semaine suivante, 11 avril 1964, 14 chansons des Beatles figuraient dans le Billboard Hot 100.
- Ils détiennent un autre record dans ce « Billboard Hot 100» : le fait d'avoir placé trois titres l'un derrière l'autre à la première place : en 1964, Can't Buy Me Love (5 semaines) détrôna She Loves You (2), qui avait supplanté I Want to Hold Your Hand (7), soit pour un total de 14 semaines d'affilée.
- La plus rapide vente de single de tous les temps est également à mettre à leur crédit : 250 000 copies d'I want to Hold Your Hand vendues en trois jours aux États-Unis, un million en deux semaines, 10 000 exemplaires écoulés par heure durant les 20 premiers jours, dans la seule ville de New York.
- Yesterday est la chanson la plus reprise de l'histoire de l'industrie musicale. Le Livre Guinness des records recense plus de 3 000 versions enregistrées. C'est aussi la chanson la plus diffusée de l'histoire internationale de la radio.
- En « précommandes », le record est de 2,1 millions pour Can't Buy Me Love (940 225 copies vendues le jour de la sortie).
- Au Royaume-Uni, les Beatles détiennent le record de singles vendus à plus d'un million d'exemplaires. Cinq singles : She Loves You, I Want To Hold Your Hand, Can't Buy Me Love, I Feel Fine, We Can Work It Out / Day Tripper[127].
- Le 13 juin 1965, c'est-à-dire avant la publication de l'album Help! et de la chanson Yesterday, Northern Songs, la maison d'édition des Beatles, révélait que 1 337 reprises de leurs chansons avaient déjà été enregistrées, soit après seulement 32 mois de carrière discographique du groupe de Liverpool.
Prestations
Ils ont également établi le record d'audience à la télévision aux États-Unis (hors retransmissions sportives) avec plus de 70 millions de téléspectateurs assistant à leur prestation dans le Ed Sullivan Show sur CBS le 9 février 1964[128].
En se produisant au Shea Stadium de New York le 15 août 1965, les Beatles établirent un nouveau record du monde d'assistance (environ 56 000 spectateurs) et de rentabilité. Ce fut la première fois dans l'histoire de la musique populaire qu'un groupe ou un artiste se produisit dans un stade. Ils furent aussi le premier groupe musical à jouer au Budokan de Tokyo, jusqu'ici exclusivement réservé aux arts martiaux, pour cinq spectacles en trois jours fin juin 1966, attirant plus de 10 000 spectateurs à chaque fois[128].
Le 25 juin 1967, les Beatles jouent All You Need Is Love dans l'émission Our World, retransmise en direct dans le monde entier et vue par plus de 400 millions de téléspectateurs[21].
Œuvre
Discographie
Articles détaillés : Discographie des Beatles et Liste des chansons des Beatles.Voici la liste des albums et singles officiels publiés en Angleterre par les Beatles entre 1962 et 1970. Dans les autres pays, les albums pouvaient être très différents, surtout pendant les années avant Sgt. Pepper's. D'autres albums et singles furent publiés après leur séparation, mais la liste n'en tient pas compte. Pour plus d'informations sur ces « posthumes » et de la discographie américaine, consulter l'article détaillé.
Albums officiels durant l'existence du groupe
Il s'agit des albums Parlophone (puis Apple) au Royaume-Uni, publiés sous d'autres labels en Europe (Odeon en Allemagne, etc.) où le standard était de 14 chansons par album. Jusqu'à Sgt Pepper's non inclus, ils furent redécoupés pour les Etats-Unis où le standard était de 11 chansons par album seulement, donnant naissance à d'autres titres d'albums : Meet the Beatles, Something New, The Beatles Yesterday and Today, etc.
- Please Please Me (22 mars 1963)
- With the Beatles (22 novembre 1963)
- A Hard Day's Night (10 juillet 1964)
- Beatles for Sale (4 décembre 1964)
- Help! (6 août 1965)
- Rubber Soul (3 décembre 1965)
- Revolver (5 août 1966)
- Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (1er juin 1967)
- Magical Mystery Tour (27 novembre 1967, aux États-Unis seulement)
- The Beatles (22 novembre 1968)
- Yellow Submarine (17 janvier 1969)
- Abbey Road (26 septembre 1969)
- Let It Be (8 mai 1970)
Compilations notables et albums après la séparation
- The Beatles Again (1970)
- Réédité sous le nom de Hey Jude
- 1962–1966 (1973)
- 1967–1970 (1973)
- Past Masters (1988)
- Live at the BBC (1994)
- Anthology 1 (1995)
- Anthology 2 (1996)
- Anthology 3 (1996)
- Yellow Submarine Songtrack (1999)
- 1 (2000)
- Let It Be… Naked (2003)
- Love (2006)
Singles officiels durant l'existence du groupe
Les singles sont présentés suivant l'ordre « Face A / Face B ». Les singles accompagnés du signe « † » sont des singles « double face A ».
