Bataille de Turtucaia

Bataille de Turtucaia
Bataille de Turtucaia
Memorial Tutrakan.JPG
Monument se trouvant au cimetière militaire
Informations générales
Date 2 septembre au 7 septembre 1916
Lieu sud de Turtucaia, actuellement en Dobroudja du sud
Casus belli déclaration de guerre du 27 août 1916
Issue victoire bulgare
Belligérants
Drapeau de Roumanie Roumanie Drapeau de Bulgarie Bulgarie
Drapeau: Empire allemand Empire allemand
Commandants
Constantin Téodorescu Penteley Kiselov
Forces en présence
19 bataillons pour 39 000 soldats
36 bataillons en fin d'action
31 bataillons et 55 000 soldats
Pertes
entre 6 160 et 16 000 pertes
22 000 à 28 000 prisonniers
7 350 à 8 000 pertes
Première Guerre mondiale

La bataille de Turtucaia, ou Turtakan est la première bataille roumaine du Front sud; elle s'est déroulée du 2 au 7 septembre 1916 dans la province de Dobroudja qui est une partie du Front de l'Est de la Première Guerre mondiale.

Sommaire

Contexte

En août 1916 et sur le théâtre européen vit à l'ouest la Bataille de Verdun qui est une offensive qui tourne à la guerre d'usure, sur le front italien une rageuse bataille entre l'armée d'Italie et d'Autriche-Hongrie et en Macédoine le général Sarrail prépare une offensive. L'Offensive Broussilov à l'est avance contre les forces de la Triplice.

Le temps semble venu pour la Roumanie de rejoindre la Triple-Entente et de déclarer la guerre le 27 août 1916 à l'Autriche-Hongrie avec trois armées roumaines qui entrent en Transylvanie contre la 1e armée austro-hongroise vers la rivière Mures.

En réponse l'Allemagne déclare la guerre à la Roumanie le 27 août et la Bulgarie le 1er septembre la 1e armée bulgare sous la direction de August von Mackensen entre au sud de la Dobroudja par la traversée du Danube.

La bataille

Monument au général Kiselov à Tutrakan

La forteresse

La première utilisation avérée est une construction romaine qui sous Dioclétien faisait partie du Limes qui continua à fonctionner sous l'empire bulgare au VIIe siècle puis pendant l'Empire ottoman au XIVe siècle. Avec la succession de guerres russo-turques elle joue un rôle régulièrement et fait partie du quadrilatère Ruse-Silistra-Varna-Shumen qui protège Constantinople. La forteresse est la porte d'entrée dans le sud et l'est du royaume qui fait le pendant à la défense le long du Danube, Danube qui fait partie du territoire roumain après la Guerre russo-turque de 1877-1878; consciente de son importance la Roumanie l'a rénovée par deux années de travaux sous l'égide d'ingénieurs belges[1].

Cimetière sur le lieu de la bataille.

La défense

Elle se situe sur un plateau de 7 à 13 km de largeur qui surplombe la rive droite du fleuve de 113 m avec une triple ligne de défense. Une série de postes d'alerte répartis sur une trentaine de kilomètres; une quinzaine de points d'arrêt fortifiés qui sont tenus par une soixantaine de soldats et distant de un à deux km forme la défense en profondeur. Les secteurs I et II sont boisés tout comme une moitié du sommet du plateau (cf. plan); des tranchées des réseaux de barbelés et des ravins assurent un terrain qui doit ralentir l'avance ennemi. La défense comprend aussi des mitrailleuses, une flottille[2] sur le Danube et le commandement est structuré en trois secteurs : Staro Selo ou secteur I, Daidur ou le secteur II et Antimovo ou encore secteur III qui sont en même temps les villages englobés dans la forteresse.

La garnison

L'ensemble du secteur Danube et Dobudja dépend de la 3e Armée commandée par Michel Aslan depuis Bucarest; la forteresse est sous la tutelle de la 17e division du général Constantin Téodorescu ayant à sa disposition :

  • 18e Brigade d'infanterie
    • 36e régiment d'infanterie
    • 76e régiment d'infanterie
  • 39e Brigade d'infanterie
    • 40e régiment d'infanterie
    • 79e régiment d'infanterie
  • une compagnie de gardes frontières
  • un escadron de cavalerie
  • quatre bataillons de milice
  • une compagnie de pionniers.

