Saxons de Transylvanie

Saxons de Transylvanie
Saxons de Transylvanie
Populations
Populations significatives par régions
Transylvanie (Drapeau de Roumanie Roumanie) 79 732
Autre
Langue(s) Allemand
Religion(s) Luthéranisme

Les Saxons de Transylvanie (allemand: Siebenbürger Sachsen; roumain: Sași, hongrois: Szászok) sont une population d'origine allemande qui s'installèrent dans le voévodat de Transylvanie à partir du XIIe siècle.

La colonisation de la Transylvanie par des germanophones fut voulue et favorisée par le roi Géza II de Hongrie (1141-1162), suzerain des voévodes transylvains. Depuis des décennies, la tâche importante de ces colons allemands était de défendre la frontière sud-est du royaume de Hongrie contre les incursions des Tatars et, plus tard, des Turcs. La colonisation continua jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Alors que les colons venaient pour la plupart de l'Ouest du Saint-Empire romain germanique et parlaient généralement des dialectes franciques, ils sont collectivement connus sous le nom de Saxons à cause des Allemands de Saxe qui travaillaient pour la chancellerie hongroise.

Sommaire

Colonies du Moyen Âge

La phase initiale de la colonisation allemande commença au milieu du XIIe siècle avec des colons qui s'établirent dans ce qui deviendra la Province d'Hermannstadt (comté de Sibiu ; en allemand : Altland ; en roumain : țara sașilor ; en hongrois: Szászföld). Bien que la raison principale de l'invitation de Géza II était (comme pour les Sicules) la défense de la frontière contre les envahisseurs, les Allemands étaient aussi recherchés pour leur connaissance dans les métiers de la mine et leur capacité à développer l'économie de la région. Beaucoup de colons de cette région vinrent du Luxembourg et de la région mosellane.

Une deuxième phase de la colonisation allemande eut lieu au début du XIIIe siècle, et concerna des colons principalement originaires de Rhénanie, des Pays-Bas méridionaux, et de la région de Moselle, avec d'autres de Thuringe, de Bavière, et même de France. Une colonie dans le nord-est de la Transylvanie était centrée sur la ville de Bistrița (allemand : Nösen, plus tard Bistritz), située sur la rivière Bistrița. La zone à l'entour était le Năsăud (allemand : Nösnerland). L'immigration continua depuis l'Empire et étendit la zone des Saxons plus loin vers l'est. Des colonies-filles de la région de Hermannstadt se dispersèrent dans la Harbachtal (la "vallée de la Hârtibaciu") et jusqu'au pied du Zibin (monts monts Cibin) et le Mühlbacher (monts Sebeș). La région centrée sur la ville de Mühlbach (Sebeș) était connue sous le nom de l'Unterwald. Au nord de Hermannstadt se trouvait le Weinland à côté de Mediasch (Mediaș).

En 1211 le roi André II de Hongrie invita l'Ordre des Chevaliers Teutoniques à coloniser et à défendre le Burzenland dans le sud-est de la Transylvanie. Pour garder les cols des Carpates contre les Coumans, les chevaliers construisirent de nombreux châteaux et villes, dont la ville principale de Kronstadt (Brașov). La colonisation dans la région du Burzenland consistait principalement en colons de l'Altland. Alarmé par la puissance des chevaliers qui grandissait rapidement, André II exila en 1225 l'Ordre qui fut ré-installé en Prusse en 1226, bien que les colons restassent dans le Burzenland.

Les frontières orientales médiévales du royaume de Hongrie furent alors défendues au nord-est par les Saxons du Nösnerland, à l'est par les Sicules non allemands, au sud-est par les châteaux construits par les Chevaliers Teutoniques et les Saxons du Burzenland, et au sud par les Saxons de l'Atland.

