Aroumain

Aroumain
Aroumain
Armãneascã, Armãneshce, Armâneashti, Armânã.
Parlée aux Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine, Roumanie, Serbie
Région Balkans
Nombre de locuteurs environ 2,5 million[1]
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle de Kruševo (Crushuva), Macédoine
Codes de langue
ISO 639-2 rup
ISO 639-3 rup
IETF rup
Échantillon
Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme en aroumain (le texte en français)

Articlu 1.

Tuti iatsãli umineshtsã s-fac liberi shi egali la nãmuzea shi-ndrepturli. Eali suntu hãrziti cu fichiri shi sinidisi shi lipseashti un cu alantu sh-si poartã tu duhlu-a frãtsãljiljei.

L' aroumain (dit aussi macédo-roumain en Roumanie[2]), en aroumain : limba armãneascã ou armânã (aroumain), désigné aussi par l’adverbe armãneasht avec la variante armãneshce, est une langue romane orientale, parlée par les Aroumains, et formant, avec le daco-roumain, le mégléno-roumain et l’istro-roumain, le Diasystème roman de l'Est[3]. Toutefois pour certains linguistes surtout roumains[4] il s'agit d’un dialecte du roumain, comme le moravalaque (disparu), le morlaque ou dalmate (disparu), le mégléno-roumain et l’istro-roumain (qui n'ont plus que quelques centaines de locuteurs). Il existe en revanche une école (allemande et hongroise) qui estime que c'est le daco-roumain qui est un dialecte de l'aroumain. D'autres linguistes le placent parmi les langues romanes montagnardes, avec le romanche, le ladin, le frioulan, l'istrien, l'istro-roumain, le dalmate et le roumain. La controverse sur le statut de cet idiome continue toujours, y compris parmi les intellectuels aroumains[5]. La seule certitude sur laquelle tous les linguistes et les toponymistes s'accordent, est que ces langues ou dialectes, individualisées à partir du Xe siècle, proviennent de l'évolution d'un tronc commun roman dans le péninsule des Balkans et le bassin du Bas-Danube. Ce tronc commun est appelé proto-roumain.

Sommaire

Locuteurs

Les locuteurs de cette langue, qui font partie de l'ensemble dit valaque, se désignent généralement eux-mêmes par l’appellation Aroumains, adoptée par les linguistes et les ethnologues, mais parfois transcrite par "Aromounes", "Farsharotes", "Gramochtènes", "Vlachs" (mot anglais), "Koutzovalaques", "Zinzares" et bien d'autres[6].

Les estimations de leur nombre vont de 80 000 à 1 000 000[7], et il est difficile de parvenir à un accord, car de nombreux Aroumains, même s'ils se revendiquent comme tels et perpétuent leurs traditions (ce qui n'est pas le cas de tous), ne pratiquent plus la langue et sont passés au grec, à l'albanais, au macédonien, au bulgare : ils sont donc comptés dans ces pays comme grecs, albanais, macédoniens ou bulgares ; en outre, il y a de nombreux mariages mixtes, et en Roumanie ils sont comptés comme Roumains même s'ils pratiquent encore leur langue. Ils sont dispersés dans les pays suivants :

  • Grèce : 200 000 (1995, estimation des autorités grecques; eux-mêmes annoncent 280 000), en Thessalie, Épire, Macédoine, en Thrace et dans la région montagneuse de Pinde, des monts Gramos ainsi que dans la ville de Pharsale ;
  • Albanie : 50 000 (1995, selon T. J. Winnifrith) (région de Myzeqe et la ville de Moscopole ;
  • Roumanie : 28 000, dont 75 % en Dobrogée (estimation officielle ; eux-mêmes annoncent 145 000 mais seule une minorité revendique le statut de minorité nationale, la plupart se déclarent roumains) ;
  • Serbie : 15 000 (estimation des Aroumains eux-mêmes ; il ne faut pas les confondre avec les groupes Roumains de Voïvodine et des Portes de Fer) ;
  • Macédoine : 8 467 (selon le recensement de 1994, mais eux-mêmes annoncent 22 000 selon Zborlu a nostru), surtout dans la région de Monastir;
  • Bulgarie : 4 770 (selon le recensement de 2000, mais eux-mêmes annoncent 45 000 selon Zborlu a nostru), surtout le long de la frontière avec la Serbie, et dans la région de Varna.

Il existe aussi une diaspora relativement importante d’Aroumains, dont le chiffre est inconnu, en Europe de l'Ouest (France, Allemagne), aux États-Unis, au Canada, en Amérique latine et en Australie.

Les Aroumains forment une population parlant une langue romane qui évolue au carrefour des mondes grec, albanais et slave, et qui fut longtemps marquée par le nomadisme, pastoral et commercial. Leurs légendes traditionnelles en font des Thraces devenus les charriers et les convoyeurs des Romains le long de la Via Egnatia et ainsi romanisés. La position universitaire grecque en fait des Hellènes latinisés. Le fait est que les Thraces du sud étaient fortement hellénisés, avant d'être latinisés. Les Aroumains représentent de nos jours pour ceux qui les étudient, un véritable casse-tête identitaire qui court-circuite la logique des États-nations balkaniques et "dérange" les histoires officielles de la plupart d'entre eux[8]. Leur histoire est un éclairage anthropologique, géographique et linguistique de leur particularisme.

