Cathédrale Notre-Dame de Chartres

Cathédrale Notre-Dame de Chartres
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Cathédrale Notre-Dame de Chartres
Image illustrative de l'article Cathédrale Notre-Dame de Chartres
Présentation
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Diocèse de Chartres (siège)
Début de la construction 1145 (cathédrale romane)
1194 (cathédrale gothique)
Fin des travaux 1220
Style(s) dominant(s) Roman
Gothique
Protection  Classé MH (1862)
 Patrimoine mondial (1979)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Centre
Département Eure-et-Loir
Ville Chartres
Coordonnées 48° 26′ 50″ N 1° 29′ 15″ E / 48.44722, 1.48741748° 26′ 50″ Nord
       1° 29′ 15″ Est
/ 48.44722, 1.487417
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Cathédrale Notre-Dame de Chartres

La cathédrale Notre-Dame de Chartres, en France, est le monument emblématique de la préfecture du département d'Eure-et-Loir, située à 80 kilomètres au Sud-Ouest de Paris. Elle est considérée comme la cathédrale gothique la plus représentative, la plus complète — ainsi que la mieux conservée (majorité des sculptures, vitraux et dallage d'origine) bien qu'elle soit construite avec les techniques de l'architecture romane, montrant ainsi la continuité et non la rupture entre ces deux types d'architecture[1].

L'actuelle cathédrale, de style gothique dit « lancéolé », a été construite au début du XIIIe siècle, pour la majeure partie en trente ans, sur les ruines d'une précédente cathédrale romane, détruite lors d'un incendie en 1194.

Grand lieu de pèlerinage, cette cathédrale et ses tours dominent la ville de Chartres et la plaine de la Beauce alentour. Elles s'aperçoivent à plusieurs dizaines de kilomètres de distance.

La cathédrale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[2]. Par ailleurs, la cathédrale a été parmi les premiers monuments classés au patrimoine mondial par l'UNESCO en 1979.

Sommaire

Histoire

Les édifices précédents

La cathédrale de nuit.

Certaines traditions évoquent une ancienne grotte druidique ainsi qu'une statue de déesse mère qui aurait servi de sanctuaire aux premiers chrétiens, à l'époque romaine. Cette légende, dite de « la Vierge devant enfanter », expliquerait l'ancienneté du culte marial à Chartres. Elle a marqué les esprits pendant des siècles. Elle n'a pourtant jamais reçu aucune preuve[réf. nécessaire].

Le lieu le plus ancien de la cathédrale est le puits celtique de la crypte, dit puits des Saints Forts, autrefois « Lieux Forts », qui fut comblé et son emplacement caché au milieu du XVIIe siècle. Il fut retrouvé, dégagé et restauré au début du XXe siècle par René Merlet. La profondeur du puits, à partir du sol de la crypte, est d'environ 33,55 mètres. Le fond est un carré, orienté aux quatre points cardinaux. René Merlet précise que « le puits passe de la forme circulaire à la forme carrée, mais ce carré est exactement inscrit dans le cercle. Vers le fond, par suite d'un ressaut de 0,10 m. dans les parois, le puits ne mesure plus qu'un mètre en tous sens[3]. »

La construction de la première cathédrale a lieu vers le milieu du IVe siècle. Elle est appelée « cathédrale d'Aventin », du nom du premier évêque de la ville. Elle fut vraisemblablement édifiée au pied des murs gallo-romains qui entouraient la ville. Cette première cathédrale fut incendiée en 743 ou 753 par les troupes de Wisigoths du duc d'Aquitaine Hunald, lors du sac de la ville. Un deuxième sanctuaire fut alors construit.

Le 12 juin 858, cette deuxième cathédrale fut détruite par les pirates Vikings. L'évêque Gislebert reconstruisit un édifice plus grand. De ce dernier, il subsiste probablement certaines parties de l'actuel martyrium, appelé chapelle Saint-Lubin.

En 876, le roi Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne fit don à la cathédrale de la sainte relique connue sous le nom de « Voile de La Vierge » ou « Sainte Tunique ». Cet évènement devait faire de Chartres un sanctuaire de premier plan.

Le 5 août 962 cette troisième cathédrale fut à son tour incendiée pendant la guerre qui opposa Richard Ier, duc de Normandie, au comte de Chartres, Thibault le Tricheur. Un quatrième édifice lui succéda.

