3e république

3e république

Troisième République

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Troisième République (homonymie).
Pour l'organisation du régime, voir l'article Lois constitutionnelles de 1875.

République française

Troisième République


Second Empire
1870 — 1940
Régime de Vichy
France libre

Flag of France.svg Francecoatofarms1898-2.png
Drapeau Armoiries



Informations générales
 Statut République
 Capitale Paris
 Langue(s) Français
 Religion(s) {{{religion}}}
 PIB {{{pib}}}
 PIB/hab. {{{pib hab}}}
 Monnaie {{{monnaie}}}
 Fuseau horaire {{{fuseau horaire}}}
 Dom. internet {{{domaine internet}}}
 Ind. tél. {{{indicatif téléphonique}}}
 {{{infgen1 titre}}} {{{infgen1}}}
 {{{infgen2 titre}}} {{{infgen2}}}
 {{{infgen3 titre}}} {{{infgen3}}}
 {{{infgen4 titre}}} {{{infgen4}}}
 {{{infgen5 titre}}} {{{infgen5}}}

Population
 1872 37 653 000 hab.
 1914 41 630 000 hab.
 1918 38 670 000 hab.
 1938 41 560 000 hab.
{{{population5}}}

Superficie
{{{superficie}}}
{{{superficie2}}}
{{{superficie3}}}
{{{superficie4}}}
{{{superficie5}}}

Histoire et événements
 4 septembre 1870 Proclamation de la République
 mai-juin 1940 Défaite de la France
 10 juin 1940 Départ de Paris du Gouvernement
 16 juin 1940 Philippe Pétain Président du Conseil
 22 juin 1940 Armistice
 10 juillet 1940 Pleins pouvoirs à Pétain
{{{evt7}}}
{{{evt8}}}
{{{evt9}}}
{{{evt10}}}
{{{evt11}}}
{{{evt12}}}

Pouvoir exécutif
   Président
 (1e) 1871-1873 Adolphe Thiers
 (De) 1932-1940 Albert Lebrun
{{{leaderA3}}}
{{{leaderA4}}}
{{{leaderA5}}}
   {{{titre leaderB}}}
{{{leaderB1}}}
{{{leaderB2}}}
{{{leaderB3}}}
{{{leaderB4}}}
{{{leaderB5}}}
   {{{titre leaderC}}}
{{{leaderC1}}}
{{{leaderC2}}}
{{{leaderC3}}}
{{{leaderC4}}}
{{{leaderC5}}}
   {{{titre leaderD}}}
{{{leaderD1}}}
{{{leaderD2}}}
{{{leaderD3}}}
{{{leaderD4}}}
{{{leaderD5}}}
   {{{titre leaderE}}}
{{{leaderE1}}}
{{{leaderE2}}}
{{{leaderE3}}}
{{{leaderE4}}}
{{{leaderE5}}}

Pouvoir législatif
 Parlement Parlement français
 Chambre haute Sénat
 Chambre basse Chambre des députés
{{{parlement3}}}
{{{parlement4}}}
{{{parlement5}}}

Entité précédente Entités suivantes
Empire français Empire français
État français État français
France libre France libre
Histoire de France
Adhémar de Monteil à Antioche.jpeg

Antiquité

Moyen Âge

Époque moderne

Époque contemporaine

Voir aussi :

Chronologie de la France

La Troisième République est le premier régime français à s'imposer dans la durée depuis 1789. Après la chute de la monarchie absolue, la France a expérimenté sans succès sept régimes politiques en 80 ans. Ces difficultés contribuent à expliquer les hésitations de l'Assemblée nationale, qui va mettre neuf ans, de 1870 à 1879, pour trouver la voie du nouveau régime. Les délibérations vont progressivement aboutir à instaurer une République parlementaire de type bicaméral, où les deux chambres de l'Assemblée Nationale, la Chambre des députés et le Sénat, avaient quasiment les mêmes prérogatives.

La définition des caractéristiques du régime est elle-même marquée par les évènements passés. La rigidité du comte de Chambord, qui rappelle celle des derniers rois, et les divisions des royalistes entre légitimistes et orléanistes achèvent de ruiner toute idée de rétablissement de la monarchie, même constitutionnelle. Ce modèle a déjà échoué par trois fois et a coûté la vie à son brillant promoteur Antoine Barnave. De plus, la conclusion des deux premières républiques par la dictature d’un empereur milite pour une limitation du pouvoir exécutif : Le coup d’état de Napoléon III, premier président élu au suffrage universel masculin, est encore un souvenir vivace. Sous la troisième République, le président aura un rôle essentiellement représentatif.

Dans un premier temps, la dynamique créée va implanter en France une solide tradition républicaine, grâce en particulier à l'école obligatoire, publique et laïque. Dans un second temps, l'usure et un affrontement éprouvant avec l'Allemagne vont mettre en évidence les conséquences néfastes d'un affaiblissement trop marqué du pouvoir exécutif et entraîner la chute du régime.

Sommaire

Les hésitations initiales : ce sera une République (1870-1879)

La liquidation de la guerre franco-allemande de 1870

Le gouvernement de la Défense nationale

Guerre franco-allemande, bataille de Mars-la-Tour
Gambetta proclamant la République aux Tuileries (4 septembre 1870)

Au cours de la guerre de 1870, les opérations militaires aboutissent à la défaite et à la capture de l'empereur Napoléon III à Sedan. L'opposition parlementaire, surtout républicaine, menée par Léon Gambetta parvient à mettre en place un gouvernement provisoire, dit de la Défense nationale. La République est proclamée le 4 septembre, au balcon de l’hôtel de ville de Paris. Un gouvernement de la Défense nationale est constitué avec à sa tête le général Trochu. Sont également membres de ce gouvernement Jules Favre, Jules Ferry, Léon Gambetta, Ernest Picard, Henri Rochefort, Jules Simon, tous élus de Paris.

