Joseph (Nouveau Testament)

Joseph (Nouveau Testament)
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Saint Joseph dans son atelier de charpentier.

Saint Joseph (hébr. יוֹסֵף, grec Ἰωσήφ) est un personnage du Nouveau Testament (Mt 1, 18 ; Lc, 2,3). C'est un des lointains descendants d'Abraham et du roi David (Mt 1, 1-17). Il est fiancé à Marie lorsque celle-ci se retrouve enceinte par l'action de l'Esprit Saint. Dès lors, il épouse Marie et, acceptant l'enfant, il devint le père nourricier de Jésus qui, de ce fait, appartient à sa lignée, celle de David. Il est présenté comme un « homme juste » qui a accepté d'accueillir Marie et son enfant en pleine connaissance de cause.

Il est indiqué en Mt 13, 55 qu'il était artisan charpentier. Joseph est mentionné pour la dernière fois lors de la visite au Temple de Jérusalem lorsque Jésus est âgé de douze ans (Lc 2, 41-50). La tradition chrétienne en a déduit qu'il était mort avant l'entrée de Jésus dans la vie publique.

C'est un saint chrétien fêté le 19 mars ou localement le 1er mai (en tant que saint patron des artisans.)

Sommaire

Saint Joseph dans la foi chrétienne

Georges de La Tour, saint Joseph charpentier, 1645 environ

L'Église catholique reprend une tradition orale, liée à Jérôme qui relate que Joseph s'était consacré à Dieu avant de connaître la Vierge Marie, et explique donc que les termes de « frères et sœurs » de Jésus cités dans les Évangiles doivent être compris comme étant des cousins proches par le sang, l'affection et les relations, selon l'usage sémitique de ces mots. (voir l'article : Proches de Jésus). Cette consécration préalable de Joseph est en outre conforme à l'usage juif de l'époque en ce qui concerne l'union des vierges consacrées au Seigneur.

L'Église orthodoxe enseigne de son côté que « Joseph était déjà veuf au moment où il s'est fiancé avec Marie, et il aurait eu des enfants d'une précédente union dont, Jacques « le frère du Seigneur », c'est-à-dire son demi-frère ». Cette tradition s'appuie sur le Protévangile de Jacques où il est dit que l'enfant d'Anne et Joachim, Marie, a été consacré au Seigneur, c’est-à-dire resterait vierge, et que Joseph a eu des fils lors d'un premier mariage : « Anne répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. » » (Protév. Jc 4,1). « Alors le prêtre : « Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. ». Mais Joseph protesta : « J'ai des fils, je suis un vieillard et elle est une toute jeune fille. Ne vais-je pas devenir la risée des fils d'Israël ? » » (Protév. Jc 9,1-2).

Cette interprétation permet de comprendre, entre autres, que Jacques soit appelé le "frère du Seigneur" (par Paul dans l'Épître aux Galates | Ga 1:19) : celui-ci serait un des fils de Joseph, issus de son premier mariage. Joseph, selon la tradition orthodoxe (mais aussi une certaine tradition iconographique en occident) était beaucoup plus âgé que Marie. Sa mort expliquerait l'absence totale de mention à son propos dans les Actes des Apôtres, contrairement aux autres membres de la famille de Jésus.

Adoptèrent cette théorie : Évangile selon Pierre, Protévangile de Jacques, Clément d'Alexandrie, Origène, Eusèbe de Césarée, Hilaire de Poitiers, Ambrosiaster, Grégoire de Nysse, Épiphane, Ambroise de Milan, Jean Chrysostome, Cyrille d'Alexandrie.

Les catholiques objectent à cette tradition concernant Joseph que la tradition juive de l'époque mariait les jeunes gens très jeunes et non à des personnes nettement plus âgées qu'eux. Dans ce cas Joseph se serait retrouvé veuf très rapidement après son premier mariage. D'autre part, l'Evangile de Luc, lorsqu'il relate des épisodes de l'enfance du Christ, ne parle jamais d'un « frère » de Jésus à cette époque.

Cependant Joseph est souvent représenté comme un homme plus âgé que Marie, et parfois même vraiment âgé. Pour Charles Perrot, il était au contraire un jeune homme au moment de son mariage car les filles « étaient mariées entre douze et quinze ans et les garçons n'étaient guère plus vieux » [1].

La Contre-Réforme a donné à Saint Joseph une place importante. Les Jésuites le considéraient comme leur protecteur et Thérèse d'Avila lui dédia un couvent.

