Histoire des Roumains

Histoire des Roumains

Histoire de la Roumanie

Sommaire

Chronologie

  • Ie siècle siècle avant notre ère : Les romains latinisent les Illyres, les Celtes, les Thraces vivant dans les Balkans.
  • VIe siècle siècle : Installation des slaves parmi les latins et arrivée des cavaliers turcophones bulgares qui fondent un royaume s'étendant sur les actuelles Serbie, Roumanie, Moldavie, Macédoine et Bulgarie. Ce royaume adopte la langue slavonne et le christianisme : c'est la première Bulgarie, mais la moitié de sa population est latinophone ("Valaques"). En Europe, Byzance ne garde que la Grèce et les côtes de la presqu'île des Balkans.
  • Xe siècle siècle : Byzance détruit la Bulgarie avec l'aide des Russes et des cavaliers turcophones de la steppe. Schisme entre Rome et l'Orient. Apparition du Bogomilisme, ancêtre du Catharisme. Les "valaques" roumanophones vivent désormais au sein de petits duchés, les "canesats", éparpillés depuis les pays tchèques jusqu'à la Thessalie et de l'Adriatique à la Mer Noire, connus comme "romanies" ou "valachies", et vassaux de Byzance, des turcophones, ou du royaume tchèque de Moravie.
  • XIe siècle et XIIe siècle siècles : Au nord du Danube, les finnois Magyars fondent la Hongrie, vassalisent les "canesats" de Transylvanie et adoptent le catholicisme. Au sud du Danube, les roumanophones chassent les grecs byzantins et fondent un royaume à la place de l'ancienne Bulgarie. Ce "royaume de Valaquie" (Regnum valachorum) est reconnu par la papauté et les puissances de l'époque en 1187.
  • XIIIe siècle siècle : Invasion occidentale et catholique à Byzance (Quatrième croisade). Les occidentaux attaquent la Valaquie mais leur chef Baudouin des Flandres est tué. Grande invasion mongole en 1223 (Tatars) : la Valaquie comme ses voisins est ravagée. En 1247 les slavons succèdent aux roumanophones : la seconde Bulgarie remplace la Valaquie. Les grecs reprennent Byzance en 1261 mais déjà les turcs s'installent en Anatolie. Les peuples orthodoxes sont pris entre les catholiques à l'ouest et les musulmans à l'est : tout est déjà en place pour les futures guerres des Balkans. Au nord du Danube les "canesats" sont vassaux de la Hongrie, de la principauté slave de Galicie ou des Tatars. Entre les "canesats" vivent des populations slavonnes et iranophones (Iasses).
  • XIVe siècle siècle : Pendant que les turcs occupent les Balkans, les roumanophones fondent au nord du Danube les principautés de Moldavie et Valachie, qui seront vassales des turcs mais garderont leur autonomie jusqu'en 1878. Comptoirs italiens sur la Mer Noire et le Danube. La Transylvanie est aussi une principauté, vassale de la Hongrie.
  • XVIe siècle siècle : La vassalité turque remplace la hongroise en Transylvanie. Apparition du servage. Développement du protestantisme aux dépens du catholicisme (mais les roumains restent orthodoxes à 80 %).
  • XVIIe siècle siècle : La vassalité autrichienne remplace la turque en Transylvanie. Une partie des orthodoxes de Transylvanie accepte l'autorité de Rome : ce sont les "uniates" ou "gréco-catholiques".
  • XIXe siècle siècle : L'Empire russe annexe la moitié est de la Moldavie (actuelle République de Moldavie). Révolutions républicaines en 1821 et 1848. Fondation en 1859 de la "petite Roumanie" par l'union entre Moldavie occidentale et Valachie. En réaction, annexion de la Transylvanie par la Hongrie en 1867 dans le cadre autrichien. Alliée aux russes, la petite Roumanie devient totalement indépendante en 1878 et aide la troisième Bulgarie (celle d'aujourd'hui) à gagner la sienne contre l'Empire Ottoman.
  • XXe siècle siècle : En 1918, les territoires austro-hongrois et russes peuplés de roumanophones (Transylvanie, Bucovine, Moldavie orientale dite Bessarabie) élisent des députés, proclament leur indépendance puis leur union à la Roumanie, qui avait combattu au côté des Alliés.
  • 1921-1923 : Réformes (vote des femmes, naturalisation des tziganes et des réfugiés juifs, partage des grandes propriétés).
  • 1938 Dictature antifasciste du roi Charles II, qui réprime la "Garde de fer" fasciste et le P.C. La Garde de fer organise des attentats, tue plusieurs ministres et intellectuels démocrates, et s'en prend aux juifs et aux tsiganes.
  • Octobre 1940 : Charles II est renversé, la junte fasciste du "Pétain roumain" Ion Antonescu s'allie à Hitler contre Staline.
  • Août 1944 : Michel Ier, fils de Charles II, renverse Antonescu et déclare la guerre à l'Allemagne.
  • Mars 1945-Déc.1989 : Staline reprend à nouveau la Moldavie orientale. Régime totalitaire communiste.
  • Janvier 1990 : rétablissement de la démocratie parlementaire.

La Préhistoire

Le couple de penseurs de Hamangia

L'actuelle Roumanie, située dans l'Europe du Sud-Est, se trouve dans la zone où l'agriculture a pénétré en premier sur ce continent, dès le 8-ème millénaire avant le présent. Plusieurs civilisations préhistoriques différentes, reconnaissables au style de leurs sépultures, poteries, sculptures, bijoux et outils, s'y sont succédé : aux 4-ème et 3-ème avant notre ère, celles de Sălcuţa, Hamangia, Gumelniţa, Cucuteni-Tripolie ; au début du 2-ème millénaire celles de Delul Melcilor-Glina et de Cucuteni II... Faute de connaître les noms qu'elles se donnaient et leurs langues, ces populations sont appelées, d'après Hérodote et Homère, mais un peu abusivement (car ces deux auteurs se réfèrent à la Grèce seulement) : "Pélasges". Au XII-ème siècle avant notre ère, une crise climatique[1] se manifeste (comme ailleurs en Europe) par l'abandon d'un certain nombre de sites : à ce moment, cela faisait plusieurs siècles déjà que de nouvelles populations, venues d'Anatolie et du nord de la Mer Noire, étaient en train de s'installer à leur tour dans la région : ce sont les Indo-Européens, auxquels on doit la civilisation de Tei-Monteoru et celle des "tombes à ocre rouge"[2].

L'Antiquité

Thraces, Scythes, Celtes et Romains

La ligne Jireček

Les populations indo-européennes les plus nombreuses dans la région furent les populations de langues thraco-illyriennes, connues sous les noms de Thraces et Illyres, et appelés au nord du Danube "Gètes" (par les auteurs grecs) ou "Daces" (par les auteurs romains) ; les historiens parlent de Géto-Daces. Les Thraces étaient présents dans toute la partie orientale de la péninsule des Balkans ainsi que dans le bassin du bas-Danube au nord du fleuve, jusqu'au Boug méridional ; à l'est des Carpates, ils s'entremêlaient de Scythes. Au IV-ème siècle avant notre ère s'ajoutèrent les Celtes, représentés ici par des Scordisques (ou Scordices) et des Bastarnes (ces derniers, mêlés de Germains), et appelés par les auteurs grecs : Galates[3]. Enfin, à partir du premier siècle avant notre ère au sud du Danube, et du second siècle de notre ère au nord, l'Empire romain étendit sa domination sur la région et, procédant à de nombreux transferts de populations et de colons, romanisa les populations au nord d'une ligne correspondant en gros au Grand Balkan actuel (au sud, elles furent hellénisées[4]).

Les Thraces en général

Article détaillé : Thraces.

Les Thraces sont mentionnés par Homère dans l'Iliade, mais en l'absence d'autres écrits, seuls les trésors des rois et des aristocrates permettent une approche de la culture thrace. Les royaumes thraces étaient des états religieux gouvernés par des dynasties de rois-prêtres (polistes) à la tête de troupes de cavaliers aristocrates (tarabostes) et de paysans guerriers (comates c'est à dire chevelus). Les nombreuses résidences fortifiées (dava) correspondent à des capitales temporaires, quand le roi y réside. Les Thraces sont refoulés vers l'est et coupés de l'Adriatique par les Illyriens puis par les Macédoniens. A partir du VIe siècle av. J.-C. l'aristocratie thrace, surtout les Besses, les Daces et les Odryses ont des échanges avec les Grecs, utilisent l'alphabet grec pour leur langue et constituent de puissants royaumes. La monarchie n'y est pas héréditaire et ces royaumes se fragmentent souvent à la mort de leur souverain. Les côtes (Mer Égée au sud, Mer Noire à l'est) sont colonisées par les Grecs au VI-ème siècle avant notre ère, conquises par les Perses de Darius Ier en - 515 et délivrées par Philippe II de Macédoine en - 342.

Hérodote a écrit : « La nation des Thraces est, après celle des Indiens, la plus importante du monde. S'ils avaient un seul roi et s'ils pouvaient s'entendre entre eux, ils seraient invincibles et, d'après moi, beaucoup plus puissants que toutes les nations. »

Sitalcès, le roi des Odryses (le plus puissant des royaumes thraces de cette période) est l'allié des Athéniens dans la guerre du Péloponnèse. Après sa mort commence une période de déclin malgré les essais d'unification des Thraces sous Cotys Ier, Kersobleptès et Burebista.

Le Ier siècle av. J.-C. est considéré comme l'âge d'or de la civilisation thrace, avec les royaumes Odrysse (au sud du Danube) et de Burebista (au nord du Danube).

Article détaillé : Royaume des Odryses.

