Histoire de Belgique

Histoire de Belgique

Histoire de la Belgique

L'histoire de la Belgique est traditionnellement divisée en deux grandes parties. D'une part, celle des territoires qui formeront, après 1830 le territoire de la Belgique proprement dit. D'autre part, la Belgique d'après 1830, date de son indépendance politique et territoriale.

Sommaire

Généralités

Cette histoire est liée aux autres États du Benelux. Petit à petit, les différents États entre la future France et l'Allemagne vont être rassemblés en un seul état par les ducs de Bourgogne. Cette unification commencera en 1384 et prendra fin en 1443. Ces territoires seront nommés Pays-Bas (Belgica en latin).

Au XVIe siècle, et suite à la Réforme, les provinces du nord prendront leur indépendance. On distinguera dès lors :

  • les Pays-Bas du Nord : État protestant et indépendant (les Provinces-Unies) ; les futurs Pays-Bas.
  • les Pays-Bas du Sud : Gouvernés par des souverains étrangers jusqu'en 1830. Avant 1789, les Habsbourg, d'abord la branche espagnole, puis la branche autrichienne. Entre 1789 et 1830, ces Pays-Bas du Sud passèrent sous domination française puis néerlandaise, avant de devenir indépendant en tant que « Belgique ». Finalement, en 1839, une partie de la Belgique forma un nouvel État : le Grand-Duché du Luxembourg.

Il faut également distinguer la Principauté de Liège qui eut un destin totalement indépendant de celui des Pays-Bas (du Nord ou du Sud), jusqu'à leur intégration dans la République française en 1795.

Préhistoire et antiquité

La plus ancienne trace de présence humaine dans les territoires qui forment actuellement la Belgique a été trouvée à Hallembaye, aux environs de la montagne Saint-Pierre (province de Liège), elle date d'environ 800 000 ans. Ensuite, aux environs de 400 000 av. J.-C. des hommes s’installent en bord de Meuse. De 250 000 à 35 000 av. J.-C., ces territoires sont peuplés de Néandertaliens surtout dans la province de Liège et dans la province de Namur (homme de Spy). À partir de 30 000 av. J.-C., l’homme de Néandertal fait place à l’homme moderne. Il ne faut pas oublier qu'au cours des maximums glaciaires, le niveau de la mer était beaucoup plus bas et on pouvait aller de la Belgique vers la future Angleterre à pied sec. Des vestiges de l’époque néolithique existent à Spiennes où se trouvait une mine préhistorique de silex.

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Les premiers signes de l’Âge du bronze datent de 1750 av. J.-C.. En 500 av. J.-C., habitées par des Celtes, ces régions subissent les influences et commercent avec le monde méditerranéen. Dès 150 av. J.-C., les premières monnaies celtes font leur apparition. Les diverses tribus celtes vivant sur ces territoires à cette époque étaient les Éburons, les Aduatiques, les Nerviens, les Ménapiens, les Morins et les Trévires.

Les écrits de Jules César De Bello Gallico (I et II) forment le début de l’histoire écrite. « De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves ». Ainsi parlait Jules César des tribus qui ont donné tant de fil à retordre à ses légions. Cette citation (légèrement amputée) est toujours présente dans les manuels scolaires actuels. Jules César justifiait ainsi les cinq années (à compter de 57 av J.C.) dont il avait eu besoin pour faire plier ces féroces guerriers. Ajoutées à la Gaule par ce même conquérant, les régions septentrionales de la Gaule seront séparées en tant que Gaule belgique lors de sa réorganisation par l’empereur Auguste. Cette province impériale est beaucoup plus importante que la Belgique actuelle. Elle recouvre tout le nord-est de la France actuelle, de la Picardie à la Franche-Comté, ainsi que tout l’ouest de la Suisse.

La présence romaine apporte quatre siècles de prospérité à la région. La sécurité des frontières face aux Germains est assurée par les légions et les premières voies de communication sont créées d’une part entre Boulogne et Cologne, d'autre part entre Reims et Trèves. Plusieurs bourgs sont créés à l’intersection de ces axes, tels par exemple Arlon et Bavay, ou encore Tongres et Tournai. Le latin, utilisé par les fonctionnaires romains, les marchands et les militaires, devient la langue véhiculaire et s’impose face aux dialectes celtes. Le christianisme s'impose rapidement au IIIe siècle après la fondation d’un évêché à Tongres.

Voir aussi : liste des peuples celtes de Belgique

Le Moyen Âge

L'Empire carolingien de 481 à 814

Royaumes et empire francs

Après les grandes invasions du Ve siècle, la région devient le cœur du premier royaume franc, dont la capitale est Tournai. Vers l'an 500, Clovis, roi des Francs, reçoit le baptême, et abandonne Tournai pour Paris. La christianisation massive débute en 630, avec le soutien des moines celtes.

Sous l'impulsion de Charlemagne, la vallée de la Meuse devient le centre politique et économique de l'empire carolingien.

À Charlemagne succéda Louis le Pieux. Son règne fut marqué à partir de 829 par les querelles entre le souverain et ses fils, Lothaire, Pépin, Louis et Charles. Louis le Pieux mourut en 840 et les luttes entre ses trois fils survivants reprirent de plus belle.

En août 843 est enfin conclu le traité de Verdun, qui divise l'empire entre les trois petits-fils de Charlemagne. Le royaume de l'empereur Lothaire, qui s'étendait de la Méditerranée, par l'Italie, la Provence, la Bourgogne, l'Alsace, jusqu'à la mer du Nord, était, en Belgique, borné à l'ouest par l'Escaut, à l'est par le Rhin. Les terres à l'ouest de l'Escaut (le futur marquisat de Flandre) revenaient à Charles le Chauve. Si ce traité a une importance exceptionnelle, ce n'est pas qu'il fût destiné à demeurer définitif ; la plupart de ses dispositions n'eurent qu'une durée éphémère, mais les circonstances firent que l'Escaut continua d'être une grande ligne de séparation, pendant des siècles, entre la France et l'Allemagne, tandis que le Rhin devint, dans toute l'acception du mot, un fleuve allemand[1].

Lothaire mourut le 29 septembre 855 ; il avait divisé son royaume entre ses trois fils. Ce fut Lothaire II qui obtint la partie septentrionale, le territoire entre la mer du Nord et le Jura, auquel s'attacha spécialement le nom de Lotharingie (Lotharii regnum)[2].

Quand le malheureux roi de Lotharingie mourut le 8 août 869, Charles et Louis, ses deux oncles, se disputent ses États, et, au mépris des droits du seul fils survivant de Lothaire Ier (Louis II, roi d'Italie), ils finissent par se les partager à Meerssen, sur la Meuse, en août 870[2]. La Meuse servait de ligne de démarcation depuis la frontière du pays frison jusqu'à Liège ; à cet endroit, la limite suivait l'Ourthe jusqu'à sa source[3]. Le traité de Meerssen donnait ainsi aux Carolingiens de France la plus grosse part de la Belgique[4].

