- Bataille de Normandie
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Bataille de Normandie
Un LCVP (Landing Craft Vehicle Personnel) le 6 juin 1944Informations générales Date Du 6 juin au 21 août 1944 Lieu Basse-Normandie,
Ouest de la FranceIssue Tête de pont alliée en Europe : Ouverture d'un 2e front soulageant le front russe Belligérants États-Unis
Royaume-Uni
Canada
Armée française de la Libération
Armée polonaise de l'Ouest
Forces tchécoslovaques libres
Norvège
Forces belges libres
Australie
Nouvelle-ZélandeReich allemand Commandants Général Dwight Eisenhower,
Maréchal Bernard MontgomeryFeld-maréchal Gerd von Rundstedt,
Maréchal Erwin Rommel (Absent le 6 juin 1944),
Général Friedrich DollmannForces en présence 1 000 000 hommes (11 juin)
1 452 000 hommes (25 juillet)
2 052 299 hommes (21 aout)
2 876 000 hommes (fin)380 000 (1 000 000 d'hommes éparpillés sur l'ensemble de la France) Pertes forces terrestres: 209 672 tués, blessés
et disparus ,(tués : 36 976 ; disparus : 19 221)
forces aériennes: 16 714 tués, blessés et disparus[1]200 000 tués et blessés,(tués : 50 000), 200 000 prisonniers
Seconde Guerre mondiale Batailles Bataille de Normandie
Neptune · Tonga · Utah Beach · Omaha Beach · Gold Beach · Juno Beach · Sword Beach · Pointe du Hoc · Manoir de Brécourt · Perch · Carentan · Villers-Bocage · Haies · Cherbourg · Epsom · Jupiter · Charnwood · Caen · Goodwood · Atlantic · Crête de Verrières · Spring · Cobra · Bluecoat · Totalize · Mortain · Tractable · Colline 262 · Poche de Falaise · Brest · Parismodifier La bataille de Normandie est l'une des grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre européen. Elle se déroule entre juin et août 1944 en Normandie, et permet aux forces alliées d’ouvrir un nouveau front en Europe, face aux troupes allemandes. Elle débute le 6 juin 1944 — appelé Jour J ou opération Overlord — par le débarquement et le parachutage des premières troupes alliées sur et aux abords des plages de l'ouest du Calvados et de l'est du Cotentin pour finir entre le 19 (premières unités alliées traversant la Seine) et le 21 août (fermeture de la poche de Falaise), ouvrant la voie à la Libération de Paris le 25 août. Certains historiens considèrent que la bataille de Normandie s'achève le 12 septembre avec la libération du Havre.
Quelque 65 ans après, cette bataille reste la plus grande opération logistique de débarquement, 3 millions de soldats principalement américains, britanniques, canadiens mais aussi d'autres forces alliées (Forces françaises libres, troupes polonaises, belges, tchécoslovaques, néerlandaises et norvégiennes) traversant la Manche pour débarquer en Normandie dont 130 000 le jour J.
Sommaire
Objectifs
L'objectif des Alliés, dans cette opération, est de créer un autre front, réclamé par Staline depuis 1942, en Europe du Nord-Ouest (opération Overlord), par la mise en place d'une tête de pont qui puisse ouvrir un accès assez rapide vers le cœur de l'Allemagne. La progression du front italien, trop lente, ne permet pas, en effet, d'espérer une issue rapide en Europe.
Le plan d'exécution en Normandie s'articule en deux phases :
- s'emparer d'une tête de pont afin de prendre le nœud routier de Caen et le port de Cherbourg (opération Neptune).
- élargir la zone par la conquête de la Bretagne et des ports de la façade atlantique d'une part, avancer jusqu’à une ligne Le Havre-Le Mans-Tours d'autre part.
Cette ligne est l'objectif planifié à 40 jours. L'objectif optimiste à trois mois (soit début septembre) est une zone s'étendant jusqu’à la Loire au sud et à la Seine au nord-est. Si le débarquement le jour J est partiellement réussi, les suites de l'opération se révèlent beaucoup plus difficiles et plus longues que prévues avec des combats acharnés en Normandie, connus sous le nom de bataille de Normandie.
Prélude
La planification de l'invasion du continent européen débute le 14 janvier 1943 lors d'une rencontre à Casablanca entre Roosevelt et Churchill, alors que Staline réclame avec insistance l'ouverture d'un second front en Europe pour soulager l'Armée rouge qui supporte l'essentiel du poids de la guerre en Europe. Britanniques et Américains lancent en juillet 1943 l'invasion de la Sicile. Mais alors que les Américains souhaiteraient lancer un débarquement au Nord-Ouest de l'Europe, pour atteindre plus vite le cœur industriel de l'Europe, Churchill les convainc de lancer un débarquement sur la péninsule italienne, qu'il juge être le ventre mou de l'Axe. Mais la campagne d'Italie lancée en novembre 1943 est difficile et les Alliés ne progressent que très difficilement, rendant nécessaire un rapide débarquement dans le nord-ouest de l'Europe .
Reste aux Alliés à en choisir l'emplacement. Le profil des côtes, les contraintes logistiques et le rayon opérationnel des avions de chasse, nécessaires pour la couverture aérienne et le soutien des troupes au sol, réduisent les possibilités de débarquement à deux choix : le Pas-de-Calais et l'ouest de la Normandie.
Bien que le Pas-de-Calais offre les meilleures plages et un accès plus rapide vers l'Allemagne, il est considéré comme un choix trop évident et jugé trop bien défendu. En plus, un tel choix obligerait à concentrer toutes les forces militaires dans le Kent. Des ports importants comme Plymouth, Southampton ou Portsmouth auraient été trop éloignés du lieu de débarquement. Tandis que la Normandie offre elle l'avantage d'être presque à équidistance de l'ensemble du littoral sud anglais. De plus, une prise de la Normandie permet d'avoir les ports en eaux profondes de Cherbourg et du Havre (plus ceux de Brest, Lorient et Saint-Nazaire avec la conquête de la Bretagne). Enfin, depuis la Normandie, on peut partir vers Paris, objectif hautement politique et symbolique. La Normandie est donc choisie.
L'échec du débarquement de Dieppe (le 19 août 1942) a montré qu'il n'est pas souhaitable d'attaquer directement un port pour débarquer. De plus, la capacité défensive des grands ports a été considérablement accrue depuis 1942, les rendant quasi-imprenables par un assaut venant de la mer.
