Finnois

Finnois
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Finnois
Suomi
Parlée en Drapeau de Finlande Finlande, Drapeau d'Estonie Estonie, Drapeau de Suède Suède, Drapeau de Norvège Norvège, Drapeau de Russie Russie
Nombre de locuteurs ~ 5 millions
Typologie SVO + ordre libre
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle de Finlande, République de Carélie
Codes de langue
ISO 639-1 fi
ISO 639-2 fin
ISO 639-3 fin
IETF fi
Échantillon
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme (le texte en français)

1. artikla.

Kaikki ihmiset syntyvät vapaina ja tasavertaisina arvoltaan ja oikeuksiltaan. Heille on annettu järki ja omatunto, ja heidän on toimittava toisiaan kohtaan veljeyden hengessä.

Le finnois, également appelé finlandais[1] (en finnois : suomi), est une langue de la branche fennique de la famille des langues ouraliennes.

Le finnois s'écrit au moyen de l'alphabet latin.

Il est parlé dans l'ensemble de la Finlande, à l'exclusion des îles Åland qui sont uniquement suédophones. Il l'est également en Russie, dans la république autonome de Carélie, où il bénéficie d'un statut officiel. Le finnois compte au total 5 millions de locuteurs. Il est la langue maternelle d'environ 93 % des Finlandais ; en Carélie russe, le nombre des locuteurs est d'environ 70 000.

Dans un ensemble de communes finlandaises localisées dans le sud-ouest et l'est du pays, essentiellement sur le rivage de la mer Baltique, il est parlé en concurrence avec le suédois, souvent majoritaire. La constitution finlandaise accorde un statut de bilinguisme à toute commune dans laquelle soit 3 000 personnes, soit 8 % de la population sont de langue maternelle suédoise.

Sommaire

Alphabet finnois

Ordre alphabétique et valeur des graphèmes

Articles détaillés : Alphabet finnois et Prononciation du finnois.

La transcription suit les usages de l'alphabet phonétique international.

A [ɑ] B [b] C [k] D [d] E [e] F [f] G [g] H [h] I [i] J [j] K [k] L [l] M [m] N [n]
O [o] P [p] Q [k] R [r] S [s] T [t] U [u] V [v] X [ks] Y [y] Z [s] Ä [æ] Ö [ø] Å []
  • A est prononcé comme dans « bas ».
  • B est un son d'emprunt : aucun mot d'origine finnoise n'emploie la lettre B. Les mots comportant un B sont donc d'origine étrangère, par exemple banaani, la banane. Beaucoup de finnophones le prononcent couramment encore parfois comme un "P" doux.
  • C est seulement employé dans des mots d'emprunt, et la prononciation varie en fonction du mot dans lequel il est employé.
  • D qui se prononce comme en français
  • E se prononce comme un É fermé, moins écarté cependant que le français e (dans « été »).
  • F est un son emprunté. Il est parfois encore prononcé V, et ses premières transcriptions s'écrivaient hv comme dans kahvi (« café »).
  • G se prononce toujours comme dans « guitare ». Il est couramment prononcé comme un K doux. Le groupe transcrit ng se prononce comme un seul son très nasalisé, comme dans les langues germaniques.
  • H est toujours aspiré.
  • I se prononce comme en français.
  • J se prononce comme le Y dans « mayonnaise ».
  • K se prononce comme en français.
  • L se prononce comme en français.
  • M se prononce comme en français.
  • N se prononce comme en français.
  • O varie entre le o ouvert de « poste » et le o fermé de « dôme », en moins arrondi.
  • P se prononce comme en français.
  • R est toujours roulé, très clair.
  • S est toujours dur (SS).
  • T se prononce comme en français.
  • U est prononcé OU comme dans louche.
  • V comme en français
  • Y prononcé U comme dans dur
  • Z est prononcé TS, présent dans des mots d'emprunt, pizza (que l'on peut aussi écrire pitsa).
  • Ä est un A très ouvert (entre le È de chèvre et le A de cat en anglais).
  • Ö comme dans « peu », mais moins arrondi
  • Å comme un O long. Il s'agit d'une lettre suédoise, utilisée uniquement dans les noms propres.

Un signe double correspond à une voyelle longue ou à une consonne géminée : tuuli [tuːli], takka [takːka], tyytymättömyys [tyːtymætˈtømyːs], etc. La seule consonne à ne jamais être doublée à l'écrit, bien qu'elle puisse être longue (surtout dans la langue familière et certains dialectes), est le V : sauva [sauvːa]. (Pas vrai: aucun mot ne contient un double J, et un double H existe dans un dialecte.)