Mais la mort inopinée de l'héritier de Charles le Chauve, Louis le Bègue (10 avril 879) amena de nouvelles complications ; quelques-uns de ses conseillers, l'abbé-chancelier Gozlin et le comte de Paris, Conrad, refusèrent de reconnaître ses jeunes fils, Louis III et Carloman, et ils invitèrent le roi de Francia orientalis, Louis le Jeune, à prendre possession du pays[5].

Louis le Jeune, fils de Louis le Germanique se mit en marche par Metz et Verdun et, dans l'impossibilité où ils étaient de lui opposer une résistance efficace, les grands demeurés fidèles aux princes préférèrent abandonner à l'agresseur la partie occidentale de la Lotharingie (été de 879). De cette manière, tout le royaume de Lothaire II et par conséquent la Belgique du Rhin à l'Escaut se trouva rattaché à l'Allemagne. Le traité de Ribemont (février 880) confirma les arrangements de l'année précédente[6]. Seul le marquisat de Flandre demeurait aux fils de Louis le Bègue.

Charles le Gros réunit temporairement les deux royaumes de 885 à 887, mais sa faiblesse, son incapacité au milieu des périls dont les Normands qui menaçaient l'Europe centrale, provoquèrent sa déposition (Trebur, novembre 887). Les destinées des deux royaumes entre lesquels la Belgique était divisée tendirent alors de plus en plus à se séparer[7].

Période féodale

Zwentibold reçut en 895 d'Arnulf de Carinthie le gouvernement de la Lotharingie avec titre de roi. Quant il mourut en 900, la Lotharingie revint à la Germanie[8].

En France, les ascendants des Capétiens et les Carolingiens se disputent le trône. Les souverains du royaume occidental essaient à plusieurs reprises de s'emparer de la Lotharingie[9]. Charles le Simple envahit ainsi le pays en 911[10] et ce n'est qu'en 923 que Henri Ier parvint à réunir la Lotharingie à l'Allemagne. Cette situation ne subira plus de modification essentielle durant tout le Moyen Âge[11].

À la fin du Xe siècle, la Basse-Lotharingie s'étend de l'Escaut jusqu'à la Saxe et la Hesse. Au nord, elle est bordée par la Frise. Sur ce duché se développent des fiefs, comtés et seigneuries quasi indépendants, tels les duchés de Brabant, de Limbourg, de Luxembourg, les comtés de Hainaut et de Namur, la Principauté de Liège.

Le développement des villes

À partir du Xe siècle, les villes commencent à se développer, principalement dans le comté de Flandre et en pays mosan. L'industrie de la laine se développe elle aussi, et plus tard, le commerce maritime, avec la ligue hanséatique. La région devient l'un des cœurs de l'économie européenne, avec l'Italie. Les laines sont importées d'Angleterre, avec laquelle se tissent des liens qui compteront pendant les conflits entre Capétiens et Plantagenêt.

Les principales villes sont alors, à l'ouest, Bruges, Gand, Ypres et Tournai, et en pays mosan, Huy, Namur, Dinant et Liège. L'urbanisation de la future moyenne Belgique est plus lente, seule Nivelles présente au Xe siècle un caractère urbain. Situées plus à l'intérieur du pays, les autres villes brabançonnes comme Bruxelles, Louvain et Malines, attendent la fin du Xe siècle pour s'étendre. À cette époque, les affluents de l'Escaut sont navigables et le trafic commercial entre la Meuse et le Rhin augmente.

Jusqu'en 1300, l'essor des villes est alimenté par une conjoncture économique favorable. Une deuxième enceinte s'avère souvent nécessaire. Cette expansion est freinée au XIVe siècle par de nombreuses crises et épidémies de peste. Le nombre de citadins stagne ou recule. La plupart des villes ne retrouvent leur niveau de population de l'an 1300 qu'au XIXe siècle.

À partir de la fin du XIIIe siècle plusieurs batailles ont lieu entre le roi de France et les communes de Flandre, les comtes étant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. La garnison française à Bruges est massacrée lors de la révolte des Mâtines de Bruges le 18 mai 1302, et l'ost royal est écrasé par les milices communales à la bataille de Courtrai, dite des éperons d'or le 11 juillet de la même année. Cette bataille est aujourd'hui considérée comme la naissance de la nation flamande, bien que la Flandre actuelle et le comté de Flandre de l'époque ne se recouvrent que partiellement. Philippe Le Bel obtiendra sa revanche à la bataille de Mons-en-Pévèle le 18 août 1304.

La Principauté de Liège : 985 - 1795

La Principauté en 1350

Jusqu'en 1795, le territoire actuel de la Belgique était principalement divisé en deux pays distincts : les Pays-Bas du Sud et la principauté de Liège.

La principauté épiscopale de Liège était un État du Saint Empire romain germanique. C'est en l'an 985 que naît la principauté épiscopale. C'est à cette date que Notger, déjà évêque de Liège depuis 972, devient prince-évêque en recevant le Comté de Huy.

Les Pays-Bas : 1384 - 1795

Carte des Pays-Bas bourguignons en 1477, en nuance d'orange.

Les Pays-Bas bourguignons (1384-1482)

Article détaillé : Pays-Bas bourguignons.

À l'issue de la guerre de Cent Ans, les territoires de la future Belgique (à l'exception de la principauté de Liège) et les Pays-Bas actuels sont aux mains des ducs de Bourgogne, vassaux des rois de France. La Bourgogne est démembrée après la mort de Charles le Téméraire en 1477, les Pays-Bas bourguignons échoient aux Habsbourg. Charles Quint naît en 1500 à Gand, héritier à la fois des Habsbourg et de l'Espagne. Il se considère comme flamand et bourguignon. Quand il partage ses domaines entre son frère et son fils, les Dix-sept Provinces des Pays-Bas échoient à l'Espagne de Philippe II, et sont dès lors appelées Pays-Bas espagnols.

Au XVe siècle, suite à l'ensablement du Zwin, mais aussi pour des raisons économiques et politiques, Anvers supplante Bruges en tant que principal port de transit d'Europe occidentale. Anvers devient alors une des capitales économique et financière du nord-ouest de l'Europe.

Les Pays-Bas espagnols (1482-1713)

Article détaillé : Pays-Bas espagnols.

Sous Philippe II, les Pays-Bas du Nord, convertis au calvinisme, se révoltent et obtiennent finalement leur indépendance sous le nom de Provinces-Unies. Les territoires qui formeront plus tard la Belgique et certaines provinces du Sud des Pays-Bas restent possessions espagnoles, après de nombreux troubles et l'extermination des anabaptistes (voir par exemple David Joris).

