- Yellow Submarine (album)
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Yellow Submarine Bande originale par The Beatles Sortie 13 janvier 1969
17 janvier 1969Enregistrement 26 mai 1966 au 11 février 1968, et 22 et 23 octobre 1968
Studios EMI, De Lane Lea et Olympic (Londres)Durée 40 minutes (approx.) Genre Rock, rock psychédélique
Musique de filmFormat 33 tours Producteur George Martin Label Apple Critique Allmusic
Rolling StoneAlbums de The Beatles The Beatles (1968) Abbey Road (1969) Yellow Submarine est le dixième album des Beatles, paru le 13 janvier 1969 aux États-Unis et le 17 janvier en Grande-Bretagne. Il s'agit de la bande originale du film d'animation du même nom sorti en salles sept mois auparavant. Des treize chansons de cet album, seulement six sont des Beatles et parmi lesquelles quatre sont inédites. Les titres Yellow Submarine et All You Need Is Love ont en effet déjà été commercialisées auparavant. Les sept titres sur la face B de la bande originale sont des pièces instrumentales réalisées pour le film, composées et enregistrées par George Martin, et auxquelles aucun des Beatles ne participe.
Les quatre nouvelles chansons sont enregistrées entre février 1967 et février 1968 aux studios EMI d'Abbey Road et aux studios De Lane Lea, tandis que les orchestrations sont enregistrées les 22 et 23 octobre 1968. Concernant les chansons des Beatles, deux sont l'œuvre de George Harrison. La plus grande partie des chansons ont également recours à de nombreux overdubs, qu'il s'agisse d'ajout d'effets sonores ou d'instruments comme des cuivres. Aucun titre n'a été spécifiquement composée pour cet album, ou pour le dessin animé qui met en scène le groupe. Les genres musicaux vont du simple rock au psychédélisme poussé.
L'album est souvent considéré comme le moins bon du groupe, et ne s'impose en tête des hit-parades ni en Grande-Bretagne ni aux États-Unis : il doit dans les deux cas se heurter à la concurrence de l'album blanc que le groupe a publié deux mois auparavant. Les Beatles eux-mêmes ne prêtent que peu d'attention à cet album, qui déçoit les fans par son manque de contenu original et ses parties orchestrales qui semblent hors de propos sur un album des Fab Four. Une version de la bande originale avec uniquement des chansons du groupe, Yellow Submarine Songtrack, est publiée tardivement en 1999 pour pallier ce fait.
Sommaire
Historique
Contexte
Dans la foulée de leur film Magical Mystery Tour, les Beatles se voient appeler à participer à un nouveau long-métrage. L'idée de réaliser un film d'animation s'inspirant de leur chanson à succès Yellow Submarine s'impose assez vite, mais le groupe n'y prête que peu d'attention. Paul McCartney explique par la suite qu'il aurait désiré un film dans le style de ceux de Walt Disney : « Ils ont pensé qu'ils devaient partir de là où on s'était arrêtés, c'est-à-dire de Sgt. Pepper. Mais à l'époque, j'aurais préféré un Bambi[1]. » Il justifie ainsi le manque de motivation des Beatles : « Je crois que si ça avait ressemblé à du Disney et qu'ils avaient voulu un When You Wish upon a Star, j'aurais eu envie de le faire. Mais comme ils partaient dans la direction de Sgt. Pepper, on leur a demandé d'utiliser des chansons déjà enregistrées comme All You Need Is Love[1]. »
C'est donc un groupe particulièrement désintéressé qui se rend en studio entre le 3 et le 11 février 1968, juste avant son départ pour Rishikesh dans l'âshram du Maharishi Mahesh Yogi, pour enregistrer quatre chansons inédites : Lady Madonna, The Inner Light, Across the Universe et Hey Bulldog. Celles-ci n'ont pas été à proprement parler composées pour les besoins du film, et seule Hey Bulldog atterrit sur l'album[2]. Les deux compositions de George Harrison, Only a Northern Song et It's All Too Much sont ainsi des restes de la période Pepper[3].
Enregistrement
Les sessions d'enregistrement des titres qui vont constituer la bande-sonore de Yellow Submarine sont particulièrement dispersées dans le temps, puisqu'il s'agit d'une collection de chansons inédites ou non, placées ou non sur des singles ou des albums déjà parus, nullement réalisées spécifiquement pour les besoins du film et de sa bande sonore : la chanson-titre a en effet été enregistrée en mai 1966 pour l'album Revolver, tandis que Hey Bulldog, dernière piste mise en boîte, l'est en février 1968, près de deux ans plus tard, juste avant le départ du groupe pour l'Inde. Elles sont également réparties dans l'espace puisqu'outre les classiques studios d'EMI sur Abbey Road, l'album est également en partie enregistré dans les studios De Lane Lea et Olympic[4].