Le finnois standard (il existe comme partout ailleurs des variations régionales) fait partie des langues qui se prononcent comme elles s'écrivent et s'écrivent comme elles se prononcent, autrement dit le système graphique du finnois est quasiment à 100% la représentation des réalisations phoniques. Il est ainsi très facile d'apprendre à lire le finnois (cela concerne du reste aussi les enfants finnophones qui apprennent à lire bien plus facilement que les jeunes anglophones et francophones). Il n'y a que quelques très rares défaillances dans le système : les formes fléchies de sydän s'écrivent avec un m mais se prononcent avec deux m; l'allongement consonantique dû à l'influence de l'occlusive glottale n'est pas transcrit : se ei ole painavaa, prononcé avec un p long. Il y a aussi quelques incertitudes sur la question de savoir si certains mots composés s'écrivent en un seul ou en deux mots. Mais cela reste marginal en comparaison des multiples systèmes et sous-systèmes graphématiques concurrents et contradictoires du français ou de l'anglais. La dictée est ainsi un exercice quasiment inutile dans les écoles finlandaises.

Grammaire du finnois

Le finnois emploie souvent des suffixes là où d'autres langues emploient plus volontiers des pronoms et des prépositions ; c'est ce qui a conduit à décrire le finnois comme une langue « agglutinante », terme qui pourrait s'appliquer cependant à un très grand nombre de langues de familles très différentes.

Morphologie

• Une des manifestations du caractère agglutinant du finnois est l'abondance relative des cas de la déclinaison, quoique les 15 cas officiellement recensés ne soient pas tous aussi souvent utilisés : les cas indiquant le sujet et l'objet, nominatif (nominatiivi), génitif (genetiivi), accusatif (akkusatiivi) et partitif (partitiivi) représentent, comme on peut s'y attendre, environ 70% des formes du nom. Huit autres cas expriment des relations spatiales (à, de, vers, dans, etc.) et s'utilisent aussi pour rendre d'autres fonctions (comme le français à, qui peut exprimer le lieu, la date, le destinataire, etc.). Trois cas qui sont systématiquement mentionnés dans les grammaires (comitatif, abessif et instructif) ne sont plus guère utilisés et les valeurs qu'ils expriment sont pratiquement toujours rendues par des constructions prépositionnelles. En revanche, le cas distributif (-ttain/-ttäin), souvent omis dans les grammaires, est beaucoup plus productif (toutes proportions gardées) que les trois précédents (viisi lääkäriä kunnittain « cinq médecins par commune », sivuittain « page par page », etc). Il y a au total 12 (ou 13) cas productifs. Le finnois n'utilise pas seulement des cas, mais recourt également à un grand nombre de prépositions ou postpositions.

Les « cas » du finnois ne sont pas assimilables aux cas du latin ou du grec ancien et s'apparentent plutôt à de simples suffixes porteurs de sens. En effet, contrairement au latin ou au russe, il n'existe en général qu'une seule terminaison possible par cas (exception faite du génitif pluriel ou du partitif qui peuvent avoir plusieurs terminaisons). De même, les terminaisons verbales sont identiques dans toutes les 4 conjugaisons. Il faut noter toutefois que pour bon nombre de substantifs, les désinences casuelles ne sont pas seulement ajoutées au mot telles quelles, mais le mot subit quelques transformations internes avant de se voir greffer cette terminaison. Ainsi le mot avain (clef) devient "avaimen" au génitif ou bien puku (costume) devient "puvun" au même cas etc.

• Le caractère agglutinant du finnois ne se limite ni aux « cas » ni aux mots composés. D'autres éléments grammaticaux prennent logiquement leur place à la suite du radical et ce dans un ordre immuable. Par exemple la forme taloissani « dans mes maisons » peut se segmenter de la façon suivante : talo « maison » + i marque du pluriel + ssa marque du cas inessif (« dans ») + ni suffixe indiquant un possesseur de première personne du singulier (« mon, ma, mes »), la forme 'uidessani' « pendant que je nage » est construite sur uida « nager » et ssa et ni comme précédemment.

• De même que le turc, le mongol et le hongrois, le finnois a systématisé l'harmonie vocalique.

Diagramme de Venn du système d'harmonie vocalique du Finnois. Les voyelles d'avant sont en bleu, les neutres en vert celles d'arrière en jaune.

