Piano

Piano
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Piano
Un piano à queue

Variantes historiques Piano-forte
Classification Instrument à cordes frappées
Tessiture Range of piano.svg

Le piano est un instrument de musique polyphonique à clavier de la famille des instruments à cordes frappées. Le son musical du piano est produit par la vibration de ses cordes tendues sur un cadre rigide horizontal (piano à queue) ou vertical (piano droit), placé au-dessus de la table d'harmonie. Elles sont frappées par des marteaux couverts de feutre, actionnés par l'enfoncement des touches du clavier. La vibration des cordes est stoppée par un étouffoir lorsque la touche du clavier est relâchée. Le piano possède le plus souvent un pédalier de deux ou trois pédales, quelques fois quatre sur de récents pianos, permettant d'augmenter son potentiel expressif. Les pédales sont très importantes pour s'exprimer au piano : la pédale gauche est une sourdine (appelée aussi una corda) qui décale le clavier de façon que les marteaux ne frappent que deux cordes au lieu de trois sur les pianos à queue, tandis que sur les pianos droits cette même fonctionnalité s'obtient par un dispositif donnant moins d'ampleur au son en rapprochant les marteaux des cordes; la pédale du milieu est une sourdine pour diminuer le son au maximum pour ne pas déranger sur les pianos droits et la pédale tonale ou pédale sostenuto sur les pianos à queue, elle permet de prolonger uniquement le son de la dernière note jouée en laissant levé l'étouffoir de celle-ci; la dernière (pédale forté) est peut-être la pédale la plus utilisée, elle permet au pianiste de prolonger la vibration des cordes, pour lier les harmonies entre elles. La quatrième pédale, plus rare que les autres, sert à prolonger les vibrations des cordes mais sans brouiller le son, car les étouffoirs ne se lèvent pas complètement, ce qui est très utile dans certaines pièces classiques. Le nom de l'instrument provient d'une abréviation de piano-forte, nom de son ancêtre du XVIIIe siècle, lui-même nommé par la possibilité qu'il donnait à celui qui le jouait de nuancer et ainsi de jouer aussi bien piano que forte ; possibilité que le piano a conservée. Dans certains pays, le piano est encore appelé « pianoforte ».

Écouter un exemple du Son? son d'un piano [Fiche] (6 secondes).

Sommaire

Histoire

Invention du piano-forte

Créé au début du XVIIIe siècle par l'italien Bartolomeo Cristofori, à Florence, sous l'appellation de piano-forte, le piano naît de l'évolution d'un instrument appelé clavicorde (XVe siècle) et du tympanon (Moyen Âge).

La date de fabrication du premier piano-forte par Bartolomeo Cristofori est incertaine, mais un inventaire réalisé par ses employeurs, la famille Médicis, indique l'existence d'un instrument en 1698. Cristofori n'aura construit en tout qu'une vingtaine de piano-forte avant sa mort en 1731, et seuls trois d'entre eux sont parvenus jusqu'à nous, datés des années 1720.

Les premiers piano-forte ont particulièrement profité des siècles de travaux et de perfectionnements apportés au clavicorde, notamment par le raffinement des méthodes de construction des structures (en bois à cette époque), ainsi que celles de la conception de la table d'harmonie, du chevalet et du clavier. Cristofori était lui-même un facteur de clavicordes et de clavecins, bien au fait des techniques de fabrication de tels instruments et des connaissances théoriques associées à celles-ci.

La découverte fondamentale de Cristofori est la résolution d'un problème mécanique intrinsèque aux pianos : les marteaux doivent frapper les cordes mais cesser d'être en contact avec elles une fois frappées afin de ne pas étouffer le son ; ils doivent de plus retourner à leurs positions initiales sans rebondir violemment et ceci rapidement pour permettre aux notes d'être répétées à une vitesse satisfaisante.

Les premiers instruments du facteur italien étaient construits avec des cordes fines et pour cette raison beaucoup moins sonores que les clavicordes ou les clavecins de leur temps. En deux siècles on assistera à un renversement complet du concept d'instrument à cordes frappées : faible tension des cordes, corps sonore léger et audition de la table contre forte tension des cordes, corps sonore lourd et audition de la corde. Néanmoins, comparé au clavicorde, le piano forte amélioré permettait des nuances dynamiques et sonnait bien plus fort, avec une tenue de note plus longue.

Ce nouvel instrument restera peu connu jusqu'à ce qu'un écrivain italien, Scipione Maffei, écrive un article enthousiaste à son propos, y incluant un diagramme de ses mécanismes. Cet article fut distribué d'une manière très large, et la plupart des facteurs de piano-forte des générations suivantes mirent les découvertes de Cristofori en pratique après en avoir pris connaissance.

L'un de ces fabricants était Johann Gottfried Silbermann, connu comme facteur d'orgue. Les piano-forte de Silbermann étaient quasiment des copies conformes de ceux de Cristofori, à une exception importante près : ils possédaient l'ancêtre de la pédale forte, qui permet de relever en même temps tous les étouffoirs sur l'ensemble des cordes ; quasiment tous les pianos construits par la suite reprendront cette innovation. Silbermann montra à Bach l'un de ses premiers instruments dans les années 1730, mais ce dernier n'apprécia pas l'instrument, trouvant que les notes aiguës avaient un son trop faible pour permettre des dynamiques véritablement intéressantes. Si ces remarques lui valurent une certaine animosité de la part de Silbermann, il semble qu'elles furent prises en compte ; en effet, en 1747, Bach approuvera une version plus récente et perfectionnée de l'instrument.

La facture de piano-forte connut son essor durant la fin du XVIIIe siècle, avec le travail de l'école viennoise, comptant parmi ses membres Johann Andreas Stein et sa fille Nannette Stein ainsi qu'Anton Walter. Les pianos de style « viennois » étaient fabriqués sans cadre avec seulement un barrage en bois, deux cordes par note, et des marteaux recouverts de cuir. C'est pour des instruments de ce type que sont écrits les concertos et sonates de Mozart. Cet instrument avait un son plus doux et plus clair que celui des pianos modernes, et permettait aussi de tenir les notes plus longtemps.