L'armée de Bazaine résiste toujours dans Metz assiégée. Paris est également assiégée à partir du 19 septembre. Le 7 octobre Gambetta quitte Paris en ballon pour tenter de réorganiser la défense à partir de la province, ce qui n'est pas facile compte tenu de l'organisation en étoile du territoire à partir de la capitale. La capitulation précipitée de Bazaine et de l'armée de Metz (150 000 hommes) le 30 octobre porte un grave coup à la France. Elle intervient au moment où le gouvernement, parti s'établir à Tours, est parvenu à organiser une Armée de la Loire. Les Prussiens libérés peuvent alors concentrer leurs forces sur cette nouvelle armée mal entrainée et mal équipée, ce qui oblige le gouvernement à se replier sur Bordeaux.

Le 18 janvier, l'Unité allemande est réalisée, les souverains allemands réunis au château de Versailles proclament le roi Guillaume de Prusse empereur. Le 28 janvier, Paris capitule après 132 jours de siège. Le gouvernement négocie une trêve pour organiser des élections. Jules Favre négocie les conditions de l'armistice. Opposé à la trêve, Gambetta démissionne.

Les élections du 8 février 1871 et la paix

Composition de la Chambre des députés à l'issue des élections

Les élections amènent une majorité monarchiste à l'assemblée. Le principal débat porte sur la reprise des hostilités ou la capitulation. Le court délai empêche pratiquement toute campagne, sauf à Paris. Le scrutin par listes départementales favorise les listes d'union. Les Français, lassés de la guerre ou inquiets de la voir se rapprocher de leur région, toujours méfiants vis-à-vis des troubles parisiens, préfèrent voter pour les tenants de la paix sans condition, c'est-à-dire les listes conservatrices dans lesquelles les notables figurent en bonne place.

Toutefois l'Est occupé, la région lyonnaise menacée, le Midi, les Alpes et bien sûr Paris renouvellent leur attachement à la République.

L'Assemblée nationale comprend trente bonapartistes, deux-cents républicains et quatre-cents monarchistes — eux-mêmes partagés entre cent-quatre-vingt légitimistes et deux-cent vingt orléanistes. Thiers est élu « chef du pouvoir exécutif de la République française ».

Article détaillé : Assemblée nationale (1871).

Les monarchistes triomphants ne se soucient pas immédiatement de rétablir la royauté. Les Républicains ne les inquiètent plus : ils sont ravis que ce soit la toute nouvelle république qui assume la défaite et rétablisse l'ordre à Paris. Ils chargent Adolphe Thiers de ces tâches ingrates.

Les négociations de paix seront menées ultérieurement par Jules Favre et Adolphe Thiers avec Bismarck. Le 10 mai 1871 le traité de Francfort est signé, Bismarck exige et obtient :

  • une indemnité de guerre importante (6 milliards de francs - réduits après négociation à 5 milliards)
  • l'Alsace (Belfort, qui avait été défendu avec acharnement, sous le commandement du colonel Pierre Denfert-Rochereau, reste française)
  • une partie de la Lorraine (partie assimilable aujourd'hui au département de la Moselle)
  • un défilé des troupes allemandes sur les Champs-Élysées.

La Commune (18 mars - 28 mai 1871)

L'enlèvement des canons de Montmartre, décidé par Thiers, fut le point de départ de l'insurrection communarde.
Article détaillé : Commune de Paris (1871).

Ayant capitulé sans être vaincue, la ville de Paris admet mal les choix de la nouvelle assemblée qui déplace son siège à Versailles, démobilise les mobiles et gardes nationaux, privant de nombreux ouvriers de revenus, alors qu'elle exige le paiement des échéances dont le non paiement menace de ruine 50 000 petits commerçants, et abolit le moratoire sur les loyers.

La révolte éclate lorsque Thiers tente de confisquer les canons de la Garde nationale (canons financés par les Parisiens) le 18 mars 1871. Le gouvernement rassemble une armée que les communards appellent versaillaise, composée en partie de prisonniers de guerre libérés par les Allemands. Le 21 mai les Versaillais parviennent à entrer dans la ville. Commence la Semaine sanglante, des combats de rue sans pitié, barricade par barricade, qui s'achève par la défaite des insurgés au cimetière du Père-Lachaise.

Pour les historiens marxistes, les événements qui ont conduit à la Commune ont été des provocations conscientes de Thiers qui souhaitait crever l'abcès parisien pour instaurer sur des bases solides un nouveau régime. De fait les milieux révolutionnaires parisiens sont brisés pour plus de dix ans par la répression.

Les premiers temps de la IIIe République

Adolphe Thiers premier président de la République

Photographie du comte de Chambord. Son intransigeance ruina le projet de restauration monarchique.

Les monarchistes conservent Adolphe Thiers au pouvoir le temps de solder les conséquences de la guerre tout en préparant le retour de leurs prétendants. Ils votent l'abrogation des lois d'exil.

Le 5 juillet, un message d'Henri d'Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord — prétendant des légitimistes — laisse supposer qu'il renonce au drapeau blanc (de la royauté) au profit du drapeau tricolore. Cependant le 3 juillet, le comte de Chambord refuse la visite de Philippe d'Orléans — prétendant orléaniste — ruinant les projets de fusions des deux partis. Dès le 7 juillet, il publie un manifeste exprimant son attachement au drapeau blanc (voir #La déclaration du comte de Chambord sur le drapeau blanc).

Cette intransigeance qui brise toute possibilité d'une restauration royaliste, désespère les orléanistes et une partie des légitimistes. La poussée électorale des monarchistes retombe vite : le 2 juillet 1871, lors des élections complémentaires les républicains emportent 99 des 114 sièges mis au vote.

Thiers, en fin politique, comprend que, s'il veut s'assurer un soutien le plus large, il doit dissimuler ses intentions. Le 31 août 1871, sur proposition de Rivet, le titre de Thiers est précisé : président de la République, c'est-à-dire qu'il cumule les fonctions de chef de l'État et de chef de l'exécutif, même si l'Assemblée se garde les fonctions constitutives et rend le président responsable devant l'Assemblée.

