- Yves Coppens
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Yves Coppens Naissance 9 août 1934
Vannes,
FranceNationalité Français Profession paléontologiste Yves Coppens, né à Vannes le 9 août 1934, est un paléontologiste et paléoanthropologue français, professeur honoraire au Collège de France. En France, son nom est attaché à la découverte en 1974 du fossile surnommé Lucy, puisqu'il était avec l'Américain Donald Johanson et le Français Maurice Taïeb l'un des trois co-directeurs de l'équipe qui l'a mis au jour.
Sommaire
Biographie
Son père, le physicien René Coppens a travaillé sur la radioactivité des roches et a rédigé de nombreuses notes scientifiques pour l’Académie des sciences. Il fut professeur à la Faculté des Sciences et a été inhumé à Vandœuvre-lès-Nancy.
Yves Coppens est passionné par la Préhistoire et l'archéologie depuis son enfance, il a commencé très tôt à participer à des travaux de fouille et de prospection en Bretagne. Il obtient un baccalauréat en sciences expérimentales au lycée Jules Simon de Vannes puis une licence ès sciences naturelles à la faculté des sciences de l'université de Rennes. Il prépare le diplôme de docteur de troisième cycle en débutant une thèse sur les proboscidiens au laboratoire du professeur Jean Piveteau à la faculté des sciences de l'université de Paris.
En 1956, il devient attaché de recherche du Centre national de la recherche scientifique alors qu'il n'a que 22 ans. Il se dirige vers l'étude des époques quaternaire et tertiaire. En 1959, chercheur dans le laboratoire de l'Institut de paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle sous la direction de René Lavocat, ce dernier lui confie la détermination des dents de proboscidiens (sur lesquels porte sa thèse) du pliocène issus de fossiles de vertébrés trouvés par des géologues en Afrique. Ce contact avec des géologues lui permet de partir dès janvier 1960 en Afrique et par la suite de monter des expéditions au Tchad, en Éthiopie, puis en Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Indonésie et aux Philippines[1].
En 1965, il découvre un crâne d'hominidé à Yaho (Angamma, Tchad) qu'il nomme alors Tchadanthropus uxoris en hommage au pays où il a été trouvé et considérant qu'il s'agit d'un individu féminin. D'un âge estimé à un million d'années, ce fossile est aujourd'hui rapproché d'Homo erectus.
Il devient maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle en 1969, puis obtient la sous-direction du Musée de l'Homme.
Le 30 novembre 1974 à Hadar, un fossile relativement complet d'Australopithecus afarensis est découvert dans le cadre de l'International Afar Research Expedition, un projet regroupant une trentaine de chercheurs éthiopiens, américains et français co-dirigé par Donald Johanson (paléoanthropologie), Maurice Taieb (géologie) et Yves Coppens (paléontologie). Le premier fragment du fossile a été repéré par Tom Gray, l'un des étudiants de Donald Johanson[2]. Le fossile est surnommé « Lucy », en référence à Lucy in the Sky with Diamonds, la chanson des Beatles écoutée par l'équipe.
Yves Coppens est nommé directeur et professeur au Muséum national d'histoire naturelle en 1980, ainsi que directeur d'étude à l'École pratique des hautes études. Il est élu à la chaire de paléontologie et préhistoire au Collège de France en 1983, chaire qu'il occupe jusqu'en 2005, date à laquelle il devient professeur honoraire.
En 1994, il préside une commission de l'Académie des Sciences sur une affaire concernant les frères Igor et Grichka Bogdanoff, l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan les accusant de plagiat dans leur ouvrage Dieu et la Science publié en 1991[3].
En 2006, il est nommé au Haut Conseil de la science et de la technologie (Journal officiel du 24 septembre 2006).
En janvier 2010, il est nommé président du conseil scientifique chargé de la conservation de la grotte de Lascaux.
