Ion Antonescu

Ion Antonescu
Ion Antonescu
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Ion Antonescu

Mandats
Chef de l'État Roumain
5 septembre 194023 août 1944
Élection nomination par décret royal du (5 septembre 1940)
Réélection sans élection
Président du Conseil lui-même (comme « chef de l’État national-légionnaire »
En tant que vice-président du Conseil :
Horia Sima
Mihai Antonescu
Prédécesseur Ion Gigurtu
Successeur Constantin Sănătescu (président du Gouvernement provisoire)
Ministre de la Guerre
28 décembre 193730 mars 1938
Prédécesseur général Constantin Ilasievici
Successeur général Gheorghe Argeșanu
6 septembre 194027 janvier 1941
Prédécesseur général Constantin Nicolaescu
Successeur général Iosif Iacobici
Ministre des Affaires étrangères (ad-interim)
26 janvier 19411er janvier 1943
Prédécesseur le prince Mihail Sturdza
Successeur Mihai Antonescu
Biographie
Nom de naissance Ion Victor Antonescu
Date de naissance 15 juin 1882
Lieu de naissance Roumanie Pitești (Roumanie)
Date de décès 1er juin 1946 (à 63 ans)
Lieu de décès Roumanie
fusillé en prison Jilava (Roumanie)
Parti politique parti fasciste Garde de fer et le « Mouvement Légionnaire »
Conjoint Rachel Mendel (divorcée ?)
Maria née Niculescu, ex-Cimbru, ex-Fueller
Enfants un fils
Profession général
Religion chrétien orthodoxe
Présidents du Conseil des ministres
Chef de l'État Roumain

Ion Victor Antonescu, né à Pitești en 1882, était un militaire roumain devenu homme politique d'extrême droite. Il fut le chef du gouvernement et chef de l'État Roumain (dictateur - (ro) conducător - du Royaume de Roumanie) de 1940 à 1944. Il engagea son pays, aux côtés de l'Allemagne nazie, dans la Seconde Guerre mondiale. Il fut condamné à mort pour crimes de guerre et exécuté en 1946.

Sommaire

Carrière

Ion Antonescu était un pur militaire de carrière (surnommé « Le Chien Rouge »), issu de l'armée de terre. Il avait fait l'École de guerre. Il fit la deuxième guerre des Balkans et la Première Guerre mondiale (où la Roumanie combattait aux côtés de la France et du Royaume-Uni) en tant qu'officier. Il s'y distingua par son courage au combat et par un sens de la logistique « rare chez les Roumains, experts en désorganisation » (Henri Berthelot, 1916).

Lorsque les troupes du Royaume de Roumanie occupèrent Budapest, il s'y distingua dans la lutte pour vaincre la République des conseils de Hongrie (en hongrois, Magyarországi Tanácsköztársaság, République soviétique hongroise, le régime politique de la Hongrie du 21 mars au 6 août 1919)[1]. Le Lt. colonel Antonescu a été décoré de la plus grande distinction roumaine de guerre, L'Ordre Michel le Brave III-ème cl. (Décret royal no 5454/31 décembre 1919).

Ion Antonescu a été successivement :

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume de Roumanie, gouverné par le roi pro-allié, Carol II, reste neutre mais aide la Pologne à faire passer ses troupes en Égypte, territoire britannique. Considéré comme hostile à l'Axe, le pays est dépecé par l'Allemagne nazie et ses alliés: l'URSS (qui annexe la Bessarabie, Bucovine du nord et le Territoire de Hertza en juin 1940, aussitôt après l'effondrement de la France, garante des frontières roumaines), la Hongrie et la Bulgarie (qui annexent respectivement la Transylvanie du nord et la Dobroudja du sud en août 1940). Lorsque l'Allemagne nazie attaque l'URSS, Antonescu fait le choix de l'alliance avec Hitler pour récupérer la Bessarabie, mais cela fait, il envoie l'armée en Union soviétique jusqu'à Stalingrad.

Il est arrêté le 23 août 1944 sur ordre du roi Michel Ier et du Conseil National de la Résistance, lorsque la Roumanie, déjà partiellement occupée par l'Armée rouge depuis mars 1944, passa du côté des Alliés. Le 17 mai 1946, il est jugé par le Tribunal du Peuple de Bucarest et reconnu responsable de crimes de guerre et de la mort de plus de 800 000 Roumains dont 300 000 juifs. Il fut exécuté dans la prison de Jilava (1946).

Seconde Guerre mondiale

Alliance avec Hitler

Le 13 avril 1939, la France et le Royaume-Uni garantissent les frontières roumaines, et en septembre 1939, alors que la Pologne est démembrée par l'Allemagne et l'URSS, conformément au pacte Molotov-Ribbentrop, la Roumanie accueille les troupes survivantes (environ 85 000), le gouvernement et le trésor polonais. Les 26 navires du Service maritime roumain et la flotte roumaine les transportent jusqu'à Alexandrie en Égypte, où les Britanniques les intègrent. Dès l'effondrement de la France en juin 1940, Staline, soutenu par Hitler, adresse un ultimatum à la Roumanie qui doit céder 40% de son territoire à l'URSS, à la Hongrie et à la Bulgarie: la (Bessarabie, la Région de Hertza et le Nord de la Bucovine à l'Union soviétique, le Nord de la Transylvanie à la Hongrie, et la Dobroudja du sud à la Bulgarie). C'est la fin de la Grande Roumanie[B].