Histoire de l’aroumain

Au Xe siècle au plus tard, le latin oriental ou proto-roumain s'est divisé en quatre langues : le daco-roumain (parlé dans le bassin du bas-Danube et marqué d'influences slaves), le mégléno-roumain qui en dérive (parlé dans six villages de Macédoine à l'ouest de l'Axios/Vardar), l'istro-roumain parlé en Istrie, et l'aroumain parlé en Macédoine et autour d'elle. L'aroumain a moins d'influence slave que les trois autres, et plus d'influences grecques ; de plus celles-ci sont directes, alors que l'influence grecque en roumain est passée par l'intermédiaire slave. En général, on admet que l'aroumain s'est formé au sud du Danube : la plupart des linguistes roumains considèrent que c’est dans la région située autour de l'Haemos (Stara Planina ou Grand Balkan actuel) au contact direct de la Ligne Jireček, c'est-à-dire de la langue grecque[9], alors que d’autres[10] soutiennent qu’il se constitua, du moins en partie, dans la région du Pinde et dans le sud de l’Albanie aussi. Quoi qu'il en soit, nous avons cinq certitudes :

  • la domination romaine dans l'ensemble des Balkans a duré six siècles au minimum ;
  • les toponymes du type Campolongo, Cljava Lungã, Montana, Peccoraria, Petrossa, Romania Planina, Vlahina, Vlahoklissoura, Vlašina, Vlasia et autres Vlasić se rencontrent de la Bosnie à l'ouest jusqu'à la mer Noire à l'est, et du Danube au nord jusqu'au Péloponnèse au sud;
  • les chroniqueurs byzantins, Theophanos et Théophylacte Simocatta mentionnent les populations de langue romane des Balkans dès 579;
  • la présence d’Aroumains en Macédoine est également attestée par le chroniqueur byzantin Kedrenos en 976.
  • au XVe siècle, le chroniqueur Laonikos Chalkokondylas remarque la parenté entre l’aroumain et le roumain.

La première attestation documentaire de la langue aroumaine remonte à l'an 630: dans ses Histoires, Théophylacte Simocatta cite les mots "τóρνα, τóρνα" [torna, torna] dans le contexte d'une marche militaire byzantine contre les Avars au cours de l'année 587, menée par le général Comentiolus, dans les Monts Haemos (l'actuel Grand Balkan); deux siècles après Théophylacte, un autre chroniqueur byzantin, Théophane le Confesseur raconte la même histoire dans sa Chronographie (vers 810–814) citant les mots : "τόρνα, τόρνα, φράτρε" [torna, torna fratre: "retourne-toi, frère"][11]. Mais, pour la plupart des linguistes, il ne s'agit pas encore d'aroumain, mais de proto-roumain. La première attestation documentaire d'un patronyme aroumain remonte à 1094: selon Anne Comnène, lorsque les Coumans attaquent l'Empire byzantin, le valaque Pudilă vint à Constantinople avertir l'empereur que les barbares étaient en train de passer les Monts Haemos. La deuxième attestation documentaire de la langue, cette fois clairement aroumaine, remonte à 1156: c’est le nom de personne Tsintsiloukis, interprété comme provenant de tsintsi louki (« cinq loups »).

Lexique de conversation quadrilingue de Daniil Moscopoleanul (Venise, 1794/1802)
Grammaire aroumaine de Boiagi, (Vienne, 1813)

Les premiers textes en aroumain, écrits en alphabet grec, datent du XVIIIe siècle :

  • une inscription sur une icône, avec la traduction en grec, en albanais et en latin (1731) ;
  • un livre de liturgie non daté et non localisé ;
  • un vocabulaire grec – aroumain – albanais[12] ;
  • un lexique de conversation grec – albanais – aroumain – bulgare[13] ;
  • un abécédaire[14] ;
  • un recueil manuscrit de traductions religieuses non datées.

Au début du XIXe siècle on adopte l’alphabet latin et des ouvrages de philologie paraissent[15], influencés par le roumain.

À partir de 1864 on publie des œuvres littéraires et didactiques, ainsi que des essais, originaux et traduits. Les représentants les plus importants de cette littérature sont Mihail Nicolescu, Tashcu Iliescu, Constantin Belimace, Nushi Tulliu, Zicu A. Araia, Nicolae Batzaria, George Murnu.

Dans le même temps, on élabore des recueils de littérature folklorique, les plus importants après 1890, publiés par Gustav Weigand et Pericle Papahagi.

Entre 1864 et 1945 il y avait un enseignement pour les Aroumains, mais surtout en roumain, en Grèce particulièrement, qui fut supprimé à la suite de l’épisode de la Principauté du Pinde et Voïvodie de la Macédoine.

Au cours de l’histoire, la langue du culte religieux orthodoxe a été le grec et aussi, dans certaines périodes, l’aroumain.

Situation actuelle

Dans tous les pays où elle vit, les tendances d’assimilation de la population aroumaine et, par conséquent, de perte de sa langue et de sa culture, ont été puissantes. La langue aroumaine a reculé, mais subsiste, et sa situation s’est même améliorée ces vingt dernières années. Traditionnellement, les Aroumains restent attachés à leurs racines et entretiennent leur mémoire.