Ces troubles privent Anvers de sa prépondérance économique. La ville se vide de la majorité de sa population qui fuit vers les Provinces-Unies ou le Saint Empire romain germanique. C'est un peu plus tard qu'Amsterdam prendra sa place.

Au cours du XVIIe siècle les guerres opposant la France à l'Espagne et aux Provinces-Unies dessinent à peu près la frontière actuelle entre France et Belgique. Suite à des opérations militaires comme la bataille de la Peene à Noordpeene en 1677, le traité de Nimègue en 1678 vient entériner notamment le rattachement à la France des châtellenies de Cassel, Bailleul et Ypres. Cette dernière sera rendue avec Furnes et Tournai au traité d'Utrecht, en 1713.

Lors de ce même traité, la couronne d'Espagne passe aux Capétiens, avec Philippe V d'Espagne, petit-fils de Louis XIV. Les Pays-Bas du Sud , à ce moment sous le contrôle de l'armée néerlandaise, reviennent aux Habsbourg d'Autriche et deviennent les Pays-Bas autrichiens.

Les Pays-Bas autrichiens(1713-1795)

Les Pays-Bas autrichiens en 1786, coupés en deux par la Principauté de Liège.
Article détaillé : Pays-Bas autrichiens.

Lode Wils, dans son "Histoire des nations belges" présente les Pays-Bas espagnols/autrichiens comme un état fédéral catholique, gouverné par des rois étrangers. Ce sentiment d'appartenir à un état-nation conduira notamment à l'émergence d'une "historiographie nationale des Pays-Bas méridionaux", portant sur l'histoire des "Belges" (Des Roches en 1782, puis Dewez en 1805 et De Smet en 1822).

Ce sentiment "belge" est d'ailleurs confirmé lorsque, en 1757 à Vienne, le "Conseil suprême des Pays-Bas" est supprimé (pour des motifs, il est vrai, tout autres), et remplacé par un "Bureau belge" au sein de la chancellerie autrichienne.

Il faut toutefois rappeler que ce mot "belge" fait référence aux Pays-Bas du Sud, à l'exclusion donc de la Principauté de Liège. Ainsi, en 1792, les patriotes liégeois et belges réfugiés à Paris vont se réunir en un "Comité des Belges et Liégeois Unis" (sous la direction de Walckiers). Mais les Liégeois vont toutefois rapidement se considérer comme Belges au fil des révolutions.

Les révolutions : 1789 - 1830

Les Pays-Bas méridionaux (et septentrionaux) sous l'Ancien Régime.

C’est à cette époque qu’eut lieu le renversement de l’Ancien-Régime dans les différentes régions qui composent aujourd’hui la Belgique. Cette époque marque également le début de leur unification politique.

Durant tout l’Ancien Régime, chacune des principautés avait sa législation propre, ses pratiques juridiques, sa fiscalité, Etc. À cela s’ajoutaient la bigarrure linguistique de ces différentes contrées.

L’aire politique de ces territoires était également extrêmement éclatée : La Principauté de Liège formait un État à part entière coupant en deux les Pays-Bas méridionaux, eux-mêmes, très peu homogènes : s’ils avaient un prince unique depuis les ducs de Bourgogne, les Pays-Bas, sous l’Ancien Régime, n’ont jamais constitué un royaume :

« C’était une confédération de principautés unies à leurs souverains dans le cadre d’un lien personnel. Le prince était duc de Brabant, Comte de Hainaut, Comte de Namur…, mais ne portait pas le titre de roi des Pays-Bas. Dans ce contexte, la « nationalité » était d’abord principautaire : on était avant tout Hennuyer, Brabançon, Luxembourgeois… A la fin du XVIIIe siècle, en dépit des efforts de centralisation entamés par les ducs de Bourgogne et renforcés par leurs successeurs de la maison de Habsbourg, existaient au niveau des administrations publiques des diverses principautés ou provinces comme on avait coutume de les appeler, des interdictions professionnelles qui frappaient celui qui n’était pas « né et nationné » de la province [c'est-à-dire, né dans la province de parents, eux-mêmes, nés dans la province][12] »

Il faut ajouter à cela de très nombreuses principautés romanes indépendantes ou autonomes, tel que la Principauté de Stavelot-Malmedy (600 km²), le Duché de Bouillon (230 km²), la principauté de Fagnolle (correspondant à un village mais battant néanmoins sa propre monnaie), quelques enclaves françaises (Mariembourg, Philippeville…)… Cet inventaire n’est pas exhaustif[13].

Ces multiples frontières furent balayées lors de la période française (1795). Les révolutionnaires firent table rase de l'ancienne organisation politique et des différentes dénominations géographiques. Ils divisèrent le territoire en neuf départements : le Duché de Brabant sera divisé entre les départements de la Dyle et des Deux-Nèthes, Le département de l'Ourthe correspondra à la partie centrale de l'ancienne principauté de Liège, le comté de Hainaut deviendra le département de Jemmapes, etc.

Cette division administrative perdurera sous les régimes hollandais et belge, bien que la dénomination des provinces changeât.

La Révolution liégeoise

Destruction de la cathédrale Saint-Lambert.
Article détaillé : Révolution liégeoise.

La Révolution liégeoise (en wallon Revolucion lidjwesse ou Binamêye revolucion) est la période qui va de 1789 à 1795, et qui entraînera la disparition de la principauté de Liège après 8 siècles d'existence.

Selon certains historiens, la Révolution liégeoise était un miroir de la Révolution française ou en était même une partie. La Révolution en France commença simultanément en 1789 et dans cette interprétation la révolution à Liège continuait après le retour temporaire du prince; elle connut une deuxième phase avec l'entrée des troupes révolutionnaires en 1792, et une troisième phase en 1794 avec le deuxième retour des Français. Alors, la révolution finît en 1795 par la disparition de la principauté et son incorporation à la République française. Pendant cette phase la révolution a montré des épisodes extrêmes, par exemple la démolition de la cathédrale Saint-Lambert par les révolutionnaires liégeois mais également des épisodes prometteurs : Les Liégeois purent, pour la première fois, exprimer leur volonté à travers des élections au suffrage universel masculin et un référendum pour la réunion de la Principauté à la France.

Selon d'autres, la révolution se déroula pendant la période où le prince-évêque était absent, dès son départ pendant la nuit du 26 au 27 août 1789 jusqu'à son retour le 12 février 1791. Dans cette interprétation, la Révolution liégeoise était la contrepartie de la Révolution brabançonne dans les Pays-Bas autrichiens, qui a échoué. Cependant, on remarquera que la Révolution liégeoise, à l'instar de la Révolution française, a pour but une remise en question profondément progressiste de l'ordre politique et social, à l'opposé de la Révolution brabançonne qui s'inscrit dans la contestation et le rejet des réformes progressistes de Joseph II.