Les progrès des partis de gauches inquiètent les conservateurs qui délèguent des représentants à Thiers pour lui exposer leur émotion devant la montée du radicalisme. Ce qui permet à Thiers de leur répondre : « Puisque vous êtes la majorité, que n'établissez-vous la monarchie ? ». Cependant le 30 octobre 1873, le comte de Chambord publie un nouveau manifeste pour le drapeau blanc.

Thiers assure le financement des indemnités de guerre par le lancement d'emprunts largement souscrits par les Français et obtient le retrait anticipé des troupes allemandes qui occupent encore en France.

Thiers, à la tête d'un groupe de conservateurs, considère maintenant une nouvelle monarchie impossible: il prend clairement position pour une République conservatrice contre un retour au régime monarchique. Après la mort de Napoléon III le 7 janvier 1873, les bonapartistes s'allient aux royalistes pour préserver les chances du prince impérial. Thiers démissionne le 23 mai 1873 toujours persuadé qu'après lui (ce sera) le chaos, mais la droite avait déjà prévu un remplaçant en la personne de Mac Mahon qui est élu par 390 voix le 24 mai.

Un président pour sept ans en attendant un roi

Déclarée d'utilité publique, la construction du Sacré-Cœur de Montmartre était considérée par les partisans de l'Ordre moral comme un moyen d'expier les évènements de la Commune et de s'opposer symboliquement aux progrès des Républicains anticléricaux.

Sous la présidence de Mac Mahon, d'obédience légitimiste, la tendance est à l'ordre moral, fondé sur l'encouragement des valeurs religieuses avec par exemple la publication du Pèlerin, l'apparition du pèlerinage de Lourdes, l'édification de la basilique du Sacré-Cœur sur la butte Montmartre.

Mac Mahon, dont l'ambition politique semble se limiter au retour du roi n'assume que la fonction de chef de l'État et laisse la tâche de gouverner à Albert de Broglie, duc de Broglie (prononcer « Breuil »), descendant d'une des plus puissantes familles aristocratiques de France.

Le retour du roi semble imminent après une rencontre entre Henri d'Artois et Philippe d'Orléans mais d'Artois refuse toujours de renoncer au drapeau blanc et l'affaire de nouveau échoue. D'Artois étant déjà âgé, les orléanistes attendent avec impatience sa disparition.

Dans ce contexte, on prépare des institutions qui seraient susceptibles de fonctionner et d'être modifiées en monarchie. Le duc de Broglie fait voter le 20 novembre la loi portant le mandat du président à sept ans pour prolonger la présidence de Mac Mahon. Mais sa majorité s'effrite et le 16 mai 1874 il est remplacé par Ernest Courtot de Cissey, allié aux bonapartistes victorieux lors des élections partielles.

La Troisième République est définitivement instaurée le 30 janvier 1875 par l'adoption, à une voix de majorité, en première lecture 353 contre 352, puis à une plus large majorité en deuxième lecture 413 contre 248, de l’amendement Wallon qui dispose :

« Le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des Députés réunis en Assemblée nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible. »

Sont ensuite votées les trois lois constitutionnelles qui fixent le régime.

Comme les monarchistes s'attendent à ce que la prochaine Chambre des Députés soit à majorité républicaine, ils la flanquent d'un Sénat qui a les mêmes pouvoirs mais qui est élu au suffrage indirect par les notables.

Ayant rempli son rôle, l'Assemblée se sépare le 31 décembre 1875.

La victoire des républicains malgré un sénat conservateur

Article détaillé : Crise du 16 mai 1877.
Troisième République

Armoiries officieuses qui furent créées pour la Troisième République
Cet article fait partie de la série sur la
politique de la France,
sous-série sur la Troisième République

Pouvoir exécutif

Pouvoir législatif

Administration territoriale

Élections

 voir • disc. • mod. 

Composition de la Chambre des députés à l'issue des élections législatives de 1876

Les élections législatives de 1876 sont une victoire des républicains qui obtiennent 363 sièges à la nouvelle Chambre des députés, malgré une violente censure du gouvernement contre la presse républicaine.

Le 25 juin 1877 suite à l'adoption d'une motion de censure contre le gouvernement du duc de Broglie, Mac Mahon dissout la chambre des députés, conformément au pouvoir que lui confère la constitution et après avis du sénat. Mais le scrutin est une nouvelle victoire des républicains, quoique légèrement moins importante. Mac Mahon se résigne et laisse le gouvernement aux républicains.

Les républicains parviennent même à obtenir la majorité au Sénat en 1879. après la démission de Mac Mahon, son successeur Jules Grévy et les différents présidents du conseil instaurent dans les faits une république laïque, démocratique et parlementaire.

Organigramme de la Troisième République

La belle époque de la IIIe République (1879-1914)

La République opportuniste : une mise en place pragmatique (1879-1898)

La fondation du régime

Jules Ferry (1879-1885)

Jules Ferry est la personnalité dominante des premiers gouvernements républicains de 1879 à 1885, en charge soit de l’éducation nationale, soit des affaires étrangères. Plutôt qu’une révision profonde de la constitution, il est le partisan d’aménagements.

Son objectif principal est de mettre en place une école républicaine qui forme des citoyens éclairés. Il oblige chaque département à se doter d’une école normale d’instituteurs (1879), puis établit la gratuité de l’enseignement primaire (1881), son caractère obligatoire (1882). l’instruction religieuse ne peut être dispensée qu’en dehors du cadre scolaire : un jour sans école est instauré le jeudi.

Il développe les libertés collectives : liberté de la presse (1881), liberté syndicale (1884) et élection des maires par les conseils municipaux (1884). Seule Paris reste sous la tutelle de son préfet : elle ne pourra élire son maire qu’à partir de 1976.

Enfin, les libertés individuelles ne sont pas oubliées : possibilité de divorcer, mais pas encore par consentement mutuel (1884) et liberté des funérailles (1887).

