Valaques

Valaques

Avant le XIXe siècle Valaques était l'exonyme qui désignait les populations locutrices des langues romanes orientales descendant des populations de langues thraco-illyriennes (également connues sous le nom de Daces, Gètes, Thraces, Illyres, Dalmates...) romanisées du Ier au VIe siècle dans les Balkans et le bassin du bas-Danube, mais qui sont en réalité des peuples celtiques romanisés. Il est encore employé dans ce sens par les historiens non spécialistes et notamment dans de nombreux atlas historiques[1]. À l'instar des autres populations romanophones issues de la désagrégation de l'Empire romain, les Valaques se désignaient eux-mêmes par les endonymes romani, români, rumâni, rumâri, armâni ou arumâni[2]. Mais Valaques pouvait aussi être localement employé (notamment dans l'espace ex-yougoslave) pour désigner des montagnards, des bergers ou des fidèles de l'Église orthodoxe non romanophones, ou qui avaient cessé de l'être depuis des générations.

Parmi les « Valaques » du bas-Danube et des Balkans (langues romanes de l'est) les linguistes reconnaissent une zone de rencontre inter-linguistique (transhumance) en gris, le daco-roumain en blanc, l'aroumain en jaune, le mégléno-roumain en orange et l'istro-roumain en vert-jaune ; certains y comptent aussi le dalmate en bleu-vert (disparu).

Aujourd'hui, et au sens strict, Valaques désigne, en Roumanie, les habitants de la Valachie (région méridionale du pays) et, dans la péninsule des Balkans, les populations de langue romane (Aroumains, Mégléno-roumains et Istro-roumains). Il est parfois employé en Serbie et en Bulgarie pour désigner aussi les Roumains locaux.

Sommaire

Étymologie

Selon O. Bloch[3], l'origine de Valaques est Walh, nom par lequel les Germains (et notamment les Goths lorsqu'ils sont entrés en contact avec le monde romain) désignaient les locuteurs celtiques et puis latins et romans (dans le Norique par exemple). Walh lui-même, toujours selon O. Bloch vient, semble-t-il, des Volques, peuple celtique avec lequel les Germains furent en contact sur leurs marges méridionales, et signifiait en germanique "étranger". Il est possible que Walh et Volques soient reliés, à travers les langues indo-européennes à Wala, personne en sanskrit.

Selon R. Rohlfs[4], "Walh" aurait également donné Galles (pour Wales), pays Gallo et Gaule en français d'oïl, car dans cette langue le wa initial et le alh donnent respectivement ga (wardan = garder, waidanjan = gagner) et aule (salh = saule): Gaule ne viendrait donc pas du latin savant Gallia qui en français courant aurait donné "Geaille" (car les latins ga initial et li devant voyelle donnent en langue d'oïl respectivement ja ou gea comme dans galbinum = jaune, gaiium = geai ou gabatam = jatte, et ill comme dans alium = ail ou filiam = fille). Ce mot aurait également donné les mot Wallon et Wallonie dont la région fut l'une des zones frontières entre les anciens territoires Celtes et Germaniques (voir l'Histoire du terme wallon). De même la Galice, la Galicie et les Galates.

Polysémie, paranymes, synonymes

Les Valachies du XIII-ème siècle en Transylvanie (rose), Maramureș (bleu), Satu Mare (vert), Sălaj, Bihor et Zărand (jaune) et Banat (violet)
Miklos Barabas : Famille valaque descendant au marché, 1844

Le mot Valaques a aussi un sens historique plus large, et désigne en français les habitants de :