Les 7 et 8 septembre 1020, ce quatrième édifice fut à son tour accidentellement ravagé par le feu. L'évêque Fulbert releva l'église de ses ruines, en style roman. En 1020, on construisit l'église basse, telle que nous connaissons actuellement. La construction de cette dernière dura de 1020 à 1024.
La dédicace de cette cinquième cathédrale eut lieu le 17 octobre 1037. L'évêque Fulbert était décédé en 1029.

Construction de la cathédrale actuelle

Détail, par Henri Le Secq

Le 5 septembre 1134, la ville de Chartres fut presque entièrement détruite par un incendie. La cathédrale romane de Fulbert fut épargnée. De 1134 à 1160, profitant de l'espace libéré en avant de la nef, on éleva la façade occidentale que nous connaissons encore aujourd'hui. On commença les travaux par la tour Nord. De 1142 à 1150 environ, eut lieu l'édification du portail royal, avec son remarquable ensemble sculpté. En 1145, on commença la tour Sud (appelée actuellement clocher « vieux »), dont la construction s'acheva, avec sa flèche, vers 1160. La tour Nord (appelée clocher « neuf ») ne comportait à l'origine que deux étages. Elle fut longtemps couverte en charpente et plomb, jusqu'en 1506.

Le 11 juin 1194 eut lieu un nouvel incendie qui n'épargna que les cryptes, la façade occidentale et les tours. Le Voile de la Vierge avait été providentiellement mis à l'abri dans le martyrium dit « chapelle de Saint Lubin ».

Réchappèrent plusieurs parties récemment construites, aussitôt réutilisées dans le nouveau projet. Aucune des deux tours n'avait souffert trop sévèrement du feu. Le portail surtout fut conservé, ainsi que les trois fenêtres placées au-dessus, avec les vitraux correspondants. Un autre vitrail fut même sauvé de l'incendie, avant d'être remonté dans le déambulatoire : « Notre-Dame de la belle verrière ».

La reconstruction de l'édifice sous la forme que nous connaissons débuta immédiatement. Si l'architecte est inconnu (il faut plutôt imaginer une succession de maîtres d’œuvre, venus d'autres chantiers contemporains), ce que nous pouvons constater est l'extrême rapidité du chantier — sans rupture de financement. Dès les années 1220-1225, les chanoines s'installent dans leurs stalles, les voûtes étant achevées. Il faudra par contre attendre plusieurs décennies pour achever les pignons du transept.

En 1240, les vitraux étaient déjà réalisés. Et la consécration solennelle eut lieu en 1260.

Le sacre d'Henri IV

Henri IV fut le seul roi de France sacré dans cette cathédrale et non pas à Reims, comme le voulait la coutume. Reims et Paris étaient en effet tenus par l'armée de la Ligue catholique, qui opposaient leur résistance au roi à cause de sa religion protestante. Il se convertit et fut sacré roi de France, à Chartres, en 1594.

Les fraternités de compagnons bâtisseurs

La cathédrale a été construite par des ouvriers spécialisés, appelés compagnons, réunis en confréries ou fraternités. Ces derniers, payés à la tâche, ont parfois laissé sur les pierres quelques signes gravés, qui sont leurs signatures.

Quelques chiffres[4],[5]

Plan réalisé par Eugène Viollet-le-Duc
Dimensions principales
  • longueur intérieure : 130 m
  • hauteur sous voûte : 37,50 m
  • hauteur du sol au faîte de la toiture : 51 m
  • hauteur du clocher vieux : 105 m
  • hauteur du clocher neuf : 115 m
  • longueur intérieure totale : 130 m
    • dont longueur de l’avant-nef : 17 m
    • longueur de la nef : 44 m
    • croisée du transept : 14 m
    • longueur du chœur : 37 m
    • déambulatoire et chapelle axiale : 18 m
  • largeur du vaisseau central de la nef : 16,40 m (contre 12 m pour Notre-Dame de Paris)
  • largeur de la nef avec les bas-côtés : 33 m
  • largeur intérieure du transept de trumeau à trumeau: 63,4 m
  • largeur du chœur avec les bas-côtés : 47 m
  • largeur de la façade Ouest : 48 m
    • dont le Portail Royal : 15 m
  • largeur de chacune des façades Nord ou Sud : 40 m
Détails complémentaires 
  • La clôture du chœur comporte 200 statues
  • La grande rosace avec ses 13,36 mètres de diamètre est une des plus grandes du monde (Les deux rosaces du transept de Notre-Dame de Paris ont un diamètre de 13,1 mètres).
  • 181 représentations de la Vierge
  • Notre-Dame de Chartres possède près de 3 500 statues.
  • Près de 9 000 personnages y sont représentés, si l'on compte les vitraux.
  • On compte 9 portails sculptés (ce qui est unique en Europe).
  • Avec ses 650 m2, le chœur est le plus vaste de France.
  • Le transept de 63,4 m est aussi le plus long de France.
  • La crypte romane est la plus vaste de France.
  • On compte 176 verrières.
  • La surface totale de vitraux est de 2 600 m2
  • La cathédrale possède ainsi la plus importante surface au monde de vitraux des XIIe et XIIIe siècles.

