Histoire de la Belgique de 1914 à 1945

Histoire de la Belgique de 1914 à 1945

Sommaire

La Première Guerre mondiale

En 1914, en application du plan Schlieffen, l'Allemagne, qui a déclaré la guerre à la France, envahit la Belgique pour contourner les armées françaises par le nord en violation de la neutralité belge établie par le traité de 1831 reconnaissant l'indépendance belge et établissant la neutralité du pays sous la garantie des puissances européennes. La rupture du traité déclenche l'entrée en guerre du Royaume-Uni, garant de l'indépendance belge. Cette violation du droit est ouvertement et publiquement reconnue le 4 août devant le Reichstag par le Chancelier allemand Theobald von Bethmann-Hollweg. Celui-ci, en privé, traite le traité de 1831 de "chiffon de papier".

L'armée belge ralentit l'attaque allemande

En fait l'état-major allemand croit que la traversée de la Belgique sera rapide, condition primordiale de succès de l'offensive surprise contre la France. Fait sans précédent, l'Allemagne met en ligne 1 million d'hommes. Mais 40 000 hommes seulement devant Liège, soit six brigades qui convergent vers Liège sur un front qui va de Gemmenich à Malmedy (34e, 27e, 14e, 11e, 38e et 43e). Mais, dès les premières heures, ces troupes piétinent ou sont même contraintes de reculer devant la résistance de l'armée belge. Dès le petit matin du 4 août, le roi Albert 1er et le gouvernement belge ont repoussé, par un télégramme envoyé directement à Berlin, l'ultimatum impromptu de l'ambassadeur allemand à Bruxelles sommant la Belgique de laisser passer les armées allemandes sans combattre. Cependant, la ville de Liège proprement dite tombe le 7 août sans résistance, car elle n'est pas fortifiée et que la population ne bouge pas devant cette attaque allemande visant à contourner la résistance des forts et de l'armée. Ceci n'empêchera pas les Allemands de créer la légende des civils francs-tireurs qui, à Visé, Dinant et dans d'autres villes et villages justifiera des représailles meurtrières sur les populations. C'est la résistance des troupes de campagne agissant dans les intervalles entre les forts et appuyées par l'artillerie de ceux-ci qui va entraîner le renforcement des troupes allemandes, compromettant le plan Schlieffen d'offensive rapide vers le nord-est de la France. Le 5 août, soit un jour seulement après l'attaque, Cinq des six brigades allemandes sont obligées de battre en retraite. La 34 e brigade a perdu 30 officiers et 1 500 hommes. Or la vitesse commande la réussite du Plan Schlieffen. L' Oberste Heereleitung envoie 60 000 hommes en renfort et une nombreuse artillerie (plus de 10% de l'armée d'invasion opèrent alors contre l'armée belge). Les forts ne seront réduits complètement que le 18, tandis que l'armée belge fait retraite vers l'ouest, échappant ainsi à l'encerclement. Les Allemands ont perdu presque 15 jours de temps et 5 000 morts, soit des pertes que l'état-major allemand juge considérables en ce premier mois de guerre. Cette résistance inespérée de la Belgique vaudra à Liège d'être la seule ville étrangère à recevoir la Légion d'honneur, bien qu'elle n'ait pas combattu. C'est un hommage qu'a voulu rendre le gouvernement français à l'armée belge et aux forts en confondant ceux-ci avec la ville proprement dite, sans se soucier de faire la différence et alors que dans l'armée et les forts combattent des soldats de toute la Belgique et pas seulement des Liégeois.

Entretemps, sur la rivière Gette, les Allemands qui avaient dépassé Liège sont battus à Haelen à l'issue d'un combat de cavalerie durant lequel les charges successives des Uhlans sont décimées par les feux de l'infanterie appuyée par de l'artillerie et suivies de contre attaques de lanciers.

Grâce au retard infligés aux Allemands par l'armée belge, les armées françaises ont eu le temps de se reprendre pour arrêter l'offensive allemande sur la Marne après leurs reculs du début du mois d'août. D'autant plus que les Belges, en remportant la victoire de Haelen et encore, lors du siège d'Anvers, d'août à septembre, vont retenir 150 000 hommes qui vont manquer aux généraux allemands pour résister à la contre offensive française. La presse française de l'époque ne s'y trompe d'ailleurs pas quand elle exalte la résistance de l'armée belge.L'Echo de Paris: "Nous, Français, nous devons aux Belges, plus que de l'admiration, nous leur devons une inoubliable reconnaissance"; Le Journal : Avoir arrêté, dans les défilés de la Meuse, l'ennemi du genre humain qui, demain, ne pourra les franchir que sur un monceau de cadavres, c'est une page aussi glorieuse de l'histoire contemporaine que celle de Leonidas dans les fastes de l'Antiquité". Le président Poincaré le reconnaîtra peu après.

Carte de la ceinture fortifiée de Liège. En bleu, le dispositif de 1914, en rouge celui de 1940
Destruction de Louvain photographiée en 1915: 248 civils fusillés, 2 000 bâtiments détruits

Les atrocités d'août

L'armée belge emmenée par le roi Albert Ier inflige donc un grave échec à l'armée impériale allemande au tout début de la campagne. Considérant que cette résistance de l'armée belge est en quelque sorte illégitime, car, objectivement, elle sert la France, et aussi en fonction de multiples facteurs complexes, les troupes allemandes se forgent rapidement une fausse croyance sincère (Horne et Kramer): des francs-tireurs assailleraient systématiquement leurs troupes. Ils répriment cette violation (totalement imaginaire), des lois de la guerre par des massacres massifs dans les parties du pays où l'invasion a lieu : la plaine centrale des provinces du Limbourg, du Brabant et du Hainaut, les provinces de Namur et du Luxembourg voies d'accès à la France[1]. C'est pourquoi les massacres ont lieu principalement dans des villes ou villages de Wallonie (celle-ci n'est pas visée en tant que telle mais se trouve dans l'axe principal de l'invasion). Sont ainsi visées des localités comme Visé, Soumagne, Heure-le-Romain, Liège, Namur Andenne, Tamines, Dinant, Hastière, Mons, Charleroi, Arlon, Jemappes, Ethe, Tintigny, Frasnes-lez-Couvin (dernière localité belge touchée)… Et en Flandre, Louvain, Saint-Trond, Aarschot… En France, les départements des Ardennes, de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle. Ce sont les atrocités allemandes d'août 14.