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a adopté lors d'une session en 1997, la recommandation n° 1333 sur la culture et la langue aroumaines, en soulignant le caractère menacé de cette langue. Elle a appelé les gouvernements des États où vivent des Aroumains à faciliter l’utilisation de leur langue dans l’enseignement, le culte et les médias. Bien que cette recommandation ne soit pas entièrement suivie, l’aroumain est enseigné dans quelques écoles : plusieurs en République de Macédoine, deux en Roumanie, une en Albanie. Un cours d'aroumain est donné à l'Université de Salonique, en Grèce.

On publie des livres en aroumain, aux éditions Dimândarea Pãrinteascã et Fundația Cartea Aromãnã (en Roumanie), Cartea Aromãnã (aux États-Unis). Il existe aussi des périodiques en aroumain: Deșteptarea – Revista Aromânilor, Dimândarea, Bana Armâneascâ (en Roumanie), Zborlu a nostru (en Allemagne).

La langue est cultivée également par diverses sociétés culturelles aroumaines, telles l’« Union pour la culture et la langue aroumaines », organisation à caractère transnational de Fribourg-en-Brisgau (Allemagne), la Bibliothèque Macédo-roumaine de la même ville, la la Société « Fărșărotul » des États-Unis, ou l’Association des Français Aroumains « Trâ Armânami » de Paris. Des mouvements nationalistes européens ou américains tentent d'utiliser le désir des jeunes Aroumains de retrouver leurs racines, pour véhiculer leurs idées dans la communauté.

L’aroumain n’est donc pas une langue officielle (sauf dans la localité Kruševo, en République de Macédoine), ni standardisée. Elle reste une langue familiale, mais elle a une littérature écrite relativement ancienne.

Variétés régionales

Parlers de l’aroumain
     aroumain: F – parlers fãrsherot et muzaquien ; M – parler moscopolitain ; B – parlers de Gopeš, de Mulovište et de Bjala ; P – parlers metsovoniote et olympiote ; G – parler gramoshtène      mégléno-roumain

L’aroumain est une langue en essence unitaire, mais avec de nombreux parlers qui s’entre-pénètrent parfois et dont la classification est controversée. Celle de Theodor Capidan et de Tache Papahagi distingue :

  • un groupe du Nord :
    • le parler fãrsherot, parlé dans les environs de la ville albanaise de Frasheri
    • le parler moscopolitain dans la ville albanaise de Moscopole
    • le parler muzaquien de la région de Muzachia (Myzeqe en albanais), au sud de l'Albanie
    • le parler de Gopeš et de Mulovište, en République de Macédoine
    • le parler de Bjala, en République de Macédoine
    • le parler gramoshtène des monts Grammos, en Grèce
  • un groupe du Sud :
    • le parler metsovoniote du Pinde, en Grèce
    • le parler olympiote de l’Olympe, en Grèce.

Graphie de l’aroumain

Les premiers textes écrits en aroumain le furent avec l’alphabet grec. Au début du XIXe siècle on a adopté l’alphabet latin, avec une grande variété dans la transcription des sons de la langue. On a utilisé et on continue à utiliser l’alphabet roumain, mais la graphie n’est toujours pas standardisée. Il y a actuellement une tentative de standardisation commencée au Symposium pour la standardisation du système d’écriture aroumain de Bitola (1997). L’action est en cours, mais son accomplissement est difficile, faute d’une instance officielle et à cause de polémiques entre intellectuels aroumains, dont certains préfèrent garder l’alphabet roumain.

L’alphabet adopté au symposium de Bitola[16] comporte des caractères sans diacritiques, sauf ã. Une partie des caractères et des groupes de lettres ont les mêmes valeurs qu’en italien ou en roumain : c, ce, ci, che, chi, g, ge, gi, ghe, ghi, e et o (y compris dans les diphtongues), i et u (y compris semivocaliques), k, q, w et y dans les mots étrangers[17]. Cependant, l’alphabet de l’aroumain n’est pas unitaire pour toute la langue, puisqu’il y a des lettres et des groupes de lettres alternatifs, pour rendre deux sortes de prononciation variant selon les parlers.

Lettres et groupes de lettres spécifiques :

Alphabet nouveau Alphabet traditionnel Position Dans certains parlers Correspondant dans d’autres parlers Exemple en aroumain Roumain Français
ã ă, â/î prononcée /ə/ (voyelle neutre centrale) prononcée /ɨ/ (voyelle non-arrondie centrale fermée) cãntã cântă il/elle chante
dh /ð/ (consonne fricative dentale voisée), comme dans l’anglais there d prononcé /d/ chirimidhã / chirimidã cărămidă brique
dz dzeanã geană cil
gh devant d’autres lettres que e et i /ɣ/ (consonne fricative vélaire), comme γ en grec g prononcé /g/ ighrasie / igrasie umezeală humidité
devant e et i /ɣ/ (consonne fricative vélaire), comme γ en grec gh prononcés /g/ Ghirmanie Germania Allemagne
lj l’ /ʎ/ (consonne spirale latérale palatale) ljepure iepure lièvre
nj ń /ɲ/, comme dans agneau lunjinã lumină lumière
sh ș sharpi șarpe serpent
th /θ/ (consonne fricative dentale), comme dans l’anglais theatre t prononcé /t/ theatru / teatru teatru théâtre
ts ț tseapã țeapă pal
y devant e et i (/ɣ/ consonne fricative vélaire), comme γ en grec gh prononcés /g/ Yirmanie Germania Allemagne
dans des mots étrangers, /j/ Yale