Aujourd'hui, Yves Coppens est présent dans de nombreuses instances nationales et internationales gérant les disciplines de sa compétence. Il a dirigé en outre un laboratoire associé au CNRS, le Centre de Recherches Anthropologiques - Musée de l'Homme, et deux collections d'ouvrages du CNRS, les Cahiers de Paléoanthropologie et les Travaux de Paléoanthropologie est-africaine. Il est membre de l'Académie des sciences, de l'Académie de médecine, de l'Académie des Sciences d'Outremer et de l'Academia Europaea, membre associé de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, correspondant de l'Académie royale de médecine de Belgique, Honorary fellow du en:Royal Anthropological Institute of Great Britain and Ireland, Foreign associate de la Royal Society d'Afrique du Sud et docteur honoris causa des universités de Bologne, de Liège, de Mons et de Chicago. Il est également membre du conseil scientifique de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST).
Travaux
À partir de 1983, Yves Coppens popularise sous le nom d’East Side Story[4],[5] un modèle proposé initialement par l’éthologue hollandais A. Kortlandt[6]. Il s'agit d'une explication environnementale pour rendre compte de l'acquisation de la bipédie permanente, qui sépare les Homininae et les pré-Paninae. Suite aux découvertes de Toumaï et surtout celle d'Abel par l'équipe franco-tchadienne de Michel Brunet, Yves Coppens remet lui-même en cause cette théorie en 2003. Il maintient cependant ce scénario pour comprendre l'émergence de la bipédie permanente du genre Homo, distincte des autres homininae (espèces du genre Australopithecus) et popularisée par un jeu de mot "Omo event" (vallée de l'Omo dans le rift éthiopien), comme en 2009 au colloque de l'Académie des sciences en hommage à Charles Darwin et à sa théorie de l'évolution des espèces par adaptation anatomique graduelle à des changements de l'environnement (en l'occurrence l'apparition de la savane entre 2,5 et 1,8 million d'années) sans pour autant souscrire à l'origine accidentelle ou hasardeuse des mutations.
Article détaillé : East Side Story.Yves Coppens a également développé l'idée selon laquelle l'acquis a pris le pas sur l'inné, ce qui aurait notamment ralenti l'évolution humaine depuis plusieurs dizaines de milliers d'années [réf. nécessaire].
Il remet en cause l'importance conférée au hasard dans la théorie néo-darwinienne : « Au risque de faire hurler les biologistes, et sans revenir aux thèses de Lamarck, je crois qu'il faudrait s'interroger sur la façon dont les gènes pourraient enregistrer certaines transformations de l'environnement. En tout cas, le hasard fait trop bien les choses pour être crédible… »[7].
Il soutient la thèse selon laquelle « le développement technique et culturel dépasse le développement biologique », c'est-à-dire que l'évolution biologique a précédé l'évolution culturelle, cette dernière étant davantage déterminante des transformations que vivra notre espèce [réf. nécessaire].
Vulgarisation scientifique
- 2002 : Sous son contrôle scientifique (avec la collaboration d'Anne-Marie Bacon et de Sandrine Prat du CNRS), Jacques Malaterre réalise pour France 3 un documentaire-fiction sur l'évolution de l'homme, L'Odyssée de l'espèce, qui rencontre un grand succès en France et même à l'étranger. Ce documentaire, comportant un certain nombre d'erreurs sur des questions essentielles, suscite une vive polémique.
- 2004 : Sous son contrôle scientifique, Jacques Malaterre réalise Homo sapiens pour France 3.
- 2007 : Caution scientifique avec Jean Guilaine pour le documentaire-fiction Le Sacre de l'homme.
- Il anime une chronique sur France Info intitulée Histoires d'hommes avec Marie-Odile Monchicourt.
Récompenses
Distinctions
- 1963 : Prix Edmond Hébert
- 1969 : Prix André C. Bonnet
- 1973 : médaille d'or de l'Empereur d'Éthiopie
- 1974 : grand prix Jaffé de l'Académie des sciences
- 1975 : grand prix scientifique de la Fondation de France
- 1975 : médaille Fourmarier de la Société géologique de Belgique
- 1978 : prix Glaxo
- 1982 : médaille d'argent du CNRS
- 1984 : prix Kalinga de l'UNESCO
- 1984 : 27e Annual Address de la Palaeontological Association à Londres
- 1985 : 55e James Arthur Lecture on the Evolution of the Human Brain à l'American Museum of Natural History à New York
- 1985 : IXe conférence Augustin Frigon de l'École polytechnique de Montréal
- 1987 : médaille Vandenbroeck de la Société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie
- 1989 : médaille André Duveyrier de la Société de géographie
- 1991 : médaille d'or de l'encouragement au progrès
- 2005 : Prix Nonino (Italie)
Décorations
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Grand officier de l'ordre national du Mérite[8]
- Commandeur des Palmes académiques
- Officier de l'Ordre national du Tchad
- Commandeur dans l'Ordre des Arts et des Lettres en janvier 2010[9].