Leurs conséquences internationales: l'Allemagne déconsidérée

Le fait de la violation du droit, ces massacres de civils vont donner à la Belgique une auréole de martyr et soulever l'indignation de l'opinion internationale. La campagne de recrutement de soldats aux USA en 1917, se fait sous le slogan Remember Belgium. Sur le plan moral, l'Allemagne s'est discréditée. L'Allemagne est alors déconsidérée dans l'opinion internationale. Les puissances de la Triple Entente peuvent se justifier de mener la guerre "du droit". En 1940, on connaîtra l'exode massif de populations civiles terrifiées. Les soldats wallons de 1940, face au retour du même envahisseur, se battront durement, notamment à la Bataille de la Lys, face à un ennemi jugé barbare. En Flandre, l'activisme flamingant imposera une autre mémoire, liant plutôt le souvenir des événements au mythe des officiers ne parlant que le français. Or, l'armée belge étant composée d'un peu plus de 75% de soldats flamands, la grande majorité des sous-officiers et, surtout, des sergents et des caporaux est composée de soldats flamands sortis du rang pour compenser les pertes importantes du début de la guerre. Le commandement sur le terrain est donc largement exécuté dans la langue des soldats. Une armée dont les soldats ne comprendraient pas les ordres n'aurait pas pu opposer la remarquable résistance qu'elle a montrée depuis Liège jusqu'à l'Yser et pendant les quatre ans qu'a duré la guerre. Les grades plus élevés sont certes exercés par des officiers de langue française, même quand ils sont flamands et qu'ils comprennent les dialectes des soldats. Mais il y avait la nécessité de communiquer avec l'allié français et même anglais dont les officiers comprenaient le français. De ce fait, le français fut, le plus souvent, la "lingua franca" des états-majors alliés sans qu'il y eut, dans cet état de fait, une intention de bafouer les autres langues de la coalition (dans laquelle, il y eut des Portugais qui avaient choisi le français comme langue de communication des ordres d'état-major). Les ordres, sur le terrain, étaient, par nécessité, donné, dans toutes les armées, dans la langue des soldats. Mais la légende de soldats flamands morts pour ne pas avoir compris des ordres donnés en français sera cultivée pour développer le sentiment d'une injustice morale grave qui va marquer la conscience flamande et va permettre au nationalisme flamand de créer un ancrage historique à sa doctrine pan-germaniste. D'ailleurs, des tentatives de propagande incitant les soldats flamands à déserter sont le fait d'une "flamenpolitik" organisée par l'occupant allemand dans le but de saboter l'armée belge et d'entreprendre, dans le pays occupé, une politique de division visant le rattachement de la Flandre au domaine germanique. D'où que, après la guerre, l'hostilité à l'Allemagne sera moins grande dans certains milieux de Flandre qu'en Wallonie, allant même, parfois, jusqu'à une volonté de rapprochement qui débouchera, à partir de 1930 jusque pendant la guerre, à une collaboration étroite avec le nazisme. C'est ce que l'on appelle l'activisme flamingant qui sera la base d'une politique pro allemande de partis politiques flamands fondant leur action sur le refus de toute alliance de la Belgique avec la France. Il s'agit, pour ce courant politique, de contrecarrer toute tentative de renouveler la résistance de 1914-1918 dans le cas d'une nouvelle guerre avec l'Allemagne.

Une conséquence militaire : la victoire de la Marne

En septembre, l'armée française bénéficie sans aucun doute du retard pris par l'armée allemande, du fait de la résistance de l'armée belge devant Liège, puis lors du siège d'Anvers. C'est alors que le généralissime Joffre remporte l'éclatante victoire de la Marne, qui oblige les Allemands, arrivés aux portes de Paris (voir ci-dessous), à reculer de plus de 200 km. Les belligérants vont se figer alors dans une guerre de position au lendemain de la Marne qui durera quatre ans (en gros, les positions de la carte ci-dessous, sur le front occidental).

Stabilisation du front en 1914, sur des positions, qui, notamment derrière l'Yser (tout en haut de la carte) ne se modifieront guère avant l'automne 1918.

L'Yser

L'armée belge, après avoir retenu 150000 Allemands autour d'Anvers avec ses trois ceintures fortifiées, en lançant trois sorties entre le 21 septembre et le 4 octobre, va faire retraite sur l'Yser où elle fera front victorieusement réunie aux armées française et anglaise, derrière les inondations tendues sur la plaine flamande par l'ouverture des vannes permettant l'irruption de l'eau de la mer du nord sur la plaine dont le niveau est situé sous le niveau de la mer. La Belgique reste occupée pendant toute la guerre, sauf derrière la ligne de front de l'Yser. Le gouvernement est contraint de s'installer à Sainte-Adresse, dans la banlieue du Havre.

Cependant la force publique du Congo, l'armée coloniale, remporte aux prix de lourds sacrifices d'éclatantes victoires sous commandement belge contre les colonies allemandes au Cameroun et en Afrique Orientale en liaison avec les forces des colonies françaises, britanniques et portugaises. Après la guerre, la Belgique obtient - de la Société des Nations - la tutelle d'anciennes colonies allemandes, le Ruanda et le Burundi et la réunion de régions de langue allemande de l'est du pays, les cantons d'Eupen et de Malmedy.

Politique allemande dans la Belgique occupée

Le gouverneur-général allemand Moritz von Bissing exécute la Flamenpolitik : il néerlandise l'université de Gand qui devient alors la première université uniquement néerlandophone et crée une commission afin d'organiser la division de la Belgique tandis que le chancelier allemand Theobald von Bethmann Hollweg encourage les nationalistes flamands à déclarer leur indépendance et à s'intégrer dans la sphère germanique. Dans ce contexte, il signe le décret du 21 mars 1917 séparant la Belgique en deux régions administratives : la Flandre et la Wallonie[2]. Prenant en compte la reconnaissance par le mouvement wallon de Namur comme ville la plus centrale de Wallonie en 1912, il y établit l'administration wallonne. Il réalise une autre revendication du mouvement wallon (la création du Brabant wallon) en séparant la province de Brabant en deux parties : l'arrondissement de Nivelles est rattaché à la Wallonie. La Flandre, quant à elle, a Bruxelles pour capitale et regroupe les quatre provinces du nord du pays ainsi que les arrondissements de Bruxelles et Louvain. Il s'agit de la première tentative historique de séparation de la Belgique sur base linguistique. La même année, le Conseil de Flandre instauré par l'occupant proclama la déchéance du roi Albert, suivant les arguments juridiques d'Alfons Jonckx à propos de la prétendue illégalité de son accession au trône[3]. Maximilian von Sandt fut nommé à la tête de l'administration civile allemande.

Les opérations en Afrique

Entre-temps, les troupes belgo-congolaises, à l'aide d'hydravions, inaugurant le premier combat aéronaval, neutralisèrent le cuirassé allemand Graf von Götzen (150 t) sur le Lac Tanganyika devant Ujiji (10 juin 1916), ce qui permit à celles-ci de chasser les Allemands de leur colonie de l'Est Africain (futur Tanganyika Territory, puis Tanzanie) avec, à la clef, la prise de Tabora (21 septembre 1917), puis de Mahenge, bien avant que les Britanniques, pris de court, ne s'organisent. Le drapeau belge devait flotter sur Tabora durant plus d'un demi-siècle!

La sortie de Guerre

La Paix

Le traité de Versailles

La Conférence de Paris, qui ouvre en janvier 1919, est chargée de négocier le traité de Versailles. La Belgique n'est pas considérée comme "ayant donné, leur sol, leur sang et leur trésor, à la cause commune" par les quatre grandes puissances (Royaume Uni, France, Italie et Etats-Unis) et ne prend donc pas une part active à la négotiation[4]. Néanmoins, la Belgique obtient du traité l'annexion de l'Eupen-Malmédy ainsi que des réparations de guerre. La frontière avec l'Allemagne ainsi que toute la Rhénanie est démilitarisée. En contrepartie, la Belgique doit renoncer à son statut de neutralité protégée. En 1923, la Société des Nations accorde à la Belgique un mandat sur le Ruanda-Urundi.

Le traité de Locarno

Le traité de Locarno, signé en 1925 à l'initiative du ministre allemand des Affaires Etrangères Gustav Stresemann prévoit l'inviolabilité des frontières entre l'Allemagne et la Belgique et entre l'Allemagne et la France. Ces frontières sont garanties par l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Belgique et l'Italie, chacun des pays s'engageant à intervenir militairement contre un pays ne respectant pas ce traité. Le statut de zone démilitarisée de la Rhénanie est confirmé.