Cathédrale classée comme Patrimoine mondial

La cathédrale de Chartres a été classée comme Patrimoine mondial par l'UNESCO aux trois motifs suivants :

  1. Représenter un chef d’œuvre du génie créateur humain « Construite assez rapidement et presque d’un seul jet, la cathédrale de Chartres constitue, par l’unité de son architecture et de sa décoration, l’expression totale et achevée d’un des aspects les plus unanimes du Moyen Âge chrétien ».
  2. Témoigner d’un échange d’influences considérable… « La cathédrale de Chartres a exercé une influence considérable sur le développement de l’art gothique en France et hors de France ».
  3. Offrir un exemple éminent d’un type de construction… « La cathédrale de Chartres est à la fois un symbole et un édifice type : l’exemple le plus éclairant que l’on puisse choisir pour élucider la réalité culturelle, sociale et esthétique de la cathédrale gothique ».

L'extérieur de la cathédrale

Lors de sa restauration, entreprise en 2006, les chercheurs ont découvert que la totalité de la superficie extérieure était peinte, tout comme l'intéreur (polychromie sur enduit)[1].

Les tours

La façade Nord

On reconnaît facilement la cathédrale Notre-Dame de Chartres du fait de la grande différence entre ses deux tours : la tour Nord a une base de type gothique primitif (avec contrefort épais et ouverture réduite), surmontée d'une flèche flamboyante plus tardive (datée du XVIe siècle) ; en revanche, la tour Sud, dotée d'une base plus typiquement gothique, est surmontée d'une flèche très simple. Cette flèche a fait l'objet de très nombreux commentaires d'artistes et écrivains ('unique au monde' disait d'elle Charles Péguy) tellement l'impression de 'jaillissement' est frappante.

Dans ces tours se trouvent sept cloches :

  • Marie d'un poids de 6 tonnes date de 1840 dans la Grande Tour donne un Sol2, elle sonne dans les grandes occasions.
  • Le Timbre d'un poids de 4 tonnes date de 1520 dans la Lanterne donne un La2, il sonne les Heures.
  • Joseph d'un poids de 2,137 kg date aussi de 1840 dans la Grande Tour donne un Si2, il sonne en volée.
  • Anne d'un poids de 1 845 kg se trouve dans la Petite Tour donne un Ré3, elle sonne en volée.
  • Élisabeth d'un poids de 1 500 kg se trouve dans la Petite tour donne un Mi3, elle sonne en volée.
  • Piat d'un poids de 100 kg se trouve dans le Petite Tour donne un Fa#/SolB 3, elle sonne en volée.
  • Fulbert d'un poids de 900 kg se trouve dans la Petite Tour donne un Sol3, elle sonne en volée.

Portail royal

Détail du portail royal

La façade occidentale constitue la porte d'entrée principale de l'édifice religieux. Encadrée par deux tours, elle présente un programme sculpté important : 24 grandes statues (il en reste 19 aujourd'hui) et plus de 300 figures forment un décor en harmonie avec l'architecture de la cathédrale[6]. Le décor derrière les statues représente les derniers feux du style roman : entrelacs, colonnettes, feuilles d'acanthe témoignent des influences méridionales.