Articles connexes : François-Charles de Velbruck, César-Constantin-François de Hoensbroeck et Réunion du Pays de Liège à la France.

La Révolution brabançonne

Article détaillé : Révolution brabançonne.

En 1789, les réformes politiques et religieuses que veut imposer l'empereur Joseph II provoquent une insurrection réactonnaire et cléricale qui annéantit les principales réformes du despote éclairé, notamment l'Edit de Tolérance (1781) qui avait tenté d'éradiquer les discriminations dont souffraient les protestants[14].

Les États généraux ne reconnaissent plus l'autorité du souverain. Ce soulèvement est accompagné par la désintégration de l'armée impériale après sa défaite à Turnhout le 24 octobre 1789.

Cette révolution brabançonne donne lieu à des proclamations d'indépendance des différents « États », et la création, le 11 janvier 1790, de la confédération des États belgiques unis. La discorde entre les partis catholique et libéral gêne cependant considérablement la défense du pays et favorise le retour des troupes autrichiennes qui rétablissent leur autorité dès octobre de la même année.

Les États-Belgiques-Unis (1790)

Article détaillé : États-Belgiques-Unis.

A la suite de la révolution brabançonne, un premier état indépendant voit le jour. Son drapeau consistait en trois bandes horizontales composées des couleurs du Brabant : rouge-noir-jaune. Ce drapeau sera repris lors de la révolution belge de 1830, mais avec les couleurs disposées dans un autre ordre.

Les États-belgiques-unis ne durèrent qu'une année, néanmoins le qualificatif belgique s'imposa définitivement pour désigner les Pays-Bas autrichiens pendant la période française. L'adjectif belge fut désormais utilisé par les Français pour qualifier les habitants des anciens Pays-Bas autrichiens, par opposition aux citoyens de la Principauté de Liège[15].

Si la France unifia politiquement, pour la première fois, la Principauté de Liège et les Pays-Bas méridionaux dans le vaste ensemble que formait l'Empire; à la fin du régime français, on distinguait encore régulièrement les Belges des Liégeois. Ce n'est que sous la période hollandaise que la distinction disparu : en effet, le nouveau Royaume des Pays-Bas était divisé en deux camps, d'un côté les Hollandais protestants et de l'autre les Belges catholiques. Les Liégeois s'allièrent naturellement aux Belges et c'est dans ce contexte que la fusion « psychologique » entre principautaires liégeois et Belges s'opéra[16].

Période française (1795-1814)

La période française que connurent les territoires qui forment actuellement la Belgique est une époque charnière dans l’histoire de ce pays :

«  Elle consacre, en effet, la fin des privilèges et du régime seigneurial, la naissance des droits de l’homme, d’un nouvel ordre institutionnel, économique, social et juridique. Elle place sur le devant de la scène un personnage jusque-là effacé dans le débat politique : le peuple. Elle laisse des traces profondes non seulement dans les dispositions législatives ou l’organisation administratives, mais aussi dans les gestes les plus anodins de la vie quotidienne : songeons au bouleversement engendré par la généralisation du système métrique ou du papier-monnaie. Enfin pour notre pays, l’époque française scelle la réunion des provinces des Pays-Bas méridionaux avec la principauté de Liège[17]. »

Chronologie

La période hollandaise (1815-1830)

Le Royaume-Uni des Pays-Bas.

Au congrès de Vienne en 1815, les trois grands vainqueurs se divisent l'Europe sans tenir compte des sentiments nationaux naissants, et sans consultation des populations. C'est ainsi que les territoires de la future Belgique sont réunis à ceux des Pays-Bas pour former un État tampon au nord de la France. À la tête de ce Royaume-Uni des Pays-Bas, Guillaume Ier d'Orange.

Le 18 juillet 1815, le roi publie une constitution en vue de la fusion des 2 Pays-Bas. Au nord, les États Généraux l'acceptent à l'unanimité. Au sud, elle est soumise à 1603 notables belges. 527 vont voter "pour" et 796 "contre" (dont 126 pour des motifs religieux). Le résultat était donc "contre" à 60%. Toutefois, dans le décompte des voix, les 280 abstentions seront considérées comme des votes "pour", et il en ira de même pour les 126 votes "contre" à motifs religieux. Le résultat devint alors 933 "pour" et 670 "contre". Et c'est ainsi que, le 24 août, le gouvernement proclama l'acceptation de la constitution à 58%.

L’opposition aux "Hollandais" était pourtant déjà patente. Ainsi, le 6 mars 1814, plus d'un an avant la naissance du Royaume-Uni, un agent britannique rapportait qu'en Belgique "la quasi-totalité des classes de la société (…) rejettent de façon très nette la Hollande et la Maison d'Orange"[18].

Dans les faits, la population assiste donc au rétablissement des Pays-Bas d'avant 1581, mais cette fois sous la forme d'un État protestant[19].

Le premier antagonisme est donc logiquement religieux, et la situation inversée par rapport à 1581. Les 3.5 millions de Belges des provinces du sud sont catholiques et intégrés dans un état dirigé par les 2 millions de protestants des provinces du nord et leur roi. De plus, l'égalité des religions est décrétée : le clergé catholique se sent alors menacé et soutient l'opposition dans les campagnes. Cette opposition est surtout marquée en Flandre, et menée par l'évêque de Gand (de Broglie). Ainsi, comme en 1581, la religion sera une cause directe de la scission des Pays-Bas.

Le second antagonisme est économique : les libéraux n'ont plus accès au marché français, tandis qu'ils doivent faire face au libre-échange avec l'Angleterre, et son industrie fort avancée. De plus, le gouvernement favorisait les investissements dans le nord et le roi ira même jusqu'à freiner le développement du port d'Anvers pour favoriser les ports du nord[20]. Pour ces raisons, en 1816, les ambassadeurs d'Autriche, de Russie et de Prusse ont déjà perdu toute confiance en la réunion des 2 Pays-Bas[21].

Parallèlement à ces deux antagonismes, le gouvernement devenait de plus en plus autoritaire, vis-à-vis de la liberté de la presse (sous couvert de troubles de l'ordre public) et du clergé catholique. Ainsi, les opposants à ce despotisme se rassemblent, réclamant la responsabilité ministérielle devant le Parlement et la liberté d'enseignement.