Les Géto-Daces

Article détaillé : Daces.
Décébal sur la colonne Trajane (Rome)

Les Gètes (pour les auteurs grecs) ou Daces (pour les auteurs latins) étaient des Thraces septentrionaux. Illyres, Thraces, Scythes, Phrygiens étaient des indo-européens de langues iraniennes. La première mention de Géto-Daces est faite par Hérodote en -513 : au sud du Danube, une confédération tribale des Gètes a été défaite par l'empereur perse Darius le Grand pendant sa campagne contre les Scythes.

Hérodote a écrit : « Parmi les Thraces, les plus vaillants sont sans conteste les Gètes. »

Premier roi de la confédération dace, Burebista a accédé au trône vers -82 et a régné jusqu'en -44. Son royaume fédéra tous les Thraces du nord, à cheval sur le bas-Danube, jusqu'aux monts Haemos. La capitale politique et religieuse du nouvel État, Sarmizegetusa, se trouvait dans les monts d'Orăştie, en Transylvanie, à Grădiştea de Munte. Les Géto-Daces croyaient en deux mondes et en l'immortalité de l'âme, sous forme d'une continuation du "soi" après la mort dans un autre monde où Zalmoxis les attend (Zalmoxis étant apparemment un Poliste pythagoricien, prophète du dieu créateur Gabeleisos). De grands calendriers circulaires et parfois des sacrifices humains ont été les marques de cette religion.

La seconde moitié de ce siècle a vu naître un État dace centralisé, grâce à plusieurs rois, dont le plus connu est aussi le dernier : Décébale (87-106 apr. J.-C.).

Dans l'historiographie roumaine moderne, la Dacie joue le même rôle que la Gaule dans l'historiographie française, et la plupart des Roumains considèrent les Daces comme leurs ancêtres directs. Les Aroumains, eux considèrent descendre des Thraces vivant au sud du Danube[5].

Les Romains

Article détaillé : Empire Romain.
La colonne Trajane à Rome

En 29 avant notre ère, la Thrace septentrionale le long du Danube, passe sous domination romaine et forme la province de Mésie. Le royaume des Odryses reste fidèle à Rome, mais d'autres s'y opposent et sont soumis par la force. De nombreux Thraces sont pris comme esclaves: leur caractère rebelle et combatif les destine fréquemment à la carrière de gladiateurs (le plus connu d'entre eux est Spartacus). Le royaume odryse sera intégré à son tour en 45 de notre ère. La puissance militaire des rois daces, leurs campagnes hivernales de pillage en Mésie inquiétaient et exaspéraient Rome. Le nouvel empereur Trajan (98-117 de notre ère) décida d'attaquer Décébale et de le soumettre. Il y parvint au bout de deux guerres sanglantes, relatées sur les bas-reliefs de la Colonne Trajane. Ce monument d'art romain, qui s'élève dans le Forum de Trajan à Rome, est une chronique impressionnante des guerres daces et un lieu de mémoire pour les Roumains modernes.

Pendant la première guerre dace (101-102 de notre ère), Trajan engage près de la moitié de l'armée romaine. Après deux ans de combats, il occupe le territoire. Les Daces s'engagent à fournir des hommes à l'armée romaine et à raser leurs fortifications, mais ne s'y tiennent pas. La seconde guerre dace (105-106 de notre ère) commence par une attaque des Romains, durant l'été de l'an 105, et s'achève par le suicide de Décébale et la mise en place du contrôle de Rome sur les deux tiers du territoire actuel de la Roumanie (Dacia Felix), en laissant le nord aux Daces libres (Costoboces et Carpiens : ces derniers ont laissé leur nom aux monts Carpates).

Au sud du Danube, l'occupation romaine dura six siècles ; au nord, 165 ans. En 271 apr. J.-C. l'empereur Aurélien décide de retirer l'armée et les provinciaux (en latin : provinciales chez les historiens Eutrope et Flavius Vopiscus) pour les répartir au sud du Danube, du fait de la pression des Germains migrants venus du Nord, les Goths. La province de Dacia est transférée au sud du Danube (Dacia ripensis et Dacia mediterranea).

La romanisation

Article détaillé : Thraco-Romains.
L'empereur Constantin Ier

En 330, l'empereur de Rome Constantin Ier prend le parti d'établir une nouvelle capitale aux confins de l'Europe et de l'Asie, sur l'emplacement d'une ancienne colonie grecque nommée Byzance, et lui donne le nom de Nova Roma, la Nouvelle Rome, mais on l'appellera plutôt Constantinople. Au cours des siècles suivants, Constantinople et l'empire romain d'Orient (dit "byzantin") maintiennent l'Empire et l'influence romaine dans la moitié orientale des possessions de Rome, tandis que la moitié occidentale est remplacée par des "Royaumes barbares" (Suèves, Vandales, Wisigoths, Francs, Burgondes, Ostrogoths, Lombards).

L'Empire, dont le nom officiel est "Romania", est désormais chrétien et demeure un état de droit régi par le Code Justinien. Les Empereurs, ou Basileus, non héréditaires même s'il y eut des dynasties, règnent "par la volonté du Sénat et du Peuple Romain": ils ne sont pas les "représentants" de Dieu sur terre mais ses "esclaves". Ce christianisme du premier millénaire ne connaît ni direction unique (il y a 5 Patriarches: à Jérusalem, à Rome, à Constantinople, à Antioche et à Alexandrie), ni célibat des prêtres, ni "purgatoire", et le Saint-Esprit provient seulement de Dieu, non du Christ, ce qui implique que Dieu peut sauver toute âme humaine, chrétienne ou non, et que toute âme est sacrée : il n'est dont pas question de convertir qui que ce soit par force, et il n'y a ni inquisition, ni expansion militaire. Après le Schisme de Rome en 1054, les quatre autres Patriarches restent fidèles à cette théologie et à ce droit canon initial : c'est l'Orthodoxie.

Autour des Carpates se succèdent divers peuples migrateurs poussés par les changements climatiques des Ve, VIe et VIIe siècles: au VIIIe siècle, un nouvel état se met en place sur le bas-Danube, tant au nord qu'au sud du fleuve. C'est la "Bulgarie danubienne" (il y en a une autre sur la Volga). À l'origine, les Bulgares sont des cavaliers turcophones, comme les Avars avant eux; les populations de leur Royaume sont des Albanais, des Serbes, des Slavons et des Romans. Les Bulgares adoptent le Slavon comme langue usuelle et officielle, bientôt écrit à l'aide de l'alphabet cyrillique; et la Bulgarie danubienne devient un Tzarat chrétien . Dans ce royaume, les Romans, mentionnés dès 586 dans les chroniques byzantines de Théophane et de Simocate, habitent plutôt le pourtour des montagnes, alors que les plaines sont à majorité slave et les côtes: grecques.

Article détaillé : Origine des roumanophones.

Le Moyen-Âge

Période byzantine

Article détaillé : Langues de Byzance.

À partir du VIIe siècle les Romans apparaissent dans les documents sous leur nom germanique de Valaques. Le Slavon restera leur langue officielle (liturgique et diplomatique) jusqu'au XVIIe siècle.

Les chroniques de Procope, au Ve siècle, mentionnent au sud de Danube des lieux nommés Sceptecasas (« sept maisons »), Purgulatu (« cours large »), Loupofontana (« fontaine du loup ») et Gemellomountes (« montagnes jumelles »). À cela on peut ajouter les innombrables toponymes, encore visibles sur toutes les cartes d'état-major des XIXe et XXe siècles, du type: Campolongo, Codru, Cojeni, Custura, Florina, Montana, Monteroš, Petrossa, Romania Planina, Stari Vlah, Rionegro, Taurli, Valaška, Vlahina, Vlahitsa, Vlašina, Vlasia, Vlasić... qui outre la Roumanie et la Moldavie actuelles, parsèment aussi la Bosnie, la Dalmatie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce du nord et la Bulgarie actuelles.

Ce que les historiens roumains appellent "Vatra straromână" (le foyer ancestral roumain) est une vaste zone à cheval sur tout le bas-Danube, qui dépasse les frontières des états-nations actuels et où les Romans vivaient mêlés à d'autres peuples, dont des Slaves.

Les Valaques sont présents au nord et au sud du bas-Danube, par groupes épars (que les historiens nomment "Romanies populaires", et que les chroniques nomment "Valachies", en grec Valacheia, en allemand Walchengaue, en magyar Vlachföldek, en slave Vlashiny ou Volokhiny). De 971 à 1020, le Basileus Basile II le "Voulgarochtone" (tueur de Bulgares) détruit le Royaume de Bulgarie au sud du Danube: de nombreux Slavons et Valaques se réfugient alors auprès de leurs compatriotes vivant au nord du Danube, et se placent sous la protection du Royaume de Hongrie (voir chapitre suivant). Mais il en reste assez au sud du Danube, pour qu'en 1186 les Valaques de Bulgarie fondent, avec les dynasties Deleanu, Caloianu et Asen, un Royaume Valaque (Regnum Valachorum dans les documents d'époque, mais que les historiens bulgares le nomment "Second Empire bulgare")[6]. Ce Regnum Valachorum s'étend de l'actuelle Albanie à la Mer Noire et du Pinde aux Carpates méridionales: il dure 60 ans. Il sera remplacé, au sud du Danube, par les Tzarats bulgares d'Ohrid, Vidin et Trnovo, et au nord du Danube par des banats valaques vassaux de la Hongrie: Severin, Litovoi, Arges, Muscel. À partir de ce moment (1256) le destin des Valaques se jouera exclusivement au nord du Danube, tandis qu'au sud ce sont les Slaves et les Turcs qui domineront.