La Roumanie en août 1940 avec en rouge les territoires cédés à l'URSS, en jaune ceux cédés à la Hongrie, et en vert à la Bulgarie.
Frontières de la Roumanie entre 1941 et 1944, avec la Transnistrie à l'est.

Suite à cela, et au retrait chaotique et douloureux des autorités roumaines de Bessarabie, le roi Carol II, conspué par l'opinion et se trouvant dans une situation de crise politique aiguë, nomme Ion Antonescu premier ministre le 5 septembre 1940, sous la pression de Horia Sima, chef du mouvement fasciste dit Garde de fer[3]. Le lendemain de la nomination, Antonescu et son vice-président du Conseil Horia Sima organisèrent un coup d'État par lequel ils forcèrent le roi Carol II à abdiquer et proclamèrent un nouveau régime, d'inspiration fasciste, sous le nom d’« État national-légionnaire ».

Le mémoire des leaders de l'opposition Iuliu Maniu et Ion C. Brătianu à Antonescu (1942) contre le passage de Dniestr

Tant qu'il était assigné à résidence au monastère de Bistrița, Antonescu était une personnalité oubliée, sans poids politique, ni militaire. C'est la raison pour laquelle Horia Sima le choisit comme président du Conseil, espérant en faire un fantoche. Le stratagème échoua: s'emparant des pleins-pouvoirs avec l'aide de l'armée, où il avait gardé de nombreux appuis, Antonescu accapare tous les ministères-clefs (Justice, Affaires étrangères, Défense), les services d'espionnage (où il nomme un anti-légionnaire: Eugen Cristescu) et ne laisse aux « Légionnaires » de la Garde de Fer que les ministères et les fonctions secondes. La Garde de Fer s'inspirait du régime nazi, mais n'en partageait pas tous les principes: bien qu'ils fussent xénophobes et antisémites, les « Légionnaires » étaient aussi des intégristes chrétiens, comme les « Phalangistes » espagnols. Et comme ceux-ci, les « Légionnaires » répugnaient à mettre leur pays au service des intérêts allemands. Hitler ne les considérait donc pas comme très fiables, et choisit la junte militaire d'Antonescu, qui l'assure de la participation active et totale de la Roumanie dans la guerre à venir. Pour Hitler, le « Mouvement Légionnaire » devait surtout être un contre-poids, une menace permettant d'éviter une éventuelle défection d'Antonescu.

Dans un premier temps, Antonescu donna une place au pouvoir à la Garde de fer, et promulgua des lois anti-juives. Il laissa les « Légionnaires » assassiner des intellectuels et d'anciens élus des partis démocrates (certains, alors qu'ils étaient emprisonnés) et perpétrer des pogroms que Carol II avait empêché. Mais, la Garde de fer ayant tenté un coup d'État contre lui en janvier 1941, Antonescu interna ses membres en camps spéciaux de détention.

Antonescu opta pour une alliance avec l'Allemagne nazie déclarant que son intention permanente et ferme était de récupérer les territoires cédés. Dans les faits, la Roumanie n'en devint pas moins un vassal du Troisième Reich qui y imposa ses intérêts stratégiques (approvisionnement en produites agricoles, en pétrole à partir de la région de Ploiești) et utilisa le territoire roumain comme base d'invasion de l'URSS. La Roumanie paya l'engagement d'Antonescu par le sacrifice de plus de 800 000 roumains : 500 000 soldats tombés dans les steppes russes, 300 000 roumains de confession juive (près de la moitié d'entre eux), 15 000 roms et d'autant d'intellectuels, résistants et autres « indésirables » (« Nedoriți »). Ce furent là les chefs d'accusation au procès d'Antonescu en 1946.

Mihai Antonescu est un homonyme sans lien de parenté, mais c'était un ami du dictateur. Il avait été l'avocat d'Ion Antonescu dans un procès de bigamie. Ultérieurement, il devint son meilleur collaborateur, nommé vice-président du Conseil à partir de 1941, et fut l'un des principaux responsables des affaires intérieures du régime Antonescu. Un autre ami de jeunesse d'Ion Antonescu fut Wilhelm Filderman, qui devînt président de la fédération des organisations juives de Roumanie. Mais lorsque Filderman tenta de protéger ses coreligionnaires, il fut déporté en Transnistrie et n'en réchappa que de justesse. Antonescu, qui dans sa jeunesse avait été officiellement fiancé à une demoiselle Rachel Mendel qu'il avait épousé en secret, au désespoir de sa famille et de celle de la jeune fille, qui s'étaient liguées pour briser leur idylle[4] avait une attitude ambigüe envers les juifs. Dans ses déclarations publiques et ses décisions politiques, il était clairement antisémite et il a mis en œuvre la « Shoah roumaine »; mais d'un autre côté, il a refusémême ceux arrêtés en Allemagne) aux nazis, et a permis à l'organisation « Aliyah » dirigée, à Bucarest, par Eugen Meissner et Samuel Leibovici, d'affréter des trains à travers la Bulgarie et des bateaux à travers la Mer Noire, pour conduire les juifs roumains en Turquie (alors neutre) et de là, en Palestine[5]. Cette ambivalence n'exprime pourtant qu'une seule option: Antonescu souhaitait « nettoyer la Roumanie de tous les juifs » mais en « pleine souveraineté », sans interférence allemande. Ce faisant, il a nettement placé le pays et son armée au rang des bourreaux[6].