Organisation médiévale

Organisation légale

Bien que les chevaliers aient quitté la Transylvanie, les colons saxons restèrent, et le roi leur permit de garder leurs droits et obligations par le Andreanum Act (allemand: Goldener Freibrief der Siebenbürger Sachsen) de 1224. Ce document conféra aux populations allemandes du territoire entre Draas (Drăușeni) et Broos (Orăștie) une autonomie administrative et religieuse et des obligations envers le roi de Hongrie. Le territoire qui fut colonisé par les Allemands couvrait une zone d'à peu près 30 000 km². Pendant le règne du roi Charles Robert d'Anjou (probablement entre 1325 et 1329), les Saxons s'organisèrent en Chaires saxonnes.

Organisations religieuses

À part l'Ordre teutonique, d'autres organisations religieuses importantes pour le développement des communautés allemandes étaient les abbayes cisterciennes de Igrisch (Igriș) dans la région du Banat et de Cârța en Făgăraș.

La première organisation religieuse des Saxons fut la Prévôté d'Hermannstadt (Sibiu), fondée le 20 décembre 1191. Pendant ces années précoces, elle incluait les territoires d'Hermannstadt, Leschkirch (Nocrich), et Groß-Schenk (Cincu), les zones qui avait été colonisées les premières.

Fortification des villes

L'invasion mongole de 1241-1242 dévasta le royaume de Hongrie. Bien que les Saxons fissent de leur mieux pour résister, beaucoup de colonies furent détruites. Après la fin des invasions, de nombreuses villes de Transylvanie furent fortifiées par des châteaux de pierre et le développement des villes fut encouragé. Beaucoup étaient défendues par des Kirchenburgen, ou églises fortifiées avec des murs massifs. L'expansion rapide des cités habitées par les Saxons fit que la Transylvanie fut appelée en allemand Siebenbürgen, en référence aux sept villes fortifiées :

La classe privilégiée

Avec la noblesse transylvaine représentée par les Hongrois et les Sicules, les Saxons de Transylvanie étaient membres de l'Union des Trois Nations (Unio Trium Nationum), signée en 1438. Cet accord protégeait les droits politiques des trois groupes catholiques et excluait la paysannerie orthodoxe et roumaine de la vie politique.

Pendant la Réforme, beaucoup de Saxons de Transylvanie, ainsi qu'une partie des Sicules se convertirent au luthérianisme. Comme la Principauté de Transylvanie était un des états d'Europe les plus tolérants aux protestants, les Saxons avaient le droit de pratiquer leur religion. Lors de la Contre-Réforme, les Habsbourg promurent le catholicisme aux Saxons, mais la majorité resta luthérienne. A la même époque, une partie des orthodoxes, lassés des persécutions, se rallia au catholicisme sous l'impulsion de l'évêque Samuel Micu-Klein, et forma l'église Uniate ou gréco-catholique.

Les conflits qui opposèrent l'Autriche et la Hongrie à l'Empire ottoman à partir du XVIe siècle firent diminuer la population de Saxons de Transylvanie. En 1699, quand la Principauté de Transylvanie passa sous la suzeraineté des Habsbourg autrichiens, une troisième phase plus faible de colonisation débuta, qui aida à revitaliser les Saxons. Les Allemands travaillaient comme administrateurs et servaient comme officiers militaires, spécialement pendant les guerres entre la monarchie des Habsbourg et les Ottomans. Pour les Saxons et les autres Allemands, Sibiu/Hermannstadt était un important centre culturel de Transylvanie, tandis que Brasov/Kronstadt était un centre surtout économique et politique.

La perte du statut d'élite

L'empereur Joseph II d'Autriche tenta de dissoudre la Unio Trium Nationum à la fin du XVIIIe siècle. Ses actions visaient l'inégalité politique en Transylvanie, particulièrement la force politique des Saxons. De nombreux Saxons commencèrent à se percevoir eux-mêmes comme une petite minorité opposée aux revendications de la majorité roumaine et des Hongrois nationalistes. Bien qu'ils restassent un groupe riche et influent, les Saxons n'étaient plus une classe dominante.