La domination nominale hongroise et catholique

Les Magyars sont une confédération de 7 tribus, surtout finnoises, mais aussi turcophones (dont les Onogoures, qui sont à l'origine de l'ethnonyme Hongrois) originaires de l'Oural. Au VIIIe siècle ils sont dans l'actuelle Ukraine qu'ils appellent Ételköz. En 895 ils s'installent sur le moyen-Danube (ancienne province romaine de Pannonie). Au début, ils ne songent qu'à piller l'Occident (leurs campagnes les amènent en Italie, Allemagne et France), mais après la défaite de Lechfeld en Bavière (coalition du roi Otto II, en 955) ils se sédentarisent en Pannonie, et assimilent les populations locales roumaines, germaniques et slaves (Slovaques au nord, Voïvodats slovènes de Pribina et Kozel à l'ouest, Slavons de l'est).

Le royaume de Hongrie choisit, lors du schisme de 1054, l'obédience politique de Rome, d'où la papauté tente d'étendre sa zone d'influence vers l'est. Cela aura une incindence importante sur l'histoire des Roumains soumis à la couronne hongroise : orthodoxes, il n'auront pas d'aristocratie propre (forcée de s'exiler au-delà des Carpates ou de se convertir au catholicisme et se magyariser pour intégrer la noblesse hongroise), et ils devront attendre 1918 pour accéder à l'égalité de droits avec les Magyars et les Allemands.

Pour désigner les populations latinophones qu'ils rencontrent à l'ouest (italiques) et à l'est (valaques), les Hongrois adoptent le terme germanique de walah qui en magyar donne olasz pour les italiques, et olah pour les valaques.

En Transylvanie, (en roumain Transilvania ou encore Ardeal, en hongrois Erdély), la conquête hongroise des XIIe-XIIIe siècles se fait en ordre dispersé: de conflits armés en mariages et alliances, les chefs magyars tels Ahtum ou Tuhutum prennent progressivement le pouvoir dans les duchés (canesats ou cnézats) valaques et bulgaro-valaques, tandis que les bénédictins de l'abbaye de Morisena (aujourd'hui Cenad) se plaignent que ces magyars adoptent la langue, les moeurs et la foi des "Valaques schismatiques". Quelques Canesats gardent leur autonomie: ce sont les Vlachfölds (Pays Valaques, soit pays Roumains) du Nord (Maramures) et du Sud (Haţeg, Făgăraş...); les autres (Crasna, Lăpuş, Năsăud, Gurghiu, Vlăhiţa, Buzău, Bârsa, Cibin, Montana, Zărand...) sont intégrés soit aux Comitats mis en place par la Couronne, soit aux fiefs donnés aux colons Saxons germanophones (la Bârsa est même fief des Chevaliers Teutoniques de 1211 à 1225), soit encore aux fiefs sicules (les "sicules" ou Székelys sont des tribus d'origine turcophone, ultérieurement magyarisées, installées dans l'est de la Transylvanie). Finalement la Transylvanie est organisée en Voévodat autonome, vassal du Royaume de Hongrie.

Ravagée par les Tatars en 1241, la Transylvanie voit alors les "Valaques" et les "Saxons" confirmés dans leurs droits de désigner leurs juges, les Saxons pouvant en outre élire aussi leur comte (chef régional militaire et civil, dépendant directement du roi). En allemand Transylvanie se dit "Siebenbürgen" qui signifie "Sept citadelles": il s'agit des 7 fiefs Saxons, représentés par sept tours sur les armes de la Transylvanie.

Seule une minorité de nobles Roumains s'intègrent dans la noblesse des Ispans magyars. Le plus célèbre cas est celui de la famille Corvin, qui donnera un Voïvode à la Transylvanie et un roi à la Hongrie, respectivement Iancu de Hunedoara et son fils Matei Corvinu. Quelques autres boyards roumains seront aussi "intégrés": Banu, magyarisé en Bannfy, Bornemisa/Bornemisza, Micu/Mik, Boteanu/Bathiany...

Le pacte "Unio Trium nationum" de 1437 admet comme nations catholiquers, c'est à dire les Magyars, les Saxons et les Sicules; les orthodoxes Roumains, bien que majoritaires dans le pays, sont déclarés "nation tolérée" et, par suite, complètement dépourvus de tout droit social ou politique.

Afin de s'émanciper et soutenus par l'Autriche catholique, une partie des Roumains de Transylvanie se rallieront au catholicisme en 1698 : c'est la naissance de l'Eglise gréco-catholique. Mais il faudra attendre l'influence des "Lumières" (manifestée entre autres par le "Supplex Libellus Valachorum" de 1784, traduit dans le "Mercure de France" et très proche des Déclarations d'indépendance américaine et de la Déclaration de Droits de l'Homme et du Citoyen) pour une vraie émancipation et affirmation de la conscience nationale roumaine.

L'époque des voïvodes

Il ne faut pas confondre les Woïwodies polonaises et leurs woïwodes, qui sont des provinces et leurs gouverneurs, avec les Voévodats ou Voïvodats roumains et leurs Voévodes, qui sont des principautés et leurs princes. Le terme est cependant d'origine slave dans les deux cas (voir voïvode). L'aristocratie roumaine orthodoxe sortie de Transylvanie ("descălecarea": la "descente de cheval" en revenant de la montagne où ils se sont retirés pendant les invasions) a formé les Voïvodats de Moldavie à l'est des Carpates, et de Valachie au sud des Carpates Posada. Les campagnes des voïvodes valaques et moldaves contre les Tatars les ont menés jusqu'à la Mer Noire, où le commerce génois du XIVe siècle leur permet de s'émanciper de la tutelle hongroise, qui pesait sur les Canesats antérieurs. Parmi ces Canesats (Knezats), Curtea de Argeş est figuré dans un "diplôme" des Chevaliers de Saint-Jean de 1247. D'autres sources historiques mentionnent une Ungro-Valachie nord-danubienne encore vassale des Hongrois, et le nom de son prince, grand voévode et seigneur Besserem-Bem, nommé par la suite Basarab I le Fondateur (Basarab Intemeitorul), qui est à l'origine aussi du nom de "Bessarabie". Selon Petre Năsturel, Besserem-Bem pourrait être une déformation turque de Bessarion-Ban, Ban signifiant "Duc" en magyar. Mais selon la plupart des historiens roumains, ce nom viendrait de Besar-Ata : "père sévère" en langues turque, et serait d'origine coumane comme une partie de l'aristocratie valaque et moldave, les Coumans ayant dominé ces deux pays de 1176 à 1223. En 1223, les Tatars à leur tour s'y imposent, mais dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les canesats se dégagent progressivement de leur tutelle en devenant vassaux de la Galicie ou de la Hongrie. La Valachie s'émancipe en 1330 à la bataille de Posada, la Moldavie en 1359 à la bataille de Baia, tandis qu'aux bouches du Danube, la Dobrogée (Scythie mineure) sera indépendante de 1341 à 1402 avant de faire partie de la Valachie.

Sous l'influence ottomane

À peine la Valachie et la Moldavie se sont-elles émancipées au XIVe siècle, que les Ottomans arrivent par le sud, où ils ont encerclé Constantinople et conquis les derniers Tzarats bulgares (1396). La Moldavie et la Valachie devront accepter la vassalité et payer tribut aux sultans. Elle devront aussi céder aux Turcs la Dobrogée (1421) et le littoral moldave (1484): les Ottomans font de la Mer Noire un "lac turc" et en chassent les Génois.

Toutefois, la vassalité envers l'Empire ottoman ne fait pas de la Valachie et de la Moldavie des provinces turques, comme le montrent à tort la quasi-totalité des ouvrages historiques occidentaux. Les deux Principautés restent des états chrétiens pourvus de leurs propres lois, leurs propres assemblées (Sfat), leurs Voïvodes, ambassadeurs, armées, politiques (et maintes fois elles mèneront une politique contraire à l’Empire ottoman). Au XVe siècle les voïvodes Étienne III le Grand (Ştefan cel Mare) en Moldavie et Vlad III l'Empaleur (Vlad Ţepeş ) en Valachie vaincront à plusieurs reprises l'Empire ottoman. Impressionné par ces réussites, le Vatican proclame Étienne le Grand "athlète du Christianisme", en lui promettant soutien complet.

Mais la prise de Constantinople en 1453 isole encore davantage les deux Voïvodats, qui dès lors chercheront des appuis du côté de la Pologne et de la Russie. En 1526, la Transylvanie à son tour devient vassale de la "Sublime Porte" ottomane, qui vient de conquérir la Hongrie Mohàcs. Entre le XVIe siècle et le XIXe siècle, les principautés de Transylvanie, Moldavie et Valachie louvoieront sans cesse entre l'Empire ottoman et les puissances rivales de celui-ci. Vers 1600, le voïvode de Valachie Michel I le Brave (Mihai Viteazul) envahit avec ses armées mixtes (paysans et mercenaires) les Voïvodats de Transylvanie et Moldavie, en réalisant la première réunion des Pays roumains. Toutefois, aucun sentiment unitaire n'anime encore les masses rurales, que Michel a liées à la glèbe pour se concilier les boyards : sa politique échoue et il finit assassiné par ses propres alliés, le général Basta en tête.