Vénération

Saint Joseph et l'Enfant

On prie peu Joseph dans toute la première partie du Moyen Âge. Il semble d'ailleurs que son culte ait été à peu près inexistant au début du Moyen Âge, comme le montre d'ailleurs la rareté des toponymes qui le concernent (on n'en trouve guère qu'au Canada, ce qui ne remonte pas au delà de trois siècles, dans le meilleur des cas). Ce « vieillard », ni précurseur, ni apôtre, ni martyr, intéresse peu les fidèles et embarrasse les théologiens : que faire de son épineux statut d’époux de la Vierge ? Quelle paternité attribuer à celui qui a élevé le fils de Dieu ? Dans les écrits des Pères de l’Église, les traités de l’époque carolingienne ou les sermons de saint Bernard, il n’est jamais considéré par lui-même et n’apparaît qu’au sein de discours sur le mariage et la virginité de Marie. Une fête le concernant est certes mentionnée à partir des IXe - Xe siècles, mais se limite aux grandes abbayes bénédictines. Joseph reste « dans l’ombre de la Vierge » : un retrait nécessaire pour valoriser l’incarnation du Christ qui s’est faite par Marie et non par lui. C'est à partir du XIIIe siècle qu'il sort de l’ombre, en lien avec une plus forte humanisation du Christ et des représentations de plus en plus nombreuses de la Nativité. Cet homme humble, pauvre, modeste et obéissant, père putatif et nourricier, modèle de dévotion au Christ et à la Vierge, séduit en particulier les franciscains, qui débattent pour savoir s’il est le dernier des patriarches ou le premier des saints. L’humble charpentier devient modèle pour tous les chrétiens. Au XVe siècle, durant le Grand Schisme et les rivalités entre Armagnacs et Bourguignons, c’est une véritable campagne de promotion en faveur de Joseph qui est lancée. Gerson, l’un des plus célèbres théologiens de l’époque, multipie les écrits de 1413 à 1418 pour célébrer les noces de Joseph et de Marie, louer sa paternité responsable, le comparer à Jean-Baptiste (ses deux textes les plus importants : Les Considérations sur saint Joseph entre 1413 et 1414, et le sermon Jacob autem genuit, prononcé à Constance le 8 septembre 1416). À la fin du XVe siècle, l’Eglise institue une fête en l’honneur de Joseph. Une authentique dévotion populaire naît alors, qui connaîtra son apogée au XIXe siècle[2].

La fête de saint Joseph se place au 19 mars, et elle était très suivie par les artisans (il était charpentier) puis par les ouvriers (pour ces derniers, dans les limites de leurs disponibilités) ;

  • Saint Joseph voit son culte prendre de l'ampleur au XVIe siècle ;
  • en 1621 le pape Grégoire XV éleva la fête du de saint Joseph le 19 mars au rang de fête d'obligation ;
  • en 1642 le pape Urbain VIII confirma à son tour le rang de cette fête ;
  • en 1661, après l'apparition et le miracle de la source de Cotignac, Mgr Joseph Ondedei, évêque de Fréjus, reconnaît officiellement les apparitions de saint Joseph et en approuve le culte ;
  • cette même année 1661 le roi Louis XIV de France, qui devient père pour la première fois, consacre la France à saint Joseph, chef de la Sainte Famille ;
  • en 1678, l'empereur Léopold Ier, n'ayant pas de fils de ses deux premiers mariages, prénomme Joseph, le fils que lui donne sa troisième épouse (prénom jusqu'alors inusité dans les Maisons royales).
  • en 1741, Marie-Thérèse d'Autriche, fille et héritière de l'empereur Charles VI, mère de trois filles et se débattant dans la guerre de succession d'Autriche, prénomme également son fils Joseph.
  • le 8 décembre 1870 le pape Pie IX déclara officiellement saint Joseph Patron de l'Église universelle, et fit du 19 mars une fête solennelle ;
  • en 1889, le pape Léon XIII démontra comment saint Joseph est le modèle des pères de famille et des travailleurs, et lui décerna officiellement le titre de « saint patron des pères de famille et des travailleurs », titre que la piété populaire lui avait déjà décerné depuis des siècles ;
  • en 1955 le pape Pie XII reprit le principe de la fête du travail en instituant la solennité de saint Joseph artisan et en la fixant au 1er mai de chaque année ; saint Joseph est ainsi l'un des saints que l'on fête deux fois dans l'année (19 mars et 1er mai) ;
  • le pape Jean XXIII a ajouté son nom au canon de la Messe.