Cette opposition catholique-libéral sera uniquement belge : les catholiques du nord n'ont aucune influence (depuis 1581) et peu de libéraux du nord s'y rallient, préférant rester fidèle au roi. Cela peut s'expliquer par le favoritisme pro-hollandais du royaume (dans la fonction publique et l'armée)[22], mais également par le fait que les Belges étaient majoritaires. Leur faire trop de concessions reviendrait à les laisser gouverner le pays, ce que ni le roi ni la population du nord n'accepteraient. La fidélité au roi restera d'ailleurs très présente aux Pays-Bas : pas de question royale à la belge, même sous le règne de l'antidémocrate Guillaume III

Le soulèvement des Belges est alors inévitable, et l'élément déclencheur sera la seconde vague des révolutions en Europe (en 1830). La bourgeoisie prendra alors le pouvoir en août 1830 et, face au souverain absolutiste étranger, sera soutenue par toutes les couches de la société (de la noblesse aux paysans)[23].

Pour conclure sur cette période, précisons encore que si aujourd'hui la question linguistique est prépondérante, il n'en était rien à l'époque[réf. nécessaire]. Dans les faits, l'arrêté royal du 15 septembre 1819 établissait le néerlandais comme langue officielle (dans les provinces néerlandophones) pour la justice et l'administration, et les langues populaires n'étaient pas protégées (ainsi en ira-t-il de l'allemand au Luxembourg). De plus, les Wallons ne se sentent pas menacés pour autant, et pour cause : Guillaume Ier lui-même, bien que roi des Pays-Bas, était francophone (tout comme une bonne partie de la bourgeoise européenne de l'époque).[réf. nécessaire]

L'établissement d'une politique linguistique pro-néerlandais a été si graduelle, qu'il existait d'ailleurs très peu de liens culturels entre la Flandre et les Pays-Bas proprement dit[24]. Et les griefs linguistiques accusant le roi d'imposer l'usage du néerlandais aux élites et à toute l'administration (justice, police…) n'apparaîtront véritablement qu'en 1829. Il faut dire qu'à cette date, on ne pouvait même pas rédiger son testament en français…

La révolution de 1830 et l’indépendance

Épisode des Journées de septembre 1830, sur la Place de l'Hôtel de Ville à Bruxelles (1835)
Article détaillé : Révolution belge.

Le 25 août 1830, peu après la Révolution de Juillet en France, Bruxelles se soulève. Les troubles se propagent dans tout le pays et le 27 septembre les troupes gouvernementales évacuent l'essentiel des provinces du Sud (seules les citadelles d'Anvers, de Maastricht et de Luxembourg restent aux mains de troupes loyalistes).

Dès le 26 septembre, un gouvernement provisoire est formé, qui élabore une Constitution, le 7 février 1831. Il recherche un roi, adresse une demande au duc de Nemours, fils de Louis-Philippe, qui refuse par prudence. Une union personnelle entre les pays autour du roi des Pays-Bas est un temps envisagée, mais rejetée par le gouvernement (le 27 octobre, une force hollandaise dans la forteresse d'Anvers bombardait encore la ville).

La Belgique : 1830 - 1914

Un État en formation

Le 4 octobre 1830, l'indépendance est proclamée par le gouvernement provisoire formé le 26 septembre 1830, et le 3 novembre un Congrès national est élu par 30 000 électeurs et s'ouvre le 10 novembre 1830. Le 18 novembre, le congrès national belge confirmera en quelque sorte le décret du 4 octobre au sujet de l'indépendance de la Belgique. Le 7 février 1831 il approuve une constitution. La majorité de ces électeurs provenant de la bourgeoisie, le français est choisi comme seule langue officielle. L'opinion commune était qu'il y avait une majorité de francophones en Belgique, puisque le français était, à l'époque, la langue des élites, celle de la classe dominante qui s'empara du pouvoir en 1830. En Flandre comme en Wallonie et à Bruxelles, le peuple use de langues régionales.

Le 4 novembre 1830 une conférence s'ouvre à Londres sur l'avenir de la Belgique : les grandes puissances décident finalement de reconnaître la Belgique indépendante le 20 janvier 1831. Un royaume est fondé dont le trône est offert, tout d'abord au duc de Nemours, dont le père déclinera l'offre, puis ensuite, le 4 juin 1831 par défaut au prince allemand Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (oncle de la reine Victoria), qui deviendra Léopold Ier, premier roi des Belges, le 21 juillet 1831. La Belgique est déclarée neutre. Entre-temps, de février 1831 au 21 juillet 1831, la régence sera assurée par le baron Érasme-Louis Surlet de Chokier.

Histoire des frontières

Les frontières ne furent définitivement fixées qu'en 1919, lors de la signature du Traité de Versailles qui accorda le territoire des Cantons de l'Est à la Belgique.

La révolution industrielle

Au XIXe siècle, disposant de charbon et de fer, la Belgique connaît la révolution industrielle et fut même un temps la deuxième puissance industrielle mondiale, derrière l'Angleterre.

L'essentiel de la puissance industrielle du pays se trouvait toutefois en Wallonie, où existait déjà une tradition séculaire du travail du fer et de l'extraction du charbon. La région devint ainsi le deuxième producteur mondial d'acier et de charbon.

L'empire colonial

Article détaillé : Colonisation du Congo.
L'État indépendant du Congo, possession personnelle de Léopold II.

Le roi Léopold II (successeur et fils de Léopold Ier, 1865) dirige à titre privé la colonisation du Congo dans le but d'assurer une colonie à la Belgique. L'actuelle République démocratique du Congo (Congo Kinshasa, ex-Zaïre) devient son domaine personnel. En 1885 Léopold II devient officiellement chef de l'État indépendant du Congo, il ne cédera celui-ci à la Belgique qu'en 1908, sous la pression de l'opinion publique internationale.

L'exploitation des richesses du Congo sera alors confiée à des agents de l'État indépendant ou à des concessionnaires dont les exactions deviendront tristement célèbres. Pour fournir le caoutchouc, les rubis, l'or, les diamants et l'ivoire en grandes quantités, les indigènes sont soumis au travail forcé et à un régime de terreur (massacres de villages entiers). Le nombre de victimes indigènes ne peut faire que l'objet d'estimations (voir les Fantômes du roi Léopold, voir aussi l'avis de Jean Stengers [25]). Les morts comptabilisés dans ces estimations englobent tant les victimes directes des massacres que ceux qui sont provoqués par la déstabilisation profonde de l'agriculture vivrière, les fuites de populations entières etc. Les estimations varient entre 6 à 10 millions.

En 1908, sous la pression internationale, la Belgique hérite du Congo. La constitution belge interdit à la Belgique de dépenser de l’argent pour ses colonies. Toutes les réalisations doivent donc être financées par des fonds privés ou par la colonie elle-même. En 75 ans la Belgique va faire du Congo un géant agricole et minier source de matières premières et de devises. Les populations congolaises sont cependant exclues de la croissance économique. Leurs salaires sont faibles, le système de formation traditionnel est remplacé par des écoles primaires, tandis qu'il n'y a pas d'universitaires. La manière dont s'organise la coexistence entre Noirs et Blancs les sépare de fait fortement, mais cette séparation est moins rigoureuse qu'en Afrique du Sud et n'est pas soutenue par une claire idéologie sacrifiant au racisme comme dans l'apartheid. En outre, dans le monde chrétien entre autres, de vives critiques s'élèvent contre ce système de fait, notamment dans La Revue nouvelle. Enfin ce sont certains Blancs et certains Noirs qui, ensemble, ont posé des gestes prônant pour l'avenir l'indépendance du Congo, notamment le Manifeste de Conscience africaine, rédigé par le cardinal Joseph-Albert Malula.