Les généraux Dwight Eisenhower et Bernard Montgomery sont nommés respectivement commandant suprême des forces expéditionnaires alliées et commandant opérationnel des forces d'invasion terrestres en décembre 1943 et janvier 1944. À ce moment, le plan prévoit le débarquement de trois divisions par la mer et de deux brigades par les airs. Ce total est rapidement porté à cinq divisions par la mer et trois par les airs par Montgomery.
Le Jour J, initialement fixé au 1er mai 1944, est repoussé au 1er juin 1944 puis au 5 juin 1944, ce délai permettant de bénéficier d'un mois supplémentaire de production de barges de débarquement. Finalement, le débarquement sera reporté au 6 juin en raison de mauvaises conditions météorologiques[2].
Pour leurrer les Allemands et les persuader d'un débarquement dans le Pas-de-Calais, voire d'un débarquement secondaire en Norvège, les Alliés mettent en place un large plan de désinformation appelé opération Fortitude. Une armée fictive est entièrement créée, le First US Army Group, « commandée » par le redouté général Patton, utilisant des bâtiments et un équipement factices (dont des chars d'assaut gonflables), envoyant de faux messages radios. Les Allemands, désireux de connaître le lieu du débarquement, ont un réseau d'espions dans tout le sud de l'Angleterre. Ces espions sont cependant, pour la plupart, contrôlés par les Alliés (opération « double-cross ») et envoient des messages confirmant que le Pas-de-Calais doit être le point d'attaque. En conséquence, de nombreuses divisions blindées allemandes y sont mises en réserve. Cette opération se poursuivra après le débarquement en Normandie pour laisser croire que celui-ci n'est qu'un leurre et que le débarquement principal aura lieu dans le Pas-de-Calais afin d'immobiliser dans le Nord de la France les divisions allemandes qui s'y trouvent.
Article détaillé : Opération Fortitude.En novembre 1943, lorsque Hitler décide que les risques d'une invasion de la France ne peuvent plus être ignorés, Erwin Rommel est nommé inspecteur des défenses côtières puis commandant du groupe d'armées B (défense du nord de la France). Il va accroitre considérablement la construction des défenses côtières, le mur de l'Atlantique. Mais faute de temps, de moyens et sous les bombes alliées, celui-ci restera incomplet et manquera de profondeur.
Article détaillé : Mur de l'Atlantique.Rommel est persuadé que la meilleure façon de repousser un débarquement côtier est de contre-attaquer à l'aide de blindés le plus vite possible. Il demande donc que des divisions de Panzers soient disposées à proximité des côtes, mais son autorité est limitée par le fait qu’il n'est pas commandant en chef des forces armées occidentales, poste occupé par le maréchal Von Rundstedt, et que certaines divisions blindées (Panzerdivision de réserve) sont placées sous l'autorité directe de Hitler. Von Rundstedt, soutenu par Heinz Guderian, inspecteur-général des troupes blindées, préfère concentrer les divisions de Panzers plus à l'intérieur des terres afin de pouvoir lancer une contre-attaque massive une fois l’endroit du débarquement déterminé. L'accord consiste donc à garder trois divisions sous les ordres directs de Rommel, près des côtes, tandis que trois autres restent placées en arrière et ne peuvent être débloquées sans l'ordre express de l'équipe opérationnelle de Hitler. La couverture aérienne est assurée par seulement 169 avions de chasse, ce qui sera très peu en comparaison face aux milliers d'avions que les Alliés engageront[3]. La suprématie aérienne alliée au dessus du nord-ouest de l'Europe était d'ailleurs un des pré-requis à l'opération alliée.
Le débarquement de Normandie est précédé par un rassemblement considérable de troupes, d'armements et de navires en Angleterre. Des engins militaires spécialisés sont mis au point spécialement pour l'assaut des obstacles et défenses du mur de l'Atlantique. Des tanks Sherman amphibies sont fabriqués ainsi que des tanks démineurs, des tanks anti-blokhaus, poseurs de ponts et de génie routier sous les ordres de la 79th Armored Division du Major-General Percy Hobart, d'où leurs surnoms de Hobart's Funnies ou de « ménagerie de Hobart »,
Une formidable logistique est également conçue avec la construction d'éléments de ports provisoires qui doivent être acheminés peu après les premières troupes. Ces ports doivent permettre d'alimenter les troupes en matériels et munitions, le temps de conquérir un port en eau profonde. Des plans de reconstruction des lignes de chemin de fer et des routes de Normandie ont été établis.
Le Transportation Plan, plan d'attaque des voies de communication, destiné à préparer le débarquement en Normandie, est arrêté le 25 mars 1944.
Article détaillé : Bombardement du 26 mai 1944.Le débarquement
Article détaillé : Opération Neptune (Alliés).Le débarquement allié, connu sous le nom de Jour J (en anglais, D-Day), représente les premières heures de cette opération. Initialement fixé au 5 juin, le débarquement sera reporté au 6 juin en raison de mauvaises conditions météorologiques[2].
Le 6 juin 1944, 1 213 bateaux de guerre (cuirassés destroyers...), 736 navires de soutien, 864 cargos et 4 126 engins et péniches débarquent 20 000 véhicules et 156 000 hommes sur les plages de Normandie. Les opérations de débarquement, elles, se poursuivront pendant encore plusieurs semaines. Les plages choisies, protégées par les fortifications du mur de l'Atlantique, sont regroupées en 5 zones entre Saint-Martin-de-Varreville, dans le Cotentin, à l'ouest et Ouistreham sur l'embouchure de l'Orne à l'est :
Utah Beach Omaha Beach Gold Beach Juno Beach Sword Beach Américains Américains Britanniques Canadiens (et Britanniques) Britanniques La pointe du Hoc (située un peu à l'ouest d'Omaha) est considérée comme une 6e zone de débarquement, prise par les Rangers américains.
Forces en présence : forces alliées (Américains, Britanniques, Canadiens, Français libres, Polonais, Belges, Tchécoslovaques, Néerlandais, Norvégiens, etc.) contre troupes du Troisième Reich (Allemands, mais aussi des supplétifs issus de troupes principalement russes vaincues à l'Est et qui défendaient le mur de l'Atlantique).
5 000 bateaux, dont 4 000 barges de débarquement et 130 navires de guerre, sont impliqués. 12 000 avions sont engagés afin d'assurer le soutien du débarquement, dont un millier d'avions transportant les parachutistes. 5 000 tonnes de bombes sont larguées sur les côtes normandes.