Particularités linguistiques par rapport au roumain

L’aroumain est la langue romane orientale considérée comme la plus archaïque, dont la structure est proche de celle du proto-roumain. Il ressemble beaucoup au roumain du point de vue structurel, avec des différences morpho-syntaxiques relativement insignifiantes. Il a mieux gardé l’héritage latin que le mégléno-roumain et l’istro-roumain, sa structure et son phonétisme étant peu influencés par les langues environnantes. Leur influence se manifeste surtout dans le lexique. Les Aroumains ont coutume de dire humoristiquement que "comme notre nom l'indique, nous ne sommes pas des Roumains", bien que le "A" initial ne soit pas le "a" privatif du grec, mais une particularité phonologique de l'aroumain ("a" devant les "r").

Phonologie

Les sons spécifiques de l’aroumain apparaissent dans le tableau ci-dessus.

  • ã est prononcé, selon les parlers, /ə/, /ɨ/, ou entre les deux.
  • /dz/ (dz), /ʎ/ (lj), /ɲ/ (nj) se retrouvent dans tous les parlers.
  • /ð/ (dh) se trouve dans les emprunts du grec et de l’albanais, mais dans certains parlers seulement. Dans d’autres il se prononce /d/.
  • /θ/ (th) est également emprunté au grec et, généralement, il est prononcé comme dans cette langue, mais peut aussi être prononcé /t/.
  • /ɣ/ (rendu par gh et par y) provient toujours du grec, mais se prononce également /g/.

Évolutions à partir du latin :

Phénomène Latin Aroumain Roumain Français
apparition d’un /a/ initial romanus ar(ã)mãn român roumain
fermeture de /e/ atone genuc(u)lus dzinuclju genunchi genou
fermeture de /i/ tonique *bessica bishã beșică vessie
fermeture de /i/ atone lacrima lacãrmã lacrimă larme
fermeture de /o/ atone arbor arbure arbore arbre
conservation de /u/ final après les groupes de consonnes lignus lemnu lemn bois
chute de certaines voyelles atones alapa arpã aripă aile
/i/ du préfixe in-/im- > ã imparto ãmpartu împart je partage
/i/ de la préposition in > ã ãm-pãdure în pădure dans la forêt
/w/ devenu consonne devant une autre consonne laudo alavdu laud je vante
*cauto caftu caut je cherche
/k/ + /e/ ou /i/ > /ts/ *cichoria tsicoarã cicoare chicorée
/d/ > /dz/ dico dzãc zic je dis
/g/ + /e/ ou /i/ > /dz/ gelu dzeru ger gel
/j/ + /a/, /o/ ou /u/ > [ʤ] jocus gioc joc jeu
mouillure de /l/ devant /e/ lepus ljepure iepure lièvre
mouillure de /l/ devant /i/ gallina ljinã găină poule
mouillure de /m/ en syllabe accentuée mercuris njercuri miercuri mercredi
/ne/, /ni/ > /ɲ/ calcaneum cãlcãnju călcâi cheville
/p/ > /c/ petra cheatră piatră pierre
/b/ > /ɟ/ bene ghine bine bien

Morphologie et syntaxe

Les articles

L’article défini est placé à la fin du mot, comme dans les autres langues romanes orientales : luplu (roum. lupul, fr. « le loup »), vitsinlji (roum. vecinii, fr. « les voisins »), bisearica (roum. biserica, fr. « l’église »), bisearitsle (roum. bisericile, fr. « les églises »).

Les noms de personnes masculins peuvent être utilisés avec l’article défini : Goglu (Gogu).

Dans le syntagme nom + adjectif démonstratif atsel + adjectif qualificatif, ce dernier peut avoir l’article défini ou non : omlu atsel bunlu ou omlu atsel bun (roum. omul acela bun, fr. « cet homme bon »).

L’article indéfini féminin singulier est unã: unã featã (roum. o fată, fr. « une fille »).

Le nom

Au pluriel il y a, en plus de celles du roumain, deux désinences empruntées au grec :

  • -adzi pour les masculins terminés en voyelle finale accentuée: pãradzi (roum. parale, fr. « sous »)
  • -ate sau -ati au féminin: nemusorizmate (roum. zăpadă multă, fr. « beaucoup de neige »)

À remarquer dans la déclinaison :

  • Le génitif est précédé de a au masculin singulier et pluriel, ainsi qu’au féminin singulier et pluriel, même quand l’objet possédé exprimé par un nom est placé devant : muma a ficiorlui (roum. mama băiatului, fr. « la mère du garçon »), a ficiorlor (roum. băieților, fr. « des garçons »), a featiljei (roum. fetei, fr. « de la fille »), a featilor (roum. fetelor, fr. « des filles »).
  • Le a est utilisé devant le nom au datif également : lju dau a vitsinlui (roum. îl dau vecinului, fr. « je le donne au voisin »).
  • Au génitif-datif féminin avec article défini il y a aussi la forme ali feate (roum. fetelor, fr. « des/aux filles ».
  • Au génitif-datif des noms propres de personnes masculins on place l’article défini devant le nom : al Gog (roum. lui Gogu, fr. « de/à Gogu »).