  • ce que les historiens nomment des « Romanies populaires » : des communautés latinophones restées sans couverture politique romaine après le retrait des légions face aux Germains: il y en eut de nombreuses entre la mer du Nord (île de Walcheren aux Pays-Bas) et la mer Noire (pays « valaques », c'est-à-dire roumanophones) en passant par les Ardennes (Wallons), les Vosges et le Jura suisse (Welsches), les Alpes (Walchenthal, Walchengau, Walchensee), les Carpates (Valaquie morave en Moravie tchèque, Vlachfölds en Hongrie), les monts Dinariques (Romanija Planina, Vlašina, Vlašić en Bosnie) et les Balkans (Vlahina, Vlashina, Vlachoklissoura). Les habitants de ces Valachies se nommaient eux-mêmes Romans, Romanches, Ladini, Friulani, Istriani, Dinari, Dicieni, Armâni ou Români : ces deux derniers termes ont donné les mots modernes « Aroumains » et "Roumains", qui ont remplacé le terme antérieur "Valaques" devenu archaïque et parfois péjoratif.
  • la Valachie Blanche - en Mésie le long du bas-Danube du Ve siècle au VIIe siècle.
  • la Valachie Noire ("Morlaques", ou Mavro-valaques) - en Dalmatie au VIIIe siècle.
  • la Grande Valachie ("Megali Valacheia") - en Macédoine et Thessalie au IXe siècle.
  • le royaume bulgaro-valaque ("Regnum Bulgarorum et Valachorum") de la dynastie Assénide, dit "Deuxième état bulgare" dans l'historiographie actuelle, aux XIIe et XIIIe siècles.
  • la principauté de Transylvanie ou "Valachie intérieure" au XIIe siècle, issue de la réorganisation des "Vlachfölds" roumains de Hongrie, qui a fusionné avec le Royaume de Hongrie en 1867 avant de devenir roumaine en 1918.
  • la principauté de Valachie ou "Hongro-Valachie" au XIVe siècle, issue de l'émigration des chefs des "Vlachfölds" de Hongrie vers le Danube, qui a fusionné avec la principauté de Moldavie pour former la Roumanie en 1859.
  • la principauté de Moldavie ou "Bogdano-Valachie" au XIVe siècle, qui a fusionné avec la principauté de Valachie pour former la Roumanie en 1859.
  • la région de Valachie en Roumanie actuelle, (en roumain : Țara Românească), composée de l'Olténie et de la Munténie.

Le mot français Valaques a pour équivalents dans d'autres langues les mots Wallachians (angl.), Walachen (all.), Wlachs, Wallachs, Olahs (hongr.), Ulahs, Vlah(i), Vlaques, Vlachs, Blahs, Valacchi (ital.), Koutso-Vlaques, Tsintsares, Zinzares, qui tous devraient être traduits en français par : Valaques romanophones. En histoire, il désigne plus spécifiquement les Roumains (populations de langue romane du bassin danubien) et les Aroumains (populations de langue romane des Balkans). Les historiens A. Xenopol, N. Iorga, T. Capidan et E. Petrović utilisaient le terme historique de "Valachies" pour désigner les "Romanies populaires" par opposition aux "Esclavonies", autre terme historique désignant des communautés à majorité slave. C. Giurescu et A. Niculescu, eux, soulignent que beaucoup de ces cnésats et voévodats antérieurs au XIVe siècle, étaient en fait slavo-roumains, iasso-roumains ou albano-aroumains. Aujourd'hui, selon la convention du "politiquement correct" qui stipule que l'on doit appeler les peuples par un ethnonyme non péjoratif issu du nom qu'ils se donnent eux-mêmes et correspondant à la langue qu'ils emploient, les Valaques du nord du Danube et de Dobrogée, comme les Moldaves ou les Transylvains, doivent être appelés Daco-Roumains, et ceux du sud du Danube : Aroumains[5].

Pour distinguer les Valaques du nord du Danube et ceux du sud du Danube, les premiers Turcs les appelaient kara-iflak (du nom de la couleur noire qui pour eux désignait le nord : c'est aussi l'origine du nom de mer Noire pour le Pont-Euxin), et ak-iflak, "ak" désignant le blanc, donc le sud.

Leurs voisins hongrois nommaient les Valaques : Olah, tandis qu'ils nommaient les Italiens : Olasz.

Au Moyen Âge, le mot Vlah est utilisé aussi par les Croates catholiques pour désigner leurs voisins orthodoxes. À l'époque les Grecs utilisaient le mot vlahos avec un sens péjoratif et il n'est pas rare d'entendre aujourd'hui en Grèce des histoires où le personnage du Vlahos joue le rôle du simplet. Toutefois, en Grèce, c'est aussi un nom de famille répandu.

Vlahos est utilisé également par les Grecs pour désigner les Aroumains.

Un cocher « Valaque » dessiné par D. Lancelot au milieu du XIX-ème siècle.

Les Saracatsanes hellénophones ne sont pas des Valaques, même s'il est possible qu'une part de leurs ancêtres l'aient été (voir cet article).

Drapeau des Daco-roumains
Drapeau des Aroumains

Dans certains pays, ce nom a changé de sens et signifie "berger", témoignant de l'occupation principale des nombreux Valaques de Grèce et de Serbie de l'époque.

En Albanie, le sens du mot s'est complètement inversé et c'est çoban ("berger" en turc et en roumain) qui signifie "valaque" tandis que vlah signifie "berger".