La crise boulangiste et la maturité
Le général Boulanger par Nadar

Le général Boulanger est ministre de la guerre en 1886. Très populaire parmi les déçus du nouveau régime et les Revanchards (il est surnommé le « général Revanche »), il est considéré par les Opportunistes comme un danger pour la République et la paix.

Relevé de ses fonctions ministérielles en 1887 puis mis à la retraite en 1888, il devient le point de ralliement de tous les mécontents :

En octobre 1887, la presse met à jour un trafic de décorations par le propre gendre du président de la république Jules Grévy. Ce scandale, relayé à droite par les boulangistes et à gauche par les ambitieux Jules Ferry et Georges Clemenceau, jette l'opprobre sur la gouvernance d'alors et entraine la démission de Jules Grévy.

Boulanger devient le point de rencontre des espérances les plus contradictoires et donne l'espoir à tous. Il est élu plusieurs fois député en province en 1888 puis à Paris en 1889 mais il refuse de s'emparer du pouvoir par la force comme le lui demandent certains de ses partisans. Menacé de passer en Haute Cour de Justice pour « atteinte à la sûreté de l'État », il s'enfuit en Belgique en avril 1889.

L’abandon du scrutin de liste au profit du scrutin d’arrondissement, moins favorable aux mouvements populistes, et l’interdiction des candidatures multiples assurent la victoire des notables républicains aux élections de 1889.

Articles détaillés : Boulangisme et Scandale des décorations.

En 1892, Édouard Drumont, un journaliste ouvertement antisémite dénonce les conditions dans lesquelles plusieurs dizaines de milliers de souscripteurs ont été ruinés à l'occasion du financement du canal de Panama. Il met en cause plusieurs financiers juifs qui ont soutenu le projet ainsi que de nombreux hommes politiques liés au milieu financier. Ce regain d'antisémitisme en France sera l'un des déclencheurs de l'affaire Dreyfus, trois ans plus tard.

Article détaillé : Scandale de Panama.

Les anarchistes réalisent à cette époque des attentats spectaculaires comme l'assassinat du président Sadi Carnot le 26 juin 1894 (voir #Les attentats anarchistes (1892-1894)).

L’expansion coloniale et les alliances extérieures

Le second empire colonial français

C’est encore Jules Ferry qui relance l’expansion coloniale par deux entreprises audacieuses : il impose le protectorat de la France sur la Tunisie à la barbe de l’Italie (1881) et sur l’Annam et le Tonkin contre la Chine (1885). Il bénéficie de la bienveillance de Bismarck qui y voit un dérivatif au ressentiment contre l'Allemagne.

À partir de ses bases en Algérie, au Sénégal et sur la côte congolaise, la France se taille le plus important domaine colonial en Afrique de l’époque:

Elle s’impose également à Madagascar.

Elle doit cependant face au Royaume Uni :

  • abandonner sa forte position en Égypte : le Royaume Uni profite de l'affaiblissement de la France pour prendre une importante participation financière dans le canal de Suez (1875) et imposer son protectorat à l'Égypte (1882) ;
  • puis renoncer à toute la vallée du Nil (incident de Fachoda en 1898),

ce qui rend difficile pour un temps les relations diplomatiques entres les deux pays.

L’alliance franco-russe

La diplomatie européenne est dominée en cette fin de XIXe siècle par deux antagonismes.

À l’ouest, la France n’a pas renoncé à l’Alsace-Lorraine et le but ultime de la politique allemande est de maintenir le statu quo.

À l’est, l’Autriche-Hongrie et la Russie sont rivaux pour la domination des Balkans. À l’occasion du congrès de Berlin (1878) qui fixe les modalités d’un nouveau reflux de la Turquie, la Russie affiche des exigences ambitieuses que l’Autriche Hongrie met en échec avec l’appui de l’Angleterre. L’Autriche Hongrie demande une alliance privilégiée à l’Allemagne, ce qu’elle obtient (1879). L’Italie se joint plus tard à eux pour former la Triple Alliance.

Le rapprochement de la France et de la Russie en est progressivement la conséquence. Il est d’abord financier : la France a une importante épargne à placer en Europe et la Russie est un pays en plein développement qui manque de capitaux. Il est ensuite militaire par la conclusion d’une alliance. Il est moins évident sur le plan politique entre une république parlementaire et un empire autocratique.

La République radicale : une évolution résolument progressiste (1898-1914)

L'affaire Dreyfus (1894-1906)

Le procès d'Alfred Dreyfus au Conseil de guerre de Rennes

En 1894, le capitaine Dreyfus, accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, est condamné à la déportation à vie sur l'Ile du Diable en Guyane. Plusieurs personnalités tentent, en vain, de démontrer l'innocence de Dreyfus. En janvier 1898, dans le journal L'Aurore de Georges Clemenceau, Émile Zola publie l'article "J'accuse" dans lequel il accuse l'armée d'avoir condamné un innocent et de ne pas vouloir le reconnaître. On parle alors de l'Affaire Dreyfus. Pour les Révisionnistes ou Dreyfusards, il faut, au nom de la justice, faire éclater la vérité quelles qu'en soient les conséquences pour l'armée. Beaucoup se rassemblent dans la Ligue des droits de l'homme, créée à cette occasion. Pour les Antidreyfusards, la raison d'État, le prestige de l'armée, l’intérêt national exigent de ne pas revenir sur la chose jugée ; il ne faut pas porter atteinte au prestige de l'armée, instrument de la revanche. Certains se retrouvent dans la Ligue de la patrie française ou la Ligue des patriotes. En 1899, quelques uns tentent même d'organiser un coup d'État pour mettre en place un régime autoritaire. À la suite d'un procès en révision en 1899, Dreyfus est condamné à dix ans de détention avant d'être gracié par le Président de la République puis réintégré dans l'armée en 1906.

Article détaillé : Affaire Dreyfus.