Les noms de localités en fonction de complément de lieu exprimant la destination se construisent le plus souvent sans préposition : mi duc Bitule (roum. mă duc la Bitolia, fr. « je vais à Bitola »), mais aussi avec une préposition : s-dusi n Sãrunã (roum. se duse la Salonic, fr. « il/elle alla à Salonique »).

L’adjectif qualificatif

Les degrés de comparaison présentent les particularités suivantes :

  • le comparatif de supériorité avec les adverbes ma ou cama : (ca)ma mari di noi (roum. mai mare decât noi, fr. « plus grand(e) que nous »)
  • le superlatif relatif :
    • (ca)ma + adjectif + article défini : (ca)ma marli di noi (roum. cel mai mare dintre noi, fr. « le plus grand de nous »)
    • atsel + (ca)ma + adjectif + article défini : atsel (ca)ma marli (roum. cel mai mare, fr. « le plus grand »)
  • le superlatif absolu :
    • avec l’adverbe multu : multu bun(ã) (roum. foarte bun(ă), fr. « très bon(ne) »)
    • avec l’adverbe vãrtos : vãrtos dultse (roum. foarte dulce, fr. très doux(ce)/sucré(e) »)
    • avec l’adverbe dip : un om dip avut (roum. un om foarte bogat, fr. « un homme très riche »)
    • par répétition de l’adjectif, procédé spécifique aux langues balcaniques : ira linãvoasã-linãvoasã (roum. era foarte leneșă, fr. « elle était très paresseuse »)

Les pronoms

Particularités de l’utilisation des pronoms personnels :

  • Dans les parlers du nord, les formes d’accusatif mine/mini (fr. « moi »), tine/tini (fr. « toi ») peuvent être employées au nominatif, à la place de io et tu respectivement : mine escu (roum. eu sunt, fr. « je suis »), tini ãnsutsi eshti (roum. tu însuți ești, fr. « toi-même tu es »). Par contre, dans les parlers du sud on emploie parfois io à l’accusatif : fãrã di io (roum. fără mine, fr. « sans moi »).
  • Le pronom personnel complément d’objet direct se construit en général sans préposition : nu ti voi tine (roum., nu te vreau pe tine, fr. « je ne te veux pas, toi »).
  • Le pronom personnel complément d’objet direct atone féminin singulier est placé, aux temps composés, devant le verbe auxiliaire : u ai vidzutã (roum. ai văzut-o, fr. « tu l’as vue »).

Le pronom-adjectif possessif se décline, ayant aussi des formes conjointes (atones), placées après le nom : anjeu (roum. meu, fr. « mon/mien »), tată-nju (roum. tatăl meu, fr. « mon père »), a dadã-meai (roum. mamei mele, fr. « de/à ma mère »), avoastrã (roum. voastră, fr. « votre/vôtre » féminin), feata-vã (roum. fata voastră, fr. « votre fille »), dzinir-su (roum. ginerele său, fr. « son gendre »), a doamnã-sai (roum. stăpânei sale, fr. « de/à sa maîtresse »).

Le pronom relatif care (fr. « qui / que / lequel / laquelle / lesquels / lesquelles ») du roumain a presque toujours pour correspondant tse / tsi : ficiorlu tsi vini (roum. băiatul care vine, fr. « le garçon qui vient »).

Tse / tsi est utilisé également avec d'autres fonctions que celle de sujet, mais sans préposition : fu dus tu odãlu tse era shi feata (roum. fu dus în odaia în care era și fata, fr. « il fut emmené dans la chambre où se trouvait la fille »).

Les numéraux

Particularités du numéral cardinal :

  • Le numéral latin viginti a subsisté en aroumain : yinyints ou yinyits (roum. douăzeci, fr. « vingt »).
  • On construit avec préposition les numéraux à partir de 11 (à partir de 20 en roumain) : unsprãdzatsi di dzãli (roum. unsprezece zile, fr. « onze jours »).
  • La préposition spri (roum. spre, fr. « vers ») est utilisée pour construire les nombres non seulement de 11 à 19, comme en roumain, mais aussi de 21 à 29 : doispriyinyits (roum. douăzeci și doi, fr. « vingt-deux »).
  • Les nombres peuvent être suivis de l’article défini et ils se déclinent : doilji, a doilor (roum. cei doi, celor doi, fr. « les deux, des/aux deux »). On utilise l’article défini pour exprimer l’heure : tu treile oare (roum. la ora trei, fr. « à trois heures »).

Le numéral ordinal est formé du numéral cardinal + l’article défini : shasile (roum. al șaselea, fr. « sixième »), noaulu (roum. al nouălea, fr. « neuvième »).

Quant aux nombres collectifs, alors qu’en roumain il y a seulement amândoi (aroumain amindoi ou shamindoi, fr. « (tous) les deux »), en aroumain, avec le même procédé on obtient (sh)amintrei (roum. toți trei, fr. « (tous) les trois »), (sh)aminpatru (roum. toți patru, fr. « (tous) les quatre »), (sh)amintsintsi (roum. toți cinci, fr. « (tous) les cinq »), etc.