- Love Me Do / P.S. I Love You (5 octobre 1962)
- Please Please Me / Ask Me Why (11 janvier 1963)
- From Me to You / Thank You Girl (11 avril 1963)
- She Loves You / I'll Get You (23 août 1963)
- I Want to Hold Your Hand / This Boy (29 novembre 1963)
- Can't Buy Me Love / You Can't Do That (20 mars 1964)
- A Hard Day's Night / Things We Said Today (10 juillet 1964)
- I Feel Fine / She's a Woman (27 novembre 1964)
- Ticket to Ride / Yes It Is (9 avril 1965)
- Help! / I'm Down (23 juillet 1965)
- We Can Work It Out / Day Tripper (3 décembre 1965) (†)
- Paperback Writer / Rain (10 juin 1966)
- Yellow Submarine / Eleanor Rigby (5 août 1966) (†)
- Strawberry Fields Forever / Penny Lane (17 février 1967) (†)
- All You Need Is Love / Baby You're a Rich Man (7 juillet 1967)
- Hello Goodbye / I Am the Walrus (24 novembre 1967)
- Lady Madonna / The Inner Light (15 mars 1968)
- Hey Jude / Revolution (30 août 1968)
- Get Back / Don't Let Me Down (11 avril 1969)
- Ballad of John and Yoko / Old Brown Shoe (30 mai 1969)
- Something / Come Together (31 octobre 1969) (†)
- Let It Be / You Know My Name (Look Up the Number) (6 mars 1970)
Filmographie
Films officiels
- A Hard Day's Night (6 juillet 1964)
- En tant qu'acteurs
- Help! (29 juillet 1965)
- En tant qu'acteurs
- Magical Mystery Tour (26 décembre 1967)
- En tant qu'acteurs et producteurs
- Yellow Submarine (6 juin 1968)
- En tant que producteurs
- Let It Be (20 mai 1970)
- En tant qu'acteurs et producteurs
Autres
- The Beatles est une série de dessins animés, diffusée aux États-Unis, faisant intervenir les quatre Beatles dans leur précédent style, c'est-à-dire sans moustaches ni lunettes. Les voix des personnages n'avaient plus rien en commun avec celles des Beatles, leur accent de Liverpool ayant été considéré comme difficilement compréhensible par le public américain. Chaque épisode comportait une chanson des "vrais" Beatles[129].
- 1994 : Le film Backbeat, de Iain Softley, raconte les débuts des Beatles lors de leurs séjours à Hambourg en 1960-61.
- 2007 : Le film Across the Universe, de Julie Taymor, est une comédie musicale rythmée par 33 titres des Beatles, qui conte une histoire d'amour des années 60 entre Jude (interprété par Jim Sturgess), jeune ouvrier de Liverpool venu aux États-Unis à la recherche de son père, et Lucy (interprété par Evan Rachel Wood), belle blonde dont le frère est un étudiant en révolte de Princeton.
- 2009 : Le film Nowhere Boy, de Sam Taylor-Wood, traite de l'adolescence de John Lennon et de la genèse de sa carrière musicale.
Notes et références
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- EMI, overview 1960-1969, consulté le 09/07/09
- Cinq albums différents publiés entre 1995 et 2006 ont atteint le N°1 des palmarès britannique et américain
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- Barbara Graustark, David Hanna, Jon-Michael Reed, Lillian Roxon, Martin Sage et Ed Naha, John Lennon 1940-1980, Select, 1981 (ISBN 2-89132-503-6)
- beat — en français « rythme » — et beetle, qui signifie « scarabée ». mot-valise formé sur les mots
- ISBN 978-2-84741-065-5 Sam Leach, Les Beatles avant la gloire, éditions Rouchon,
- Quelques photos des Beatles prises par Astrid Kirchherr.