On retrouve le terme valaque dans les langues européennes ("Walach", "Wallach", "Wolokh", "Valach", "Olah", "Vlah", "Vlas", "Vlachos", "Iflak", etc.) avec les sens suivants :

  • berger en albanais,
  • cheval, italien et/ou roumain en polonais, tchèque, slovène (et hongrois sous la forme Olah pour les Roumains et Olasz pour les Italiens),
  • berger ou cheval hongre en slovaque moderne (écrit en minuscule),
  • habitant de la Valachie morave ou de la Valachie roumaine en slovaque moderne (écrit en majuscule),
  • italien en ancien slovaque et en ancien tchèque (écrit en majuscule),
  • immigré serbe (péjoratif) en slovène,
  • aroumain en grec, bulgare, serbe, croate, bosniaque,
  • roumain ancien en allemand, ukrainien, russe moderne,
  • latinophone (tous latinophones confondus) en russe ancien,
  • habitant de l'ancienne principauté de Valachie,
  • immigré, métèque ou chrétien orthodoxe (péjoratif) chez les croates,
  • non musulman ou mécréant (péjoratif) chez les bosniaques,
  • habitant de la Valaquie morave en tchèque moderne,
  • roumain (Woloch) et italien (Wloch) en ancien polonais,
  • aroumain, berger en bulgare et en macédonien,
  • aroumain en grec,
  • langue roumaine parlé dans la Krajina de l'est de la Serbie (Portes de Fer),
  • serbe (péjoratif) chez les croates et les bosniaques
  • valacchi, Velacia en italien : aroumains, habitants de Valachie, nom médiéval des pays roumanophones.

En revanche, les Saracatsanes ne sont pas des Valaques, bien que Theodor Capidan et Take Papahagi aient supposé que ces bergers hellénophones puissent être d'origine initialement aroumaine.

Enfin, les anglophones distinguent les Wallachians (habitants de la région roumaine de Valachie et plus largement roumanophones) des Vlachs (Aroumains et plus largement romanophones sud-danubiens), tandis que les germanophones font la même distinction mais en appelant Walachen les roumanophones et Aromunen les Aroumains et les Mégléno-Roumains.

Article connexe : Histoire du terme Vlach.

Aux Bouches du Danube

Guillaume Lejean (1861): carte des langues aux Bouches du Danube. Bleu: Roumains (Mocans, Diciens, etc). Vert foncé: Russes (Grands-russiens, Lipovènes); Vert clair: Bulgares; Jaune: Albanais (guègues); Rouge: Turcs (osmanlis, Gök-Oguzes); Rose: Tatars (Nogays); Violet: Circassiens (tcherkesses).
En bleu les roumanophones de la Serbie du nord-est en 1935[6] tels qu'ils figurent sur tous les Atlas avant Tito.
En bleu les communes de la Serbie du nord-est où les roumanophones sont majoritaires, selon la reconnaissance officielle du 30 juillet 2007[7].
Armoiries des Valaques de Serbie
Le défilé des Cazane ("chaudrons")
Les populations valaques dans les Balkans aujourd'hui
Évolution des langues romanes orientales selon la majorité des auteurs mentionnés

Autour des bouches du Danube, diverses sources (notamment ottomanes) mentionnent l'existence des Valaques Diciens dont le parler a disparu, mais en laissant des traces lexicales dans la toponymie (ville de Vicina) et dans les patronymes locaux (Dicianu). Ces diciens (en roumain : dicienii) étaient les roumanophones autochtones de Dobrogée, dont le parler, appelé Dicien, fait partie de la langue daco-roumaine[8]. Il était utilisé surtout autour de Tulcea, dans le massif du Măcin, à l'époque plus boisé qu'aujourd'hui, où une population roumanophone a vécu parfois isolée aux époques des invasions (notamment tatares) et des guerres ottomanes. Selon George Vâlsan[9] le nom de ce parler est en relation avec la cité médiévale de Vicina qui a donné à la Valachie son premier évêque métropolitain, Hyacinthe, en 1359. Les études régionales toponymiques, étymologiques et onomastiques semblent indiquer une forte influence grecque médiévale sur ce parler local. Certains noms d'outils semblent indiquer qu'à son tour, le roumain dicien ait influencé le parler russe des Lipovènes venus s'installer dans la région au XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle la population dicienne s'est maintenue en partie grâce à l'immigration peu nombreuse, mais continue de roumanophones moldaves du Boudjak fuyant les persécutions des Tatars. Au XIXe siècle elle a été submergée par les roumanophones venus du reste de la Roumanie. Les archéologues ne savent toujours pas si l'ancienne Vicina se trouvait sous l'actuelle Tulcea, sous l'actuelle Isaccea, sous l'actuelle Măcin ou ailleurs (la plupart des localités du județ de Tulcea regorgent de ruines antiques et médiévales).

En ex-Yougoslavie

En ex-Yougoslavie, le terme français Valaques concerne six ethnies :

  • les Istroromuni, Istriens ou Istro-roumains en Croatie.
  • les Karavlasi, Dalmates, Mavro-Vlaques ou Valaques Noirs au Monténégro, en Dalmatie et Bosnie-Herzégovine. Aujourd'hui, les Serbes en Bosnie-Herzégovine sont appelés Vlasi par les Bosniaques et les Croates.
  • les Aroumains (Cincari ou Tsintsars) et les Méglénoroumains en Macédoine et en Serbie.
  • les Valaques de l'est de la Serbie Centrale (Vlasi).