Regain de popularité du nationalisme flamand

Le nationalisme flamand gagne une grande popularité, notamment avec l'élection triomphale de Auguste Borms en 1928 à Anvers. Ce nationalisme flamand n'est pas nécessairement contrebalancé (en Flandre) par une mémoire nationale belge. Les premières difficultés économiques se font sentir. Des grèves violentes éclatent notamment en 1932. C'est cette année qu'est tracée la première frontière linguistique entre Flandre et Wallonie.

La divergence des mémoires

La mémoire de la guerre en Flandre, c'est son inhumanité que l'on met en exergue en développant la thèse du commandement militaire exercé en français. En Wallonie, malgré des courants pacifistes, le nationalisme belge l'emporte. Voir le tableau: Iconographie = images des personnalités dans les ouvrages parus en 1930. Citation = noms cités au séminaire de L. Van Ypersele UCL, 2001-2002[5].

Noms Fonction Localisation Iconographie et citation
Albert Ier Roi - 5/13
Mercier Cardinal Wallonie 4/10
Leman Militaire Wallonie 3/6
Élisabeth Reine - 3/6
de Dixmude Militaire Wallonie 2/6
Solvay Civil Wallonie 1/4
Max Civil Wallonie 1/4
Francqui Civil Wallonie 1/4
Petit Civil(e) Wallonie 4/3
Trésignies Militaire Wallonie 4/3
Michel Militaire Wallonie 1/3
Pirenne Civil Wallonie 1/3
De Witte Militaire Bruxelles 2/3
Thieffry Militaire Bruxelles 2/3
Nelis Militaire Flandre 1/2
Baucq Civil Bruxelles 3/1
Beraheim Militaire Bruxelles 2/1
Bertrand Militaire Wallonie 2/1
Coppens Civil Bruxelles 1/1
De Ceuninck Militaire Flandre 2/1
Collard Église Wallonie 0/1
Édith Cavell Civil Angleterre 1/0
Collard Civil Wallonie 2/1
Colson Civil Wallonie -
Grandpré Civil Wallonie -
Lefevvre Civil Wallonie -

L. Van Ypersele conclut La mémoire dite nationale semble in fine surtout francophone [6]

La Belgique des années trente

La crise économique des années 1930

Dans l'entre-deux-guerres, la Belgique comme le reste de l'Europe était atteinte par une crise économique majeure. De 1923 à 1929, l'indice de la production était passé de 100 à 140. Dans la deuxième moité de 1930, il descendit à 108 et, par rapport à un indice 100 en 1929, il tombait à 67 en 1934 (pour ensuite se redresser et baisser à nouveau en 1938). En 1934, 40% des inscrits à une caisse de chômage se retrouvèrent sans emploi. Mais les prix diminuèrent, mettant à l'aise ceux qui avaient gardé un travail. En revanche, les prix agricoles s'effondrèrent (il y avait encore 15% de la population active dans le pays en agriculture). Les mineurs avaient vu leur salaire nominal baisser de 35%. Ils se lancèrent dans une grève très dure au bout de laquelle le Palais du Peuple à Charleroi dût être défendu par les gendarmes. On misa d'abord sur une politique déflatoire puis sur une politique inverse: dévaluation de la monnaie, intervention de l'État, travaux publics. Henri De Man lança son fameux Plan du Travail qui ne fut que partiellement exécuté. Une grève générale en 1936 obtint des avantages comparables à ceux obtenus en France (liberté syndicale, congés payés, salaire minimum, augmentation des allocations familiales, et semaine de 40 heures dans certains secteurs). Les holdings bruxellois et wallons n'investissaient plus guère en Wallonie dans de nouveaux secteurs comme par exemple la construction métallique: à moyen terme, cette abstention allait devenir fatale. [7]. En revanche, la finance flamande se réorganisa. Devant l'échec de son action dans le cadre démocratique, De Man évolua petit à petit vers des conceptions autoritaires. Les communistes sortirent de leur marginalité. Les nationalistes flamands du VNV (Vlaams Nationaal Verbond), dont le parti englobait des éléments autoritaires ou fascisants ne fit que gagner aux élections jusqu'à la guerre. La faillite des banques du monde chrétien (Algemene Bankvereeniging), la Banque du Travail d'Anseele, les cumuls de mandats chez un grand nombre de parlementaires alimenta la propagande populiste ou poujadiste de Léon Degrelle qui obtint un important succès électoral à Bruxelles (18,50 % des voix), un peu moindre en Wallonie (15,16) et encore moins important en Flandre quoique malgré tout impressionnant (7,01%). Degrelle fit démissionner tous les députés rexistes bruxellois en 1937 pour provoquer une élection partielle où il affronta le Premier Ministre Paul Van Zeeland. Il fut condamné par le Cardinal Van Roey et c'est ce qui explique sa défaite contre le Premier Ministre également soutenu par tous les partis traditionnels. Le Parti Catholique créa deux ailes distinctes, le Katholieke Vlaamsche Volkspartij et le Parti Catholique Social. En 1938, se tinrent un Congrès socialiste wallon et un Congrès communiste wallon. Parallèlement à l'instabilité ministérielle, on observe ainsi aussi des évolutions vers l'autonomie de la Flandre et de la Wallonie avec l'installation de deux conseils culturels, l'un français, l'autre néerlandais avec voie consultative.

La politique des mains libres

Le 7 mars 1936, Hitler réoccupe militairement la Rhénanie en violation des traités de Versailles et de Locarno. Le gouvernement belge propose son assistance militaire à la France mais cette dernière, influencée par la Grande-Bretagne, refuse d'engager une action militaire. La Belgique, la France et le Royaume Uni confirment le 19 mars leurs obligations d'assistance mutuelle et appellent l'Allemagne et l'Italie à renégocier un nouveau pacte.

Lorsque la France conclus des pactes avec la Tchècoslovaquie et l'URSS, la Belgique craint une nouvelle guerre franco-allemande d'autant plus que la ligne Maginot ne couvrant pas la frontière belge, les armées françaises ou allemandes seraient tentées de passer par son territoire voire de s'y battre. Afin d'éviter d'être entraînés dans une guerre qu'ils ne souhaitent pas, le Roi et le gouvernement redéfinissent la politique étrangère belge en négotiant avec l'Angleterre et la France la reconnaissance du droit de la Belgique de ne pas intervenir et en réarmant le pays de façon à décourager tout éventuel agresseur. Les pacifistes, en particulier des socialistes et des Wallons (Georges Truffaut, François Bovesse, l'Abbé Mahieu…) s’opposent à cette politique. Cette politique, défendue par le Bruxellois francophone Paul-Henri Spaak est menée sous la pression de la Flandre[8].

Cette politique est ratifiée par la France et l'Angleterre lors de la déclaration du 24 avril 1937 qui est enregistrée par la Société des Nations, ce qui lui donne force de traité. Les deux pays réaffirment néanmoins leurs engagement d'assistances au cas où la Belgique serait attaquée.

L'armée belge divisée en régiments wallons et flamands

Les lois de 1938 votées par la majorité flamande au Parlement contre pratiquement tous les députés wallons, instaurent des régiments wallons et flamands. La conséquence de cette loi, c'est que l'on va pouvoir nettement distinguer les deux types d'unités . Bien que les Congrès de "Concentration wallonne" de l'Abbé Mahieu regroupent des gens très radicaux, leurs discours expriment bien le malaise wallon avant 1940 comme Sœur Michèle Libon l'explique bien ici en le replaçant dans un large contexte.

La Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Armée belge en 1940.

Après l'invasion de la Pologne, le 1er septembre 1939, l'armée belge déploie ses forces à ses frontières, face à l'Allemagne mais aussi face à la France et les communications entre les États-Majors belges et Alliés paraissent être à un niveau minimal. Il n'en est rien. En réalité, le roi Léopold III et le général en chef Gamelin sont en communication secrète par le canal d'officiers belges et français, ainsi que le général Gamelin le reconnut dans ses mémoires[9],[10],[11]. De ce fait, les grandes lignes du plan allemand, connu par les Belges à la suite de la capture de documents de la Wehrmacht[12],[13],[14] étaient transmises aux états-majors français et anglais. Elles concernaient le report de l'attaque allemande vers le sud. L'Ardenne était clairement désignée. Ce fut le cas dans un message du roi Léopold III envoyé directement au général Gamelin en mars 1940[15].

La moitié des réserves d'or de la Banque Nationale ont été prudemment expédiée aux États-Unis. L'autre moitié - environ 210 tonnes - fut confiée à la Banque de France, laquelle parvint à l'exporter en Afrique du Nord avant la signature de l'armistice.

Les autorités allemandes entendaient bien mettre la main sur cet or et, après quantités de péripéties, réussirent finalement à le ramener en Allemagne entre 1941 et 1942.

En mai 1940, la Belgique est à nouveau envahie par l'Allemagne. L'armée belge compte 600 000 hommes, soit deux fois plus qu'en 1914. A ce chiffre, l'état-major compte ajouter 40 000 jeunes de la classe 1940 et 10 000 gendarmes (à l'époque, la gendarmerie est formée militairement et joue le rôle de prévôté militaire, c'est-à-dire de police de l'armée). Mais le déclenchement de la guerre ne permettra pas d'incorporer ces effectifs. On compte aussi sur les engagés volontaires, comme en 1914.


La campagne des 18 jours

Article détaillé : Bataille de France.
Les six premiers jours de la campagne: les panzers passent la Meuse

Le 10 mai 1940, jour de l'attaque contre la Belgique et les Pays-Bas, l'armée belge est d'emblée tournée sur sa gauche par la défaite hollandaise à Maastricht, percée par l'armée allemande sur le canal Albert, puis par la chute, le 11 mai, du Fort d'Ében-Émael, réputé imprenable, mais pris par des troupes aéroportées amenées en planeurs et utilisant des charges creuses, explosif inconnu des alliés. De plus, l'armée voit poindre, sur sa droite, une autre menace venant de la percée de Sedan, sur le front français, à partir du 12 mai 1940. Ce n'était pas faute, pour les combattants des Chasseurs ardennais, une troupe d'élite de l'armée belge, d'avoir rempli leur rôle de troupes de retardement en arrêtant l'offensive allemande des Ardennes les 10 et 11 mai. Mais la défensive française dans le secteur de Sedan fut incapable d'arrêter l'offensive allemande, alors que l'état major français avait eu deux jours de répit pour se préparer. De plus, des avertissements étaient venus à plusieurs reprises de sources fiables. Des attachés militaires alliés en Allemagne, et même le Vatican, communiquaient des informations au fur et à mesure qu'avaient lieu les reports de l'offensive allemande[16],[17] et aussi de l'état-major belge qui annonçaient que l'attaque principale aurait lieu en Ardenne[18]. Mais la puissance de celle-ci surprit tout le monde dans le camp allié. Ensuite, pendant 18 jours, les armées françaises et anglaises entrées en Belgique furent en recul constant, de même que l'armée belge. Malgré la victoire française de Gembloux et une bataille de l'armée belge sur la Dendre, la Wehrmacht, opérant par percées profondes de chars appuyés par une aviation en surclassement, a poussé vers la Meuse (fleuve) dès le 12 mai dans le but couper les forces alliées, atteignant Abbeville le 21 mai.

A la veille de la bataille de la Lys

Le plan de l'armée belge était de se retirer derrière une ligne de défense allant d'Anvers à Wavre. Le trou entre cette ville et Namur, était à combler également par des éléments français et alliés. Mais comme les panzers ont passé la Meuse dès le 13 et le 14 mai, la Position fortifiée de Namur est abandonnée par les franco belges et même la ligne Anvers-Wavre doit céder. L'armée belge effectue son repli vers l'Escaut puis il est décidé qu'elle mènera une bataille d'arrêt sur la Lys (même si certains auteurs militaires belges estiment, comme le fit le Général Weygand le 21 mai qu'il aurait mieux valu se battre sur l'Yser, coupure plus facile à défendre).

Finalement, les Belges seront battus après la seule vraie bataille d'arrêt de toute la campagne alliée de 1940, la bataille de la Lys. Cette ultime résistance, l'armée belge la soutint du 23 au 28 mai 1940, alors qu'elle était laissée seule par le retrait de l'armée anglaise, à sa droite. Malgré l'artillerie belge - souvent supérieure à l'artillerie que les Allemands avaient massée contre elle - la bataille de la Lys ne fut plus qu'un baroud d'honneur où périrent la moitié des militaires belges engagés. En effet, il était trop tard pour que les alliés redressent la situation. Et les Anglais de préparer leur rembarquement à Dunkerque sans prévenir l'état-major belge, comme cela a été prouvé par l'absence de Lord Gort à la conférence d'Ypres. Celle-ci avait été provoquée par le général Weygand nouvellement nommé à la place du général Gamelin. Il s'agissait de provoquer deux contre attaques, l'une des Belges, Français et Anglais venant du nord, l'autre des Français montant du Sud pour couper les pointes allemandes qui déferlaient vers la Manche. Mais l'armée anglaise préparait son rembarquement en abandonnant la droite du front belge, ce qui motiva cette phrase du général anglais Pownall : nous nous fichons complètement de ce qui peut arriver aux Belges. [19] Et Lord Gort, commandant en chef anglais, d'ajouter: Les Belges nous prennent-ils pour de vrais salauds ? Ces paroles sont rapportées par l'amiral Keyes, attaché militaire anglais auprès du roi des Belges[20].

La reddition du 28 mai, la bataille de Dunkerque

Dunkerque, défense, rembarquement jusqu'au 4 juin

Dès ce moment, Léopold III envisage une reddition malgré l'opposition de son conseiller militaire, le général Raoul Van Overstraeten (voyez bataille de la Lys). La capture des derniers forts de l'est par les soldats allemands s'achève (le dernier, le fort de Tancrémont Pépinster résiste même jusqu'au 29 mai, par ignorance de l'acte de reddition du 28). L'armée anglaise étant en retraite, le roi Léopold III a décidé la reddition contre l'avis du gouvernement qui quitte la Belgique porteur de tous ses pouvoirs, n'ayant ni démissionné ni été révoqué par le roi (comme celui-ci en avait le droit constitutionnel). Mais l'armée belge atteint le seuil de l'effondrement, étant au bord de la pénurie de munitions, alors que l'armée anglaise qui combat sur sa droite, a abandonné le front pour faire retraite vers Dunkerque. Le roi, qui avait déjà prévenu les alliés dans les jours précédents, envoie un ultime message radio au Q.G. français. Celui-ci est capté par le service d'écoute de l'armée française[21] ce qui ne peut plus rien changer et l'armée belge cesse le combat le 28 mai à 4h. du matin (après avoir évacué, dans des camions belges, des troupes françaises vers Dunkerque, pour leur éviter la capture).