Développement du piano-forte

Durant la longue période s'étendant de 1790 à 1890, le piano-forte de l'époque classique va subir de très nombreux changements qui vont l'amener à sa forme actuelle de « piano moderne ». Cette évolution de l'instrument a été motivée par le besoin permanent des compositeurs et des pianistes d'un son plus puissant et de plus grandes possibilités expressives. Elle fut permise par la révolution industrielle en cours, qui mit à la disposition des facteurs de piano des procédés technologiques permettant de produire des cordes en acier de grande qualité et une plus grande précision d'usinage pour la production des cadres en fonte.

Au fur et à mesure de cette évolution, jouer du piano devint de plus en plus fatigant, la force nécessaire pour enfoncer les touches ainsi que la course nécessaire à l'enfoncement de celles-ci ayant augmenté. La tessiture du piano-forte augmenta elle aussi conséquemment, passant de 5 octaves à l'époque de Mozart aux 7 octaves 1/3 et parfois plus des pianos modernes.

Pendant la première partie de cette période, les progrès technologiques apportés au piano-forte durent beaucoup à la firme anglaise Broadwood qui avait alors déjà une grande réputation pour le son puissant et majestueux de ses clavecins. Au fil des années, les instruments produits par ce facteur devinrent plus grands, plus puissants, et construits de manière plus robuste. La firme, qui envoya ses instruments à Haydn et Beethoven, fut la première à construire des piano-forte avec une tessiture de plus de 5 octaves : 5 octaves 1/5 dans les années 1790, 6 octaves en 1810 (ce qui permit à Beethoven d'employer les notes ajoutées dans ses dernières œuvres) et 7 octaves en 1820. Les facteurs viennois suivirent aussi cette tendance mais ces deux écoles se distinguent néanmoins par des mécaniques différentes : celle de Broadwood était plus robuste, celle de l'école viennoise plus sensible.

Naissance du piano moderne

Piano à queue Hansen

Au cours des années 1820, les firmes Erard (1780-1959) et Pleyel (Paris - 1807), développèrent l'instrument et se firent une concurrence stimulante. On sait que Chopin et Liszt, utilisaient leurs pianos. La firme Érard apporta certainement les innovations les plus importantes surtout du point de vue de la mécanique de l'instrument ; plusieurs centaines de brevets qu'elle a déposés en France et en Angleterre décrivant des améliorations importantes en témoignent. Ignace Pleyel, musicien, puis son fils, Camille, surent quant à eux s'entourer de chercheurs acousticiens et de scientifiques (Gustave Lyon, Auguste Wolff) pour développer de façon importante la sonorité, ils furent en effet les premiers en France à adopter le croisement des cordes et le cadre métallique d'une seule pièce, donnant à l'instrument plus de puissance tout en permettant l'utilisation de cordes plus longues. Pleyel fit par ailleurs construire à Paris la célèbre salle de concert portant son nom et implanta la première usine électrifiée, préfigurant les méthodes de production modernes. En 1821, Sébastien Érard inventa pour sa part le système à répétition, communément et improprement appelé double échappement, qui permet à une note d'être rejouée même si la touche n'est pas encore revenue à sa position initiale ; une innovation que les grands virtuoses sauront utiliser dans des compositions toujours plus difficiles et toujours plus rapides. Amélioré par Henri Herz vers 1840, le principe du double échappement devint finalement le mécanisme standard des pianos à queue, utilisé par tous les facteurs. Le déclin de la firme Erard fut en partie dû a sa volonté de conserver et de produire un instrument à cordes parallèles (ou obliques) dans lequel l'homogénéité du son est meilleure entre les basses et les médiums.

Marteaux recouverts de feutre

D'autres innovations importantes ont été apportées durant cette période :

  • l'utilisation de trois cordes au lieu de deux pour toutes les notes sauf les plus graves.
  • le cadre métallique : situé au-dessus de la table d'harmonie, il sert à supporter la tension des cordes. Le cadre métallique fut la solution permettant au piano de supporter l'augmentation de la tension des cordes, de leur nombre, et de leur épaisseur. Ce cadre métallique fut inventé en 1825 à Boston par Alpheu Babcock, achevant une tendance d'utilisation croissante de parties métalliques dans la fabrication du piano pour le renforcer.
  • le croisement des cordes, les cordes basses, passant au-dessus des cordes blanches, et portant sur un chevalet séparé. Cette configuration répartit mieux les tensions mais permet surtout une plus grande longueur de cordes pour un moindre encombrement tout en ramenant le chevalet des basses au centre de la table où la faculté vibratoire de celle-ci est plus importante, donnant une plus grande puissance à l'instrument.
  • les marteaux recouverts de feutre : les cordes en acier, plus dures, nécessitent l'usage d'un marteau plus mou afin de conserver une belle sonorité. Les marteaux recouverts de feutre compressé furent introduits par le fabricant parisien Jean-Henri Pape en 1826 ; ils sont désormais universellement utilisés.
  • la pédale tonale, inventée en 1844 par Jean Louis Boisselot et améliorée par le facteur Steinway en 1874.

Le piano de concert moderne atteignit sa forme actuelle aux alentours du début du XXe siècle.

Depuis, seules des améliorations mineures ont été apportées à l'instrument. Cependant, l'ajout récent d'une nouvelle pédale, appelée pédale harmonique par son inventeur, a éveillé l'intérêt de pianistes renommés tels que Martha Argerich, Anne Queffélec ou Georges Pludermacher.

Le piano moderne

Piano droit moderne
Pianoclavier.jpg
Photographie d'un piano moderne George Steck

Le clavier

Le clavier du piano moderne est composé le plus souvent de 88 touches. Les 52 touches blanches correspondent aux sept notes de la gamme diatonique, et les 36 touches noires aux cinq notes restantes de la gamme chromatique.