La séparation de l’Église et de l’État

L’affaire Dreyfus se traduit en termes électoraux par une nouvelle poussée à gauche aux élections de 1898, contre les partisans d’un ordre plus autoritaire dont on identifie des bastions dans l’armée et dans l’église.

Le progressiste Waldeck-Rousseau épure la hiérarchie militaire et fait adopter une loi sur les associations (1901), qui soumet les congrégations religieuses à autorisation administrative.

Article détaillé : association loi 1901.

Puis les élections de 1902 sont un triomphe pour le parti radical.

Composition de la Chambre des députés à l'issue des élections législatives de 1902

Émile Combes s'allie avec les socialistes de Jaurès au travers du bloc des gauches. Il fait voter la séparation de l’Église et de l’État (1905) et la nationalisation des biens de l’Église. L’État ne nomme plus les évêques et ne rémunère plus les prêtres : l’Église devient totalement indépendante mais doit subvenir par elle-même à ses besoins financiers.

Par ailleurs, les radicaux parviennent à instaurer l’impôt sur le revenu que le Sénat n’accepte finalement qu’en 1914.

L'action de Théophile Delcassé (1898-1905) : l’Allemagne isolée

Théophile Delcassé est ministre des Affaires étrangères pendant sept ans. Tout en renforçant l'alliance russe, il mène une politique continue de rapprochement avec d’une part l’Italie et d’autre part le Royaume Uni.

La défaite de la Russie contre le Japon (1905) modifie les équilibres. Désormais, le Royaume Uni s’inquiète plus du développement de la flotte de guerre allemande que de l’expansion russe. La Russie est davantage soucieuse de sa modernisation et s’intéresse aux capitaux disponibles sur la place financière de Londres, qui pourraient en outre lui donner une plus grande marge de manœuvre par rapport à la France. En conséquence, Royaume-Uni et Russie se rapprochent.

Lors de la conférence internationale d’Algésiras sur le Maroc (1906), l’Allemagne se retrouve isolée : l’indépendance du Maroc est sauvegardée mais au profit des intérêts financiers français. Par la suite, Royaume Uni et Russie mettent fin à leurs différents en Asie (1907), tandis que la France impose son protectorat sur le Maroc, moyennant quelques compensations pour l’Allemagne au Cameroun (1911). Une Triple Entente se met en place.

Le déclin et la chute de la IIIe République (1914-1940)

La Première Guerre mondiale : l'épreuve de la Grande Guerre (1914-1919)

L'échec de l'offensive allemande sur la Marne

L’Autriche-Hongrie avait déjà annexé la Bosnie-Herzégovine en 1908. Soutenue par l’Allemagne, elle prend prétexte de l’assassinat du prince héritier en juin 1914 pour déclarer la guerre à la Serbie que soutient la Russie. La logique des alliances se met en branle pour engendrer une guerre européenne (juillet-août 1914).

En France, l’heure est à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le socialiste Jean Jaurès, militant infatigable de la paix est assassiné.

L’armée allemande tente d’éliminer la France par un mouvement tournant au nord mais est vaincue par Joffre sur la Marne. En outre, la violation du territoire belge entraîne la déclaration de guerre du Royaume Uni à l’Allemagne.

La guerre de positions

La guerre s’installe dans la durée. La France s'enlise avec l'Europe dans une guerre totale où les industries, les économies et les mentalités sont orientées vers l'objectif de la victoire, ou tout du moins de la résistance.Les combats autour de Verdun (1916) sont particulièrement meurtriers.

Libérés par l'arrêt des combats sur le front oriental après la signature du traité de Brest-Litovsk, les Allemands lancent en vain cinq offensives majeures (de mars à juillet 1918) sur le front français pour forcer la victoire avant l'engagement massif des États-Unis nouvellement entrés en guerre.

La victoire

Le président Raymond Poincaré appelle alors à la tête du gouvernement Georges Clemenceau, « le tigre », qui va mener le pays à la victoire (novembre 1917-janvier 1920). Sur le plan militaire, Pétain prête une attention particulière au moral des troupes et rétablit la confiance par des premiers succès. Puis Foch dirige l’offensive des armées alliées qui reprennent l'initiative le 18 juillet et font reculer le front de près de 150 kilomètres, poussant les Allemands, épuisés, à accepter la signature de l'armistice le 11 novembre 1918.

Femmes fabriquant des obus, France, 1917

La France sort cependant elle aussi épuisée par ce conflit de quatre ans, qui se prolonge pour elle jusqu'en 1919 dans la guerre en Russie contre les bolcheviques. Les régions du nord et de l'est, les plus industrielles, ont été ravagées et leur appareil industriel détruit. Plus d'un million et demi d'hommes sont morts au front (10,5 % de la population active masculine), et trois millions et demi ont été blessés et mutilés.

Mais, contredisant les propos de Guillaume II, la république a tenu le choc de la guerre, contrairement aux empires.

Article détaillé : Première Guerre mondiale.

Les années 1920 : une gestion difficile de l’après guerre (1919-1929)

Une vie politique intérieure dominée par Raymond Poincaré

La question du positionnement des radicaux

Les élections de 1919 se traduisent par une large victoire de la droite et d'une partie des radicaux dans le Bloc National.

Celles de 1924 sont une victoire moins nette de la gauche : Edouard Herriot forme un gouvernement radical soutenu par les socialistes qui ne dure pas. En fait, les radicaux éprouvent des difficultés à se positionner.

Hommes de gauche par leurs convictions philosophiques, leur attachement à l'héritage historique républicain et leur réformisme social, ils adhèrent au principe de l'alliance à gauche, fixée au XIXe siècle et réactivée au XXe siècle par les suites de l'affaire Dreyfus. S'ils acceptent d'entrer dans des gouvernements d'union nationale pour « sauver la République », ils ne souhaitent pas, en revanche, participer à des gouvernements de droite, en dehors de ces circonstances dramatiques[1].