Publications
- Origines de l'homme - De la matière à la conscience, Yves Coppens, De Vive Voix, Paris, 2010
- Le Singe, l'Afrique et l'homme, 1983, Fayard, ISBN 2-213-01272-5
- Origines de la bipédie (avec Brigitte Senut), 1992, CNRS, ISBN 2-222-04602-5
- La plus belle histoire du monde (en collaboration avec Hubert Reeves, Joël de Rosnay et Dominique Simonnet), 1996, Seuil, ISBN 2-02-050576-2
- Le genou de Lucy : l'histoire de l'homme et l'histoire de son histoire, 1999, Odile Jacob, ISBN 2-7381-0334-0
- Pré-ambules : les premiers pas de l'homme, 1999, Odile Jacob, ISBN 2-7381-0936-5
- Grand entretien, 2001,
- Les origines de l'homme : réalité, mythe, mode (ouvrage collectif), 2001,Artcom', ISBN
- Aux origines de l'humanité T1 et T2 (avec Pascal Picq), 2002, Fayard
- Berceaux de l'humanité : Des origines à l'Age de bronze, 2003, Larousse
- L'Odyssée de l'espèce, 2003, EPA, ISBN 2-85120-604-4
- Homo sapiens et l'enfant loup, 2004, Flammarion, ISBN 2-08-162798-1
- Chroniques d'un paléontologue, 2004, Odile Jacob, ISBN 2-7381-1112-2
- Histoire de l'homme et changements climatiques, 2006, Collège de France et Fayard, ISBN 2-213-62872-6
- Le Présent du passé. L’Actualité de l’histoire de l’Homme, Paris, Éditions Odile Jacobs, 2009, 288 p. (ISBN 978-2-7381-1112-8)
- L' Histoire des singes. Yves Coppens raconte nos ancêtres, Paris, Éditions Odile Jacobs, 2009, 64 p. (ISBN 978-2-7381-2299-5)
- Le Présent du passé au carré. La fabrication de la préhistoire, Paris, Éditions Odile Jacobs, 2010, 224 p. (ISBN 978-2-7381-2476-0)
- La vie des premiers hommes, Paris, Éditions Odile Jacobs, 2010 (ISBN 978-2-7381-2429-6)
- Pré-textes. L'homme préhistorique en morceaux., Paris, Éditions Odile Jacobs, 2011, 400 p. (ISBN 978-2-7381-2645-0)
Il a en outre apporté sa collaboration scientifique à Pierre Pelot pour l'écriture de plusieurs romans préhistoriques : la série Sous le vent du monde, Gallimard, Le nom perdu du soleil, 1998, Denoël et Le rêve de Lucy, 1997, Seuil.
Notes et références
- L’Essentiel avec... Yves Coppens, de l’Académie des sciences Canal Académie, 31 juillet 2011
- ISBN 2-221-01200-3 D. Johanson et M. Edey, Lucy : une jeune femme de 3 500 000 ans, traduit de l'américain (Lucy, the beginnings of humankind), Paris, R. Laffont, (1981)
- Yves Coppens préside une commission de l'Académie des sciences sur une affaire concernant les frères Bogdanov
- Coppens, Y. (1983) - Le singe, l'Afrique et l'Homme, Paris, Fayard, 148 p.
- Coppens, Y. (1994) - « East Side Story, the origin of Humankind », Scientific American, vol. 270, n° 5, pp. 88-95.
- Kortlandt, A. (1972) - New perspectives on ape and human evolution, Amsterdam, Stichting voor Psychobiologie.
- Quand Yves Coppens parle de la théorie de l'évolution… sur Hominides.com. D'après
- Décret du 13 novembre 2009
- Ordre des Arts et des Lettres
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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