Les touches du piano sont généralement faites en épicéa ou en tilleul, bois choisis pour leur légèreté ; sur les pianos de bonne qualité, l'épicéa est généralement préféré. Historiquement, les touches noires étaient recouvertes d'ébène et les touches blanches d'ivoire, la disponibilité de cette dernière matière ayant drastiquement chuté depuis la mise en place de programmes de sauvegarde à destination des éléphants, des matières synthétiques ont dû être créées pour la remplacer. Des facteurs de piano sont même allés jusqu'à proposer des matières plastiques imitant la sensation et/ou l'aspect de l'ivoire aux pianistes désireux de jouer sur un instrument plus authentique ; on notera aussi qu'en guise d'ersatz de l'os ou de l'ivoire fossile sont parfois employés.

Certains claviers peuvent atteindre ou dépasser les huit octaves comme par exemple le Bösendorfer Imperial et ses 97 touches, conçu selon une suggestion de Busoni. Ces touches supplémentaires peuvent être cachées sous un petit couvercle afin de ne pas troubler les pianistes habitués à la disposition à 88 touches. Une autre solution proposée pour éviter d'être désorienté est de colorer ces touches supplémentaires de manière inversée. Seul un très petit nombre de pièces utilisent ces notes, essentiellement des transcriptions d'orgue.

D'autres pianos, dits d'étude, peuvent quant à eux ne disposer que de 5 ou 6 octaves. L'immense majorité des partitions écrites pour le piano suppose l'utilisation d'un piano à 88 touches, bien que peu de pièces fassent usage de l'intégralité de cet ambitus.

Le piano jouet, quant à lui, ne comporte généralement qu'une octave de Do5 à Do6 ou de Do4 à Do5. Certains modèles de la marque Michelsonne possèdent 2 ou 3 octaves.

Le mécanisme

Mécanisme d'un piano à queue (légende)
Mécanisme d'un piano droit (légende)

L'un des mécanismes primordiaux du piano est le mécanisme d'échappement : en effet si la touche et le marteau étaient directement liés, lors de la propulsion de ce dernier vers la corde, il resterait bloqué sur celle-ci, entraînant un étouffement du son. Afin d'éviter cet assourdissement, le marteau est propulsé par l'intermédiaire d'une pièce en forme d'équerre, le bâton d'échappement, qui bascule en arrière lorsque sa partie horizontale atteint une butée réglable, le bouton d'échappement. Ainsi le marteau est libre de repartir en arrière dès qu'il a percuté la corde, qui peut alors vibrer sans être étouffée par celui-ci.

Pour éviter que le marteau ne reparte sans contrôle dans la mécanique, il se bloque dans l'attrape, pièce solidaire, pour les pianos droits, du chevalet (pièce de base du mécanisme, à ne pas confondre avec le chevalet de table d'harmonie, qui porte les cordes) ; pour les pianos à queue, de la touche.

Simultanément, l'enfoncement de la touche actionne l'étouffoir, permettant à la corde de vibrer librement jusqu'à ce que cette première soit relâchée.

Le système qui vient d'être décrit, et qui est présent sur tous les pianos depuis l'origine, a un défaut : tant que la touche n'est pas revenue entièrement à sa position initiale, on ne peut jouer à nouveau la note, ce qui pose problème pour le jeu rapide.

Afin de régler ce problème, Sébastien Érard inventa le système souvent appelé à tort double échappement. Dans ce mécanisme, utilisé la plupart du temps dans les pianos à queue et peu souvent dans les pianos droits, on a ajouté un levier supplémentaire et un ressort placé de manière à repousser le mécanisme vers le bas et le marteau vers le haut. De cette façon, lorsque le marteau échappe à l'attrape par relâchement de la touche, il est aussitôt replacé au-dessus du bâton d'échappement, permettant de rejouer la note sans même avoir relâché la touche entièrement ; si le ressort est trop tendu, il arrive même que le marteau frappe par lui-même une seconde fois la corde : on nomme ce phénomène grelottage.

L'appellation « double échappement » est à éviter car il n'existe bel et bien qu'un seul mécanisme d'échappement dans les pianos, on préférera ainsi le terme de mécanisme de répétition.

Schéma d'un piano à queue en coupe (légende)

Le pédalier (appelé « lyre » sur un piano à queue)

Pédales de piano

Le pédalier d'un piano est généralement composé de deux ou trois pédales, éventuellement quatre.

  • À droite, la pédale forte sert à prolonger le son et à augmenter la résonance en relevant l'intégralité des étouffoirs, laissant les cordes vibrer librement.
  • À gauche, la pédale douce ou una corda, elle permet de déplacer le clavier d'un piano à queue et les marteaux de manière à ce qu'il n'y ait plus que deux des trois cordes attribuées à chaque note qui soient frappées ou, sur certains dispositifs, que les trois cordes soient frappées avec la partie moins tassée des marteaux. Sur un piano droit, cette pédale rapproche les marteaux des cordes, ce qui diminue la vitesse de frappe et allège le toucher. Dans les deux cas, le volume sonore est diminué et dans celui du piano à queue, le timbre de l'instrument subit aussi des changements car le mode vibratoire des cordes est différent suivant que deux ou trois d'entre elles soient frappées. Sur les pianos Stuart and Sons, les deux différents mécanismes de la pédale douce sont présents, ces pianos possèdent donc quatre pédales en lieu et place des trois habituelles.
  • Sur certains pianos, la pédale du milieu est une pédale de soutien aussi dénommée sostenuto ou tonale qui permet de tenir une ou plusieurs notes déjà jouées et en train de résonner au moment où cette pédale est enfoncée. Cette pédale est bien plus souvent présente sur les pianos de concert que sur les pianos d'étude, et le répertoire pianistique n'en fait qu'un usage limité
  • Sur certains pianos droits, la pédale du milieu est une sourdine, appelée parfois pédale d'appartement ou pédale moliphone . Elle sert à réduire le volume sonore grâce à un feutre s'intercalant entre les marteaux et les cordes lorsqu'elle est enclenchée. Cette sourdine ne joue aucun rôle dans l'interprétation mais sert uniquement à amenuiser le son afin de ne pas déranger l'entourage du pianiste.
  • Sur d'autres pianos droits, principalement américains, la pédale du milieu est une pédale forte qui ne fonctionne que pour les notes graves, le plus souvent à partir du 2eme Mi jusqu'au premier La.
  • Sur les pianos équipés de capteurs MIDI et d'un synthétiseur additionnel, la sourdine a été supprimée, et la pédale du milieu actionne alors une barre rotative garnie de caoutchouc, qui arrête la course des marteaux avant qu'ils ne touchent les cordes, permettant de jouer sur la seule partie électronique de l'instrument, le toucher reste plus proche d'un piano que certains claviers électroniques, mais le fait de devoir arrêter les marteaux plus loin des cordes entraîne un léger dérèglement du fonctionnement optimal, ce qui dégrade légèrement l'acoustique normale ou demande des corrections de l'intonation des marteaux (renforcer le timbre pour le préserver malgré la propulsion moins grande du marteau). Ces systèmes s'installent en général assez facilement sur tout piano droit et même sur des pianos à queue.
  • Lorsqu'elle existe, la quatrième pédale, dite pédale harmonique, a un double effet : lorsqu'elle est enfoncée à moitié – en rémanence –, les étouffoirs se soulèvent, et seuls les étouffoirs des notes jouées retombent au relâchement des touches ; c'est l'inverse de la pédale tonale. Lorsqu'elle est enfoncée complètement – en résonance –, elle se comporte comme une pédale forte ordinaire. Cette configuration permet d'insérer au milieu d'une séquence de résonance générale une gamme articulée par les étouffoirs. La résonance générale demeure ainsi jusqu'au relâchement complet de la pédale, avec un ou plusieurs traits de notes articulées joués au cours de cette séquence.

