Peuples de la Mer

Peuples de la Mer

Peuples de la mer

Peuples de la mer
N35
G1
N25
X1 Z1 Z1 Z1
N35
G40
M17 M17 Aa15
D36
N35A N36
N21
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Les Égyptiens de l'Antiquité appelaient Peuples de la mer (ou Peuple du Nord) les populations qui, poussées par une gigantesque onde migratoire, déferlèrent par voie terrestre et maritime sur l'Anatolie et la Méditerranée orientale au cours du XIIIe siècle av. J.-C..

Alors que les royaumes d'Asie mineure ne purent enrayer l'invasion de ces populations hostiles, les Peuples de la mer virent leur avancée stoppée par les armées égyptiennes, nombreuses, et surtout mieux organisées. Incapables de conquérir l'Égypte malgré des alliances avec des peuples asiatiques, les Peuples de la mer harcelèrent sporadiquement les côtes égyptiennes au cours des XIXe et XXe dynasties. Deux tentatives d'invasion d'envergure eurent lieu durant les règnes de Mérenptah et de Ramsès III et furent toutes deux des échecs qui forcèrent ces peuples à trouver leur salut dans les îles méditerranéennes ou en se sédentarisant dans les territoires conquis.

On attribue généralement aux Peuples de la mer la chute de l'empire hittite (déjà décadent à l'époque), l'anéantissement de grandes cités d'Asie mineure comme Ougarit et la destruction des villes de Chypre (Enkomi).

Sommaire

Données historiques

Sous Mérenptah

La plus ancienne trace faisant mention des Peuples de la mer est une inscription du roi Mérenptah, souverain de la XIXe dynastie qui régna entre -1213 et -1204 environ. Mérenptah écrit que, au cours de la cinquième année de son règne (vers l'an -1208), il remporta une victoire militaire contre une coalition composée des Eqwesh, des Luka, des Shekelesh, des Sherden et des Teresh formant les Peuples de la mer et des Libou (Libyens), des Meshouesh ainsi que des Kéhek. Il dit avoir fait dans les rangs ennemis 6 000 morts et 9 000 prisonniers, ce qui laisse penser à un combat d'envergure.

Ramsès III

Une vingtaine d'années plus tard, le jeune pharaon Ramsès III (-1184 à -1153) dut enrayer de nouvelles tentatives d'invasion d'une large coalition conduite par les Peuples de la mer. Le temple de Médinet Habou nous apprend que l'affrontement eut lieu durant la huitième année de son règne et que la coalition était alors composée de sept tribus dont les Péléset, les Tyekker, les Shekelesh, les Sherden, les Denyen, les Weshesh et les Teresh (même si ces derniers ne semblent pas avoir pris part aux combats). Les noms hiéroglyphiques des Péléset et des Tyekker s'accompagnent d'un déterminatif exprimant une population (un homme et une femme) là où l'on s'attendrait à voir un déterminatif militaire, ce qui semble confirmer la thèse selon laquelle ces armées se déplaçaient avec leurs familles et leurs biens. Sur les reliefs du temple, on trouve des représentations de ces peuples voyageant sur des chariots à roues pleines, traînés par des bœufs ou sur des bateaux décorés de têtes d'oiseaux aux extrémités. Les soldats sont grands et portent un casque avec de hautes plumes. Les textes des parois décrivent comment les pays tombaient un à un aux mains des Peuples de la mer, comment ces guerriers s'allièrent aux Hittites, aux Kizzuwatna, aux Arzawa, aux Alashiya, après avoir détruit leurs villes et abattu leurs flottes, envoyant les soldats survivants combattre dans leurs rangs.

Inscription datant de l'an 8 de Ramsès III tirée de sa tombe (n° 157, Thèbes-ouest) :

« Aucun pays n'avait pu se maintenir devant leurs bras, depuis le Hatti, Karkémish, l'Arzawa […]. On établit un camp en un lieu unique, le pays d'Amourrou. […] L'ensemble (de ces peuples) comprenaient les Péléset, les Tyekker, les Shekelesh, les Denyen, les Weshesh. Tous ces peuples étaient rassemblés, leurs mains sur les pays, jusqu'au cercle de la terre. Leurs cœurs étaient confiants et assurés (à dire) : “Nos desseins réussiront !” Mais le cœur de ce dieu, le roi des dieux, était prêt à les piéger comme des volailles ; alors il donna la force à son fils Ramsès[1]. »

Le papyrus Harris, qui retrace la vie de Ramsès III, nous fournit la liste des ethnies composant les Peuples de la mer : Denyen, Tyekker, Péléset, Sherden, Weshesh et Meshouesh.