Toutefois, leur assise électorale est mise en péril par la crise des classes moyennes, atteintes par l'inflation ( qui rend caduques les valeurs radicales de sobriété et d'épargne) ainsi que par les évolutions sociales ( diminution des entrepreneurs indépendants et développement du salariat). Confrontés à la montée des socialistes et à la percée des communistes à la Chambre, ils rejettent les principes de lutte des classes, d'ouvriérisme et de collectivisation des moyens de production[1]. La division de la gauche contribue à l'instabilité politique.

Par ailleurs, les élections de 1924 sont l'occasion d'un nouveau conflit entre le Président de la République et la Chambre des Députés. Alexandre Millerand cherche à accroître les prérogatives du pouvoir exécutif et a soutenu la droite. Il tente d'imposer un Président du Conseil modéré à la majorité de gauche qui refuse de l'investir ; le Président de la République démissionne.

Le redressement financier et le problème des réparations

Le volume des dépenses publiques reste important après la guerre car il faut reconstruire dans toutes les régions qui ont subi les actions militaires : la France entend bien en faire pleinement payer le prix à l’Allemagne. Président de la commission des affaires étrangères du sénat, Raymond Poincaré critique durement Aristide Briand qui se fait l’écho des capacités financières limitées de l’Allemagne. Devenu Président du conseil (1922-1924), il fait occuper la Ruhr (1923) pour suppléer à la défaillance de l’état allemand. Mais il transige finalement et accepte l’arbitrage de comités d’experts : ce seront les plans Dawes et Young.

Revenu au pouvoir (1926-1929), il remet en ordre les dépenses publiques en augmentant les impôts et en rationalisant l’administration. Il finit par stabiliser le Franc à un cinquième de sa valeur d’avant guerre. Légèrement sous-évalué, son cours facilite les exportations : l’excédent des la balance des paiements extérieurs permet à son tour le développement des activités financières de la place parisienne.

Une politique étrangère pacifique

Une nation traumatisée par la guerre

La France a été saignée par le conflit. Les monuments aux morts, les mutilés ainsi que les veuves et orphelins de guerre font désormais partie de l’environnement. L’immense majorité des Français ne veut plus revivre ça.

La stratégie militaire vise dès lors à épargner les hommes. Elle est purement défensive à l’abri de puissantes fortifications édifiées aux frontières : ce sera la ligne Maginot.

Cette stratégie est dès le départ en contradiction flagrante avec les engagements diplomatiques qui impliquent la possibilité de lancer l'offensive contre l'Allemagne. En effet, la France se retrouve protectrice des petits États de l’Europe de l’Est, qui ont été créés ou agrandis au détriment de l’Allemagne et de la Russie. Dès 1920, elle a été amenée à fournir à la Pologne d’importants moyens militaires contre l’URSS.

La politique étrangère d’Aristide Briand

L’arrivée au pouvoir du radical Édouard Herriot (1924) est l’occasion d’amorcer une politique de détente avec l’Allemagne dont l’artisan est Aristide Briand. Cette politique culmine au pacte de Locarno (1925), par lequel l’Allemagne accepte sa frontière occidentale. Concomitamment, la France confirme son alliance avec la Pologne et la Tchécoslovaquie, l’Allemagne n’acceptant pas ses frontières orientales.

L’Allemagne est admise au sein de la Société Des Nations. Aristide Briand s’efforce d’œuvrer pour la paix en favorisant une politique internationale d’arbitrage et de limitation des armements.

Crise et effondrement (1929-1940)

La crise politique

Les émeutes de février 1934 : l’impossible réforme du régime

La crise économique internationale touche la France avec retard mais y reste plus tenace qu’ailleurs. D'autre part, la disparition de Poincaré et Briand laisse un vide et l’instabilité ministérielle reprend de plus belle.

L’agitation des mouvements hostiles à la république parlementaire reprend ; elle est amplifiée par L'affaire Stavisky. Elle culmine par les émeutes de février 1934 aux abords de la Chambre des Députés.Le 6 février 1934, une manifestation antiparlementaire d'extrême droite, notamment des membres de l'Action française et des Croix-de-feu tourne à l'émeute place de la concorde, faisant vaciller puis finalement chuter le gouvernement Edouard Daladier. On dénombre douze morts et des centaines de blessés. Le 9 février, des manifestations du PCF, interdites par le nouveau gouvernement, font également plusieurs morts. Le 12 février a lieu la première manifestation unitaire de toutes les forces de gauche.

Articles détaillés : Affaire Stavisky et 6 février 1934.

Un nouveau gouvernement présidé par Doumergue est censé aborder la réforme du régime. En fait partie André Tardieu, un des responsables de la droite, qui souhaite renforcer les pouvoirs de l’exécutif, notamment :

  • renforcement du pouvoir de dissoudre la chambre,
  • possibilité de recourir au référendum,
  • interdiction aux députés de proposer des dépenses.

Il ne parvient pas à convaincre et quitte la vie politique en 1936.

Le Front populaire
La chambre des députés le 3 mai 1936
Article détaillé : Front populaire (France).

Le Front populaire est une coalition des partis de la gauche (le PCF, la SFIO, le Parti radical et l'USR) qui détient la majorité parlementaire en France de 1936 à 1938 et qui débute par un premier ministère présidé par Léon Blum. Malgré sa brièveté, cette période bouleverse les rapports sociaux du pays. Les accords de Matignon apportent notamment la semaine de 40 heures, les congés payés et les conventions collectives. C'est à cette période qu'est unifié le réseau ferré pour devenir la SNCF. Les différences de vues sur la guerre d'Espagne affaiblissent la coalition dès juin 1937.

L’effondrement face à l’Allemagne

L’expansion de l’Allemagne

Face à la volonté d’Hitler de remettre en cause le traité de Versailles, la France se rapproche de l’Italie et de l’URSS alors que le Royaume-Uni et les Etats-Unis se tiennent à l'écart.