Les Istro-roumains ne sont plus que quelques dizaines, en Istrie, à l'ouest de Rijeka. Les Karavlasi ont disparu au XVIIIe siècle, assimilés aux Vénitiens ou aux Croates. Ces deux populations, catholiques, sont, selon la plupart des historiens, issues des Valachies du centre de l'ancienne Yougoslavie, désignées encore aujourd'hui par des toponymes tels que Vlasić, Stari Vlah, Romanija Planina ou Durmitor.

Dans la Yougoslavie moderne, seuls les Vlasi vivant en Serbie centrale et le long de la frontière bulgare, ainsi que les Roumains de Voïvodine, étaient reconnus et comptés comme minorités nationales (séparément), et figuraient sur les cartes linguistiques. Les roumanophones de la Krajina orientale (aux Portes de Fer et autour de Negotin), majoritaires dans 156 communes et présents dans 48 autres, plus nombreux que les Vlasi et que les Roumains de Voïvodine réunis, n'ont été officiellement reconnus que le 30 juillet 2007. En 2002, sur 284 112 habitants de cette région[10], 243 148 (85,58%) étaient déclarés Serbes, 23 604 (8,31%) étaient déclarés Valaques et 2 723 (0,96%) étaient déclarés Roms[11], mais depuis la reconnaissance de 2007, il s'avère que 58 % des Serbes soit soit près de 141 000 seraient usuellement roumanophones[12]. Dans cette communauté, de langue daco-roumaine, comme celle de Voïvodine, deux tendances identitaires coexistent : l'une, « roumaniste », s'identifie au peuple roumain et se considère comme une minorité roumaine en Serbie ; l'autre, « valaquiste » (en roumain vlahistă), s'en distingue au contraire et se considère comme une communauté est-romane de Serbie, roumanophone mais non roumaine. On retrouve ici le même débat qu'en Moldavie, en Macédoine ou au Monténégro entre droit du sang et droit du sol : selon le premier, l'identité se fonde sur la langue et l'origine commune ; selon le second, elle se fonde sur le territoire et l'habitat (ou la citoyenneté) communes.

Histoire

Pétition en latin pour les droits des Valaques de Transylvanie en 1791
Les Valaques en Europe en 850, d'après Anne Le Fur
Le "Regnum Bulgarorum et Valachorum" en 1250, d'après Anne Le Fur

Depuis l'Antiquité, les Valaques vivent éparpillés dans tous les Balkans. Ils défendent leur culture et leur langue, mais n'ont jamais revendiqué d'État.

La première mention des populations de langue romane des Balkans est faite en 579 par Théophane le Confesseur et Théophylacte Simocatta dans la chronique d'une bataille contre les tribus des Avars, les romanophones combattant dans les rangs de l'armée romaine d'orient dite Byzantine. La deuxième mention écrite est celle du Byzantin Kedrenos en 976 qui est le premier à employer le terme de Valaques quand il raconte l'assassinat par ceux-ci du frère du tsar bulgare Samuel.

Sous la forme Volokhs ou Bolohovènes, le terme a été aussi utilisé par les peuples slaves pour désigner les populations situées au sud de leurs frontières, lors de leur arrivée dans la région.

La seule formation politique d'envergure fondée par des Valaques avant la Roumanie moderne, est le "Regnum Bulgarorum et Valachorum" (Royaume des Bulgares et des Valaques, 1186-1280), suite à leur révolte contre l'Empire byzantin en 1180-1186[13]. À cheval sur le Bas-Danube, ce royaume multiethnique dirigé par les dynasties valaques des Deleanu, des Caloian et des Asan, sera remplacé en 1261, au sud du Danube par des tzarats bulgares de Vidin et de Trnovo[14], et au nord du Danube par le Banat de Severin et par la domination des Tatars. Les historiens roumains l'appellent "Empire Roumano-Bulgare", et les historiens bulgares : "Second Empire Bulgare". Le terme de "Regnum Bulgarorum et Valachorum" est officiellement utilisé par les papes Innocent III en 1205 et Grégoire IX en 1232 dans leur correspondance avec le roi Caloian (1197-1207) à qui était attribué le titre rex Bulgarorum et Blachorum ("roi des Bulgares et des Valaques") et avec Ioan Asan II (1218-1241), ainsi que dans les armoiriaux de l'époque (par exemple le Wijbergen[15]).