Le plan
D'est en ouest, l'ordre de bataille était approximativement le suivant :
- La 6e division aéroportée britannique, à laquelle était attaché le 1er bataillon canadien de parachutistes, pour partie parachutée et pour partie aérotransportée en planeurs Horsa, atterrit à l'est de l'Orne pour couvrir le flanc gauche.
- Le 1st Special Service Brigade comprenant les commandos britanniques No.3, No.4, No.6 et No.45 (RM) débarque à Ouistreham dans le secteur Queen Red (à l'extrême gauche). Les hommes du No.Commando 4 sont renforcés par le 1st Troop et le 8e Troop (dont les 177 fusiliers marins français du commandant Kieffer) des 10e commandos interalliés.
- La 3e division d'infanterie britannique et la 27e brigade cuirassée à Sword Beach, de Ouistreham à Lion-sur-Mer.
- 41e (RM) commando (de la 4e Special Service Brigade avec les 46e (RM), 47e (RM) et 48 e(RM) commandos), débarque à la droite de Sword Beach.
- La 3e division d'infanterie et la 2e brigade blindée de l'armée Canadienne, la 2de brigade cuirassée et le 48e (RM) commando à Juno Beach, entre Saint-Aubin-sur-Mer et Courseulles-sur-Mer.
- Le 46e (RM) commando à Juno doit escalader la falaise à gauche de l'estuaire de l'Orne et y détruire une batterie (la puissance de feu de cette batterie étant apparue comme négligeable, le 46e commando est mis de côté comme une réserve flottante et débarque à Jour J+1).
- La 50e division britannique et la 8e brigade cuirassée à Gold Beach, de La Rivière à Arromanches.
- Le 47e (RM) commando sur le flanc ouest de Gold beach.
- Le 5e Corps US (1re division d'infanterie et 29e division d'infanterie) de l'US Army à Omaha Beach, de Sainte-Honorine-des-Pertes à Vierville-sur-Mer.
- Le 2e bataillon de rangers US à la pointe du Hoc.
- Le 7e corps US (4e division d'infanterie plus d'autres éléments) à Utah Beach, autour de Pouppeville et La Madeleine.
- La 101e division aéroportée US parachutée autour de Vierville (opération Albany).
- La 82e division aéroportée US parachutée autour de Sainte-Mère-Église, protégeant le flanc droit (opération Boston).
- Le 4e bataillon français du Special Air Service (SAS) parachuté en Bretagne, à partir du soir du 5 juin jusqu'à la Libération début août[4],[5].
Les actions des FFI, Forces françaises de l'intérieur, ou du Maquis aident à perturber les lignes de communications allemandes.
Le rivage a été largement fortifié par les Allemands de l'organisation Todt dans le cadre du mur de l'Atlantique. Il est gardé par 4 divisions, dont une seule, la 352e division d'infanterie, est de qualité standard. La plupart des autres unités est constituée d'hommes qui (souvent pour des raisons médicales) sont considérés comme inaptes au front de l'Est et de troupes étrangères, surtout Russes, les Osttruppen ayant incorporé l'armée allemande plutôt que de devenir des prisonniers de guerre. La 21.Panzerdivision est positionnée entre Caen et Falaise, le 6e régiment de chasseurs parachutistes (Fallschirmjäger) défend Carentan et la 12.SS-Panzerdivision est stationnée entre la Seine et l'Orne autour de Dreux. Les hommes de cette dernière sont recrutés parmi les Jeunesses hitlériennes à partir de l'âge de 16 ans, et acquerront une réputation de férocité dans les combats à venir. Les marécages proches de Utah Beach ont été inondés pour prévenir tout parachutage et rendre difficile une sortie des plages.
Avant la bataille, les Alliés ont soigneusement cartographié les zones de débarquement, en prêtant une attention particulière à la météo en Manche. Les conditions propices à un débarquement sont hasardeuses : marée basse à l'aube pour éviter les obstacles anti-navires, que les Allemands ont concentrés sur la ligne de marée haute; entre un jour avant et quatre jours après la pleine Lune pour des raisons de marée ; temps calme, avec des vents inférieurs à la force 3 (moins de 12 km/h) sur la côte, et de force 4 (moins de 20 km/h) au large ; couverture nuageuse peu épaisse jusqu’à une altitude de 2 400 m, et la base des nuages au-dessus de 900 m d'altitude ; visibilité supérieure à 4,5 km. Pour ces mêmes raisons, les Allemands ne craignent pas de débarquement à cette date.
Le déroulement
- 00:05 Bombardement des positions allemandes entre Le Havre et Cherbourg
- 00:15 Largage des pathfinders (éclaireurs), parachutistes chargés des balisages des zones de saut et de destruction de voies ferrées en liaison avec la Résistance
- 00:20 Atterrissage des planeurs britanniques à proximité du Pegasus Bridge sur le canal de Caen à la mer
- 01:00 Largage des parachutistes des divisions aéroportées
- 03:20 Atterrissage des planeurs avec le matériel lourd des divisions aéroportées
- 06:00 Début du bombardement naval de la côte normande
- 06:30 Heure H, débarquement sur les plages des troupes américaines
- 07:30 Heure H+1, débarquement sur les plages des troupes britanniques et canadiennes
Le bilan
Au soir du 6 juin, environ 156 000 hommes avaient pris pied sur le sol normand : 17 000 parachutés, 56 000 débarqués sur Utah et Omaha et 83 000 débarqués sur le secteur anglo-canadien [6]. Les pertes alliées s'élevaient à 10 300 hommes dont le tiers de tués.
Pertes matérielles :
- 2 navires de guerre ;
- 131 LCT (Landing Craft Tank) ;
- 117 LCA (Landing Craft Assault) ;
- 43 LCI (Landing Craft Infantry) ;
- 27 avions perdus et 63 endommagés.
Les plans alliés d'invasion comprennent la prise de Caen et Bayeux dès le premier jour, toutes les plages devant être reliées sauf Utah et une ligne de front avancée à 10-15 kilomètres à l'intérieur des terres. Dans les faits, aucun de ces buts n'est atteint. Cependant les pertes, 4 000 morts et 6 000 blessés, soit moins de trois pour cent des forces impliquées, ne sont pas aussi importantes que prévues et les têtes de pont sont parvenues à repousser les contre-attaques allemandes avec l'appui de l'artillerie navale.Les priorités des jours qui suivent le débarquement furent de relier les têtes de pont, de prendre Caen et de capturer Cherbourg pour disposer d'un grand port.