La guerre contre l’URSS

« Soldats, je vous l’ordonne, traversez le Prut ! »

Le 22 juin 1941, l'ordre du conducător Antonescu : « Soldats, je vous l'ordonne, traversez le Prut ! » les enjoint à « la guerre sacrée, anti-communiste, juste et nationale ».
Les troupes roumaines traversent donc le Prut et, aux côtés des Allemands, récupèrent la Bessarabie puis prennent Odessa et Sébastopol. Les Roumains prennent une part essentielle dans le siège d'Odessa qui se termine le 14 octobre 1941 par le retrait de l'Armée rouge. La Roumanie occupe la Podolie, territoire soviétique immédiatement à l'est du Dniestr, c'est-à-dire à l'est de la Moldavie. Cette région, appelée par les Roumains Transnistrie est, après la bataille d'Odessa, devient une terre de déportation pour les juifs, les roms, les résistants et les autres « indésirables » roumains, où l'armée se livre à des massacres qui s'ajoutent au froid et aux épidémies (dysenterie, typhus) : le nombre des victimes sera estimé, au procès d'Ion Antonescu, à 400 000 dont 293 000 juifs[2].
Fidèle à ses engagements envers Hitler et l'Allemagne nazie, Antonescu envoie ses troupes bien au-delà de la Bessarabie, à 2000 km vers l'est en Union soviétique avant de subir aux côtés des Allemands, le désastre de la Bataille de Stalingrad en 1942. En février 1943, l'armée roumaine, pour laquelle il n'existe aucun dispositif d'évacuation, est décimée à Stalingrad et doit se mettre en retraite aux côtés de son allié allemand, qui la laisse volontiers en arrière-garde. Elle perd, au cours de cette seule campagne, plus de 220 000 hommes[2].
Au total, 473 000 soldats roumains ont été engagés contre l'URSS. Parmi les forces de l’Axe, il s'agit du contingent le plus fourni après celui de l'Allemagne[2].

Conquérir la Crimée et Odessa « en passant »

Antonescu ordonne à l'armée roumaine (le « Groupe des Armées du Général Antonescu ») de conquérir la Crimée et Odessa « en passant ». Le 3 août 1941, les Corps IV et V de l'Armée roumaine, commandé par le général Nicolae Ciupercă traversent le Dniestr, entre Tighina et Dubăsari (« L'Ordre Opératif du Grand État-Major » no 31 du 8 août 1941). Le plan d'attaque élaboré par Antonescu en personne se révèle désastreux. Odessa est occupée par les armées roumaines alliées de l'Allemagne et souffre d'importants dommages.

Le 3 septembre 1941 le général Ciupercă fait à Antonescu un rapport sur la situation de ses troupes, qui, après un mois d'attaques permanentes, sans approvisionnement, dans un terrain hostile, doit faire face aux attaques des partisans soviétiques. Ciupercă propose d'alléger le dispositif, de consolider l'intendance, de laisser la population ukrainienne s'auto-gérer partiellement et de se concentrer sur les plans d'attaque. Ion Antonescu rejette le rapport et, le 9 septembre, le général Ciupercă est remplacé par le général Iosif Iacobici, prochain Chef du Grand État-Major (ultérieurement, le plan du général Ciupercă sera adopté discrètement, avec succès)[2].

Parmi les méthodes instituées par Antonescu pour « fouetter le moral des troupes », la Directive no 113 du 14 août 1941 (du Cabinet militaire), impose les punitions corporelles en cas de déshonneur (comme la fuite devant l'ennemi), ou de fautes graves (comme l'ordre de retrait donné par un sous-officier). Le punition peut aller jusqu'à 25 coups de fouet en public.

L'attentat des partisans soviétiques sur le quartier général roumain d'Odessa

Article détaillé : Massacres d'Odessa .

Le 22 octobre 1941, six jours après l'entrée des troupes roumaines à Odessa, les partisans soviétiques font sauter le quartier général roumain d’Odessa. Le général Ion Glogojanu, commandant d'Odessa, est tué, ainsi que 16 officiers, 46 sous-officiers et soldats roumains, et 4 officiers mariniers allemands. Les soldats roumains ne parviennent pas à capturer les vrais auteurs de l'attentat (aujourd'hui, les catacombes des partisans sont une attraction touristique). Le soir même, le général Antonescu personnellement, au nom du gouvernement roumain, ordonne des représailles implacables contre le population civile, spécialement les Juifs, parce que, conformément à sa propagande, « tous les Juifs sont communistes »[7],[8].

Aussitôt, le nouveau commandant d'Odessa, le général Trestioreanu annonce qu'il va prendre des mesures pour « pendre les Juifs et les communistes » sur les places publiques. Durant la nuit 5 000 Juifs sont exécutés, pendus en grappes de 3-5 victimes à chaque lampadaire sur les boulevards d'Odessa.