Portail Nord

Tympan du couronnement de la Vierge, porche Nord

Le portail Nord est aussi appelé « portail de l'Alliance ». Ses statues ont été exécutées entre 1205 et 1210[7]. Elles représentent des scènes de l'Ancien Testament et de la vie de la vierge Marie. Les voussures de la baie centrale évoquent les épisodes de la Genèse. La baie de droite reprend le thème des travaux et des jours.

Portail Sud

Le portail Sud est consacré à l'Église, depuis les apôtres (baie centrale) jusqu'aux confesseurs (baie de droite) et aux martyrs (baie de gauche). Sa datation est proche de celle du portail Nord, peut-être légèrement antérieure.

Sur le trumeau de la baie centrale, on trouve un « Christ enseignant» et au tympan une figuration du jugement dernier.

Les toits

Une tête sculptée cachée parmi les ornements du toit

La précédente toiture (charpente en bois) de la cathédrale ayant été détruite par un incendie en 1836, elle a été remplacée en 1837 par une charpente métallique et une couverture en cuivre. La nouvelle charpente a été réalisée par Émile Martin et M. Mignon. Elle fut restaurée en 1997 sous la direction de Guy Nicot[8]. Des photos du chantier de restauration sont exposées dans une salle de la tour flamboyante (visite payante).

L'intérieur

Les vitraux

Article détaillé : Vitraux de Chartres.

La cathédrale de Chartres possède le plus important ensemble vitré du XIIIe siècle, remarquablement préservé jusqu'à ce jour. Du XIIe siècle, trois verrières sont conservées, avec notamment des bleus cobalt inimitables, dont le secret de fabrication ne nous est pas parvenu.

Le nombre remarquable de 176 vitraux (petites roses comprises) correspond à une surface de 2 600 m2. Pour la plupart, ils représentent des saints et saintes ou des personnages de la Bible : (Noé, Joseph, le Bon Samaritain, le Fils Prodigue...), mais aussi de la Légende dorée de Jacques de Voragine (dominicain italien du XIIIe siècle).

On y trouve aussi des références aux corporations qui ont sans doute aidé à payer ces vitraux.

La rose Nord

Dans le croisillon Nord, la rosace représente une Vierge à l'Enfant entourée d'anges, des rois de Juda et de prophètes. Dans les lancettes sous la rosace, Sainte Anne, mère de la Vierge, porte Marie dans la lancette centrale. Elles sont entourées de personnages de l'Ancien Testament dans les autres lancettes. Dans les écoinçons, on peut voir les armes de Blanche de Castille (château castillan) et de Saint Louis (fleur de lys).

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Le labyrinthe

Labyrinthe de la cathédrale de Chartres

Le labyrinthe de Chartres, œuvre du XIIe siècle, est une figure géométrique circulaire inscrite dans toute la largeur du pavage de la nef principale, entre les troisième et quatrième travées. Elle représente un tracé continu déployé de 261,55 m, partant de l'extérieur et aboutissant au centre, en une succession de tournants et d'arcs de cercle concentriques. Une de ses particularités est que, partant du centre ou de l'extérieur, le chemin parcouru présente exactement le même enchaînement de tournants et d'arcs de cercle.

Son parcours serait composé de 276 pierres blanches dont les trois premières de dimensions différentes[9]. Publiant la revue Caerdroia consacrée aux labyrinthes, Jeff Saward signale sur le site labyrinthos[10] une opinion de plus en plus répandue: le nombre exact de pierres formant le tracé du labyrinthe de Chartres, 270 ou 272 pierres, correspondrait symboliquement au nombre de jours de la grossesse et donnerait au labyrinthe le sens d'une nouvelle gestation. Cet auteur met pourtant en doute la possibilité de fournir un décompte exact du nombre de pierres formant le tracé du labyrinthe, en raison des brisures apparaissant sur les pierres depuis leur pose et de possibles réparations. De telles affirmations découlent probablement d'un manuscrit non publié de Robert Ferré, A Day at Chartres (1995), qui crédite le chanoine Legaux et avant lui Jean Villette d'avoir fait un compte précis de 272 pierres. Jean Villette avait lui-même eu l'attention attirée[11] par une note en bas de page figurant dans un article de Gilles Fresson[12]. Paradoxalement, ce dernier n'avait compté que pour couper court à toute tentative d'interprétation exagérée, tandis qu'un ouvrage grand public[13] donnait alors le nombre de 365 pierres.

