Bataille De Villers-Bocage

Bataille De Villers-Bocage

Bataille de Villers-Bocage

Bataille de Villers-Bocage
Cromwellvillersbocage.jpg
Un char Cromwell détruit dans les rues de Villers-Bocage.
Informations générales
Date 13 juin 1944
Lieu Villers-Bocage en Normandie
Issue Victoire allemande
Belligérants
Flag of Germany 1933.svg Schwere SS-Panzer-Abteilung 101,
Panzer Lehr Division
Flag of the United Kingdom.svg 22nd Armoured Brigade
Commandants
War Ensign of Germany 1938-1945.svg Michael Wittmann,
War Ensign of Germany 1938-1945.svg Karl Mobius,
War Ensign of Germany 1938-1945.svg Fritz Bayerlein,
War Ensign of Germany 1938-1945.svg Helmut Ritgen
Flag of the United Kingdom.svg Bernard Montgomery,
Flag of the United Kingdom.svg William Onslow
Forces en présence
25 chars 200 chars
Pertes
11 chars dont trois furent réparés plus de 30 chars
plus de 30 blindés légers
Seconde Guerre mondiale
Bataille de Normandie
Batailles
Bataille de Normandie
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La bataille de Villers-Bocage (13 juin 1944) est une confrontation entre les troupes britanniques et allemandes en Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Au matin du 13 juin, des éléments d'un bataillon de blindés britannique et un bataillon motorisé de la 7e division blindée s'approchèrent de la Villers-Bocage par le nord-ouest. Le capitaine allemand Michael Wittmann disposait de six chars dans les environs. Au cours de ce qui fut l'une des actions les plus offensives menées par une petite unité au cours de la Seconde Guerre mondiale, il chargea la colonne britannique avec son char, engageant à bout portant les véhicules britanniques avant de longer et de traverser les lignes britanniques dans le village. Les autres chars de ce petit groupe allemand détruisirent d'autres véhicules britanniques. Les pertes matérielles britanniques furent importantes.

Cette bataille fut importante non pas par le nombre des troupes engagés, mais par le fait qu'elle mit fin à la possibilité de prendre la ville de Caen dans les premiers jours de la bataille de Normandie. Caen était un objectif qui devait être pris dès le jour J (6 juin) par la 2e armée britannique. La prise de Caen en plus des ponts sur l'Orne pris par les troupes aéroportées britanniques aurait donné aux alliés une position plus solide sur le flanc Est du front de Normandie.

Sommaire

Situation générale

Après le débarquement du 6 juin 1944, les alliés progressent dans le bocage normand pendant une semaine. À l'ouest de Caen, une poussée de la première division d'infanterie américaine vers la ville de Caumont-l'Éventé oblige la 352e division d'infanterie allemande à se replier. Ce mouvement découvre les flancs de la division blindée allemande Panzer Lehr. Une exploitation rapide de cette percée permettrait de rendre les positions défensives allemandes en Normandie intenables.

Le général Montgomery, conscient de cette occasion, lance l'opération Perch avec la 7e division blindée britannique (les Rats du Désert) avec pour but de déborder la division allemande Panzer Lehr afin de se rabattre sur ses arrières par surprise. Le hameau de Villers-Bocage se situe sur le chemin de cette progression, c'est le carrefour de plusieurs routes dont une mène vers le nord-est jusqu’à Caen. Si la ville et les hauteurs environnantes sont prises et tenues, les blindés britanniques pourraient poursuivre leur avancée vers le nord-est derrière les lignes allemandes et la prise de Caen serait envisageable.

Seulement, les britanniques ne savaient pas que des éléments de la seconde compagnie de chars lourds de la Schwere SS-Panzer-Abteilung 101 (101e bataillon SS de chars lourds) commandés par Michael Wittmann avaient reçus l'ordre de prendre et de tenir la côte 213 qui se situait sur les hauteurs de Villers-Bocage et dominait le nœud routier du village. Wittmann et ses blindés - cinq chars lourds Tigre et un char moyen Panzer IV gagnent leur position pendant la nuit sans être repérés par les avions alliés. Ils se postent à 150 mètres au sud de la RN 175. Les forces britanniques chargées de prendre le village et la côte 213 étaient constituées d'une compagnie de chars renforcés et d'une compagnie d'infanterie motorisée soit environ 200 véhicules blindés.

Forces en présence

Forces alliées

  • 8th King's Royal Irish Hussars
  • 4th County of London Yeomanry
  • 1/7th Bn Queen's Royal Regiment
  • 5th Royal Tank Regiment
  • 5th Royal Horse Artillery
  • Compagnie A du 1st The Rifle Brigade

Forces allemandes

Marches d'approche

Villers-Bocage et la côte 213 n'étaient pas occupés lors du début de la bataille et les deux camps firent mouvement pour prendre des hauteurs environnantes et l'avantage tactique en découlant. Les forces britanniques arrivèrent les premières dans le village de Villers-Bocage, et les troupes allemandes commandées par Wittman sur la côte 213 d'où elles pouvaient observer les mouvements alliés.