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- Les Trois Stooges
- The Beatles on Abbey Road
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- The American Recording Industry Announces its Artists of the Century, RIAA, 10/11/1999. Consulté le 19/05/2008
- La pochette de With the Beatles
- La pochette de Beatles for Sale
- Barry Miles 2004
- Antoine de Caunes sur Canal+ le 16 novembre 2007. Interview de Paul McCartney par
- Revealed : Dentist who introduced Beatles to LSD », The Independent, 9/09/2006. Consulté le 30/05/2008 Ian Herbert, «
- There's a Place, précisément introspectif, et une autre résonance existe entre les deux chansons : In my life commence justement par There are places Le premier album contenait cependant
- Un disque fut d'ailleurs édité avec l'un des groupes chantant sur chaque face
- (en) Automatic double tracking sur la Wikipédia anglophone
- Le hit-parade hebdomadaire de la BBC ne jouait que l'un des deux titres, en alternance chaque semaine avec l'autre. Day Tripper y fut donc diffusé trois fois et We Can Work It Out deux seulement. Il aurait été suicidaire pour tout autre groupe de disperser ainsi l'attention de son public sur deux chansons nouvelles en même temps.
- texte intégral de l'interview
- texte intégral de la conférence de presse du 11 août 1966 à Chicago
- Daniel Ichbiah : Beatles - histoire & légende
- Rapport de l'ambassadeur britannique à sa chancellerie, 15 juillet 1966
- 40 ans après les concerts du Budokan, sur le site du Japan Times
- Description du séjour à Manille
- The Beatlles Stiffed in Manilla
- : photo du concert de Candlestick Park
- Les Beatles en studio
- Le Single de Liverpool
- (en) Clip de Strawberry Fields Forever sur YouTube [vidéo]
- (en) Retransmission de All You Need is Love lors de l'émission Our World sur YouTube [vidéo]
- Barry Miles, Hippies, P.251
- Texte de la pétition et signataires
- Lennon & Harrison Interview : Bangor 8/27/67, The Beatles Ultimate Experience, consulté le 19/05/2008
- The Beatles, The Beatles Anthology, octobre 2000, 367 p. (ISBN 2-02-041880-0), p. 281-286
- Deepak Chopra à propos de son ami George Harrison
- Philippe Constantin, Rock & Folk, janvier 1969; on trouvera la citation exhaustive en page de discussion de cet article
- La pochette de Two Virgins
- (en)The Twickenham sessions
- (en)The Apple sessions
- (en)The Rooftop concert
- (en)Un article sur la « mort » de Paul avec des photos
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Annexes
Bibliographie
Ce logo indique que la source a été utilisée pour la rédaction de l'article.Travaux universitaires
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- Julien Bourel, sous la direction de Michel Delahaye, Écriture et orchestration chez les Beatles entre 1965 et 1970 (ou le passage à l'art de la musique populaire). Mémoire de maîtrise en musique, université Paris 4, 1998, 80 p.
- René Bricault, L'enregistrement d'un album, la création d'une œuvre : Analyse du Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles. Mémoire de maîtrise en ethnomusicologie, université de Montréal (Québec), 2001, 32 + 92p. + 2 cassettes.
- Charlotte Chandellier, sous la direction de Tristan Mattelart, L'internationalisation des Beatles. Mémoire de maîtrise en information et communication, IFP Paris 2, 1997, 110 p.
- Gaëlle Cottais, sous la direction de Paul Rasse, La réception critique des Beatles dans la presse spécialisée française au cours des années soixante. Mémoire de master en communication, université de Nice, 2007, 95 p. + annexes.
- Yvan Cyrulnik, sous la direction de Jean Marie Jacono, Les Beatles (1960-1970) : Approches de l'analyse d'un succès. Mémoire de maîtrise en musique, université d'Aix-Marseille I, 1995.
- Sébastien Darsy, sous la direction de Marc Agostino, L'impact des Beatles sur la société française, 1963-1970. Mémoire de maîtrise en histoire contemporaine, université de Bordeaux III, 1999, 177 p.
- Lionel Detry, sous la direction de Thierry De Smedt, L'expression musicale du concept de postmodernité par les Beatles : analyse des albums Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band et The White Album. Mémoire de licence en communication, Université catholique de Louvain (Belgique), 2002, 151 p. + annexes.
- Sarah Etlinger, Beyond the Music: Rethinking Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, in Volume !, n°8-1, Bordeaux, Éditions Mélanie Seteun, 2011.