La chanson Yellow Submarine est enregistrée en 1966, en deux séances : la première, le 26 mai, vise à enregistrer la piste rythmique et le chant[5]. Le 1er juin, le groupe enchaîne avec ce qui est certainement l'une des sessions d'enregistrement les plus originales qu'il ait réalisé, puisqu'il s'agit de rajouter la pléiade d'effets sonores qui deviennent caractéristiques de la chanson, dans une ambiance totalement folle. Les amis du groupe, notamment Brian Jones, Marianne Faithfull et Pattie Boyd, participent aux chœurs, John Lennon fait des bulles dans un seau, Mal Evans se promène avec une grosse caisse suivi par l'assistance scandant en chœur le refrain[6].
Viennent ensuite des travaux sur trois chansons inédites de l'album : les deux compositions de George Harrison et le vivant All Together Now de Paul McCartney. En février 1967, au cours des sessions de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, les Beatles enregistrent ce qui doit alors être la participation de Harrison à l'album : Only a Northern Song, finalement remplacée par Within You Without You. La piste rythmique est enregistrée le 13 février, puis le chant suit le lendemain[7]. Des ajouts, notamment la trompette de Paul McCartney, sont ajoutés le 20 avril suivant[8].
Après la fin des sessions de Pepper, le groupe continue dans la même veine. All Together Now est enregistrée le 12 mai 1967, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler la folie de l'enregistrement de Yellow Submarine un an plus tôt[9]. It's All Too Much est enregistrée à la fin du même mois, dans les studios De Lane Lea contrairement aux autres, mises en boîtes aux studios EMI d'Abbey Road. Les premières sessions ont lieu les 25 et 26 mai pour préparer les pistes de base[9]. Une dernière session a lieu le 2 juin pour ajouter les cuivres sous la direction de Harrison[10].
Le contexte de l'enregistrement de All You Need Is Love est particulier : la chanson est enregistrée en direct au cours de l'émission Our World le 25 juin 1967, dans le studio no 1 d'Abbey Road[11]. Une partie des pistes ont cependant déjà été mises en boîtes par les Beatles au cours de sessions antérieures (les 14, 19 et 24 juin), dont certaines dans les studios Olympic, lorsque les salles d'Abbey Road étaient indisponibles[12].
La dernière chanson enregistrée est le Hey Bulldog de John Lennon, le 11 février 1968. Le groupe se rend en studio ce jour-là pour filmer une séance de travail destinée au clip de Lady Madonna. Plutôt que de rejouer un titre déjà enregistré, ils mettent en boîte cette composition alors inachevée, que le groupe complète au fur et à mesure de la session dans une parfaite entente : Lennon et McCartney improvisent le final de la chanson en criant et aboyant autour des micros, le tout sur un riff de guitare et piano soutenu[13]. C'est la dernière fois que l'ingénieur du son Geoff Emerick les voit travailler dans une parfaite harmonie[14].
Caractéristiques artistiques
Chansons des Beatles
Les six chansons des Beatles sur Yellow Submarine peuvent être groupées en trois paires selon leurs auteurs. Paul McCartney, pour commencer, est à l'origine de deux chansons assez semblables, la chanson titre et All Together Now. La première est une chanson pour enfants qui est rapidement devenue l'une des plus connues du groupe[15] : elle s'appuie sur une mélodie simple et un refrain facile à mémoriser auquel s'ajoutent tous les effets sonores qui font son originalité[16]. All Together Now reprend ce but affirmé de créer une chanson pour enfant : reprenant des instruments et bruitages originaux, elle prend par ses paroles des airs de comptine[17]. À la grande joie de ses auteurs, la chanson est, dans les années qui suivent, régulièrement reprise dans les tribunes des stades de football[18].