Les mots contiennent soit des voyelles d'avant (ä ö y [æ /ø/y]), soit des voyelles d'arrière (a o u [a/o/u]), les deux séries ne pouvant pas se mélanger. Les voyelles e et i sont neutres, c'est-à-dire qu'elles peuvent se combiner avec toutes les autres voyelles : kuolematon, säilöminen, tyytymättömyys, etc. Les désinences ou les suffixes ont ainsi une forme en a ou en ä (a très ouvert) selon que le mot contient des voyelles d'arrière ou d'avant  : talossa (dans la maison), metsässä (dans la forêt). Les mots composés peuvent combiner des mots à voyelles d'avant et des mots à voyelles d'arrière : syntymätodistus (syntymä + todistus), le timbre de la voyelle désinentielle dépendant dans ce cas du dernier élément : syntymätodistuksessa. Dans certains cas, un certain flottement règne chez les locuteurs finnophones eux-mêmes (kilometria ou kilometriä?) et les dictionnaires donnent parfois le timbre de la voyelle de déclinaison.

• Le finnois se caractérise également par le phénomène de la lénition, en l'occurrence l'affaiblissement des occlusives en syllabe fermée (pp devient p, p peut devenir v, tt devient t, t devient d, etc.). Ces modifications constituent l'alternance consonantique. Les règles, bien que nombreuses, en sont relativement simples, mais il existe un certain nombre d'exceptions (dues à diverses raisons : mots d'emprunt, analogie, etc.).

Les flexions, déclinaison et conjugaison, se construisent à partir de radicaux appelés « thème». Un mot (nom, adjectif ou verbe) possède toujours un thème vocalique, certains mots également un thème consonantique. Pour conjuguer les verbes et décliner les noms ou adjectifs, il faut (et il suffit de) connaître :

- le thème du mot (qui s'apprend par le lexique ; le plus souvent, les noms ont un seul thème, et, parmi les verbes, seuls les verbes de la 4e conjugaison ont un thème qu'il est parfois impossible de déduire a priori) ;

- les règles concernant les modifications des voyelles en contact avec le i du pluriel et du prétérit ;

- les règles de l'alternance consonantique.

Ces règles, relativement peu nombreuses au total, font sentir leur effet simultanément, et peuvent déboucher sur des « modèles » de déclinaisons qui semblent différents. Certains vont ainsi jusqu'à identifier 75 déclinaisons en finnois, ce qui est parfaitement abusif. Il n'y a qu'un seul modèle de déclinaison. On peut déduire toutes les formes de celles qu'on trouve dans les dictionnaires — nominatif singulier pour les noms et infinitif pour les verbes — quand on connaît l'ensemble des règles applicables : la langue littéraire présente une grande régularité. Il n'y a pas un seul verbe irrégulier en finnois, si l'on excepte le verbe « être » olla, irrégulier dans de nombreuses langues, mais dont seules les 3e personnes du présent de l'indicatif sont irrégulières (de même, le radical du mode potentiel - voir ci-dessous - de ce verbe est différent du radical normal, mais il se conjugue cependant régulièrement). C'est l'application simultanée de plusieurs mécanismes (parmi lesquels on peut mentionner également les effets d'une occlusive glottale fantôme dans la conjugaison de certains verbes), qui peut donner une impression de complexité. Il faut tout de même préciser qu'il est toujours utile d'apprendre le génitif et le partitif de chaque mot pour savoir le décliner correctement ainsi que le présent et le prétérit des verbes pour les conjuguer.

Syntaxe

Sur un plan général, et bien que le finnois ne soit pas une langue indo-européenne, dans l'ensemble la structure syntaxique est similaire à celle des autres langues d'Europe. Le finnois s'est nettement indo-européanisé au cours des siècles (à supposer même qu'il y ait jamais eu une différence absolument radicale entre langues indo-européennes et langues finno-ougriennes, ce qui ne semble pas être le cas[non neutre] [réf. nécessaire]).

• Le finnois connaît les notions de temps verbal, de personne, de nombre, les pronoms, les conjugaisons, le sujet, l'objet, etc., toutes choses dont certaines sont parfois absentes dans d'autres langues du monde. La présence de déclinaisons n'est pas une originalité (latin, grec, russe, polonais, allemand, islandais etc. en ont aussi). L'ordre des mots est habituellement SVO (sujet-verbe-objet), comme en français, et l'information nouvelle se trouve à la fin du groupe syntaxique (comme en français). Comparer:

Huomenna käyn postissa.
– Demain je vais à la poste.
Käyn postissa huomenna.
– Je vais à la poste demain.