Cet exemple précis montre, parmi tant d'autres, combien le labyrinthe de Chartres, fascinant les contemporains, donne lieu à de nombreuses récupérations, issues de mouvements marqués par leur grande diversité (géobiologie, analyse neurologique, psychologie comportementale, nouvel âge, templiers, spiritualités orientales) et auxquelles il ne faut pas prêter de valeur historique.

Ce labyrinthe s'inspire probablement du mythique Labyrinthe de Crète construit par Dédale, comme semble l'indiquer la plaque de cuivre située en son centre, ôtée en 1792, et qui aurait représenté le combat de Thésée et du Minotaure[14],[15],[16]. Néanmoins, André Peyronie fait part de son scepticisme sur l'existence d'une représentation Minotauromachique à Chartres, qui serait un cas unique en France, comme le propose pourtant Marcel-Joseph Bulteau à la fin du XIXe siècle[17].

Si l'on se fie à l'univers culturel des chanoines du XIIIe siècle, seuls maîtres d'ouvrage de l'édifice, le labyrinthe serait un chemin symbolique où l'homme va à la rencontre de Dieu. On peut le comprendre soit comme un pèlerinage 'sur place', dont la finalité est d'inviter à la pénitence et à la méditation, vécue aussi bien avec le corps qu'avec l'esprit. On peut aussi y lire symboliquement le parcours qu'est l'existence humaine, long et compliqué, ou s'exprimerait la confiance d'être conduit finalement en présence de Dieu. Le centre de ce grand motif symboliserait ainsi la Jérusalem céleste, soit l'au-delà. Quant on réalise une projection de la rose de la façade sur le pavement, cette rose consacrée à la résurrection des morts correspond exactement au labyrinthe, le christ de la fin des temps se superposant alors au centre du labyrinthe[18]. La démarche du labyrinthe ne consiste pas seulement à aller jusqu'au centre, mais à en ressortir. Le pèlerin est invité à emprunter la ligne tracée face à lui pour monter vers le chœur de la cathédrale - en particulier l'autel[19].

Le labyrinthe de Chartres a été appelé « La Lieu » — bien que la lieue française soit bien plus longue que la longueur développée du labyrinthe — et plus tard « chemin de Jérusalem »[20].

Tous les vendredis, de 10 h à 17 h, les chaises sont mises de côté pour que les visiteurs qui le souhaitent puissent aussi effectuer ce parcours.

La clôture du chœur

Vue d'ensemble de la clôture du chœur
Une scène de la clôture du chœur: la flagellation de Jésus

La clôture de chœur est un mur de clôture entourant le chœur, destiné à mieux isoler ce dernier du déambulatoire. Entièrement sculptée (40 groupes, 200 statues au total), c'est partiellement l'œuvre de Jehan de Beauce qui commença les travaux au début du XVIe siècle. Le programme iconographique est de style Renaissance et évoque les épisodes de la vie de Jésus et de la Vierge Marie.

La vierge au pilier

Cette vierge, en bois de poirier, date d'environ 1540. Elle était autrefois adossée au jubé qui a lui-même été détruit au XVIIIe siècle.

Le voile de la Vierge

Chapelle de Notre-Dame du Pilier

Il s'agit d'une relique très importante qui fut offerte en 876 à la cathédrale par Charles le Chauve, empereur d'Occident. Ce voile, selon la tradition, est la chemise que portait Marie lors de l'Annonciation, au moment où le Verbe fut conçu. Cette relique importante drainait de nombreux pèlerins. Lors de l'incendie de l'ancienne église, en 1194, on crut que la relique était perdue, mais on la retrouva intacte : cela fut interprété comme le fait que la vierge Marie désirait une plus grande église pour sa relique, et explique peut-être l'enthousiasme et la rapidité avec laquelle la nouvelle cathédrale fut bâtie.

La relique était contenue dans une châsse de grande valeur, dont les joyaux furent vendus à la révolution. De même, le voile fut découpé en plusieurs morceaux, qui furent vendus. Une expertise du tissu, réalisée en 1927 par le musée des soieries de Lyon propose une datation ancienne (premiers siècles). Cependant, il est en soie de grande valeur, ce qui est étonnant au vu du statut social de Marie. Le voile est toujours exposé dans le déambulatoire, du côté Nord, dans une des chapelles absidales.