Le verbe

Les verbes aroumains sont distribués en quatre classes de conjugaison, comme les verbes roumains. Dans la 1re et dans la 4e il y a deux sous-classes : verbes sans suffixe et verbes à suffixe.

Indicatif présent

1re conj. 1re conj. à suffixe 2e conj. 3e conj. 4e conj. 4e conj. à suffixe
cãntu (« je chante ») lucredzu (« je travaille ») cad (« je tombe ») bat (« je bats ») dormu (« je dors ») grescu (rom. grăiesc, fr. « je parle »)
cãntsã lucredzi cadzi batsi dornji greshti
cãntã lucreadzã cade bate doarme greashte
cãntãm lucrãm cãdem batim durnjim grim
cãntatsi lucratsi cãdetsi batitsi durnjitsi gritsi
cãntã lucreadzã cad bat dormu grescu

À l’indicatif imparfait, la 3e personne du pluriel est identique à la 3e personne du singulier.

1re conj. 2e conj. 3e conj. 4e conj.
cãntam (fr. « je chantais ») cãdeam bãteam durnjam
cãntai cãdeai bãteai durnjai
cãnta cãdea bãtea durnja
cãntam cãdeam bãteam durnjam
cãntatsi cãdeatsi bãteatsi durnjatsi
cãnta (roum. cântau) cãdea bãtea durnja

À la différence du roumain, l’indicatif passé simple est utilisé dans la langue parlée, même plus souvent que le passé composé. On distingue verbes à accent sur la désinence (ceux du tableau ci-dessous) et verbes à accent sur le radical.

1re conj. 2e conj. 3e conj. 4e conj.
cãntai (« je chantai ») cãdzui (« je tombai ») bãtui (« je battis ») durnjii (« je dormis »)
cãntashi cãdzushi bãtushi durnjishi
cãntã cãdzu bãtu durnji
cãntãm (roum. cântarăm) cãdzum (roum. căzurăm) bãtum (roum. băturăm) durnjim (roum. dormirăm)
cãntat (roum. cântarăți) cãdzut (roum. căzurăți) bãtut (roum. băturăți) durnjit (roum. dormirăți)
cãntarã cãdzurã bãturã durnjirã

Les verbes à accent sur le radical ont la désinence -sh(u) à la 1re personne du singulier : scoshu (roum. scosei, fr. « je sortis » transitif), aprimshu (roum. aprinsei, fr. « j’allumai »), dushu (roum. dusei, fr. « je menai »).


À l’indicatif passé composé, le verbe auxiliaire am (fr. « avoir ») prend ses formes complètes.

Aroumain Roumain
am cãntatã (fr. « j’ai chanté ») am cântat
ai cãntatã ai cântat
are cãntatã a cântat
avem cãntatã am cântat
avetsi cãntatã ați cântat
au cãntatã au cântat

À la différence du roumain, l’indicatif plus-que-parfait synthétique ne s’est pas conservé en aroumain. Il a été remplacé par un plus-que-parfait analytique, comme le français, avec l’auxiliaire am (« avoir ») à l’imparfait.

  • aveam cãntatã (roum. cântasem, fr. « j’avais chanté »)
  • aveai cãntatã
  • avea cãntatã
  • aveam cãntatã
  • aveatsi cãntatã
  • avea cãntatã

Il y a plusieurs formes d’indicatif futur, dont la plus répandue se construit avec le verbe voi (« vouloir ») à la 3e personne du singulier de l’indicatif présent (va) pour toutes les personnes du futur + le subjonctif présent : va s-cãntu (roum. voi cânta, fr. « je chanterai »).

L’indicatif futur antérieur se forme avec va + le subjonctif passé composé : va s-am cãntatã (roum. voi fi cântat, fr. « j’aurai chanté »).

Le subjonctif a quatre temps en aroumain (deux en roumain) : présent, imparfait, passé simple et passé composé. Il est utilisé avec la conjonction ayant trois autres variantes : se, si et s-.

Au subjonctif présent, à la 1re conjugaison, la 3e personne ne diffère pas de la même personne de l’indicatif présent.

1re conj. 1re conj. à suffixe 2e conj. 3e conj. 4e conj. 4e conj. à suffixe
s-cãntu (fr. « que je chante ») s-lucredzu s-cad s-bat s-dormu s-grescu
s-cãntsã s-lucredzi s-cadzi s-batsi s-dornji s-greshti
s-cãntã (roum. să cânte) s-lucreadzã (roum. să lucreze) s-cadã s-batã s-doarmã s-greascã
s-cãntãm s-lucrãm s-cãdem s-batim s-durnjim s-grim
s-cãntatsi s-lucratsi s-cãdetsi s-batitsi s-durnjitsi s-gritsi
s-cãntã (roum. să cânte) s-lucreadzã (roum. să lucreze) s-cadã s-batã s-doarmã s-greascã

Subjonctif imparfait: s-cãntam (s- + l’indicatif imparfait).

Subjonctif passé composé: s-am cãntatã (s- + l’indicatif passé composé).

Subjonctif plus-que-parfait: s-aveam cãntatã (s- + l’indicatif plus-que-parfait).


Le conditionnel présent n’est pas analytique, comme en roumain, mais synthétique, comme en français.