Les britanniques entrés dans la ville n'étaient pas déployés de la meilleure des façons et furent pris dans la foule de civils venus acclamer leurs libérateurs. Les quatre chars du groupe de commandement stoppèrent en ville et leurs équipages mirent pied à terre. Les hommes et les véhicules du groupe de combat ne mirent pas en place de périmètre de protection autour de la ville comme le voulait la doctrine militaire britannique. La sécurité était faible et aucune reconnaissance adéquate ne fut envoyée vers la côte 213. Il fut finalement décidé d'envoyer une force combinée de chars et d'infanterie prendre la côte 213.

Wittman observa la colonne du 4th County of London Yeomanry quitter Villers-Bocage et son avance vers ses chars positionnés sur la côte 213 pare-chocs contre pare-chocs sur une route encaissée. La section de tête fit halte sur la route sans se déployer en position de défense afin de laisser passer les semi-chenillés et transports de troupe de l'infanterie d'accompagnement de prendre la tête du détachement. Devant un terrain inconnu, cette décision fut une erreur grave.

Wittman vit dans ce choix une occasion pour ses chars et décida de lancer son attaque avec un char entre la côte 213 et Villers-Bocage pour contourner la première section du 4th County of London Yeomanry et ordonna à ses deux autres chars opérationnels de garder leurs positions. Le commandant allemand comptait sur l'effet de surprise pour infliger le plus de dégâts aux Britanniques qui attendaient l'arrivée de renforts. Faisant la description de ces évènements après coup, Wittman dit : « Je n'ai pas pu rassembler ma compagnie. Je devais agir rapidement car je supposais que l'ennemi nous avait localisé et avait l'intention de nous détruire sur nos positions. Je fis mouvement avec mon char et ordonnai aux deux autres chars de se disperser mais de tenir la position ».

La bataille

Michael Wittmann assis sur son char Tigre

Le char Tigre commandé par Wittman attaque à neuf heures. Quelques minutes plus tard, sur la route de Caen, il détruit trois blindés britanniques : un Sherman Firefly, un char Cromwell et un autre blindé. Il continue sa route vers le village de Villers sans s'arrêter et en attaquant les véhicules blindés légers de la brigade de fusiliers britanniques. En tout, Wittman, son équipage et son char détruisent dix half-tracks, quatre Universal Carrier, deux transports de troupe, deux canons antichars de six livres, trois chars légers Stuart. Entré seul dans Villers-Bocage, il détruit trois des quatre Cromwell qui avaient pris position face à la ferme des Lemonnier.

Dans la rue Clemenceau, il détruit deux chars Sherman de commandement de la 5th Royal Horse Artillery avant de détruire une scout car et un nouveau half-track. En arrivant sur la place Jeanne-d'Arc, il se retrouve nez à nez avec un Sherman Firefly commandé par le Sergent britannique Lockwood du groupe B. Le Firefly était un des rares chars alliés capable de détruire un Tigre de face avec son canon de 17 livres. Le char britannique tira quatre coups dont un toucha la coque du Tigre. En réponse, le Tigre tira à son tour mais manqua sa cible. Cependant, le coup toucha un mur qui s'écroula sur le Sherman l'empêchant de poursuivre le combat. Witmann effectua un demi-tour avec son char légèrement endommagé et repris la rue Clémenceau. Le char Cromwell survivant commandé par le capitaine Dyas ouvrit le feu avec son canon de 75 mm sur le Tigre et le toucha deux fois sans effet. Wittman tira un seul coup qui mit le char britannique hors de combat.

Alors que Wittman était en train de quitter le village, la chenille gauche de son Tigre fut atteinte par un obus antichar de six livres ce qui le força à s'arrêter dans la rue devant le magasin Huet Godefroy. Il engagea alors les cibles à portée. Pensant que son Tigre pourrait être remorqué et réparé plus tard, Wittman et son équipage abandonnèrent le char sans le détruire quittant la zone à pied et sans arme.

Ils finirent par rejoindre le quartier général de la Panzer Lehr à environ 7 kilomètres. Par la suite, 15 Panzer IV du 2e Bataillon du 130e régiment quittèrent Orbois en direction de Villers-Bocage sous le commandement du Capitaine Helmut Ritgen avec pour objectif de bloquer les sorties vers le nord. Avant d'atteindre leur objectif, ils se trouvèrent pris sous le feu des canons antichars britanniques qui bloquèrent leur avance.

Fritz Bayerlein, commandant de la Panzer Lehr, donna l'ordre aux Panzer IV de reculer et de se regrouper à Villers-Bocage. Les chars prirent la direction du château de Parfouru sur Odon où, après la réparation des 14 chars survivants, ils attaquèrent sous le commandement de Hannes Philipsen ; quatre chars par le sud et dix par la rue Clémenceau. Chacun des deux groupes perdit 2 chars.