Contrairement à ceux de Valachie, Moldavie et Transylvanie (les Roumains), les Valaques des Balkans (les Aroumains) n'ont plus d'histoire politique après 1280 : ils vivront en bergers, cultivateurs et commerçants au sein de l'Empire ottoman. Une petite partie d'entre eux, quelques villages de Mégléniotes, s'est alors convertie à l'Islam.

Lors de l'éveil des nationalismes au XIXe siècle, les Valaques Aroumains des Balkans ne revendiqueront pas de territoire, et la majorité d'entre eux choisira de se déclarer membres de l' Elleniki ethniki koinonia (communauté nationale hellénique) mais de langue aroumaine. Une autre partie de la communauté a émigré en Roumanie (pays qui avait financé leur système scolaire de 1866 à 1940, mais en tentant de substituer la langue roumaine à l'aroumain) avant et après la Première Guerre mondiale, pour peupler notamment la Dobroudja du sud (ou Cadrilater) que la Roumanie avait enlevée à la Bulgarie en 1913.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Italie a tenté d'embrigader les Valaques d'Albanie et de Grèce en leur faisant miroiter un pays aux confins de ces deux pays (l'éphémère Principauté du Pinde, plus ou moins l'actuelle région grecque de Macédoine occidentale et le district de Korce ou Koritsa en Albanie) : les Valaques n'ont pas répondu à ces avances, pas plus qu'à celles des communistes pendant la guerre civile grecque (1946-49) qui leur promirent une région autonome sur le modèle soviétique.

Aujourd'hui les Aroumains ne revendiquent aucune structure territoriale ou politique au sein des pays où ils vivent, mais ont une vie culturelle intense, cultivent leur langue et maintiennent leurs liens d'un pays à l'autre.

Dans leur culture populaire, les Valaques ont trois mythes de leurs origines. Au nord du Danube, l'un de ces mythes (dont il existe des récits en vers) gardait le souvenir de "Trajan, venu il y a bien des ans", fondateur et bâtisseur. Au sud, une légende rapporte que les Valaques ont jadis vécu au nord de l'actuelle Serbie, dans la région de Sirmium (Srem), d'où ils ont fui vers le sud-ouest devant les invasions (mais aussi vers le nord-ouest, pour y fonder la Valachie morave); d'autres légendes les font descendre des "caravaniers des Romains" chargés de construire, défendre et entretenir la Via Egnatia (reliant Dyrrhachium, aujourd'hui Durrës en Albanie, à Constantinople).

Controverses

La polysémie du nom induit des controverses sur son utilisation en français. La quasi-totalité des Atlas historiques occidentaux l'utilise pour désigner indistinctement les Roumains et les Aroumains antérieurement à l'émergence de la Roumanie, mais sans préciser qu'il s'agit de Roumains et d'Aroumains, ce qui laisse penser au lecteur non averti qu'il s'agit, peut-être, d'une tribu slave ou turcophone. Certains auteurs tels Jacques Bertin prennent le parti d'utiliser "Moldo-Valaques" ce qui exclut les Transylvains et déplaît au gouvernement de la République de Moldavie... Ne connaissant pas le mot français "Valaques", ou souhaitant le réserver pour désigner les habitants actuels de la région roumaine de Valachie, certains historiens roumains et grecs utilisent pour les Aroumains des formes telles que "Vlachs" (forme anglaise), "Vlaques", "Aromounes" (forme allemande) ou "Macédo-Roumains" (dénomination roumaine), tandis que les d'autres auteurs aroumains tels Iancu Perifan souhaiteraient au contraire réserver "Valaques" en français pour désigner exclusivement leur communauté.

Par ailleurs, il existe trois histoires divergentes des Valaques.