• La présence de désinences permet en principe de placer par exemple l'objet librement dans la phrase, mais l'ordre des mots, comme dans de nombreuses langues du monde, est loin d'être libre (contrairement au latin ou à l'esperanto ou l'ordre des mots est totalement[réf. nécessaire] libre). Là où le finnois utilise une inversion, le français, par exemple, utilise la dislocation (langue parlée) ou le passif :

Talon ostivat hänen vanhempansa.
La maison, ce sont ses parents qui l'ont achetée.
La maison a été achetée par ses parents.

Parmi les particularités du finnois, on peut mentionner les faits suivants :

  • l'absence d'article (ce qui n'est pas une originalité, le latin ou le russe en étant dépourvus également). Dans la langue parlée, on peut considérer que le démonstratif se sert parfois d'article défini (comme se plaisent à le rappeler certains linguistes finlandais ou autres), mais il ne peut exprimer que la référence spécifique explicite :
– Hier j'ai eu une nouvelle carte bancaire. En allant retirer de l'argent, j'ai constaté que la carte ne fonctionne pas.
Eilen sain uuden pankkikortin. Kun nostin rahaa automaatilta, huomasin, että se kortti ei toimi.

Dans les autres cas, l'article est impossible en finnois :

Le téléphone sonne.
Puhelin soi. (référence spécifique implicite)
Le soleil brille.
Aurinko paistaa.
Le chocolat noir est bon pour la santé.
Tumma suklaa on terveellistä. (référence générique)
Un garçon est dans la rue.
Kadulla on poika. (référence générique)
Le garçon est dans la rue.
Poika on kadulla. (référence générique)
  • les prépositions ou postpositions se « déclinent », c'est-à-dire qu'elles prennent des suffixes possessifs : takana « derrière » (position) > takanani, takanasi « derrière moi, derrière toi», etc. Mais on retrouve cela en hongrois (langue parente du finnois), en arménien ou encore en breton. Vraisemblablement c'était à l'origine des noms de lieux et qui par figement, ont peu à peu perdu leur nature de nom, mais la conservent encore à travers ce trait morphologique commun avec les autres noms.

Elles se déclinent aussi en fonction du mouvement et de la position. Ainsi alla « sous » prend trois formes où l'on retrouve les trois cas « externes ».