Wittmann avait alors été reconduit dans sa Schwimmwagen au point 213, où il rejoignit Karl Mobius, commandant de la 1re compagnie pour préparer le seconde attaque que le 101e Abteilung se préparait à conduire. Les chars de la 1re compagnie pénétrèrent dans la ville en suivant la route d'Evrecy et rejoignirent ceux de la Panzer Lehr sur la place du Marché afin de coordonner leur offensive.

Les forces étaient distribuées afin d'occuper la ville depuis la rue Pasteur jusqu'à la place Jeanne-d'Arc, sur la rue de Saint-Germain, la rue Émile-Samson et en direction du croisement de la rue Jeanne-Bacon et du boulevard Joffre.

Toutefois, la résistance britannique s'était réorganisée et les Allemands avaient perdu l'avantage de la surprise. Un canon anti-char de 6-livres du 1/7th Queen's, situé dans la rue Jeanne-Bacon, réussit à toucher trois Tigre dont un seul put être réparé.

Conséquences

Les unités britanniques avaient considérablement souffert lors de l'attaque initiale mais avaient réussi à tenir la ville et son carrefour crucial. Les allemands rompirent le contact, mais réussirent plus tard à conduire plusieurs contre-attaques importantes sur Villers et la position des éléments de la 7e Division Blindée restait fragile.

Le Britanniques pouvaient bénéficier de plusieurs soutiens. Un observateur d'artillerie américain embarqué, put solliciter un barrage d'artillerie puissant et précis qui brisa l'une des contre attaques allemandes. Plusieurs brigades d'infanteries non engagées auraient pu être utilisées pour renforcer Villers-Bocage, mais le commandant britannique sur place (Hinde) ne demanda pas d'aide. Le commandant divisionnaire, George Erskine, aurait pu requérir ces brigades mais ne le fit pas. Ni le commandant du Corps, Gerard Bucknall, ni celui de la Seconde armée, Miles Dempsey, ne renforcèrent les unités à Villers-Bocage. À 16h00, l'officier commandant le 4e County of London Yeomanry ordonna à ses troupes de se retirer de la ville.

Ce retrait de Villers-Bocage mit fin à l'espoir pour les britanniques de menacer le front Allemand au sud de Caen. Les historiens estiment qu'une opportunité majeure a été perdue, à cause d'une mauvaise mise en œuvre du plan. Dempsey plus tard nota que « la conduite tout entière de cette bataille fut une honte. »

Erskine et Bucknall furent relevés de leur commandement début août, après avoir de nouveau échoué à capturer Villers-Bocage et Aunay lors de l'Opération Bluecoat. Le Général de brigade Hinde et le commandant de l'Artillerie de la 7e Division blindée furent également relevés.

Pertes

Les pertes britanniques lors de la batailles furent les suivantes :

  • 8(th) King's Royal Irish Hussars : plusieurs Stuart
  • 4(th) County of London Yeomanry : 8 Cromwell, 4 Sherman Firefly, 3 Stuart, 1 Half-track, 3 véhicules d'éclairage,
  • Rifle Brigade : 9 half-track, 2 chenillettes Bren, 4 chenillettes Carden-Loyd,
  • 5(th) Royal Horse Artillery : 2 Cromwell, 1 Sherman.

Du côté allemand, seulement 6 Tigre furent touchés, dont trois furent ultérieurement réparés et 5 Panzer IV.

L'exploitation de Villers-Bocage par la propagande nazie

La propagande nazie durant la Seconde Guerre mondiale cherchait à présenter le combattant individuel comme un héros. Le succès de Villers-Bocage fut en conséquence pratiquement entièrement imputé à Wittmann, qui fut crédité de 27 des 30 chars britanniques détruits. Après guerre, l'intérêt des amateurs pour Wittmann n'a pas faibli.

Il faut souligner que le Tigre de Wittmann était largement supérieur en puissance de feu et blindage, aux véhicules britanniques auxquels il était confronté. Il est également vrai qu'aux très courtes distances où s'est déroulée la bataille, le canon de 17 livres des Firefly était en mesure de percer le blindage du Tigre. Même les canons remorqués de 6 livres, ainsi que les canons de 75 mm des Cromwell et Sherman auraient put percer le blindage allemand dans des conditions optimales.

Références externes

  • (en) Lefèvre, Eric. Panzers in Normandy Then and Now. After the Battle, London, 1996. ISBN 0-900913-29-0
  • (en) Agte, Patrick. Michael Wittmann and the Tiger Commanders of the Leibstandarte. J.J. Fedorowicz Publishing, Inc., Winnipeg, Canada, 1996. ISBN 0-921991-30-4
  • (en) Jentz, Tom and Doyle, Hilary. Tiger I Heavy Tank 1942-1945. Osprey, London, 1993. ISBN 1-85532-337-0
  • (en) Restayn, Jean. Tiger I on the Western Front. Histoire & Collections, Paris, 2001. ISBN 2-913903-13-4
  • (en) Taylor, Daniel. Villers-Bocage Through the Lens of the German War Photographer. After the Battle, London. ISBN 1-870067-07-X
  • (en) Forty, George. Battle Zone Normandy: Villers Bocage. Sutton Publishing, London, 2004. ISBN 0-7509-3012-8


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