Malgré les ministres qui veulent éviter la capture du roi par les Allemands, Léopold III veut rester, croyant que par sa présence de chef légal de l'État, il peut faire obstacle au démembrement de la Belgique par les Allemands, comme ceux-ci l'avaient déjà entrepris en 1914-1918.

Dès le jour de la reddition, ce qui reste de l'armée belge est capturé dans sa quasi totalité. Mais les Français et les Anglais vont défendre à proximité un périmètre autour de Dunkerque jusqu'au 4 juin et gagner cette bataille de Dunkerque qui permettra le rembarquement des troupes anglaises et de nombreux Français. Pour le professeur Henri Bernard, une meilleure liaison avec les Alliés aurait permis à l'armée belge de tenir plus longtemps et de faire passer en Angleterre jusqu'à l'équivalent de 5 ou 6 Divisions[22].

La campagne des dix-huit jours a coûté la vie à 12 033 belges, dont plus de la moitié étaient des civils. Pour les militaires belges, leur sort ne fut pas certain dès la capitulation. Les Allemands ne savaient pas encore ce qu'ils allaient faire d'eux. Un certain nombre de soldats belges, qui avaient été faits prisonniers durant les combats, étaient gardés, en Belgique, dans des camps improvisés mal gardés dont beaucoup parvinrent à s'évader. Pour les autres, l'Allemagne choisit de les emmener en captivité et, à partir de la fin du mois de mai, 225 000 hommes furent transportés en Allemagne en train ou en bateau. Les officiers furent internés dans les Oflags (Offizierslager), principalement à Prenzlau, Tibor et Luckenwalde. Les autres militaires furent envoyés dans les stalags (Soldatenlager). Mais, dès la fin du mois de mai, près de 300 000 hommes furent relâchés, considérés comme nécessaires pour remettre sur pied l'activité économique de la Belgique que les Allemands comptaient utiliser à leur profit.

Dans le cadre de la Flamenpolitik, Hitler libéra les miliciens, sous-officiers et officiers de réserve néerlandophones. De nombreux militaires francophones, dont pratiquement tous les Bruxellois, réussirent à passer le test linguistique et perçurent le Entlassungsschein leur permettant regagner leur foyer. Au total, quelque 70 000 militaires restèrent prisonniers jusqu'à la fin de la guerre, la plupart des Wallons avec 2 500 néerlandophones et 2 000 soldats originaires de Bruxelles.

Rupture de Léopold III avec le Gouvernement Pierlot

Cette décision du roi souleva la réprobation des gouvernements belge, français et anglais, ainsi que du Parlement exilé à Limoges qui désavoua la capitulation, le 31 mai, mais sans être en nombre suffisant, pour pouvoir formuler un vote valable, beaucoup de parlementaires étant injoignables, soit qu'ils fussent dans l'armée, soit en exode, soit restés en Belgique. Le roi considérait qu'il n'était lié qu'au devoir de défendre le territoire belge, à l'exemple de son père en 1914 dont, cependant, il s'inspira de manière trop rigide[22]. Son but était de faire obstacle, par sa présence, à toute politique de division de la Belgique par l'occupant allemand, comme celui-ci l'avait fait durant l'autre guerre, lorsque l'administration francophone avait été installée à Namur dans le but de créer une Wallonie séparée de la Flandre avec Bruxelles pour capitale.

Le roi resta donc à Bruxelles, considéré comme prisonnier de guerre, refusant d'exercer des fonctions officielles, même s'il rencontrera le chancelier Adolf Hitler. Il ne sortit d'ailleurs rien de cette entrevue. Le roi avait d'ailleurs dit à l'officier de liaison anglais qui l'accompagna jusqu'à la capitulation qu'il ne pouvait être question d'une paix séparée avec l'Allemagne. D'autre part, le roi ne révoqua pas les ministres lors de la rupture du 27 mai 1940, comme il en avait le pouvoir. Ceux-ci purent donc exercer leur autorité de gouvernement en exil durant toute la guerre et sans qu'il y eût la moindre suspicion sur la légalité de leur statut à la tête du Congo et des Belges libres. Cela se traduisit par trois escadrilles belges dans la Royal Air Force, par toute la marine de commerce au service des alliés, par la reconstitution d'une force terrestre en Grande Bretagne, qui participa aux combats de la libération, et par les victoires de l'armée du Congo contre les Italiens en Abyssinie. En plus, le Congo belge participa à l'effort de guerre par des livraisons de matières premières alimentaires et minérales, cuivre, étain tungstène et, surtout, uranium. En tout, 100 000 belges participèrent directement à l'effort de guerre.

Pendant ce temps, en Belgique, le roi Léopold III, en 1941, épousa madeloiselle Lilian Baels, ce qui ne correspondait pas avec le statut de prisonnier dans lequel il affirmait se trouver. Ce mariage fut considéré comme une maladresse, pour le moins, alors que les soldats prisonniers en Allemagne ne savaient pas quand ils pourraient rentrer en Belgique pour y retrouver leurs familles. Mais l'autorité du cardinal Joseph Van Roey avait imposé que le roi épouse sa maîtresse, un roi catholique ne pouvant vivre en concubinage.

Sous le joug nazi : pénurie, exploitation, terreur

Voir aussi l'article : Vie en Belgique durant la Seconde Guerre mondiale.

Placée sous une administration militaire dirigée par le général Alexander von Falkenhausen, la Belgique occupée est soumise comme partout en Europe occupée au pillage économique et alimentaire, ainsi qu'au règne de la pénurie et du système D. L'inflation sévit, le marché noir et les trafics en tous genres prospèrent.

Sous l'autorité du patron de la toute-puissante Société Générale, le gouverneur Alexandre Galopin, le patronat belge accepte de travailler pour l'Allemagne, mais à condition qu'il ne s'agisse pas de produits à destination militaire. C'est la doctrine Galopin qui répond à la demande formulée par le gouvernement belge faite aux représentants des grandes entreprises et des banques d'avoir à assurer la vie économique de la Belgique sous l'occupation, dans une situation "acrobatique" consistant à collaborer pour éviter les déportations et nourrir la population, mais sans aider l'Allemagne dans son effort de guerre. Il s'agit d'organiser un double jeu pour éviter le pire. Les secrétaires généraux des ministères sont donc dans une situation difficile. Certains sont révoqués par l'occupant et sont remplacés par des sympathisants du nazisme. En fin de compte, certaines entreprises collaborent jusqu'à participer, de fait, à la production de guerre allemande et certains fonctionnaires feront de même. Les réfractaires sont démis par le gouverneur allemand ou même arrêtés. Le gouverneur de la société générale de Belgique, Galopin, sera même assassiné par des collaborateurs de l'Allemagne qui considèrent qu'il roule les Allemands.

À partir de 1942, l'occupant instaure un travail forcé pour les ouvriers et les jeunes de Belgique, qui s'effectue sur les chantiers du Mur de l'Atlantique puis surtout dans les usines de guerre en Allemagne nazie même. Le Service du travail obligatoire touchera plusieurs centaines de milliers de personnes, sans oublier les nombreux volontaires déjà partis auparavant travailler outre-Rhin (en général pour fuir le chômage et la pénurie).