Soit 19 bataillons pour 20 000 soldats, 66 mitrailleuses, 175 pièces d'artillerie de campagne assistée de 23 canons de tranchée. Elle est reliée par téléphone à travers le Danube au quartier général mais se trouve éloignée de 60 km de la 9e division vers l'est à Silistra, par 100 km vers le sud-est de la 19e division d'infanterie et la 5e brigade de cavalerie. Sur la rive gauche se tenaient les 16e, 18e et 20e régiment d'infanterie et le 1e division de cavalerie.

La structure était appelée le Verdun de l'est et était à classer avec les forteresses comme celle de Liège ou Przemyśl et elle était tenue comme étant la clef de la défense sud.

La 3e armée bulgare

Elle est sous le commandement du général Stefan Toshev et était en en état d'alerte depuis le milieu 1916. Regroupée sous le commandant August von Mackensen qui revient du front macédonien et le 1e septembre comprenait 62 divisions d'infanterie, 55 batteries d'artillerie appuyé de 23 escadrons de cavalerie. Toshev se lançait avec :

  • 4e Division d'infanterie de Preslav (Panteley Kiselov) qui avait le commandement tactique des troupes attaquant le fort.
    • 1e Brigade d'infanterie (Bozhko Ikonomov)
      • 7e régiment d'infanterie de Preslav
      • 31e régiment d'infanterie de Varna
    • 3e Brigade d'infanterie (Haralambi Kmetov)
      • 19e régiment d'infanterie de Shumen
      • 48e régiment d'infanterie
      • 47e régiment d'infanterie
    • 4e Brigade d'infanterie (Georgi Kukureshkov)
      • 15e régiment d'artillerie
      • 5e régiment d'artillerie
      • 2e régiment d'artillerie lourde
      • 3e régiment de mortiers
      • 4e bataillon de Pionnier
    • 1/1e Brigade d'infanterie (Hristo Nedialkov)
      • 1e régiment d'infanterie
      • 6e régiment d'infanterie de Turnovo
      • 4e régiment d'artillerie
      • 1e régiment de mortiers
      • 1e bataillon de Pionniers
    • Détachement germano-bulgare (Kurt von Hammerstein au 4 septembre)
      • 1/21e bataillon d'infanterie allemand
      • 5e régiment de marche
      • 5e régiment d'Opalchenie
      • 6e régiment de Uhlans
      • 105e régiment de mortiers lourds allemand
      • 1/201e régiment d'artillerie de campagne
      • 2 batteries de calibre 87.

Ce qui représentante 55 000 soldats avec 132 canons appuyé de 53 mitrailleuses, une partie venaient des combats de Serbie, l'autre était inexpérimentée mais tous avaient un équipement moderne, un ravitaillement efficace, des avions ballons et une flottille avec des moniteurs.

Le plan de Mackensen

Il a décidé le 28 août d'envahir la Roumanie par la Dobroudja, d'attaquer les deux forteresses de Tutrakan et de Silistra sur le Danube, la tête de pont par Tutrakan pour ensuite prendre à revers l'autre forteresse. Il couvre l'attaque de la forteresse par un détachement vers Silistri et son mouvement de l'avant comprenait l'avancée de la 6e Division d'infanterie et la garnison de Varna avançant vers Dobritch, la liaison entre ces deux unités devait être assurée par la 6e Division de cavalerie. Le 1e un télégramme de Paul von Hindenburg approuve et déclenche l'offensive.

L'hypothèse Z

Le plan roumain envoyait la majorité des forces vers la Transylvanie à travers des Carpates, dix jours après la 3e armée devait se lancer sur la Bulgarie avec le soutien de l'armée du général russe Andreï Zaïontchkovski. Cette force s'est concentrée sur Cobadin tout en s'appuyant sur les forteresses du Danube; mais les forces étaient trop éloignées pour être opérationnelles et devaient se concentrer sur les forteresses en passant par Dobritch et le mouvement commençait le 3 septembre[3].