Partie acoustique

Cordes et étouffoirs dans un piano à queue. Les cordes aiguës (en acier) croisent les cordes graves (en cuivre)
Pointes d’accroche des cordes, chevalet.

Les cordes

Les cordes sont en acier extrêmement solide et sont de diamètre variable : d'environ 0,8 mm pour les notes les plus aiguës jusqu'à 1,5 mm pour les notes les plus graves. Les cordes de grave sont dites filées dans la mesure où elles sont gainées d'un fil de cuivre destiné à les alourdir pour permettre une tension moindre et une plus grande flexibilité.

Chaque corde est tendue entre une cheville, qui sert à l'accordage, et une pointe d'accroche. Chaque corde est calculée en diamètre et longueur pour être à une tension donnée (environ 80 kg) lorsqu'elle est accordée a sa fréquence fondamentale, elle devra alors recevoir une tension suffisante pour pouvoir conserver l'énergie qu'elle reçoit lors de l'impact du marteau et la retransmettre le plus longtemps possible à la table d'harmonie.

Au-delà d'une certaine tension, la corde se déforme, et casse ; en deçà, une certaine élasticité est préservée. Plus importante quand la corde est neuve, et par ce fait cause d'un désaccord plus rapide, cette élasticité se dissipe petit a petit en quelques années, permettant alors une meilleure stabilité de l'accord. Certains procédés sont employés en usine et en restauration pour diminuer rapidement l'élasticité (surtension, chaleur), qui est la cause du besoin de plusieurs accords annuels les 2 premières années de la vie d'un instrument, (voir pour cela les brochures des constructeurs). La trop grande raideur des cordes anciennes nuit quant à elle au timbre, et induit la nécessité de parfois devoir les remplacer sur les pianos de bonne qualité.

Il y a plusieurs manières d'attacher les cordes à la pointe :

  • Montage indépendant de toutes les cordes par des bouclettes ;
  • Montage à cheval, chaque corde faisant un aller et retour ;
  • Montage mixte, pour éviter qu'une même corde serve à deux notes différentes : les notes à cordes triples sont montées avec une corde en aller et retour et une corde en bouclette.

Aucun de ces trois montages n'est clairement meilleur que les autres, si ce n'est que sur un montage en bouclettes, lorsqu'une corde casse, il reste deux cordes vibrantes, alors que sur montage à cheval, ce n'est pas toujours le cas.

La cheville est plantée dans une pièce en bois dur ou multiplis nommée sommier. La tension des cordes étant d'environ 800 N, les 250 cordes d'un piano exercent une traction de plusieurs tonnes, par exemple vingt tonnes pour un piano de concert moderne.

La longueur vibrante de la corde est comprise entre une agrafe, une barre du cadre, ou un sillet, et le chevalet de table d'harmonie.

Le montage par agrafes est meilleur dans les graves, le montage par un sillet rigide est meilleur dans les aigus, ce qui fait que la plupart des pianos ont un montage mixte.

La corde présente une bien trop petite surface pour produire un son exploitable. Elle transmet donc sa vibration à la table d'harmonie par le chevalet, grâce à la position surélevée de ce dernier par rapport aux agrafes et aux pointes d'accroche. Cette position permet à la corde d'appuyer sur la table d'harmonie et de transmettre plus facilement son énergie vibratoire tout en rigidifiant la table, ce qui en améliore le rendement jusqu'à un certain point. C'est la charge.

De nombreux pianos modernes sont équipés de « maisonnettes » ou « d'échelles duplex » dans les aigus et le haut médium, ce sont les petits sillets situés entre le chevalet la pointe d'accroche inventées par Steinway, qui ont pour objet de créer une harmonique supplémentaire pour enrichir les sons aigus. Leur rôle prête à controverse, accordés a la fréquence de la note ils réduiraient l'énergie de la corde par un effet de filtre, légèrement désaccordés, ils rajouteraient de la brillance inharmonique, qui se mélange au spectre déjà naturellement inharmonique des cordes de pianos ; la deuxième solution semble donc plus appropriée...

Julius Blüthner utilise une corde supplémentaire ajoutée à chaque chœur appelée « système aliquote », elle n'est cependant pas sollicitée par le marteau, et accordée précisément à la hauteur d'un partiel.

Celle-ci rentrant en résonance par sympathie ajoute une composante soyeuse au timbre. Un déséquilibre de phase est automatiquement présent dans la vibration simultanée des 3 cordes en acier d'une note de piano, générant des modifications dans le timbre lors de la décroissance du son.