Notre-Dame de Chartres reste un lieu de pèlerinage important à l'heure actuelle, principalement grâce au traditionnel pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté qui a lieu chaque année durant le week-end de Pentecôte et qui n'attire pas moins de 8 000 pèlerins venant du monde entier, mais aussi grâce à l'engouement pour la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, dont Chartres est une étape pour les pèlerins qui viennent du Nord par la route de Paris.

L'orgue

Le Grand Orgue de la cathédrale de Chartres a été construit en 1971 par les Établissements Danion-Gonzalez.

I Grand-Orgue C–
Montre 16′
Bourdon 16′
Montre 8′
Flûte 8′
Bourdon 8′
Prestant 4′
Flûte 4′
Doublette 2′
Fourniture II
Fourniture III
Cymbale IV
Cornet V
(à partir du 2 sol)
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′


II Positif C–
Montre 8′
Flûte 8′
Bourdon 8′
Prestant 4′
Flûte 4′
Doublette 2′
Nazard 2′
Tierce 13/5
Larigot 11/3
Cornet V
(à partir du 3° do)
Plein-jeu IV
Cymbale III
Cromorne 8′
Trompette 8′
Clairon 4′
III Récit C–
Principal 8′
Cor de nuit 8′
Gambe 8′
Voix Céleste 8′
Flûte 4′
Viole 4′
Doublette 2′
Sesquialtera II
Plein jeu IV
Cymbale III
Voix Humaine 8′
Basson Haubois 8′
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′
Tremblant


IV Écho C–
Principal 8′
Bourdon 8′
Flûte 4′
Doublette 2′
Nazard 22/3
Tierce 13/5
Piccolo 1′
Cymbale III
Trompette 8′
Clairon 4′
Pédalier C–
Principal 32′
Montre (G.O.) 16′
Soubasse 16′
Montre 8′
Bourdon 8′
Principal 4′
Flûte 4′
Flûte 2′
Plein jeu V
Basson 8′
Bombarde 16′
Trompette 8′
Clairon 4′

La crypte

La cathédrale actuelle résulte de constructions de différentes époques. Les cathédrales ont souvent été superposées, servant chacune de fondations à celle qui lui succédait. Les parties qui n'ont pas été remblayées forment deux cryptes concentriques qu'il est possible de visiter. On peut y voir des fresques du XIIe siècle, du XIXe, ainsi que des créations contemporaines.

La crypte intérieure

Les premiers chrétiens auraient édifié du IVe au XIe siècles des sanctuaires successivement dévastés par les flammes et/ou persécutions religieuses. Un vestige de muraille, généralement attribué à l'époque gallo-romaine, fait référence à l'époque de la première église. Il ne subsiste rien de celle du VIe siècle. Dans un couloir de fouille, on a tout au plus quelques marches de celle du VIIIe siècle. Par contre la crypte de l'église carolingienne édifiée par Gislebertus au IXe siècle correspond vraisemblablement à une salle conservée. Elle porte le nom de caveau Saint-Lubin et se situe sous le chœur de la cathédrale actuelle, juste sous le maître-autel.

La crypte extérieure

La crypte de Fulbert, ou église basse, enveloppe ce caveau, va d'un clocher jusqu'à l'autre, en faisant le tour de l'édifice. Datant du XIe siècle, avec ses 230 mètres de long sur 5 à 6 mètres de large, elle est la plus grande crypte de France. En partant de l'extrémité de la galerie Nord, on arrive à la chapelle de Notre-Dame Sous-Terre, peut-être l'un des plus anciens sanctuaires consacrés à Marie en occident. On peut y observer une reproduction (1975) d'une statue fort ancienne, le modèle original ayant été brûlé par les révolutionnaires en 1793. On a dit qu'elle pouvait être la continuatrice d'une statue de déesse-mère gallo-romaine.

La galerie devient semi-circulaire sous le chevet et s'ouvre sur trois chapelles romanes profondes, encadrées par quatre plus petites chapelles gothiques du XIIIe siècle. C'est là que se trouve le puits dit des Saints-Forts (33 m de profondeur), dont l'eau passait au Moyen Âge pour posséder des vertus miraculeuses.

Dans la galerie Sud, on peut admirer une fresque du XIIe siècle avec plusieurs grands saints populaires (Clément, Gilles, Martin, Nicolas…). À l'extrémité de cette même galerie, un baptistère en pierre est installé, datant de l'époque romane.