En Belgique va régner pendant longtemps une propagande coloniale paternaliste (Tintin au Congo), glorifiant la « mission civilisatrice » de la Belgique. Cette vision « paternaliste » fut très répandue en Europe, jusque dans les années 1930.

La Belgique : 1914 - 1945

La Première Guerre mondiale

En 1914, en application du plan Schlieffen, l'Allemagne, en guerre contre la France envahit la Belgique pour contourner les armées françaises par le nord. La violation de la neutralité belge déclenche l'entrée en guerre du Royaume-Uni. Contrairement à ce qu'escomptaient les militaires allemands, la résistance de l'armée belge est forte : dans un premier temps l'armée d'invasion doit même reculer. Or la condition de réussite du Plan Schlieffen, c'était la rapidité. Il faudra quinze jours à une armée de 100.000 hommes pour réduire les forts de Liège. L'armée belge commandée par le roi Albert Ier recule en combattant, et même en contre-attaquant à partir d'Anvers en septembre sur le flanc allemand. Cette résistance imprévue contrecarre gravement le plan des Allemands, leur semble illégitime (objectivement elle sert les Français), va très vite faire naître dans leur esprit le mécanisme qui les amènera à la fausse croyance sincère selon laquelle des francs-tireurs assailleraient leurs troupes comme durant la guerre franco-allemande en 1870 et finalement provoquer les fameuses atrocités allemandes d'août et septembre 1914.

Le pays sera finalement entièrement occupé pendant toute la guerre sauf derrière la ligne de front de l'Yser. Le gouvernement est contraint de se réfugier à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre. Cependant la force publique du Congo, l'armée coloniale remporte aux prix de lourds sacrifices d'éclatantes victoires sous commandement belge contre les colonies allemandes au Cameroun et en Afrique orientale avec l'aide des colonies françaises, britanniques et portugaises.

L'Entre-deux-guerres

Affiche présentant les prétentions territoriales du gouvernement belge

Lors de la Conférence de paix de Paris, la Belgique fut représentée par Paul Hymans, Émile Vandervelde et Jules Vandenheuvel. Le gouvernement belge et le souverain réclamaient le paiement d'indemnité de guerre et la suppression du statut de neutralité imposé par le traité des XXIV articles. Le gouvernement avait également l'ambition de réunir au royaume la Flandre zélandaise, le Limbourg néerlandais, les Cantons de l'Est et le grand-duché de Luxembourg[26]. Albert Ier, qui était opposé à une trop grande humiliation de l'Allemagne, intervint lui-même à la conférence, à la demande de Paul Hymans. Il réclama des indemnités de guerre et la révision du traité des XXIV articles concernant le statut de l'Escaut. Il ne semble pas avoir réclamé le Limbourg néerlandais et le grand-duché de Luxembourg, ni même Eupen et Malmedy[27]. La conférence accorda la fin du régime de neutralité imposée, les cantons de l'Est, la tutelle sur le Ruanda-Urundi, ainsi qu'une indemnité prioritaire de deux milliards et demi de marks[28]. Ce résultat est jugé décevant par les Belges qui estiment que leurs droits ont été bafoués et qu'ils ont été abandonnés, voire méprisés, par les Alliés[29].

Parallèlement, le vote plural fut aboli et remplacé par le suffrage universel masculin qui permit d’une part aux socialistes d’accéder aux rênes du pouvoirs pour la première fois, mais aussi aux Flamands d’être majoritaires au Parlement. Les revendications autonomistes flamandes, excitées durant l’occupation allemande de 1914-1918, prirent donc de plus en plus d’importance, ce qui força le roi à autoriser la néerlandisation de l’université de Gand en 1930.

La neutralité de l’État belge ayant été abandonnée, la Belgique signa un accord d’entraide militaire avec la France en 1920. Cette coopération culmina avec l’occupation conjointe de la Ruhr par les troupes franco-belges du 11 janvier 1922 au 24 août 1924 à l'occasion de la crise monétaire de la République de Weimar.

Après le Jeudi noir, la Belgique comme le reste de l'Europe est atteinte par une crise économique majeure. Cette crise favorisa l’émergence de partis fascistes comme le Verdinaso ou le parti rexiste de Léon Degrelle.

Le pays était déchiré entre les factions flamandes et wallonnes : lorsqu’il fallut voter un budget militaire face à la menace nazie, les députés flamands boudèrent ce vote, ce qui empêcha la modernisation à temps de l’armée belge à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’objectif principal des Flamands était de rompre l’accord militaire franco-belge de 1920[30] qu’ils considéraient comme un symbole de la domination francophone. Léopold III accéda au mot d'ordre flamand Los van frankrijk ![31] (Larguons la France !) et demanda au gouvernement d’adopter une politique d’indépendance face à la montée des tensions internationales dans l'espoir d'échapper à la guerre.

En toute discrétion, le gouvernement dénonça unilatéralement, en 1936, l’accord franco-belge[32], pour reprendre la politique d'État tampon abandonné dix-sept ans plus tôt. À la veille de l'invasion allemande, le roi divisa ses troupes en envoyant la moitié d’entre elles face à la France. Cette attitude vaudra au roi de vives réprobations de la part des Alliés et d’une partie de la population wallonne[33].

La Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Armée belge en 1940.

En 1940, la Belgique est à nouveau occupée par l'Allemagne, et placée sous administration militaire dirigée par le général Alexander von Falkenhausen.

Après avoir mené un combat très dur, mais non nécessairement désespéré, notamment à la bataille de la Lys où périrent en trois jours la moitié des victimes militaires de la "campagne des 18 jours", le roi Léopold III décide seul la capitulation, contre l'avis du Parlement et du gouvernement, qui se réfugie à Londres. Cette décision du roi sera considérée par certains comme une trahison ou tout au moins une faute stratégique prématurée, par d'autres comme une volonté de se solidariser avec ses troupes capturées par l'envahisseur.