Les notes les plus graves n'ont qu'une grosse corde par note (corde filée), les intermédiaires ont deux cordes, les aiguës trois, (deux sur les pianos-forte anciens, d'où le nom d'una corda donné à la pédale douce).

Un piano à quatre cordes par chœur a été fabriqué par l'italien Borgato, les 4 cordes permettant sans doute un équilibrage des phases 2 par 2, le son est alors plus puissant mais la décroissance de l'harmonicité du son rémanent est peut être plus prévisible, c'est-à-dire que si une corde vient à se désaccorder, il serait plus fréquent d'avoir une fausse note que sur un piano classique à 3 cordes par chœur.

Les cordes sont frappées par des marteaux, initialement munis d'une petite tête en bois recouverte de cuir sur le piano-forte ; ils sont actuellement munis d'une grosse tête recouverte de feutre tendu.

La table d'harmonie

La table d'harmonie est une mince planche de bois (en moyenne 8 mm) idéalement plus mince sur ses extrémités qu'en son centre, renforcée par des nervures en bois appelées "raidisseurs" (ou encore "renforts"). Elle est mise en vibration par l'intermédiaire des chevalets, qui lui transmettent la force de la vibration des cordes. C'est certainement la partie du piano où les matériaux employés sont de la plus grande importance. Dans les pianos de qualité, la table est réalisée en épicéa et constituée de planches collées entre elles par leurs bords. L'épicéa est choisi sur ces pianos pour son rapport élevé résistance/poids ; les meilleurs facteurs de piano utilisent d'ailleurs un épicéa avec un bois au grain fin et sans défaut et s'assurent, de plus, que le bois a séché durant une période suffisamment longue avant de l'utiliser. Pour les pianos bas de gamme, elle est réalisée en contreplaqué.

Les chevalets doivent être le plus au centre possible de la table, car les bords de la table sont fixés et ne peuvent pas vibrer ; c'est la raison pour laquelle, sur les très grands pianos, les cordes n'atteignent pas le bout de la table.

Structure

La table d'harmonie, surplombant le barrage

Le piano moderne nécessite une structure solide, notamment pour soutenir l'importante tension des cordes. C'est pourquoi les matériaux utilisés dans la construction d'un piano comprennent le bois massif et des pièces en métal épaisses ; ainsi, même un petit piano droit peut peser aux alentours de 130 kg, un grand piano de concert de type Steinway D pèse 480 kg et le plus grand piano à queue actuel, le Fazioli F308 pèse 691 kg ! Le transport de tels instruments est généralement confié à un transporteur spécialisé appelé porteur de piano.

Habituellement, le piano repose sur de grosses poutres, nommées barrage. Sur le piano droit, elles se situent derrière l'instrument.

Sur les pianos très anciens (suivant les marques et les modèles, jusqu'aux alentours des années 1880 à 1910), il n'y a pas d'autre structure de renforcement ; c'est ce qu'on appelle — à tort, puisqu'ils n'ont pas de cadre — des pianos à cadre bois.

Sur le piano moderne, on a commencé à ajouter, du côté des cordes, de petits renforts métalliques, puis de grandes poutres métalliques parallèles sur les pianos à cordes parallèles, puis un cadre monobloc en fonte, permettant le croisement des cordes. On a aussi commencé a croiser les cordes en deux, voire trois éventails. Ce « piano à cordes croisées » permet une meilleure répartition de la tension et un éloignement des chevalets des bords de la table, là où ils sont incapables de vibrer.

Sur certains pianos droits économiques, le cadre métallique est fait de telle manière qu'il n'y a plus besoin de barrage, ce type de cadre est nommé « cadre autoporteur ».

Le piano à queue est quant à lui entouré d'une caisse nommée ceinture.

Entretien et réglages

Le piano nécessite un grand nombre de réglages, en sus de son accord, qui n'est jamais que le réglage de la tension des cordes.

Pour produire le son d'une note, une soixantaine de pièces mécaniques sont mises en jeu ; toutes peuvent avoir de petits décalages, ou nécessiter un réglage tridimensionnel. Ce travail de réglage est assez long et délicat et nécessite donc d'être réalisé par un accordeur ou réparateur au savoir-faire important.

Avertissement : certaines des opérations sommairement décrites ci-dessous peuvent entraîner des réparations onéreuses si elles sont mal comprises ou effectuées[1].