- Jean Gobert et Vincent Vandist, sous la direction de Philippe Marion, The Beatles, 4 garçons dans le temps : une analyse contextuelle du succès des Beatles. Mémoire de licence en information et communication, Université catholique de Louvain (Belgique), 1988, 2 volumes 300 p. et 187 p.
- Olivier Julien, sous la direction de Jean Mongrédien, The Beatles : Revolver, du blues à la pop-music. Mémoire de maîtrise en éducation musicale et musicologie, université Paris IV, 1993, 196 p.
- Olivier Julien, sous la direction de Danièle Pistone, Le son Beatles. Thèse de doctorat en musicologie, université Paris IV, 1998, 475 p.
- Marion Latour, sous la direction de Pascale Goestschel et Pascal Ory, La réception des Beatles en France (1960-2009). Mémoire de master 2 recherche en histoire, université Paris I, 2009, 202 p.
- Julie Micheli, La révolution culturelle pop et les Beatles dans l'Angleterre des sixties. Mémoire de recherche à l'IEP, université Bordeaux I, 2003, 84 p.
- Christel Reymond, sous la direction de Gérard Le Vot, L'évolution musicale des Beatles, album par album. Mémoire de maîtrise en musicologie, université Lyon II, 1998.
- Pichaiwat Saengprapan, Le dessin animé "Yellow Submarine", la réflexion sur la période psychédélique des Beatles. Mémoire de DEA en études audiovisuelles, ESAV Toulouse, 2006, 85 p.
Livres en français
- The Beatles Anthology, Paris, Seuil, 2000, 26 cm × 35 cm, relié, 367 p. (ISBN 2-02-041880-0), p. 247
- Pascal Bertin, Les Beatles : le groupe du siècle de A à Z, Les Éditions indépendantes, Numéro Hors Série Les inrockuptibles, 2009, 100 p.
- Peter Brown et Steven Gaines (trad. Christine Ramasseul), Yesterday, les Beatles : voyage intime dans une légende, Robert Laffont, 1984, 440 p. (ISBN 2-221-04283-2)
- Roy Carr et Tony Tyler (trad. Laurette Soum et Jean-Michel Denis), The Beatles, Delville, 1976 et 1984, 30 cm × 30 cm, 128 p. (ISBN 978-2859220310)
- Hunter Davies (trad. Jean-Luc Piningre), Les Beatles : la biographie, Le Cherche-Midi, 2004 et relié en 2009, 416 p. (ISBN 978-2749115535)
- Geoff Emerick et Howard Massey (trad. Philippe Paringaux, préf. Elvis Costello), En studio avec Les Beatles : les mémoires de leur ingénieur du son, Le mot et le reste, 2009, 488 p. (ISBN 978-2915378993)
- Mark Herstgaard (trad. Élie-Robert Nicoud), Abbey Road : l'art des Beatles, Stock, 1995, 498 p. (ISBN 2-234-04480-4)
- Tim Hill et Marie Clayton (trad. Olivier Fleuraud), Les Beatles : les inédits, Parragon, 2007, 22 cm × 28 cm, relié avec jaquette, 383 p. (ISBN 978-1-407-51004-0)
- Jean-Claude Hocquet et Éric Krasker, La France et les Beatles - Vol. 1 : La discographie originale, 1962-1970, Éditions Séguier, 2005, 283 p. (ISBN 978-2840494133)
- Daniel Ichbiah, Et Dieu créa les Beatles, Les Cahiers de l'info, 2009, 293 p. (ISBN 978-2-9166-2850-9)
- Éric Krasker, Les Beatles, enquête sur un mythe : 1960-1962, Éditions Séguier (coll. Empreinte), 2003, 422 p. (ISBN 978-2840493730)
- Sam Leach et Dick Matthews (photos) (trad. Jean-Marc Fouques), Les Beatles avant la gloire, Rouchon, 2007, 22 cm × 30 cm, 197 p. (ISBN 978-2356010049)
- Christian Le Bart et Jean-Charles Ambroise, Les fans des Beatles : Sociologie d'une passion, Presses Universitaires de Rennes (coll. Le sens social), 2000, 250 p. (ISBN 2-86847-520-5)
- Bertrand Lemonnier (préf. François Crouzet), L'Angleterre des Beatles : une histoire culturelle des années soixante, Kimé (coll. Le sens de l'histoire), 1995, 476 p. (ISBN 2-84174-016-1)