  • Les thèses roumaines[16], bulgares et yougoslaves affirment que les ancêtres romanophones de tous les Valaques sont apparus au nord du Danube, dans l'ancienne Dacie, d'où certains auraient migré vers le sud du Danube pour donner les Aroumains et les Mégléno-Roumains, ou vers l'ouest pour donner les Istro-Roumains. Cette thèse est en cohérence avec la position de la majorité des linguistes roumains qui considèrent que l'Istro-roumain, l'Aroumain et le Mégléno-roumain sont des dialectes du Roumain, et avec les historiographies bulgare et yougoslave qui affirment que les Slaves ont trouvé dans ces pays des populations Thraces et Illyres non romanisées, et que le Royaume des Bulgares et des Valaques n'avait qu'une "composante valaque négligeable", était un état bulgare au sens actuel national du terme, et doit être nommé "Second empire bulgare".
  • La thèse austro-hongroise, et plus tard allemande, hongroise et russe[17], affirme la disparition des latinophones en Dacie après les 170 ans de présence romaine, et leur retour après mille ans d'absence, à l'appel des rois de Hongrie, depuis la Macédoine. Selon cette thèse ce sont au contraire les Roumains qui descendent des Aroumains. Cette thèse est en cohérence avec les revendications hongroises sur la Transylvanie, qui s'appuient sur l'idée que les populations magyares y ont précédé les populations roumaines, et aussi avec les thèses grecques affirmant que les Aroumains ne descendent pas des Roumains, mais de populations hellénophones latinisées (la synthèse des thèses grecques et "Rössleriennes" fait donc descendre tous les Roumains de Grecs latinisés).
  • Entre ces deux écoles antagonistes qui interprètent toutes deux l'archéologie et la toponymie de manière à valider leurs positions, toute synthèse est impossible, et c'est pourquoi quelques chercheurs[18] qui s'appuient surtout sur la linguistique comparée, pensent que Daco-Roumains d'un côté, et Istro-roumains, Aroumains et Mégléno-roumains de l'autre, ont évolué à part les uns des autres, comme les francophones d'oïl et les occitanophones d'oc dans l'espace Gallo-romain. Selon leurs recherches, les latinophones, les slavophones et les autres ont vécu étroitement mêlés sur un territoire plus vaste que les états actuels, allant de l'Adriatique à la Mer Noire et de l'actuelle Ukraine au centre de l'actuelle Grèce, où les romanophones étaient, à la manière des Romanches, des Ladins, des Frioulans et des Dalmates, localement majoritaires autour de certains massifs montagneux ou forestiers tels que les chaînes Dinariques, le Pinde, les Balkans occidentaux, le massif du Bihor, les Carpates, le Codru et le Măcin. Autour de ces massifs constituant des "Romanies populaires"[19], la population était majoritairement slave. Au nord de la "Ligne Jireček"[20] les Daco-roumains se sont formés le long du bas-Danube, par osmose entre romanophones et slavophones, tandis que les Aroumains et les Mégléno-roumains, qui ont subi beaucoup moins d'influences slaves, ont évolué à part au sud de la Mésie et de la Dacie aurélienne avant de franchir la ligne Jireček vers la Macédoine et la Thessalie devant les Slaves ; les Istro-roumains pour leur part descendent peut-être des anciennes populations romanes de l'actuelle Bosnie, chassées vers l'ouest par les Slaves et/ou les Turcs.

Ces controverses aboutissent dans les atlas historiques actuels[21] à ignorer toute présence romanophone entre l'an 270 et le XIVe siècle dans le bassin du bas-Danube et les Balkans, ce qui a fait dire à l'historien Neagu Djuvara, dans une interview de 2008, que les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et aucune source écrite n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des romanophones pendant mille ans, de 276 à 1276, qu'ils se soient envolés avec les hirondelles pour migrer en Afrique, ou qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans les grottes des Carpates ou des Balkans...[22]. Quoi qu'il en soit, même s'il n'y avait aucune preuve archéologique ou toponymique et aucune mention écrite, la simple existence des langues romanes orientales suffit à prouver que les Thraco-Romains ont survécu à l'arrivée des Slaves et des Bulgares dans la région, et que les Valaques ne sont pas apparus par « génération spontanée » au XIIe siècle.

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Ion Barnea et Ștefan Ștefănescu, Byzantins, roumains et bulgares sur le Bas-Danube, vol. 3, București, Editura Academiei Române, 1971 (OCLC 1113905).
    résumé français
     