Quelques vieux-catholiques considèrent cela comme une innovation [réf. nécessaire], mais la plupart emploient le missel de 1962, celui d'avant le concile Vatican II, où ce changement est inclus.

On cite des apparitions : celle de Cotignac, le 7 juin 1660, à Gaspard Ricard, un berger, apparition au cours de laquelle il aurait fait jaillir une source qui coule toujours ; il serait aussi apparu aux voyants de Fatima le 13 octobre 1917, tenant l'Enfant Jésus dans ses bras.

Lieux de vénération

Saint Joseph est vénéré plus particulièrement :

  • à Cotignac dans le Var : à Notre-Dame-de-Grâces, et à 3 km à Saint-Joseph du Bessillon. À Cotignac, on vénère également la Vierge Marie et la Sainte Famille.
  • à l’oratoire Saint-Joseph, à Montréal (Québec).
  • à Smakt, commune de Venray, aux Pays-Bas.
  • à Bruxelles l’église Saint-Joseph, perle du patrimoine historique de Bruxelles fut construit dans le « Quartier Léopold » suite à l’extension de la ville et grâce à la volonté politique du Roi Léopold Ier. Cette église fut dédiée à saint Joseph ; étant donné que saint Joseph est le patron de la Belgique depuis 1679. En effet il y a 330 années, à la demande du roi Charles II d’Espagne, le pape Innocent XI proclamait saint Joseph patron de la Belgique, donc bien avant l’indépendance du pays en 1830. Et à cette époque il n’y avait encore aucun monument national dédié à saint Joseph dans la capitale. L’église se trouve square Frère-Orban qui s’appelait anciennement, place Saint-Joseph.
  • à Fakarava en Polynésie française. Le Saint Joseph de Fakarava est une représentation de saint Joseph immergée à proximité de la passe Nord de l’atoll de Fakarava en Polynésie française. Cette statuette installée face à l’océan sur l’un des plus beaux sites de plongée du monde est dédiée à tous ceux qui ont perdu un père, un enfant, ou plus généralement un parent en plongée sous marine. Les colliers de coquillages déposés autour de la statuette sont traditionnels de la Polynésie. On offre ces colliers à une personne au moment de son départ. On en pare les morts également avant les obsèques. Les colliers de fleurs, eux, sont offerts aux arrivants.
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Ordres

En 1817, l'abbé Constant Van Crombrugghe crée dans l'Église catholique la Congrégation des Joséphites sous l’invocation de saint Joseph ; son but est de travailler avec les pauvres. Les premiers Joséphites en Amérique ont consacré leur mission dans l’Ordre à exercer leur ministère auprès des anciens esclaves noirs récemment émancipés.

Saint Patron

Joseph le charpentier entouré de la Sainte Famille.

Saint Joseph était le patron de la Sainte Famille. Il s'est occupé de tout ce qui était nécessaire à la Vierge Marie et à Jésus. Il est donc le saint patron des familles, des pères de famille, des artisans, des travailleurs, et des mourants. Ainsi, il est devenu le patron des affaires matérielles. Des catholiques confient à sa prière leurs affaires matérielles : une recherche d'emploi, une recherche d'appartement, etc. Par ailleurs, en raison de sa qualité d'homme juste, beaucoup de catholiques demandent son intercession pour discerner leur vocation, rencontrer le bon époux, la bonne épouse, etc.

Il est également le saint patron de la Belgique, de la Chine, du Canada, du Vietnam, des États-Unis, de l'Autriche, du peuple croate, de la Corée du Sud, du Mexique et du Pérou.

Coutumes

Par exemple, certains catholiques demandent l'intercession de saint Joseph pour bien vendre leur maison[3]; pour cela on enterre une petite statue du saint, face vers le bas, à distance de la maison et tout près du panneau « À vendre ». Cette pratique est considérée comme superstitieuse.

Art

Saint Joseph fut peint par Georges de la Tour

Annexes

Notes et références

  1. Charles Perrot, Les récits de l'enfance de Jésus, Cahiers Évangile n°18, Cerf, 1976.
  2. Paul Payan, Joseph : Une image de la paternité dans l’Occident médiéval, Paris, Aubier, 2006
  3. Desperate Sellers Take Leaps of Faith dans le Washington Post du 8 septembre 2007

Liens internes

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