Pendant les Révolutions de 1848, les Saxons encouragèrent finalement la tentative des Valaques d'obtenir un statut politique égal. Les Hongrois, par contre, désiraient l'unification complète de la Transylvanie avec le reste de la Hongrie. Stephan Ludwig Roth, un pasteur qui conduisait le soutien allemand aux droits politiques pour les Valaques, fut exécuté par des radicaux hongrois pendant la révolution.

Bien que la tentative hongroise d'acquérir un contrôle plus grand sur la Transylvanie ait été défaite par les forces autrichiennes et russes en 1849, le compromis Ausgleich entre l'Autriche et la Hongrie en 1867 ne proposa rien de bon pour les droits politiques des Saxons. Durant la période austro-hongroise, les Hongrois engagèrent une politique de magyarisation pour combattre le nationalisme grandissant des autres ethnies du royaume.

Après la Première Guerre mondiale, les Saxons soutinrent largement l'unification de la Transylvanie avec le royaume de Roumanie. On leur promit tous les droits d'une minorité, mais ces garanties ne furent pas toujours suivies et beaucoup de Saxons perdirent leur terre.

La Seconde Guerre mondiale et l'après-guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup de Saxons de Transylvanie furent instrumentalisés par le parti nazi local d'Andreas Schmidt, financé par l'Allemagne nazie, et furent enrôlés, non pas dans l'armée roumaine, mais dans la Wehrmacht, pour être engagés contre l'Union soviétique. Quand la Roumanie revint du côté allié et déclara la guerre à l'Axe le 23 août 1944, l'armée allemande commença à retirer les Saxons civils de la Transylvanie ; cette opération fut surtout appliquée chez les Saxons du Nösnerland. Près de 100 000 Allemands fuirent d'eux-mêmes devant l'Armée rouge, mais la Roumanie ne procéda pas à l'expulsion des Allemands comme les pays voisins à la fin de la guerre. Malgré tout, plus de 80 000 Saxons furent arrêtés par l'Armée soviétique et envoyés dans des camps de travail en Sibérie pour coopération avec les Allemands. Les Saxons qui restèrent furent persécutés par la Roumanie communiste et perdirent toutes leurs propriétés (mais ce fut aussi le cas de Hongrois et des Roumains).

Jusqu'à la chute du bloc de l'est en 1989, de nombreux Allemands émigrèrent en Allemagne où ils étaient considérés comme des Volksdeutsche, ou "Allemands de l'étranger", par le gouvernement allemand ; beaucoup eurent donc l'autorisation de venir en Allemagne, et de devenir citoyens allemands. En raison de cette émigration de Roumanie, la population de Saxons de Transylvanie diminua rapidement. Le gouvernement de Ceaușescu y gagna de l'argent, en faisant payer à la RFA la contre-valeur, estimée au prix occidental, des études que ces émigrants avaient fait en Roumanie.

Le mouvement d'émigration s'amplifia entre 1990 et 1995, pour s'inverser ensuite; aujourd'hui, environ 80 000 Saxons résident en Roumanie, et 100 000 autres, vivant en Allemagne, y ont des résidences secondaires: beaucoup d'entre eux reviennent en Transylvanie à l'âge de la retraite.

Population allemande en Transylvanie large (avec Banat et Crișana) au XXe siècle

  • 1910 : 731 438 (dont 235 000 Saxons environ) (source: Recensement de 1910)
  • 1938 : 798 125
  • 1956 : 384 708
  • 1977 : 359 109
  • 1992 : 111 301
  • 1998 : 45 000
  • 2002 : 60 008
  • 2008 : 79 732

NB : les chiffres comprennent les Allemands du Banat et de la Crișana dits Souabes.

Parmi les personnalités appartenant toujours à cette communauté, Klaus Johannis, le maire de Sibiu.

Filmographie

  • Radu Gabrea, Le Coq décapité, austro-hongro-roumain, 95 min, Arte, 2007. A travers quelques personnages de lycéens et de leurs familles, le film évoque le devenir de la communauté saxonne de Făgăraș entre 1935 et 1945.

Voir aussi

Liens externes



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