Boyards

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Le mot boyard ou boïar du russe "Боярин" désigne une classe d'aristocrate de certains pays orthodoxes de l'Europe de l'est.

Boyard russe au XVIIe siècle.

Sommaire

Généralités

Les premiers boyards sont originaires de la rus' de Kiev et se sont progressivement implantés dans les différents états limitrophes de cette région qui sont successivement apparus au fil de l'histoire pour finalement être présents dans une aire géographique recouvrant les actuels pays de Russie et d' Ukraine, la Bulgarie, plusieurs pays slaves orthodoxes des Balkans et les principautés à majorité roumanophone de Transylvanie, de Moldavie et de Valachie.

Ordres de Boyards

Il existait différents ordres de boyards depuis les Malyi boïarnyi (en roumain Boieri legati cu tei) équivalant à des chevaliers ou des baronnets, jusqu'aux Velikii boïarnyi (en roumain Boieri mari) qui composaient les familles souveraines de nombreux pays slaves.

On peut citer par exemple les tsars de Russie, qui, depuis les premiers princes de Moscou était devenus Kniaz ("prince" ou "duc") puis Velikii Kniaz ("grand-prince" ou "grand-duc") de Moscou avant de se proclamer Tsar de toutes les Russies.

Ou encore les Saint Irénarque, fils de boyard moldave.

Les ordres des boyards était moins endogames que leurs équivalents occidentaux, de même que la noblesse orthodoxe en général était beaucoup moins endogame par rapport aux roturiers. Les mariages entres membres de différentes classes, voir de la roture, étaient fréquents jusqu'en 1917. Le moins "noble" ou le roturier étant systématiquement "élevé". A noter que cette mixité avait des limites, notamment en ce qui concernait la condition féminine. Ainsi, la fille d'un Velikii Kniaz devait faire un "beau mariage" en s'alliant à une autre famille puissante, alors qu'un fils, par exemple l'héritier dudit Velikii Kniaz pouvait tout à fait se marier à une roturière. C'est d'ailleurs le cas pour bon nombre de Tsarines.

Les Malyi boïarnyi récemment anoblis étaient appelés Barynes en Russie impériale, ce qui fut parfois improprement traduit en français par "Barons" (ce titre n'étant apparu que sous Pierre Ier qui mit par ailleurs fin à la Boïar)

Russie Impériale

La période des Grand-ducs

La classe des boyards prend de l'importance à partir de l'an 1000, notamment dans les anciens territoires de la rus' de Kiev et de la rus' de Moscou où les boyards de la rus' de Kiev (c'est de la réunion de ces deux "rus'" que viendra le terme "Tsar de toutes les Russies", "rus'" ayant donné le mot "Russie") émigreront sous l'impulsion de la Pologne-Lituanie.

Lors de l'expansion du Grand-duché moscovite, les boyards s'implanteront dans toutes les principautés qui composeront le futur empire Russe.

Lorsque Ivan le terrible se proclama "Tsar", il appuya son pouvoir sur les boyards qui dés lors prirent le pouvoir dans les différentes composantes de l'empire (principautés, royaumes etc.), et accentuèrent par la même l'exogamie de la Boïar.

Les réformes de Pierre Ier

Pierre Ier arriva au pouvoir après une situation inédite dans l'histoire de l'Empire. Il avait dû partager le pouvoir avec son demi-frère Ivan pendant 14 ans avant de pouvoir être le seul Tsar. Les deux princes étaient très jeunes (10 ans et 16 ans) à la mort d'Alexis Ier. Les boyards profitant de cette "jeunesse" et du fait qu'il y ait deux prétendants au trône, réussirent à faire proclamer les deux princes co-tsars. Cette situation leur permis d'accroitre leur pouvoir personnel au détriment de la couronne. Affecté par cette situation, Pierre Ier, en conclu que les boyards étaient devenus une classe "indigne" de diriger le pays.