La liste des peuples vaincus et le récit des combats présentant des similitudes avec ceux de Mérenptah, certains égyptologues pensent que Ramsès III n'eut pas réellement affaire aux Peuples de la mer et qu'il aurait simplement repris symboliquement la victoire de Mérenptah pour son propre compte.

XIIe et XIe siècles av. J.-C.

Les Peuples de la mer apparaissent également dans des documents qui pourraient dater des environs du XIIe siècle av. J.-C. Hammourabi, le dernier roi d'Ougarit (-1191 à -1182) reçut une lettre du roi hittite , l'avertissant de l'arrivée imminente des « Shikalayu qui vivent sur les bateaux », probablement le même peuple mentionné par Mérenptah sous le nom de Shekelesh. Peu après la réception de cette lettre, Ammourabi fut chassé du trône, la cité d'Ougarit fut pillée, détruite, pour ne plus jamais être habitée depuis.

À partir du XIe siècle av. J.-C., les Égyptiens ne citent plus que très rarement ces peuples qui semblent devenus inoffensifs. C'est en suivant les Philistins dans leurs voyages en Méditerranée occidentale au cours du Xe siècle av. J.-C. que les Sherden et les Shekelesh se seraient installés respectivement sur l'île de Sardaigne et celle de Sicile auxquelles ils auraient donné leur nom.

Les ethnies

Ethnies composant les Peuples de la mer et leurs alliés ainsi que leur identification communément admise :

  • Eqwesh, Akawasha, (jqjwš.w, Achéens) ;
  • Denyen, Danouna (Dananéens, Danaoï, « qui sont dans leurs îles ») ;
  • Kéhek ;
  • Libou (Libyens) ;
  • Loukou, Louca, Luka (rk.w, Lyciens) ;
  • Machaouach, Meshouesh, Meshawash, Meshwash (d'autres Libyens) ;
  • Péléset, Peleset (prst.w, Philistins), qui laisseront leur nom à la Palestine ;
  • Sherden, Shirdana, Shardanes (šrdn.w, Sardanes), qui laisseront leur nom à la Sardaigne ;
  • Shékélesh, Chakalaches, Shekelesh, Sikala, Sikils (Šqrš.w, Sicules) qui laisseront par la suite leur nom à la Sicile ;
  • Teresh, Tourcha, Tourousha (Trš.w, Tursennoi), les Tyrrhéniens, d'où viendra le nom « Étrusques », lorsque, repoussés par les Égyptiens, ils reprendront la mer ;
  • Tyekker, Thekker, Tjeker ;
  • Weshesh, Ouashasha, Weshnesh.

Théories et controverses

La fin soudaine de plusieurs civilisations en quelques décennies aux alentours de -1200 ont fait naître chez de nombreux historiens de l'Antiquité, l'hypothèse selon laquelle les Peuples de la mer auraient été responsables de la fin des Hittites, des Mycéniens et des Mitani, théorie mise en doute par Marc Van De Mieroop et Pierre Bonnechère, entre autres. Bonnechère nie jusqu'à l'existence même des Peuples de la mer. Nicolas Grimal a émis l'hypothèse que les royaumes de Mitani, l'Assyrie et Babylone avaient été détruits par un groupe isolé qui sévissait sur leurs frontières et que les Akkadiens appelaient les Habiru ou Apirû. Grimal expose un autre argument : l'invasion plagiée par Ramsès III est aujourd'hui vue en tant que simple escarmouche - la plupart des écrits sont très exagérés. Bien qu'on ait aujourd'hui les preuves effectives que Ougarit, Ashkelon et Hazor ont été détruites durant cette période, d'autres cités telles que Byblos et Sidon furent momentanément évacuées par leurs habitants mais ne subirent que peu de dommages avant le retour de ceux-ci.

Origine mycénienne

D'autres théories assimilent les Peuples de la mer à des émigrants grecs - au moins hellénophones, appelés «Ekwesh» par les Achéens et «Denyen» par les Dananoi. Cette théorie implique que les Philistins aient été liés aux grecs. Vers 2001, Eberhard Zangger a remis au goût du jour cette théorie selon laquelle les Peuples de la mer se composaient notamment de Grecs mycéniens, qui se seraient ensuite détruits eux-mêmes au cours de guerres intestines et désastreuses s'étendant sur plusieurs dizaines d'années.