John Lennon n'est pas en reste avec ses propres compositions. Celle qui clôt la face « Beatles » de l'album a déjà fait ses preuves : il s'agit d’All You Need Is Love, publiée en single un an et demi plus tôt. Cet hymne du Summer of Love[19] a eu l'insigne honneur d'être la prestation représentant le Royaume-Uni dans l'émission diffusée en mondovision Our World et reste l'une des chansons les pus célèbres du groupe[20]. Son autre composition, Hey Bulldog, était inachevée le jour de l'enregistrement, et a été complétée et improvisée par le groupe, donnant un rock puissant, véritable moment d'harmonie au sein du groupe[21]. Pour le musicologue Allan Pollack, la chanson, par son manque de visibilité[n 1], a acquis une grande popularité aux yeux des fans[22]. L'intéressé lui même décrit ainsi sa chanson : « Comme ils voulaient une autre chanson, je leur ai envoyé Hey Bulldog. Ça sonne très bien et ça ne veut rien dire[1]. »
Enfin, George Harrison s'illustre particulièrement sur cet album puisque la proportion des chansons qu'il apporte est élevée par rapport à d'habitude : un tiers. La première, Only a Northern Song est une pique du chanteur à la société Northern Songs qui prélève selon lui une trop grosse part des droits sur ses chansons[17]. La chanson entre bien dans la période Pepper du groupe, avec des originalités sonores, notamment le jeu de trompette de McCartney, qui raconte : « Je me rappelle avoir joué un morceau de trompette ridicule. Mon père en jouait. Je ne sais pas en jouer, mais je peux déconner pas mal avec une trompette — et cette chanson a été l'occasion idéale. C'était très second degré[1]. » Vient également It's All Too Much, rock psychédélique de plus de six minutes dans lequel Harrison tente de décrire les effets du LSD et les visions qu'il provoque[23]. Curieusement, la version de cette pièce que l'on entend sur le disque n'est pas la même que dans le film. En effet, un tout autre couplet est entendu dans le film et n'est pas disponible sur une version audio officielle.
Morceaux instrumentaux
Les sept titres sur la face B de l'album sont des pièces instrumentales réalisées pour le film, composées et enregistrées par George Martin, et auxquelles aucun des Beatles ne participe. Ils ont pour titres Pepperland, Sea of Time, Sea of Holes, Sea of Monsters, March of the Meanies, Pepperland Laid Waste et Yellow Submarine in Pepperland. Cette dernière, reprenant le refrain de Yellow Submarine, est créditée George Martin/Lennon/McCartney. Martin avait préparé une première version des orchestrations du film, qu'il avait mixées aux studios Olympic. Les 22 et 23 octobre 1968, il refait appel à un orchestre de 41 musiciens qu'il dirige lui même, puis il s'occupe les deux jours suivant du mixage[24].
En 1979, dans ses mémoires, il revient sur la composition et l'enregistrement de cette musique, et la nécessité de la faire coïncider avec l'action à l'écran. Il conclut : « Une fois que toute la musique a été enregistrée, nous l'avons intégrée au film, et même là, il restait des problèmes. À certains endroits, on a coupé la musique car les bruitages sonnaient mieux — dans d'autre on a éliminé les bruitages car ce que j'avais écrit sonnait mieux. Cependant, en dépit de tout, la bande originale s'est révélée rencontrer un énorme succès et m'a rapporté un tas de lettres de fans[18] ». Les critiques du site Allmusic confirment que ces morceaux sont très bons pour eux-mêmes, mais qu'ils ne sont pas vraiment à leur place sur un album des Beatles[25].
Parution et réception
Accueil mitigé
Le film Yellow Submarine sort durant l'été 1968, mais on repousse la sortie de la bande originale pour éviter qu'elle ne concurrence le double « album blanc ». À cela s'ajoute le désir de George Martin de réenregistrer les orchestrations destinées à la face B de l'album, qui débouchent sur des sessions en octobre[24]. L'album sort donc le 13 janvier 1969 aux États-Unis, et six jours plus tard au Royaume-Uni[26]. Le succès est au rendez vous puisqu'il atteint la deuxième place des charts américains, et la troisième des britanniques, la première place revenant à l'« album blanc »[4].
Si les ventes restent élevées, car il s'agit après tout d'un album des Beatles, c'est tout de même une déception pour les fans. La face B et ses orchestrations ne correspondent pas à ce qui est attendu par le public dans un album du groupe. De plus, deux des chansons de la face A sont déjà sorties en single et sur des albums. Parmi les quatre inédites, les deux de Harrison sont jugées par François Plassat comme « un peu poussifs », et All Together Now reste une chanson simple. Se détache donc du lot le bouillant Hey Bulldog que le même Plassat qualifie de « rock sublime et engagé »[4]. Selon le site Allmusic, l'album est « le seul album des Beatles que l'on peut considérer comme non essentiel »[25].
Rééditions
Article détaillé : Yellow Submarine Songtrack.Rapidement, les Beatles eux-mêmes envisagent de produire un disque moins décevant pour les fans. Un EP contenant les quatre chansons inédites accompagnées, en bonus, d’Across The Universe, est envisagé, mais n'est finalement jamais produit, probablement parce que le groupe était totalement désintéressé du projet[24]. Les versions monos de ces quatre pièces sont quand même mixées et apparaîtront sur le disque Mono Masters en 2009.