L’échec du siège de Vienne par les Turcs en 1683 marque le début du reflux de l’Empire ottoman. Entre 1685 et 1690, les Habsbourg conquièrent la Hongrie et la Transylvanie. En 1718, les Autrichiens conquièrent le Banat, peuplé de Roumains et de Serbes. Ils annexent la Bucovine en 1775, partie Nord de la Moldavie. Pour assurer leur pouvoir, les Habsbourg catholiques entament dans ces nouvelles régions de leur empire une politique de colonisation systématique: Slaves, Allemands et Ukrainiens gréco-catholiques en Bucovine, Italiens, Souabes, Alsaciens, Lorrains dans le Banat... À la fin du XVII s. s'ajoute la colonisation germanophone. On note par ailleurs une importante immigration juive, en provenance des territoires anciennement polonais. Ces bouleversements démographiques s'accompagnent d'un développement économique et intellectuel différentiel qui profite aux nouveaux venus.

Entre tsar et sultan

Transformée en véritable puissance européenne par Pierre le Grand, la Russie entre aussi dans le jeu géostratégique dont la Mer Noire et les bouches du Danube sont l'enjeu. Le Voïvode de Moldavie Dimitrie Cantemir (Dimitrie Cantemir), joue la carte russe et perd: les Ottomans, échaudés par la politique fluctuante des principautés roumaines, imposent à la place des familles princières autochtones,des aristocrates byzantins (parfois descendants de familles impériales), qui résident dans le quartier grecs de Constantinople, le Phanar. Ces Voïvodes, appelés aussi "Hospodars", sont les "Phanariotes". Au XVIIIe siècle la paysannerie Roumaine (serve) était exploitée à l'extrême, et de nombreuses jacqueries éclataient. Certains des Phanariotes, pétris de l'esprit des Lumières, vont tenter d'y remédier : Constantin Mavrocordato abolit le servage en 1749. D'autres ouvrent écoles et hôpitaux, ou modernisent la législation. En Transylvanie autrichienne, c'est suite à la révolution transylvaine de 1784 que l'empereur Joseph II finit par abolir lui aussi le servage.

Après une nouvelle guerre en 1806, la Russie obtient de l'Empire ottoman, par le traité de Bucarest (1812), la partie de la Moldavie située entre le Dniestr et le Prut, nommée depuis lors Bessarabie (auparavant, la Bessarabie n'était que le littoral moldave, appelé par les Turcs Boudjak). L'influence russe va, dès lors conter celle des Turcs sans les Balkans. Une société secrète, l'Hétairie, se constitue à Odessa autour du prince Ypsilanti : elle groupe de nombreux révolutionnaires de toute origine, classe sociale et religion, et son but est de substituer à l'Empire ottoman autocratique, une "République hétairique" multinationale et multiconfessionnelle.

Lors de la Révolution de 1821 en Moldavie et Valachie, le Voïvode est brièvement chassé de son trône par Tudor Vladimirescu. Mais, au lieu de proclamer la République, ce dernier tente de s'asseoir sur le trône et finit exécuté par ses "frères hétairistes". Une nouvelle convention entre Russes et Turcs est établie en 1826. La révolution échoue en Roumanie, et débouchera au bout de huit ans de guerre sanglante sur l'indépendance d'une Grèce diminuée et monarchique, et sur l'établissement d'un protectorat russe en Moldavie et Valachie (régime Kisseleff, "Règlement organique"). L'idée hétairique a vécu: les révolutionnaires se divisent en mouvements nationalistes rivaux (turc, grec, bulgare, serbe, albanais, roumain) qui luttent séparément, chacun pour ses propres réformes, sa propre indépendance.

Durant les évènements de 1848, les révolutionnaires roumains (Nicolae Bălcescu, Avram Iancu...) tentent à nouveau de proclamer la République en Valachie, Moldavie et Transylvanie (en même temps que dans la plupart des capitales européennes), mais durement réprimé par les Ottomans et les Russes, leur mouvement échoue à nouveau.

En 1853, la Russie envahit une nouvelle fois la Moldavie et la Valachie. Soutenu cette fois par la France et le Royaume-Uni, l'Empire ottoman entre en guerre contre la Russie, et les forces franco-britanniques prennent Sébastopol en 1855. Le traité de Paris (1856) oblige les Russes à rendre la Bessarabie méridionale (Boudjak) à la Moldavie, et le Delta du Danube, à l'Empire ottoman.

La Roumanie comme état

Naissance de la Roumanie

Suite à l'échec des révolutions et devant ces invasions à répétition, les réformateurs de Valachie et de Moldavie, instruits en France auprès des mêmes cercles humanistes qu'Émile Ollivier, Jules Michelet et Edgar Quinet, décident de former une union politique durable, et les deux assemblées choisissent en 1859 le même candidat pour conduire leur pays, un militaire de carrière, Alexandru Ioan Cuza. Celui-ci réalise l'union des deux principautés, sous le nom de "Principautés unies de Roumanie", libère les Roms du servage, sécularise les biens ecclésiastiques et rend obligatoire l'enseignement primaire.

Mais un prince autochtone n'a pas un soutien international suffisant pour faire entendre la voix d'un petit pays au carrefour des empires des Habsbourgs, des Russes et des Ottomans. La classe politique roumaine cherche alors un candidat lié aux grandes maisons régnantes en Europe et leur choix se tourne vers les princes allemands de la famille des Hohenzollern-Sigmaringen.

Le château de Peleş, résidence de Charles Ier à Sinaia

Ainsi, Charles I de Roumanie (Carol) est proclamé en mai 1866 prince-régnant sur la principauté de Roumanie, dans laquelle un régime de monarchie constitutionnelle est installé.

En 1867, craignant l'irrédentisme roumain, l'empereur François-Joseph de Habsbourg institue dans ses états la monarchie Austro-Hongroise, supprimant d'un trait l'autonomie de la Transylvanie où les Roumains avaient commencé à s'émanciper, et rattachant cet ancien Voïvodat à la Hongrie. Une politique de magyarisation forcée s'ensuit, dressant contre la monarchie des Habsbourg la plupart des Roumains[réf. nécessaire].

De son côté la Roumanie poursuit toujours son but : s'émanciper totalement de l'Empire ottoman. Lorsque la Russie entre à nouveau en guerre contre les Ottomans, à la suite de massacres en Bulgarie, la Roumanie se range aux côtés des Russes. La campagne militaire est victorieuse et l'indépendance du pays est enfin reconnue au Congrès de Berlin en 1878, en même temps que celle de la Bulgarie. Suite à cette guerre, la Roumanie perd à nouveau le Boudjak mais acquert les deux tiers de la Dobrogée ((ro) Dobrogea, (bg) Dobroudja) la Bulgarie recevant l'autre tiers. Carol est couronné roi du nouveau royaume de Roumanie en mai 1881.

Le royaume de Roumanie de 1881 à 1918

Article détaillé : Royaume de Roumanie.

Au début du XXe siècle, les paysans sont maintenus dans la misère par un système d’usure et des contrats de fermage abusifs. En mars 1907, une révolte éclate dans les campagnes de Moldavie, touche les villes, et s’étend en Valachie. Des fermiers et des propriétaires sont tués, des récoltes incendiées, des boutiques pillées… Le 18 mars, l’état d’urgence est déclaré. Les libéraux s’allient aux conservateurs alors au pouvoir, et le gouvernement fait appel à l’armée qui réprime cette jacquerie dans le sang. La censure ayant été instaurée pendant cette période, on ne sait pas avec précision le nombre de paysans tués, mais les historiens l’estiment à 11 000. L’évènement marque considérablement les consciences et la question agraire s’impose désormais comme un problème incontournable.

Une longue période de paix et de modernisation s'ensuit. En 1913 la Roumanie s'engage dans la seconde guerre balkanique contre la Bulgarie (ce que les Bulgares considèrent comme une trahison), empêchant la Bulgarie de réaliser son unité (les Serbes, en effet, s'étaient emparés de la Macédoine bulgarophone) et lui enlevant le troisième tiers de la Dobrogée (que les Roumains nommèrent "quadrilatère"), à la population majoritairement turque et bulgare. Cet épisode dressera durablement les Bulgares contre les Roumains et coûtera cher lors de la Première Guerre mondiale.

Négociations de paix à Bucarest, 1918

En 1914, les Roumains choisissent la neutralité, mais à la mort du roi Carol, son successeur, Ferdinand Ier se joint aux Alliés, qui lui promettent la Transylvanie comme prix de son ralliement.

Le 27 août 1916, les troupes roumaines pénètrent en Transylvanie et parviennent, brièvement, à prendre une partie du territoire austro-hongrois. Mais, dès le 15 septembre, avec l'envoi sur le front de troupes allemandes entraînées et bien armées, avec les erreurs commises par l'armée roumaine en Dobroudja (désastre de Turtucaïa) et la multiplicité des fronts, l'armée roumaine doit se retirer, évacuer même Bucarest (décembre 1916) avant de réussir à stabiliser le front en Moldavie (ligne du Siret) au début de 1917. En 1917, les tranchées roumaines résistent à Mărăşeşti (le "Verdun roumain") aux assauts austro-allemands. Mais l'abandon du front de l'Est par les troupes russes après la révolution russe, oblige la Roumanie à signer le traité de Bucarest (1918), et à accepter l'occupation d'une partie du pays par les Empires centraux. Toutefois, malgré la défaite, le Roumanie sort agrandie de cette épreuve, car la république démocratique de Moldavie proclamée en Bessarabie en décembre 1917, décide en avril 1918 de s'unir à la Roumanie.