L'encerclement

Du 2 au 4 septembre les forces bulgares traversent le fleuve et entourent la forteresse de Tutrakan, retraite roumaine qui livre le premier cercle de défense. Le général Aslan depuis Bucarest gérait la mobilisation, la défense de Tutrakan et la coordination avec les forces russe.

Le 3 une tentative roumaine de briser l'encerclement se fait par l'est mais est repoussée par la 1e division de cavalerie bulgare à Kara Pelit et Kochmar.

Le 4 des préparations d'artillerie foudroient le fort et des troupes fraiches renforcent les positions roumaines.

Le mouvement des 10e et 15e divisions d'infanterie de la réserve stratégique roumaine est ordonné la 10e devant tenir Oltenita et la 15e traverser le fleuve, le déplacement se fait lentement.

La chute

À 5h30, le 5 une préparation d'artillerie est coordonnée par un ballon qui finit par forcer les troupes roumaines d'abandonner les forts 6 et 5 vers 7h30 et des feux de contre-batterie empêchent l'artillerie roumaine de soutenir ses troupes. Il est midi quand ceux-ci sont investis par les troupes bulgares et le secteur II finit par tomber en fin d'après-midi avec une perte de 3 000 soldats et de 46 officiers.
Le secteur III résiste un peu plus longtemps autour des forts 8 et 9 mais lors de leur chute le secteur tombe peu après avec les forts 9, 10, 11 et 12 ce qui complète l'encerclement à 21h 30.
L'attaque du secteur I ne commence qu'à 9h30 mais aboutit au même résultat : la chute des forts 2, 3, 4 et le repli des forces roumaines à qui il ne reste plus qu'un fort et la base d'artillerie des iles du Danube et des monitors; la perte de presque toute l'artillerie roumaine, tant de forteresse que de campagne et la désorganisation rend impossible toute contre-attaque malgré l'apport des troupes fraîches.
Les pertes bulgares forcent aussi les attaquants à faire une pose pour réorganiser leur ligne.

Il est 4h30, le 6 septembre lorsque commence la préparation d'artillerie bulgare sur la nouvelle ligne de défense roumaine, l'intensité oblige les Roumains à quitter les tranchées qui sont investies par les 7e et 31e régiments d'infanterie bulgare à 12h30.
Une colonne d'infanterie envoyée depuis Silistra fut défaite par la brigade 3/1 bulgare qui protégeait le flanc à Sarsanlar qui se trouvait à 18 km de la forteresse. Le général Téodorescu essaye de rompre l'encerclement en passant par le Danube puis en allant vers Silistra cette action livra beaucoup de Roumains qui finirent comme prisonniers et la citadelle se rendit à 18h30.

Conséquences

Pertes

Les pertes roumaines furent de 34 000 soldats sur les 39 000 engagés, le 79e régiment d'infanterie a perdu 76% de ses effectifs et fut celui qui souffrit le plus dans le plus virulent : le secteur II.

Les pertes bulgares furent aussi assez importante mais 82% des 1 517 tués, 7 407 blessés et 247 disparus se firent le 5 et les combats les plus durs eurent lieu dans le secteur II; de son côté l'artillerie lourde n'eut que 2 morts et 7 blessés.

Pour les Allemands les pertes s'élevèrent à 5 tués et 29 blessés.

Contre-coup

La perte de la citadelle de Tutrakan, de deux divisions d'infanterie surprit le haut commandement roumain et sidéra la population; de plus cette défaite obligea la réaffectation de troupes depuis le front de Transylvanie et ralentit la pression sur ce secteur et le 15 septembre l'avance y est stoppée : organisation de la manœuvre Flamanda. Le général Alexandre Averescu remplace Aslan et la force en Dobrudja est placée sous le commandement de Zayonchkovsky.

Notes et références

  1. Glenn E. Torrey, "The Battle of Turtucaia (Tutrakan) (2–6 September 1916): Romania's Grief, Bulgaria's Glory".East European Quarterly, volume n° 37, 2003
  2. Boychev, Petar, Военноисторически сборник (en bulgare, collection histoire militaire), l' épopée de Turtacaia, pp 3-14, (2009).
  3. Министерство на войната, Щаб на войската (1938). Българската армия в Световната война 1915 - 1918, Vol. III. Държавна печатница, София, page 363

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bataille de Turtucaia de Wikipédia en français (auteurs)

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