Il décida tout simplement de supprimer la Boïar pour créer la Dvoriané, c'est à dire une classe d'aristocrates de service. Il instaura ainsi la Table des Rangs, qui pour chaque poste au sein de l'administration (militaire ou civil) accordait un rang ( Tchini) dans la Table (la Tchin ). Une table comptait en général 14 rangs (bien qu'il y ait pu en avoir plus ou moins selon la Table), le 8e rang accordait la noblesse non héréditaire à son récipiendaire. Le 4e rang s'accompagnait de la noblesse héréditaire, mais pas forcément d'un titre. Les 1er et second rangs n'étaient accessibles que sur décision du Tsar et s'accompagnaient de l'octroi d'un titre (en général un titre de comte héréditaire).

L'occidentalisation de la noblesse

Une véritable obsession du Tchin naquit dans toute l'aristocratie dés l'instauration de la Table. Avec les réformes de Pierre le Grand, la Dvoriané s'occidentalise, notamment sous l'impulsion de son successeur Catherine II et se divise comme l'aristocratie ouest-européenne en classes endogames ; à l'intérieur de chaque classe elle contracte de nombreuses alliances hors de Russie, et notamment dans le Saint-Empire romain germanique. Le titre de Tsar est remplacé par celui d'Impérator, qui finit par donner Empereur, les titres de la famille impériale commencent à prendre une dénomination occidentale et notamment française (le "tsesarevitch" devient Grand-duc de Moscou, les "tsarevitch" et "tsaritsa" Grand-ducs et grande-duchesses), les prédicats nobiliaires font leur apparition, ainsi que les titres de duc, comtes et barons.

Néanmoins l'organisation de la noblesse rendait ses titres réserves à l'élite de l'aristocratie[1], puisque, les rangs de la "Tchin" suffisaient à faire la distinction entre un noble, un noble héréditaire et un roturier.

La fin de la noblesse

La "dvoriané" connut un clivage entre conservateurs qui s'en tenaient aux valeurs ancestrales de l'orthodoxie et de l'absolutisme du Tsar, et les réformateurs, imprégnés par l'esprit des Lumières, qui obtinrent en 1861 l'abolition du servage et espéraient encore en vain une monarchie constitutionnelle. Il semble néanmoins que le courant traditionaliste soit de tout temps resté majoritaire comme l'atteste l'utilisation des termes russophones par la majorité des russes et des occidentaux alors que ces appellations n'avaient plus cours depuis Pierre Ier.

Ces nombreuses disputes idéologiques au sein de la noblesse, ainsi que l'extrémisme de certains réformateurs[2] conduiront les Tsar et notamment Nicolas II à se réfugier dans le conservatisme et l'autocratie. Ce profond immobilisme démocratique et institutionnel finiront par déclencher des révoltes de plus en plus nombreuses, jusqu'à la révolution rouge qui vit l'abolition de la monarchie en février 1917. Suite à l'avènement du gouvernement soviétique, la "dvoriané" est abolie comme toutes les autres classes sociales. A partir de 1917 deux courants vont brièvement apparaitre.

Le premier est composé du noyau dur de la monarchie et de la noblesse, ainsi que de fidèles au dernier tsar qui prendront les armes pour une contre révolution : il s'agit des russes blancs (en référence à la couleur de la monarchie). Cette contre-révolution échouera rapidement face aux armées rouges et les derniers russes blancs verront leurs têtes mises à prix et devront fuir, dans un premier temps cachés par des sympathisants à la cause du tsar, puis lors de l'instauration des premiers climats de terreur, vers l'Europe occidentale et majoritairement la France, la noblesse étant depuis Catherine II, très francophile (le français est la langue d'usage à la Cour.), causant ainsi l'une des plus grandes diaspora du XXe siècle. Le peu de "blancs" restés en Union Soviétique seront traqués par le NKVD puis par le KGB pour être finalement sommairement exécutés.

Le second courant est composé d'une partie de la petite noblesse et des nobles les plus libéraux du régime qui dans un premier temps rejoindront les rangs soviétiques (le père de Lénine, Ilia Oulianov est par exemple au 6e rang de la Table lors de sa mort : Lénine est donc noble de naissance)). Suite aux différentes purges et notamment les purges staliniennes, il ne restera quasiment plus aucun membre issu de ce second courant en Union Soviétique à partir de la moitié du XXe siècle.