Principales pannes mécaniques

Symptôme Cause Remède
Étouffement insuffisant Étouffoir portant mal sur toutes les cordes de la note - feutre ou ressort d'étouffoir abîmé ou trop vieux (mites, durcissement, usure) - mécanique pas en place. Régler l'étouffoir par torsion de sa tige, ou mettre les cordes à niveau.
Étouffement insuffisant ou excessif Départ prématuré ou trop tardif de l'étouffoir : garniture de départ d'étouffoir usée (sur la touche des P.Q, sur le bas de lame des P.D.)+ bien d'autres causes mécaniques ou simples (pédale sans garde de repos). Régler la hauteur par action soit sur la vis de fixation de la tige pour le piano à queue, soit par la cuillère (travail très délicat pour le piano à queue, ne pas faire soi-même avant de comprendre la provenance exacte de la panne).
Le marteau reste bloqué sur la corde Échappement trop tardif ou course excessive de la mécanique (enfoncement exagéré). Baisser la poupée d'échappement en la vissant (ou corriger la source de la panne : reprise du jeu touche/chevalet, drap usé ou baguette des poupées d'échappement déplacé, enfoncement, bien d'autres causes…).
Le marteau a du mal à atteindre la corde. Jeu incertain Échappement trop précoce (beaucoup de causes possibles, en général usure ou modification de la géométrie mécanique). Monter la butée d'échappement (ou corriger la source de la panne : baguette des poupées d'échappement déplacée, dressage du clavier, enfoncement, reprise du jeu touche/chevalet, touches ovalisées/mortaises très usées au balancier, bien d'autres…).
Les touches ont du jeu latéral ou sont instables. Usure des draps (casimirs) de guidage de la touche. Tourner la pointe ovale de guidage de la touche jusqu'à disparition du jeu, ou remplacer les feutres de mortaises. Tourner les pointes à l'excès va user très vite le drap restant (frottement sur l'angle de la pointe, puis le bois de la touche). Ce procédé sert plus à égaliser le jeu latéral qu’à réparer l'usure. Le regarnissage des mortaises est une réparation simple et très efficace pour redonner de la stabilité au toucher.
Le marteau se bloque dans l'attrape Attrapage trop précoce. Régler l'attrape par torsion de sa tige (Avertissement : ceci est le signe de la nécessité d'un réglage complet, ne pas intervenir sur les tiges, toute torsion devra un jour être défaite).
Le marteau se promène librement dans la mécanique (n'attrape pas) Attrapage insuffisant dû aussi aux jeux excessifs, ou à l'usure des feutres. Régler l'attrape (commentaire d'un professionnel : une fois encore, les réglages ne se font que sur des pièces en état, on peut corriger un peu l'usure des attrapes mais la cause est en général ailleurs). Attention également à l'état des surfaces qui doivent s'attraper, si elles sont lisses, le marteau n'attrapera pas.
Le marteau rejoue la note tout seul après relâchement de la touche Ressort de répétition trop tendu (piano à queue) Commentaire : ceci n'arrive pas, sauf si on intervient sans savoir sur les ressorts ou si la mécanique est complètement déréglée. Régler la vis de réglage du ressort (quand elle existe).
Le marteau se remet mal en place - la répétition ne se fait pas. Ressort de répétition trop mou. Régler la vis de réglage du ressort quand elle existe - autrement le travail sur ces ressorts est très délicat, leur remplacement onéreux, une fois tordus l'égalité du toucher est compromise.
Bruit de casserole Accord non fait (ou marteaux très empreintés + désaccord, ou problème à la table d'harmonie). Accorder (un piano s'accorde une fois par an dans un appartement moderne, avant chaque concert et répétition dans le milieu musical). Le passage régulier de l'accordeur est aussi une sécurité quant à prévenir l'usure anormale de la mécanique, notamment grâce au resserrage des 250 vis qui tiennent les pièces mobiles et même les axes des marteaux de pianos droits. N'hésitez pas à demander si la visserie est bien serrée, les pièces alors ne peuvent se déplacer et s'usent régulièrement (1/2h à 1h de travail de temps à autre selon les conditions d'utilisation et l'hygrométrie).
Les cordes d'une note ne sont pas toutes mises en vibration Le marteau frappe à côté, ou sa surface n'est pas adaptée au plan des cordes. Recentrer le marteau en agissant sur sa vis de fixation, ou corriger la position de son axe par calage, ou chauffer le manche de marteau, ou adapter sa portée sur les cordes soit en égalisant les hauteurs de cordes ou en ponçant le feutre de la tête du marteau (piano neuf).

Technique d'accord

Intérieur d'un piano à queue
Accord d'un piano droit
Clé d'accord

En principe l'accord du piano se fait selon le tempérament égal.

Le piano s'accorde suivant une certaine hauteur de diapason. L'Europe a connu tout au long de son histoire une grande variété de diapasons, parfois très éloignés les uns des autres. La hauteur du la3 est normalisée depuis 1939 à 440 Hz[2], mais les pianos sont souvent accordés légèrement plus haut, jusqu'à 445 Hz, pour plus de brillance. La tonalité d'invitation du téléphone fixe en France (440 Hz) peut servir à vérifier le diapason.

Pour accorder un piano, on utilise une clef d'accord, clef munie d'un embout carré ou rectangulaire sur les pianos antiques ou étoilé à 8 branches, d'une taille correspondant à celle des têtes des chevilles — trois tailles différentes selon les marques —, un assortiment de diapasons, souvent des gants et un plectre, qui peut être confectionné dans une chute d'ivoire, une bande de feutre et/ou un assortiment de coins destinés à étouffer certaines cordes, les coins étant généralement considérés comme plus efficaces que la bande de feutre.

Le maniement de la clef est délicat : il ne s'agit pas de tourner simplement la clef, car les différentes pentes de la corde migrent avec un certain retard, et doivent être équilibrées entre elles, tout comme les différentes cordes des graves aux aigus.

Il faut tourner la clef en restant bien dans l'axe de la cheville, sans essayer de l'incliner ou de la tordre, ce qui a des effets néfastes sur la tenue d'accord. Pour la plupart des pianos, il faut approcher la justesse par le bas, en ayant très peu à remonter et en laissant l'élasticité de la corde finir le travail, pour éviter de stocker la tension dans le sur-diapasonnement : longueur de corde entre le sillet ou l'agrafe et la cheville, une surtension qui ne ferait que désaccorder le piano par la suite.

En effet, obtenir un piano juste sur le coup est une chose, obtenir un piano qui reste juste longtemps en est une autre. À cette fin, surtout si l'instrument n'est pas accordé régulièrement, et afin d'équilibrer les tensions dans l'instrument, il ne faut pas hésiter à effectuer avant l'accord un, voire deux, ou même trois pinçages : technique de rééquilibrage des tensions généralement employée pour remonter un piano au diapason ; il est souvent préférable de faire en deux visites si le diapason est vraiment trop bas et de reprendre alors l'accordage au bout de quelques semaines et/ou jours lorsque l'instrument aura travaillé avec les centaines de kilos de tension supplémentaires appliqués. D'une façon générale, l'entretien de l'accord consistant à entretenir l'équilibre des tensions des cordes dans les trois dimensions de l'espace, il ne faut jamais hésiter à faire accorder son piano relativement souvent.

La cheville quant à elle tenant à frottement dur dans un bloc en hêtre, se vrille sur elle-même lorsque l'on tourne la clef. Dans un sommier en bon état, on peut laisser la cheville légèrement vrillée, la tension de la corde la tirant de son côté. Ceci fait en quelque sorte un blocage qui permet une meilleure tenue de l'accord et présente un autre avantage : si le blocage lâche, la corde est légèrement retendue, ce qui est moins perceptible que l'inverse. C'est la bonne tenue (le « calage ») des chevilles qui est le geste le plus long a maîtriser pour l'apprenti accordeur, les pianos réagissant différemment à cause de la glisse plus ou moins bonne des cordes dans les divers coudes. La qualité du son diffère selon la manière dont l'accordeur cale la cheville.