La condamnation de l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini, assortie de sanctions économiques inefficaces, entraîne le rapprochement de celui-ci avec Hitler. Alors qu’il s’était opposé au rattachement de l’Autriche à l’Allemagne en 1934, il consent à l’Anschluss en 1938.

Le rapprochement avec une puissance communiste telle que l’URSS est très controversé, tout particulièrement chez les alliés traditionnels de la France : la Pologne s’oppose à ce que l’armée soviétique traverse son territoire pour venir soutenir l’armée tchécoslovaque.

Lorsque Hitler s’en prend à la Tchécoslovaquie, la France et l’Angleterre persistent à poursuivre une politique d'appaisement pour éviter la guerre. Les accords de Munich (1938) permettent le démantèlement de la Tchécoslovaquie, notamment au profit de deux nouveaux satellites de l’Allemagne : Hongrie et Slovaquie.

Puis Hitler peut s’attaquer sans crainte à la Pologne, couvert par un accord avec l’URSS de non-agression et de partage de l’Europe de l’Est (Pacte germano-soviétique).

La défaite et le régime de Vichy

Depuis la crise des Sudètes, la propagande du gouvernement cherche à rassurer l’opinion publique en insistant sur la puissance de l’Armée française. La stratégie de l’État-Major est basée sur la défense : protéger le territoire en dissuadant toute attaque. La ligne Maginot, suite de fortifications modernes construites entre 1930 et 1935, peut en être le symbole. La déclaration de guerre ne modifie pas la stratégie. Le général Gamelin, commandant en chef, se prépare à une guerre d’usure, et l’Armée française reste cantonnée dans ses fortifications. Seules des opérations de blocus sont tentées, comme en Scandinavie, pour gêner l'approvisionnement allemand. Le gouvernement se vante ainsi auprès de l'opinion publique, majoritairement pacifiste, de cette nouvelle façon de faire la guerre sans combat.

Cependant, l’offensive allemande est lancée le 10 mai 1940, aux alentours de Sedan où les fortifications sont les plus faibles. Le 15 mai, le front Est percé, et la ligne de défense est facilement contournée par une armée allemande bien motorisée qui avance vers le sud. L’État-Major, visiblement dépassé par la vitesse de progression allemande, ordonne la retraite qui se transforme en débâcle. Pris de panique, les civils se ruent sur les routes à la suite de l’armée en un véritable exode. Le gouvernement, dirigé par Paul Reynaud, quitte Paris menacée, le 10 juin. Le 14, les Allemands y font leur entrée. Devant l’ampleur de l’échec, Reynaud démissionne, remplacé par le maréchal Pétain qui demande l’armistice aux Allemands.

Annexes

La déclaration du comte de Chambord sur le drapeau blanc

Texte du manifeste :
« La France m'appellera et je viendrai à elle tout entier avec mon dévouement, mon principe et mon drapeau. À l'occasion de ce drapeau, on a parlé de conditions que je ne dois pas subir. Je suis prêt à tout pour aider mon pays à se relever de ses ruines et à reprendre son rang dans le monde ; le seul sacrifice que je ne puisse lui faire, c'est celui de mon honneur.
Non, je ne laisserai pas arracher de mes mains l'étendard d'Henri IV, de François Ier et de Jeanne d'Arc. C'est avec lui que s'est faite l'unité nationale ; c'est avec lui que vos pères, conduits par les miens, ont conquis cette Alsace et cette Lorraine dont la fidélité sera la consolation de nos malheurs. Il a vaincu la barbarie de cette terre d'Afrique, témoin des premiers faits d'armes des princes de ma famille ; c'est lui qui vaincra la barbarie nouvelle dont le monde est menacé. Je le confierai sans crainte à la vaillance de notre armée ; il n'a jamais suivi, elle le sait, que le chemin de l'honneur.
Je l'ai reçu comme un dépôt sacré du vieux roi, mon aïeul, mourant en exil ; il a toujours été pour moi l'inséparable souvenir de la patrie absente ; il a flotté sur mon berceau, je veux qu'il ombrage ma tombe. Dans les plis glorieux de cet étendard sans tache, je vous apporterai l'ordre et la liberté. Français, Henri V ne peut abandonner le drapeau blanc d'Henri IV. »

Les attentats anarchistes (1892-1894)

Le drapeau noir : l'un des symboles de l'anarchisme

La crise anarchiste, comme la crise boulangiste et l'affaire Dreyfus, est liée à un climat d'instabilité économique (due au krach de Vienne), sociale et puis politique. Cette conjoncture défavorable contribue, tout comme le scandale de Panama, à la montée de l'antiparlementarisme.

Cette « crise anarchiste » est caractérisée par de nombreux attentats, elle a été provoquée par Ravachol.

11 juillet 1892 : Ravachol est un activiste anarchiste. Il a été guillotiné à Montbrison pour avoir fait exploser les domiciles de deux juristes parisiens, ainsi qu'une caserne (mars 1892). Ces attentats lui coûteront tout d'abord la perpétuité, mais après avoir été jugé pour des crimes commis dans sa région natale (la Loire), il sera condamné à mort. Le 21 juin, la sentence est prononcée et il crie : « vive l'anarchie ».
9 décembre 1893 : Auguste Vaillant, lance une bombe chargée de clous sur les députés, aucun mort, seulement un blessé ; lors de son procès il justifiera cet acte par la volonté de venger Ravachol. Il est exécuté le 4 février 1894.
Le 27 avril 1894 : Procès d'Émile Henry pour l'attentat du 12 février 1894 au café Terminus, et l'explosion du 8 novembre 1892 d'un commissariat.
Émile Henry revendiqua hautement et fièrement ses actions, lisant une déclaration dans laquelle il analyse la société corrompue et plaide la révolte.
24 juin 1894 : Sadi Carnot, le président de la république, est assassiné par un anarchiste italien : Sante Geronimo Caserio, le 24 juin 1894 à Lyon.