- Pöydän alle: quand on passe sous la table;
- Pöydän alla: quand on se trouve sous la table;
- Pöydän alta: quand on sort de sous la table.
  • l'absence de véritable passif. Il existe un mode appelé « passiivi », mais c'est simplement une forme impersonnelle du verbe (on ne peut pas exprimer l'agent), qui ne connaît qu'une seule forme par temps et par mode (on peut difficilement parler de personne, étant donné que la forme est impersonnelle) : lauletaan « on chante », sanotaan « on dit », ostettiin « on a acheté », olisi sanottu « on aurait dit » etc. À noter que cette forme impersonnelle est couramment utilisée comme substitut de la 1e personne du pluriel dans la langue parlée, exactement comme on en français (il y a ainsi un curieux parallèle entre le finnois et le français sur ce point précis) : me soitettiin eilen « on a téléphoné hier ».
  • les modes verbaux du finnois sont l'indicatif, le conditionnel, l'impératif, le participe, l'infinitif et le potentiel. Cette classification est cependant doublement disparate, le conditionnel n'étant plus considéré comme un mode dans la grammaire française moderne (c'est un des temps de l'indicatif au même titre que le futur) et le participe/infinitif n'étant pas considéré comme un mode verbal dans la tradition grammaticale finnoise (ce sont des formes nominales du verbe, au même titre qu'en français par exemple apparition ou changement). Le potentiel est un mode qui exprime la probabilité : hän ostanee « il achètera sans doute/probablement », hän lienee tullut « il est sans doute venu / il a dû venir ». Mais l'emploi de ce mode est cantonné à l'écrit et, dans la langue courante, les valeurs qu'il exprime sont le plus souvent rendues par des adverbes exprimant la probabilité. Beaucoup de gens ne savent même pas construire la forme correcte du potentiel, tant elle est sortie de l'usage courant. Comme modes conjugués, il ne reste donc en finnois que l'indicatif, le conditionnel (selon la terminologie traditionnelle) et l'impératif, étant donné qu'il n'y a pas de subjonctif dans cette langue.
  • temps : l'indicatif comprend le présent, le prétérit, le parfait et le plus-que-parfait ; le conditionnel comporte deux temps, présent et parfait. Il n'y a pas de futur morphologique, le futur est rendu, quand c'est absolument indispensable, par la périphrase tulla (« venir ») + infinitif (cf. français : il va...). Le futur est le plus souvent rendu par le présent (c'est le cas du reste en français également). Cependant l'action du verbe pouvant être achevée (génitif) ou inachevée (partitif) en finnois, elle donnera une information sur une action en cours (présent) ou comprise dans sa globalité (futur): äiti laittaa kakkua (maman fait un gâteau - action qui se déroule, qui est en cours) et äiti laittaa kakun (maman fera un gâteau - action appréhendée dans sa totalité). Voir paragraphe plus bas.
  • les infinitifs sont au nombre de quatre. En fait il s'agit plutôt d'une manière de classer les formes non conjuguées du verbe, qui sont considérées en finnois comme des formes nominales (ce qu'elles sont morphologiquement en finnois, puisque les « infinitifs » peuvent se décliner - à certains cas seulement). Aux « infinitifs » du finnois correspondent ainsi des noms ou groupes nominaux dans d'autres langues d'Europe (par exemple rakenta-minen ~ build-ing).
  • l'auxiliaire négatif : la négation est déroutante pour qui s'initie au finnois, car elle s'exprime à l'aide d'un auxiliaire négatif sans infinitif qui se conjugue aux différentes personnes. Il est suivi du verbe à la forme thématique (vocalique) et au degré faible aux temps du présent, ou du participe passé aux temps du passé : en sano / et sano / hän ei sano / emme sano / ette sano / he eivät sano « je ne dis pas ((tu/il/nous/vous/ils ne ... etc.)  », en sanoisi « je ne dirais pas », et sanonut « tu ne disais pas », et ole sanonut « tu n'as pas dit », et ollut sanonut « tu n'avais pas dit », emme olisi suostuneet « nous n'aurions pas accepté », etc. On utilise également cet auxiliaire à l'impératif, et dans ce cas, aux personnes autres que la 2e personne du singulier, on ajoute encore la particule -koon/köön après le verbe, ce qui est incontestablement déroutant pour l'étranger qui apprend le finnois :
sano (dis) → älä sano (ne dis pas)
sanokoon (qu'il dise) → älköön sanoko (qu'il ne dise pas)
sanokaamme (disons) → älkäämme sanoko (ne disons pas)
sanokaa (dites) → älkää sanoko (ne dites pas)
sanokoot (qu'ils disent) → älkööt sanoko (qu'ils ne disent pas)
  • la forme interrogative dans l'interrogation totale (réponse oui/non) se réalise par adjonction d'une particule ko/ (en fonction de l'harmonie vocalique), similaire aux particules interrogatives qu'on trouve par exemple en latin ou en russe (ou même en français, car fonctionnellement la suite [εsk] est-ce que se comporte comme une particule interrogative, phénomène obscurci par la graphie). Si le sujet est exprimé (groupe nominal ou pronom de 3e personne, les pronoms de 1e et 2e personne n'étant pas obligatoirement exprimés), il y a inversion du sujet, comme dans de nombreuses langues. Le finnois peut utiliser cette particule de manière très souple, car on peut l'adjoindre à tout mot sur lequel on veut faire porter l'interrogation : le verbe, le sujet, l'objet, un adverbe, etc. Par exemple dans la phrase hän osti sen eilen = il / a acheté / le / hier (il l'a acheté hier), on peut adjoindre la particule à chacun des mots, en fonction du sens de la question :
Hän osti sen eilen. Il l'a acheté hier. →
Ostiko hän sen eilen ? Est-ce qu'il l'a acheté hier ?
Hän osti sen eilen ? Est-ce lui qui l'a acheté hier ?
Sen hän osti eilen ? Est-ce ça qu'il a acheté hier ?
Eilen hän osti sen ? Est-ce hier qu'il l'a acheté ?
  • L'interrogation partielle (qui ?, que ?, quoi ?, comment ? etc. ) se construit simplement en ajoutant le mot interrogatif en début de phrase. Exemple : Mistä tulet? « D'où viens-tu ? » se construit à partir de tulet « tu viens ». Le mot interrogatif est dans la plupart des cas construit par "déclinaison" du même thème : Mi-stä « D'où», Mi-hin « (vers) où», "Mi-ssä" « (dans) où», "Mi-ksi" « (dans) où », "Mi-lloin" « combien », "Mi-ksi" « pourquoi », etc. Ce qui tout compte fait n'est pas très différent de l'usage courant d'un même préfixe dans d'autres langues comme le "Qu" en français ou plus encore le "Wh" en anglais.
  • La plus grande originalité du finnois (mais que cette langue partage avec l'estonien, son proche cousin) est le fait que le finnois attache une grande importance à l'expression de l'aspect verbal (perfectif vs. non perfectif), et que, contrairement au russe, où, logiquement, l'aspect verbal est exprimé par le verbe (c'est aussi le cas en français avec l'opposition imparfait/passé simple-passé composé), la marque de l'aspect est portée par le nom, en l'occurrence par la désinence de l'objet. On oppose ainsi un cas accusatif (ou génitif d'après la terminologie de la toute récente grande grammaire du finnois Iso Suomen kielioppi, 2004) et un cas partitif (partitiivi), exprimant respectivement l'objet « total » et l'objet « partiel » ou « partitif ». Cette terminologie est trompeuse, le terme de partiel n'exprimant pas une partie de quelque chose, pas plus d'ailleurs que celui de partitif. On peut opposer ainsi :
Hän rakentaa taloa. Il construit/est en train de construire une/la maison. (cas partitiivi, aspect non perfectif)
Hän rakentaa talon. Il construira une/la maison. (cas accusatif, aspect perfectif).