Des exactions allemandes comparables à celles de 1914 ont marqué la conquête de la Belgique, ainsi lors du massacre de Vinkt le 27 mai 1940. Par la suite, en représailles aux attentats de la Résistance qui commencent en 1941, l'occupant procède à l'exécution de 240 otages de l'automne 1941 à juillet 1944. Entre mi-juillet et début septembre 1944, 65 autres sont assassinés sur ordre de la nouvelle administration civile SS. Les huit derniers mois de l'Occupation, en 1944, seront de loin les plus brutaux, avec un record d'arrestations et la multiplication des exactions par les Allemands et leurs collaborateurs. Le sinistre fort de Breendonk, près d'Anvers, à la fois lieu de torture, d'exécutions et d'internement de même qu'antichambre des camps de concentration nazis pour des milliers de personnes, est resté le symbole de la terreur et de la répression en Belgique.

La Shoah en Belgique

À partir de l'été 1942, la Solution Finale est mise en œuvre en Belgique. Pour ne pas braquer l'opinion publique, les Allemands ne s'en prennent habilement qu'aux seuls Juifs étrangers, et exemptent les Juifs belges de la déportation (or plus de 90 % des 70 000 Juifs présents en Belgique en 1940 sont des immigrés).

Les ordres allemands sont relayés au sein de la communauté juive par le biais des notables de la très controversée Association des Juifs de Belgique, dont ils ont imposé la création. Les SS profitent aussi de la passivité des secrétaires généraux des ministères (en charge de l'administration, en l'absence des ministres partis à Londres), qui ne protesteront jamais contre les déportation sauf à l'automne 1943 lorsque les Allemands rafleront et formeront tardivement un convoi de Juifs belges. Ne disposant eux-mêmes que d'effectifs dérisoires, les Allemands ont besoin pour appliquer leur politique de l'aide des autorités belges. Le bourgmestre de Liège livre la liste des juifs habitant la ville, celui d'Anvers accepte de distribuer les étoiles jaunes obligatoires et prête sa police aux rafles de l'été 1942. Inversement, le bourgmestre de Bruxelles, Jef Van de Meulebroeck, refuse fermement de collaborer à la persécution et est déporté. Les conséquences de ces choix opposés sont très visibles : à Anvers, 65 % des Juifs de la métropole seront déportés, contre 37 % de ceux de Bruxelles.

En 28 convois, 24 916 Juifs de tous âges ont été déportés à Auschwitz-Birkenau depuis le camp de transit installé par les SS à Malines dans la caserne Dossin, antichambre de la mort. 15 766 victimes ont été gazées dès leur arrivée, dont les 5 000 enfants déportés, les vieillards, les invalides inaptes au travail forcé et une majorité de femmes. Les autres déportés, condamnés à la mort lente par l'enfer concentrationnaire, ont succombé au travail forcé, aux traitements inhumains, à la faim ou aux marches de la mort. À la fin du IIIe Reich en mai 1945, seuls 1 203 déportés juifs de Belgique sont encore en vie, soit à peine 5 % de ceux qui sont partis[23].

En à peine deux ans, les Juifs de Belgique ont ainsi été exterminés à 44 %. Par ailleurs, le 15 janvier 1944, les nazis déportent depuis Malines 351 Tziganes de Belgique et du Nord-Pas-de-Calais français: 15 seulement reviendront d'Auschwitz-Birkenau. C'est ainsi 70 % de la communauté rom qui a été anéantie d'un seul coup[24].

De nombreux belges se dévouèrent pour sauver des Juifs et notamment pour cacher des milliers d'enfants proscrits. A cette heure, la Belgique compte environ 1 500 Justes des Nations reconnus par Yad Vashem.

Résistance et collaboration

Affiche de recrutement de la SS Wallonie

Pendant cette période troublée, la collaboration apparait plus importante en Flandre. En fait, une attitude politique en Flandre - parfois séparatiste et pronazie, parfois pas - qui vise à poursuivre les buts du mouvement flamand sous l'Occupation, rend celle-ci plus visible et peut-être plus importante si l'on prend en compte les dossiers ouverts par la Justice pour faits de collaboration (62 % des condamnés pour collaboration seront flamands)[25].. En Wallonie, la Résistance est plus évidente et efficace, notamment par le nombre plus élevé des attentats (80 % des sabotages commis à travers l'ensemble du pays), la présence de 70 % de la presse clandestine, et un sous-bassement tant idéologique (communistes, socialistes, chrétiens, prêtres, patriotes belge de droite et de gauche, mouvements wallons), que sociologique (la plus grande industrialisation) plus favorables[26]. 79 titres de journaux de la Résistance sur 95 sont de langue française[27]. 26 016 (60,3 %), prisonniers politiques sur 43 113 sont wallons ou francophones[28].

Des réseaux d'évasion fonctionnèrent dès la fin de 1940 pour permettre aux Belges qui voulaient quitter le pays de gagner l'Angleterre afin de participer à la guerre. Un réseau, le réseau Comète ((en) Comet Line), était spécialisé dans l'évacuation de pilotes des aviations alliées dont les appareils avaient été abattus lors des raids aériens de la R.A.F. et de l'U.S.Air Force. Ces réseaux clandestins s'étendaient à la France et à l’Espagne.

Il convient de lire ce qui se rapporte à la résistance avec le sens de la nuance et en répudiant tout manichéisme: la Flandre n'a pas été que collaboratrice et Bruxelles et la Wallonie n'ont pas été que résistants. Sur l'ensemble des résistants arrêtés, 43 % l'ont été en en Wallonie, 35 % en Flandres, et 22 % à Bruxelles[29].

En tout, plus de 30 000 résistants ont subi l'arrestation, dont 15 000 perdront la vie[30]. Plus de 6 000 déportés politiques belges ont péri dans les camps de concentration nazis[31]. La collaboration a, quant à elle, concerné plusieurs dizaines de milliers d' "inciviques" belges.

Le courant rexiste a perdu de son influence (4 députés en 1939 contre 26 en 1936), et les déclarations de Léon Degrelle sur la germanité des Wallons en janvier 1941, à Liège, le discréditent. Le fait que Degrelle se soit engagé dans la collaboration militaire en est peut-être un signe. La 28e division SS Wallonie représentera la part la plus importante de la collaboration militaire avec l'Allemagne.

Tandis que les collaborateurs sont de plus en plus isolés et haïs, la Résistance active est de plus en plus manifeste (presse clandestine, sabotages, voire affrontements directs avec les troupes allemandes au moins dans les derniers jours), et sans jamais rassembler plus de 3 % de la population, elle jouit de la sympathie croissante de l'écrasante majorité des Belges.

Le Roi et le Gouvernement : la Question royale

La résistance passive de la population se traduit par le mauvais gré avec lequel on subit les réquisitions, par les dissimulations de biens susceptibles d'être saisis et parfois par de la complicité avec les réfractaires au travail obligatoire. On a parfois ce comportement populaire été comparée à celui du Roi. Dans la mesure où l'on doit considérer la monarchie constitutionnelle comme une haute magistrature d'influence, il convient de signaler que, via certains membres de son Cabinet qui le couvrent, particulièrement le Comte Capelle, le Roi est resté en contact avec les éléments belges qui administraient la Belgique occupée, parfois des collaborateurs comme le gouverneur du Limbourg, ainsi que les Allemands. Il a pu donner le sentiment à des collaborateurs intellectuels comme Robert Poulet qu'il l'encourageait. Mais, par contre, dans son entourage on favorisa la résistance par des livraisons d'armes au M.N.R., le mouvement national royaliste.