Vie spirituelle de la cathédrale

Les principaux pèlerinages

La cathédrale Notre-Dame de Chartres est, depuis son édification, un haut lieu de pèlerinage pour les catholiques français (et avant tout un pèlerinage marial - ce qui explique notamment l'ampleur du déambulatoire, permettant la circulation des fidèles autour du chœur). Au cours du XXe siècle, les pèlerinages à Chartres ont connu un nouvel élan, à la suite de l'écrivain Charles Péguy qui se rendit à pied de Paris à Chartres en 1912, accomplissant un vœu fait au chevet de son fils malade. Après la mort de Péguy en 1914, certains de ses amis refirent la route en méditant ses poèmes, initiant un vaste mouvement de pèlerinages à Chartres, parmi lesquels :

  • le pèlerinage étudiant, organisé par les aumôneries de l'enseignement supérieur en Île-de-France, aux Rameaux depuis 75 ans.
  • le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, d'inspiration traditionaliste, à la Pentecôte, réunissant 10 000 personnes chaque année depuis 29 ans. C'est le plus grand pèlerinage "marché" d’Europe.
  • le pèlerinage des Guides et Scouts d'Europe du département des Yvelines, le premier dimanche d'octobre (4 000 scouts et guides).
  • le pèlerinage du monde du travail, depuis 60 ans au mois d'avril.
  • le « Pèlerinage Chartres-Paris », organisé par l'association Pèlerinages de Tradition (Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X). Le passé de ce pèlerinage se confond avec celui de « Notre-Dame de Chrétienté » puisque les deux n'en formaient originellement qu'un seul avant la scission de 1989 découlant du motu proprio Ecclesia Dei du pape Jean-Paul II. Si ce pèlerinage a pour départ Chartres, la séparation de la fraternité Saint Pie X en 1988 d'avec l'Église catholique et romaine ne permet pas aux Évêques de Chartres comme de Paris de recevoir les participants de ce pèlerinage dans leurs cathédrales. Il est réalisé, comme son nom l'indique en sens inverse, lors du week-end et du lundi de Pentecôte.

Chartres est également une étape importante pour les pèlerins qui viennent du Nord de l'Europe et qui font route vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en empruntant la route de Paris à Tours (Via Turonensis).

Liturgie

L'eucharistie est célébrée chaque jour dans l'édifice, en semaine dans le chœur ou dans la crypte. Le dimanche matin, elle est célébrée dans le chœur selon le rite tridentin (appelée à Chartres la “messe grégorienne”) avant d'être célébrée selon la forme ordinaire du rite romain dans la totalité de l'église.

Chaque soir, depuis le 11 septembre 2001, la Communauté du Chemin Neuf chante les vêpres, à la demande de Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, puis de Mgr Michel Pansard, qui lui a succédé. Le Chemin Neuf continue ainsi l'œuvre que les chanoines avaient initiée[21].

La cathédrale était le lieu central du Festival de Pâques au cours de ses huit éditions, de 2003 à 2010.

Vue du ciel

Photos

La cathédrale de Chartres et les arts

Cathédrale de Chartres
1830 (64 × 51 cm)
Musée du Louvre (Paris)

Représentations picturales

Plusieurs peintres ont représenté la cathédrale dans leurs œuvres. L'un des tableaux les plus connus est celui de Jean-Baptiste Corot, peint en 1830 (Musée du Louvre, Paris). Chaïm Soutine a repris le même thème en 1933 (Musée d'art moderne, Troyes).

La cathédrale de Chartres dans le roman

  • Joris-Karl Huysmans a publié en 1898 un roman intitulé La Cathédrale où il s'initie à la symbolique médiévale et catholique à Chartres. Ce roman connut un certain écho à l'époque.
  • « [...] Là, on avait conscience de participer à une croisade. C'était le seul mot qui convînt, bien qu'on en eût tant usé et abusé qu'il n'avait plus son véritable sens. On éprouvait, malgré toute la bureaucratie, l'incompétence et les querelles de parti, quelque chose qui ressemblait au sentiment qu'on s'attendait à éprouver, et qu'on n'éprouvait pas, quand on faisait sa première communion : un sentiment de consécration à un devoir envers tous les opprimés du monde, et dont il serait aussi difficile et gênant de parler que d'une expérience religieuse. Et pourtant, ce sentiment était aussi authentique que celui qu'on éprouvait en entendant du Bach ou bien en contemplant la lumière qui tombait des vitraux de la cathédrale de Chartres ou de la cathédrale de León ; ou bien en regardant Mantegna, Greco et Bruegel au Prado. [...]  »
  • Ernest Hemingway (trad. Denise Van Moppès), Pour qui sonne le glas, Paris, Gallimard, 1961, 499 p. (ISBN 2-07-036455-0) .
  • Kathleen McGowan (trad. Arlette Stroumza), Le Livre de l'Amour, Paris, XO éditions, 2009, 494 p. (ISBN 978-2-84563-307-0) .