  • s-cãntarim (roum. aș cânta, fr. « je chanterais »)
  • s-cãntari
  • s-cãntare / cãntari
  • s-cãntarim
  • s-cãntarit
  • s-cãntare / cãntari

Le conditionnel passé se forme le plus souvent avec l’imparfait du verbe voi (« vouloir »), à la forme unique vrea pour toutes les personnes du conditionnel passé + le conditionnel présent : vrea s-cãntarim (roum. aș fi cântat, fr. « j’aurais chanté »).

À l’impératif, à part les formes de la 2e personne semblables à celles du roumain (impératif proprement dit), il y aussi des formes pour la 1re personne, avec la conjonction as (empruntée au grec) + le subjonctif présent et, à la 3e personne, outre la conjonction s(ã), on utilise aussi las + le subjonctif présent.

1re conj. 1re conj. à suffixe 2e conj. 3e conj. 4e conj. 4e conj. à suffixe
as cãntu! (roum. să cânt!, fr. « que je chante ! ») as lucredzu! as cad! as bat! as dormu! as grescu!
cãntã! (fr. « chante ! ») lucreadzã! cade! bate! dornji! grea!
las cãntã! (roum. să cânte!, fr. « qu’il/elle chante ! ») las lucreadzã! las cadã! las batã! las doarmã! las greascã!
as cãntãm! as lucrãm! as cãdem! as batim! as durnjim! as grim!
cãntatsi! lucratsi! cãdetsi! bãtetsi! durnjitsi! gritsi!
las cãntã! las lucreadzã! las cadã! las batã! las doarmã! las greascã!

L’infinitif aroumain n’ayant pas de forme brève (voir ci-après), l’impératif négatif de la 2e personne du singulier a la même forme que l’affirmatif : nu cãntã! (roum. nu cânta!, la forme brève de l’infinitif, fr. « ne chante pas ! »).


L’infinitif n’a qu’une forme longue, héritée du latin.

1re conj. 2e conj. 3e conj. 4e conj.
cãntare (fr. « chanter ») cãdeare batire durnjire

L’infinitif est utilisé surtout en tant que nom. Il a cependant quelques valeurs verbales également :

  • dans la construction impersonnelle avec va ou lipseashte (roum. trebuie, fr. « il faut ») : va scriare unã carte (roum. trebuie să se scrie o scrisoare, fr. « il faut écrire une lettre »), lipseashte zburãre cu un mastur (roum. trebuie vorbit cu un meșter, fr. « il faut parler avec un homme du métier »)
  • subordonné à des verbes exprimant le déplacement : vru s-ducã avinare (roum. vru să se ducă să vâneze, fr. « il voulut aller chasser »)
  • dans une construction avec l’adverbe unã : unã strigare, tutsi se-adunarã (roum. îndată ce strigă, toți se adunară, fr. « dès qu’il/elle cria, tous se rassemblèrent »)
  • à la place du supinum (inconnu de l’aroumain) : trã beare (roum. de băut, fr. « à boire »)


Le gérondif

1re conj. 2e conj. 3e conj. 4e conj.
cãntãnda(lui) (roum. cântând, fr. « (en) chantant » cãdzãnda(lui) bãtãnda(lui) durnjinda(lui)

Au participe, il y a une seule forme pour le masculin et le féminin pluriel.

1re conj. 2e conj. 3e conj. 4e conj.
cãntatã (roum. cântat, -ă, fr. « chanté, -e ») cãdzutã bãtutã durnjitã

Les verbes appelés « à accent sur le radical » ont des désinences différentes : arsu (roum. ars, fr. « brûlé »), aprimtu (roum. aprins, fr. « allumé »), coptu (roum. copt, fr. « cuit »).

Emplois spécifiques du participe :

  • à sens actif : duruta mumã (roum. mama iubitoare, fr. « la mère aimante »)
  • à la place de l’infinitif à valeur substantivale : tru ishitã din hoarã (roum. la ieșirea din sat, fr. « à la sortie du village »)
  • avec l’adverbe unã : unã intratã n casã, o bagã chiatra sun limbã (roum. cum a intrat în casă, pune piatra sub limbă, fr. « dès qu’il/elle entre dans la maison, il/elle se met la pierre sous la langue »)
  • nié : tini, nivinitã, vrei s-fudzi? (roum. tu, abia ai venit și vrei să pleci?, fr. « à peine venu(e), tu veux déjà partir ? »)

Lexique

Le fonds lexical

L’aroumain garde des mots et des sens latins qui n’existent plus dans les autres langues romanes orientales : bashu (roum. sărut, fr. « j’embrasse »), cusurinu (roum. văr, fr. « cousin »), dimãndari (roum. poruncă, fr. « commandement, ordre »), uinu (roum. de oaie, fr. « de mouton »), agiunu (roum. flămând, fr. « à jeun »), fumealje (roum. familie, copii, fr. « famille, enfants »), largu (roum. departe, fr. « loin »), vatãmu (roum. ucid, fr. « je tue »).