Sur un piano, la plupart des notes sont produites par plusieurs cordes vibrant en sympathie. Cela fait que si deux de ces cordes produisent une fréquence différente même légèrement, la sonorité devient désagréable ; cet effet peut cependant être recherché pour le piano « bastringue ». L'accord des 2 et 3 cordes ensemble s'appelle « l'unisson ». Les effets de phase entre les cordes, le temps plus ou moins long entre l'impact du marteau et la stabilisation des phases entre elles fait que différents timbres peuvent être obtenus selon la façon d'accorder les unissons ; il s'agit en fait plutôt d'une utilisation de l'énergie sonore mettant plus l'accent sur l'attaque ou plus sur le son rémanent. De par sa frappe et son écoute, l'accordeur génère déjà un type de dynamique sonore qui lui convient.

Pour construire le tempérament, on utilise une octave de référence qui sert de modèle pour toute l'étendue du piano. On commence par accorder une corde en fonction du diapason, en étouffant les autres cordes avec un coin d'accord ou une bande de feutre insérée entre les cordes, puis on trouve la hauteur des autres notes de cette octave en accordant des intervalles et en comparant les battements de partiels que ces intervalles génèrent lorsqu'ils sont plaqués (notes entendues simultanément). Une fois la partition de l'octave de référence réalisée, les autres notes sont accordées octave par octave au moins sur une corde, en réalisant d'oreille des preuves : comparaisons d'intervalles entre eux. Puis on libère une autre corde dans chaque chœur, et on cherche à en faire disparaître les battements. Plus on est proche de l'unisson, plus la fréquence du battement diminue, jusqu'à disparaître. L'accordeur expérimenté prend soin de gérer l'attaque et le son rémanent de chaque note de façon à fournir une sensation agréable et égale tant pour l'oreille que pour les doigts du pianiste qui « écoute » beaucoup avec ses doigts.

Il convient de souligner qu'à la différence des autres instruments à accord par chevilles comme la harpe et le clavecin que l'instrumentiste accorde toujours lui-même, les pianistes qui savent accorder un piano sont très rares. Accorder un piano demande du temps, de la patience et nécessite une formation professionnelle. Suivant l'état du piano (écart à la justesse, élasticité des cordes, importance des frottements : frein du sommier autour des chevilles, frottement de la corde sur ses points de contact), et l'état de l'accordeur (expérience, état de forme, exigence, éventuel bruit ambiant néfaste, présence ou absence d' outils logiciels), il faut compter de 40 minutes à deux heures et demie — hors opérations annexes — pour accorder un piano. Pour un clavier de 88 touches, on compte environ 220 cordes et autant de chevilles qui doivent toutes être vérifiées. Il faut souligner également qu'une tentative d'accord par un amateur non formé sur un piano très faux, nécessitant une tension supplémentaire de centaines de kilogrammes, parfois plus d'une tonne, peut éventuellement se solder par la casse du piano : rupture irrémédiable du cadre.

Il existe des logiciels et des appareils d'accord dédiés au piano ou génériques. De par leur prix et les connaissances qu'ils supposent, ces outils s'adressent à un public de techniciens confirmés et ne sont d'aucune utilité à des amateurs : leur intérêt est de pouvoir travailler dans un environnement bruyant et de pouvoir recopier le même accord d' un technicien à l'autre sur un piano de concert pour le stabiliser au mieux ; ils permettent aussi de proposer une grande variété d'étirement des aigus selon les goûts du pianiste.

La place du piano dans la musique

Deux jeunes filles au piano (peinture de Pierre-Auguste Renoir)

Le piano et les genres musicaux

Le piano est l'un des instruments les plus utilisés dans la musique classique occidentale. Beaucoup de compositeurs sont également pianistes, et utilisent le piano comme instrument de composition ; les chefs d'orchestre sont d'ailleurs souvent pianistes de formation.

Le piano est également couramment employé dans d'autres genres musicaux, tels que le jazz, le blues ou le ragtime, ainsi que la salsa.

On s'en sert aussi mais moins fréquemment dans le rock'n'roll (Elton John, Jerry Lee Lewis, etc.), le rock (Pink Floyd, Queen, Muse, etc.) et dans certains courants pop (ABBA, etc.), il est cependant et de plus en plus souvent remplacé par le synthétiseur.

Le piano dans la musique classique

Beaucoup d'œuvres, célèbres dans leur version pour orchestre ont été écrites à l'origine pour le piano. Citons par exemple :

À l'inverse, beaucoup d'œuvres du répertoire classique ont été transcrites pour le piano. Citons, par exemple, les transcriptions de Liszt des symphonies de Beethoven.

Le piano est très utilisé en accompagnement de la voix : chœurs, lieders, mélodies...

Il est aussi utilisé en musique de chambre : en duo avec un autre instrument (souvent le violon, la flûte…), trios avec piano, quatuors avec piano, quintettes avec pianos.

Il est également l'instrument soliste dans les concertos pour piano.

Il est aussi bon de noter que le piano est l'instrument pédagogique par excellence car polyphonique, polyrythmique, simple d'utilisation, relativement peu coûteux et suffisamment sonore ; il est donc utilisé dans l'écrasante majorité des classes de solfège des écoles de musique et conservatoires comme instrument principal du pédagogue.

Le piano classique

Le répertoire pour piano classique débute à la fin de l'époque baroque avec Jean-Sébastien Bach et Domenico Scarlatti bien que leurs œuvres aient en général été initialement destinées au clavecin ou à d'autres instruments à clavier. La quantité d'œuvres pour piano-forte ne commencera à se développer qu'avec l'époque classique et les grands représentants de celle-ci : Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart ; Muzio Clementi est aussi parfois considéré comme le premier compositeur pour piano.