Il semble que ce soit en tout cas des populations connaissant l'écriture, capables de maîtriser le complexe Linéaire B et d'autres formes de l'écriture grecque ancienne, d'après les quelques documents retrouvés à ce jour.

Origine européenne

Il est également avancé par d'autres hypothèses que des peuples italiques et d'Europe centrale auraient contribué à la formation des Peuples de la mer. Des poteries et des objets en bronze, fondus dans un style particulier à ces régions, ont été retrouvés en quantité dans les ruines des cités probablement détruites par les Peuples de la mer. Par exemple, il a été proposé que les Shekelesh puissent être un ancien peuple de Sicile.

D'autre part, des broches d'un style connu en Europe centrale, des perles d'ambre et des armes semblent attester d'une présence centre-européenne parmi les Peuples de la mer. Certains couteaux et des coupes, d'apparence italique, sont aussi très proches des manufactures hongroises et germaniques de la même époque, voire d'une période plus ancienne, entre -1800 et -1600.

Un point indiscutable est la violence, la cruauté et l'irrespect de ces peuples : ils brûlaient les villes, forçaient leurs ennemis vaincus à se battre dans leurs rangs, puis établissaient leurs propres villes sur les ruines des cités détruites, bien plus primitives et bien moins raffinées que les précédentes, méprisant jusqu'aux temples et palais.

Théorie impactiste

Les impactistes, comme Michel-Alain Combes, pensent à une calamité d'envergure survenue dans le nord de l'Europe. Certains témoignages et chroniques de cette époque lointaine mentionnent en effet l'apparition d'un objet cosmique, comète ou astéroïde, entré en collision avec notre planète : Phaéton selon Ovide, Typhon pour les Grecs, Anat en Syrie, l'étoile de Baal pour les Cananéens, l'Absinthe de l'Apocalypse chez les Hébreux, Surt dans le Ragnarök des pays scandinaves et Sekhmet chez les anciens Égyptiens.

Une étoile, une boule de feu, un deuxième soleil ou l'œil d'un serpent ou d'un dragon selon les différentes versions des anciens, leurs textes nous le décrivent comme venant de l'Océan Indien, son passage est en effet observé en Éthiopie et en Arabie, et c'est à cette époque que l'Érythrée et la mer Rouge prennent les noms qu'ils portent, dus à la couleur rouge que l'objet laisse dans son sillage. Cet objet, les anciens le comparent pour sa forme à un dragon à cause de sa longue traînée de poussières. Les morceaux qui composent le noyau se cassent en plusieurs fragments dont certains explosent au-dessus de la Méditerranée tandis que le restant du noyau poursuit sa trajectoire au-dessus de l'Europe centrale pour finir en Mer du Nord, provoquant un raz-de-marée. C'est ce qu'ont pu calculer les scientifiques[réf. nécessaire], datant cette collision de -1208, époque qui correspond effectivement avec ces évènements.

On comprend que les populations du nord-ouest de l'Europe, chassées de leurs pays dévastés et ne produisant plus la nourriture suffisante à leur survie immédiate, cherchent le salut dans un exode obligatoire et, comme à chaque fois que se produit une émigration massive, les nouveaux venus, surtout s'ils ont des intentions belliqueuses, ne sont pas précisément les bienvenus, d'où les troubles qui s'ensuivent.

Origine cananéenne

Néanmoins, il est étonnant de remarquer que les Égyptiens ont décrit ces peuples comme étant circoncis et ayant des noms sémitiques, et ce fait contredirait l'hypothèse d'une origine européenne. Il existe donc un autre point de vue qui en ferait un peuple d'origine sémitique, peut-être des Cananéens.

Selon cette théorie, on assimile cinq des Peuples de la mer à cinq groupes ayant accès à la mer Méditerranée sous le règne de Salomon :

Ces regroupements sont effectués à partir de ressemblances linguistiques (par exemple Philistins viendrait d'une prononciation grecque approximative de Peleset - ine).

Notes

  1. Traduction de Claire Lalouette (EDR85).

Bibliographie

  • Ramsès II, la véritable histoire, Christiane Desroches Noblecourt, Paris, 1996 ;
  • Dictionnaire encyclopédique de l'ancienne Égypte et des civilisations nubiennes, Maurizio Damiano-Appia, Paris, 1999 ;
  • EDR85 : L'empire des Ramsès, Fayard, Paris, 1985, pp. 309-310 ;
  • Storia degli Etruschi, Mario Torelli, Economica Laterza ed., Roma-Bari, 1998.

Voir aussi

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