Lois scélérates :

Cette vague d'attentats va donner naissance à de nouvelles lois, appelées « lois scélérates » par les anarchistes.

La première (votée le 12 décembre 1893) condamne l'apologie de quelconque crime comme un délit ; de façon à alourdir les peines imputées aux anarchistes qui revendiquent clairement et fièrement leurs attentats, à condamner la presse anarchiste et à pouvoir faire des saisies « préventives » plus aisément.

La deuxième (du 18 décembre 1893) permet aux autorités judiciaires de condamner toute personne ayant participé (de près ou de loin), même s'il n'y a pas eu de mise en exécution.

La dernière : Condamnation de toute personne, tout journal, ayant usé de la propagande anarchiste (par extension libertaire)

« 1. Soit par provocation, soit par apologie […] incité une ou plusieurs personnes à commettre soit un vol, soit les crimes de meurtre, de pillage, d’incendie […] ; 2. Ou adressé une provocation à des militaires des armées de terre et de mer, dans le but de les détourner de leurs devoirs militaires et de l’obéissance qu’ils doivent à leurs chefs […] serait déféré aux tribunaux de police correctionnelle et puni d’un emprisonnement de trois mois à deux ans. »

Dorénavant, tout libertaire coupable du délit de parole, ou d'apologie des actes de propagande pouvait être condamné au bagne.

Ainsi certaines personnes ont été condamnées pour s'être réjouies de la mort de Sadi Carnot.

Bibliographie

  • Jacques Bainville, La Troisième République, Arthème Fayard, 1935
  • Antoine Olivesi, André Nouschi, La France de 1848 à 1914, éd. Nathan Université, coll. « Fac histoire », 1997
  • Jacques Chastenet, Histoire de la IIIe République, éd. Hachette, 1952-1963
  • Paul Baquiast, La Troisième République, 1870-1940, éd. L'Harmattan, Paris, 2002
  • Georges et Édouard Bonnefous, Histoire politique de la IIIe République, éd. PUF, 1955-1964
  • Pierre Albertini, La France du XIXe siècle
  • Laurence Klejman, Florence Rochefort, L'Égalité en marche : le féminisme sous la Troisième République, éd. Presses de la Fondation Nationale des sciences politiques, Des Femmes-Antoinette Fouque, Paris, 1989

Notes et références

  1. a  et b Serge Berstein, « La nature du radicalisme dans la France de l'entre-deux-guerres », dans Serge Berstein, Marcel Ruby (dir.), Un siècle de radicalisme, vol. 860 de la coll. Histoire et civilisations, Presses universitaires Septentrion, 2004, 287 pages, p. 105-108 et 113 (ISBN 2859398147)

Annexe

Constitutions
Textes
Régime politique
Constitution de 1791 texte Monarchie constitutionnelle
Constitution de l'an I - 1793 texte Ire République
Constitution de l'an III - 1795 texte Directoire
Constitution de l'an VIII - 1799 texte Consulat
Constitution de l'an X - 1802 texte Consulat à vie
Constitution de l'an XII - 1804 texte Ier Empire
Charte de 1814 texte Restauration
Acte additionnel de 1815 texte Cent-Jours
Charte de 1830 texte Monarchie de Juillet
Constitution de 1848 texte IIe République
Constitution de 1852 texte, IInd Empire
Lois constitutionnelles de 1875 texte IIIe République
Loi constitutionnelle de 1940 texte État français
Loi constitutionnelle de 1945 texte GPRF
Constitution de 1946 texte IVe République
Constitution de 1958 texte Ve République
voir aussi: Site source et Constitution


Articles connexes

Liens externes

Navigation

France - Formes de gouvernement successives depuis le Haut Moyen Âge


Précédé par Troisième République Suivi par
Second Empire
Période de l'histoire de France
1870-1940
État français - France libre
  • Portail de l’histoire Portail de l’histoire
  • Portail du monde contemporain Portail du monde contemporain
  • Portail du droit français Portail du droit français
  • Portail de la France Portail de la France
Ce document provient de « Troisi%C3%A8me R%C3%A9publique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article 3e république de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужно решить контрольную?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • république — [ repyblik ] n. f. • 1520 sens II; lat. res publica « chose publique » I ♦ (1549) Forme de gouvernement où le pouvoir et la puissance ne sont pas détenus par un seul, et dans lequel la charge de chef de l État (⇒ président) n est pas héréditaire …   Encyclopédie Universelle

  • Republique democratique du Congo — République démocratique du Congo Pour les articles homonymes, voir Congo.  Ne doit pas être confondu avec République du Congo …   Wikipédia en Français

  • Republique des Deux Nations — République des Deux Nations Pour les articles homonymes, voir République de Pologne. République des Deux Nations Rzeczpospolita Obojga Narodów po Regnum Serenissim …   Wikipédia en Français

  • Republique romaine — République romaine Pour les articles homonymes, voir République romaine (homonymie). République romaine Res Publica Romana …   Wikipédia en Français

  • Republique serbe de Bosnie — République serbe de Bosnie  Ne pas confondre avec la République de Serbie, État souverain Pour les articles homonymes, voir Srpska …   Wikipédia en Français

  • Republique tcheque — République tchèque 49°45′N 15°45′E / 49.75, 15.75 …   Wikipédia en Français

  • Republique tchéque — République tchèque 49°45′N 15°45′E / 49.75, 15.75 …   Wikipédia en Français

  • République Démocratique du Congo — Pour les articles homonymes, voir Congo.  Ne doit pas être confondu avec République du Congo …   Wikipédia en Français

  • République Romaine — Pour les articles homonymes, voir République romaine (homonymie). République romaine Res Publica Romana …   Wikipédia en Français

  • République Serbe — de Bosnie  Ne pas confondre avec la République de Serbie, État souverain Pour les articles homonymes, voir Srpska …   Wikipédia en Français

  • République Serbe de Bosnie —  Ne pas confondre avec la République de Serbie, État souverain Pour les articles homonymes, voir Srpska …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”