- Daniel Lesueur, Les Beatles, la discographie définitive, Alternatives-Parallèles (coll. Pop Rock). Nouvelle édition augmentée Éditions du Camion Blanc, 2009, 392 pp., 1997 et 2000 (ISBN 978-2-357-79051-3)
- Ian MacDonald (trad. Aymeric Leroy), Revolution in the Head : les enregistrements des Beatles et les Sixties, Le Mot et le Reste, 2010, 637 p. (ISBN 978-2-360540082)
- Pierre Merle, John et Paul : le roman des Beatles, Hors Collection, 2002, 212 p. (ISBN 2-258-05734-5)
- Barry Miles (trad. Meek), Paul McCartney Many Years From Now : les Beatles, les sixties et moi, Flammarion, 2004, 724 p. (ISBN 2-0806-8725-5)
- Ramon Moreno I Lopez (trad. Martine Montleau et Loretta Espain), Dictionnaire des Beatles, La Mascara (coll. Sur la musique), 1999, 221 p. (ISBN 84-7974-605-X)
- Jim O'Donnell (trad. Olivier de Broca), Le jour où John rencontra Paul : Heure par heure, la naissance des Beatles, Michel Lafon, 1996, 232 p. (ISBN 2840982021)
- Jean-Louis Polard et François Jouffa, Le Dictionnaire des Beatles : leurs 1.802 mots pour apprendre l'anglais, Michel Lafon, 1995. Nouvelle édition, Le Castor Astral, 2000, 380 pp. (ISBN 978-2859204372)
- Steven D. Stark (trad. Valérie Dariot), Les Beatles : Histoire d'un mythe incarné, Buchet-Chastel, 2007, 534 p. (ISBN 978-2-283-02189-7)
- Paul Trynka et Mojo (ouvrage collectif) (trad. Isabelle Chelley et Jean-Pierre Sabouret, préf. Brian Wilson), The Beatles 1961-1970, dix années qui ont secoué le monde, Tournon-La Mascara, 2005, 23 cm × 31 cm, relié, 458 p. (ISBN 978-2914237352)
- Steve Turner (trad. Jacques Collin), L'Intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Hors Collection, 1999, 288 p. (ISBN 2-258-06585-2)
- Nouvelle édition en mars 2010, en 2 volumes chez le même éditeur Les Beatles : Les secrets de toutes leurs chansons 1962-1966 et 1967-1970.
- Pacôme Thiellement, Poppermost - Considérations sur la mort de Paul McCartney, (essai) Musica Falsa, 2002, 174 p.
Livres en anglais
Pour une bibliographie anglophone plus complète sur les Beatles, vous pouvez consulter celle de l'article anglais en:The Beatles.- (en) Keith Badman, The Beatles Off the Record, Londres, Omnibus, 2000 (ISBN 0-7119-7985-5)
- (en) Glenn A. Baker et Roger Dilernia, The Beatles Down Under : The 1964 Australia and New Zealand Tour, Wild & Wooley, 1982, reprint Pierian Press, 1985
- (en) Geoff Emerick & Howard Massey, Here, There and Everywhere, My Life Recording The Music of The Beatles, Gotham (réédition poche), 2007
- (en) Curt Gunther, Mania Days, Genesis Publications, 2000.
- (en) Dezo Hoffmann, edited by Roxane Streeter, The Beatles Conquer America : The Photographic Record of Their First American Tour, Virgin books, 1984
- (en) Eric Krasker, The Beatles - Fact and Fiction 1960-1962, Paris, Séguier, 2009. (ISBN 978-2840495239)
- (en) Mark Lewisohn, The Beatles Recording Sessions, New York, Harmony Books, 1988, 204 p. (ISBN 0-517-57066-1)
- (en) Mark Lewisohn, The Complete Beatles Chronicle, Hamlyn, 2006 (réédition poche)
- (en) George Martin et Jeremy Hornsby, All You Need Is Ears, St Martin's Press or St Martin's Griffin, 1979, reprint 1995
- (en) George Martin et William Pearson, Summer of Love : The Making of Sgt Pepper, Macmillan, 1995
- (en) David Sheff, All We Are Saying: The Last Major Interview with John Lennon and Yoko Ono, New York, St. Martin's Press, 2000 (ISBN 0-312-25464-4)
Liens externes
- (en) Site officiel des Beatles
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