Emprunts :

  • grecs (les plus nombreux): arisescu (roum. îmi place, fr. « j’aime, cela me plaît »), asime (roum. argint, fr. « argent » – le métal), hoarã (roum. sat, fr. « village »), xen (roum. străin, fr. « étranger »), lipseashce (roum. trebuie, fr. « il faut »), nostimu (roum. gustos, fr. « savoureux »)
  • slaves: celnicu (roum. stăpân, proprietar, fr. « maître, propriétaire »), dobru (roum. bun, fr. « bon »), mutrescu (roum. privesc, fr. « je regarde »)
  • albanais: bãnedzu (roum. trăiesc, fr. « je vis »), etã (roum. timp, veac, fr. « temps, siècle »), minduescu (roum. gândesc, cred, fr. « je pense »)
  • turcs: adets (roum. obicei, fr. « coutume, habitude »), bitisescu (roum. sfârșesc, fr. « je finis »), cãsãbã (roum. oraș, fr. « ville »).

Dans la langue littéraire actuelle, les mots étrangers sont généralement les termes internationaux, qui ont été empruntés par le roumain aussi : proectu (« projet »), entsiclopedii (« encyclopédie »), completu, orighinalu (« original »), litsentsã (« licence »).

Le vocabulaire représentatif[18] qui arrive à 2300 mots est encore unitaire et permet la communication entre des Aroumains qui vivent dans différents pays. Environ 38 pour cent d'origine latine, il a une composante grecque de 18 pour cent et une d'orgine turque de 9,5 pour cent.

Dérivation

Suffixes spécifiques :

  • -ame: bãrbatame (roum. mulți bărbați, fr. « beaucoup d’hommes »), urãtsame (roum. urâțenie, fr. « laideur »)
  • -ic, -icã: frãtic (roum. frățior, fr. « petit frère, frérot »), fiti (roum. fetiță, fr. « fillette »)
  • -ice: gurice (roum. guriță, fr. « petite bouche »)
  • -inã: fucurinã roum. (loc unde s-a făcut foc, fr. « endroit où l’on a fait du feu »)
  • -ãriu: vãcãriu (roum. mulțime de vaci, fr. « multitude de vaches »)
  • -ish: muntish (roum. de munte, fr. « de montagne »)
  • -iu: limniu (roum. grămadă de lemne, fr. « tas de bois »)
  • -ut: plãngut (roum. plânset, fr. « sanglots »)

Préfixes spécifiques :

  • xenu- (du grec): xenulucredzu (roum. lucrez lucru străin, fr. « je fais un travail qui n’est pas le mien »), csenuzburãscu (roum. vorbesc aiurea, fr. « je parle n’importe comment, mal »)
  • para- (du grec): parafac (roum. fac prea mult, fr. « je fais trop »), paralucredz (roum. lucrez prea mult, « je travaille trop »)
  • sum-: sumarãd (roum. râd pe jumătate, fr. « je ris avec retenue »)

Notes et références

  1. Eurominority - Nations sans état et minorités nationales d'Europe
  2. « Macédo-roumain » est une appellation impropre (puisqu’il y a des Aroumains non seulement en Macédoine, mais aussi en Albanie, en Bulgarie, et en Grèce dans la région de Macédoine occidentale), due à l'immigration en Roumanie, dans la première moitié du XXe siècle, de nombreux Aroumains en provenance de la Macédoine au sens large.
  3. G. Giuglea, Alexandru Graur, Ion Coteanu, etc.
  4. Gustav Weigand, Ovid Densusianu, Sextil Pușcariu, Alexandru Rosetti, Theodor Capidan
  5. Voir, par exemple, Hristu Cândroveanu, « Cine sunt aromânii? », dans Rost. Revistă de politică și cultură creștină. (ro)
  6. Gilles De Rapper, Pierre Sintès et Kira Kaurinkoski, Nommer et classer dans les Balkans : les Valaques, E.F.A. [www.efa.gr] et De Boccard, Paris, (ISBN 978-2-86958-202-6).
  7. Fara Armâneascâ (en Roumanie), Zborlu a nostru (en Allemagne) et T. J. Winnifrith, The history of a Balkan People, 2e édition, General Duckworth & Co. Ltd., Londres, 1995).(en)
  8. Voir par exemple Discussion:Regnum Bulgarorum et Valachorum
  9. Gustav Weigand, Ovid Densusianu, Sextil Pușcariu, Alexandru Rosetti.
  10. Theodor Capidan, Tache Papahagi, et la plupart des linguistes grecs.
  11. Theophanis Chronographia, I, Anno 6079 (587), 14–19, ed. De Boor, Leipzig, 1883; cf. FHDR 1970: 604.
  12. Dans Th. A. Cavallioti, Protopiria, Venise, 1770.
  13. De Daniil Moscopoleanul, Venise, 1794/1802.
  14. Constantin Ucuta, Nea paidagogia, Vienne, 1794.
  15. Gh. C. Roja (Buda, 1809), M. C. Boiagi (Vienne, 1813)
  16. Ici nous adoptons cet alphabet, car c’est celui qui est utilisé sur la Wikipédia aroumaine, mais nous ne changeons pas les caractères différents dans les titres originaux de documents cités.
  17. Voir à ce propos l’article Phonologie du roumain
  18. Bara, Mariana, "LIMBA ARMÃNEASCÃ. VOCABULAR ȘI STIL", Editura Cartea Universitară, București, 2007, 204 p., ISBN 978-973-731-551-9.

Sources

Voir aussi

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Aroumain de Wikipédia en français (auteurs)

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