Les têtes de pont anglo-américaines d'Omaha Beach et Sword Beach se rejoignent à Bayeux. La 12e division blindée SS (Hitler Jugend, Jeunesses hitlériennes) attaque les Canadiens les 7, 8 et 9 juin en causant de lourdes pertes, mais ne parvient pas à percer. Ce laps de temps est parsemé de crimes de guerre (massacre de prisonniers). Pendant ce temps, les plages sont reliées entre elles - Omaha le 10 juin et Utah le 13 grâce à la prise de Carentan par la 101e division aéroportée après d'âpres combats contre les Fallschirmjäger. Les Alliés renforcent leur front plus rapidement que les Allemands. Alors que les Alliés débarquent toutes leurs ressources, la supériorité aérienne alliée et les dommages causés au réseau ferroviaire rendent les mouvements de troupes allemandes lents et dangereux.
La logistique
Un des principaux défis des Alliés était de pouvoir acheminer sans discontinuer pendant des jours et des semaines, des dizaines de milliers d'hommes, des armements lourds, munitions, matériels, carburant, nourriture...
Si les Alliés sont confiants dans le débarquement le jour J et dans la création d'une tête de pont, le moment critique est situé entre J+3 et J+9, le temps d'acheminer suffisamment de troupes pour faire face aux contre-attaques des forces allemandes.
Depuis la tentative ratée du débarquement de Dieppe, ils savent qu'il leur est impossible de prendre un port de manière frontale. Dans le mur de l'Atlantique, tous les grands ports de la Manche sont de redoutables forteresses. L'objectif dans les jours qui suivent le jour J est de s'emparer de Cherbourg, grand port en eau profonde, par la terre.
Mais, en attendant de pouvoir en disposer, les Alliés vont mettre en place deux ports artificiels, les ports Mulberry à Arromanches et à Saint-Laurent-sur-Mer, dérouler un oléoduc sous marin, PLUTO, et organiser ainsi une formidable logistique de ravitaillement de la tête de pont en Normandie grâce à une noria de navires. Une tempête le 19 juin, détruira le port artificiel américain de Saint-Laurent-sur-Mer, obligeant ces derniers à procéder à plus de débarquement à même les plages. Seul celui d'Arromanches pourra être remis en état. Il restera opérationnel durant 8 mois et permettra le débarquement de 20 % des hommes, véhicules et matériels qui auront été engagés jusqu'à fin août 1944 sur le théâtre d'opérations nord-ouest.
Articles détaillés : Mulberry et Opération PLUTO.En 87 jours de campagne, plus de 2 millions de soldats alliés, plus de 438 000 véhicules, plus de 3 millions de tonnes d'équipements et de ravitaillements auront été débarqués en Normandie.
L'approvisionnement en carburant
L'approvisionnement en carburant était un des éléments vitaux de la réussite de l'opération Overlord. Les Alliés avaient estimé leurs besoins à 15 000 tonnes à J+41 (soit le 15 juillet) pour approvisionner en essence les 200 000 véhicules qui auraient déjà été débarqués[7] mais également le carburant des avions ou le mazout des navires de la zone. Pendant les 10 premiers jours, les Alliés faisaient échouer sur les plages des LCT remplis de jerricans d'essence[7]. En parallèle, deux points d'ancrage pour pétroliers étaient installés au large de Sainte-Honorine-des-Pertes et reliés à la côte et au mont Cauvin par des tuyaux souples[7]. Un terminal pétrolier sommaire était installé le long des jetées de Port-en-Bessin et relié lui aussi au Mont-Cauvin par un oléoduc[7].
À partir du 15 juillet, ces systèmes d'approvisionnement dit mineurs devaient être remplacés par des systèmes de plus grande échelle à partir du port de Cherbourg reconquis. Le terminal pétrolier d'avant-guerre de la marine nationale de la digue de Querqueville devait être remis en marche avec l'accostage de gros pétroliers mais surtout avec la mise en place d'un oléoduc sous la Manche. Mais les importantes destructions allemandes du port ne permirent au premier pétrolier allié de n'accoster à Querqueville que le 25 juillet et la mise en place de l'oléoduc fut elle aussi retardée[7].
Article détaillé : Opération PLUTO.Il s'agissait de dérouler entre l'île de Wight et Querqueville, soit une centaine de kilomètres, dix tuyaux souples sous la mer (Pipe-Lines Under The Ocean ou PLUTO), ce qui n'avait encore jamais été fait dans l'Histoire[7]. Initialement, le premier tuyau devait entrer en fonctionnement le 18 juin, soit 12 jours après le débarquement. Mais la prise de Cherbourg plus tardive, le long nettoyage des eaux du port et le mauvais temps retardèrent sa mise en service de 6 semaines et il ne put rentrer en fonction qu'au début du mois d'août. Néanmoins, le manque de carburant ne se fit pas trop sentir, le front ne progressant pas ou peu[7].
Le fonctionnement de PLUTO se révéla également insuffisant, chaque tuyau ne fournissant pas les 300 tonnes/jour initialement prévues[7], obligeant les Alliés à poursuivre des débarquement de carburant sur les plages, à décharger dans le port de Courseulles-sur-Mer et à continuer de faire fonctionner le terminal de Port-en-Bessin[7]. Par la suite, avec l'avancée des Américains, PLUTO fut prolongé par un oléoduc terrestre jusqu'à Avranches[7]. Au mois d'aout, il sera redirigé vers la Seine et Paris. 7500 sapeurs américains aidés de 1500 prisonniers de guerre allemands participeront aux travaux de cet oléoduc[7].
La bataille de Caen (7 juin – 19 juillet)
Article détaillé : Bataille de Caen.Supposant que Caen est la position-clé de la bataille, Montgomery y mène trois assauts entre le 7 juin et le 1er juillet avant que la ville ne soit encerclée et bombardée le 7 juillet (opération Charnwood). Espérant une percée décisive par la plaine de Caen en direction de Paris, Montgomery lance alors une offensive majeure avec les trois divisions blindées britanniques, nom de code : opération Goodwood. Le succès initial est contrarié par la résistance improvisée mais déterminée des 1re et 12e divisions blindées SS appuyées par des troupes du génie allemandes leur faisant office d'infanterie. Les pertes britanniques en blindés sont importantes. Hitler, qui sous-estime les Américains, concentre ses réserves face aux Britanniques. Ceux-ci subissent les inconvénients d'une tête de pont trop étroite, largement exposée aux tirs de l'artillerie ennemie.
