- Commandos Kieffer (France libre)
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Les commandos Kieffer sont les fusiliers marins commandos créés par la France libre et commandés par le capitaine de corvette Philippe Kieffer. 177 commandos se sont illustrés pendant le débarquement de Normandie, seuls représentants de la France à débarquer par voie maritime le jour J, puis dans les combats qui ont suivi. Ils faisaient partie du 1er bataillon de fusiliers marins commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns). Voir la liste des commandos Kieffer.
Sur les 177 commandos, 10 furent tués le 6 juin, 24 terminèrent la campagne de Normandie sans avoir été blessés. 27 furent tués au combat.
Sommaire
Création
Dès 1940, Winston Churchill décide la création d'une force d'assaut de 20 000 hommes[1]. L'État-major britannique fait rapidement le constat qu'il lui manque de petites unités légères et mobiles, capables de mener des actions de renseignement ou de destruction derrière les lignes ennemies sur les côtes de l'Europe occupées, du rivage atlantique français jusqu'au nord arctique de la Norvège. C'est la création des unités «commandos». Le nom est repris du nom d'unités légères sud-africaines pendant la Seconde Guerre des Boers[1]. Philippe Kieffer qui a rejoint les Forces française libres en Grande-Bretagne est impressionné par les méthodes des commandos britanniques, surtout le raid mené par les commandos anglais sur les îles Lofoten le 4 mars 1941. Il a constitué dès 1942 la « Troop 1 » des Commandos français avec une vingtaine de volontaires, dans les environs de Portsmouth. Au printemps 1942, le général de Gaulle demande à lord Mountbatten, chargé des opérations spéciales la création d'un commando français de 400 hommes[1]. Les Britanniques sont intéressés par l'apport d'hommes susceptibles d'agir en France, donc connaissant le pays et la langue de leurs habitants. L'enseigne de vaisseau Philippe Kieffer est désigné pour en prendre le commandement.
Formation
La formation a lieu avec les commandos britanniques, les bérets verts, au château d'Achnacarry en Écosse. Ce château et les terres environnantes situés dans les Highlands ont été mis à disposition de la Special Service Brigade par le propriétaire, Sir Donald Walter Cameron of Lochiel, chef du clan Cameron. Le cadre est austère et sauvage et la formation particulièrement rude. Philippe Kieffer et ses hommes seront les premiers étrangers à être formés dans ce centre d'entraînement dirigé par le lieutenant-colonel C.E. Vaughan. Les nouveaux arrivants doivent ainsi parcourir 30 km à pied de la gare au château, puis passer devant des tombes fictives de soldats soi-disant morts pendant l'entraînement[1]. Le bataillon français ainsi formé est placé sous le commandement de Lord Lovat qui dirige la 1re brigade de commandos.
Cette rigueur de l'entraînement tient au fait de la difficulté et la dangerosité des missions qui leur sont confiées derrière les lignes ennemies. Ainsi le 18 octobre 1942, Hitler ordonne d'abattre tous les commandos faits prisonniers.
Le 14 juillet 1942, une compagnie des futurs commandos défile dans les rues de Londres.
Combats
Les Français de la 1re compagnie participent au raid sur Dieppe, l'opération Jubilé, aux côtés des commandos britanniques et canadiens.
En 1943, le 1er bataillon fusiliers marins commando (1er BFMC) est constitué de trois Troops la N°1, la N°8 du Capitaine Trepel et la Troop d'appui (K-Guns). Environ un tiers de ces fusiliers marins sont originaires de Bretagne.
Des commandos français participent au raid sur la plage de Wassenaar en Hollande, au cours duquel six d'entre eux, dont le commandant Charles Trepel, sont tués.
En mai 1944, quelques semaines avant le Débarquement, ils reçoivent leur propre insigne (écu de bronze chargé du brick de l’aventure et barré du poignard des commandos avec dans le coin sénestre la croix de Lorraine et souligné d’une banderole portant l’inscription "1er Bon F.M.Commando "). Ils le portent sur le béret vert « à l’anglaise », c’est-à-dire sur le côté gauche. Le dessin est dû à l’un d’entre eux, le caporal Maurice Chauvet. Le bataillon est alors incorporé au sein du commando N°4 de la Brigade des forces spéciales.