Chute d’Antonescu

Antonescu n'a jamais été élu par le peuple au suffrage universel, ni même investi par le parlement comme son homologue français Philippe Pétain. Il ne tenait sa « légitimité » que d'un décret royal, signé sous la contrainte par un roi qu'il a renversé le lendemain. En mars 1941 Antonescu, qui s'auto-proclame « Pétain roumain », se fait plébisciter et obtient 2 millions de oui contre 3 360 non[9]. Après la libération de la Bessarabie, dans un autre simulacre de plébiscite, la réussite avoisinait aussi les 99,9 %.

La popularité d'Antonescu s'effondra lorsque les deux armées roumaines, engagées sur les flancs des forces allemandes, subirent d'importantes pertes lors de la bataille de Stalingrad.

Devant l'avancée de l'Armée rouge, qui entra en Roumanie du Nord-Est en mars 1944, Antonescu fut arrêté le 23 août 1944 par le roi Michel Ier en personne, en accord avec le Conseil National de la Résistance et les leaders des partis politiques (dont les communistes alors libérés de prison[10]). Le lendemain, la Roumanie déclara la guerre à l'Allemagne et à la Hongrie, engageant 547 000 soldats roumains contre l'Axe: il s'agit du contingent le plus fourni après ceux de l'URSS, des États-Unis et du Royaume-uni[2]. Mais les Alliés attendirent jusqu'au 12 septembre 1944 pour répondre à sa demande d'armistice, et durant cette période, tandis que les Roumains luttaient à l'ouest contre la Wehrmacht et l'armée hongroise, à l'est l'Armée rouge se comportait toujours en ennemie et continuait à faire des prisonniers, alors que les Roumains avaient l'ordre de ne pas résister. De plus, durant ces trois semaines, la Roumanie fut bombardée alternativement par l'U.S. Air Force basée à Foggia (Italie), par la Luftwaffe basée à Szeged (Hongrie), et par les Soviétiques. Antonescu fut assigné à résidence à Bucarest jusqu'au 6 mars 1945, lorsqu'un coup d'État communiste renversa le gouvernement issu du CNR: Antonescu fut alors transféré à Moscou.

Après la Seconde Guerre mondiale, il fut ramené en Roumanie et traduit devant le « Tribunal du peuple » de Bucarest qui le condamna à mort le 17 mai 1946 pour crimes « contre la paix, contre le peuple roumain, les peuples de la Russie soviétique, les juifs, les tziganes et autres crimes de guerre », pour avoir provoqué la mort de 500 000 militaires et civils dans la guerre et pour la déportation ou l'exécution de près de 300 000 juifs roumains ou ukrainiens et 15 000 tziganes. Il fut fusillé en juin 1946, en même temps que Mihai Antonescu, vice-président du Conseil du Royaume de Roumanie de 1941 à 1944, le général de gendarmerie Constantin Z. Vasiliu, ex-sous-secrétaire d'État et Gheorghe Alexianu, ex-gouverneur de Transnistrie[11],[12]. Avant le tir, il leva son chapeau en criant « Vive la Roumanie ! » et ses derniers mots après le tir ont été, selon le rapport officiel de la Securitate de l'époque : « Vous ne m'avez pas tué, messieurs, tirez encore ! »[13].

Après la révolution de 1989, à la demande du fils de l'ex-gouverneur de Transnistrie, Gheorghe Alexianu, et des cercles nationalistes, la sentence du 17 mai 1946 condamnant le groupe d'Antonescu pour « crimes contre la paix » a été attaquée devant la Cour d'appel de Bucarest. Le 6 décembre 2006 la cour a estimé que les documents produits par les plaignants, inconnus lors du premier procès, notamment les protocoles secrets du Pacte germano-soviétique prévoyant la possibilité d'une agression soviétique contre la Roumanie, justifient l'engagement d'Antonescu contre l'URSS en 1941, et que donc, le « crime contre la paix » n'est pas établi, dans la mesure où la Roumanie, comme la Finlande, n'aurait eu aucune raison d'attaquer l'URSS si celle-ci n'avait pas d'abord, conformément au Pacte germano-soviétique, annexé des territoires au détriment de ses voisins[14]. Pour les autres chefs d'accusation de 1946, la sentence du 17 mai 1946 a été confirmée[C],[15].

Par la suite, le Parquet attaché à la Haute Cour de Cassation et de Justice de Roumanie a intenté un recours, et l'affaire a été rejugée. Le 6 mai 2008 la Haute Cour de Cassation et de Justice de Roumanie a rejeté la demande du 6 décembre 2006 et a confirmé définitivement la sentence du 17 mai 1946 donnée par le « Tribunal du peuple » de Bucarest[16].

Décorations

L’idéologie d’Antonescu

« Le train de la mort » Iași, 27 juin 1941
Juifs tués dans la rue, Pogrom de Iași

Antonescu est souvent l'objet d'opinions divergentes quant à ses responsabilités selon l'aphorisme du « verre à moitié vide ou à moitié plein ». Paradoxalement, les cercles politiques d'extrême droite, représentée par des écrivains comme Paul Goma ou Adrian Păunescu, ou des politiciens comme Corneliu Vadim Tudor (qui tendent à justifier la xénophobie et l'antisémitisme et s'en servent dans le champ politique actuel) essaient d'exonérer Ion Antonescu de ses responsabilités et insistent sur les crimes qu'il aurait pu commettre, mais qu'il a évités. Face à ces tentatives, l'image très négative exprimée par la majorité des historiens dessine un décideur qui aurait pu, comme ses homologues finlandais ou bulgares, éviter bien des crimes qu'il a pourtant soit laissé faire, soit ordonnés[17],[18],[19],[20],[21],[22],[23].