Contrairement à une opinion fort répandue, le roi Léopold III n'est pas resté absolument inerte face aux abus allemands en matière de persécution et de déportation. On a su, après la guerre, qu'il avait envoyé des lettres au führer Adolph Hitler pour protester contre les déportations. En réponse, il fut menacé d'être lui-même déporté et la persécution, ainsi que la déportation des Juifs, les exécutions d'otages et l'envoi de centaines de milliers de travailleurs forcés au STO en Allemagne continuèrent. Si le roi n'a pas personnellement collaboré, des historiens soulignent ses tendances politiques interventionnistes voire autoritaires d'avant-guerre. Celles-ci étaient favorisées par l'instabilité parlementaire et ministérielle qui justifiaient à ses yeux de vouloir exercer une autorité renforcée à la tête de l'Etat. Ainsi, dans le courant du mois de mai 1940, alors que tout paraît indiquer que la Belgique est à la veille de la guerre, une crise ministérielle avait failli éclater à la suite d'une tentative du parti catholique de vouloir scinder linguistiquement l'enseignement. Mais le roi avait refusé la démission du gouvernement. Après la défaite, de nombreux Belges étaient partisans de tirer parti de la défaite pour voir instaurer un exécutif fort, voire une "dictature royale". En décidant dès juillet 1940 d'interdire au Roi toute activité politique, c'est sans doute Hitler lui-même qui a le mieux gardé Léopold III de cette tentation[32]. De toute façon, sa situation de prisonnier dans son palais le plaçait sous l'article de la Constitution belge déclarant le roi dans l'impossibilité de règner. De fait, il savait qu'en l'absence d'un gouvernement et d'un parlement, il se trouvait hors d'état d'exercer le pouvoir exécutif, à faute de quoi il se serait trouvé hors la loi.

D'abord très populaire en 1940 pour être resté au milieu de son peuple, le Roi se retrouve progressivement en décalage croissante avec l'opinion publique en ne donnant aucun signe apparent de solidarité avec la cause alliée, car ses démarches auprès d'Hitler restent inconnues. De même, il ne donne pas de suite aux démarches entreprises clandestinement par le gouvernement en exil. Il considère la Belgique occupée comme revenue à la "neutralité" d'avant-guerre. En 1940, il donne des instructions aux ambassadeurs belges via l'ambassadeur en Suisse pour qu'ils adoptent une attitude correcte à l'égard des diplomates allemands qu'ils rencontraient lors de leurs inévitables contacts avec le corps diplomatique de pays dans le monde entier. Il exige aussi le retour à la neutralité du Congo belge -le principal atout militaire, économique et financier du gouvernement Pierlot dans sa lutte aux côtés des Alliés, par ailleurs fournisseur des Alliés en uranium indispensable à la construction de la bombe atomique[33]. Léopold III reconnaît avoir donné ces conseils diplomatiques dans son autobiographie posthume Pour l'Histoire publiée en 2001. Ils tendaient à faire penser que l'état de guerre avait cessé entre la Belgique et le Reich[34].

Durant toute la guerre, cependant, une partie de la Résistance continua à se réclamer du Roi.

Volonté d'entente avec le Roi du Gouvernement

Le gouvernement d'Hubert Pierlot avait prononcé l'impossibilité de régner dès le 28 mai 1940. Après de nombreuses hésitations suite à la défaite française, plusieurs ministres rejoignent Londres. Tout d'abord Marcel-Henri Jaspar, ministre de la Santé, gagne l'Angleterre dès la fin juin 1940, sans l'accord du premier ministre et sera désavoué, ensuite, début juillet le Ministre des Colonies Albert de Vleeschauwer en mission officielle, sera rejoint en août par le ministre des finances Camille Gutt, puis en octobre 1940 par le Premier Ministre Hubert Pierlot, et Paul-Henri Spaak, ministre des affaires étrangères. Ces derniers, réfugiés en France dans l'espoir que celle-ci continuerait la lutte, avaient été obligés de fuir en traversant clandestinement l'Espagne (sous un gouvernement franquiste acquis à l'Allemagne). Le gouvernement ne lève pas l'impossibilité de régner, mais tente à tout prix de se réconciler avec le Roi qu'il ne désavoue plus publiquement, et même honore à la radio de Londres. L'opinion a pu mal comprendre le remariage du Roi en 1941 avec Lilian Baels, et, probablement, s'en est éloignée dans la suite de la guerre, surtout en Wallonie. Cependant, le gouvernement continuera à rechercher l'entente avec le Chef de l'État. Avec la libération du roi, qui avait été emmené en captivité par les Allemands, le conflit apparaît au grand jour..

Libération du pays et derniers combats (1944-1945)

À partir de 1943-1944, les sabotages et les attentats anti-allemands et anti-collaborationnistes se multiplient, tandis qu'en prélude à l'ouverture du second front, les bombardements alliés frappent durement les cibles stratégiques : ils seront responsables de la mort de près de 10 000 civils belges et en blesseront 40 000 autres.

L'essentiel de la Belgique est libéré en deux semaines au début de septembre 1944. Les Alliés sont à Bruxelles le 7, à Liège le 8. La rapidité de leur avance a rendu sans objet les projets de grève générale et d'insurrection nationale caressés par une partie de la Résistance notamment d'inspiration communiste. La supériorité des chars alliés et l'action de groupes de résistants ont empêché les Allemands de recourir à la terre brûlée. Ainsi, la destruction des installationn portuaires d'Anvers est contrecarrée par la Witte Brigade, mouvement de résistance flamand dont les officiers guident les chars anglais lors de la prise de la ville. À la fin de la guerre, le potentiel industriel du pays est largement intact, ce qui facilite le redémarrage économique rapide.

La politique rigoureuse d'assasinissement monétaire lancée à l'automne 1944 par le ministre des Finances revenu de Londres, Camille Gutt, réduit par ailleurs l'inflation, et grâce aux revenus du Congo belge, la Belgique est le seul pays européen à ne pas être endetté auprès des Etats-Unis. Cela lui donne les coudées franches pour vouloir jouer un rôle international sans être contrainte par le poids de ses dettes, comme les autres pays européens qui avaient été envahis. Quant à la situation intérieure, le "pacte social" négocié dans la clandestinité par une partie des syndicalistes et du patronat inspire la création, en 1945, de la Sécurité sociale sous l'égide du gouvernement d'union nationale présidé par le socialiste Achille Van Acker[35].

Tandis que l'épuration spontanée ou légale s'abat sur des milliers de collaborateurs, le gouvernement Pierlot rentre à Bruxelles le 8 septembre et fait confier la régence le 21 au prince Charles de Belgique. Les partis politiques se reconstituent. Malgré la vive protestation du Parti communiste belge, qui quitte le gouvernement, le désarmement des anciens résistants est décidé en novembre 1944.

La libération n'arrête pas la guerre : la Belgique reste tout l'hiver sur la ligne de front. En octobre-novembre 1944, Hitler déchaîne les V1 et les V2 sur Anvers et Liège : environ 12 000 de ces premiers missiles de l'Histoire tombent sur des cibles civiles, tuant 6 500 personnes et en blessant 22 500 autres[36]. Fin décembre, la bataille des Ardennes entraîne de nouvelles destructions graves dans l'est du pays.