La prise de Cherbourg
Article détaillé : Bataille de Cherbourg.Le but des Alliés est de conquérir le plus rapidement possible Cherbourg pour disposer d'un port en eaux profondes. La réussite du débarquement à Utah Beach et de la jonction avec les troupes débarquées plus à l'est, permettent ensuite aux troupes américaines d'avancer vers l'ouest et le nord du Cotentin. Les troupes allemandes stationnées dans le Nord Cotentin sont peu mobiles et hétéroclites et il est difficile à l'état-major allemand de les renforcer. 11 jours après le débarquement, le 17 juin, les Américains atteignent la côte ouest du Cotentin à Barneville-Carteret, isolant les troupes allemandes du Nord Cotentin et de Cherbourg du reste du front allemand. Les Américains vont achever la conquête du Nord Cotentin, aidés par les ordres incohérents d'Hitler qui tarde à replier ses troupes dans Cherbourg fortifié.
Le général Collins lance l’assaut sur la ville et le port le 22 juin et malgré une vive résistance et de nombreuses pertes alliées, la forteresse allemande se rend le 26 juin. Mais les troupes de l'amiral Hennecker ont réussi à rendre le port inutilisable. Le premier bateau allié n'y accostera qu'à la fin du mois de juillet et le port ne sera opérationnel, en partie, qu'à la mi-août. Il deviendra pourtant le port le plus actif du monde jusqu'à la libération des accès au port d'Anvers début novembre 1944 et le port d'approvisionnement du front de l'Ouest (même si les plages normandes et le port artificiel d'Arromanches continueront d'être utilisés).
La bataille des haies
Article détaillé : Bataille des Haies.Face au blocage des troupes Anglo-canadiennes à l'est du front et leur impossibilité de prendre Caen, les troupes alliées, principalement américaines, se voient obligées de progresser au sud-ouest dans une zone de bocage, très favorable à la défense et dont les troupes allemandes, plus expérimentées que celles qui défendaient le mur de l'Atlantique, savent profiter. Les mouvements de chars sont rendus difficiles et l'aviation peu efficace. L'infanterie américaine doit se battre haie par haie d'où le nom que les historiens donneront à cet épisode de la bataille de Normandie.
Ainsi de la mi-juin au 24 juillet, la progression de la 1ere armée américaine vers Saint-Lô est très lente. Les troupes américaines piétinent ainsi plus d'un mois et ne progressant qu'au prix de pertes très importantes.
La percée d'Avranches
Articles détaillés : Opération Cobra et Opération Spring.Le 25 juillet 1944, les Alliés lancent alors deux opérations conjointes, l'opération Spring consistant à bloquer les forces blindées allemandes à l'est du front au sud de Caen, et l'opération Cobra. Il s'agit, par un bombardement massif et très concentré ("tapis de bombes"), d'ouvrir une brèche dans les défenses allemandes dans le sud du Cotentin. L'opération réussit et, le 30 juillet, les divisions américaines s'engouffrent dans la brèche ouverte. Patton, avec les divisions blindées américaines (et la 2e DB française de Leclerc) peut alors lancer sa grande percée vers le sud. Il libère la Bretagne (à l'exception des principaux ports fortifiés où les Allemands se sont retranchés) avance jusqu’à la Loire, puis revient vers le nord en prenant à revers le front allemand.
Contre attaque allemande et encerclement de la poche de Falaise
Articles détaillés : Contre-attaque de Mortain et Poche de Falaise.Au lieu de se replier, la Wehrmacht, sur ordre d'Hitler et contre l'avis de son état-major, lance une contre attaque baptisée opération Lüttich dans la région de Mortain vers Avranches (7e armée et 5e armée blindée), dans le but de couper les lignes américaines. Dès le début, cette offensive allemande est un échec. Le bocage, qui a entravé l'avance des troupes motorisées alliées, gêne aussi la contre-attaque allemande. L'état major américain n'a pas été surpris, car informé des intentions allemandes, et a pu préparer la réaction. Mais la contre-attaque était surtout vouée à l'échec par sa quasi-absence de couverture aérienne, alors que les bombardiers alliés faisaient 2 000 à 3 000 sorties par jour, pilonnant des troupes allemandes que l'offensive obligeait à se découvrir. Les troupes américaines et françaises prennent alors les Allemands à revers par le sud tandis que les Britanniques, les Canadiens et les Polonais de la 1re division blindée du général Maczek ferment la tenaille qu'ils ont formée par le nord, en occupant la cote 262. Encerclés dans la poche de Falaise, les Allemands se sauvent péniblement en laissant 10 000 morts et 50 000 prisonniers, soit les deux tiers de leur effectif encore engagé en Normandie (21 août 1944).
Chronologie
- Juin
- Nuit du 5 au 6 juin, quatre sticks du 4e SAS français sont les premiers parachutés en Bretagne (36 Français, pour la plupart Français libres, opération Dingson et opération Samwest)[8]. La 82e division aéroportée américaine (opération Boston), la 101e division aéroportée américaine (opération Albany) et la 6e division aéroportée britannique (opération Tonga) sont parachutées à chaque extrémité de la zone de débarquement.
- 6 juin - Jour J, débarquement des troupes sur les plages normandes
- 7 juin - Têtes de pont établies sur les 5 plages mais, contrairement au plan, elles ne sont pas reliées entre elles et Caen n'est pas pris
- 9 juin - Mise en service des premiers aérodromes alliés sur le continent
- 11 juin - La 1re armée américaine libère Carentan
- 14 juin - Le général de Gaulle débarque à Courseulles, les têtes de pont sont consolidées (plages reliées entre elles et maitrise du terrain sur environ 20 km de profondeur)
- 15 juin - Opération de diversion de la Royal Air Force qui bombarde le port de Boulogne-sur-mer dans le Nord de la France avec 300 bombardiers.
- 16 juin - Début de fonctionnement du port artificiel américain Mulberry à Saint-Laurent-sur-Mer devant Omaha Beach.
- 17 juin - Les Américains atteignent la côte ouest du Cotentin à Barneville-Carteret, isolant les troupes allemandes du Nord Cotentin du reste du front allemand.
- 17 juin - Rencontre entre Hitler et les maréchaux Rommel et Von Rundstedt dans le Wolfsschlucht II, à Margival dans l'Aisne pour faire le point sur la situation en Normandie. Hitler refuse d'admettre la situation décrite par Rommel et d'envisager un repli allemand sur la Seine
- 18 juin - Le Maquis de Saint-Marcel en Bretagne, (opération Dingson), comprenant 3000 maquisards encadrés par 200 parachutistes SAS français, est attaqué par les troupes allemandes, alertées par les parachutages nocturnes. Les Allemands ne peuvent tolérer l'implantation d'une telle base ennemie qui menace leurs mouvements vers la Normandie, le réseau ferré breton avait été neutralisé.