Le roi reste en Belgique comme prisonnier de guerre, refusant d'exercer des fonctions officielles, même s'il rencontrera discrètement le chancelier Adolf Hitler fin 1940. Il ne protestera contre aucune des exactions allemandes et ne manifestera aucun signe de solidarité ni avec les Alliés, ni avec le gouvernement en exil. Considérant que la Belgique s'est retirée de la guerre, il demande en 1940 aux diplomates belges de se montrer partout dans le monde courtois avec les diplomates allemands, et exigera en vain le retour à la neutralité du Congo belge, l'atout essentiel du gouvernement en exil dans la lutte aux côtés des Alliés ("instructions de Berne"). Le Roi demeure également en contact avec les secrétaires généraux qui ont été chargés par le gouvernement d'Hubert Pierlot, de maintenir en ordre de marche la machine administrative même en pays occupé, mais dont certains, par conviction ou par souci de maintenir une fiction de souveraineté belge, finissent par mettre le doigt dans l'engrenage de la collaboration. Fin 1941, Léopold III, qui avait gardé une certaine popularité en restant au milieu de son peuple, choque profondément l'opinion en épousant Lilian Baels (sans respecter les règles légales) - une décision mal perçue, alors que ses soldats wallons resteront en captivité coupés de leur familles jusqu'à la fin de la guerre (les prisonniers flamands ont, quant à eux, été presque tous libérés très rapidement, Hitler cherchant à jouer les Flamands contre les Wallons pour mieux favoriser la soumission de la Belgique).

Pendant l'occupation, les Allemands procèdent à la déportation de 25 000 Juifs de Belgiques dont à peine 1 200 reviendront vivants d'Auschwitz-Birkenau. La communauté sera ainsi exterminée à 44 %, de nombreux Belges se dévouant pour soustraire des milliers de personnes à un sort tragique. À Anvers, la municipalité accepte de distribuer les étoiles jaunes et prête sa police à l'organisation des rafles, au contraire de la mairie de Bruxelles. En conséquence, cette dernière cité verra en proportion deux fois moins de déportations. 351 Tziganes sont également envoyés à la mort.

Les résistants arrêtés sont souvent torturés, notamment au siège de la Gestapo bruxelloise avenue Louise, ou encore au sinistre fort de Breendonk. De ce dernier, lieu de supplices et d'exécutions et antichambre de la déportation, des milliers de Belges partiront souvent sans retour pour les camps de concentration nazis. L'occupant procède également à l'exécution de près de 300 otages entre 1941 et 1944.

Alors que la faim, la pénurie et l'inflation sévissent dans tout le pays, de nombreux Belges acceptent d'aller travailler volontairement en Allemagne. À partir de 1942, l'occupant passe à la coercition : des centaines de milliers d'ouvriers et de jeunes gens de toutes conditions sont contraints de rejoindre les usines de guerre du Reich outre-Rhin. Certains désobéissent et se cachent avec l'aide de la Résistance.

Dès avant-guerre le courant rexiste a perdu son influence en Wallonie (il passe de 15,6% des voix en 1936 à 6,19% en 1939) et à Bruxelles (il passe de 18,5 % des voix en 1936 à 8,5% en 1939), tandis que le VNV (nationalistes flamands avec des courants proches du fascisme), a progressé encore en Flandre (il passe de 13,56% des voix en 1936 à 15,05 % en 1939). Pendant la guerre, ces formations fournissent les gros bataillons de la collaboration.

Si la collaboration militaire s'illustre par la division SS Wallonie, la collaboration politique ou intellectuelle est au total un peu plus importante en Flandre qu'en Wallonie, où la Résistance semble plus forte, au vu du nombre de sabotages enregistrés (80 % du total national), de la concentration de la presse clandestine (70 %), du nombre d'arrestations et de déportations. Il est vrai que, en Flandre, certains idéalistes tablent sur la collaboration pour faire avancer les objectifs du mouvement flamand : 62 des condamnés pour collaboration seront flamands. Il est également vrai que la Résistance a plus vocation à se développer dans une Wallonie plus industrialisée qui concentre les objectifs stratégiques d'actions militaires. Il est clair aussi que la configuration politique et idéologique de la Flandre (plus conservatrice, influencée par le nationalisme flamand) la dispose moins à combattre les Allemands, alors que c'est l'inverse en Wallonie marquée par le militantisme antifasciste des années 1930. Il est sûr enfin que le maintien des prisonniers wallons en Allemagne et la libération des prisonniers flamands par Hitler crée des états d'esprit différents au Nord et au Sud. Voyez pour ceci Histoire de Belgique de 1914 à 1945.

Le Congo belge fournira des troupes et des matières premières aux Alliés pendant toute la Seconde Guerre mondiale et notamment l´uranium indispensable à la fabrication des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, qui mettront fin à la guerre.

La Belgique : depuis 1945

Rôle européen et international

Après la deuxième guerre, la Belgique devient membre fondateur de l'OTAN et de la Communauté économique européenne, aujourd'hui Union européenne.

La Question royale

Article détaillé : Question royale.

En 1950, un référendum sur la question du retour du roi donne une majorité pour le retour sur l'ensemble de la Belgique, mais en Wallonie une majorité s'est prononcée contre le retour, plus précisément dans les provinces de Liège et du Hainaut. La décision de Léopold III de rentrer malgré tout provoque des troubles insurrectionnels en Wallonie. L'abdication de Léopold III en faveur de son fils Baudouin permet de sauver l'unité belge et le retour au calme, mais ce qu'on appela la question royale marquera définitivement une rupture dans l'unitarisme.

L’indépendance du Congo

Après quatre années d'effervescence nationaliste et l'émeute du 4 janvier 1959 le gouvernement belge annonce vouloir accorder l'indépendance au Congo et fixe la date au 30 juin 1960 après les négociations de la Table ronde de Bruxelles. Les partis les plus anticoloniaux gagnent les élections législative et présidentielles. Joseph Kasa-Vubu est élu Président et Patrice Lumumba Premier ministre. Le 30 juin 1960, la colonie du Congo belge accède à l'indépendance après seulement six mois de préparation hâtive.

Dans les troubles qui suivent, la Belgique craignant une nationalisation des ressources naturelles va soutenir les sécessions de deux provinces minières le Katanga et le Sud-Kasai. Joseph-Désiré Mobutu s'emparera du pouvoir, et enverra Lumumba en prison au Katanga, où il sera assassiné avec la complicité des services secrets belges. À partir de 1980 la corruption et la mauvaise gestion du régime de Mobutu va plonger le Congo dans la misère et la guerre civile. Depuis 2005 la Belgique s'efforce d'aider la République démocratique du Congo dans sa marche vers une réelle démocratie.

Évolution économique

Les années 1960 et 70 ont été marquées par un changement de fortune économique. La Flandre est devenue graduellement la région la plus productive et puis la plus riche du pays. Dans cette période, l'anglais a tendance à remplacer le français comme première langue étrangère en Flandre.