Dans la Roumanie comme dans des autres pays d'Europe et même en dehors de l'Europe, le fascisme, sous différentes formes, a joué un rôle clef dans la période 1930-1944, et a été au pouvoir de 1940 à 1944. Il a justifié la mise en place de mesures discriminatoires dès 1935 et de la « dictature carliste » (anti-fasciste, mais dictature) en février 1938. En abolissant la démocratie et l'état de droit, ces régimes ont ouvert les portes d'une « bestialisation » de la société, manifestée par des pogroms, des pillages, des viols, des meurtres, des déportations et l'emploi de l'appareil d'état et de l'armée à des fins criminelles, « bestialisation » qui s'est poursuivie ensuite sous le régime communiste durant près d'un demi-siècle. Ce n'est pas sans raison que la démocratie et l'état de droit ont été si difficiles à remettre en place après 1989. Antonescu était un dictateur mais pas un doctrinaire. Son idéologie, initialement conservatice, nationaliste et chrétienne, vire avec « l'air du temps » a une position pas tres loin du fascisme xénophobe et antisémite. Une xénophobie qui épargne cependant les Allemands et les magyars de Roumanie. Le 5 septembre 1940, il s'enrôle dans la Garde de fer, un parti véritablement fasciste[24]. Il considère alors que sa « mission historique est de faire de l'ordre et de nettoyer le pays de tous les éléments étrangers et nocifs : juifs, francs-maçons, tziganes et autres parasites qui ont corrompu le peuple roumain immaculé ». Sa réponse d'octobre 1942 à Ion C. Brătianu, leader du Parti Libéral dans l'opposition, est explicite :

« Les “youpins” ((ro) jidani[25]), avec les Anglais et les Américains, ont dicté la paix […] que vous avez d’accepté […] avec cette humiliante, indigne et ignoble garantie d'accorder des droits civiques aux Juifs […], ces cochons de Juifs qui ont sali le pays, compromis l'économie et la pureté de notre race […]. Vous avez causé la décadence morale de la Roumanie en capitulant devant les Juifs et les francs-maçons, par instauration d'un système démocrate-libéral, qui a accordé des droits égaux à tous, même aux femmes. »

— [26]

Comme Hitler, Ion Antonescu considère les juifs, les francs-maçons, les libres-penseurs, les suffragettes, les communistes, les slaves, le système démocrate et libéral et le socialisme comme une « pourriture » qu’il faut anéantir, écraser, afin de « purifier et guérir la race » (l'ethnie considérée comme un produit biologique et non pas culturel) en l'occurrence roumaine (« limpezirea și vindecarea neamului »). Il déclara le 7 mars 1941 : « Messieurs, nous sommes devant la nécessité pour notre nation de profiter de ce désastre (la guerre) pour se purifier, s'homogénéiser. Nous sommes sans pitié. Je ne pense pas à l'intérêt général du genre humain, je pense à l'intérêt national de notre race, qui nous ordonne de cesser d'être tolérants avec tous ces éléments étrangers qui nous ont exploités, abâtardis, amollis et qui nous ont fait tant de mal. »[27]

Antonescu ne manquait pas d'incohérences:

  • il s'affichait conservateur, strict, et attaché aux valeurs chrétiennes, mais il a été en procès pour bigamie car il s'est marié avec Maria née Niculescu, ex-Cimbru, ex-Fueller sans avoir jamais divorcé de Rachel Mendel-Antonescu, mère de son fils unique, malgré les efforts de sa première belle-mère, Frida Cuperman;
  • il s'affichait fermement antisémite et l'a prouvé par ses décisions, mais sa première belle-famille était juive ainsi que son ami d'enfance Wilhelm Filderman, dont la famille, aisée, avait entretenu l'enfant Antonescu et payé sa scolarité[28].

En somme Ion Antonescu apparaît comme un opportuniste qui dans sa jeunesse a profité, à l'époque de la Roumanie social-démocrate et pluraliste, des avantages de ce temps-là, puis, ultérieurement, à l'âge mûr, de la vague d'ultra-nationalisme et de l'antisémitisme montant dans le gouvernement et dans une partie de l'opinion, pour relancer sa carrière à coups d'expropriations, de déportations et d'exécutions, notamment en Bessarabie et en Transnistrie.

À l'encontre de sa politique, des citoyens roumains, avec humanité et courage, en exposant leurs vies, ont tenté de résister. Dans l’armée roumaine, la guerre était loin de faire l’unanimité : de Juin 1941 à Août 1944, 86.000 condamnations en cour martiale seront prononcées pour refus d’obéissance et/ou tentative de passage aux Alliés[2]. Comme en France, l'attaque contre l'URSS a fait sortir le P.C. de l’expectative et lui fait rejoindre l’opposition au fascisme. Une division roumaine, nommée « Tudor Vladimirescu », s'est constituée du côté de l'Union Sovietique: elle est l’équivalent roumain de la division Leclerc et combattit en URSS contre les nazis. « Yad Vashem » étant inconnu dans les pays de l'est pendant la période communiste (1946-1990), la plupart des « justes » moururent sans apprendre son existence et seuls 54 Roumains ont été honorés par l'État d'Israël du titre de Juste parmi les nations). Joseph Goebbels rapporte dans son journal personnel : « Antonescu est au gouvernement avec l'aide des francs-maçons et des ennemis de l'Allemagne. Nos minorités [allemandes en Transylvanie] ont la vie dure. Le Reich a fait un tel effort pour rien. » (19 février 1941).