À la suite de la victoire des Alliés en 1918, les Quatorze points du président américain Woodrow Wilson s'imposent en Europe, et, au nom du Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, la Bucovine et la Transylvanie votent également leur rattachement à la Grande Roumanie, dont la population passe subitement de 8 millions à 18 millions d'habitants. L'unification du pays est reconnue (sauf par les Soviétiques) au (traité de Saint-Germain-en-Laye (1919). La nouvelle frontière entre Hongrie et Roumanie est tracée par une commission de l'Entente, présidée par le géographe français Emmanuel de Martonne. Cette question des frontières, évidemment considérée par la Hongrie comme un résultat injuste, installe pour longtemps un contentieux avec ce pays, qui s’aggrave au printemps 1919 lorsque le gouvernement bolchévique hongrois de Budapest tente de reprendre la Transylvanie. Ce gouvernement est vaincu par l'armée roumaine encadrée par les officiers français de la mission Berthelot. Les franco-roumains occupent Budapest le 6 août 1919. Le traité de Trianon (1920) attribuera finalement la Transylvanie et la moitié orientale du Banat à la Roumanie, ainsi que divers territoires de la Hongrie orientale.

La période de l'entre-deux-guerres

Grâce notamment à sa production de pétrole et à son début d'industrialisation, la Roumanie connaît une croissance économique très importante (en 1938, le PIB était au-dessus de celui du Portugal ou de la Grèce et comparable à celui de la France, soit 270 dollars/habitant). C'est une démocratie parlementaire dans le cadre de la monarchie constitutionnelle dominée par le parti libéral et le parti conservateur ). Les libertés fondamentales y sont respectées ; en 1929, les Roumaines obtiennent le droit de vote aux élections locales et en 1921 la réforme agraire permet à 1,4 million de familles paysannes de recevoir quelque 6 millions d'hectares de terres agricoles, cela provoque la disparition des grands propriétaires terriens. L'enseignement obligatoire dès sept ans devient gratuit en 1924.

Une reconnaissance internationale s'ensuit : (le roumain Nicolae Titulescu devient président de la Société des Nations, équivalent du secrétaire général de l'ONU aujourd'hui) et quelques roumains atteignent une renommée européenne (Constantin Brâncuşi, Paul Celan, Emil Cioran, Henri Coandă, Mircea Eliade, Eugène Ionesco, Elvire Popesco, Emil Racoviţă, Tristan Tzara).

Les minorités magyare, allemande, juive[7], ukrainienne, russe, turque, rom ou grecque (28% de la population totale) ont, désormais, les mêmes droits que la majorité roumaine, inscrits dans la Constitution de 1923 et dans la loi électorale de 1926. Cependant des tensions se font jour et augmentent, car l' ascenseur social d'embourgeoisement étant désormais accessible aux masses rurales et urbaines roumaines, les minorités jadis dominantes (toutes, sauf les roms) perdent progressivement leur situation privilégiée d'avant 1918 : les plaintes auprès de la Société des Nations se multiplient à la fin des années 1920.

Le courant nationaliste anti-sémite, sous l'impulsion de Corneliu Zelea Codreanu et de son Mouvement légionnaire qui deviendra la Garde de fer, explose après la révolte étudiante de l'automne 1922 (les étudiants roumains demandent un numérus clausus limitant le nombre d'étudiants juifs, hongrois et allemands) et sera en progression constante dans les années 1930. En décembre 1937, un gouvernement xénophobe dirigé par Octavian Goga inaugure une politique antisémite, prive 120 000 Roumains juifs de leur nationalité[8], révoque une partie des fonctionnaires juifs de certaines administrations (justice, police, chemins de fer), impose des quotas dans l'encadrement industriel et l'enseignement universitaire... Le gouvernement Goga est renversé peu après, mais ses successeurs n'osent pas révoquer ses décrets. En 1938, pour lutter contre ce mouvement, le roi anglophile Charles II (Carol II) se dote d'une constitution autoritaire : c'est la "dictature royale". Contrairement à ce qu'affirment maints ouvrages occidentaux de vulgarisation[9], il ne s'agit pas d'une dictature fasciste, mais anti-fasciste : la police reçoit l'ordre de tirer à vue sur les rassemblements nationalistes, et Corneliu Zelea Codreanu est arrêté, jugé et exécuté pour sédition. Toutefois, Charles II non plus n'ose révoquer en bloc tous les décrets Goga. Par contre, en politique étrangère, il fait garantir les frontières roumaines par la Grande-Bretagne et la France : Hitler considère que la Roumanie est pour l'Allemagne "un État hostile".

La Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Royaume de Roumanie.

En 1939, la Roumanie transporte par terre et par mer l'armée polonaise restante, le gouvernement et le trésor polonais jusqu'à Alexandrie, territoire britannique, où les divisions polonaises sont reconstituées. Le roi Charles II en effet, est fermement pro-Allié et réprime violemment le fascisme (Garde de fer) à l'intérieur des frontières. Mais au lendemain de l'effondrement de la France en juin 1940, l'Angleterre reste le seul pays Allié encore en lutte. En conséquence, les forces de l'Axe Rome-Berlin obligent la Roumanie à rendre la Transylvanie à la Hongrie (30 août 1940, « Deuxième Arbitrage de Vienne ») et la Dobroudja du sud à la Bulgarie (7 septembre 1940, Traité de Craiova). Au même moment, le 8 août 1940, la persécution contre les Juifs prend une dimension raciste : les Juifs convertis au christianisme sont considérés comme juifs au même titre que les personnes de religion juive. Toutefois, les Juifs qui possédaient la nationalité roumaine au 30 décembre 1918, leurs descendants, les Juifs qui avaient combattu pendant la Première Guerre mondiale (soit environ dix mille personnes) étaient exemptés de certaines discriminations et la définition raciste est moins extensive que la définition nazie de 1935 : une personne ayant quatre grands-parents juifs n'est pas considérée comme juive, à condition que ses deux parents soient chrétiens[10].

Les maquis de la résistance en Roumanie (Musée national d'Histoire, Bucarest)

En septembre, la Garde de fer mène un coup d'état qui force le roi Charles II à abdiquer et porte au pouvoir le "Pétain roumain" : le maréchal Ion Antonescu. Le trône revient au fils de Charles II: Michel Ier, qui partage les sentiments de son père, mais est encore mineur et ne conserve qu'un rôle purement honorifique. Antonescu met en place un régime nationaliste d'extrême droite nommé l'« État national légionnaire » et la Roumanie rejoint l'Axe Rome-Berlin en novembre 1940. En 1941, la Garde de fer tente de renverser Antonescu, jugé trop timoré, mais le putsch échoue et les "Légionnaires" sont internés. Antonescu avait fait auparavant adhérer la Roumanie aux pactes tripartite et antikomintern. Il institue une politique de pogroms contre les Juifs et les Roms et entraînera l'État roumain dans la lutte contre les ennemis du Reich. Ainsi, en février 1941, les fascistes de la Garde de fer perpètrent un pogrom sanglant à Bucarest, 118 morts sont identifiés. Les cadavres sont atrocement mutilés[11]. Mais les Roumains dans leur majorité ne partagent pas ces vues : des maquis de Résistance se forment, une division "Vladimirescu" (la "Division Leclerc" roumaine) se constitue côté Allié, et les humanistes du Service Maritime Roumain feront tourner tout au long de la guerre les paquebots "Transilvania", "Medeea" et "Dacia", ainsi qu'une douzaine de navires plus petits entre Constanza et Istanbul, sauvant au total plus de 60 000 personnes; quelques centaines périrent à cause des torpilles soviétiques ou du refus des autorités turques de les laisser débarquer (Tragédie du Struma)[12].

Pendant l'Opération Barbarossa, Antonescu engage l'armée roumaine au côté des Allemands, des Hongrois, des Italiens et des Français de la Division "Charlemagne" jusqu’à Stalingrad. Le 25 juin 1941, l'armée roumaine assassine 7 000 Israélites à Iassy. Six jours après l'entrée des troupes roumaines à Odessa, un attentat tue le général Glogojanu, commandant d'Odessa et 40 autres militaires[13]. Le soir même, le gouvernement roumain ordonne des représailles implacables. Aussitôt, le nouveau commandant d'Odessa, le général Trestioreanu annonce qu'il va prendre des mesures pour pendre les Juifs et les communistes sur les places publiques. Durant la nuit 5 000 personnes sont exécutées. Le 23 octobre, 19 000 Juifs sont exécutés et leurs cadavres arrosés d'essence et brûlés[14]. Des milliers d'autres sont emprisonnés comme otages. Le 24 octobre, les Juifs emprisonnés sont transportés en-dehors de la ville et fusillés devant des fossés anti-chars par groupe de 40 ou 50. L'opération se révélant trop lente, les 5 000 juifs restants sont enfermés dans trois entrepôts, mitraillés puis les entrepôts sont incendiés. 40 000 Juifs sont ainsi tués ce jour là[15]. Le 24 au soir, le maréchal Antonescu demande que les otages qui n'ont pas été déjà fusillés, connaissent les mêmes souffrances que les Roumains morts dans l'explosion. Les victimes sont amenées dans un entrepôt et fusillées. L'entrepôt est dynamité le 25 octobre, jour de l'enterrement des Roumains victimes de l'attentat du 22 octobre[16]. Le premier novembre, Odessa ne compte plus que 33 885 juifs, essentiellement des femmes et des enfants qui vivent terrorisés dans le ghetto[17]. Les Juifs d'Odessa et de sa région sont ensuite déportés vers la Podolie occupée, à Bogdanovka, Domanivka et Ahmetchetka. Ils sont logés dans des conditions déplorables, entassés dans des ruines, des étables ou des porcheries. Ils souffrent de nombreuses maladies avant d'être massacrés à partir du mois de décembre[18].