Du côté wallon, l'on note, parmi les causes du déclin wallon, un désinvestissement relatif par les grand holdings du secteur privé, un syndicalisme qui effraya maintes entreprises et des pouvoirs publics peu dynamiques et fort interventionnistes malgré le déclin.

Fédéralisme et tensions communautaires

Les 4 régions linguistiques et les communes à facilité.

Sous la pression conjointe du mouvement flamand et des régionalistes wallons, la Belgique évolue progressivement vers un État de plus en plus fédéralisé. Plusieurs réformes institutionnelles sont réalisées transformant le vieil État unitaire en une structure de plus en plus fédéraliste, voire même confédéraliste. Ce sont d'abord les lois linguistiques votées en 1963 qui vont définir le cadre d'emploi des trois langues officielles du pays. La Constitution de 1994 va compléter ces réformes par une nouvelle structure de l'État fédéral. Dix ans plus tard, la Flandre marqua son souhait de, déjà, modifier cette constitution en vue de l'établissement d'un état confédéral.

Décès de Baudouin Ier de Belgique

Le 31 juillet 1993, survint le décès inopiné du roi Baudouin Ier à Motril, au sud de l'Espagne. Tout le pays en subit un choc profond : on estime à 500 000 le nombre de personnes qui ont fait la file durant de nombreuses heures pour s'incliner devant son cercueil au palais de Bruxelles. Ses funérailles rassemblent de très nombreux chefs d'État et de gouvernement, ainsi que des membres du Gotha. Pour la première fois, la reine Élisabeth II d'Angleterre et l'empereur Akihito du Japon assistent à des funérailles à l'étranger ! Selon la volonté de la reine Fabiola, on a célébré une messe d'espérance et la Reine portait une robe blanche qui a marqué les observateurs. On retiendra aussi le témoignage d'une prostituée d'Anvers rencontrée par le roi Baudouin lors de sa visite à l'asbl Payoke. Suite au décès de Baudouin, son frère cadet devient roi des Belges sous le nom d'Albert II. Avec son épouse la reine Paola, ils ont eu trois enfants : le prince Philippe, la princesse Astrid et le prince Laurent. Si le roi Albert II a conservé les mêmes valeurs et les mêmes combats que son prédécesseur, il a considérablement modernisé et rafraîchi l'image de la monarchie, qui était jugée terne et austère sous Baudouin et Fabiola. Avec ses enfants, beaux-enfants et petits-enfants, il lui a également donné une touche plus familiale.

Voir aussi

Articles connexes

Histoire de quelques-unes des villes belges :

Listes en rapport avec l'histoire de Belgique

Les anciennes nations belges

Le comté d'Artois et le comté de Zutphen faisaient également partie des Pays-Bas du Sud.

Auxquelles il faut ajouter ces 2 nations indépendantes :

Liens externes

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Bibliographie

  • Belgique Nederland Luxembourg par Pascal Dayez-Burgeon, Éditions Belin Sup, 1994
  • Collectif, Nouvelle histoire de la Belgique contemporaine de 1830 à nos jours, Complexe Eds, 2007, 3 tomes
  • Dubois Sébastien, L'Invention de la Belgique. Genèse d'un État-nation (1648-1830), Bruxelles, Éditions Racine, 2005.
  • Harsin, Histoire de la Belgique de 1830 à nos jours, université de Liège, Ed. Denuit 1953, Manuel d'histoire de l'école secondaire, préfacé par S.M. le roi Léopold III
  • Wils L., Histoire des nations belges, Éditions Labor, 2005.

Notes et références

  1. Léon Vanderkindere, La Formation territoriale des principautés belges au Moyen Âge, vol. I, H. Lamertin, Bruxelles, 1902 (réimpr. 1981), p. 9-10 
  2. a  et b Léon Vanderkindere, op. cit., p. 15.
  3. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 16-18.
  4. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 19.
  5. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 21.
  6. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 21-22.
  7. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 22-23.
  8. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 23.
  9. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 23-24.
  10. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 25.
  11. Léon Vanderkindere, op. cit., p. 30.
  12. Hervé Hasquin, historiographie et politique en Belgique, 1993, p.182.
  13. Hervé Hasquin, historiographie et politique en Belgique, 1993, pp.175-1776
  14. HGervé Hasquin, Historiographie et politique en Belgique, 1993, p.182.
  15. Hervé Hasquin, Historiographie et politique en Belgique, 1993, p.179.
  16. Jean Stengers, Depuis quand les Liégeois sont-ils des Wallons ?, 1981, p.444.
  17. Hervé Hasquin, La Belgique française 1792-1815, Editions Crédit Communal, 1993, p.5.
  18. N. Van Sas, Onze natuurlijkste bondgenoot. Nederland, Engeland en Europa, 1813-1831, p. 35-55, Groningen, 1985
  19. Lode Wils, Histoire des nations belges, p. 134, Labor, 2005
  20. J.L. Van Zanden, A. Van Riel, Nederland, 1780-1914. Staat, instituties en economische ontwikkeling, Amsterdam, 2000.
  21. Lode Wils, Histoire des nations belges, p. 141, Labor, 2005
  22. Même après l'indépendance de la Belgique, 70% des fonctionnaires néerlandais étaient originaires des 2 Hollandes. Van IJsselmuiden, Binnenlandse zaken en het ontstaan van de moderne bureaucratie in Nederland 1813-1840, Kampen, 1988.
  23. Lode Wils, op cit.
  24. Lode Wils, op cit.
  25. Jean Stengers, ‘'’Congo, mythes et réalités, cent ans d’histoire’'’, Duculot, Gembloux, 1989
  26. Marie-Thérèse Bitsch, Vincent Dejardin, Histoire de la Belgique, Complexe, Paris, p. 153.
  27. Jean Bartelous, Nos Premiers Ministres, de Léopold Ier à Albert Ier, 1983, Bruxelles, éd. J.M. Collet, p. 301 et Laurence Van Ypersele, Le Roi Albert, Histoire d'un mythe, éditions Labor, Mons, 2006, 532 p. (ISBN 2-8040-2176-9) , p. 98, note 279.
  28. Jean Bartelous, op. cit., p. 301.
  29. Axel Tixhon, Laurence Van Ypersele, « Célébrations de novembre 1918 dans le royaume de Belgique », Vingtième Siècle, 67, juillet-septembre 2000, p. 63-64.
  30. Pierre Grosser, Pourquoi la Seconde Guerre mondiale ?, Editions complexe, p.200.
  31. Els Witte, Nouvelle histoire de Belgique, Volume II, p.168.
  32. M. Dumoulin, E. Gérard, M. van den Wijngaert, V. Dujardin, Nouvelle histoire de Belgique, volume 2 : 1905-1950, Editions complexe, p.169.
  33. M. Dumoulin, M. van den Wijngaert, V. Dujardin, Léopold III, Editions complexe, p.173.
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