En mai 1945, la fin du IIIe Reich permet le rapatriement de près de 300 000 Belges déportés, prisonniers ou travailleurs volontaires et forcés en Allemagne. Avec la libération du roi Léopold III, elle rouvre aussi la question royale.

L'enlèvement du Roi. Son Testament politique

Le Roi a rompu, de fait, l’alliance avec la France et l'Angleterre. Son Gouvernement s’oppose à lui catégoriquement depuis Paris (discours d’Hubert Pierlot le 28 mai). Il va poursuivre la guerre à Londres alors que Léopold III demeure au pays et adopte une attitude qui relève de l'attentisme ou de l’accommodement mal perçue par la Résistance surtout active dans le pays wallon (voyez la carte des attentats réalisée par l'Université de Liège sur la base des statistiques de la gendarmerie). Le Roi est transféré en Allemagne après le 6 juin 1944.

Auparavant, il a rédigé un Testament politique qui va faire disparaître la volonté du Gouvernement de se réconciler avec lui. Le Gouvernement découvre ce texte peu après la Libération (septembre 1944) et le tient quelque temps secret par peur de troubles civils. Le Roi y traite les Alliés avec froideur, conteste les décisions internationales prises à Londres par le Gouvernement Pierlot, exige de ce dernier et d'autres ministres des excuses publiques, évalue mal les questions communautaires, ignore la Résistance même "léopoldiste", semble ne pas mesurer tout ce que la guerre a modifié. Winston Churchill à la lecture du document reprendra le fameux mot appliqué aux Bourbons après la Révolution française: Il n'a rien oublié et rien appris.[37].

Le Roi est libre mais ne peut rentrer en Belgique

Libéré par les Américains de sa résidence surveillée en Autriche en mai 1945, il ne peut rentrer au pays où des grèves menacent. Le Premier Ministre Van Acker lui dit qu'il n'assumera pas le maintien de l'ordre s'il y revient. Un Congrès national wallon se prononce en octobre 1945 pour un fédéralisme étendu à la suite du Discours de F.Dehousse sur le fédéralisme, à la fois leçon de droit public et discours engagé à travers lequel on peut lire l'esprit du fédéralisme belge et les raisons pour lesquelles la Wallonie choisit l'autonomie.

Suite disponible à : Histoire de Belgique de 1945 à 1993

Notes

  1. John Horne, Alan Kramer, Les atrocités allemandes, Tallandier, Paris, 2005, p.29
  2. Laurence Van Ypersele, Le Roi Albert, Histoire d'un mythe, Mons, éditions Labor, 2006, 532 p. (ISBN 2-8040-2176-9) , p. 24.
  3. Laurence Van Ypersele, op. cit., p. 85 et note 212.
  4. Roger Keyes, Un règne brisé, Belgique-loisir, Ath, 1984, p. 33
  5. Voir Thibaud Naniot, Figures belges lors du centenaire en 1930, in TOUDI,, n°68, avril-mai-juin 2005. Les livres de l'iconographie sont Un siècle de gloire, La Patrie belge, La Belgique centenaire, Grande fête militaire, rétrospective, Les grandes figures de la Belgique, Le livre d'or de la Belgique
  6. S.Jaumain, M.Amara, B.Majerus, A.Vrindts: Une guerre totale? La Belgique dans la Première Guerre mondiale, AGR-AR, Études sur la 1re guerre mondiale, Bruxelles, 2005
  7. Els Witte et Jan Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 à nos jours, Labor, Bruxelles, 1987, p.218
  8. * Velaers et Van Goethem, Leopld III. De Koning. Het Land. De Oorlog, Lanoo, Tielt, 1994.Philippe Destatte, L'identité wallonne, Institut Jules Destrée, Charleroi, 1997, pp. 166-172. Sœur Michèle Libon, Georges Truffaut, Institut Jules Destrée, Charleroi, 2002. Els Witte et Jan Craeybeckx, La Belgique politique de 1830 à nos jours, op. cit., p.244
  9. Servir , Gén. Gamelin, 2 vol., Ed. Plon, Paris 1946-1947
  10. Le 18e jour, Colonel Remy, page 67, Ed. France Empire, Paris 1976.
  11. Léopold III en l'an 40, Jean Cleeremans, Ed. Didier Hatier, Bruxelles 1985.
  12. Léopold III en l'An 40, Jean Cleeremans, pages 35 à 37, Incident de Mechelen-sur-Meuse, atterrissage forcé d'un avion de liaison allemand en Belgique. Ed. Didier Hatier, Bruxelles 1985
  13. Léopold III en l'an 40, Jean Cleeremans, pages 55-56, Ed. Didier Hatier, Bruxelles 1985.
  14. Le 18e jour, Colonel Remy, pages 85 à 91, Ed. France Empire, Paris 1976.
  15. Un règne brisé, Amiral anglais Roger Keyes, page 151, Ed. Martin, Secker & Warburg, Londres 1984.
  16. Léopold III ou le choix impossible, Robert Aron, pages 284, 285, 286, Ed. Plon, Paris 1977.
  17. Le 18e jour, Colonel Remy, pages 84,85,86, Ed. France Empire, Paris 1976.
  18. Le 18e jour, Colonel Remy, pages 87 à 91, Ed. France Empire, Paris 1976.
  19. Lord Keyes, Outrageous Fortune, page 328, Ed. Marin, Secker and Warburg, Londres 1984.
  20. Lord Keyes, Outrageous Fortune, page 318, Ed. Martin, Secker and Warburg, Londres 1984.
  21. LE 18e JOUR, Colonel Remy, pages 348 et 349, Ed. France Empire, Paris 1976.
  22. a et b * Henri Bernard, Panorama d'une défaite, Duculot, Gembloux, 1984.
  23. Articles "Déportation", "caserne Dossin" et "Question Juive", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, dir. Paul Aron et José Gotovitch, André Versaille éditeur, 2008.
  24. Ibidem, article "Tziganes".
  25. John Glissen, Étude statistique sur la répression de l'incivisme in Revue de droit pénal et de criminologie, vol. 2, février 1951 pp. 513-628. Frédéric Dumon, La répression de la collaboration avec l'ennemi (1944-1952), in La Revue Générale, janvier-février, pp. 57-65
  26. Paul Delforge, article Résistance dans l'Encyclopédie du Mouvement wallon, Tome III, Institut Destrée, Charleroi, 2001, pp.1401-1405). Voyez aussi la carte des attentats réalisée par l'Université de Liège sur la base des statistiques de la gendarmerie.
  27. José Gotovitch, Photographie de la presse clandestine de 1940 in Cahiers d'histoire de la Seconde guerre mondiale, octobre 1972, p. 176
  28. Étienne Verhoeyen, La Belgique occupée, De L'an 40 à la Libération, De Boeck, Bruxelles, 1994, p.341
  29. Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit., p. 369
  30. Ibidem, p. 392
  31. Ibidem, p. 81
  32. Article "Roi", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, dir. Paul Aron et José Gotovitch, André Versaille éditeur, 2008.
  33. Articles "Roi", "Question royale", "Diplomatie" et "Congo belge", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit.
  34. Jean Stengers, Léopold III et le Gouvernement, Duculot, Gembloux, 1980, Velaers et Van Goethem, op. cit.
  35. Articles "Après-Guerre" et "Pacte social", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit
  36. Article "Bombardements", in Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, op. cit.
  37. Jean Stengers, Léopold III et le gouvernement , Duculot, Gembloux, 1980

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