La Roumanie devient une cible pour les bombardiers américains de la 15th USAAF, qui visent les raffineries de pétrole de Ploesti. Alors que les juifs déportés en "Transnistrie" (une partie de l'Ukraine occupée par la Roumanie) meurent de froid, de faim et d'épidémies, l'armée de son côté enregistre d'énormes pertes sur le front de l'Est, où la Convention de Genève ne s'applique pas et où règne, des deux côtés, une inhumanité totale (les deux ennemis sont des régimes totalitaires). Le Conseil national de la Résistance, secrètement formé par le jeune roi Michel I de Roumanie (Mihai ) et par les leaders des anciens partis démocratiques, tente de négocier en Suède (par l'ambassadeur Frederic Nanu) et en Turquie (par le prince Barbu Ştirbei) un changement d'alliance au profit des Alliés occidentaux, et demande un débarquement anglo-américain dans les Balkans. Mais malgré le premier ministre britannique Churchill qui prônait un débarquement dans les Balkans pour prévenir leur soviétisation, le président américain Roosevelt s'en tient aux plans prévus de débarquement dans le midi de la France.

Le 23 août 1944, le roi Michel dirige un coup d'Etat qui renverse le maréchal Ion Antonescu, et nomme le général Constantin Sănătescu comme premier ministre. Le 24 août, le gouvernement de Constantin Sănătescu déclare la guerre à l'Axe et dirige ses 550 000 soldats contre l'Allemagne. Le front se déplace de 700 km vers l'ouest et le sud en moins d'une semaine. Selon les estimations des historiens occidentaux, l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés a permis d'éviter la mort de centaines de milliers de soldats russes et a accéléré la fin de la Seconde Guerre mondiale de six mois[19]. Toutefois, l'URSS attendra jusqu'au 12 septembre pour signer l'armistice demandé par la Roumanie, et durant ces trois semaines, l'armée roumaine, qui doit subir la contre-attaque allemande, continue à être attaquée par l'Armée rouge, bien qu'elle ait reçu l'ordre de na pas se défendre. Les soviétiques s'emparent de nombreux armements et continuent à faire des prisonniers, tout comme les Allemands. Les raffineries et Bucarest sont bombardés, selon les jours, aussi bien par les B-52 américains venus de Foggia, que par les Stukas allemands basés à Băneasa et par les Antonov soviétiques venus de Moldavie[20].

Une fois l'armistice signé, l'armée roumaine est mise sous le commandement soviétique et peut enfin organiser ses offensives contre l'Axe. Elle sera dirigée contre la Hongrie et progressera jusqu'en Slovaquie. Du 24 août 1944 au 6 mars 1945, la société civile et les institutions démocratiques tentent de se remettre en place sous le gouvernement Rădescu, alors que l'Armée rouge laisse deux divisions la Roumanie et s'y comporte comme en pays ennemi, vivant de réquisitions, occupant tous les services publics, les centres de production industriels et les sites militaires, et contrôlant tous les déplacements. Le 6 mars 1945, un coup d'état renverse Rădescu, met les communistes (ultra-minoritaires) au pouvoir et c'est seulement alors que l'URSS commence à considérer la Roumanie comme un pays allié. Le roi Michel reçoit même, de Staline, l'Ordre soviétique de la Victoire. Toutefois, le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique protestent, et exigent la tenue d'élections. Celles-ci ont lieu en novembre 1946 et donnent 71% des voix aux communistes dans un contexte de terreur où les candidats des autres partis qui ont osé se maintenir, sont au mieux rossés et pillés, parfois assassinés, tandis qu'en milieu rural ou dans les banlieues, les électeurs sont menés aux urnes sous la menace des armes[21]. La Roumanie devient ainsi une monarchie communiste, situation instable qui prend fin le 30 décembre 1947, lorsque le roi Michel Ier, menacé dans son bureau de représailles contre ses partisans par le ministre soviétique Andreï Vychinski en personne, abdique et quitte le pays.

En 1947, le traité de Paris ne reconnait pas à la Roumanie le statut de "co-belligérant": elle y est traitée en ennemie vaincue, car seul le régime Antonescu est pris en compte, bien qu'il ait pris le pouvoir par un coup d'état et non investi par l'Assemblée nationale comme son homologue français. La Bessarabie et la Bucovine du nord sont définitivement cédées l'URSS et appartiennent désormais à aux Républiques soviétiques de Moldavie et d'Ukraine. La Roumanie doit, de plus, d'immenses dommages de guerre à l'URSS qui déménage par trains entiers usines, machines, biens publics et particuliers, confisque les automobiles, les camions, les avions et la quasi-totalité de la flotte, exploite les mines, les forêts et les ressources agricoles par le biais des Sovrom (entreprises mixtes à capital roumain et à bénéfices russes). La famine de 1946-1947 tue plusieurs milliers de personnes (elle sera ultérieurement mise sur le compte de la seule sécheresse)[22]. La Roumanie sort de la guerre diminuée de près de 60 000 km2, de 3 millions d'habitants et de nombreux biens, équipements et ressources. Toutefois l'engagement militaire de la division Tudor Vladimirescu et du gouvernement Sănătescu contre l'Axe, permet que la Transylvanie soit à nouveau reconnue comme partie intégrante de La Roumanie, et la Hongrie doit rendre la partie nord qu'elle avait annexée en août 1940.

La République "populaire"

Le régime communiste débute le 6 mars 1945 par le coup d'état (organisé par le ministre soviétique des affaires étrangères Vychinski, en visite à Bucarest, avec la logistique de l'Armée rouge et du NKVD). Il place les communistes à l'Intérieur, aux Finances et à la Justice. Les élections truquées du 19 novembre 1946 permettent aux communistes de s'emparer du Parlement, de la plupart des préfectures et des mairies, tandis que l'Armée rouge se charge de réprimer toute forme de protestation. Bien que la Roumanie fût encore une monarchie officiellement pluraliste, le régime est déjà en voie de devenir totalitaire: les membres des autres partis politiques, ainsi que ceux des syndicats indépendants et du monde associatif, sont arrêtés et emprisonnés en masse, sauf l'aile gauche des socialistes qui se rallient au P.C. pour former le "Parti ouvrier roumain". Finalement, la République dite "populaire" est proclamée le jour même du départ du roi, le 30 décembre 1947. Fait remarquable, les maquis qui avaient lutté contre le fascisme reprennent le combat contre le communisme dans les montagnes et le Delta du Danube jusqu'à la mort de tous leurs membres, au milieu des années cinquante. Le communisme en Roumanie connaît trois périodes.

Sous l'égide de Stefan Floriş, Joseph Kichinevski, Ana Pauker et Vasile Luca, c'est d'abord un "Communisme d'épuration" qui de 1945 à 1953 persécute des centaines de milliers de paysans rétifs à la collectivisation des terres et aux réquisitions, mais aussi les intellectuels et même des communistes "idéalistes" (c'est à dire partisans d'un socialisme à visage humain) tels Lucreţiu Pătrăşcanu, et emprisonne la totalité de la classe dirigeante du régime pluraliste d'avant-guerre et du régime fasciste Antonescu, ainsi que de nombreux membres du clergé. Pendant cette période de "Communisme d'épuration" très stalinienne, le Parti communiste recrute à tour de bras quiconque veut le rejoindre (du moment que le candidat n'avait pas exercé de responsabilités auparavant) et passe de 1 200 à 90 000 membres, tandis que la nouvelle "Securitate" remplace la Sûreté royale en "nationalisant la pègre" selon l'expression de Gheorghe Gheorghiu-Dej, le Secrétaire Général du Parti. L'"académie" Stefan Gheorghiu, un ensemble de centres de formation du Parti, applique les principes de "réhabilitation de la pègre" de Friedrich Engels et forme en un an des juges, des policiers et des préfets; la devise en était: "Ici, tu entres truand et tu sors tout-puissant"[23]. Bientôt, le régime ne rencontre plus aucune opposition. Ayant "nationalisé" la pègre, il a réduit ainsi à zéro la délinquance "privée" et individuelle: la violence est désormais monopole de l'état. En 1949 la République populaire de Roumanie adhère au Comecon. Pendant cette période les Présidents de la Roumanie sont Mihail Sadoveanu, Constantin Parhon et Petru Groza.

Après la mort de Joseph Staline le 5 mars 1953, c'est cette fois-ci un "Communisme de consolidation" qui s'instaure de 1953 à 1965 sous l’égide de Gheorghe Gheorghiu-Dej, ami de Nikita Khrouchtchev. De 1954 à 1955 Gheorghe Gheorghiu-Dej est remplacé à la tête du Parti Communiste Roumain par Gheorghe Apostol avant de reprendre la tête du Parti communiste en 1955. Cette même année la Roumanie adhère au pacte de Varsovie. Un an plus tard, en 1956, Khrouchtchev lance la déstalinisation lors du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique. Gheorghiu Dej suit cette ligne. A partir de 1963 La République Populaire de Roumanie établit des relations diplomatiques et économiques avec les États-Unis et Israël, qui font de la Roumanie un "pays communiste privilégié". Durant cette deuxième période, le Parti passe de 100 000 à plus de 300 000 membres et devient majoritairement un parti de roumains d'origine rurale, alors qu'auparavant, la majorité des communistes étaient des citadins, souvent issus des minorités nationales.

Sous Nicolae Ceauşescu qui succède à Gheorghiu-Dej à la mort de ce dernier en 1965 ce sera, enfin, un "national-communisme" officiellement indépendant de l'URSS à l'extérieur, mais strictement totalitaire à l'intérieur. Cinq mois après son arrivée au pouvoir, Ceauşescu fait voter une nouvelle constitution le 21 août 1965 qui donne naissance à la République socialiste de Roumanie. En 1966, devant la forte diminution de la natalité, Ceauşescu fait voter le décret 770 interdisant l'avortement en Roumanie (sauf raison médicale). A partir de 1971, après son retour de voyage de Chine et de Corée du Nord, Nicolae Ceauşescu instaure une révolution culturelle en Roumanie et un culte de la personnalité calqué sur celui de Mao et du dirigeant nord-coréen Kim il-sung. Durant cette troisième période, la Securitate fusille beaucoup moins que lors de la période stalinienne, mais la misère, la pénurie, le froid et le manque de soins tuent beaucoup de citoyens. Ceauşescu accentue l’industrialisation à marche forcée, ce qui provoque une dette extérieure énorme dont le remboursement implique des restrictions drastiques.