Néanmoins, que ce soit par opportunisme ou par idéologie, la solution finale, dont le nom de code adopté par Antonescu était « nettoyage du terrain » (Curățirea terenului), a été fermement mise en œuvre (voir la déclaration d'Antonescu dans la Conseil en 31 août 1942)[29] mais l'extermination des juifs en Transnistrie a été abandonnée suite au désastre de Stalingrad.

Controverses et tentatives de réhabilitation

Jusqu'en 1942, Antonescu a permis et même encouragé l'émigration des juifs vers la Palestine mandataire, avec l'argument que de cette façon le « problème juif » serait résolu. Cette politique cessa ensuite à cause du refus britannique d'accepter l'immigration en Palestine de Juifs roumains (tragédie du Struma), et de la pression de plus en plus importante du gouvernement hitlérien.

En effet, contrairement à un Horthy, en Hongrie, le dictateur roumain a refusé de livrer une partie des Roumains juifs aux nazis, ce qui ne l’a pas empêché de leur faire subir une législation antisémite dégradante et de faire déporter un certain nombre d’entre eux en Transnistrie. Aussi, la tendance de l'extrême-droite roumaine est de reprocher aux Juifs de ne pas être reconnaissants à Antonescu pour leur avoir évité les camps de concentration, en perdant de vue les Juifs expropriés, déportés et massacrés sur les ordres de ce même Antonescu (le Pogrom de Iași, les Massacres d'Odessa, etc.)

Dans la dernière décennie du régime communiste, le nouveau Conducător Nicolae Ceaușescu, aux abois, utilisa à son tour la symbolique identitaire de l'ordre national pour tenter de légitimer son pouvoir en s'appuyant sur des personnages historiques. Après la chute de Ceaușescu, les maîtres d'œuvre de son « national-communisme », Adrian Păunescu et Corneliu Vadim Tudor, se reconvertirent dans la réhabilitation du Conducător antérieur, le dictateur Antonescu. Ils créent le parti national-communiste Parti de la Grande Roumanie(ro) Partidul România Mare). Ici ou là, dans des villes de province, quelques maires en mal d'idéologie mirent le dictateur fasciste à l'honneur à la place du dictateur communiste, au moyen de quelques statues et de quelques rues du nom d'Antonescu.

Dans les média et l'historiographie, la réhabilitation de divers aspects des régimes politiques antérieurs qui, pour avoir été diabolisés par les communistes, n’étaient pas moins antidémocratiques et parfois criminels, ont parfois servi de bouche-trou idéologique après l’effondrement du communisme. Les premiers signes d'une réhabilitation du Conducător Antonescu se font jour avant même la fin de l’époque communiste, qui dans ses dernières années en fait un patriote fourvoyé. Après 1989, une certaine presse (par exemple le journal « România mare ») le présente comme un héros qui, à l’instar d’un Pétain, a fait ce que l’on pouvait faire dans la situation de l'époque, et qui aurait été anti-fasciste parce qu’il a liquidé en janvier 1941 les « vrais » fascistes, les « Légionnaires », après avoir gouverné avec eux contraint et forcé par Hitler[30].

Toute ces signes de révisionnisme ont été éliminés avec sévérité, les statues érigées en hommage à Antonescu ont été enlevées de la place publique et les rues de son nom débaptisées, en application de l'Ordonnance d'urgence no 31 du Gouvernement de Roumanie en date du 13 mars 2002 « concernant l'interdiction de l'organisation et symboles avec caractère fasciste, raciste et xénophobe et stimulation du culte de personnes coupables d'infractions contre la paix et l'humanité[31] ».

En 2004, le gouvernement roumain ratifie les conclusions de la Commission Internationale d'enquête sur l'Holocauste en Roumanie, nommée par Ion Iliescu, le Président de la Roumanie et menée par Elie Wiesel, faisant état de la responsabilité d'Antonescu dans la mort de 280 000 à 380 000 juifs de Roumanie ou des territoires occupés par son armée, déportés ou assassinés[32].