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Notes et références

  1. "Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte", 1985, ISBN 3-14-100919-8 ; "DTV Atlas zur Weltgeschichte", 1987 traduit chez Perrin, ISBN 2-7242-3596-7 ; "Putzger historischer Weltatlas Cornelsen" 1990, ISBN 3-464-00176-8 ; "Atlas historique Georges Duby" chez Larousse 1987, ISBN 2-03-503009-9 ; Série des "Atlas des Peuples" d'André et Jean Sellier à La Découverte : "Europe occidentale" : 1995, ISBN 2-7071-2505-9, "Europe centrale" : 1992, ISBN 2-7071-2032-4, "Orient" : 1993, ISBN 2-7071-2222-X ; Történelmi atlasz de l'Académie hongroise, 1991, ISBN 963-351422-3 CM
  2. Bien qu'Ernest Gellner ait écrit que "ce sont les états qui créent les nations", la notion de Roumain ou Aroumain n'apparaît pas avec la Roumanie moderne (comme l'affirment les historiens occidentaux, soviétiques et grecs) mais la précède. Les premières attestations des Valaques se désignant eux-mêmes avec le nom de “romain” datent du XVIe siècle, alors que des humanistes italiens commencent à rendre des récits écrits sur leurs voyages dans les zones habitées par des Valaques. Ainsi:
    • Tranquillo Andronico écrit en 1534 que les roumains ("Valachi") "s’appellent eux-mêmes romains" ("nunc se Romanos vocant" in: A. Verress, Acta et Epistolae, I, p. 243).
    • En 1532 Francesco della Valle accompagnant le gouverneur Aloisio Gritti note que les roumains ont préservé leur nom de romains et qu' "ils s’appellent eux-mêmes roumains (Romei) dans leur langue". Il cite même une phrase : "Sti rominest ?" ("sais-tu roumain ?", roum. :"știi românește ?"): "...si dimandano in lingua loro Romei...se alcuno dimanda se sano parlare in la lingua valacca, dicono a questo in questo modo: Sti Rominest ? Che vol dire: Sai tu Romano,..." (in: Cl. Isopescu, Notizie intorno ai romeni nella letteratura geografica italiana del Cinquecento, in Bulletin de la Section Historique, XVI, 1929, p. 1- 90).
    • Ferrante Capeci écrit vers 1575 que les habitants des "provinces valaques de Transsylvanie, Moldavie, Hongro-valaquie et Mésie" s’appellent eux-mêmes roumains (romanesci) (“Anzi essi si chiamano romanesci, e vogliono molti che erano mandati quì quei che erano dannati a cavar metalli...” in Maria Holban, Călători străini despre Țările Române, vol. II,p.158 – 161).
    • Pierre Lescalopier remarque en 1574 que "Tout ce pays la Wallachie et Moldavie et la plus part de la Transilvanie a esté peuplé des colonies romaines du temps de Trajan l’empereur…Ceux du pays se disent vrais successeurs des Romains et nomment leur parler romanechte, c'est-à-dire romain …" (Voyage fait par moy, Pierre Lescalopier l’an 1574 de Venise a Constantinople, fol 48 in Paul Cernovodeanu, Studii și materiale de istorie medievală, IV, 1960, p. 444).
    • Le saxon transylvain Johann Lebel note en 1542 que les Valaques se désignent eux-mêmes sous le nom de « Romuini“: "Ex Vlachi Valachi, Romanenses Italiani,/Quorum reliquae Romanensi lingua utuntur.../Solo Romanos nomine, sine re, repraesentantes./Ideirco vulgariter Romuini sunt appelanti" (Ioannes Lebelius, De opido Thalmus, Carmen Istoricum, Cibinii, 1779, p. 11 – 12).
    • Le chroniqueur polonais Orichovius (Stanislaw Orzechowski) observe en 1554 qu’ «en leur langue ils s’appellent romin, selon les romains et valaques en polonais, d’après les italiens» ("qui eorum lingua Romini ab Romanis, nostra Walachi, ab Italis appellantur" in: St. Orichovius, Annales polonici ab excessu Sigismundi, in I. Dlugossus, Historiae polonicae libri XII, col 1555).
    • Le croate Anton Verancsics remarque vers 1570 que les Valaques se nomment eux-mêmes romains (roumains): „...Valacchi, qui se Romanos nominant...„ “Gens quae ear terras (Transsylvaniam, Moldaviam et Transalpinam) nostra aetate incolit, Valacchi sunt, eaque a Romania ducit originem, tametsi nomine longe alieno...“ (in: De situ Transsylvaniae, Moldaviae et Transaplinae, in Monumenta Hungariae Historica, Scriptores; II, Pesta, 1857, p. 120).
    • Le hongrois transylvain Martinus Szent-Ivany cite en 1699 les expressions : "Sie noi sentem Rumeni" ("nous aussi, nous sommes roumains", pour le roum. : "Și noi suntem români") et "Noi sentem di sange Rumena" ("nous sommes de sang roumain", pour le roum.: "Noi suntem de sânge român"): Martinus Szent-Ivany, Dissertatio Paralimpomenica rerum memorabilium Hungariae, Tyrnaviae, 1699, p. 39.
    • A la même époque, Grigore Ureche (Letopisețul Țării Moldovei, p. 133-134) écrit : "În Țara Ardealului nu lăcuiesc numai unguri, ce și sași peste seamă de mulți și români peste tot locul...".