- 19-21 juin - Tempête sur la Manche qui détruit le port artificiel américain à Saint-Laurent-sur-Mer et endommage le port britannique à Arromanches
- 25 au 29 juin - Opération Epsom, offensive à l'ouest de Caen, repoussée par la défense allemande.
- 26 juin - Prise du port de Cherbourg, fortement endommagé après plusieurs jours de combats et d'intenses bombardements alliés.
- Juillet
- 2 juillet - Le maréchal von Rundstedt est relevé de ses fonctions de chef d'état-major du front Ouest. Il est remplacé par le maréchal von Kluge.
- 8 juillet - Opération Charnwood, la Seconde armée britannique attaque Caen après un intense bombardement aérien.
- 10 juillet - Caen est libérée
- 17 juillet - Le maréchal Rommel sévèrement blessé dans un mitraillage de sa voiture par un avion allié. Les Américains pénètrent dans Saint-Lô, en ruines. L'attaque a coûté 6 000 hommes à l'armée américaine depuis le 11 juillet.
- 18 au 20 juillet - Opération Goodwood. Attaque blindée anglo-canadienne à l'est de Caen sans avancée significative mais permettant de fixer les troupes allemandes à l'est du front pour favoriser l'attaque américaine à l'ouest
- 20 juillet - Attentat manqué contre Hitler.
- 21 juillet - Le port de Cherbourg recommence à fonctionner
- 21-24 juillet - Pluies torrentielles sur la Normandie
- 25-27 juillet - Opération Spring aux environs de Caen. Échec sanglant avec plus de 1 500 pertes dont environ 500 morts alliés, essentiellement des Canadiens.
- 25 juillet - Début de l'opération Cobra lancée par les Américains dans le sud du Cotentin avec un bombardement massif sur un étroit corridor des lignes allemandes (tactique du "tapis de bombes")
- 27 juillet - Le front allemand s'effondre dans le sud Cotentin - Percée d'Avranches
- 30 juillet - Port de Cherbourg remis en activité - lancement par les Britanniques de l'opération Bluecoat
- Août
- 1er août - La 2e DB du général Leclerc débarque à Utah Beach. La 3e armée américaine de Patton est opérationnelle et déferle sur la Bretagne le lendemain
- 2 août - Soulèvement des maquis bretons qui mènent une guérilla aux troupes allemandes, aidés par des parachutistes SAS français et quelques SAS britanniques.
- 3 août - En 3 jours, 7 divisions américaines sont passées par la percée d'Avranches en direction de la Bretagne et de la Loire.
- 3 au 9 août - Opération Totalize, au sud de Caen pour tenter d'encercler les troupes blindées allemandes parties sur la contre-offensive de Mortain.
- 4 août - Repli progressif des Allemands en Bretagne sur les ports fortifiés de Saint-Malo, Brest, Lorient et Saint-Nazaire.
- 7 août - Les Américains atteignent Brest et Nantes.
- 7 août - Lancement de la contre-attaque de Mortain par les Allemands en vue de couper le front Allié.
- 8 août - La contre-attaque est contenue par les Américains
- 9 août - Prise du Mans par les Américains
- 12-21 août - Fuite des Allemands vers l'Est par l'étroit couloir de Chambois et sous le bombardement continu des Alliés
- 15 août - Opération Anvil Dragoon, le débarquement allié en Provence.
- 16 août - Prise de Falaise par les Canadiens et les Polonais sur le flanc nord
- 19 août - Prise de la cote 262 par les Polonais
- 21 août - Fermeture de la poche de Falaise
- 22 août - Libération de L'Aigle
- 25 août - Libération de Paris et de Lisieux.
- 30 août - Libération de Rouen
Considérations politiques
Les débarquements en Normandie sont précédés par une quantité considérable de manœuvres politiques parmi les Alliés. Il y a de nombreux désaccords sur les lieux où le débarquement doit avoir lieu et sur le déroulement de la prise des objectifs. L'ouverture d'un second front pour soulager les Soviétiques est prévue depuis 1942. Les Alliés ont d'abord préféré attaquer le ventre mou que constituaient l'Afrique du Nord et l'Italie. Churchill privilégie cette approche et souhaite lancer de nouvelles attaques en Méditerranée et dans les Balkans afin de prendre en tenaille le gros des armées allemandes mais aussi contenir l'avancée soviétique qu'il craint. Mais il doit céder à la préférence de Roosevelt et de Staline pour un débarquement dans le nord-ouest de l'Europe, plus proche du cœur industriel de l'Allemagne, la Ruhr.
Le choix de Montgomery ne plait pas à certains Américains qui préféraient le général Alexander pour commander les forces terrestres. Montgomery lui-même a des doutes à propos de la nomination d'Eisenhower car ce dernier a très peu d'expérience sur le terrain. Dans cette opération, cependant, Montgomery et Eisenhower coopèrent bien. Leurs disputes, bien connues, viendront plus tard, notamment durant l'opération Market Garden.
Estimation stratégique
En 1944, le matériel et l'armement allemands étaient excellents mais disponibles en trop faible quantité. Les Alliés bénéficiaient d'une production inépuisable, d'une « fabuleuse logistique » et de la standardisation des munitions. Sans les Liberty ships, des cargos à durée de construction courte sur des plans simples, qui permirent l'acheminement d'hommes et de matériel en Angleterre puis sur le continent européen, jamais les Alliés n'auraient pu remporter la bataille décisive.
Le débarquement en Normandie est coûteux en termes d'hommes et de matériel pour les Alliés, bien que réussi dans le premier temps de l'opération (établissement d'une tête de pont), grâce à l'expérience acquise dans les débarquements antérieurs, Dieppe (août 1942), Afrique du Nord (novembre 1942), Sicile (juillet 1943), Anzio (janvier 1944)), et surtout, grâce aux énormes capacités matérielles et techniques, à la maitrise du ciel et à la parfaite coordination des actions. L'échec de la 3e division à prendre Caen, un objectif trop ambitieux pour le premier jour de l'opération, va bloquer l'action pendant un mois. La prise fortuite de Villers-Bocage, suivie par l'échec de son renforcement et sa reprise par la brigade allemande de Michael Wittmann, brise l'offensive des Britanniques.