Les autres pays slaves

La plupart des pays d'Europe ayant connu une forte influence de la Russie (soit historique par la rus'de Kiev, soit par conquête ou assimilation culturelle) aura sa propre version de la "Boïar" qui correspondra généralement à ce que fut cette classe d'aristocrate au début de l'Empire. Chaque pays ayant sa propre organisation au sein de son aristocratie, les boyards n'ont en général en commun que les titres, parfois translittérés dans la langue nationale ou régional (cas de la futur Ukraine par exemple) et la position occupée par ladite classe dans la société.

Dans les pays slaves des Balkans, conquis par l'Empire Ottoman, la classe des boyards disparaît (soit massacrée, soit par expatriation dans les principautés roumaines, vassales des ottomans mais restées autonomes, soit par passage à l'Islam et intégration à l'élite turque). Lors de l'indépendance de ces pays, les familles princières émergentes sont en général d'origine roturière (Serbie) ou étrangère (Bulgarie). Il existe en effet très peu de familles ayant régné sur ces pays durant les ères modernes qui soient issues de l'ancienne aristocratie. Elles ont généralement eu beaucoup de mal à rétablir l'institution des boyards.

Dans les principautés roumaines de Moldavie et Valachie, les boyards se maintiennent jusqu'en 1947, mais sont dépossédés de leurs domaines lors des réformes agraires successives de 1865, 1921 et 1946. Dès le XVIIIe siècle, les boyards de Moldavie avaient envoyé une requête à l’empereur de Russie, demandant la création d’un État roumain indépendant ; des boyards de Valachie firent la même requête en 1802 à Napoléon. La classe des boyards roumains se divisa ensuite entre conservateurs (partisans du maintien des Principautés) et rénovateurs (partisans d'un état unitaire constitutionnel): ces derniers eurent gain de cause en 1859.

Dans les zones à majorité orthodoxe de la Hongrie médiévale et de Empire des Habsbourg ("Banats" serbes et roumains, marches-frontières, Principauté de Transylvanie), les boyards, déclassés en tant que "schismatiques" (la monarchie tant hongroise qu'habsbourgeoise était catholique), se sont progressivement soit intégrés à la noblesse hongroise ou autrichienne en passant au catholicisme (cas de la famille de Jean Hunyadi), soit expatriés dans les royaumes ou principautés serbes (telles la Rama, la Zeta, la Rascie ou le Monténégro) ou dans les principautés roumaines de Moldavie et Valachie.

Les purges soviétiques

Les pays où l'on trouvait des boyards ayant tous été soumis au communisme soit en tant que membres de l'URSS soit en tant que pays satellites liés par le Pacte de Varsovie.

Les boyards ont ainsi disparu plus ou moins progressivement en tant que classe. Soit ils se sont exilés ou ont été massacré dés les premiers temps du régime communiste (principalement le cas en URSS) soit leurs privilèges et leur statut à progressivement disparu au gré des réformes soviétiques (généralement le cas des pays satellites de l'URSS). Les expatriés ont parfois été intégrés dans l'aristocratie occidentale par mariages (cas d'Anna de Noailles, née princesse Brâncoveanu, ou de Maurice Paléologue). Mais la plupart se sont fondus dans la population du pays d'accueil ou de leur propre pays, et rares sont ceux qui revendiquent encore un statut de boyards (d'ailleurs beaucoup de ceux qui le revendiquent, ne le sont pas : par exemple, des dizaines d'américains, d'allemands ou de français se réclament de...Dracula). Ceci étant due à la récente chute l'URSS. En effet, jusqu'au milieu des années 90, les exilés qu'ils soient d'origine "blanche" ou soviétique ont toujours vécu dans la peur du NKVD puis du KGB et les habitudes prises durant presque huit décennies afin de cacher son identité[3] seront difficiles à rectifier, certains descendants de boyards ignorant même jusqu'à leur appartenance à cette ancienne classe de nobles.

Notes et références

  1. On ne comptait pas plus d'une vingtaine de famille ducales (ou princières selon les traductions) et un peu moins de 200 comtes dans un Empire s'étendant de l'Europe au Japon. (le titre de baron ne fût quasiment pas décerné).
  2. Voir l'assassinat d'Alexandre II et les tentatives d'assassinat d'Alexandre III
  3. Beaucoup de familles nobles tronquerons leur nom, modifierons la date ou le lieu de naissance des exilés ou changerons leur histoire afin de se cacher des autorités soviétiques.
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