Cet exemple ne donne qu'une idée très sommaire de la complexité du système, étant donné que le caractère perfectif ou non du verbe dépend évidemment de critères sémantiques (donc lexicaux, donc arbitraires, un processus vu comme perfectif en finnois n'étant pas forcément senti comme tel dans une autre langue) et que de nombreux cas d'analogie, de lexicalisation, etc. viennent en contrecarrer le fonctionnement. C'est ainsi que seuls les finnophones maîtrisent cette alternance (avec parfois des divergences entre les locuteurs), les suédophones de la minorité suédoise de Finlande étant réputés pour leurs « fautes d'objet » quand ils parlent finnois.

Cependant, l'opposition entre perfectif et non perfectif est totalement effacée dans les phrases négatives, dans lesquelles l'objet est quasi systématiquement au partitiivi :

Hän ei rakenna taloa. Il ne construit pas/n'est pas en train de construire/ne construira pas la maison/de maison[2].

Notes et références

  1. Le nom que l'on doit donner à cette langue est-il finnois ou finlandais ? Le mot finnois s'applique à la langue et la culture des Finnois, une des peuplades qui ont progressivement occupé le territoire de la Finlande au cours des millénaires. On peut ainsi différencier sur le plan ethnologique et historique les Finnois, les Saamis ou Lapons et les Suédois qui ont colonisé le sud-ouest de l'actuelle Finlande, chacune de ces populations étant imprégnée d'un substrat culturel spécifique. Le terme finlandais s'applique pour sa part aux réalités de la Finlande moderne, née en tant que telle en 1917. Il y a donc des Finlandais qui parlent le finnois, d'autres qui parlent le suédois et d'autres encore qui parlent le saami. Dans la pratique, pour qui ne connaît pas la complexité de l'histoire finlandaise, cette distinction peut sembler artificielle, et elle n'est d'ailleurs pas toujours connue des locuteurs francophones. La maintenir à tout prix peut sembler pertinent dans un contexte scientifique (notamment linguistique comme dans le présent article) mais plus discutable dans d'autres contextes car, pour la majorité des francophones, le terme finlandais serait bien plus informatif que l'énigmatique finnois. Le maintien de l'adjectif finnois permet cependant d'opérer une distinction capitale entre l'une des cultures composant l'identité nationale (le finnois) et la nationalité liée à l'Etat finlandais. Pour illustrer la complexité culturelle associée à ce problème de dénomination, il suffit de mentionner l'hymne national finlandais, Vårt Land, écrit en suédois par Johan Ludvig Runeberg, que les Finlandais considèrent comme leur poète national alors qu'il est de culture et de langue suédoise et non finnoise.
  2. Voir aussi la Discussion (onglet Discussion > Syntaxe) pour quelques remarques supplémentaires concernant l'aspect.

Voir aussi

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