En 1999, Apple Records édite l'album Yellow Submarine Songtrack, un album revu de la bande originale du film. Exit les orchestrations de George Martin, l'espace vacant est donné aux autres chansons (non inédites à l'époque) du film, telles que Nowhere Man ou Eleanor Rigby. Le groupe n'est cependant pas impliqué dans le projet, de près ou de loin. Les chansons de l'album comptent par ailleurs parmi les premières à être remastérisées[27].
Liste des chansons
Toute la musique de la face B est composée par George Martin, sauf Yellow Submarine in Pepperland [n 2].
Fiche de production
Interprètes
The Beatles
- John Lennon – guitare électrique, guitare acoustique, banjo, ukulélé, harmonica, claviers, chant
- Paul McCartney – guitare basse, guitare acoustique, contrebasse, tambourin, chant
- George Harrison – guitare électrique, guitare acoustique, orgue, violon, tambourin, chant
- Ringo Starr – batterie, tambourin, chant
Musicien additionnel
Équipe technique
- George Martin – production, mixage, arrangements
- Geoff Emerick – ingénieur du son, mixage
- Richard Lush – ingénieur du son
- Phil McDonald – ingénieur du son
- Dave Siddle – ingénieur du son
- Mike Weighell – ingénieur du son
Notes et références
Notes
- La scène durant laquelle elle devait apparaître a été coupée dans le film, et l'album est généralement peu connu du public.
- Yellow Submarine (Lennon/McCartney) arrangée par George Martin. Yellow Submarine in Pepperland est une adaptation orchestrale de
Références
- The Beatles 2000, p. 292
- Mark Lewisohn 1988, p. 132–134
- Steve Turner 2006, p. 162, 165
- François Plassat 2010, p. 79
- Mark Lewisohn 1988, p. 80
- Mark Lewisohn 1988, p. 81
- Mark Lewisohn 1988, p. 97
- Mark Lewisohn 1988, p. 109
- Mark Lewisohn 1988, p. 112
- Mark Lewisohn 1988, p. 116
- Mark Lewisohn 1988, p. 118
- Mark Lewisohn 1988, p. 116–117
- Mark Lewisohn 1988, p. 134
- Geoff Emerick 2009, p. 222
- Steve Turner 2006, p. 124
- (en) Allan W. Pollack, « Yellow Submarine », Soudnscapes. Consulté le 31 mars 2011
- Steve Turner 2006, p. 163
- (en) « Yellow Submarine », The Beatles Ultimate Experience. Consulté le 31 mars 2011
- Steve Turner 2006, p. 160
- Steve Turner 2006, p. 159
- Steve Turner 2006, p. 164
- (en) Allan W. Pollack, « Hey Bulldog », Soundscapes. Consulté le 31 mars 2011
- Steve Turner 2006, p. 164 - 165
- Mark Lewisohn 1988, p. 164
- (en) « Yellow Submarine », Allmusic. Consulté le 8 août 2010
- Mark Lewisohn 1988, p. 200
- (en) Yellow Submarine Songtrack, Allmusic. Consulté le 31 mars 2011
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
Les ouvrages listés ici sont ceux ayant servi à la rédaction de l'article. Pour une bibliographie plus complète sur les Beatles, consultez celle de l'article principal.- (fr) The Beatles (trad. Philippe Paringaux), The Beatles Anthology, Paris, Seuil, 2000, 367 p. (ISBN 2-02-041880-0)
- (fr) Geoff Emerick (trad. Philippe Paringaux, préf. Elvis Costello), En studio avec les Beatles : les mémoires de leur ingénieur du son, Le Mot et le Reste, 2009, 486 p. (ISBN 978-2-915378-99-3)
- (en) Mark Lewisohn (préf. Ken Townsend), The Beatles : Recording Sessions, New York, Harmony Books, 1988, 204 p. (ISBN 0-517-57066-1)
- (fr) François Plassat, Paul McCartney : l'empreinte d'un géant, Paris, JBz & Cie, 2010, 544 p. (ISBN 978-2-75560-651-5)
- (fr) Steve Turner (trad. Jacques Collin), L'intégrale Beatles : les secrets de toutes leurs chansons, Hors Collection, 2006 (1re éd. 1994, 1999), 288 p. (ISBN 2-258-06585-2)
Liens externes
- (en) Analyse musicologique des chansons par Allan W. Pollack (section 33)
- (en) Commentaires des Beatles et de George Martin sur chaque chanson
- (en) The Beatles Complete U.K. Discography: Yellow Submarine
- (en) Notes sur l’album et les chansons
Catégories :- Album des Beatles
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- Album de rock psychédélique
- Bande originale de film
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