Notes et références

Notes

  • A  L’Ordre Michel le Brave, au surplus de la cape blanche et du transport gratuit (I-ere cl.) par le train et par les autres moyens de l'État, confère d'avantage 25 ha. de terrain cultivable et 500 m² de terrain en zone urbaine[33].
  • B  La Grande Roumanie (România Mare) désigne le territoire du Royaume de Roumanie dans les années séparant la Première Guerre mondiale et la Seconde Guerre mondiale. La Roumanie ayant perdu 1/3 des ses territoires depuis Ion Gigurtu (premier ministre entre 4 juillet - 4 septembre 1940), a déclaré son adhésion loyale à la politique de l'Allemagne nazie. Avec son investiture, Ion Gigurtu a déclaré sa politique nazie, pro- l'Axe Berlin-Rome, antisémite et fasciste-totalitaire[34], abandonnant à la latitude d'Adolf Hitler la résolution de conflit territorial parmi la Roumanie et la Hongrie au sujet de Transilvania[35],[36]. Gigurtu a déclaré à la radio : « la Roumanie doit faire des sacrifices territoriaux pour justifier son orientation nazie et son adhérence totale à l'Axe »[37]. À la fin d'août 1940, dans une rencontre entre Gigurtu et Hitler, la Roumanie a consenti à « l'arbitrage » d'Hitler[38],[39],[40].
  • C Le 5 décembre 2006, la Cour d'appel de Bucarest a annulé la condamnation d'Antonescu pour certains crimes contre la paix, en s'appuyant sur le fait que les conditions objectives de 1940 auraient justifié une guerre préventive contre l'Union soviétique, si bien que l'article 3 de la Convention de 1933 définissant ce qu'est une agression ne s'applique pas dans son cas. La cour a déclaré nulles certaines décisions du Tribunal du Peuple du 17 mai 1946 condamnant Antonescu et d'autres accusés. En conséquence, Antonescu et vingt autres personnes ont été déclarés non coupables de « crimes contre la paix à l'encontre des peuples de la Russie soviétique » (texte de 1946) et non coupables également en ce qui concerne certains « crimes de guerre résultant de la collaboration militaire entre la Roumanie et l'Allemagne », sur la constatation que les éléments constitutifs de tels crimes étaient absents.

La cour a estimé légitime la guerre contre l'URSS pour libérer la Bessarabie et la Bucovine du Nord dans la mesure où il s'agissait d'écarter une menace militaire soviétique imminente, déclarant que, vue sous cet angle, la coopération militaire avec l'Allemagne n'était pas illégitime. Elle a constaté cependant que la Roumanie, par l'intermédiaire du régime d'Antonescu, a collaboré militairement avec les pouvoirs de l'Axe mais sans traité militaire, ce qui lui laissait une autonomie relative dans ses décisions, établissant ainsi une responsabilité propre de la Roumanie parallèlement à celle de l'Axe. En acceptant le 12 juin 1941 de participer dans le cadre du plan Barbarossa à des opérations militaires et des conquêtes territoriales, la Roumanie s'est livrée avec l'Axe à une guerre d'agression contre l'Union soviétique, ce qui justifie les conclusions de la cour de 1946 qui avait condamné les 21 accusés sur ce point. La cour a fondé sa décision sur les conclusions du Tribunal de Nuremberg (1946) selon lesquelles la guerre engagée par l'Allemagne nazie était une guerre d'agression. Dans sa référence aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité, la cour a constaté que l'existence du pacte germano-soviétique ne pouvait pas justifier de tels crimes et que par conséquent la demande de révision qui les concernait était sans fondements.