Les Alliés se trouvent confrontés au problème du terrain. Ils vont devoir progresser dans la partie Ouest, dans le bocage, où ils avaient sous-estimé les difficultés de progression, et où ils sont contraints de combattre intensément par le blocage de l'offensive à l'Est et la non-prise de Caen. Ce bocage gêne considérablement la progression des troupes mécanisées alliées et favorise les positions défensives allemandes. Les Alliés vont ainsi piétiner plusieurs semaines dans ce qui sera appelé la « bataille des Haies », ne progressant que très lentement et au prix de pertes importantes. À la fin juillet, ils vont utiliser alors leur domination aérienne avec l'emploi massif de bombardiers sur un territoire restreint, appliquant la tactique du « tapis de bombes », utilisée notamment avant la percée d'Avranches, pour dégager un corridor d'attaque.
La bataille de Normandie ne fut pas la plus grande bataille de l'été 1944. Ce titre revient à la bataille de Biélorussie, aucours de laquelle l'Armée Rouge anéantit 30 divisions allemandes. Il faut rappeler que l'essentiel des troupes allemandes étaient alors engagés sur le front de l'Est[9].
Enfin, sur le plan géopolitique, l'ouverture d'un nouveau front à l'ouest est un moyen pour les Occidentaux d'empêcher l'expansion du communisme à la totalité de l'Europe.
Séquelles
La Normandie a été la région française, avec l'Alsace, la plus durement éprouvée par la Seconde Guerre mondiale[réf. nécessaire]. Caen, Saint-Lô, Le Havre, sont des champs de ruines[10]. De nombreux villages ont été rasés. L'âpreté et la durée des combats, l'utilisation massive des bombardements aériens par les Alliés pour déloger les troupes allemandes de leurs positions retranchées et couper les voies de communication vont faire plus de 50 000 victimes civiles normandes, dont 20 000 dans le Calvados, 9 890 en Seine-Maritime, 14 800 dans la Manche, 4 200 dans l'Orne et un peu moins de 3 000 dans l'Eure[11]. Des centaines de milliers de sans-abri ne seront pas relogés avant plusieurs années et la majorité des infrastructures est détruite. Henri Amouroux dans son œuvre La grande histoire des Français sous l'occupation, apporte sa vision sur les séquelles de la bataille de Normandie[12] :
« Pour beaucoup de Français, aujourd'hui, les morts de la Libération ont péri dans les maquis, dans les prisons allemandes, dans les camps, dans les rang de la 2e D.B. ou dans ceux de l'armée de De Lattre. Les Français, ceux de Normandie surtout, longtemps sous le feu, lorsqu'ils n'étaient pas pris entre deux feux, n'occupent qu'une modeste place dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. Leurs souffrances et les horreurs des camps, ont été effacées par les joies de la Libération. Et l'image de la grasse, de la riante Normandie, l'a toujours emporté sur la réalité de la Normandie assassinée. »
Le général Dietrich von Choltitz, commandant du 84e corps allemand en Normandie, qualifia la bataille d'« immense bain de sang[13] ».
Le souvenir de la bataille est partout présent en Normandie, notamment avec de nombreux et vastes cimetières militaires, monuments, stèles ou autres panneaux d'information disséminés sur les nombreux lieux de bataille, de nombreux musées, de toutes tailles dont le grand mémorial de Caen, des rues qui portent le nom des acteurs alliés ou des régiments ayant participé à la libération de la région. On retrouve sur la côte la trace des combats avec des blockhaus marqués par les obus mais qui défient le temps qui passe. Il est aussi encore possible de voir quelques caissons de béton Phoenix qui ont composé les digues du port artificiel au large d'Arromanches.
Si le cinquantième anniversaire de la bataille de Normandie (1994) avait été l'occasion de rappeler la dureté des combats et les pertes militaires des deux côtés, le soixantième anniversaire (2004) a aussi permis d'évoquer la souffrance des populations civiles, passée sous silence ces dernières décennies, et de donner une image moins héroïque des armées alliées. Ainsi, des études récentes d'historiens ont montré que certains soldats américains se livrèrent à des exactions. Comme toute armée en campagne, il y eut des pillages et des viols, qui sont cependant le fait d'individus isolés, et qui n'ont été ni organisés, ni encouragés par le commandement, lequel a d'ailleurs jugé sévèrement ceux portés à sa connaissance (plusieurs condamnations à mort de soldats prononcées par les tribunaux militaires alliés). La longue et éprouvante bataille dans le bocage provoqua également des troubles de stress post-traumatique et refus de combattre chez des conscrits américains dont c'était, pour la majorité d'entre eux, le baptême du feu. Cela ne doit pas occulter la réalité des dizaines de milliers de morts de soldats alliés venus libérer une Europe souvent bien éloignée de chez eux.
Aux pertes durant les combats, il faut encore ajouter les 1 800 prisonniers de guerre allemands qui ont péri lors des opérations de déminage des plages. Les Alliés ne pouvaient se permettre d'utiliser leurs propres soldats à ces tâches à haut risque et ne disposaient alors pas comme les armées d'aujourd'hui, d'unités spécialement formées et équipés pour le déminage.
Galerie de photographies
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Caen, vue depuis le château
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Cathédrale de Coutances en 1944 par Thérèse Lemoine-Lagron
Filmographie
Cinéma
- Le Bataillon du ciel, d' Alexandre Esway, d'après le livre de Joseph Kessel, 1947
- Le Jour le plus long (The Longest Day), 1962
- Au-delà de la gloire (The Big Red One), de Samuel Fuller 1980
- Il faut sauver le soldat Ryan (Saving Private Ryan) de Steven Spielberg, 1998
Télévision
- le 16 à Kerbriant, feuilleton télévisé de Michel Wyn, 1971
- Un jour avant l'aube, de Jacques Ertaud, 1994
- Band of Brothers, série télévisée produite par Steven Spielberg et Tom Hanks, 2001
Notes et références
- ISBN 91-7486-235-9) Tamelander, M, Zetterling, N (2003), Avgörandes Ögonblick: Invasionen i Normandie. Norstedts Förlag, p. 341. (
- (en) La prévision du temps pour le Jour J, article en [PDF]
- H. Michel, La Seconde Guerre mondiale, tome 2, p.246
- Henry Corta (1921-1998), lieutenant parachutiste SAS dans les Forces Aériennes Françaises Libres, (1952) : Les bérets rouges.
- Henry Corta, Marie Chamming's, Joseph Jégo, Noël Créau & Philippe Reinhart, Qui ose gagne (France-Belgique 1943-1945, les parachutistes du 2e RCP / 4e SAS), Service Historique de l'Armée de Terre, 1997.