Le régime communiste était soutenu de l'extérieur par une partie des opinions occidentales, et notamment par de nombreux intellectuels; en outre Ceauşescu se rendra populaire aux yeux des démocraties occidentales en refusant en 1968 de participer à l'écrasement du printemps de Prague par les troupes du Pacte de Varsovie.

Mais à partir de 1985, le vaste programme de "Systématisation" dans un style architectural qualifié de "mégalomaniaque" (pour créer l'"homme communiste nouveau") conduit à la destruction des monuments historiques et des quartiers ou des villages anciens, puis à la reconstruction de la capitale Bucarest. Le fameux "Palais du Peuple", aujourd'hui siège du Parlement roumain, est le deuxième plus grand bâtiment au monde après le Pentagone aux États-Unis. La politique de regroupement de villages commença à partir de 1987. Des centaines de villages sont détruits et la population est relogée dans des immeubles collectifs à la campagne, où sanitaires, cuisines et points d'eau sont collectifs. Le but de cette opération était de mieux contrôler la population et notamment l'économie parallèle (les ruraux vendaient aux citadins les produits de leurs jardins, hors des circuits de l'économie d'état). Touchant au seul revenu intéressant pour les paysans et à la seule source d'alimentation fiable pour les citadins, cette politique acheva de révolter l’ensemble de la population (émeutes de la faim, 1987), et d'aliéner l'image de Ceauşescu à la fois en Occident et à Moscou, et ce d'autant plus qu'il refusa de suivre la ligne plus ouverte de Mikhail Gorbatchev.

Article détaillé : Révolution roumaine de 1989.

Alors qu'à Moscou, Gorbatchev inaugure la politique de "glasnost" (transparence) et de "perestroïka" (réforme), Ceauşescu maintient une stricte orthodoxie communiste. En 1986 Gorbatchev s'était rendu à Bucarest sans parvenir à le convaincre, et le 17 mars 1989 six anciens hauts responsables du P.C. publient une lettre ouverte à Ceauşescu dans le journal français "le Monde" pour lui demander de changer de politique: en vain. Une partie du P.C. (la nomenklatura) décide alors de ne plus le suivre. Un soulèvement éclate en décembre 1989 à Timişoara: les manifestants s’opposaient au déplacement arbitraire d’un pasteur protestant hongrois. Le 17 décembre, la police tira sur la foule, mais le 21, Ceauşescu est conspué pour la première fois lors d’un discours à l’occasion d’un meeting à Bucarest, par ceux-là mêmes qui étaient censés contrôler la foule. Alors que les manifestations se multiplient dans plusieurs villes, Ceauşescu prend peur, évente le complot, fait fusiller le général Vasile Milea, emploie à la télévision le mot «frères» (fraţilor en roumain) au lieu de «camarades» (tovarăşi en roumain) et le 22 décembre, décrète l’état de siège. Mais l’armée refuse de le défendre et la troupe fraternise avec la population. Prenant la fuite, il est arrêté peu après avec son épouse et fusillé le 25 décembre après un simulacre de procès dont les communistes avaient eux-mêmes fixé la procédure.

La foule manifeste dans les rues, mais le pouvoir est saisi par les conjurés de l'aile réformatrice de la nomenklatura, acquise à Gorbatchev. Au début, celle-ci pense simplement appliquer la "perestroïka" en Roumanie et Ion Iliescu, successeur de Ceauşescu, déclare à la télévision vouloir instaurer un "socialisme scientifique à visage humain". Mais rapidement, la panique gagne les conjurés affolés par des rapports alarmistes faisant état de foules assoiffées de vengeance contre les communistes. Ils décident alors d'abolir le communisme, de dissoudre le P.C., et pour se poser en défenseurs de la nouvelle démocratie, ils déclarent à la télévision que Ceauşescu s'est échappé, qu'il dispose des troupes fidèles, et appellent l'armée et la foule à défendre la révolution par les armes. Pendant plusieurs jours, les Roumains se tirent dessus mutuellement, chaque groupe de manifestants ou unité militaire pensant défendre la liberté contre des sbires de Ceauşescu. Lorsque la ficelle est éventée, les conjurés annoncent que les "sbires" seraient en fait des Libyens prêtés par Mouammar Kadhafi. Mais finalement les combats s'arrêtent et l'exécution de Ceauşescu est officiellement annoncée; le film de son procès et de son exécution sera même passé à la télévision. Telle fut la la révolution roumaine de 1989, faite de soulèvements de désespoir mais aussi de manipulations politiques qui ont gravement ébréché la crédibilité du nouveau régime tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais ont préservé le pouvoir de la nomenklatura, ce qui en était le but. Elle a coûté aux Roumains 689 morts, que le président Traian Basescu compte parmi les deux millions de morts officiellement recensés comme victimes du communisme roumain.

La transition démocratique

La réapparition des anciens partis démocratiques (PNL libéral, PNTCD conservateur), interdits par les communistes, ne menace pas le pouvoir du Front de Salut National fondé par Ion Iliescu, qui est élu président en mai 1990 avec 85% des voix.

Paradoxalement, la révolution la plus spectaculaire accoucha d’un régime qualifié par ses adversaires politiques de "néo-communiste". Il faut bien préciser qu'à la fin de l'époque de Ceauşescu, le PC roumain avait atteint près de 4 millions de membres et après la chute du régime, l'essentiel de la classe politique demeura issue des rangs de ce parti et de l'ancienne haute administration, dont les fonctionnaires bénéficiaient des faveurs du régime. Même les dirigeants du parti libéral étaient d'anciens membres de la nomenklatura.

Une manifestation étudiante est réprimée brutalement par des milliers de mineurs venus à Bucarest soutenir le président. Celui-ci traite de "voyous" les manifestants et affirme qu'ils veulent "brader le pays" et céder aux injonctions du FMI. Les images de la "minériade", les affrontements inter-ethniques provoqués en Transylvanie par les "gros-bras" du régime s'opposant au bilinguisme magyar/roumain revendiqué par les Hongrois, la guerre menée en République de Moldavie voisine par la 14ème armée russe, l'éclatement de la Yougoslavie, la persistance de la pénurie, inquiètent profondément une population déjà éprouvée par les années de dictature. Se présentant en protectionniste sur tous les plans, Ion Iliescu a su utiliser ces craintes et a été réélu en 1992 sur un programme mi-nationaliste, mi-socialiste.

Mais la lutte politique gagne en intensité, provoquant une scission à l'intérieur du FSN, qui profite au jeune Premier ministre Petre Roman qui représente l'aile la plus réformatrice de la nomenklatura. Suite logique, en novembre 1996, le peuple roumain choisit l’alternance et permet l'arrivée au pouvoir d'Emil Constantinescu, professeur d'université, candidat d'une large et hétéroclite coalition anti-Iliescu, où se côtoient d'authentiques démocrates, des libéraux qui veulent en finir avec le protectionnisme, et des néo-communistes réformateurs.

La transition difficile vers l’économie de marché, l'incapacité du nouveau président à imposer son leadership sur la coalition au pouvoir, la corruption rampante et une lutte sans merci à l'intérieur même du gouvernement, provoquent la colère et le désespoir des couches populaires, directement touchées par la pauvreté. Une nouvelle "minériade" échoue en 1999. Toutefois, aux élections de novembre 2000, Ion Iliescu et son parti social-démocrate(PSD) gagnent grâce à un tour de passe-passe électoral: les anciens chantres de Ceauşescu, Corneliu Vadim Tudor et Adrian Păunescu, passés du communisme à l'ultra-nationalisme, se sont présentés contre lui en épouvantails d'extrême-droite, prenant à ses adversaires la partie la plus désespérée de leurs électeurs, et le faisant passer pour démocrate par contraste. Le PSD profite des réformes commencées par les partis de droite et change son orientation idéologique pour devenir un parti de gauche à l'image des travaillistes britanniques; il devient également membre de droit du Parti des socialistes européens.

Ainsi, entre 2000 et 2004, on applique une politique économique libérale (larges privatisations, indépendance de la Banque centrale) le rapprochement fort de l'OTAN et de l'Union européenne, avec une composante sociale limitée. Le gouvernement social-démocrate obtient des résultats incontestables (croissance économique moyenne de 5% par an, réduction de l'inflation, réduction du déficit budgétaire, premier accord avec le FMI, négociations réussies en vue de l'adhésion à l'UE, adhésion à l'OTAN), mais son image reste plombée par les innombrables "affaires" de corruption à un haut niveau, par le non-respect de l'état de droit et par le mépris des humbles hérité de l'époque communiste. Aux élections de novembre 2004, la majorité relative gagnée par le PSD n'est pas suffisante pour former un gouvernement et c'est une coalition de quatre partis de centre droit qui prend le pouvoir.