    • Enfin, dans son testament littéraire, Ienăchiță Văcărescu écrit: "Urmașilor mei Văcărești!/Las vouă moștenire:/Creșterea limbei românești/Ș-a patriei cinstire." Enfin dans une "Istoria faptelor lui Mavroghene-Vodă și a răzmeriței din timpul lui pe la 1790" un Pitar Hristache versifie: "Încep după-a mea ideie/Cu vreo câteva condeie/Povestea mavroghenească/Dela Țara Românească.
  3. Dictionnaire étymologique P.U.F., Paris, 1950
  4. Également dans le Dictionnaire étymologique P.U.F., Paris, 1950
  5. A noter que pour des raisons politiques, les Daco-Roumains sont appelés "Roumains" en Roumanie (y compris ceux de Moldavie, qu'il s'agisse de la province roumaine de Moldavie ou de la république indépendante de Moldavie), mais "Moldaves" en République de Moldavie (sans qu'il y ait accord pour savoir si ce nom concerne uniquement les Moldaves de la république indépendante, ou bien également ceux de la Moldavie roumaine).
  6. Edgar Lehmann, Meyers Handatlas, 6a, Leipzig 1935.
  7. Comunitatea Românilor din Serbia, Raport de activitate, Vršac, 28.02.2009.
  8. George Vâlsan: Oeuvres choisies (dir.: Tiberiu Morariu), Ed. științifică, Bucarest 1971 - 693 pages, p. 123, et Thede Kahl, Rumänien: Raum und Bevölkerung, Geschichte und Gesichtsbilder, Kultur, Gesellschaft und Politik heute, Wirtschaft, Recht und Verfassung, Historische Regionen, 976 pp.
  9. George Vâlsan, „Graiul românesc”, I, 1927, nr. 7, p. 142 și idem, Opere postume, București, 1936, p. 49
  10. Bureau des statistiques de la République de Serbie
  11. Књига 1, Становништво, национална или етничка припадност, подаци по насељима, Републички завод за статистику, Београд, фебруар 2003, ISBN 86-84433-00-9
  12. Recensement serbe de 2002 sur Official Results of Serbian Census 2002–Population by ethnic groups et Official Results of Serbian Census 2002–Population by language, et Comunitatea Românilor din Serbia, Raport de activitate, Vršac, 28.02.2009.
  13. Récits d'Anne Comnène et de Nicétas Choniatès
  14. Istoriya na Balgariya, tome 3, Sofia, 1973, p. 140 et 272
  15. Nicolae Serban Tanasoca, La signification historique du blason du "Regnum Valachorum" dans l'armoirial Wijbergen, Annales de l'Inst. d'hist. et d'archéol. "A.D.Xenopol", vol.24, Iasi 1987. L'historiographie bulgare moderne, engagée dans la démonstration d'une origine exclusivement iranienne et slave des Bulgares, nie ou relativise tout caractère valaque du Second Empire Bulgare, de même qu'elle nie ou relativise tout caractère turcophone des premiers Bulgares. Elle slavise systématiquement tous les noms de lieux ou de personnes. Cet engagement militant s'explique par le fait que l'Empire ottoman et la Roumanie ont occupé des territoires bulgares, susceptibles d'être encore revendiqués par les ultra-nationalistes de ces pays voisins.
  16. Ovid Densușianu, Sextil Pușcariu, Alexandru Rosetti, Theodor Capidan, A.D. Xenopol, Gustav Weigand
  17. Développée par Robert Rössler qui s'appuie sur les récits d'Eutrope
  18. Catherine Asdracha, G. Giuglea, Alexandru Graur, Ion Coteanu, Alexandru Niculescu, Karl Sanfeld, Pierre Sintès.
  19. Selon les historiens Giurescu et Iorga, il y a eu historiquement une dizaine de "Valachies populaires": les "Vlašina", "Vlašić", "Vlahina" et "Romanja Planina" de l'ancienne Yougoslavie, la "Megali Valacheia" de Grèce septentrionale et de Macédoine, la "Valaquie morave" (Moravsko Valaško) à l'est de l'actuelle République tchèque, et les trois principautés à majorité roumanophone de Transylvanie, Moldavie et Valachie jadis respectivement cartographiées "Valachie intérieure", "Bogdano-Valachie" et "Hongro-Valachie", sans compter le despotat de Dobrogée, autant bulgare que roumain. Toutefois il faut remarquer que les trois principautés à majorité roumanophone résultent elles-mêmes de la fusion de "Valachies" antérieures plus petites (nommées "țări" ou "ținuturi" en roumain et "Vlachföldek" en hongrois) telles que les voévodats ou pays de Maramureș, Oaș, Crasna, Lăpuș, Năsăud, Gurghiu, Bihor, Montana, Amlaș, Cibin et Făgăraș en Transylvanie, Onutul, Strășinețul, Baia (Mulda), Soroca, Hansca, Bârladul et Tințul (Tigheciul) en Moldavie, Severin, Motru, Jaleș, Gilort, Lotru, Argeș et Muscel en Valachie.
  20. Konstantin Jireček était un épigraphiste et historien tchèque, qui a montré que les Illyres, Thraces et Daces ont été latinisés en Macédoine occidentale, en Mésie et en Dacie, mais héllénisés dans le reste de la Macédoine et au sud des Balkans.
  21. A une seule exception près : André et Jean Sellier, Atlas des peuples d'Europe centrale, La Découverte, ISBN 2-7071-2032-4, carte de l'expansion des Slaves, p. 12, par Anne Le Fur
  22. Neagu Djuvara sur [1]

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