Il atteindra sa maturité avec Ludwig van Beethoven et ses successeurs, presque tous grands virtuoses et plus grands compositeurs de leurs époques : Franz Schubert, Frédéric Chopin, Robert Schumann, Franz Liszt, Johannes Brahms

Un peu plus tard, des compositeurs comme Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel, Erik Satie, Isaac Albéniz, Rachmaninov, Moussorgsky, Scriabine composeront plus véritablement pour l'instrument tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Formes employées (piano classique)

Les genres de compositions pour le piano sont principalement :

Compositeurs pour piano (hors musique classique)

Le piano trouve sa place dans une multitude de styles musicaux.

  • Tout d’abord le Ragtime et son maître Scott Joplin, avec un style d'écriture rythmique qui influencera particulièrement les générations suivantes de jazzmen.
  • Le piano-rock, comme son nom l'indique, est un style de musique rock accompagné de façon plus ou moins importante au piano. Ses fondateurs sont notamment Elton John et Billy Joel.

Modèles

Certains des piano-forte les plus anciens ont des formes qui ne sont plus utilisées : le piano carré ou forte-piano par exemple, avec ses cordes et son cadre dans un plan horizontal comme le clavicorde et sa mécanique similaire à celles des pianos droits. Les pianos carrés furent produits durant le début du XXe siècle ; leur son est considéré comme étant meilleur que celui du piano droit. La plupart n'avaient pas de cadre, même si les derniers modèles comprenaient de plus en plus de métal (ébauches de cadre). Le piano girafe, a contrario, avait une mécanique analogue à celle du piano à queue, mais avec les cordes disposées verticalement comme le clavicytherium ; l'instrument, de haute taille, était cependant assez rare.

De nombreux clavicordes anciens ont été conservés, et on peut en voir dans les musées suivants :

  • Dominicus Pisaurensis 1543 Museo de Lipsia Italie ;
  • Onesto Tosi 1568 Museum of fine arts Boston USA.

Le plus ancien piano-forte se trouve au Metropolitan Museum of Art de New York.

Liste des différents modèles

  • Piano d'étude (moins haut que le piano droit, aussi appelé piano de style épinette)
  • Piano droit
  • Piano à queue (jusqu'à 3 m)
  • Piano trois-quarts-de-queue (jusqu'à 2,35 m environ)
  • Piano demi-queue (jusqu'à 2,11 m)
  • Piano quart-de-queue (jusqu'à 1,90 m environ)
  • Piano crapaud (piano à queue plus court que large)
  • Piano girafe (à queue verticale)
  • Piano carré, ou piano-table (piano rectangulaire, pouvant servir de table quand les couvercles sont fermés, prisé par la petite bourgeoisie au XIXe siècle)
  • Piano de bateau, ou piano commode (piano droit à clavier basculant, pour un moindre encombrement)
  • Piano-pédalier
  • Piano mécanique
  • Piano électrique
  • Piano numérique
  • Piano silencieux
  • Clavier maître (il s'agit d'un clavier de piano qui ne produit pas de son, contrôlant un équipement MIDI - par exemple un échantillonneur ou un synthétiseur.)
  • Piano préparé : piano modifié — fréquences des notes, petits objets ou autres intercalés entre le marteau et les cordes, ou glissés sous les cordes — en général en vue de l'exécution d'une œuvre précise, dite « pour piano préparé »
  • Piano jouet : utilisé dans certaines pièces de musique contemporaine, comme par exemple dans les interprétations de John Cage par Margaret Leng Tan, ainsi que par certains artistes populaires tel que Pascal Comelade, Chapi Chapo et les petites musiques de pluie et Pascal Ayerbe.
  • Piano ou clavier muet : instrument ne produisant aucun son, destiné à l'exercice sans déranger l'entourage.
  • Pianos exceptionnels : tous les facteurs de pianos réalisent des pianos exceptionnels (artcase) certains ne sont que des décorations ou des modifications spectaculaires de l'existant (pieds travaillés, marqueterie, peinture) d'autres sont des modifications radicales comme le Pegasus de Schimmel ou le M. Liminal dessiné par NYT Line et fabriqué par Fazioli. Il est possible d'écouter ce piano ici.

Facteurs réputés de pianos

Autres significations

Article connexe : Piano (homonymie).
  • Du fait de sa large diffusion, on a surnommé de nombreux instruments de musique piano :
  • Piano est également un terme italien indiquant une nuance — doucement — opposée à Forte signifiant fort.
  • Piano est aussi l'abréviation habituelle pour « piano de cuisine » et désigne, dans le jargon des cuisiniers professionnels et des gastronomes, un plan de travail et de cuisson.
  • Piano en photographie argentique est un instrument de laboratoire composé de plusieurs volets mobiles utilisé pour chercher le temps d'exposition d'un tirage.
  • Piano est aussi une commune française de la Haute-Corse
  • En argot le piano est le service anthropométrique de la police. Allusion à la prise des empreintes digitales durant laquelle les doigts sont allongés comme ceux d'un pianiste sur le clavier.

Notes et références

  1. Un livre américain excellent pour ceux qui veulent vraiment comprendre la façon de réparer ou de régler un piano est Piano Servicing, Tuning & Rebuilding de Arthur Reblitz, traduit en français en 2005:Entretien, Accord et Restauration du Piano, Editions L'entretemps (ISBN 2-912877-32-6) Carl-Johan Forss, un suédois ayant enseigné l'accord, le réglage et la réparation du piano en Norvège, a récemment publié trois ouvrages techniques consacrés à ces disciplines. Cette trilogie de référence (plus de 1500 pages abondamment illustrées) est actuellement traduite et publiée dans plusieurs pays, dont l'Allemagne, l'Angleterre, la France et la Russie.
  2. (en) A Brief History of the Establishment of International Standard Pitch A=440 Hertz

Annexes

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Bibliographie

  • Piano. « Le Guide du Concert », Numéro hors série (2 décembre 1948)
  • Constantin Piron, L'Art du Piano, Préface de Marguerite Long, Paris, Fayard, [1949], 318 p.
  • Le Piano, Catherine Michaud-Pradeilles et Claude Helfer, Collection "que sais-je", édition de 1997 (ISBN 978-213048038-9)

Articles connexes

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Piano de Wikipédia en français (auteurs)

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