Références

  1. Evgueni Samoïlovitch Varga - Encyclopedia Universalis
  2. a, b, c, d, e, f et g (ro) Duțu A., Dobre F., Loghin L., Armata română în al doilea război mondial (1941-1945) - Dicționar enciclopedic, Ed. enciclopedică, 1999
  3. La Garde de fer est un groupe paramilitaire sur le modèle de la SS, dont le nom officiel est « Mouvement Légionnaire »: Horia Sima menace le roi d'attentats et d'assassinats ciblés s'il ne cède pas, in : Grigore Gafenco, Préliminaires de la guerre à l'Est, Paris, Egloff, 1944 ; Nicolette Frank, La Roumanie dans l’engrenage, Elsevier-Sequoia, Paris 1977 ; Florin Constantiniu, Une histoire sincère du peuple roumain, Bucarest, ed. Univers Enciclopedic, 2002
  4. George Magherescu (aide de camp d'Ion Antonescu): Despre Mareșalul Ion Antonescu (biographie d'Ion Antonescu) Edit. Păunescu, Bucarest, 1991
  5. Le principal obstacle à l'activité d'« Aliyah » ne venait pas des régimes fascistes de Roumanie et de Bulgarie, qui en profitaient pour piller les candidats au départ, mais de l'attitude des Alliés: les britanniques refusaient les visas pour la Palestine, surtout après avoir déclaré la guerre à la Roumanie en février 1942, et les soviétiques torpillaient les navires de réfugiés même lorsqu'ils étaient sous pavillon neutre et même lorsqu'ils connaissaient parfaitement leurs passagers, comme le démontre la Tragédie du Struma.
  6. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, 2006, coll. « Folio »; Carol Iancu, La Shoah en Roumanie, Publications de l'université de Montpellier, 2000; Radu Ioanid, La Roumanie et la Shoah, Maison des sciences de l'homme, 2003.
  7. (ro) Le Holocaust in Roumanie - La télégramme de général Iacobovici au Cabinet militaire, le 22 octobre 1941 (Holocaustul în România - Telegrama lui Iacobici către Cabinetul militar din 22 octombrie 1941), [1]
  8. Hilberg, Raul : La Destruction des Juifs d'Europe, tome 1, Foliohistoire, p 545, 2006
  9. Quid, édition 2000
  10. "Un jour pour se retourner: la Roumanie rejoint les Alliés", dans Le Monde du 26 août 1984, sur: [2]
  11. (ro) Ciucă, Marcel-Dumitru : Procesul mareșalului Antonescu, ed. Saeculum și Europa Nova, București, vol. 2 p. 211, 1995-98.
  12. (ro) Ciucă, M-D. : Procesul mareșalului Antonescu, vol. 2 p. 432-439.
  13. L'exécution de Ion Antonescu (Film)
  14. [3] voir ici
  15. (ro) L'article du quotidien Ziua [4]
  16. (ro) La Haut Cour de Cassation et Justice de Roumanie a rejeté la réhabilitation partielle de maréchal Antonescu (Instanța Supremă a respins reabilitarea mareșalului Antonescu) – (en) Ziua on-line, no 4224, 6 mai 2008.[5]
  17. (ro) Giurescu, Dinu C. : Evreii din România (1939-1944), - România în al doilea război mondial, 1939-1947, ed. ALL
  18. (ro) Giurescu, Dinu C. : Cine poartă răspunderea? (Qui est le Responsable ?) [6]
  19. (ro) Solomovici, Teșu, Istoria Holocaustului din România, ed. Teșu, București, p. 45-46
  20. (ro) Duțu A., Retegan M., Război și societate, vol. 1, RAO, 2000
  21. (ro) Duțu, A., Dobre,F., Antonescu și generalii români. Un război surd și ciudat, 1999,
  22. (en)Nițu Victor, Armata română în al Doilea Război Mondial - Marshal Ion Antonescu [7]
  23. (ro) Scafes C., Șerbănescu H., Scafes I., Andonie C., Dănilă I., Avram R., Armata română, 1941-1945, Editura R.A.I., 1996
  24. (ro) Google Video - [8], Marea Manifestatie Legionara/6 oct. 1940
  25. Correctement, en roumain on dit Evrei (Juifs); péjorativement on dit Ovrei (petits Juifs), de façon insultante on dit Jidani (Youpins) et Jidovi (Youtres)
  26. (ro) Drăgan : Antonescu, II, no 23, p. 24, [9] Ancel, Jean : Surse arhivistice despre Holocaustul din România
  27. (ro) ASRI: Fondul Penal, dossier 40010, vol. 77, p. 29
  28. (ro) Willi Filderman, colegul de liceu al Maresalului în Evreii care l-au influentat pe Antonescu (2) - Dosare ultrasecrete Ziua - 24 iunie 2006, [10].
  29. (ro) Să se publice structura orașelor pentru ca să vadă și țara cât era de compromisă, și de amenințată viața economică și dezvoltarea spirituală din cauza ticăloșiei politicianiste iudeo-masonice a căror exponenți erau partidele “naționaliste” din Transilvania și Regat. Dacă voi lăsa moștenitorilor regimului aceeași situație, voi face și regimul meu părtaș la această crimă. Voi trece peste toți și peste orice greutate pentru a purifica nația de această neghină. Voi înfiera la timp pe toți acei care au venit – ultimul dl. Maniu – și vor veni să mă împiedice a răspunde dorinței majorității imense a acestei nații… Să se publice integral această rezoluție a mea odată cu publicarea statisticei și memoriului de față. Publicarea până la 10 septembrie Președenția Consiliului de Miniștri - Nota din 31 august 1942 cu adnotări ale lui Antonescu – (en) [11] Ancel, Jean : Surse arhivistice despre Holocaustul din România
  30. (ro) Nicolas Trifon, Paul Goma et Norman Manea : « le témoignage littéraire dans l’engrenage de la concurrence mémorielle », Le Courrier des Balkans, jeudi 10 juillet 2008, [12]
  31. (ro) L'Ordonnance d'urgence no 31 » le 13 mars 2002 [13]
  32. (en)The report of the International Commission on the Holocaust in Romania, submitted to President Ion Iliescu in Bucharest on November 11, 2004.
  33. (ro) L'histoire de décorations (Istoricul decorațiilor) - [14]
  34. (en)NYT 5 Iulie 1940, NYT 7 Iulie 1940, NYT 30 Iulie 1940, NYT 9 August 1940
  35. (fr)Le Figaro, 6 juillet 1940 p.2
  36. (fr)Le Figaro 9 juillet 1940, p. 1
  37. (fr)Le Figaro, 9 août 1940 – (en) The New York Times, 9 August 1940
  38. (ro) Constantiniu, Florin : Între Hitler și Stalin; România și pactul Ribbentrop - Molotov, București, Danubius, 1991.
  39. (ro) Constantiniu, Florin : Hitler, Stalin și România - România și geneza “Operațiunii Barbarossa”, București, Univers Enciclopedic, 2002
  40. (fr)Le Figaro 31 août 1940, 1 septembre 1940, Le Figaro, 23 août 1940

Voir aussi

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Bibliographie

  • Florin Constantiniu, Une histoire sincère du peuple roumain, 4e édition revue et augmentée, éd. Univers encyclopédique, Bucarest 1997
  • Yves Durand, Le nouvel ordre européen, Paris 1990.
  • (en)Dean, Martin: Robbing the Jews - The Confiscation of Jewish Property in the Holocaust, 1935 - 1945, Cambridge University Press, 2008.

Articles connexes

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