Le nouveau président de la Roumanie est Traian Băsescu, un ancien capitaine de la marine marchande, chef du Parti démocrate (PD) issu du FSN, et allié du Parti national libéral. Il a moins été élu sur son programme, que sur son franc-parler: il est le premier à assumer clairement son passé communiste et à admettre officiellement que le communisme et les manipulations de 1989 ont été criminels (deux millions de morts en 45 ans officiellement recensés). La coalition au pouvoir s'efforce d'achever les réformes nécessaires (instauration d'un taux d'imposition très bas, à 16%, aide à la concentration des terres agricoles, réforme d'un appareil de justice peu efficace, lutte contre la « grande » corruption, modernisation de la sécurité sociale) mais elle se heurte à des contradictions politiques internes et à une forte résistance de la part des vieux apparatchiks de la nomenklatura.

L'adhésion en janvier 2007 à l'Union européenne est considérée comme un très bon signe pour la poursuite de la transition démocratique vers un État de droit, une économie de marché moins "sauvage", intégrée à celle de l'UE, et peut-être même, au bout, une société de liberté et prospérité.

Galerie de cartes

[24]

Notes et références

  1. Selon le Dr. Thomas Litt, palynologue de l'Université de Bonn (Allemagne) il s'agit d'une sécheresse sévère et prolongée qui serait aussi à l'origine de la migration des "Peuples de la Mer" - Cf.sa bibliographie sur : [t.litt@uni-bonn.de]
  2. "Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte", 1985, ISBN 3-14-100919-8, pp.: 2 à 5
  3. Nicolae Iorga : Histoire des Roumains et de la romanité orientale. Université de Bucarest, 1945
  4. E. Beau de Loménie, Naissance de la nation roumaine, p. 36
  5. * Ion Barnea, Byzantins, roumains et bulgares sur le Bas-Danube, Editura Academiei Române, Bucureşti, 1971 (OCLC 1113905) 
    • Gilles De Rapper, Pierre Sintès et Kira Kaurinkoski, Nommer et classer dans les Balkans : les Valaques, E.F.A. [www.efa.gr] et De Boccard, Paris, ISBN 978-2-86958-202-6.
    • Jean-François Gossiaux : Valaques et/ou Aroumains en Bulgarie. CNRS-IDEMEC, Aix, 2003.
    • Nicolae Iorga : Histoire des (A)roumains de la péninsule des Balkans. Université de Bucarest, 1919.
    • Nicolas Trifon : Les Aroumains. Un peuple qui s'en va. Paris. ISBN 2-909899-26-8.
    • Dimitris Michalopoulos, "Les fils de la Louve", Revue Roumaine d'Histoire, tome XLVI (2007), pp.321-334.
  6. Istoriya na Balgariya, tome 3, Sofia, 1973, p. 140 et 272, et Nicolae Serban Tanasoca, La signification historique du blason du "Regnum Valachorum" dans l'armoirial Wijbergen, Annales de l'Inst. d'hist. et d'archéol. "A.D.Xenopol", vol.24, Iasi 1987
  7. La Roumanie est le dernier pays d'Europe à émanciper les Juifs. ils n'obtiennent l'égalité des droits qu'en 1919
  8. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, La destruction des Juifs d'Europe, tome II, p. 1409/1410
  9. Un exemple parmi beaucoup d'autres: l'Atlas historique universel de Jacques Bertin aux éditions Minerva
  10. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., p. 1410/1411
  11. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, op. cit., p. 1414/1415
  12. Grigore GAFENCU, Préliminaires de la guerre à l’est : de l’accord de Moscou (21 août 1939) aux hostilités de Russie (22 juin 1941). Egloff, Fribourg/Suisse, 1944.
  13. Raul Hilberg, T. 1, p 545
  14. Raul Hilberg, T. 1, p 546
  15. Raul Hilberg, T. 1, p 547
  16. Raul Hilberg, T. 1, p 548
  17. Raul Hilberg, T. 1, p 549
  18. Raul Hilberg, T. 1, p 676
  19. Winston CHURCHILL, The second world war, Bantam Books, N.Y. 1977; Documents on German foreign policy 1938-1945, Her Majesty’s stationary office, Londres 1956; Nicolette FRANK, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977
  20. Un jour pour se retourner, "Le Monde" du 25 août 1984 ; Nicolette FRANK, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977
  21. Un jour pour se retourner, "Le Monde" du 25 août 1984 ; ; Paul QUINLAN, Clash over Romania : British and American policies toward Romania 1938 - 1947. American-Romanian Academy of Arts and Sciences, Oakland 1977; Nicolette FRANK, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977
  22. Stefan LACHE & Gheorghe TUTUI, La Roumanie à la Conférence de la Paix, 1946. Dacia, Cluj 1978
  23. En roumain: "Aici intri golan şi ieşi căpitan".
  24. La galerie de cartes est une synthèse du Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte, 1985, ISBN 3-14-100919-8, du "DTV Atlas zur Weltgeschichte", 1987 traduit chez Perrin, ISBN 2-7242-3596-7, du Putzger historischer Weltatlas Cornelsen 1990, ISBN 3-464-00176-8, de l'atlas Europe centrale de la série « Atlas des Peuples » d'André et Jean Sellier à La Découverte : 1992, ISBN 2-7071-2032-4, avec des détails pris dans le Történelmi atlasz de l'Académie hongroise, 1991, ISBN 963-351422-3 CM et dans l'Atlas istorico-geografic de l'Académie roumaine, 1995, ISBN 973-27-0500-0.

Voir aussi

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Liens externes

Bibliographie

Ouvrages généraux
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  • Georges Castellan, Histoire de la Roumanie, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?", n° 2124 (plusieurs rééd.).
  • Georges Castellan, Histoire du Peuple roumain, Crozon, Éditions Armeline, 2002. ISBN 2-910878-19-8
  • Florin Constantiniu : Une histoire sincère du peuple roumain, Univers, Bucarest 2002.
  • Neagu Djuvara : Les pays roumains entre orient et Occident P.U.F., Paris, 1989.
  • Catherine Durandin : Histoire des Roumains, Fayard, Paris, 1995. ISBN 2-213-59425-2.
  • Nicolae Iorga : Histoire des Roumains et de la romanité orientale, Université de Bucarest, 1945.
  • Jules Michelet : Légendes démocratiques du nord, P.U.F. Paris, 1968.
  • Trian Sandu, Histoire de la Roumanie, Perrin, Paris, 2008.
  • Karl Sanfeld : Linguistique balkanique, Klincksieck, Paris, 1930.
Les Daces
  • Eugen Cizek, Epoca lui Traian (L'époque de Trajan), Bucarest, Ed. Scientifique et encyclopédique, 1980.
  • Constantin Petolescu, Scurta istorie a Daciei romane (Courte histoire de la Dacie romaine), Bucarest, Ed. Didactique et Pédagogique, 1995.
  • Alexandre Xenopol, Histoire des Roumains de la Dacie Trajane, Bucarest, Cartea Româneasca, 1925.
La domination hongroise et catholique
  • Ileana Cazan, Eugen Denize, Marile puteri si spatiul românesc în secolele XV-XVI (Les grandes puissances et l'espace roumain aux XVe-XVIe siècles), Bucarest, Ed. Universitaires.

L'époque des voïvodes

  • Matei Cazacu, Dracula, Paris, Tallandier, 2004.
Entre tsar et sultan
  • Mihnea Berindei et Gilles Veinstein : L'Empire ottoman et les pays roumains, EHESS, Paris, 1987.
  • Mihai Maxim, L'Empire ottoman au nord du Danube et l'autonomie des principautés roumaines au XVIe siècle. Etude et documents, Istanbul, 1999.
  • Viorel Panaite, The Ottoman Law of War and Peace. The Ottoman Empire and Tribute Payers, New York, 2000.
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  • Dimitrie Cantemir, Chronique de l'ancienneté des Romano-Moldo-Valaques, (1708, réédité Bucarest 1901).
  • Claude Karnoouh, L'Invention du peuple, chroniques de la Roumanie, Arcantère, Paris, 1990; seconde édition revue, corrigée et augmentée d'une longue postface sur les années 1989-2007, L'Harmattan, Paris, 2008.
  • Keith Hitchins, The Rumanian National Movment in Transylvania, 1780-1849, Harvard UP, 1969.
De 1881 à 1918
  • Jean-Noël Grandhomme, Michel Roucaud, Thierry Sarmant, La Roumanie dans la Grande Guerre et l'effondrement de l'armée russe. Edition critique des rapports du général Berthelot, chef de la mission militaire française en Roumanie, 1916-1918, Paris, L'Harmattan, 2000.
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L'entre-deux-guerres
La Seconde Guerre mondiale
  • Dennis Deletant, Hitler's Forgotten Ally. Ion Antonescu and his Regime, Romania, 1940-1944, Basingstoke, Palgrave, 2006.
  • Stefan Lache & Gheorghe Tutui, La Roumanie à la Conférence de la Paix, 1946. Dacia, Cluj 1978.
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  • Alexandru Cretzianu, La politique de la Roumanie à l’égard de l’U.R.S.S., Paris 1954.
  • Dennis Deletant, Ceausescu and the Securitate. Coercion and Dissent in Romania, 1965-1989, Londres, Hurst, 1995. ISBN 973-28-0882-9.
  • Dennis Deletant, Communist Terror in Romania. Gheorghiu-Dej and the Police State, 1948-1965, Londres, Hurst, 1999.
  • Pierre du Bois de Dunilac, «Politique étrangère roumaine de 1944 à 1947», dans, Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 29, 1982, p.411 à 441
  • Nicolette Frank, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977
  • Victor Frunza, Histoire du communisme en Roumanie, E.V.F., Bucarest 1999. ISBN 973-9120-05-9.
  • Lilly Marcou, Une enfance stalinienne, Col. “ Questions ”, P.U.F., Paris 1982
La Transition démocratique
  • Tom Gallagher, Thelf of a Nation. Romania since Communism, Londres, Hurst, 2005.
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