- Tonkin
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Le Tonkin, aussi écrit Tongkin ou Tong-king, est la partie septentrionale du Viêt Nam actuel à l'ouest du Golfe du Tonkin. Cette ancienne grande division territoriale du royaume de Cochinchine ou d'Annam, fondée sur sa vieille capitale, est située à l'est du Laos et au sud des provinces actuelles de Yunnan et Guangxi, constitutives de la Chine.
Localement, le Tonkin est connu sous la dénomination de Bắc Bộ (北圻), signifiant « frontière nord ». Les géographes chinois l'appelaient Drang-ngaï, soit le « royaume du dehors » par opposition à la Cochinchine, Drang-trong ou « royaume intérieur ».
(Le Tonkin était appelé parfois Tunquin au XVIIIe siècle, comme par exemple par Voltaire dans Le Philosophe ignorant.)
Géographie
Situé entre la Chine au nord, le Laos à l'ouest, l'ancien Annam ou Cochinchine méridionale (Trung Bô actuel) au sud et le golfe du Tonkin à l'est, le Tonkin forme un quadrilatère écorné d'environ 700 km sur 700 km. Sa superficie s'élève à 115 700 km2. L'hiver est froid et brumeux. La saison des grandes pluies, véritable mousson après une courte période chaude et sèche, se place surtout de mai à août. L'été est très chaud. Le littoral est souvent ravagé par des ouragans et typhons après juin ou juillet.
Dans le delta fertile du fleuve Rouge où les eaux du Sông-kôï et Sông-bo (actuelle rivière Noire ou Sang Da) se mêlent, fleuves caractérisés autrefois par leurs puissantes inondations, la production de riz est importante. Le sol est montagneux au nord et à l'ouest. Les populations du Haut-Tonkin, contrée faiblement peuplée, sont principalement d'origine thaï et yunnanaise. Les populeuses vallées alluvionnaires du Bas-Tonkin accueillent les principales agglomérations urbaines et industrielles : Hanoï, Haiphong, Nam Dinh, Bac Ninh, Sôn Tây, Hon Gay…
Histoire
Le Tonkin est une dépendance de l'Empire chinois médiéval. La ville de Hanoï en est la capitale dès le VIIe siècle, elle portait alors le nom chinois de 東京 (sinogrammes qui se prononceraient en mandarin d'aujourd'hui dongjing), signifiant « capitale de l'Est »). Les mêmes caractères chinois caractérisant la capitale du Tonkin chinois sont utilisés pour écrire le nom de la ville de Tōkyō, que ce soit en mandarin ou en japonais.
Pourtant, le Tonkin s'émancipe de la tutelle chinoise à partir de 968. Quatre dynasties autonomes assument à tour de rôle un contrôle régalien jusqu'en 1414, date à laquelle un éphémère joug impérial chinois s'impose jusqu'en 1428. La dynastie émergente des Lé s'impose jusqu'en 1788. À partir de 1802, le Tonkin est rattaché à la Cochinchine.
En 1867, la marine française présente dans le delta du Mékong s'intéresse aux terres du royaume d'Annam et de Cochinchine. Les militaires y relèvent plusieurs langues, parmi lesquelles l'importance d'un dialecte supposé chinois. La religion est bouddhiste, mais s'impose au fil des années une importante communauté chrétienne qui atteint plus de 130 000 âmes vers 1870. La population totale atteint 8 millions d'habitants.
La capitale Kécho et les principaux ports du Tonkin sont fermés aux Européens. Aussi la situation de commerce actif entre la Cochinchine et la Chine aiguise les appétits coloniaux. Un inventaire du Tonkin avant 1880 mentionne de multiples richesses :
- des fabrications de soieries, de toile de coton et des ouvrages en laque
- des mines d'or, d'argent, de fer et d'étain productive. Les mines d'argent en exploitation produisent 6 tonnes par an.
- des récoltes de riz, de maïs et de patates.
- une exploitation intense de cocotiers, d'arequiers et de canne à sucre.
- des plantations de thé vert.
- de riches forêts encore sauvages, habitées par l'éléphant d'Asie, le tigre, le léopard, l'ours et le rhinocéros. Elles recèlent de nombreuses variétés de bois : tek, ébenier, bois de rose, bois-d'aigle, guttien-gommier…
Écoutant les conseils de la marine et des chambres de commerce, Jules Ferry arguant devant le parlement de bonnes raisons de pacification et de mission de civilisation, couvre les opérations de contrôle militaire sur la partie de la Cochinchine restée indépendante. Les revers de fortune et sa solidarité avec les acteurs de cette conquête violente lui coûtent son ministère après l'incident de Lang-son en mars 1885. Elles lui valent aussi un second sobriquet des chambres momentanément hostiles, Ferry-Tonkin.
La France assume la souveraineté sur le Tonkin et l'Annam après la difficile guerre franco-chinoise de 1881 à 1885 en utilisant le nom de la capitale en vietnamien pour la totalité de la région. La troisième partie du Viêt Nam reste la Cochinchine au sud de la seconde partie, la longue bande territoriale de l'Annam. Le Tonkin pacifié est intégré dans l'Union indochinoise en 1887.
L'histoire du Tonkin se confond avec celle de l'Indochine française, puis du Viet-nam indépendant.
Références connexes
- L'adjectif latinisé tonkinensis est une épithète spécifique, partie de la nomenclature binomiale (taxonomie), utilisé pour décrire des espèces, surtout des arbres trouvés au Tonkin. Par exemple, Cornus hongkongensis subsp. tonkinensis [1] est une sous-espèce d'un arbre persistant ou un buisson de la famille bois à chien, qui est trouvé habituellement à Hong Kong.
- Une chanson de Georges Villard et Henri Christiné créée grâce à Vincent Scotto, datant de 1906, s'intitule « La Petite Tonkinoise ».
- La petite Tonkinoise est également le titre d'un roman de Suzanne Prou (1986).
- La rose du Tonkin par Marthe Simard. (1981) Biographie d'une religieuse québécoise (Rose-Alba Brien, carmélite) qui passa sa vie au Tonkin.
- La ligne du Tonkin est une ligne de chemin de fer reliant Saint-Maurice à Genève (Suisse), en passant par Évian-les-Bains et Thonon-les-Bains (France). La ligne est exploitée sur territoire valaisan (Suisse), mais laissée à l'abandon entre Saint-Gingolph et Évian-les-Bains, sur territoire français.
- Tonkin (voir Charpennes-Tonkin) est un quartier de Villeurbanne (France), plus spécialement connu pour sa clinique, ses établissements (écoles jusqu'au collège), son centre commercial plein-air, ses nombreuses allées piétonnes et sa proximité avec le parc de la Tête-d'Or. Son nom lui a été donné en hommage aux nombreuses pertes humaines cumulées, durant la guerre franco-chinoise (certaines rues portent d'ailleurs le nom de soldats vietnamiens, morts au combat).
- Enfin, le Tonkin est un quartier du village d'Autrans, en Isère.
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