- ISBN 2-87901-492-1), page 235 Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement en Normandie, éditions du Seuil, 2007, (
- Normandie 1944 - le débarquement et la bataille de Normandie de Rémi Dequesnes, p. 178 à p. 181 ("le ravitaillement des armées en carburant"), éd. Ouest France, 2009.
- site Frane-Libre.net
- Norman Davies : « Comme 75 à 80% des pertes allemandes le furent sur le Front de l'Est, il apparaît que les efforts militaires des alliés occidentaux n'ont compté que pour 20 à 25%. ». Source : Sunday Times, 05/11/2006.
- époque médiévale sont devenus des pertes totales. Plusieurs bâtiments historiques datant de l'
- Henri Amouroux - La grande histoire des Français sous l'occupation - Tome 8 - Joies et douleurs du peuple libéré p335 à 338
- Henri Amouroux, La grande histoire des Français sous l'Occupation, Tome 8, Joies et douleurs du peuple libéré, p. 335-336.
- Henri Amouroux, op. cit., p. 336.
Annexes
Bibliographie
- Bibliographie en langue française consacrée à la Bataille de Normandie
- Georges Blond (1906-1989), le débarquement, librairie Arthème Fayard, 1951, 341 p. (ISBN 2-258-01339-9)
- Gilles Perrault, Le secret du Jour J, Paris: Fayard, 1964 (réimpr. 1984), 284 p. (ISBN 2-213-01423-X)
- (en) Carlo D'Este, Decision in Normandy, New York, NY : HarperPerennial., 1983 (réimpr. 1991), 555 p. (ISBN 0-06-097312-9)
- Cornelius Ryan, Le jour le plus long : 6 juin 1944, New York, NY : HarperPerennial., 1960 (réimpr. 1983), 274 p. (ISBN 2-221-03717-0)
- John Keegan, La Deuxième Guerre mondiale, Paris : Perrin, 1990, 599 p. (ISBN 2262007314)
- John Keegan, Six armées en Normandie, Paris : Albin Michel, 1984, 384 p. (ISBN 2-226-02065-9)
- Philippe Masson, Une guerre totale, 1939-1945 : stratégies, moyens, controverses, Paris : Tallandier, coll. « Approches », 1990, 642 p. (ISBN 2235019323)
- Eddy Florentin, Stalingrad en Normandie - La destruction de la VIIème armée allemande, 30 juillet - 22 août 1944, Paris : Presses de la Cité, 1964 (réimpr. 2002), 666 p. (ISBN 2-262-01920-7)
- Eddy Florentin, Guide des Plages du Débarquement et de la Bataille de Normandie, 6 juin - 12 septembre 1944, Perrin - le Mémorial de Caen, 2003 (ISBN 9-782702-884065)
- Paul Carell, Ils arrivent !, Éditions Robert Lafont et Editions "J'ai lu leur aventure" n°A9/10, coll. « J'ai lu Document », 1961 (réimpr. 16 juin 2004) (ISBN 978-2290343593)
- Anthony Kemp, 6 juin 1944, Edition Découverte Gallimard, 1994 (ISBN 2-07-058353-8)
- Georges Bernage, Gold Juno Sword, Éditions Heimdal (ISBN 2840481685)
- Georges Bernage, Diables Rouges en Normandie, Editions Heimdal (ISBN 2-84048-158-8)
- Dominique Kieffer et Stéphane Simonnet, N°4 Commando, Editions Heimdal, mars 2004 (ISBN 2840481804)
- Dan van der Vat (préf. John S. D. Eisenhower), Jour J, Editions Heimdal, septembre 2003 (ISBN 2873863277 et 22840481829)
- Philippe Bauduin, Quand l'or noir coulait à flots, Editions Heimdal, mars 2004, 80 p. (ISBN 2840481871)
- Tony Hall, Le Jour J, le débarquement en photographie, PML éditions (ISBN 2876288885)
- John Man, Atlas du débarquement, Editions Autrement, avril 1994 (ISBN 978-2-862604862).
Inclus des cartes militaires précises et une vue d'ensemble de la bataille captivante.
- Olivier Wieviorka, Histoire du débarquement en Normandie. Des origines à la Libération de Paris 1941-1944, Editions du Seuil, coll. « L'Univers », 2007, 441 p. (ISBN 978-2-298-00542-4)
- Henry Corta, Les Bérets Rouges, Amicale des Anciens Parachutistes S.A.S., 1952, 329 p. (ISBN aucun)
- Henry Corta, Marie Chamming's, Joseph Jégo, Noël Créau & Philippe Reinhart, Qui ose gagne (France-Belgique 1943-1945, les parachutistes du 2e RCP / 4e SAS), Service historique de l'armée de terre, 1997, 296 p. (ISBN 978-2863231036)
- Été 44. Regards sur une Libération, Ouest-France, 2009, 204 p. (ISBN 978-2737347733)
- Antony Beevor (trad. Jean-François Sené, Raymond Clarinard, et Isabelle Dominique Taudière), D-Day et la bataille de Normandie, Éditions Calmann-Lévy, 2009, 638 p. (ISBN 978-2702140161)
- Claude Rives et Will Fowler, Le Débarquement, Editions Tana, 2004 (ISBN 2-7373-3226-5)
- Richard Holmes et Christophe Rosson, Le débarquement : Du jour J à la libération de Paris [Relié], Editions Gründ, 2004 (ISBN 2700024052)
Article connexe
Liens externes
- {(fr) [1] Site recueillant les œuvres d'inspiration (poésie, peinture, chanson, etc.) en rapport avec le débarquement, en vue de leur participation au devoir de mémoire.
- (fr) DDay-Overlord Site qui présente l'évolution des combats en Normandie au jour le jour
- (fr) 44 En Normandie Site sur la bataille de Normandie
- (fr) Catégorie Bataille de Normandie de l’annuaire dmoz
- (fr) Overlord44 : site sur le débarquement et la bataille de Normandie
- (fr) Normandie Mémoire Espace Historique : Le site officiel de l'Espace Historique des sites et musées du débarquement et de la bataille de Normandie
- (fr) Fonds photographique libre de droits, concernant la Normandie sur la période de 1939 à 1945
- (fr) La bataille de Normandie
- (fr) Interview d'un historien sur les préparatifs d'Overlord, sur le déroulement du Jour J et sur la bataille de Normandie
- (fr) Le Débarquement en Normandie
- (en) Le musée du Jour J en Angleterre
- (en) Site de la BBC sur l'opération Overlord et la Seconde Guerre mondiale en général
- (en) Royal Engineers Museum Royal Engineers et l'opération Overlord
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