Dans les jours qui précèdent le débarquement, les photos des objectifs sont distribuées aux commandos sans précision du lieu. Mais comme certains des commandos français sont originaires de Normandie, ils reconnaissent les sites prévus, ce qui suscite l'inquiétude de l'État-major anglais, qui décide alors de les cantonner dans leur camp avec interdiction de sortie jusqu'au débarquement. Les 177 hommes ont été répartis en deux « troops » et une section de mitrailleuses « K Gun ».
Promu capitaine de corvette (d'où l'appellation commandant) à la veille du Jour J, Philippe Kieffer débarque le 6 juin en Normandie à la tête de 176 hommes du 1er bataillon de fusiliers marins commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns). Ils débarquent de la barge 527 à 7h55 sur la plage Sword à Colleville-Montgomery à l'est du dispositif allié. Sur ce secteur, ils sont les premiers à débarquer, les barges avec les commandos britanniques les ayant laissé passer en tête comme initialement prévu. Leur objectif est La Brêche, à 500 mètres à l'ouest de Riva Bella.
Malgré des pertes significatives, ils s’emparent d’une pièce de 50 mm encuvée qui avait mis à mal la péniche LCI 523 (1re Troop), puis de l'ex-Casino de Riva-Bella, avant de s’enfoncer dans les terres par Colleville et Saint-Aubin-d'Arquenay pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec les troupes aéroportées britanniques de la 6e DAP. Ils y arrivent vers 16 h 30. Ils occupent alors les lisières du Plain vers 20 h 00. Au soir du 6 juin, le 1er BFMC aura perdu presque 25 % de ses effectifs : outre les blessés mis hors de combat et évacués, dont le commandant Kieffer touché deux fois dans la journée, deux officiers et huit hommes sont tués :
- 4 sur la plage : • second-maître Raymond Dumanoir • matelot Raymond Flesch • quartier maître Josephe Letang • matelot Jean Rousseau ;
- 2 boulevard Winston Churchill : • lieutenant Augustin Hubert • matelot Marcel Labas ;
- 4 face au casino : • quartier-maître Jean Lemoigne • médecin-capitaine Robert Lion • matelot Émile Renault • matelot Paul Rollin.
Avec le Régiment de la Chaudière, il fut la seule unité francophone à participer aux opérations.
Les commandos français vont combattre jusqu’au 27 août 1944, puis le bataillon est renvoyé en Grande Bretagne en repos et pour être recomplété. En novembre 1944, le 1er BFMC est débarqué sur l’île de Walcheren en Hollande et il prend Flessingue dans le cadre d’une opération combinée des commandos britanniques.
Commandos de marine aujourd'hui
Les commandos marine de la marine nationale française sont les héritiers des commandos Kieffer. Sur les cinq commandos actuels, deux portent le nom d'un officier du 1er B.F.M.C mort au combat :
Le 8 mai 2008, le Président de la République a annoncé la création d'un commando marine supplémentaire, le commando Kieffer en l'honneur de Philippe Kieffer.
Les commandos marine français coiffent le fameux béret vert, l'insigne porté à gauche dont le bord est relevé. Ils sont les seuls dans l'armée française à porter le béret « à l'Anglaise ».
Bibliographie
- Philippe Kieffer, Bérets Verts Français du 6 juin 1944, 1948.
- Gwenn-Aël Bolloré, J'ai débarqué le 6 juin 1944 : commando de la France libre, éd. Le Cherche-midi.
- Maurice Chauvet, Mille et un jours pour le jour J. Un Béret vert français raconte, in-8°, 283 p., Paris, Michel Lafon, 1994.
- René de Naurois, Aumônier de la France Libre, éd. Perrin, 2004, 288 p. (ISBN 2-262-02118-X)
Références
- [1] "Un commando de légende", Le Figaro, 7 mai 2008.
Liens externes
- Biographie de Philippe Kieffer sur le site de l'Ordre de la Libération
- commandos-fnfl.ifrance.com
- Les commandos marine Site de la Marine nationale
- liste des "178 français du Jour J"
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