Notes et références

  1. a et b Christine Le Goff, Gary Glassman, documentaire Les cathédrales dévoilées, 2011, synthèse des dernières découvertes archéologiques et historiographiques sur le gothique en France.
  2. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00096993 » sur www.culture.gouv.fr.
  3. René Merlet, Congrès archéologique de France tenu à Chartres en 1900, page 253
  4. Plan et dimensions de la cathédrale de Chartres
  5. Site Skynet - La cathédrale de Chartres
  6. Louis Gillet, Histoire de l'Art français, tome 1 : des origines à Clouet, Paris, Zodiaque, 1977, page 220
  7. Georges Duby, Le Moyen Âge, Paris, Seuil, 1995, page 294
  8. Paragraphe la cathédrale de Chartres
  9. John Ketley-Laporte, O. Ketley-Laporte, Chartres, le labyrinthe déchiffré, éditions Jean Michel Garnier, 1997.
  10. (en) The Chartres Cathedral Labyrinth - FAQ’s Labyrinthos.net
  11. Monde médiéval et société chartraine, actes du colloque organisé par le Centre médiéval européen 1993
  12. À propos du labyrinthe, Revue Notre Dame de Chartres, N° 82, avril 1990.
  13. Jean Favier, L'univers de Chartres, éditions Bordas, 1988
  14. Le labyrinthe, cathedrale.chartres.free.fr
  15. Attributs et symboles de l'art profane : dictionnaire d'un langage perdu, Guy de Tervarent, 2e édition, Librairie Droz, page 274, ISBN 978-2-600-00507-4
  16. Le labyrinthe de Chartres, Bibliothèque nationale de France
  17. Le mythe de Thésée pendant le Moyen Âge latin (500-1150) d'André Peyronie, p. 131, persee.fr.
  18. L'énigme du labyrinthe Revue Notre Dame de Chartres, N°58, mars 1984 par Jean Villette,
  19. Monde médiéval et société chartraine, actes du colloque organisé par le Centre médiéval européen 1993 - article de Jean Villette
  20. Paolo Santarcangeli, « Chemin de Jérusalem dans les cathédrales », Dédale no 3 & 4, p. 310, Dédale, Maisonneuve & Larose, printemps 1996. Consultable en ligne sur Google Livres. Page consultée le 5 novembre 2009.
  21. (fr) La Cathédrale - Célébrations, Diocèse de Chartres, ?. Consulté le 22 octobre 2011.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

  • Y. Delaporte, Les trois Notre-Dame de la cathédrale de Chartres, É. Houvet, Chartres, 1955.
  • André Trintignac : Découvrir Notre-Dame de Chartres : Guide complet de la cathédrale. Cerf 1988. (ISBN 978-2-204-02917-9)
  • Denizeau, Gérard : Larousse des cathédrales, Paris, 2009, 314 p. (ISBN 978-2-03-583961-9)
  • Françoise Jouanneaux, Le tour du chœur de la cathédrale de Chartres - Eure-et-Loir, AREP-Centre éditions (collection Images du patrimoine n°204), 2000 (ISBN 978-2-905813-27-5) ; p. 64
  • Françoise Jouanneaux, Décor et mobilier, cathédrale Notre-Dame de Chartres, Editions Lieux-Dits et AREP-Centre éditions (collection Images du patrimoine n°248), 2008 (ISBN 978-2-914528-46-7) ; p. 112

Filmographie

  • 60 ans au service de la cathédrale de Chartres, documentaire sur la cathédrale de Chartres réalisé par Tzarine Films (2006)


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cathédrale Notre-Dame de Chartres de Wikipédia en français (auteurs)

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